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Voltaire

(Paris 1694-1778 Paris) : Schriftsteller, Dramatiker, Philosoph
[Voltaire siehe unter "Literatur : Westen : Frankreich"]

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Arouet, François Marie

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Index of Names : Occident / Literature : Occident : France / Philosophy : Europe : France

Chronology Entries (36)

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1 1704-1710 Voltaires erste Begegnungen mit China : Er besucht das Collège Louis-le-Grand und begegnet sechs jungen Chinesen 'parlant le français sans accent étranger'. Etienne Souciet, der mit China korrespondiert, unterrichtet Mathematik.
  • Document: La mission française de Pékin aux XVIIe et XVIIIe siècles. Centre de recherches interdisciplinaire de Chantilly. (Paris : Les belles lettres, 1976). (Actes du Colloque international de sinologie. La Chine au temps des lumières ; 2).
    [Enthält] :
    Loehr, George R. L'artiste Jean-Denis Attiret et l'influence exercée par sa description des jardins impériaux. In : La mission française de Pékin aux XVIIe et XVIIIe siècles. Centre de recherches interdisciplinaire de Chantilly. (Paris : Les belles lettres, 1976). (Actes du Colloque international de sinologie. La Chine au temps des lumières ; 2). S. 29. (Miss1, Publication)
2 1722 Jean-François Foucquet trifft sich auf seinem Weg nach Rom mit Voltaire in Paris. Voltaire sagt : "Foucquet m'a dit plusieurs fois qu'il y avait à la Chine très peu de philosophes athées".
  • Document: Guy, Basil. The French image of China before and after Voltaire. (Genève : Institut et Musée Voltaire Les Délices, 1963). (Studies on Voltaire and the eighteenth century ; vol. 21). S. 217. (Guy, Publication)
3 1731-1777 Voltaire. Texte über China und Quellen.
Texte mit Erwähnungen von China
La Ligue (La Henriade) (1723).
Stances II. A monsieur de Forcalquier (1731).
Ode VII sur le fanatisme, l'intolérance, ou sur la superstition (1732).
Epître XLV à Uranie (1734).
Lettres philosophiques (1734).
Discours en vers sur l'homme (1734).
Le sottisier (ca. 1735).
Epître à Mme Du Chatelet (1936).
Défense du Mondain; ou l'Apologie du luxe (1737).
Zadic ou la destinée (1747).
Les embellissements de la ville de Cachemire (1750).
Micromégas (1752)
Poème sur la loi naturelle (1752).
Le siècle de Louis XIV (1752).
Préface et introduction à l'Abrégé (1754).
Avertissement pour le Discours en vers sur l'homme (1756).
Candide (1756).
Essai sur l’histoire générale et sur les moeurs et l'esprit des nations (1756).
Histoire des voyages de Scarmentado, écrite par lui-même (1756).
Scarmentado (1756).
Galimatias dramatique (1757).
Histoire de l'empire de Russie (1759 / 1763).
Rescrit de l'empereur de la Chine (1761).
Remarques et éclaircissements pour l'Essai (1763).
Traité sur la tolérance à l'occasion de la mort de Jean Calas (1763).
Catéchisme chinois (1764).
Dictionnaire philosophique (1764).
Additions à l'Essai sur l'histoire générale (1764).
Homélies prononcé à Londres : Première homélie sur l'athéisme (1765).
Mandement du révérendissime père en dieu Alexis, archevêque de Novogorod-la-Grande (1765).
Profession de foi des théistes (1765).
Questions sur les miracles (1765).
Commentaires sur le livre des délits et des peines (1766).
M. le marquis de Beccaria (1766).
Le philosophe ignorant (1766).
Anecdote sur Bélisaire (1767).
Avis à tous les orientaux (1767).
La défense de mon oncle (1767).
Le dîner du comte de Boulainvilliers (1767).
Homélie sur l'athéisme (1767).
Les honnêtetés littéraires (1767).
L'ingénu (1767).
Les questions de Zapata (1767).
L'avis à tous les orientaux (1767-1768).
L’A, B, C, ou dialogues entre A, B, C (1768).
Entretiens chinois (1768).
Histoire de l’empire de Russie sous Pierre le Grand (1768).
L’Homme aux quarante écus (1768).
La princesse de Babylone (1768).
Profession de foi des théistes (1768).
Relation du bannissement des jésuites de la Chine (1768).
Sermon prêché à Bâle (1768).
Canonisation de Saint Cucufin (1769).
Dieu et les hommes (1769).
Les lettres d'Amabed (1769).
Précis du siècle de Louis XV (1769).
Épître CVIII au roi de la Chine (1770).
Questions sur l'Encyclopédie (1770).
Fragments historiques sur l'Inde (1773).
Fragments sur l'histoire générale (1773).
La tactique (1773).
Histoire de Jenni, ou l'athée et le sage (1775).
La Bible enfin expliquée par plusieurs aumôniers du roi de Prusse (1776).
Lettres chinoises, indiennes et tartares (1776).
Commentaire sur l'Esprit des lois (1777).
Dialogues d'Evhémère (1777).
Histoire de l'établissement du christianisme (1777).

Quellen
Vorhandene Bücher in der Bibliothek von Voltaire in Petersburg = Bibl.
Amiot, Jean-Joseph-Marie. Eloge de la ville de Moukden et de ses environs [ID D1855]. [Bibl.]
Amiot, Jean-Joseph-Marie. Wou-king, art militaire des Chinois [ID D1859]. [Bibl.]
Anson, George. A voyage round the world [ID D1897].
Argens, Jean-Baptiste de Boyer d'. Lettres chinoises [ID D1835] [Bibl.]
Avril, Philippe. Voyage en divers états d'Europe et d'Asie [Bibl.]
Behn, Aphra. Oronoko. Trad. De l’anglois [par Pierre Antoine de La Place]. Pt. 1-2 in 1. (Amsterdam : Aux dépens de la Compagnie, 1745).
Benjamin of Tudela ; Baratier, Jean-Philippe. Voyages de Rabbi Benjamin fils de jona de Tudele, en Europe, en Asie & en Afrique [ID D19823]. [Bibl.]
Bergeron, Pierre. Voyages faits principalement en Asie dans les XII, XIII, XIV, et XV siecles. [ID D1675]. [Bibl.]
Borde, Charles. Le catéchumène [ID D19824]. [Bibl.]
Bouhours, Dominique. Vie de Saint François Xavier de la Compagnie de Jesus [ID D19825]. [Bibl.]
Boulanger, Nicolas Antoine. Recherches sur l'origine du despotisme oriental [ID D19827]. [Bibl.]
Bouvet, Joachim. L'estat present de la Chine [ID D1773].
Bouvet, Joachim. Portraict historique de l'empereur de la Chine [ID D1774].
Cassini, Giovanni Domenico. Réflexions sur la chronologie chinoise [ID D19917].
Cibot, Pierre Martial. Cibot, Pierre Martial. Lettre de Pekin, sur le génie de la langue chinoise [ID D19822]. [Bibl.]
Cibot, Pierre-Martial. Ta-hio : Tchong-yong, ou juste milieu [ID D5589].
Costa, Inácio da ; Intorcetta, Prospero. Sapientia Sinica [ID D1707].
Couplet, Philippe. Confucius sinarum philosophus [ID D1758]. [Bibl.]
Dampier, William. Nouveau voyage autour du monde [ID D1778].
Deshauterayes, André. Doutes sur la dissertation de M de Guignes [ID D7378]. [Bibl.]
Du Halde, Jean-Baptiste. Description de la Chine [ID D1819]. [Bibl.]
Du Pin, Louis Ellies. Défense de la censure de la Faculté de théologie de Paris [ID D19916].
Du Pont de Nemours, Pierre Samuel. De l'administration des chemins [ID D19829]. [Bibl.]
Foucquet, Jean-François. Tabula chronologica historiae Sinicae [ID D19807].
Foumont, Etienne.
Foy de la Neuville. Relation curieuse et nouvelle de Moscovie [ID D19832]. [Bibl.]
Fréret, Nicolas. De l'antiquité et de la certitude de la chronologie chinoise [ID D19821]
Gaubil, Antoine ; Guignes, Joseph de. Le Chou-king [ID D1856]. [Bibl.]
Gaubil, Antoine. Histoire de Gentchiscan et de toute la dinastie des Mongous [ID D1824]. [Bibl.]
Gaubil, Antoine. Histoire de l'astronomie chinoise [ID D5170].
Holländische Bildwerke. (1596-).
Huet, Pierre Daniel. Histoire du commerce, de la navigation des anciens [ID D19918].
Kaufmannsberichte über den Osten (1665-1675).
La Barbinais le Gentil. Nouveau voyage autour du monde [ID D1816].
Goudar, Ange. L'espion chinois [ID D19833]. [Bibl.]
Greslon, Adrien. Histoire de la Chine sous la domination des Tartares [ID D1727].
Guignes, Joseph de. Histoire générale des Huns, des Turcs, des Mogols, et des autres Tartares occidentaux [ID D1837]. [Bibl.] Guignes, Joseph de. Memoire dans lequel on preuve, que les chinois sont une colonie egyptienne [ID D1841].
Guzman, Luis de. Historia de las missiones que han hecho los religiosos de la Compañia de Iesus [ID D19915].
Herbelot de Melainville d', Barthélémy. Bibliothèque orientale [ID D1866]. [Bibl.]
Herrera Maldonado, Francisco de. Novvelle histoire de la Chine [ID D19835]. [Bibl.]
Hübner, Johann. Kurze Fragen aus der neuen und alten Geographie. (Leipzig 1693).
Kircher, Athanasius. China illustrata [ID D1712].
Knocken, Hennengius : Angeführt als Chinaschriftsteller.
La Barbinais le Gentil. Nouveau voyage autour du monde [ID D1816]. [Bibl.]
Labrune, Jean de. La morale de Confucius [ID D1762]. [Bibl.]
Laërce, Diogène. Les vies des plus illustres philosophes de l'antiquité [ID D19828]. [Bibl.]
Lange, Lorenz. Journal de la résidence du sieur Lange [ID D1811]. [Bibl.]
Le Comte, Louis. Nouveaux mémoires sur l'état de la Chine [ID D1771]. [Bibl.]
Lettres des svants.
Léttres édifiantes et curieuses [ID D1793]. [Bibl.]
Linguet, Simon Nicolas Henri. Théorie des loix civiles [ID D19985].
Longobardo, Niccolò. Traité sur quelques points de la religion des Chinois [ID D1792].
Mailla, Joseph-Anne-Marie de Moyriac de. Histoire générale de la Chine [ID D1868].
Mairan, Jean-Jacques Dortous de. Lettres de M. de Mairan au R.P. Parrenin [ID D1842]. [Bibl.]
Malebranche, Nicolas. Avis touchant l'entretien d'un philosophe chrétien [ID D1799]. [Bibl.]
Marco Polo. Vermutlich : Ramusio, Giovanni Battista. Delle navigationi et viaggi raccolta gia da Gio [ID D1618].
Marsy, François-Marie de. Histoire moderne des Chinois [ID D4613]. [Bibl.]
Mémoires concernant l'histoire, les sciences, les arts [ID D1867]. [Bibl.]
Gonzáles de Mendoza, Juan. Historia de las cosas más notables [ID D1627].
Murphy, Arthur. The orphan of China [ID D19836]. [Bibl.]
Navarrete, Domingo Fernandez de. Tratados historicos, politicos, y religiosos de la monarchia de China [ID D1747].
Neu polierter Geschichts-, Kunst- und Sittenspiegel ausländischer Völker, als Sineser, Japaner, Indostaner, Abyssinier. (Nürnberg 1670).
Nouvelle histoire de Genghiskan, conquérant de l’Asie. (Paris au Palais : Chez Jean-Baptiste Mazuel, 1716).
Ost- und Westindischer und Sinesischer Lust- und Staatsgarten. (Nürnberg 1688).
Parrenin, Dominique. Lettres de M. de Mairan au R.P. Parrenin [ID D1842].
Pauw, Cornelius de. Recherches philosophiques sur les Egyptiens et les Chinois [ID D1861]. [Bibl.]
Pétau, Denis. Tabulae chronologicae, regum, dynastarium orbium rerum virorumque illustrium. (Parisii : Delaulne, 1703).
Poivre, Pierre. Voyages d'un philosophe [ID D1854]. [Bibl.]
Prémare, Joseph Henri-Marie de. Tchao-chi-cou-eulh, ou l'Orphelin de la maison de Tchao [ID D1819].
Renaudot, Eusèbe. Anciennes relations des Indes et de la Chine [ID D19820].
Ricci, Matteo. Tieu hio rey. (1630).
Semedo, Alvaro. Histoire universelle de la Chine [ID D5597].
Souciet, Etienne ; Gaubil, Antoine. Observations mathématiques, astronomiques, geographiques, chronologiques et physiques [ID D1818].
Spizel, Gottlieb. De re literaria Sinensium commentarius [ID D1706].
Trigault, Nicolas. Histoire de l'expédition chrestienne au royaume de la Chine [ID D1652]. [Bibl.]
Trigault, Nicolas. Litterae Societatis lesv e regno Sinarvm [ID D9783].
An universal history from the earliest account of time to the present. (London : J. Batley, 1736-1744).
Varenius, Bernhard. Descriptio regni Japoniae ex variis auctoribus redacta. (Amsterdam 1649).
Viano, Sostegno ; Mezzabarba, Carlo Ambrogio. Relazione di quanto è successo in Cina [ID D19919].
Vojeu de Brunem [Jouve, Joseph-Baptiste]. Histoire de la conquite de la Chine par les Tartares mancheous [ID D1833].
  • Document: Engemann, Walter. Voltaire und China : ein Beitrag zur Geschichte der Völkerkunde und zur Geschichte der Geschichtsschreibung sowie zu ihren gegenseitigen Beziehungen. (Leipzig : Universität Leipzig, 1932). Diss. Univ. Leipzig, 1932. (Vol3, Publication)
  • Document: Guy, Basil. The French image of China before and after Voltaire. (Genève : Institut et Musée Voltaire Les Délices, 1963). (Studies on Voltaire and the eighteenth century ; vol. 21). (Guy, Publication)
  • Document: Song, Shun-ching. Voltaire et la Chine. (Aix-en-Provence : Université de Provence, 1989). Diss. Univ. de Provence, 1987. S. 235-242, 245-251. (Song, Publication)
  • Document: Voltaire. Table chronologique des oeuvres : C:\Dokumente und Einstellungen\local-admin\Desktop\VoltaireTableChrono.htm. (Volt5, Web)
4 1732 Voltaire. Ode VII. sur le fanatisme.
Voltaire schreibt :
Au vast empire de la Chine
Il est un peuple de Lettrés
Qui de la nature divine
Combat les attributs sacrés.
O vous, qui de notre hémisphère
Portez le flambeau salutaire
A ces faux sages de l'Orient,
Parlez : est-il plus de justice
Plus de candeur et moins de vice
Chez nos dévots de l'Occident ?
  • Document: La mission française de Pékin aux XVIIe et XVIIIe siècles. Centre de recherches interdisciplinaire de Chantilly. (Paris : Les belles lettres, 1976). (Actes du Colloque international de sinologie. La Chine au temps des lumières ; 2).
    [Enthält] :
    Loehr, George R. L'artiste Jean-Denis Attiret et l'influence exercée par sa description des jardins impériaux. In : La mission française de Pékin aux XVIIe et XVIIIe siècles. Centre de recherches interdisciplinaire de Chantilly. (Paris : Les belles lettres, 1976). (Actes du Colloque international de sinologie. La Chine au temps des lumières ; 2). S. 28. (Miss1, Publication)
5 1734 Voltaire. Discours en vers sur l'homme : sur la nature de l'homme.
Voltaire schreibt :
Un vieux lettré chinois qui toujours sur les bancs
Combattit la raison par de beaux arguments,
Plein de Confucius, et sa logique en tête,
Distinguant, concluant, présenta sa requête...
Mon vieux lettré chercha, d'espérance animé,
Un monde fait pour lui, tel qu'il l'aurait formé.
Il cherchait vainement, l'ange lui fit connaître
Que rien de ce qu'il veut en effet ne peut être...
Le Chinois argumente ; on le force à conclure
Que dans tout l’univers, tout être a sa mesure.
  • Document: Guy, Basil. The French image of China before and after Voltaire. (Genève : Institut et Musée Voltaire Les Délices, 1963). (Studies on Voltaire and the eighteenth century ; vol. 21). S. 238. (Guy, Publication)
6 1747 Voltaire. Zadig ou La destinée histoire orientale.
Basil Guy : China has a rôle in it and an importance which is tantamount to a declaration of faith on the part of Voltaire. All is brought to a head in the chapter of 'Le souper', where Zadig enters into discussion with a man from Cathay and others, 'qui dans leurs fréquents voyages vers le golfe arabique avaient appris assez d’arabe pour se faire entendre'. Each stranger speaks in turn, and when the mandarin's turn arrives, he begins : "Je respecte fort les Egyptiens, les Chaldéens, les Grecs, les Celtes, Brama, le boeuf Apis, le beau poisson Oannès ; mais peut-être que le 'Li' ou le 'Tien' comme on voudra l'appeler, vaut bien les boeufs et les poissons". Voltaire believes the Chinese are wisdom incarnate. Once again this was a common idea at the time he was writing, and it is not extraordinary for him to think of the people of China as the only ones on earth who are free from error and foolishness. Such being the case, it was natural for Voltaire to find that in addition to being wise and upright, the Chinese were also religious and tolerant. Obviously, sooner or later, this wisdom and toleration and humanity which were so much to the honour of the man from Cathay must be found concentrated as it were in Zadig's own person. Zadig is an almost perfect indication of Voltaire's taste and interest in the Far East during what we should like to consider his first Chinese period.
  • Document: Guy, Basil. The French image of China before and after Voltaire. (Genève : Institut et Musée Voltaire Les Délices, 1963). (Studies on Voltaire and the eighteenth century ; vol. 21). S. 241-243. (Guy, Publication)
7 1751 Voltaire. Le siècle de Louis XIV [ID D19811].
Disputes sur les cérémonies chinoises.
Ce n'etait pas assez pour l'inquiétude de notre esprit que nous disputassions au bout de dix-sept cents ans sur des points de notre religion: il fallut encore que celle des Chinois entrât dans nos querelles. Cette dispute ne produisit pas de grands mouvements; mais elle caracterisa plus qu'aucune autre cet esprit actif, contentieux et querelleur qui regne dans nos climats.
Le jesuite Matthieu Ricci, sur la fin du dix-septième siècle, avait été un des premiers missionnaires de la Chine. Les Chinois étaient, et sont encore, en philosophie et en litterature, à peu près ce que nous étions il y a deux cents ans. Le respect pour leurs anciens maîtres leur prescrit des bornes qu'ils n'osent passer. Le progrès dans les sciences est l'ouvrage de la hardiesse de l'esprit et du temps. Mais la morale et la Police étant plus aisées à comprendre que les sciences, s'étant perfectionnées chez eux quand les autres arts l'étaient pas encore, il est arrivé que les Chinois, demeurés depuis plus de deux mille ans à tous les termes où ils étaient parvenus, sont restés médiocres dans les sciences, et le premier peuple de la terre dans la morale et dans la police, comme le plus ancien.
Après Ricci, beaucoup d'autres jésuites pénétreèrent dans ce vaste empire; et, à la faveur des sciences de l'Europe, ils parvinrent ä jeter secrètement quelques semences de la religion chrétienne parmi les enfants du peuple, qu'ils instruisirent comme ils purent. Des dominicains, qui partageaient la mission, accuserent les Jésuites de permettre l'idolâtrie en prêchant le christianisme. La question était délicate, ainsi que la conduite qu'il fallait tenir à la Chine.
Les lois et la tranquillité de ce grand empire sont fondées sur le droit le plus naturel ensemble et le plus sacré: le respect des enfants pour les pères. A ce respect ils joignent celui qu'ils doivent à leurs premiers maîtres de morale, et surtout à Confutzee, nommé par nous Confucius, ancien sage qui, cinq cents ans avant la fondation du christianisme, leur enseigna la vertu. Les familles s'assemblent en particulier, à certains jours, pour honorer leurs ancêtres; les lettrés, en public, pour honorer Confutzee. On se prosterne, suivant leur manière de saluer les superieurs, ce qui dans toute l'Asie, s'appelait autrefois adorer. On brûle des bougies et des pastilles. Des colaos, que les Espagnols ont nommés mandarins, égorgent deux fois l'an, autour de la salle où l'on vénère Confutzee, des animaux dont on fait ensuite des repas. Ces ceremonies sont-elles idolâtriques ? sont-elles purement civiles? reconnaît-on ses pères et Confutzee pour des dieux ? sont-ils même invoqués seulement comme nos saints ? est-ce enfin un usage politique dont quelques Chinois superstitieux abusent? C'est ce que des étrangers ne pouvaient que difficilement démêler à la Chine, et ce qu'on ne pouvait décider en Europe.
Les Dominicains défèrerent les usages de la Chine à l'inquisition de Rome, en 1645. Le Saint-Office, sur leur exposé, défendit ces cérémonies chinoises jusqu'à ce que le pape en decidât.
Les Jésuites soutinrent la cause des Chinois et de leurs pratiques, qu'il semblait qu'on ne pouvait proscrire sans fermer toute entrée à la religion chrétienne dans un empire si jaloux de ses usages. Ils representèrent leurs raisons. L'inquisition, en 1656, permit aux lettrés de reévérer Confutzee, et aux enfants chinois d'honorer leurs pères, «en protestant contre la superstition, s'il y en avait».
L'affaire étant indécise, et les missionnaires toujours divisés, le procès fut sollicité à Rome de temps en temps; et cependant les Jésuites qui étaient à Pékin se rendirent si agréables à l'empereur Camhi, en qualité de mathématiciens, que ce prince, célèbre par sa bonté et par ses vertus, leur permit enfin d'être missionnaires, et d'enseigner publiquement le christianisme. II n'est pas inutile d'observer que cet empereur si despotique, et petit-fils du conquérant de la Chine, était cependant soumis par l'usage aux lois de l'Empire; qu'il ne put, de sa seule autorité, permettre le christianisme; qu'il fallut s'adresser à un tribunal, et qu'il minuta lui-même deux requêtes au nom des Jésuites Enfin, en 1692, le christianisme fut permis à la Chine, par les soins infatigables et par l'habileté des seuls Jésuites.
II y a dans Paris une maison établie pour étrangères. Quelques prêtres de cette maison étaient alors à la Chine. Le pape, qui envoie des vicaires apostoliques dans tous les pays qu'on appelle les parties des infidèles, choisit un prêtre de cette maison de Paris, nommé Maigrot, pour aller présider, en qualité de vicaire, à la mission de la Chine, et lui donna l'évêché de Conon, petite province chinoise dans le Fokien. Ce Français, évèque à la Chine, declara non seulement les rites observés pour les morts superstitieux et idolâtres, mais il declara les lettrés athées. Ainsi les Jésuites eurent plus alors à combattre les missionnaires, leurs confrères, que les mandarins et le peuple. Ils représentèrent à Rome qu'il paraissait assez incompatible que les Chinois fussent à la fois athées et idolâtres. On reprochait aux lettrés de n'admettre que la matière; en ce cas, il était difficile qu'ils invoquassent les âmes de leurs pères et celle de Confutzee. Un de ces reproches semble détruire l'autre, à moins qu'on ne prétende qu'à la Chine on admet le contradictoire, comme il arrive souvent parmi nous. Mais il fallait être bien au fait de leur langue et de leurs moeurs pour démêler ce contradictoire. Le procès de l'empire de la Chine dura longtemps en cour de Rome. Cependant on attaqua les Jésuites de tous côtés.
Un de leurs savants missionnaires, le père Lecomte, avait écrit dans ses Memoires de la Chine que «ce peuple a conservé pendant deux mille ans la connaisance du vrai Dieu; qu'il a sacrifié au Créateur dans le plus ancien temple de l’univers; que la Chine a pratiqué les plus pures leçons de la morale, tandis que l'Europe était dans 1'erreur et dans la corruption».
Il n'était pas impossible que le père Lecomte eût raison. En effet, si cette nation remonte, par une histoire authentique et par une suite de trente-six eclipses verifiées, jusqu'au temps où nous plaçons ordinairement le deluge, il n'est pas hors de vraisemblance qu'elle ait conservé la connaissance d'un Etre suprême et unique plus longtemps que d'autres peuples. Cependant, comme on pouvait trouver dans ces propositions quelque idée qui choque un peu les idées reçus, on les attaqua en Sorbonne. L'abbé Boileau, frère de Despréaux, non moins critique que son frère, et plus ennemi des Jésuites, dénonça, en 1700, cet éloge des Chinois comme un blasphème. L'abbé Boileau était un esprit vif et singulier, qui écrivait comiquement des choses sérieuses et hardies. Il est l'auteur du livre des Flagellants et de quelques ouvrages de cette espèce. Il disait qu'il les écrivait en latin, de peur que les évèques ne le censurassent; et Despréaux, son frère, disait de lui : «S'il n'avait été docteur de Sorbonne, il aurait été docteur de la comédie italienne.» Il déclama violemment contre les Jésuites et les Chinois, et commença par dire que «l'éloge de ces peuples avat ébranlé son cerveau chretien». Les autres cerveaux de l'assemblée furent ébranlés aussi. Il y eut quelques débats. Un docteur, nommé Lesage, opina qu'on envoyât sur les lieux douze de ses confrères des plus robustes s'instruire à fond de la cause. La scène fut violente; mais enfin la Sorbonne déclara les louanges des Chinois fausses, scandaleuses, téméraires, impies et hérétiques.
Cette querelle, qui fut vive, envenima celle des cérémonies; et enfin le pape Clément XI envoya, l'année d'après, un légat à la Chine. Il choisit Thomas Maillard de Tournon, patriarche titulaire d'Antioche. Le patriarche ne put arriver qu'en 1705. La cour de Pékin avait ignoré jusque-là qu'on la jugeait à Rome et à Paris. L'empereur Camhi reçut d'abord le patriarche de Tournon avec beaucoup de bonté. Mais on peut juger quelle fut sa surprise quand les interprètes de ce légat lui apprirent que les chrétiens qui prêchaient leur religion dans son empire ne s'accordaient point entre eux, et que ce légat venait pour terminer une querelle dont la cour de Pékin n'avait jamais entendu parier. Le légat lui fit entendre que tous les missionnaires, excepte les Jésuites, condamnaient les anciens usages de l'Empire; et qu'on soupçonnait même Sa Majesté chinoise et les lettrés d'être des athées qui n'admettaient que le ciel matériel. Il ajouta qu'il y avait un savant évèque de Conon qui lui expliquerait tout cela si Sa Majesté daignait l'entendre. La surprise du monarque redoubla, en apprenant qu'il y avait des évèques dans son empire. Mais celle du lecteur ne doit pas être moindre en voyant que ce prince indulgent poussa la bonté jusqu'à permettre à l'évèque de Conon de venir lui parler contre la religion, contre les usages de son pays, et contre lui-même. L'évèque Conon fut admis à son audience. Il savait très peu le chinois. L'Empereur lui demanda d'abord l'explication de quatre caractères peints en or au-dessus de son trône. Maigrot n'en put lire que deux; mais il soutint que les mots king-tien, que l'Empereur avait écrit lui-même sur des tablettes, ne signifiaient pas adorez le Seigneur du ciel. L'Empereur eut la patience de lui expliquer que c'était précisément le sens de ces mots. Il daigna entrer dans un long examen. Il justifia les honneurs qu'on rendait aux morts. L'évèque fut inflexible. On peut croire que les Jésuites avaient plus de crédit à la cour que lui. L'Empereur, qui, par les lois, pouvait le faire punir de mort, se contenta de le bannir. Il ordonna que tous les Européens qui voudraient rester dans le sein de l'Empire viendraient désormais prendre de lui des lettres patentes, et subir un examen.
Pour le légat de Tournon, il eut ordre de sortir de la capitale. Dès qu'il fut à Nankin, il y donna un mandement qui condamnait absolument les rites de la Chine à l'égard des morts, et qui défendait qu'on se servît du mot dont s'était servi l'Empereur pour signifier le Dieu du ciel.
Alors le légat fut relégué à Macao, dont les Chinois sont toujours les maîtres, quoiqu'ils permettent aux Portugals d'y avoir un gouvemeur. Tandis que le légat était confiné à Macao, le pape lui envoyait la barrette; mais elle ne lui servit qu'à le faire mourir cardinal. Il finit sa vie en 1710. Les ennemis des Jésuites leur imputèrent sa mort. Ils pouvaient se contenter de leur imputer son exil.
Ces divisions parmi les étrangers qui venaient instruire l'Empire discréditèrent la religion qu'ils annonçaient. Elle fut encore plus décriée lorsque la cour, ayant apporté plus d'attention à connaître les Européens, sut que non seulement les missionnaires étaient ainsi divisés, mais que parmi les négociants qui abordaient à Canton il y avait plusieurs sectes, ennemies jurées l'une de l'autre.
L'empereur Camhi ne se refroidit pas pour Jésuites, mais beaucoup pour le christianisme. Son successeur chassa tous les missionnaires, et proscrivit la religion chrétienne. Ce fut en partie le fruit de ces querelles et de cette hardiesse, avec laquelle des étrangers prétendaient savoir mieux que l'Empereur et les magistrats dans quel esprit les Chinois révèrent leurs ancêtres. Ces disputes, longtemps l'objet de l'attention de Paris, ainsi que beaucoup d'autres nées de l'oisiveté et de l'inquiétude, se sont évanouies. On s'étonne aujourd'hui qu'elles aient produit tant d'animosités; et l'esprit philosophique qui gagne de jour en jour semble assurer la tranquillité publique.

Basil Guy : Emile Bourgeois claimes that Voltaire was motivated by a passion for letters, arts and sciences – for his intellectual aspirations of humanity – when writing this work. Voltaire's intentions are dominated by two thoughts. One, 'philosophic', allowed him to paint but one man as the principal representative of a nation in which he, Voltaire, took very great pride. The other, 'satirical', was perhaps the true inspiration of the work and furnished, in any case, its insinuating conclusion. Voltaire decided to end with the religious quarrels which disturbed the decline of the Louis XIV's reign, treating of the strife beween Jesuits and jansenists, between orthodoxy and the Quietists, as well as of the persecution of the protestants. In this way, he arrived quite naturually at the Rites controversy in the last chapter. What is perhaps less natural is the fact that the history ends abruptly on the note of distress characteristic of that quarrel and without any sort of commentary as a conclusion. Voltaire's procedure had not been to declaim openly against the expulsion of the protestants. But since his material led him to treat of China, why should he not use a regular, if not so obvious subterfuge ? The Sun of Heaven was to be compared with Louis XIV, China with France, the foreign missionaries with the heretical State-within-a-State represented by French protestantism. And from his comparison would derive all the blame that Voltaire wished to lodge, not only against religious intolerance in the seventeenth century, but also against the same spirit in his own, and notably in the France of Louis XV. The conclusion of the Siècle thus conjured up a kingdom where there were no jesuits, where the king himself was a 'philosophe', where despotism was beneficent. By condeming the reign of Louis XV when he compared it with that of Louis XIV, Voltaire had wished to get at the root of the difficulties and to extirpate it. This was but one example of 'philosophical' criticism carried to its natural end. And as we realize, these fulminations which were to grow in violence against the irrational, chicanery, intolerance, and all those evils produced by an absolute and unenlightened belief in religious power would never end, since all were part and parcel of 'l'infâme'. Althought the criticisms are perhaps most striking because they attack two evils at the same time : French indifference and French intolerance.

Etiemble : Chez Cornelius de Pauw tout est prétexte à mépriser les Chinois : 'qu'ils aiment mieux construire leurs maisons en étendue qu'en hauteur ; qu'ils édifient des tours de neuf étages, vernissées, sculptées et ornées de clochettes ; ou que, pour permettre aux bateaux de passer sans peine dessous, ils bâtissent des ponts très élevés'.
Mais à chacun des ces arguments de sinophobe, Voltaire opposa une réponse. Disputes sur les cérémonies chinoises, comment ces querelles contribuèrent à faire proscrire le christianisme à la Chine. On sut que, précisément en ce temps-là, les disputes qui aigrissaient les missionnaires des différents ordres les uns contre les autres avaient produit l'extirpation de la religion chrétienne dans le Tunquin ; et ces mêmes disputes, qui éclataient encore plus à la Chine, indisposèrent tous les tribunaux contre ceux qui, venant prêcher leur loi, n'étaient pas d'accord entre eux sur cette loi même. Enfin on apprit qu'à Canton, il y avait des Hollandais, des Suédois, des Danois, des Anglais, qui, quoique chrétiens, ne passaient pas pour être de la religion des chrétiens de Macao.
Toutes ces réflexions réunies déterminèrent enfin le suprême tribunal des rites à défendre l'exercice du christianisme. L'arrêt fut porté le 10 janvier 1724, mais sans aucune flétrissure, sans décerner de peines rigoureuses, sans le moindre mot offensant contre les missionnaires : l'arrêt même invitait l'empereur à conserver à Pékin ceux qui pourraient être utiles and les mathématiques. L'empereur confirma l'arrêt, et ordonna par son édit qu'on renvoyât les missionnaires à Macao, accompagnés d'un mandarin pour avoir soin d'eux dans le chemin, et pour les garantir de toute insulte. Ce sont les propres mots de l'édit.
  • Document: Voltaire. Le siècle de Louis XIV. Publ. par [Joseph Du Fresne] de Francheville. Vol. 1-2. (Berlin : C.F. Henning, 1751). (Volt10, Publication)
  • Document: Guy, Basil. The French image of China before and after Voltaire. (Genève : Institut et Musée Voltaire Les Délices, 1963). (Studies on Voltaire and the eighteenth century ; vol. 21). S. 234-236. (Guy, Publication)
  • Document: Etiemble, [René]. L'Europe chinoise. Vol. 1-2. (Paris : Gallimard, 1988-1989). (Bibliothèque des idées). S. 281, 300. (Eti6, Publication)
8 1755 Voltaire. L'orphelin de la Chine [ID D1836].
Personnages : GENGIS KAN, roi du Tartare. OCTAR. OSMAN. ZAMTI, mandarin lettré IDAMÉ, femme de Zamti. ASSÉLI, attaché à Idamé. ÉTAN, attaché à Zamti.
La scène est dans un palais des mandarins, qui tient au palais impérial, dans la ville de Cambalu, aujourd'hui Pékin.

Voltaire schreibt über das chinesische Drama : "Le poëme dramatique ne fut donc longtemps en honneur que dans ce vaste pays de la Chine... On croit lire les Mille et une nuits en action et en scènes mais, malgré l'incroyable, il y règne de l'intérêt ; et, malgré la foule des événements, tout est de la clarté la plus lumineuse ; ce sont là deux grands mérites qui manquent à beaucoup de nos pièces modernes. Il est vrai que la pièce chinoise n'a pas d'autres beautés... et cependant, comme j'ai déjà dit, l'ouvrage est supérieur à tout ce que nous faisions alors."

1753-1755 Voltaire schreibt an Charles-Augustin de Ferriol comte d'Argental :
"L'électeur palatin m'a fait la galanterie de faire jouer quatre de mes pièces. Cela a ranimé ma vieille verve ; et je me suis mis tout mourant que je suis, à dessiner le plan d'une pièce nouvelle, toute pleine d’amour".
"C'est une tragédie bien singulière, qui produit un puissant intérêt depuis le premier vers jusqu'au dernier mais qui n'a que trois actes".
D'Argental kritisiert Voltaire, dass er nur drei Akte schreibt.
Voltaire antwortet : "Il vaut mieux certainement donner quelque chose de bon en trois actes que d'en donner cinq insipides pour se conformer à l'usage. Il est impossible d'en faire cinq actes. Il vaut mieux en donner trois bons, que cinq langissants... Cinq actes allongeraient une action qui n'en comporte que trois. Dès qu'un nomme comme notre conquérant Tartare a dit : J'aime, il n'ya plus pour lui de nuances, il y en a encore moins pour Idamé qui ne doit pas combattre un moment ; et la situation d'un homme à qui on veut ôter sa femme a quelque chose de si avilissant pour lui qu'il ne faut pas qu'il paraisse ; sa vue ne peut faire qu'un mauvais effet. C'est donc bien l'amour de Gengis-Kan pour Idamé qui donne de l'intérêt à la pièce, et pour que cet intérêt soit puissant, il faut que la violence de Gengis soit extrême, et qu'elle n'ait d'égale que la force de résistance d'Idamé. Il y a de l'amour et cet amour ne déchirant pas le coeur le laisse languir. Une action vertueuse peut être approuvée, sans faire un grand effet".
"Ils [les Chinois et Tatares] ne sont point faits pour le théâtre, ils ne causent pas assez d'émotion. J'y ai fait tout ce que le sujet et ma faiblesse comportent. Mais ce n'est pas assez de faire bien. Il faut être au goût du public, il faut intéresser les passions de ses juges, remuer les coeurs et les déchirer. Mes tartares tuent tout et j'ai peur qu’ils ne fassent pleurer personne".
"Comptez que je suis très affligé de ne m'être à tout ce qu'un tel sujet pouvait me fournir. C'était une occasion de dompter l'esprit de préjugé, qui rend parmi nous l'art dramatique encore bien faible. Nos moeurs sont trop molles. J'aurais dû peindre avec des traits plus caractérisés la fierté sauvage des tartares et la morale des Chinois. Il fallait que la scène fût dans une salle de Confucius, que Zamti fût un descendant de ce législatuer, qu'il parlât comme Confucius même, que tout fût neuf et hardi, que rien ne se ressentît de ces misérables bienséances françaises, et de ces petitesses d'un peuple qui est assez ignorant et assez fou pour vouloire qu'on pense à Pekin comme à Paris. J'aurais accoutumé peut-être la nation à voir sans s'étonner des moeurs plus fortes que les siennes, j'aurais préparé les esprits à un ouvrage plus fort que je médite et que je ne pourrais problablement exécuter".
"Moy corriger cet orphelin, moy y travailler. Mon cher ange ! dans l'état où je suis, cela m'est impossible. Que m'importe dans cet état cruel qu'on rejoue ou non une tragédie : Je me vois dans une situation à n'être ny flatté du succez, ni sensible à la chutte. Les grands maux absorbent tout."

1755 Voltaire sagt zu Henri Louis Le Kain, Darsteller des Gengis-Kan : "Mon ami, vous avez les inflexions de la voix naturellement douces, gardez-vous bien d'en laisser échapper quelques-unes dans le rôle de Gengis-Kan. Il faut bien vous mettre dans la tête que j'ai voulu peindre un tigre qui, en caressant sa femelle, lui enfonce ses ongles dans les reins".

1755 Voltaire. Epître dédicatoire à Mgr le duc de Richelieu.
"L'idée de cette tragédie me vint, il y a quelque temps à la lecture de l'Orphelin de Tschao, tragédie chinoise, traduite par le père Prémare, qu'on trouve dans le recueil que le père Du Halde a donné au public. L'orphelin de Tschao est un monument précieux, qui sert plus à faire connaître l'esprit de la Chine, que toutes les relations qu'on a faites, est qu'on fera jamais de ce vaste empire. [Prémare, Joseph Henri-Marie de. Tchao-chi-cou-eulh ID D5168].
Voilà un grand exemple de la supériorité naturelle que donnent la raison et le génie sur la force aveugle et barbare, et les Tartares ont deux fois donné cet exemple ; car lorsqu'ils ont conquis encore ce grand empire, au commencement du siècle passé, ils ne sont soumis une seconde fois à la sagesse des vaincus, et les deux peuples n'ont formé qu'une nation, gouvernée par les plus anciennes lois du monde : événement frappant qui a été le premier but de mon ouvrage. Il est vrai que la pièce chinoise n'a pas d’autres beautés : unité de temps et d'action, développements de sentiments, peinture des moeurs, éloquence, raison, passion, tout lui manque : et cependant, comme je l'ai déjà dit, l'ouvrage est supérieur à tout ce que nous faisons alors."

1755 Voltaire an César Chesneau du Marsais :
"Si les Français n'étaient pas si français, mes Chinois auraient été plus chinois et Gengis encore plus tartare. Il a fallu appauvrir mes idées et me gêner dans le costume pour ne pas effaroucher une nation frivole qui rit sottement et qui croit rire gaiement de tout ce qui n’est pas dans ses moeurs ou plutôt dans ses modes."

Sekundärliteratur
1755
Friedrich Melchior Freiherr von Grimm : "Ce moment de désordre et de trouble, où tout un peuple succombe sous le fer du vainqueur, est trop tumulteux pour être celui d'une tragédie ; dans ces occasions, il n'y a point de discours suivi : des cris, des gestes, des mots entre-coupés, voilà tout ce qu'une pareille tragédie pourrait produire de discours.
Mais le principal reproche qu'on puisse faire à M. de Voltaire, c'est d'avoir manqué le rôle de Gengiskan ; ce conquérant n'a pas proprement de caractère dans la pièce. Il ne sait ce qu'il veut ; il est féroce, il est indécis, il est doux, il est emporté, mais surtout il est raisonneur et politique, qualités insupportables dans un Tartare. Il raisonne sur la religion et sur les arts, comme s'il avait passé sa vie à méditeur et à réfléchir. Il fallait faire de Gengiskan un Tartare feroce, violent, emporté, sensible au bien sans le connaître, capable, dans le premier mouvement, des plus grands crimes et des plus belles actions, importuné par le flambeau des sciences et des arts, sans en pouvoir démêler le principe, haïssant Idamé de l’amour qu’elle inspire et dont il est tyrannisé malgré lui, toujours prêt à la punir, sans pouvoir consentir à sa perte."

1755
Alexis Piron, ennemi de Voltaire schreibt an Pierre Louis Dumay :
"Parlons du Juif-Errant qui vient de nous donner une tragédie sous le titre bizarre de L'orphelin de la Chine. Il y a dans cette pièce, comme dans toutes ses autres, un peu plus de rimes que de raison, et beaucoup plus de bien d'autrui que du sien propre. Ce qu'il y a de tout neuf, c'est qu'il a renoncé à sa part d'auteur. Voilà tout le merveilleux de l’aventure."

1755
Alexis Piron schreibt an Jean François le Vayer de Marsilly :
"Je me hâte, monsieur, de vous répondre pour me relever de la faute que j'ai faite en voux annonçant la chute de la tragédie de Voltaire. C'est aujourd'hui la 8ème ; et mercredi elle fit 3'000 liv. Ainsi le succès est très sûr et très grand en déit de l'envie ou du bon goût. Les malveillants se rabattent sur la singularié des décorations chinoises et le jeu brillant de la Clairon. Voltaire triomphe."

1755
Jean François le Vayer de Marsilly schreibt : "Le parterre a renversé le pot au lait. Le titre de la pièce permettait pourtant beaucoup par son persiflage, c'était L'orphelin de la Chine ; mais le public las d'avoir déjà sur le dos tant d'orphelins rouges et bleus, n'a point eu pitié de celui-ci, et l'a renvoyé à la Chine d'où il venait...".

1755-1756
Rousseau und Voltaire Rousseau, Jean-Jacques. Si le rétablissement des sciences et des arts a contribué à épurer les moeurs [ID D20010]. Rousseau, Jean-Jacques. Discourse sur l'origine et les fondaments de l’inégalité parmi les hommes [ID D16837].
Walter Engemann : Rousseau stellt die Behauptung auf, dass Wissenschaft und Kunst die Sitten verderben. Als Beispiel für seine These führt er vor allem die Chinesen an, greift aber auch Voltaire persönlich an. Er schreibt : "Dites-nous, célèbre Arouet, combien vous avez sacrifié de beautés mâles et fortes à votre fausse délicatesse et combien l'esprit de la galanterie si fertile en petites choses vous en a coûté des grandes". Dieser Discours erregt grosses Aufsehen und Voltaire fühlt sich veranlasst, darauf zu erwidern. Im Orphelin de la Chine hält er der Ansicht Rousseaus entgegen, dass für die Geschichte der Menschheit die Tatsache bedeutsam sei, dass die Tataren die Chinesen besiegt haben. Voltaire führt noch eine andere Tatsache für wichtiger, die Rousseau mit Willen übergeht, nämlich die, dass die Tataren die Kultur der Chinesen angenommen und deswegen ihre rauhen Sitten gebessert haben. Dies beweise übrigens auch, dass letzten Endes die Kultur der Natur und die Tugend der rohen Gewalt überlegen sei. Der Erstausgabe des Orphelin ist ein Brief Voltaires beigefügt der die zweite Schrift Rousseaus widerlegt und er diese Abhandlung als 'nouveau livre contre le genre humain' bezeichnet. Er schreibt : "J’ai reçu, Monsieur, votre nouveau livre (Les Discours sur l’inégalité des conditions) contre le genre humain ; je vous en remercie. Vous plairez aux hommes à qui vous dites leurs vérités, mais vous ne les corrigerez pas. On ne peut peindre avec des couleurs plus fortes les horreurs de la société humaine, dont notre ignorance et notre faiblesse se promettent tant de consolations. On n'a jamais employé tant d'esprit à vouloir nous rendre bêtes ; il prend envie de marcher à quatre pattes, quand on lit votre ouvrage. Cependant, comme il y a plus de soixante ans que j'en ai perdu l'habitude, je sens malheureusement qu'il m'est impossible de la reprendre, et je laisse cette allure naturelle à ceux qui en sont plus dignes que vous et moi." Rousseau versteht, dass der Orphelin ein versteckter Angriff auf seine Erstlingsschrift ist und antwortet auf den satirischen Brief Voltaires in einer zwar höflichen, aber sarkastischen Form und wiederholt dabei sein Urteil über die Chinesen : "Le peuple reçoit les écrits des sages pour les juger, et non pour s'instruire. Jamais on ne vit tant de dandins, le théâtre en fourmille, les cafés retentissent de leurs sentences, les quais regorgent de leurs écrits, et j'entends critique l'Orphelin, parce qu'on l'applaudit, à tel grimaud si peu capable d'en voir les défauts qu'à peine en sent-il les beautés."

Basil Guy : Chief among those who attacked Rousseau at that time was Voltaire, first in his Orphelin de la Chine, then in a letter of 3 August, 1755, and finally in the Essai sur les maeurs. The letter is the only direct attack and is of less interest than the other two writings, veiled, biting, and rather petty. To summarize Voltaire's point of argument, we have only to recall the first quotation, where Rousseau says that the wise government of the mandarins, so virtuous, so efficacious in many respects, was yet of no value, since they were unable to prevent the Tartars from subjugating all China. Voltaire insists that the Tartar conquest was richer in consequences for the vanquished than for the victors because shortly after their defeat, the mandarins succeeded in forcing the Tartars to adopt their language, their customs, and their habits and thus re-established their fortunes while assuring themselves of intellectual supremacy. At the end of the Orpelin, the moral superiority of Zamti and Idame, representatives of the ruling caste, wins out over the purely physical power of Gengis-kan and by the warrior's own admission. This attack seems veiled enough not to offend. But it was closely followed by the letter of 3 August which was like a poisoned arrow aimed at Rousseau, innocent of most of the wrongs attributed to him. Happily Voltaire took a more moderate tone the following year when he spoke of China in the Essai sur les mceurs. Voltaire's own enthusiasm for things Chinese, however, prevented him from appreciating Rousseau's critical point of view, especially in the first two chapters. The author of Candide paid little justice to his victim, who, in his fickle and changing nature, suffered enormously from such attacks without having the presence of mind to disdain them or to reply to them in turn. Thus, when Rousseau once more took up his criticism of China and persisted in them, doubtless it was because he felt obliged to refute first of all Voltaire, the privileged defender of China. But in refusing to accept the example of Chinese civilization, without distinguishing between its true faults and real advantages, Rousseau found himself forced to seek an ideal elsewhere. And he came upon a people ready to usurp a symbol themselves. These were the English.

1758
Denis Diderot : "Plus les genres sont sérieux, plus il faut de sévérité dans les vêtements. Quelle vraisemblance qu'au moment d'une action tumulteuse, des hommes aient eu le temps de se parer comme dans un jour de représentation ou de fête ? Dans quelles dépenses nos comédiens ne se sont-ils pas jetê pour la représentation de L'orphelin de la Chine ? Combien ne leur a-ti-il pas coûté, pour ôter à cet ouvrage une partie de son effet ?"

1907
Virgile Pinot : Voltaire, en mettant en scène le personnage de Gengis-Kan, n'a pas voulu seulement faire une étude de moeurs sur la vie du grand conquérant ; il a voulu donner à sa tragédie une portée plus grande et nous expliquer dramatiquement les deux révolutions qui se produisirent en Chine, en nous montrant le caractère principal qui distingue ces révolutions de toutes les autres : L'asservissement des vainqueurs aux lois des vaincus.
Dans les ouvrages de Mailla et Du Halde Voltaire trouve l'idée d'un mandarin qui sacrifie son fils pour sauver le fils de l'empereur. Dans Oronoko il trouve l'exemple d'une femme prise entre son amour pour son mari et la haine d'un despote ; en réunissant les deux faits, Voltaire en arrive à créer le personnage classique de la femme prise entre l'amour pour son fils et l'amour pour son mari ; c'est la lutte entre ces deux devoirs que nous retrouvons dans Andromaque. Idamé est donc un personnage classique. Mais il convient de remarquer que ce n'est pas le point de départ de la tragédie ; c'est un expédient pour réunir deux ordres de faits qui n’avaient pas de rapports entre eux. La manière dont Voltaire a conçu son sujet marque un effort pour se libérer de la conception classique. Il a voulu en effet faire une peinture de moeurs, opposer la rudesse tartare à la sagesse chinoise. Cependant cette peinture reste superficielle parce que Voltaire procédant par opposition a fait ses Tartares trop tartares et ses Chinois trop chinois. Le personnage d'Idamé, le seul personnage classique de la tragédie fut unanimement loué par les contemporains comme la source unique des beautés de la pièce.

1923
Georg Morris Cohen Brandes : Die Tragödie ist fest und sicher gebaut, die theatralische Spannung und Wirkung steigert sich ununterbrochen, und das ganze gestaltet sich zu einer Verherrlichung der zu jener Zeit sogenannten 'Tugend', was ein Leben für die Ideale bedeutet. Diese Tragödie ist die typische Voltairesche Tragödie seiner reifsten Jahre. An äusserer Anziehungskraft das fremdasiatische Gewand, wodurch der Dichter den gewöhnlichen Horizont seiner Zuschauer erweiterte. Als Hintergrund Voltaires tiefempfundene, oft ausgedrückte Achtung vor Chinas uralter, heidnischer, aber sittenreiner Friedenszivilisation. Dann die Verherrlichung der rein menschlichen Tugenden, Treue und Opferwilligkeit und des unverbrüchlichen Festhaltens an einem rein menschlichen Ideal.

1932
Walter Engemann : Da Voltaires Interesse für China vor allem der chinesischen Philosophie, Morallehre und Religion gilt, soll seine Tragödie nicht nur der Unterhaltung dienen, wie dies die Absicht der früheren chinesischen Singspiele war, sondern eine sittliche Wirkung ausüben und die gesamte konfuzianische Moral zusammenfassen. Voltaire will, dass seine Landsleute die Tugenden und die Moral der Chinesen kennenlernen und ihre Seelengrösse bewundern lernen. Voltaire verwendet für seine Tragödie verschiedene kulturhistorische Kenntnisse über China, die er besonders aus seinen beiden Hauptquellen Du Halde und Montesquieu gewinnt. Das Motiv des Selbstmordes und der Selbstaufopferung entnimmt er seinen Studien über Japan. Er verwendet ferner die beiden kulturhistorischen Tatsachen, dass die Tartaren als Eroberer sich der Kultur der Besiegten anpassten und dass die Moral der Chinesen auf dern Elternverehrung und dem Ahnenkult beruht. Es gelingt ihm allerdings nicht, in seinem Werk ein naturgetreues Bild vom Wesen der Chinesen und Tartaren wiederzugeben und empfindet dies auch selbst. Seine Quellen reichen nicht aus, um dem Publikum eine richtige Vorstellung von China und seinen Bewohnern zu vermitteln. Voltaire sieht sich an den Geschmack eines Publikums gebunden, das eine realistische Darstellungsform noch ablehnt.
Den Romanen Voltaires, die zur satirischen Dichtung zählen, liegen die gleichen Tendenzen zugrunde wie in seinen Tragödien. Voltaire berichtet nichts Neues über China, ausser Beschreibungen, die er seinen kulturhistorischen Schriften entnimmt. Der Orphelin ist die einzige Dichtung, die den Mittelpunkt der Handlung nach China verlegt. Soweit in der Tragödie Bemerkungen über China fallen, sind sie jedoch ohne Bedeutung.

1963
Basil Guy : According to Voltaire, the play would necessitate a complete renewal of theatrical techniques, the chief of which was to be realized with the introduction of Gengis-kan at the moment when he was invading China and when the mandarin Zamti and his wife Idamé were receiving from the lips of a dying emperor the order so save the life of the crown prince from the vengeance of the Tartars. To comply with the wish of the monarch, Zamti substitutes his own son from the rightful heir. But the cry of blood ist stronger than mere political ties and Idamé reveals her husband's treachery out of compassion for her only-begotten. When they are summoned before Gengis-kan, the invader recognizes in the matron the girl he once loved when he was but a vagabond adventurer. Thereafter, the crown prince and his substitute are completely forgotten, and the conflict assumes more beautiful proportions in becoming interiorized, for such a struggle is waged within the breast of Gengis-kan as to make the final victory of vengeance or remorse seem ever more delayed. The civilizing influence of Chinese virtue brings the struggle to an end and the debate ist settled in favour of the vanquished. Throughout the action the characters do not cease intoning a monotonous hymn in praise of China, and Gengis-kan cannot long deny himself this pleasure either.
The Chinese virtue or even China are hardly mentioned, despite the author's obstinacy in believing and in saying that his characters are authentic ; despite also the fact that he knew they were cold imitations and their speeches too long and slow. The play is amusing in its complete lack of realism. This is just what discouraged Voltaire's exotic pretensions. The renewal of the stage setting and the sincere efforts of the actors, especially Mademoiselle Clairon and Le Kain, to create a realistic impressions by dressing in a more exact historical costume, counted as nothing. What Voltaire lines show all to clearly, to a visial exoticsm.
We cannot underestimate the importance of the Orphelin nor the influence which, through it, was exerted by the other 'chinoiseries' of Voltaire's work. The imitations and translations to which this one play gave rise, might demand a study in themselves, so numerous and characteristic were they of the taste of the times.

1972
A. Owen Aldridge : Voltaire constructed his drama to illustrate a contrary principle frequently expressed elsewhere in his works – that the Chinese by dint of their superior culture has assimilated their barbarian conquerors who had in admiration adopted the Chinese customs. He used his Preface, moreover, to vindicate the theatre as a salutary social institution. It had been under attack by puritanical minds for over a century because of its alleged immorality and pernicious effect upon society. Voltaire replied to this charge in his Preface by praising the Chinese, Greeks and Romans for being the only peoples in antiquity to cultivate the drama. He described his Chinese model as 'a new proof that the conquering Tartars did not change the customs of the conquered nation' ; they protected all the arts established in China and adopted all the laws of the country. He exaggerated this theme in the play itself to such a degree that the English critic Arthur Murphy accused him of transforming Genghis Khan without adequate preparation from a crude barbarian to 'le chevalier Genghiskkhan'.

1989
Song Shun-ching : Si dans cette pièce, Voltaire a essayé de donner quelque chose de nouveau au théâtre français, son goût est quand même limité par son classicisme. Ainsi, bien que conscient du fait qu'une pièce en trois actes convient mieux à son sujet. Traumatisé par la multiplication des contrefaçons circulant parmi le publi, Voltaire réclame que la pièce soit publiée sous sa forme originelle. Il en a corrigé certains vers même après la première représentation et il se fâche quand les acteurs changent son texte pendant la représentation. D'ailleurs, il interdit toute publication qui serait une version des comédiens et il n'hésite pas à remanier ses vers en vue de leur publication. Nous savons que la pièce est très loin de la pièce chinoise. Ainsi, Voltaire déplace le cadre temporel de l'action de la période Chinqiu au XIIIe siècle et il change l'identité strictement chinoises des personnages en celle de Tartares qui, s'étant emparés du pouvoir de l'empire chinois, sons pris sous le charme des moeurs de ses habitants. Le motif philosophique derrière la création de la pièce est bien évident, car sans aucun égard au risque d'anachronisme, Voltaire s'est emparé du personnage de Gegnis Khan et l'a situé dans une intrigue qui ne lui était pas appropriée ; par la même occasion, il réorganise l'intrigue à partir de ce personnage historique et écarte de son Orphelin la plupart des éléments de la pièce originale. En effet, plusieurs critiques ont remarqué la quasi-absence de l'Orphelin qui occupe une place-clé dans la pièce original, et malgré la déclaration de Voltaire qui affirme avoir écrit une pièce d'origine, il est évident qu'il a trahi ses sources. Il met le grand conquérant mongol dans une situation historique des plus invraisemblables : le féroce conquérant, amoureux de la Chinoise Idamé, se laisse gagner aux douces moeurs de ses sujet confucéens. Voltaire veut prouver qu'il a foi dans le progrès de la civilisation, puisque même le plus cruel des tartares est vaincu par la loyauté de Zamit et la fidélité conjugale d’Idamé – ceux deux personnages chinois représentent les membres d'une société policée ; en leur accordant le rôle ultime de vainqueurs, Voltaire veut les faire voir en tant que personnages symboliques de la puissance de la civilisation. Il a crée le personnage de Zanti comme porte-parole du confucianisme. Mieux encore, cette pièce lui procure la satisfaction de mettre en scène sa vision de l'histoire chinoise : des conquérants barbares vaincus par la douceur, la force des moeurs chinoises ; nous assistons donc à la suprématie de la philosophie sur la force physique.

1989
Etiemble : Parmi les rares détails authentiques dont Voltaire puisse se prévaloir, il y a bien le nom de son héros. Il est exact qu'en 1175, lorsque mourut Issoughéi, chef d'une horde misérable de Mongols, ce chef de bande laissait plusieurs enfants mineurs dont l'âiné, âgé de treize ans, s'appelait en effet Témoudjin, le futur Gengis Khan. Nous savons aussi qu'en 1194 le jeune Témoudjin, alors marié à Bordou, fille du chef d'une assez grande horde, vint à Pékin pour y secourir la dynastie chinoise des Kin contre certaines tribus des monts Altaï et du lac Baïkal. A cette occation, comblé par les chinois de titres et de gratifications, il a rencontré des Chinois.

1990
Willy Richard Berger : Voltaire hat ein Stück für den rohen Geschmack des Volkes geschrieben und kein Stück für das mit der 'tragédie classique' grossgewordene Theaterpublikum. Selbst wenn man alle Bluttaten hinter die Kulissen verlegt, bleibt die epische Zeiterstreckung der Handlung über zwanzig Jahre hinweg. Voltaire, der in der Vorrede neben anderen Mängeln des Stoffs das Fehlen der Einheit von Zeit und Handlung beklagt, hat von der chinesischen Vorlage nur den ersten Teil benutzt, eine künstlerisch unglückliche Wahl. Sie brachte ihn um die dramatische Spannung, die durch die Aufdeckung der wahren Verwandtschaftsverhältnisse möglich gewesen wäre ; sie brachte ihn um das Beispiel eines heroischen Tugendbeweises, in dessen Glanz der Minister sich am Schluss hätte präsentieren können ; sie brachte ihn schliesslich um jene Szenen voller Rührung und unvermuteter Glückswechsel. Dabei spielen gerade Rührung und Tugendexempel in allen Überlegungen Voltaires eine grosse Rolle. Er erweitert den Stoff durch Hinzufügen einer dramatischen Figur, des Gengis Khan, der bei ihm zum eigentlichen Helden wird. Auch gibt er dem Stück eine Liebeshandlung, ohne die eine frazösische Tragödie des 18. Jahrhunderts undenkbar war. Immer wieder fürchtet er um die nicht genügend theatergerechte Konzeption seines Stücks und immer wieder zeigt er sich besorgt um die gehörige tränenerzwingende Wirkung.
Es lag nicht in der Absicht Voltaires, eine Liebestragödie zu schreiben und genau so wenig, wie die Anhäufung von Greueltaten auf der Bühne. Was dem Stoff, abgesehen von seiner formalen Grobschlächtigkeit, der mangelnden psychologischen Vertiefung und innerlichen Kohärenz, nach Meinung Voltaires vor allem fehlte, war eine ausreichende philosophische Substanz. Das Drama ist durch das Motiv der absoluten Treue zum Kaiserhaus mit der Sphäre höchster Politik verknüpft, die im allgemeinen den Hintergrund der französischen Tragödie abgibt. Das dominierende Motiv, das von Schuld und später Rache, für ein Jahrhundert, das die Rache als des Menschen unwürdig verdammte, das vielmehr die Tugend der Vergebung preist, eigentlich unbrauchbar.
Voltaire hat denn auch, und dies ist die zweite Veränderung, die er mit dem chinesischen Stoff vornimmt, sein Drama aus der beschränkten Sphäre einer blutigen Familienfehde und Privatrache hinausgehoben in die eines völkerpsychologischen Konflikt ; die dramatische Kollision ist bei ihm zu einer philosophischen Konfrontation geworden, die auf der Bühne nichts weniger als eine der grossen Fragen des Jahrhunderts, die Frage nach dem Verhältnis von Zivilisation und ursprünglicher Natur, zur Debatte stellt. Ein philosophisches Tendenzstück also, ein Drama, das im chinesischen Kostüm konfuzianische Ethik propagiert und sie zugleich mit dem Tugendideal der Aufklärung in Einklang zu bringen sucht. Zu diesem Zweck aber war es besser, wenn die Rolle des grausamen Antagonisten nicht einem Chinesen zufiel, sondern einem Angehörigen jener Völker, die vom chinesischen Standpunkt aus Barbaren waren. Da nun das chinesische Stück aus der Zeit der Mongolenherrschaft stammte, lag es nahe, die Zeit der Mongolen-Kriege, die Eroberung Beijings im Jahre 1215, zum historischen Hintergrund zu wählen und Gengis Khan selbst zum Gegenspieler der chinesischen Partei zu machen.
Alles in allem ist aus der Verknüpfung des Waisenmotivs mit einem rührenden Liebeskonflikt und einer kulturphilosophischen Auseinandersetzung ein Stück geworden, bei dem der ursprüngliche dramatische Kern fast völlig verlorengegangen ist. Charakteristisch, dass der Orphelin selbst, der dem Stück den Namen gibt, nicht einmal auftritt.
Am Charakter des Gengis Khan setzte denn auch die Kritik an, die das Stück, trotz 190 Aufführungen und grossem Erfolg herausforderte. Die Kritiker kamen aus dem Lager des neuen Dramas, des ‚drame bourgeois’; sie massen Voltaires Stück an ihren eigenen Idealen und fanden es zu wenig realistisch. So tadelt Friedrich Melchior Freiherr von Grimm in seiner Correspondance littéraire, dass der Moment der Handlung schlecht gewählt sei und beschreibt den Mangel an Bestimmtheit im Charakter von Gengis Khan.
Kein Problem hat Voltaire grösseres Kopfzerbrechen bereitet als die Frage, wie man einen 'realistisch', d.h. im Sinne völkerpsychologischer Idealtypik aufgefassten Gengis Khan auf die Bühne bringen könne, ohne doch darüber auf die Erörterung philosophischer Fragen zu verzichten. Er ist sich der Schwächen seines Stücks bewusst, die Chinesen sind zu wenig chinesisch und die Tataren zu wenig tatarisch.

2003
Voltaire et la Chine [ID D19981].
Aux Délices à Genève Voltaire achève les dernier actes de l'Orphelin 1755. Les événements qui ont en partie assuré le succès de l'Orphelin et ont contribué à en faire une pièce emblématique de l'oeurve voltairienne sont assez connus : visite de Le Kain, acteur du rôle de Gengis-Kan, aux Délices et surprise effrayée de Voltaire, qui lui apprend véritablement à jouer son rôle et en assure ainsi le succès futur ; étonnement des spectateurs et des critiques face à la maîtrise de son rôle par Mlle Clairon, dont la vertu semble plus convaincante que celle de Zamti ; suppression du panier par la même Clairon, d'ailleurs rapidement imitée par sa dauphine, Mlle Hus ; décoration chinoise abondamment décrite par Poinsinet le Jeune ; et finalement perte d’influcence d'une pièce qui signe vraiment le décalage qui s'opère à l'époque de sa création entre Voltaire et le monde chinois. L'Orphelin est sans doute de toutes les tragédies de Voltaire, celle qui a suscité le plus grand nombre de réactions. Dès sa création elle permet à son auteur de faire la point sur quelques principes d'élocution et de diction théâtrales : Le Kain vient aux Délices recevoir les conseil du maître et comprend enfin quelle doit être son interprétation du personnage de Gengis-Kan. Mlle Clairon, qui triomphe dans le rôle d'Idamé, est à l'origine d'un profond changement dans le 'costume' de la pièce, c'est-à-dire dans tous les éléments suceptibles de créer l'illusion théâtrale : elle-même se présente vêtue 'd'une double jupe blanche, d'un corset vert orné de réseaux et de glands d'or, et d'une robe feu et or, doublée de taffetas bleu'. Il n'est enfin jusqu'à la nature de la tragédie qui ne soit interrogée : le dénouement inattendu de la pièce et la composition sont des éléments de débat qui, au milieu du XVIIIe siècle, s'inscrivent de toute évidence dans une réflexion plus globale sur l'art dramatique.
En 1965 la Comédie-Française propose une reprise de l'Orphelin. Cette nouvelle production doit faire face aux assauts conjugués, et répétés, d'une presse incisive, voire agressive. Les critiques adressés à la Comédie-Française portent sur trois points : la reprise de l'Orphelin n'est que le fruit d'une démarche proportuniste sur le plan politique (en 1964 la France avait officiellement reconnu la République Populaire de Chine), elle est en contradiction directe avec ce que nous savons, depuis deux cent ans, du talent dramatique de Voltaire, et enfin les 'chinoiseries' proposées par le couple Vercors-Mercure sont dénuées de sens. Une autre critique concerne les décors et les costumes de Vercors, ainsi la mise en scène de Jean Mercure. C'est le journal Combat qui, dans deux articles dénonce de manière assez virulente l'opportunisme politique de la Comédie : "Tout le monde sait que Voltaire était un homme d'esprit et un mauvais tragédien. Il n'ya plus guère que la Comédie-Française et son mentor, M. Malraux, pour croire le contraire : l'un et l'autre ont pensé que l'Orphelin de la Chine allait révolutionner les moeurs de la Ve République, et nous ouvrir la route vers le 'Mao' tout puissant : c'est une erreur. Pourquoi ennuyer les pauvres croquants que nous sommes ?"
L'ennui est d'ailleurs d'autant plus patente, on lit un peu partout, que chacun sait ce que valent les tragédies de Voltaire. Il est un philosophe important, il est l'apôtre de la tolérance, le défenseur des opprimés, on peut à la rigueur voir en lui un précurseur de l’Histoire telle qu'elle sera définie au xiècle suivant : mais qui songerait à relire ces tragédies fades, dépourvues du moindre intérêt, tout juste bonnes à désespérer les 'croquants' des années soixante ? Le Figaro littéraire écrit : "Vercors enfin a décoré le spectacle et déguisé ses gens avec autant de soin et d'érudition qu'en apportaient les excellents décorateurs des Folies-Bergère au traditionnel 'tableau chinois' sur quoi s'achevait la première partie du spectacle. Dans sa critique d'Edmond Gilles dans L’humanité, il reconnaît que la pièce de Voltaire "retrouve sa place aux Français, l'enthousiasme que déchaînaient ces pièces à la rigueur d'épure chez les sujets du Bien-Aimé". Le dialogue de Voltaire est "émaillé de formules frappantes qui, pour ses contemporains, apparaissaient comme des idées neuves et l'étaient effectivement. Ce qui faisait peut-être oublier le caractère trop abstrait des personnages réduits souvent à des archétypes." La reprise de 1965 de l'Orphelin ne serait qu'une méprise. Vercors, pour avoir trop voulu reproduire une certaine forme de perspective propre à la peinture chinoise du temps des Song, aurait oublié le contexte particulier de la création de la tragédie de Voltaire et, au-delà ce qui fait la nature même de son théâtre. D'une autre côté la reprise, trop proche d'un événement qu'elle était censée accompagner, s'est trouvée comme occultée par l'Histoire.
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9 1756.1 Voltaire. Essai sur l’histoire générale et sur les moeurs et l’esprit des nations, depuis Charlemagne jusqu’à nos jours [ID D19777].
Chapitre 1
De la Chine, de son antiquité, de ses forces, de ses lois.
L'empire de la Chine dès lors était plus vaste que celui de Charlemagne, surtout en y comprenant la Corée et le Tonkin, provinces alors tributaires des chinois. Environ trente degrés en longitude et vingt-quatre en latitude, forment son étendue. Le corps de cet état subsiste avec splendeur depuis plus de quatre mille ans, sans que les lois, les mœurs, le langage, la manière même de s'habiller, aient souffert d'altération sensible.
Son histoire incontestable, et la seule qui soit fondée sur des observations célestes, remonte, par la chronologie la plus sûre, jusqu'à une éclipse, calculée 2155 ans avant notre ère vulgaire, et vérifiée par les mathématiciens missionnaires, qui envoyés dans les derniers siècles chez cette nation inconnue, l'ont admirée et l'ont instruite. Le père Gaubil a examiné une suite de trente-six éclipses de soleil, rapportées dans les livres de Confucius ; et il n'en a trouvé que deux douteuses et deux fausses.
Il est vrai qu'Alexandre avait envoyé de Babylone en Grèce les observations des chaldéens, qui remontaient à 400 années plus haut que les chinois ; et c'est sans contredit le plus beau monument de l'antiquité : mais ces éphémérides de Babylone n'étaient point liées à l'histoire des faits : les chinois au contraire ont joint l'histoire du ciel à celle de la terre, et ont ainsi justifié l'une par l'autre.
Deux cent trente ans au-delà du jour de l'éclipse dont on a parlé, leur chronologie atteint sans interruption et par des témoignages qu'on croit authentiques, jusqu'à l’empereur Hiao, qui travailla lui-même à réformer l'astronomie, et qui, dans un règne d'environ 80 ans, chercha à rendre les hommes éclairés et heureux. Son nom est encore en vénération à la Chine, comme l'est en Europe celui des Titus, des Trajan, et des Antonins. S'il fut pour son temps un mathématicien habile, cela seul montre qu'il était né chez une nation déjà très policée. On ne voit point que les anciens chefs des bourgades germaines ou gauloises aient réformé l’astronomie. Clovis n’avait point d'observatoire.
Avant Hiao, on trouve encore six rois ses prédécesseurs ; mais la durée de leur règne est incertaine. Je crois qu'on ne peut mieux faire dans ce silence de la chronologie, que de recourir à la règle de Newton, qui ayant composé une année commune des années qu'ont régné les rois de différents pays, réduit chaque règne à 22 ans ou environ. Suivant ce calcul, d'autant plus raisonnable qu'il est plus modéré, ces six rois auront régné à peu près 130 ans ; ce qui est bien plus conforme à l'ordre de la nature, que les 240 ans qu'on donne, par exemple, aux sept rois de Rome, et que tant d’autres calculs démentis par l'expérience de tous les temps.
Le premier de ces rois, nommé Fohi, régnait donc vingt-cinq siècles au moins avant l'ère vulgaire, au temps que les babyloniens avaient déjà une suite d’observations astronomiques : et dès lors la Chine obéissait à un souverain. Ses quinze royaumes, réunis sous un seul homme, prouvent que longtemps auparavant cet état était très peuplé, policé, partagé en beaucoup de souverainetés ; car jamais un grand état ne s'est formé que de plusieurs petits ; c'est l'ouvrage de la politique, du courage, et surtout du temps. Il n'y a pas une plus grande preuve d'antiquité.
Un tyran nommé Hoangti ordonna à la vérité qu’on brûlât tous les livres ; mais cet ordre insensé et barbare avertissait de les conserver avec soin, et ils reparurent après lui. Qu'importe après tout que ces livres renferment, ou non, une chronologie toujours sûre ? Je veux que nous ne sachions pas en quel temps précisément vécut Charlemagne : dès qu'il est certain qu'il a fait de vastes conquêtes avec de grandes armées, il est clair qu’il est né chez une nation nombreuse, formée en corps de peuple par une longue suite de siècles. Puis donc que l'empereur Hiao, qui vivait incontestablement environ deux mille quatre cent ans avant notre ère, conquit tout le pays de la Corée, il est indubitable que son peuple était de l'antiquité la plus reculée.
Les hommes ne multiplient pas aussi aisément qu'on le pense. Le tiers des enfants est mort au bout de dix ans. Les calculateurs de la propagation de l'espèce humaine ont remarqué qu'il faut des circonstances favorables pour qu'une nation s'accroisse d'un vingtième au bout de cent années ; et souvent il arrive que la peuplade diminue au lieu d'augmenter. C'est encore une nouvelle preuve de l'antiquité de la Chine. Elle était au temps de Charlemagne, comme longtemps auparavant, plus peuplée encore que vaste. Le dernier dénombrement dont nous avons connaissance, fait seulement dans les quinze provinces qui composent la Chine proprement dite, monte jusqu'à près de soixante millions d'hommes capables d'aller à la guerre ; en ne comptant ni les soldats vétérans, ni les vieillards au-dessus de soixante ans, ni la jeunesse au-dessous de vingt ans, ni les mandarins, ni la multitude des lettrés, ni les bonzes ; encore moins les femmes, qui sont partout en pareil nombre que les hommes, à un quinzième ou seizième près, selon les observations de ceux qui ont calculé avec le plus d'exactitude ce qui concerne le genre humain. À ce compte, il paraît difficile qu'il y ait moins de cent cinquante millions d'habitants à la Chine : notre Europe n'en a pas beaucoup plus de cent millions, à compter vingt millions en France, vingt-deux en Allemagne, quatre dans la Hongrie, dix dans toute l'Italie jusqu'en Dalmatie, huit dans la Grande-Bretagne et dans l'Irlande, huit dans l'Espagne et le Portugal, dix dans la Russie européenne, six dans la Pologne, six dans la Turquie d'Europe, dans la Grèce et les îles, quatre dans la Suède, trois dans la Norvège et le Danemark, trois dans la Hollande et les Pays-Bas.
On ne doit donc pas être surpris, si les villes chinoises sont immenses ; si Pékin, la nouvelle capitale de l'empire, a près de six de nos grandes lieues de circonférence, et renferme environ quatre millions de citoyens : si Nanquin, l'ancienne métropole, en avait autrefois davantage : si une simple bourgade nommée Quientzeng, où l'on fabrique la porcelaine, contient environ un million d'habitants.
Les forces de cet état consistent, selon les relations des hommes les plus intelligents qui aient jamais voyagé, dans une milice d'environ huit cent mille soldats bien entretenus : cinq cent soixante et dix mille chevaux sont nourris ou dans les écuries ou dans les pâturages de l'empereur, pour monter les gens de guerre, pour les voyages de la cour, et pour les courriers publics.
Plusieurs missionnaires, que l'empereur Cang-Hi dans ces derniers temps approcha de sa personne par amour pour les sciences, rapportent qu'ils l'ont suivi dans ces chasses magnifiques vers la grande Tartarie, où cent mille cavaliers et soixante mille hommes de pied marchaient en ordre de bataille : c'est un usage immémorial dans ces climats.
Les villes chinoises n'ont jamais eu d'autres fortifications, que celles que le bon sens a inspiré à toutes les nations, avant l'usage de l'artillerie ; un fossé, un rempart, une forte muraille et des tours : depuis même que les chinois se servent de canons, ils n'ont point suivi le modèle de nos places de guerre : mais au lieu qu'ailleurs on fortifie des places, les chinois ont fortifié leur empire. La grande muraille qui séparait et défendait la Chine des tartares, bâtie cent trente sept ans avant notre ère, subsiste encore dans un contour de cinq cent lieues, s'élève sur des montagnes, descend dans des précipices, ayant presque partout vingt de nos pieds de largeur, sur plus de trente de hauteur.
Monument supérieur aux pyramides d'Égypte par son utilité, comme par son immensité. Ce rempart n'a pu empêcher les tartares de profiter dans la suite des temps des divisions de la Chine, et de la subjuguer ; mais la constitution de l'état n'en a été ni affaiblie ni changée. Le pays des conquérants est devenu une partie de l'état conquis ; et les tartares mantchoux, maîtres aujourd'hui de la Chine, n'ont fait autre chose que se soumettre les armes à la main aux lois du pays dont ils ont envahi le trône.
Le revenu ordinaire de l'empereur se monte, selon les supputations les plus vraisemblables, à deux cent millions d'onces d'argent. Il est à remarquer que l'once d'argent ne vaut pas cent de nos sous valeur intrinsèque, comme le dit l'histoire de la Chine ; car il n'y a point de valeur intrinsèque numéraire ; mais à prendre le marc de notre argent à cinquante de nos livres de compte, cette orme revient à douze cent cinquante millions de notre monnaie en 1740. Je dis, en ce temps ; car cette valeur arbitraire n'a que trop changé parmi nous, et changera peut-être encore ; c'est à quoi ne prennent pas assez garde les écrivains, plus instruits des livres que des affaires, qui évaluent souvent l'argent étranger d'une manière très fautive.
Ils ont eu des monnaies d'or et d'argent frappées avec le coing, longtemps avant que les dariques fussent frappés en Perse. L'empereur Cang-Hi avait rassemblé une suite de trois mille de ces monnaies, parmi lesquelles il y en avait beaucoup des Indes ; autre preuve de l'ancienneté des arts dans l'Asie ; mais depuis longtemps l'or n'est plus une mesure commune à la Chine, il y est marchandise comme en Hollande ; l'argent n'y est plus monnaie : le poids et le titre en font le prix : on n' y frappe plus que du cuivre, qui seul dans ce pays a une valeur arbitraire.
Le gouvernement dans des temps difficiles a payé en papier, comme on a fait depuis dans plus d'un état de l'Europe ; mais jamais la Chine n'a eu l'usage des banques publiques, qui augmentent les richesses d'une nation, en multipliant son crédit.
Ce pays favorisé de la nature possède presque tous les fruits transplantés dans notre Europe, et beaucoup d'autres qui nous manquent. Le bled, le ris, la vigne, les légumes, les arbres de toute espèce y couvrent la terre ; mais les peuples n'ont jamais fait de vin, satisfaits d’une liqueur assez forte qu'ils savent tirer du ris.
L’insecte précieux qui produit la soie, est originaire de la Chine ; c'est de-là qu’il passa en Perse assez tard, avec l'art de faire des étoffes du duvet qui les couvre ; et ces étoffes étaient si rares du temps même de Justinien, que la soie se vendait en Europe au poids de l'or.
Le papier fin, et d'un blanc éclatant, était fabriqué chez les chinois de temps immémorial ; on en faisait avec des filets de bois de bambou bouilli. On ne connaît pas la première époque de la porcelaine et de ce beau vernis qu'on commence à imiter et à égaler en Europe. Ils savent depuis deux mille ans fabriquer le verre, mais moins beau et moins transparent que le notre.
L'imprimerie y fut inventée par eux dans le même temps. On sait que cette imprimerie est une gravure sur des planches de bois, telle que Gutenberg la pratiqua le premier à Mayence au quinzième siècle. L'art de graver les caractères sur le bois est plus perfectionné à la Chine ; notre méthode d'employer les caractères mobiles et de fonte, beaucoup supérieure à la leur, n'a point encore été adoptée par eux, tant ils sont attachés à leurs anciens usages. L'usage des cloches est chez eux de la plus haute antiquité. Ils ont cultivé la chimie ; et sans devenir jamais bons physiciens, ils ont inventé la poudre ; mais ils ne s'en servaient que dans des fêtes, dans l'art des feux d'artifice, où ils ont surpassé les autres nations. Ce furent les portugais qui dans ces derniers siècles leur ont enseigné l'usage de l'artillerie ; et ce sont les jésuites qui leur ont appris à fondre le canon. Si les chinois ne s’appliquèrent pas à inventer ces instruments destructeurs, il ne faut pas en louer leur vertu, puisqu'ils n'en ont pas moins fait la guerre.
Ils ne poussèrent loin l'astronomie qu'en tant qu'elle est la science des yeux et le fruit de la patience. Ils observèrent le ciel assidûment, remarquèrent tous les phénomènes, et les transmirent à la postérité. Ils divisèrent, comme nous, le cours du soleil en trois cent soixante cinq parties et un quart. Ils connurent, mais confusément, la précession des équinoxes et des solstices. Ce qui mérite peut-être le plus d'attention, c'est que de temps immémorial ils partagent le mois en semaines de sept jours. On montre encore les instruments dont se servit un de leurs fameux astronomes mille ans avant notre ère, dans une ville qui n'est que du troisième ordre.
Nanquin, l'ancienne capitale, conserve un globe de bronze, que trois hommes ne peuvent embrasser, porté sur un cube de cuivre qui s'ouvre, et dans lequel on fait entrer un homme pour tourner ce globe, sur lequel sont tracés les méridiens et les parallèles. Pékin a un observatoire, rempli d'astrolabes et de sphères armillaires ; instruments à la vérité inférieurs aux nôtres pour l'exactitude, mais témoignages célèbres de la supériorité des chinois sur les autres peuples d'Asie.
La boussole qu'ils connaissaient, ne servait pas à son véritable usage, de guider la route des vaisseaux. Ils ne naviguaient que près des côtes. Possesseurs d'une terre qui fournit tout, ils n'avaient pas besoin d'aller, comme nous, au bout du monde. La boussole, ainsi que la poudre à tirer, était pour eux une simple curiosité ; et ils n'en étaient pas plus à plaindre.
On est étonné que ce peuple inventeur n'ait jamais percé dans la géométrie au delà des éléments, que dans la musique ils aient ignoré les demi-tons, que leur astronomie et toutes leurs sciences soient en même temps si anciennes et si bornées. Il semble que la nature ait donné à cette espèce d'hommes si différente de la notre, des organes faits pour trouver tout d’un coup tout ce qui leur était nécessaire, et incapables d'aller au-delà. Nous au contraire, nous avons eu des connaissances très tard ; et nous avons tout perfectionné rapidement. Ce qui est moins étonnant, c'est la crédulité avec laquelle ces peuples ont toujours joint leurs erreurs de l'astrologie judiciaire aux vraies connaissances célestes. Cette superstition a été celle de tous les hommes ; et il n'y a pas longtemps que nous en sommes guéris ; tant l'erreur semble faite pour le genre humain.
Si on cherche pourquoi tant d'arts et de sciences, cultivés sans interruption depuis si longtemps à la Chine, ont cependant fait si peu de progrès ; il y en a peut-être deux raisons : l'une est le respect prodigieux que ses peuples ont pour ce qui leur a été transmis par leurs pères, et qui rend parfait à leurs yeux tout ce qui est ancien ; l'autre est la nature de leur langue, premier principe de toutes les connaissances.
L'art de faire connaître ses idées par l'écriture, qui devait n'être qu'une méthode très simple, est chez eux ce qu'ils ont de plus difficile. Chaque mot a des caractères différents : un savant à la Chine est celui qui connaît le plus de ces caractères ; quelques-uns sont arrivés à la vieillesse avant de savoir bien écrire.
Ce qu'ils ont le plus connu, le plus cultivé, le plus perfectionné, c'est la morale et les lois. Le respect des enfants pour les pères est le fondement du gouvernement chinois. L'autorité paternelle n'y est jamais affaiblie. Un fils ne peut plaider contre son père qu'avec le consentement de tous les parents, des amis, et des magistrats. Les mandarins lettrés y sont regardés comme les pères des villes et des provinces, et le roi comme le père de l’empire. Cette idée, enracinée dans les cœurs, forme une famille de cet état immense.
Tous les vices y existent comme ailleurs, mais certainement plus réprimés par le frein des lois, toujours uniformes. Le savant auteur des mémoires de l'amiral Anson témoigne un grand mépris pour la Chine, parce que le petit peuple de Kanton trompa les anglais autant qu'il le put. Mais doit-on juger du gouvernement d'une grande nation par les mœurs de la populace des frontières ? Et qu'auraient dit de nous les chinois, s'ils eussent fait naufrage sur nos côtes maritimes dans le temps où les lois des nations d'Europe confisquaient les effets naufragés, et que la coutume permettait qu'on égorgeât les propriétaires ?
Les cérémonies continuelles qui chez les chinois gênent la société, et dont l'amitié seule se défait dans l'intérieur des maisons, ont établi dans toute la nation une retenue et une honnêteté qui donne à la fois aux mœurs de la gravité et de la douceur. Ces qualités s'étendent jusqu'aux derniers du peuple. Des missionnaires racontent que souvent dans des marchés publics, au milieu de ces embarras et de ces confusions qui excitent dans nos contrées des clameurs si barbares et des emportements si fréquents et si odieux, ils ont vu les paysans se mettre à genoux les uns devant les autres selon la coutume du pays, se demander pardon de l'embarras dont chacun s'accusait, s'aider l'un l'autre, et débarrasser tout avec tranquillité. Dans les autres pays les lois punissent les crimes ; à la Chine elles font plus, elles récompensent la vertu. Le bruit d'une action généreuse et rare se répand-il dans une province, le mandarin est obligé d'en avertir l'empereur, et l'empereur envoie une marque d'onneur à celui qui l'a si bien méritée. Cette morale, cette obéissance aux lois, jointe à l'adoration d'un être suprême, forment la religion de la Chine, celle des empereurs et des lettrés. L'empereur est de temps immémorial le premier pontife : c'est lui qui sacrifie au tien, au souverain du ciel et de la terre. Il doit être le premier philosophe, le premier prédicateur de l'empire ; ses édits sont presque toujours des instructions et des leçons de morale.

Chapitre 2
De la religion de la Chine.
Que le gouvernement n'est point athée ; que le christianisme n'y a point été prêché au septième siècle ; de quelques sectes établies dans le pays.
Congfutsée, que nous appelons Confucius, qui vivait il y a deux mille trois cent ans, un peu avant Pythagore, rétablit cette religion, laquelle consiste à être juste. Il l'enseigna, et la pratiqua dans la grandeur, dans l'abaissement, tantôt premier ministre d'un roi tributaire de l’empereur, tantôt exilé, fugitif et pauvre. Il eut de son vivant cinq mille disciples, et après sa mort ses disciples furent les empereurs, les colao, c'est-à-dire, les mandarins, les lettrés, et tout ce qui n'est pas peuple.
Sa famille subsiste encore : et dans un pays ou il n'y a d'autre noblesse que celle des services actuels, elle est distinguée des autres familles en mémoire de son fondateur : pour lui, il a tous les honneurs, non pas les honneurs divins qu'on ne doit à aucun homme, mais ceux que mérite un homme qui a donné de la divinité les idées les plus saines que puisse former l'esprit humain sans révélation : c'est pourquoi le père Le Comte et d'autres missionnaires ont écrit que les chinois ont connu le vrai dieu, quand les autres peuples étaient idolâtres, et qu'ils lui ont sacrifié dans le plus ancien temple de l'univers. Les reproches d'athéisme, dont on charge si libéralement dans notre occident quiconque ne pense pas comme nous, ont été prodigués aux chinois. Il faut être aussi inconsidérés que nous le sommes dans toutes nos disputes, pour avoir osé traiter d'athée un gouvernement dont presque tous les édits parlent d'un être suprême père des peuples, récompensant, et punissant avec justice, qui a mis entre l'homme et lui une correspondance de prières et de bienfaits, de fautes et de châtiments.
Il est vrai que leur religion n'admet point de peines et de récompenses éternelles ; et c'est ce qui fait voir combien cette religion est ancienne. Moïse lui-même ne parle point de l'autre vie dans ses lois. Les saducéens chez les juifs ne la crurent jamais ; et ce dogme n'a été heureusement constaté dans l'occident que par le maître de la vie et de la mort.
On a crû que les lettrés chinois n'avaient pas une idée distincte d'un dieu immatériel ; mais il est injuste d’inférer de là qu'ils sont athées. Les anciens égyptiens, ces peuples si religieux, n'adoraient pas Isis et Osiris comme de purs esprits. Tous les dieux de l'antiquité étaient adorés sous une forme humaine ; et ce qui montre bien à quel point les hommes sont injustes, c'est qu'on flétrissait du nom d'athées chez les grecs ceux qui n'admettaient pas ces dieux corporels, et qui adoraient dans la divinité une nature inconnue, invisible, inaccessible à nos sens.
Le fameux archevêque Navarette dit que selon tous les interprètes des livres sacrés de la Chine, l'âme est une partie aérée, ignée, qui en se séparant du corps se réunit à la substance du ciel. Ce sentiment se trouve le même que celui des stoïciens. C'est ce que Virgile développe admirablement dans son sixième livre de l'Enéide.
Or certainement ni le manuel d'Épictète, ni l'Enéide ne sont infectés de l'athéisme. Nous avons calomnié les chinois, uniquement parce que leur métaphysique n’est pas la notre. Nous aurions dû admirer en eux deux mérites, qui condamnent à la fois les superstitions des païens, et les mœurs des chrétiens. Jamais la religion des lettrés ne fut déshonorée par des fables, ni souillée par des querelles et des guerres civiles. En imputant l'athéisme au gouvernement de ce vaste empire, nous avons eu la légèreté de lui attribuer l'idolâtrie par une accusation qui se contredit ainsi elle-même. Le grand malentendu sur les rites de la Chine est venu de ce que nous avons jugé de leurs usages par les nôtres : car nous portons au bout du monde nos préjugés et notre esprit contentieux. Une génuflexion, qui n'est chez eux qu’une révérence ordinaire, nous a paru un acte d'adoration ; nous avons pris une table pour un autel. C'est ainsi que nous jugeons de tout. Nous verrons en son temps comment nos divisions et nos disputes ont fait chasser de la Chine nos missionnaires.
Quelque temps avant Confucius, Laokiun avait introduit une secte, qui croit aux esprits malins, aux enchantements, aux prestiges. Une secte semblable à celle d'Épicure fut reçue et combattue à la Chine cinq cent ans avant Jésus-Christ : mais dans le premier siècle de notre ère, ce pays fut inondé de la superstition des bonzes. Ils apportèrent des Indes l'idole de Fo ou de Foé, adorée sous différents noms par les japonais et les tartares, prétendu dieu descendu sur la terre, à qui on rend le culte le plus ridicule, et par conséquent le plus fait pour le vulgaire. Cette religion, née dans les Indes près de mille ans avant Jésus-Christ, a infecté l'Asie orientale ; c'est ce dieu que prêchent les bonzes à la Chine, les talapoins à Siam, les lamas en Tartarie.
C'est en son nom qu’ils promettent une vie éternelle, et que des milliers de bonzes consacrent leurs jours à des exercices de pénitence, qui effrayent la nature. Quelques-uns passent leur vie nus et enchaînés ; d'autres portent un carcan de fer, qui plie leur corps en deux et tient leur front toujours baissé à terre. Leur fanatisme se subdivise à l' infini. Ils passent pour chasser des démons, pour opérer des miracles ; ils vendent au peuple la rémission des péchés. Cette secte séduit quelquefois des mandarins ; et par une fatalité qui montre que la même superstition est de tous les pays, quelques mandarins se sont fait tondre en bonzes par piété.
Ce sont eux qui dans la Tartarie ont à leur tête le Dalaï-lama, idole vivante qu’on adore, et c'est-là peut-être le triomphe de la superstition humaine.
Ce Dalaï-lama, successeur et vicaire du dieu Fo, passe pour immortel. Les prêtres nourrissent toujours un jeune lama, désigné successeur secret du souverain pontife, qui prend sa place dès que celui-ci, qu'on croit immortel, est mort. Les princes tartares ne lui parlent qu’à genoux. Il décide souverainement tous les points de foi sur lesquels les lamas sont divisés. Enfin il s'est depuis quelque temps fait souverain du Tibet à l’occident de la Chine. L’empereur reçoit ses ambassadeurs, et lui en envoie avec des présents considérables.
Ces sectes sont tolérées à la Chine pour l'usage du vulgaire, comme des aliments grossiers faits pour le nourrir ; tandis que les magistrats et les lettrés, séparés en tout du peuple, se nourrissent d’une substance plus pure. Confucius gémissait pourtant de cette foule d'erreurs : il y avait beaucoup d'idolâtres de son temps. La secte de Laokiun avait déjà introduit les superstitions chez le peuple. Pourquoi, dit-il dans un de ses livres, y a-t-il plus de crimes chez la populace ignorante que parmi les lettrés ? C'est que le peuple est gouverné par les bonzes. beaucoup de lettrés sont à la vérité tombés dans le matérialisme, mais leur morale n’en a point été altérée. Ils pensent que la vertu est si nécessaire aux hommes, et si aimable par elle-même, qu'on n'a pas même besoin de la connaissance d'un dieu pour la suivre. D'ailleurs il ne faut pas croire que tous les matérialistes chinois soient athées, puis que nos premiers pères de l'église croyaient dieu et les anges corporels. On prétend que vers le VIIIe siècle, du temps de Charlemagne, la religion chrétienne était connue à la Chine. On assure que nos missionnaires ont trouvé dans la province de Kingtching une inscription en caractères syriaques et chinois. Ce monument, qu'on voit tout au long dans Kircher, atteste qu'un saint homme nommé Olopüen, conduit par des nuées bleues, et observant la règle des vents, vint de Tacin à la Chine l'an 1092 de l'ère des séleucides, qui répond à l'an 636 de Jésus-Christ ; qu'aussitôt qu'il fut arrivé au faubourg de la ville impériale, l'empereur envoya un colao au-devant de lui, et lui fit bâtir une église chrétienne.
Il est évident par l'inscription même, que c'est une de ces fraudes pieuses qu'on s'est toujours trop aisément permises. Le sage Navarette en convient. Ce pays de Tacin, cette ère des séleucides, ce nom d'Olopüen, qui est, dit-on, chinois, et qui ressemble à un nom espagnol, ces nuées bleues qui servent de guides, cette église chrétienne bâtie tout d'un coup à Pékin pour un prêtre de Palestine qui ne pouvait mettre le pied à la Chine sans encourir la peine de mort ; tout cela fait voir le ridicule de la supposition. Ceux qui s'efforcent de la soutenir, ne font pas réflexion que les prêtres dont on trouve les noms dans ce prétendu monument, étaient des nestoriens, et qu'ainsi ils ne combattent que pour des hérétiques.
Il faut mettre cette inscription avec celle de Malabar, où il est dit que saint Thomas arriva dans le pays en qualité de charpentier avec une règle et un pieu, et qu'il porta seul une grosse poutre pour preuve de sa mission. Il y a assez de vérités historiques sans y mêler ces absurdes mensonges.
Il est très vrai qu'au temps de Charlemagne la religion chrétienne (ainsi que les peuples qui la professent) avait toujours été absolument inconnue à la Chine. Il y avait des juifs. Plusieurs familles de cette nation non moins errante que superstitieuse, s'y étaient établies deux siècles avant notre ère vulgaire ; elles y exerçaient le métier de courtier que les juifs ont fait dans presque tout le monde.
Je me réserve à jeter les yeux sur Siam, sur le Japon, et sur tout ce qui est situé vers l'orient et le midi, lorsque je serai parvenu au temps où l’industrie des européens s'est ouvert un chemin facile à ces extrémités de notre hémisphère.

Chapitre 126
État de l'Asie au temps des découvertes des portugais : De la Chine.
Tandis que l'Espagne jouissait de la conquête de l'Amérique, que le Portugal dominait sur les côtes de l'Afrique et de l'Asie, que le commerce de l'Europe prenait une face si nouvelle, et que le grand changement dans la religion chrétienne changeait les intérêts de tant de rois, il faut vous représenter dans quel état était le reste de nôtre ancien univers. Nous avons laissé, vers la fin du treizième siècle, la race de Gengis Khân souveraine dans la Chine, dans l’Inde, dans la Perse, et les tartares portant la destruction jusqu'en Pologne et en Hongrie. La branche de cette famille victorieuse qui régna dans la Chine, s'appelle Yven. On ne reconnaît point dans ce nom celui d'Octaï-Kan, ni celui de Coblaï son frère, dont la race régna un siècle entier. Ces vainqueurs prirent avec un nom chinois les mœurs chinoises. Tous les usurpateurs veulent conserver par les lois ce qu'ils ont envahi par les armes. Sans cet intérêt si naturel de jouir paisiblement de ce qu'on a volé, il n'y aurait pas de société sur la terre. Les tartares trouvèrent les lois des vaincus si belles, qu'ils s'y soumirent pour mieux s'affermir. Ils conservèrent surtout avec soin celle qui ordonne que personne ne soit ni gouverneur ni juge dans la province où il est né ; loi admirable, et qui d'ailleurs convenait à des vainqueurs. Cet ancien principe de morale et de politique, qui rend les pères si respectables aux enfants, et qui fait regarder l'empereur comme le père commun, accoutuma bientôt les chinois à l'obéissance volontaire. La seconde génération oublia le sang que la première avait perdu. Il y eut neuf empereurs consécutifs de la même race tartare, sans que les annales chinoises fassent mention de la moindre tentative de chasser ces étrangers. Un des arrière-petits-fils de Gengis Khân fut assassiné dans son palais ; mais il le fut par un tartare, et son héritier naturel lui succéda sans aucun trouble. Enfin ce qui avait perdu les califes, ce qui avait autrefois détrôné les rois de Perse et ceux d'Assyrie, renversa ces conquérants ; ils s'abandonnèrent à la mollesse. Le neuvième empereur du sang de Gengis Khân, entouré de femmes et de prêtres lamas qui le gouvernaient tour à tour, excita le mépris, et réveilla le courage des peuples. Les bonzes ennemis des lamas furent les premiers auteurs de la révolution. Un aventurier qui avait été valet dans un couvent de bonzes, s'étant mis à la tête de quelques brigands, se fit déclarer chef de ceux que la cour appelait les révoltés. On voit vingt exemples pareils dans l'empire romain, et surtout dans celui des grecs. La terre est un vaste théâtre, où la même tragédie se joue sous des noms différents. Cet aventurier chassa la race des tartares en 1357 et commença la vingt et unième famille, ou dynastie, nommée ming, des empereurs chinois. Elle a régné deux cent soixante et seize ans ; mais enfin elle a succombé sous les descendants de ces mêmes tartares qu'elle avait chassés. Il a toujours fallu qu'à la longue le peuple le plus instruit, le plus riche, le plus policé, ait cédé partout au peuple sauvage, pauvre et robuste. Il n'y a eu que l'artillerie perfectionnée qui ait pu enfin égaler les faibles aux forts, et contenir les barbares. Nous avons observé (au second chapitre) que les chinois ne faisaient point encore usage du canon, quoiqu’ils connussent la poudre depuis si longtemps. Le restaurateur de l'empire chinois prit le nom de Taitsoug, et rendit ce nom célèbre par les armes et par les lois. Une de ses premières attentions fut de réprimer les bonzes, qu'il connaissait d'autant mieux qu'il les avait servis. Il défendit qu'aucun chinois n'embrassât la profession de bonze avant quarante ans, et porta la même loi pour les bonzesses. C'est ce que le tzar Pierre le Grand a fait de nos jours en Russie. Mais cet amour invincible de sa profession, et cet esprit qui anime tous les grands corps, a fait triompher bientôt les bonzes chinois, et les moines russes, d'une loi sage ; il a toujours été plus aisé dans tous les pays d’abolir des coutumes invétérées que de les restreindre. Il paraît que Taitsou, ce second fondateur de la Chine, regardait la propagation comme le premier des devoirs ; car en diminuant le nombre des bonzes, dont la plupart n'étaient pas mariés, il eut soin d’exclure de tous les emplois les eunuques, qui auparavant gouvernaient le palais, et amollissaient la nation. Quoique la race de Gengis eût été chassée de la Chine, ces anciens vainqueurs étaient toujours très redoutables. Un empereur chinois nommé Yngtsong fut fait prisonnier par eux, et amené captif dans le fond de la Tartarie en 1444. L'empire chinois paya pour lui une rançon immense. Ce prince reprit sa liberté, mais non pas sa couronne, et il attendit paisiblement pour remonter sur le trône la mort de son frère qui régnait pendant sa captivité. L’intérieur de l'empire fut tranquille. L'histoire rapporte qu'il ne fut troublé que par un bonze, qui voulut faire soulever les peuples, et qui eut la tête tranchée. La religion de l'empereur et des lettrés ne changea point. On défendit seulement de rendre à Confutzée les mêmes honneurs qu'on rendait à la mémoire des rois ; défense honteuse, puisque nul roi n'avait rendu tant de services à la patrie que Confutzée ; mais défense qui prouve que Confutzée ne fut jamais adoré, et qu'il n’entre point d'idolâtrie dans les cérémonies dont les chinois honorent leurs aïeux et les mânes des grands hommes. Une étrange opinion régnait alors à la Chine. On était persuadé qu'il y avait un secret pour rendre les hommes immortels. Des charlatans qui ressemblaient à nos alchimistes, se vantaient de pouvoir composer une liqueur qu'ils appelaient le breuvage de l'immortalité. Ce fut le sujet de mille fables dont l'Asie fut inondée, et qu'on a prises pour de l'histoire. On prétend que plus d'un empereur chinois dépensa des sommes immenses pour cette recette ; c'est comme si les asiatiques croyaient que nos rois de l'Europe ont recherché sérieusement la fontaine de Jouvence, aussi connue dans nos anciens romans gaulois que la coupe d'immortalité dans les romans asiatiques. Sous la dynastie Yven, c'est-à-dire sous la postérité de Gengis Khân, et sous celle des restaurateurs nommée Ming, les arts qui appartiennent à l'esprit et à l'imagination furent plus cultivés que jamais ; ce n'était ni nôtre sorte d'esprit, ni nôtre sorte d'imagination ; cependant on retrouve dans leurs petits romans le même fonds qui plaît à toutes les nations. Ce sont des malheurs imprévus, des avantages inespérés, des reconnaissances : on y trouve peu de ce fabuleux incroyable, telles que les métamorphoses inventées par les grecs et embellies par Ovide, telles que les contes arabes, et les fables du Boyardo et de l'Arioste. L'invention dans les fables chinoises s'éloigne rarement de la vraisemblance, et tend toujours à la morale. La passion du théâtre devint universelle à la Chine depuis le quatorzième siècle jusqu'à nos jours. Ils ne pouvaient avoir reçu cet art d'aucun peuple. Ils ignoraient que la Grèce eût existé ; et ni les mahométans, ni les tartares n'avaient pu leur communiquer les ouvrages grecs. Ils inventèrent l'art, mais par la tragédie chinoise qu'on a traduite, on voit qu'ils ne l'ont pas perfectionné. Cette tragédie intitulée l’orphelin de Tchao est du quatorzième siècle ; on nous la donne comme la meilleure qu'ils aient eu encore. Il est vrai qu'alors les ouvrages dramatiques étaient plus grossiers en Europe : à peine même cet art nous était-il connu. Nôtre caractère est de nous perfectionner, et celui des chinois est jusqu'à présent de rester où ils sont parvenus. Peut-être cette tragédie est-elle dans le goût des premiers essais d’Eschyle. Les chinois toujours supérieurs dans la morale ont fait peu de progrès dans toutes les autres sciences. C’est sans doute que la nature, qui leur a donné un esprit droit et sage, leur a refusé la force de l’esprit. Ils écrivent en général comme ils peignent, sans connaître les secrets de l'art. Leurs tableaux jusqu'à présent sont destitués d'ordonnance, de perspective, de clair-obscur ; leurs écrits se ressentent de la même faiblesse. Mais il paraît qu'il règne dans leurs productions une médiocrité sage, une vérité simple, qui ne tient rien du style ampoulé des autres orientaux. Vous ne voyez dans ce que vous avez lu de leurs traités de morale aucune de ces paraboles étrangères, de ces comparaisons gigantesques et forcées. Ils ne parlent point en énigmes : c'est encore ce qui en fait dans l'Asie un peuple à part. Vous lisiez il n'y a pas longtemps des réflexions d'un sage chinois sur la manière dont on peut se procurer la petite portion de bonheur dont la nature de l'homme est susceptible : ces réflexions sont précisément les mêmes que nous retrouvons dans la plupart de nos livres. La théorie de la médecine n'est encore chez eux qu'ignorance et erreur. Cependant les médecins chinois ont une pratique assez heureuse. La nature n'a pas permis que la vie des hommes dépendit de la perfection de la physique. Les grecs savaient saigner à propos, sans savoir que le sang circulât. L'expérience des remèdes et le bon sens ont établi la médecine pratique dans toute la terre : elle est partout un art conjectural, qui aide quelquefois la nature, et quelquefois la détruit. En général l'esprit d’ordre, de modération, le goût des sciences, la culture de tous les arts utiles à la vie, un nombre prodigieux d'inventions qui rendaient ces arts plus faciles, composaient la sagesse chinoise. Cette sagesse avait poli les conquérants tartares, et les avait incorporés à la nation. C'est un avantage que les grecs n'ont pu avoir sur les turcs. Enfin les chinois avaient chassé leurs maîtres, et les grecs n'ont pas même imaginé de secouer le joug de leurs vainqueurs. Quand nous parlons de la sagesse qui a présidé quatre mille ans à la constitution de la Chine, nous ne prétendons pas parler de la populace ; elle doit être en tout pays uniquement occupée du travail des mains. L'esprit d'une nation réside toujours dans le petit nombre qui fait travailler le grand, qui le nourrit et le gouverne. Certainement cet esprit de la nation chinoise est le plus ancien monument de raison qui soit sur la terre. Ce gouvernement, quelque beau qu'il fût, était nécessairement infecté de grands abus attachés à la condition humaine, et surtout à un vaste empire. Le plus grand de ces abus, qui n'a été corrigé que dans ces derniers temps, était la coutume des pauvres d'exposer leurs enfants, dans l'espérance qu'ils seraient recueillis par les riches. Il périssait ainsi beaucoup de sujets. L'extrême population empêchait le gouvernement de prévenir ces pertes. On regardait les hommes comme les fruits des arbres, dont on laisse périr sans regret une grande partie, quand il en reste suffisamment pour la nourriture. Les conquérants tartares auraient pu fournir la subsistance à ces enfants abandonnés, et en faire des colonies qui auraient peuplé les déserts de la Tartarie. Ils n'y songèrent pas ; et dans nôtre occident, où nous avions un besoin plus pressant de réparer l'espèce humaine, nous n'avions pas encore remédié au même mal, quoiqu'il nous fût plus préjudiciable. Londres n'a d'hôpitaux pour les enfants trouvés que depuis quelques années. Il faut bien des siècles pour que la société humaine se perfectionne.

Chapitre 163
De la Chine au dix-septième siècle et au commencement du dix-huitième.
Il vous est fort inutile sans doute de savoir que dans la dynastie chinoise qui régnait après la dynastie des tartares de Gengis Khân, l'empereur Quancum succéda à Kinkum, et Kicum à Quancum. Il est bon que ces noms se trouvent dans les tables chronologiques ; mais vous attachant toujours aux événements et aux mœurs, vous franchissez tous ces espaces vides, pour venir aux temps marqués par de grandes choses. Cette même mollesse qui a perdu la Perse et l'Inde, fit à la Chine dans le siècle passé une révolution plus complète que celle de Gengis Khân, et de ses petits-fils. L'empire chinois était au commencement du dix-septième siècle bien plus heureux que l'Inde, la Perse, et la Turquie. L'esprit humain ne peut certainement imaginer un gouvernement meilleur que celui où tout se décide par de grands tribunaux, subordonnés les uns aux autres, dont les membres ne sont reçus qu’après plusieurs examens sévères. Tout se règle à la Chine par ces tribunaux. Six cours souveraines sont à la tête de toutes les cours de l'empire. La première veille sur tous les mandarins des provinces ; la seconde dirige les finances ; la troisième a l'intendance des rites, des sciences et des arts ; la quatrième a l'intendance de la guerre ; la cinquième préside aux juridictions chargées des affaires criminelles ; la sixième a soin des ouvrages publics. Le résultat de toutes les affaires décidées à ces tribunaux est porté à un tribunal suprême. Sous ces tribunaux il y en a quarante-quatre subalternes, qui résident à Pékin. Chaque mandarin dans sa province, dans sa ville, est assisté d'un tribunal. Il est impossible que dans une telle administration l'empereur exerce un pouvoir arbitraire. Les lois générales émanent de lui : mais par la constitution du gouvernement il ne peut rien faire sans avoir consulté des hommes élevés dans les lois, et élus par les suffrages. Que l’on se prosterne devant l'empereur comme devant un dieu, que le moindre manque de respect à sa personne soit puni selon la loi comme un sacrilège, cela ne prouve certainement pas un gouvernement despotique et arbitraire. Le gouvernement despotique serait celui où le prince pourrait, sans contrevenir à la loi, ôter à un citoyen les biens, ou la vie, sans forme, et sans autre raison que sa volonté. Or s'il y eut jamais un état dans lequel la vie, l'honneur, et les biens des hommes aient été protégés par les lois, c'est l'empire de la Chine. Plus il y a de grands corps dépositaires de ces lois, moins l'administration est arbitraire ; et si quelquefois le souverain abuse de son pouvoir contre le petit nombre d'hommes qui s'expose à être connu de lui, il ne peut en abuser contre la multitude qui lui est inconnue et qui vit sous la protection des lois. La culture des terres poussée à un point de perfection dont on n'a pas encore approché en Europe, fait assez voir que le peuple n'était pas accablé de ces impôts qui gênent le cultivateur : le grand nombre d’hommes occupés de donner des plaisirs aux autres montre que les villes étaient florissantes autant que les campagnes étaient fertiles. Il n'y avait point de cité dans l'empire où les festins ne fussent accompagnés de spectacles. On n'allait point au théâtre, on faisait venir les théâtres dans sa maison ; l'art de la tragédie, de la comédie était commun sans être perfectionné ; car les chinois n'ont perfectionné aucun des arts de l'esprit, excepté la morale ; mais ils jouissaient avec profusion de ce qu'ils connaissaient : et enfin ils étaient heureux autant que la nature humaine le comporte. Ce bonheur fut suivi vers l'an 1630 de la plus terrible catastrophe, et de la désolation la plus générale. La famille des conquérants tartares descendants de Gengis Khân avait fait ce que tous les conquérants ont tâché de faire ; elle avait affaibli la nation des vainqueurs, afin de ne pas craindre sur le trône des vaincus la même révolution qu'elle y avait faite. Cette dynastie des Ivan ayant été enfin dépossédée par la dynastie Ming, les tartares qui habitèrent au nord de la grande muraille ne furent plus regardés que comme des espèces de sauvages, dont il n'y avait rien ni à espérer ni à craindre. Au-delà de la grande muraille est le royaume de Leao-Tong, incorporé par la famille de Gengis Khân à l'empire de la Chine, et devenu entièrement chinois. Au nord-est de Leao-Tong, étaient quelques hordes de tartares mantchoux, que le vice-roi de Leao-Tong traita durement. Ils firent des représentations hardies, telles qu'on nous dit que les scythes en firent de tout temps depuis l'invasion de Cyrus ; car le génie des peuples est toujours le même, jusqu'à ce qu’une longue oppression les fasse dégénérer. Le gouverneur pour toute réponse fit brûler leurs cabanes, enleva leurs troupeaux, et voulut transplanter les habitants. Alors ces tartares qui étaient libres se choisirent un chef pour faire la guerre. Ce chef nommé Taitsou se fit bientôt roi ; il battit les chinois, entra victorieux dans le Leao-Tong, et prit d'assaut la capitale. Cette guerre se fit comme toutes celles des temps les plus reculés. Les armes à feu étaient inconnues dans cette partie du monde. Les anciennes armes, comme la flèche, la lance, la massue, le cimeterre, étaient en usage : on se servait peu de boucliers et de casques, encore moins de brassards et de bottines de métal. Les fortifications consistaient dans un fossé, un mur, des tours ; on sapait le mur, ou on montait à l'escalade. La seule force du corps devait donner la victoire ; et les tartares accoutumés à dormir en plein champ, devaient avoir l'avantage sur un peuple élevé dans une vie moins dure. Taitsou ce premier chef des hordes tartares étant mort en 1626 dans le commencement de ces conquêtes, son fils Taitsong prit tout d'un coup le titre d’empereur des tartares, et s'égala à l'empereur de la Chine. On dit qu'il savait lire et écrire, et il paraît qu'il reconnaissait un seul dieu, comme les lettrés chinois ; il l'appelait Tien comme eux. Il s'exprime ainsi dans une de ses lettres circulaires aux magistrats des provinces chinoises. Le Tien élève qui lui plait ; il m'a peut-être choisi pour devenir vôtre maître. En effet depuis l’année 1628 le Tien lui fit remporter victoire sur victoire. C'était un homme très habile ; il poliçait son peuple féroce pour le rendre obéissant, et établissait des lois au milieu de la guerre. Il était toujours à la tête de ses troupes ; et l'empereur de la Chine dont le nom est devenu obscur, et qui s'appelait Hoaitsang, restait dans son palais avec ses femmes et ses eunuques : aussi fut-il le dernier empereur du sang chinois ; il n'avait pas su empêcher que Taitsong et ses tartares lui prissent ses provinces du nord ; il n'empêcha pas davantage qu’un mandarin rebelle nommé Listching lui prit celles du midi. Tandis que les tartares ravageaient l’orient et le septentrion de la Chine, ce Listching s'emparait de presque tout le reste. On prétend qu'il avait six cent mille hommes de cavalerie, et quatre cent mille d'infanterie. Il vint avec l'élite de ses troupes aux portes de Pékin, et l'empereur ne sortit jamais de son palais ; il ignorait une partie de ce qui se passait. Listching le rebelle (on l’appelle ainsi parce qu'il ne réussit pas) renvoya à l'empereur deux de ses principaux eunuques faits prisonniers, avec une lettre fort courte par laquelle il l'exhortait à abdiquer l'empire. C'est ici qu'on voit bien ce que c'est que l'orgueil asiatique, et combien il s'accorde avec la mollesse. L'empereur ordonna qu'on coupât la tête aux deux eunuques, pour lui avoir apporté une lettre dans laquelle on lui manquait de respect. On eut beaucoup de peine à lui faire entendre que les têtes des princes du sang et d’une foule de mandarins que Listching avait entre ses mains répondraient de celles de ses deux eunuques. Pendant que l'empereur délibérait sur la réponse, Listching était déjà entré dans Pékin. L'impératrice eut le temps de faire sauver quelques-uns de ses enfants mâles ; après quoi elle s'enferma dans sa chambre, et se pendit. L'empereur y accourut, et ayant fort approuvé cet exemple de fidélité, il exhorta quarante autres femmes qu'il avait à l'imiter. Le père de Mailla jésuite, qui a écrit cette histoire dans Pékin même au siècle passé, prétend que toutes ces femmes obéirent sans réplique ; mais il se peut qu'il y en eût quelques-unes qu'il fallut aider. L'empereur qu'il nous dépeint comme un très bon prince, aperçut après cette exécution sa fille unique âgée de quinze ans, que l'impératrice n’avait pas jugé à propos d'exposer à sortir du palais ; il l'exhorta à se pendre comme sa mère, et ses belles-mères ; mais la princesse n'en voulant rien faire, ce bon prince, ainsi que le dit Mailla, lui donna un grand coup de sabre, et la laissa pour morte. On s'attend qu’un tel père et un tel époux se tuera sur le corps de ses femmes et de sa fille ; mais il alla dans un pavillon hors de la ville pour attendre des nouvelles ; et enfin ayant appris que tout était désespéré, et que Listching était dans son palais, il s'étrangla, et mit fin à un empire et à une vie qu'il n'avait pas osé défendre. Cet étrange événement arriva l’année 1641. C'est sous ce dernier empereur de la race chinoise que les jésuites avaient enfin pénétré dans la cour de Pékin. Le père Adam Schall, natif de Cologne, avait tellement réussit auprès de cet empereur par ses connaissances en physique et en mathématique, qu'il était devenu mandarin. C'était lui qui le premier avait fondu du canon de bronze à la Chine : mais le peu qu'il y en avait à Pékin, et qu'on ne savait pas employer, ne sauva pas l'empire. Le mandarin Schall quitta Pékin avant la révolution. Après la mort de l'empereur, les tartares et les rebelles se disputèrent la Chine. Les tartares étaient unis et aguerris ; les chinois étaient divisés et indisciplinés. Il fallut petit à petit céder tout aux tartares. Leur nation avait pris un caractère de supériorité qui ne dépendait pas de la conduite de leur chef. Il en était comme des arabes de Mahomet, qui furent pendant plus de trois cent ans si redoutables par eux-mêmes. La mort de l'empereur Taitsong, que les tartares perdirent en ce temps-là, ne les empêcha pas de poursuivre leurs conquêtes. Ils élurent un de ses neveux encore enfant : c'est Changti père du célèbre Camg-Hi, sous lequel la religion chrétienne a fait des progrès à la Chine. Ces peuples qui avaient d'abord pris les armes pour défendre leur liberté, ne connaissaient pas le droit héréditaire. Nous voyons que tous les peuples commencent par élire des chefs pour la guerre ; ensuite ces chefs deviennent absolus, excepté chez quelques nations d'Europe. Le droit héréditaire s'établit et devient sacré avec le temps. Une minorité ruine presque toujours des conquérants, et ce fut pendant cette minorité de Changti que les tartares achevèrent de subjuguer la Chine. L’usurpateur Listching fut tué par un autre usurpateur chinois, qui prétendait venger le dernier empereur. On reconnut dans plusieurs provinces des enfants vrais ou faux du dernier prince détrôné et étranglé, comme on avait produit des Demetri en Russie. Des mandarins chinois tâchèrent d'usurper des provinces, et les grands usurpateurs tartares vinrent enfin à bout de tous les petits. Il y eut un général chinois qui arrêta quelque temps leurs progrès, parce qu'il avait quelques canons, soit qu'il les eût des portugais de Macao, soit que le jésuite Schall les eût fait fondre. Il est très remarquable que les tartares dépourvus d'artillerie l'emportèrent à la fin sur ceux qui en avaient : c'était le contraire de ce qui était arrivé dans le nouveau monde, et une preuve de la supériorité des peuples du nord sur ceux du midi. Ce qu'il y a de plus surprenant, c'est que les tartares conquirent pied à pied tout ce vaste empire de la Chine sous deux minorités ; car leur jeune empereur Changti étant mort en 1661 à l'âge de vingt-quatre ans, avant que leur domination fût entièrement affermie, ils élurent son fils Camg-Hi au même âge de huit ans auquel ils avaient élu son père, et ce Camg-Hi a rétabli l'empire de la Chine, ayant été assez sage et assez heureux pour se faire également obéir des chinois et des tartares. Les missionnaires qu'il fit mandarins l'ont loué comme un prince parfait. Quelques voyageurs, et surtout le Gentil, qui n'ont point été mandarins, disent qu'il était d'une avarice sordide et plein de caprices : mais ces détails personnels n'entrent point dans cette peinture générale du monde ; il suffit que l'empire ait été heureux sous ce prince ; c'est par-là qu'il faut regarder et juger les rois. Pendant le cours de cette révolution qui dura plus de trente ans, une des plus grandes mortifications que les chinois éprouvèrent, fut que leurs vainqueurs les obligeaient à se couper les cheveux à la manière tartare. Il y en eut qui aimèrent mieux mourir que de renoncer à leur chevelure. Nous avons vu les moscovites exciter quelques séditions, quand le tzar Pierre Ier les a obligés à se couper leurs barbes, tant la coutume a de force sur le vulgaire. Le temps n'a pas encore confondu la nation conquérante avec le peuple vaincu, comme il est arrivé dans nos Gaules, dans l'Angleterre, et ailleurs. Mais les tartares ayant adopté les lois, les usages et la religion des chinois, les deux nations n'en composeront bientôt qu'une seule. Sous le règne de ce Camg-Hi les missionnaires d'Europe jouirent d'une grande considération ; plusieurs furent logés dans le palais impérial : ils bâtirent des églises ; ils eurent des maisons opulentes. Ils avaient réussi en Amérique, en enseignant à des sauvages les arts nécessaires : ils réussirent à la Chine, en enseignant les arts les plus relevés à une nation spirituelle. Mais bientôt la jalousie corrompit les fruits de leur sagesse, et cet esprit d’inquiétude et de contention, attaché en Europe aux connaissances et aux talents, renversa les plus grands desseins. On fut étonné à la Chine de voir des sages qui n'étaient pas d'accord sur ce qu'ils venaient enseigner, qui se persécutaient et s'anathématisaient réciproquement, qui s'intentaient des procès criminels à Rome, et qui faisaient décider dans des congrégations de cardinaux, si l'empereur de la Chine entendait aussi bien sa langue que des missionnaires venus d'Italie et de France. Ces querelles allèrent si loin, que l'on craignit dans la Chine, ou qu'on feignit de craindre les mêmes troubles qu'on avait essuyés au Japon. Le successeur de Camg-Hi défendit l'exercice de la religion chrétienne, tandis qu'on permettait la musulmane et les différentes sortes de bonzes. Mais cette même cour, sentant le besoin des mathématiques autant que le prétendu danger d'une religion nouvelle, conserva les mathématiciens en imposant silence aux missionnaires. Ce qui mérite bien nôtre attention, c'est le tremblement de terre que la Chine essuya en 1699 sous l'empereur Camg-Hi. Ce phénomène fut plus funeste que celui qui de nos jours a détruit Lima et Lisbonne ; il fit périr, dit-on, environ quatre cent mille hommes. Ces secousses ont dû être fréquentes dans notre globe : la quantité de volcans qui vomissent la fumée et la flamme, font penser que la première écorce de la terre porte sur des gouffres, et qu’elle est remplie de matière inflammable. Il est vraisemblable que nôtre habitation a éprouvé autant de révolutions en physique que la rapacité et l'ambition en a causé parmi les peuples.
10 1756.2 Voltaire. Essai sur l’histoire générale et sur les moeurs et l’esprit des nations, depuis Charlemagne jusqu’à nos jours [ID D19777].
Sekundärliteratur.
1932
Walter Engemann : Die Veranlassung zur Niederschrift von Voltaires Essai ist von Emilie du Châtelet ausgegangen und wurde 1734-1749 während seines Aufenthaltes im Schloss Cirey-sur-Blaise niedergeschrieben.
Voltaires Urteile über die chinesische Kultur widersprechen sich teilweise. Einerseits lobt er die Chinesen wegen der Beständigkeit in ihren Sitten und Gebräuchen, andererseits sieht er es als einen Mangel an, dass die chinesische Kultur keinen Fortschritt kennt, weil sie in der langen Zeit der Existenz ihres Reiches auf dem gleichen Stadium stehen geblieben ist. Die Stagnation und die damit verbundene Mittelmässigkeit der chinesischen Kultur erklärt er aus der grossen Ehrfurcht vor alten Lehren und Einrichtungen, die der Chinese für vollkommen hält, und aus der Natur ihrer Sprache, die schwer und unbequem ist. Das gleiche gilt erst recht für die Schrift. Hierzu tritt die zweimalige Fremdherrschaft, die auf die Fortentwicklung der chinesischen Kultur hemmend gewirkt hat, denn aller Krieg, Umsturz und Bedrückung machen einen Aufstieg unmöglich. Das sind für Voltaire die entscheidenden Gründe, die dazu geführt haben, dass Kunst und Wissenschaft in China sich nicht weiterentwickelt haben.
Der Zusammenbruch der christlichen Mission in China beschäftigte damals das gesamte geistige Europa. Für Voltaire ist er ein Beweis dafür, dass die christliche Kirche untauglich ist, Mittlerin zwischen den Kulturen der Völker zu sein. Versuchten dennoch einzelne, wie die Jesuiten, diese Rolle zu spielen, so würden die Bestrebungen aus dogmatischer Engherzigkeit bald unterbunden. Voltaire gesteht allen Völkern, die eine ältere Kultur und einen alten toleranten Glauben haben, das Recht zu, sich vor fremden Eindringlingen zu schützen. So hält er es für richtig, die Chinesen trotz dem Kampf gegen das Christentum und seine Missionare, aufrichtig zu bewundern.
Die Kenntnisse Voltaires über die materielle Kultur der Chinesen sind auf Einzelheiten beschränkt. Was er darüber weiss, ist unvollkommen, teilweise sogar falsch. Seinem Sinn für Geldgeschäfte entspricht sein Interesse für die Geldverhältnisse Chinas. Auch die Mitteilungen Voltaires über die wirtschaftlichen Verhältnisse Chinas beschränken sich auf Einzelheiten, weil ihm die Quellen darüber nur wenig Auskunft geben. Da er grosses Interesse an der Landwirtschaft hat, beschäftigt er sich eingehend mit dem chinesischen Ackerbau. In einem Brief von Jean-Denis Attiret wird in glänzenden Farben der kaiserliche Palast mit seinen Anlagen beschrieben. Voltaire benutzt diese Schilderung, um sich gegen die Geschmacklosigkeit des europäischen Prunkes zu wenden. Die Staatsauffassung Voltaires entspringt dem Ehrgeiz, als Bürger die gleiche Stellung wie der Adel einzunehmen. Er ist der Typus des 'bourgeois', der über das eigene Milieu hinausstrebt. Er huldigt dem bürgerlichen Staatsideal des aufgeklärten Absolutismus, wenn er auch seine eigenen Gedanken über das Wesen und die Gestalt eines Idealstaates besitzt. Er sieht sein Staatsideal im chinesischen Staat verwirklicht. Deshalb kann er auch kein objektives Bild des chinesischen Staatswesens geben, weil er es nur vom Standpunkt seiner subjektiven Staatsauffassung aus betrachtet. Den grossen Vorzug des chinesischen Staates sieht er darin, dass es in China keinen Gegensatz zwischen dem Kaiser, der Regierung und den bevorzugten Schichten der Bevölkerung und der grossen Masse gibt, da zwischen ihnen ein patriarchalisches Verhältnis besteht. Darin wurzelt nach Voltaire die Beständigkeit der chinesischen Kultur. Das patriarchalische Verhältnis ist für ihn auch eine der Ursachen dafür, dass der chinesische Staat nicht nur einer der ältesten, sondern auch der erfolgreichsten und blühendsten der Welt ist, ebenso wie der natürliche Reichtum des Landes, der Fleiss seiner Bewohner, die weise Gesetzgebung und der Schutz des Eigentums die Gründe für die allgemeine Wohlhabenheit des Volkes, die grosse Bevölkerungsdichte des Reiches und das hohe Alter der chinesischen Kultur sind. Voltaire begründet den idealen Zustand des Staates damit, dass die Staatsauffassung der Chinesen auf der Sittenlehre und der Achtung vor den Gesetzen beruhe ; denn die Chinesen ehren die Gesetze und das Alter wie die Kinder die Eltern. So erscheint ihm das ganze Kaiserreich wie eine grosse Familie, in welcher der Kaiser für das Wohl des Volkes wie ein Vater zu sorgen hat. Im chinesischen Kaiser sieht er nicht nur den Herrscher, sondern auch den höchsten Priester und Philosophen, der allein dem 'tian', dem Herrscher über Himmel und Erde, opfert.
Voltaire nimmt Stellung gegen die Berichte der Reisenden und gegen Montesquieu, welche die Ansicht vertreten, dass das chinesische Kaisertum despotisch sei. Man ist nach seiner Meinung durch die Form des Hofzeremoniells getäuscht worden. Doch China sei überhaupt das Land der Zeremonien und Höflichkeiten. Als Beweis für das Gegenteil einer absolutistischen Regierungsweise dient der Hinweis darauf, dass seit den ältesten Zeiten am kaiserlichen Palast eine Tafel angebracht ist, auf der jeder Bürger seine Beschwerden über die Regierung aufschreiben darf. Auch steht dem Kaiser ein Ratskollegium zur Seite, und er sieht sich, wie jeder andere Staatsbürger, an den Entscheid der Gerichte gebunden. Andererseits hat China nach Voltaires Überzeugung im Gegensatz zu allen anderen Ländern auch niemals eine Theokratie gehabt, denn seine alten Jahrbücher wissen nichts darüber zu berichten. Ebenso hat China weder Religionskämpfe noch einen Streit zwischen Kaiser und Kirche gekannt. Voltaire hält den chinesischen Staat sogar für demokratisch, da es in ihm niemals einen Adel gegeben hat. Er hält die chinesische Verfassung für die älteste und beste der Welt. Sie besteht nicht nur seit 4000 Jahren, sondern sie fordert auch, dass eine kleine Zahl Auserlesener die grosse Masse der Bevölkerung ernährt und regiert. Denn sie macht es den Weisen zur Pflicht, das Volk zu beschäftigen und für sein Dasein zu sorgen. Volaire rühmt die chinesische Gesetzgebung : so darf der Sohn seinen Vater nicht verklagen. Oder es darf auch am geringsten Untertanen kein Todesurteil vollstreckt werden, ohne dass man die Prozessakten an den Staatsrat in Peking schickt, der dem Kaiser Vortrag zu erstatten hat. Vor allem bestraft der chinesische Staat nicht nur, sondern er kennt auch Belohnungen in Form von Ehrenzeichen und Rangerhöhungen.
Voltaire rechnet die Chinesen nicht unter die Völker, die Blutschande treiben, und er weist die Behauptung Montesquieus, dass in der Tatarei die Söhne nicht die Mutter, wohl aber die Väter die Töchter heiranten dürfen, zurück. Ebenso lässt er den Vorwurf der Menschenfresserei nicht gelten.

Von den naturwissenschaftlich-mathematischen Kenntnissen der Chinesen bewundert Voltaire vor allem ihre astronomischen Berechnungen, die auf einer genauen Beobachtung der Sterne beruhen. Er nimmt an, dass die Chinesen schon sei 4000 Jahren Astronomie treiben. Weiterhin berichtet er über das chinesische Heilwesen. Er hält die chinesischen Ärzte für sehr unwissend und behauptet trotzdem, dass sie in der praktischen Ausübung ihres Berufes nicht ungeschickt sind. Dabei erwähnt er, dass man auch in China versuche seit alter Zeit einen Unsterblichkeitstrank zu brauen. In der Sprache sucht Voltaire ein Kriterium für die Kulturhöhe, die ein Volk erreicht hat. Für ihn ist nur die chinesische Sprache auf einer primitiven Entwicklungsstufe stehen geblieben. Und in dieser Tatsache erblickt er eine Ursache für die Stagnation der chinesischen Kultur. Er selbst hat weder die chinesische noch arabische Sprache beherrscht, sondern nur das chinesische Vokabular in der Description von Du Halde. Gleichwohl hält er die chinesische Sprache für autochthon. Die chinesische Literatur zeichne sich durch ihre Einfachheit aus und die künstlerische Begabung der Chinesen soll in ihrer Entwicklung stehen geblieben sein. Doch sein tiefster Eindruck ist das Alter der Literatur. Der Roman und die Fabeln enthalten dieselben Motive wie in der europäischen Literatur, sie zeigen stets eine realistische Form und eine moralische Tendenz. Die Chinesen lieben auch das Theater, aber die Kunst des Dramas liege ihnen nicht.
Voltaire kennt die älteste Quelle der chinesischen Geschichte, die chinesischen Bambusbücher, aus denen er seine Kenntnisse der '5 kings' hat.
Die Sittenlehre, die Voltaire als die erste der Wissenschaften nennt, haben die Chinesen vervollkommnet. Die Frage, warum die Chinesen in den übrigen Wissenschaften versagten, in der Ethik aber und in ihrer praktischen Anwendung, der Gesetzgebung, Hervorragendes leisteten, beanwortet er damit, dass die Natur diesen Menschen einen ‚weisen Sinn’ gegeben, die Kraft des Verstandes aber versagt hat.

Das Wort 'Deismus' taucht erst in der Aufklärungszeit auf. Voltaire gebraucht das Wort 'Theismus', das an sich eine monotheistische Religionsanschauung bezeichnet. Diese lehrt noch einen persönlichen Gott, der die Welt nicht nur erschaffen hat, sondern der auch noch fortdauernd auf sie einwirkt. Auch die natürliche Religion Chinas bezeichnet er mit dem Wort 'Theisimus' und nennt die chinesischen Gelehrten 'Theisten'. Dem 'Deismus' Voltaires liegt die Ansicht zugrunde, dass die ganze Welt nur einen Gott anbetet, dass die Art der Anbetung aber verschieden ist. Er ist davon überzeugt, dass in China von alters her die deistische Religion vorherrscht, wenn auch nur in den führenden und gebildeten Ständen. Die Moralgesetze der deistischen Religion aber sollen nach ihm die Grundlagen der Staatsmoral bilden, nicht aber die Kirche mit ihrem Aberglauben und ihren persönlichen Interessen. So konstruiert er eine Kirchen freie Religion für die oberen Schichten der chinesischen Bevölkerung und schildert, dass sie sich mit der Morallehre eines Epiktet, Marc Aurel oder Plato vergleichen lässt. Während der Kaiser und die Gelehrten die Träger der chinesischen Religion sind, besitzt das niedere Volk eine andere Religion. Auch gegen der Vorwurf des Atheismus glaubt Voltaire den Deismus der chinesischen Gelehrten schützen zu müssen. Wenn man behauptet, dass die Gelehrtenreligion keinen bestimmten Gottesbegriff habe, so antwortet er, dass es nicht so sehr auf die Fassung des Gottesbegriffes, als vielmehr auf sein Vorhandensein ankomme und dass die Chinesen diesen besitzen, da sie seit den ältesten Zeiten an einen einzigen Gott glauben. Allein die Kenntnis der modernen Geschichte genügt Voltaire, den Ritenstreit zugunsten der Chinesen auszulegen. Bedingungslos für das Wesen einer Religion ist nach Voltaire das Vorhandensein einer Vorstellung vom Leben nach dem Tode. Er bestreitet nicht, dass in China viele Gebildete dem Materialismus verfallen sind, wesentlich ist für ihn, dass ihre Sittlichkeit nicht darunter gelitten hat und dass sie ein höchstes Wesen verehren, an dessen Dasein sie nicht zweifeln. Er weist auch den Vorwurf zurück, dass die chinesische Religion das Menschenopfer kennt, während er das Ernteopfer zugibt.
China sei nur deshalb von dogmatischen Streitigkeiten und Religionskämpfen verschont geblieben, weil hier der Aberglaube keinen Boden gefunden habe. So sieht Voltaire den Wert der chinesischen Religion darin, dass sie frei von Fanatismus, Aberglauben und von kosmogonischen Spekulationen ist. Zwar leugnet er nicht, dass die Chinesen abergläubische Vorstellungen besitzen : so deuten sie aus den Sternen die Zukunft und die Schlange sehen sie als ein Sinnbild des Lebens.
Voltaire hält die Beschäftigung, was nach dem Tode geschieht für unproduktiv. Viel wichtiger sei es, im Leben die Tugend zu üben und an der Vervollkommnung der Seele im Diesseits zu arbeiten. Wer das tue, brauche den Tod nicht zu fürchten. Die chinesische Religion, die keinen Jenseitsglauben enthalte, lehre lediglich die Tugend um der Tugend willen zu üben. Er weiss aber, dass das chinesische Volk an ein Leben nach dem Tode glaubt, wie es die Ahnenverehrung beweise. Auch bezweifelt er nicht, dass die Idee der Seelenwanderung noch in grossen Teilen Indiens und Chinas herrsche, jedoch sei sie keine Religionsvorstellung, sondern erst durch die Lehre des Fo nach China gebracht worden.
Voltaire begeistert sich für Confucius, da er der Sittenlehrer der Chinesen gewesen ist. Er hat weder eine Religion noch eine Kirche gegründet, sondern eine Staatsmoral gelehrt, die nicht von kirchlichen Dogmen beeinflusst ist. Auch richtet Voltaire seinen Hass gegen die Kirche, will allgemeine Sittengesetze aufstellen und sieht in Confucius sein Vorbild. Im chinesischen Staat sieht er den vorbildlichen absoluten Staat verwirklicht, den, gestützt auf die Ethik von Confucius, kein kirchliches Dogma und kein Bonzentum beherrschen. Die einfache und schlichte Lehre des Confucius, die dem Staatsgedanken der Aufklärung entspricht, ist eine Lehre der Vernunft. Ihre Moral fordert, die Tugend zu üben und gerecht zu sein, um eine glückliche Menschheit zu schaffen.

1963
Basil Guy : Until the Essai Voltaire was not truly curious about China for its own sake, with the result that most of his attempts to work with Chinese material ended, for better or for worse, in 'chinoiseries'. These 'chinoiseries' represent only the knowing use of a theme which could not help but arouse a certain interest on Voltaire's part, but it was the very example of China which would help him to abandon this false track and set out upon a task which would be most important for himself and for his age. He openly attacked the "Discours sur l’histoire universelle à Monseigneur le dauphin : pour expliquer la suite de la religion & les changemens des empires" de Jacques Bénigne Bossuet, pretending to present merely his own views on history and the result of his own research. Meanwhile, he prepared à Discours sur l'historie universelle, un Abrégé and even an Histoire générale which would all contribute to and be included in the complete edition of the Essai. Voltaire is never completely detached from his work and never did consider it completed, while his mind remained ever alert to many of the problems he had encountered in writing it. The nature of those problems, so closely linked together, pushed Voltaire to greater daring and perhaps to greater truths than he had known or suspected until then. But since he pretended to be all-inclusive and to shed some light on every part of the world as it was known in his day, it is natural that his curiosity touch on many disparate topics. Instead of the savant we might have expected to discover in him, we find a proselyte who thinks only of destroying those doctrines he detests. Sometimes his attacks were suggested by material that was incidental to any given passage.

China and her philosophers were no exeption to this procedure. They serve him only as an excuse for taunting the atheists, since more than sacred texts, more than the Holy Land or other exotic countries, Voltaire wanted to know that China whose antiquity enchanted him because it brought into question certain theological calculations which founded world history on the authority of the Bible. At the same time his knowledge would give Europeans, so proud of their civilization, a precious lesson in humility. Voltaire puts China in the vanguard of universal civilization. He assigns the most flattering rôle in his history to this empire of the Far East by having it begin and end with China because that country represented to him the most ancient nation, the best ordered and the home of true wisdom. Voltaire did not risk much in denying the universality of the Flood 'à propos' of China. He was able to profit by the evolution of ideas. The discovery of Chinese antiquity contributed to the formation of the philosophic spirit but was also favoured by such a development. For as much as it profited by this progress, the idea of Chinese antiquity likewise profited by the weakening of people's faith in the value of the Bible as an historic document. The antiquity of Chinese chronology posed another, still greater, problem regarding the location of the cradle of humanity. Toward 1740 the argument in favour of Chinese antiquity had often been invoked, but no serious study of China was yet generally available in Europe. Part of Voltaire's great originality in dealing with the problem was that he took facts and dates proving Chinese antiquity from the Jesuits, and from the libertines analyses which made that antiquity much greater than did their common source. When he treats of the size and greatness of the country, he is led to conclude that since China is a large as formerly, its laws, its customs, its languages, and even the way in which its inhabitants dress cannot have undergone much change. For this reason, Voltaire states that he will limit himself to depicting the most important, the most 'creative' epochs of Chinese history. At this point, he at last begins to treat of Chinese history as such, and dwells briefly on the reign of Fuxi, who is suppoed to have lived some three thousand years before Christ and assumed the government of the fifteen kingdoms. In passing, Voltaire then mentions other monarchs, the burning of books, and the development of judicial procedure under the First Emperor being especially noteworthy for him. Althought he mentions the Roman embassy of 165 A.D. and the voyage of two Mohammedans. He then spends a little more time and effort in analyzing, in its proper place, the material he would use for the Orphelin, the advent of the Mongol dynasty under Cenghis Khan. Voltaire hoped to underline the fact that his history was an objective as possible, considered only humanity, and not the movements of God's 'mysterious ways'. For his errors, whether of fact or interpretation, are those of his guides, or even, those of his contemporaries.
Voltaire extended the field of his investigation and found at the other end of the world where it was impossible to separate truth from fiction, desire from reality, an idol almost without fault, the Qianlong emperor. His judgment on the Chinese monarch had been influenced by that sententious element in imperial bureaucracy which found expression in the long resounding phrases of edicts voicing an irreprochable morality. Yet in the Chinese political system, what seems to have made profound impression on Voltaire, was the rôle of the tribunals. The Jesuits had nothing but the highest praise for most of these courts, the Six Councils of Beijing, forming the central body of the imperial government, to the viceroys and petty functionaries in the provinces. These councils consisted for the most part in confucian mandarins. Voltaire favoured an absolute monarchy where the judgments of the sovereign might be guided and controlled by incorruptible advisers. Nothing in all his writings approaches this ideal like his interpretation of the reciprocal action of the Chinese emperors and the Chinese courts.

In the beginning, since his sources claimed that the absolute government of China was founded on Confucian ethics, Voltaire repeated that judgment, believed it, and sat down to study this country where no religious dogma, no government by a priestly association, were sanctioned by the political authorities. Confucius had founded neither a new religion nor a new Church. He had mereley taught a traditional morality which had but fallen into disuse and in which there was no trace of dogmatism. His morality proclaimed that virtue is supreme and just, necessary to the peace and happiness of men. According to Voltaire, Confucius hat already interpreted this morality in such a way that it could easily be applied to reality ; to his strong personality and innate wisdom, the Chinese owe their political perfection. For Voltaire, Confucius represented the perfect 'philosophe', he who had found a solution to the problems of revealed religion, who in a word was the ideal deist. The lack of dogma in the formalities of the Confucian cult was for Voltaire a quality, or, a virtue ; for among other things, the religion which lacks a rigid form allows the free development of toleration. And it was in toleration as taught and practieced by Confucius that Volaire thought he had noted the essential characteristic of the Chinese people. Despite the fact that Confucianism had been praised for its moral values and not for its religious teachings, Voltaire persisted in repeating that since the beginning of their history the Chinese had possessed 'le culte simple du maître du Ciel'. He believed that he had found in the Middle Kingdom the flower of a tolerant religion, without dogma and without priests, a pure deism.

If Voltaire turned the Jesuits' misfortunes to his own advantage in attacking their cause, he did not hesitate to suppress their ideas when convenient. In general the missionaries had nothing but scorn for Buddhism, and Voltaire employs both their information and their arguments in his castigation of the sect. Confucianism ruled in China and that it was a reasonable, natural religions. The two other sects, Buddhism and Taoism, represented in his eyes a revealed religion whose basis is superstition, the tyranny of priests and ignorance. Hence it is obvious that when Voltaire speaks of Buddhism at this time, he means Christianity, with which Buddhism does have certain superficial resemblances. And when Voltaire reveals the ignorance, the rapacity, and the tyranny of the priests of Fo or the bonzes, he merely resorts to those problems which had frequently served beford his time had made famous : indirect attack, by analgy, and against Christianity.
At about 1740 Voltaire found himself faced by the problem of two religious currents which were not complementary, which were in effect contradictory : Chinese deism and Chinese atheism. Voltaire continues by discussing theocracy, the worst form of tyranny he can imagine. Thus, if the Chinese have never known a theocratic government, they are nonetheless not atheists. If the Chinese were atheists, they furnished the most striking proof of the existence and of the excellence of a moral code divested of any relationship with political or social morality, or even with religion.

Voltaire took the side of the Jesuits against the Law of the Church and painted the Chinese in glowing terms. His lively imagination pictured them as an almost perfect people, superior to those in whose midst he dwelled and where wit, intelligence, and learning counted for little. The distant people, Voltaire firmly believed, hat no priests like those who wore down his fighting spirit, none of those gross superstitions which inspired such rites as were practiced in his time. Respect for the aged and worship of a philosophic deity were their religion. They were possessed in consequence of a pternalistic government which for centuries had been in the hands of wise princes. Reason alone guided these men, and they had no need to base their morality on those mysterious dogmas which reason cannot explain. It was thus that Voltaire fell into error for attempting to fight alongside those Jesuits against whom he directed so many bitter and virulent attacks for the sake of China and her example.

1972
A. Owen Aldridge : Voltaire's knowledge on China was indirect, incomplete and superficial. It is no coincidence that he should be both a vociferous defender of Chinese culture and a caustic critic of primitivism. Voltaire admired the antiquity, the politeness, the intricate social organization of China, all qualities inimical to primitivism. He argued that the compiling of records attesting the existence of a vast empire is in itself proof that the organization of China into a political body must have taken place centuries before. Chinese antiquity was important for Voltaire, however, not so much for its effectiveness as an argument against primitivsm as for its even greater effectiveness as a symbol to be opposed to Hebrew tradition. The portrayal of Chinese civilization as flourishing in a highly advanced stage when the Hebrew as in its infancy served to disparage the latter. The argument of Chinese antiquity even more specifically damaged the Christian tradition by disputing Old Testament chronology and thereby bringing into question biblical authority as such. The Christian scriptures declare that the world was created in 4000 B.C. and that the great Flood covered the earth in 2300 B.C. ; yet reliable Chinese chronicles existing for 4000 years, implied an anterior existence of Chinese civilization for several more centuries : these chronicles make abolutely no reference to a universal inundation such as that described in Genesis. In pointing to the textual weaknesses of biblical chronology, Voltaire touched on another famous controversy in the history of ideas, one completely independent of the role of China in world culture, but nevertheless related to it. This controversy concerned the Age of the World – an attempt to discover how far in the past the earth as presently constituted came into being, what were the changes it had gone through, and whether the chronology and descriptions of the Bible are in accord with reality.
The role of China in the Voltairean philosophy was primarily to bolster his private system of deism, to further his attack on religious superstition and clerical domination, and to advance his plea for toleration. His Essai is justly celebrated as a pioneer work of anthropology, it can hardly be argued that his treatment of China represented a serious scholarly effort to understand oriental culture.

1989
Song Shun-ching : Dans son avant-propos Voltaire critique véhémment la méthode de Jacques Bénigne Bossuet qui a donné une place privilégiée aux juifs dans son Discours sur l’histoire universelle (1681) et il met en avant la nécessité de faire figurer la Chine dans une histoire universelle : "Il eût été à souhaiter qu'il [Bossuet] n'eût pas oublié entièrement les anciens peuples d'Orient, comme les Indiens et les Chinois, qui ont été si considérables avant que les autres nations fussent formées."
En montrant l'extrême ancienneté de la Chine aux Européens, les missionnaires ont pu amener le public européen à prendre conscience non seulement des difficultés, mais aussi de leur joie et de leur mérite à parvenir à christianiser un pays si 'anciennement policé'. Ces écrits apologétiques sont devenus, par la suite, de précieux documents historiques pour Voltaire qui s'en sert comme base dans son élaboration de l'histoire de la Chine. Quelle belle défense que de s'appuyer sur des sources irréfutables, les publications des ordres religieux, pour réfuter les apologistes qui remettent l'antiquité chinoise en question afin de protéger l'autorité des Ecritures saintes. Depuis la publication Sinicae historiae decas prima de Martino Martini [ID D1703] et malgré de nombreuses plémiques, Fuxi semble être toujours considéré par les Européens comme le premier monarque chinois. L’essentiel pour Voltaire est 'la prodigieuse antiquité' de la Chine. Pour lui, rien ne peut diminuer la vlauer, l'authenticité de cette ancienneté, même les histoires mythiques qu'il a toujours condamnées comme superstitieuses ; une fois transformées par lui, elles sont devenues de solides arguments en faveur de l'antiquité chinoise. Il n'a pas oublié ce qui est encore plus important que l’ancienneté, c'est l’exactitude de l'histoire. La valeur de l’histoire ne tient pas uniquement au fait qu'elle est ancienne, il faut qu'elle soit avant tout vraie, exigence fondamental pour Voltaire historien. Comme tous les pays, la Chine possède aussi une quantité d'ouvrages qui racontent son antiquité à travers des légendes et des histoires mythiques, mais Voltaire n’a pas pu les connaître faute de traduction. En ce qui concerne la chronologie chinoise, Voltaire affirme qu'il n'en existe qu'une version, mais dans l'histoire chinoise la datation précise, unanimement reconnue par tous les historiens, ne commence qu'à partir de 841 av. C., car avant cette date, l'histoire chinoise possède des chronologies différentes qui varient selon les ouvrages historiques.
Au lieu de raconter l'évolution de toute l'histoire chinoise, Voltaire sélectionne les événements en se basant sur quelques-uns des empereurs les plus représentatifs, puis il nous apporte une histoire romanesque des coups d'état et des anecdotes de la cour impériale. Il est impressionné par le conquérant tartare Gengis Kahn et rédige un chapitre entier à la gloire de ce personnage et de la dynastie mongole. Il y a de graves erreurs de ces personnages : Gengis Khan, avant sa mort, désigne son troisième fils Octai comme son successeur. A la mort d'Octai, son fils Guiyou (Güyük) succède au thrône et devient le grand Khan. L'autre erreur concerne les compagnons de Marco Polo. Il est accompagné par son père et son oncle et pas par son frère et c'était en 1275 et pas en 1260.
Voltaire semble ignorer les importants problèmes politiques posés à l'intérieur de la cour mongole, puisqu'il décrit le gouvernement mongol sinisé régnant plaisiblement en Chine. Il a trop idéalisé la situation sous la dynastie Yuan, non seulement en ce qui concerne la cour mongole, mais surtout la relation entre les Chinois et leurs envahisseurs. Même si Voltaire ignore le contenu des annales chinoises de cette époque, il doit au moins connaître l'épisode de la sédition organisée par le complot sino-khitan et citée par Marco Polo dans son récit de voyage en Chine. Volaire, au courant de la chute de la dynastie Yuan des Mongols, conclut que la défaite du pouvoir mongol en Chine est due à des raison d'ordre religieux.
Voltaire décrit longuement la transition du pouvoir politique des Chinois aux Mandchous, une histoire symbolique qui illustre une fois encore la lutte entre la force des armes et celle des lettres. Le coup d'état présenté par Voltaire comprend deux éléments essentiels : l'un est l'assujettissement de l'empire chinois aux Mandschous, l'autre est la rebellion des Chinois, événement à l'origine de la tragédie qui eu lieu à la cour chinoise.
Pendant que l'empire chinois est troublé par les guerres, les Jürchen devient de plus en plus puissant. Voltaire décrit l'origine de ce peuple, mais il le confond avec le peuple mongol, et ainsi voit un retour du pouvoir aux mains des Tartares, il croit que ce qui s'est passé sous la dynastie Song s'est répété sous la dynastie Ming.
Tout les passages délectionnés par Voltaire concernant l’histoire de la Chine, nous constatons combien ses choix sont orientés. Les Tartares qui ont vaincu par deux fois l'empire chinois avec leur armes sont vaincus par la civilisation chinoise. Cette histoire romanesque des changements du pouvoir politique comporte avant tout une leçon philosophique destinée à illustrer l'optimisme voltairien qui croit au progrès de l'humanité et d'une civilisation rationnelle. L'ancienneté et l'exactitude de l'histoire chinoise solignées par Voltaire ont été choisies dans un but philosophique, telle est la véritable intention de Voltaire historien.

Voltaire met l'accent sur la société et le peuple, et tout en dégageant le rôle traditionnellement dominant de la religion dans les ouvrages historiques, il met l’homme au premier plan. La présence de Dieu est constante, mais c'est l'humanité qui est responsable de son destin et de sa propre histoire. La Chine occupe une place importante pour deux raisons : Voltaire veut démontrer la corrélation entre l'esprit, les moeurs du peuple et un 'pays policé' et la discussion autour de l'origine du peuple chinois l’intéresse beaucoup. Il nous décrit quelques caractéristiques de la société chinoise : un grand empire qui possède de grandes villes, un pays prospère qui bénéficie de la clémence de la nature qui l'a doté d'un clima favorable et de terre fertiles, et par-dessus tout, Voltaire s'attache à accentuer la grandeur du pay. En comparant l'Orient à l'Occident, il montre leurs différences et leurs ressemblances. Il est attaché au thème de la société, la nourriture, les vêtements, les maisons, les arts, les usages ; tout est 'digne de l'attention d'un philosophe'. En outre, il croit en l'universalité de l'humanité : malgré toutes les différences entre les différents peuples, l'humanité possède communément 'les passions' et 'la raison', deux composantes de la 'police'. La nature, mère nourricière de l'humanité, influence profondément la société. Voltaire justifie le haut niveau de la civilisation des pays asiatiques par des causes naturelles, telles que la terre et le climat ; le système des impôts, les villes, l'architecture et le système économique avec son système monétaire. La géographie physique de la Chine est avantagée par trois excellentes conditions : l'immensité, la variété, et la position.
Voltaire condamne la puissance du régime théocratique et félicite la Chine comme le seul pays qui ne soit pas souillé par ce régime. Il pense que la Chine est une société qui a toujours gardé ses moeurs originelles ; elle présente donc un modèle exemplaire et une preuve des moeurs purement humains. La description des moeurs chinoises par Volaire est bien fragmentaire. Il a trouvé quelques qualités aux moeurs chinoises, telles que la douceur et la sagesse. Il est persuadé d'une valeur suprême de l’esprit chinois : la sagesse à la fois tranqille et puissante, une force impalpable en apparence, mais irrésistible en profondeur ; elle est solidement liée à la civilisation du pays, et à cause d'elle, les moeurs chinoises sont plus raffinée que celles des Tartares. Aux yeux de Voltaire, les moeurs des Tartares sont horribles et empreintes de 'fanatisme'.

Parmi les nombreux rites et cérémonies pratiqués à la cour chinoise, Voltaire porte un intérêt particulier à deux d'entre eux : la cérémonie 'kieng-tien' [jing tian] et le rite du labourage accompli par l'Empereur. A part des cérémonies propitiatoires, il montre aussi que la cour chinoise est un modèle de tolérance. Voltaire ne s'est pas seulement intéressé à ce qui se faisait à la cour chinoise, il s'est aussi penché sur le rôle qu'y tenaient les personnages. Malgré ses principes politiques basée sur la morale, la cour chinoise est en réalité souvent très loin de l'image édifiante donnée par Voltaire. Pour approfondir l'aspect matériel de la vie des empereurs, Voltaire a examiné leurs finances.
Parmi les empereurs chinois, Kangxi, Yongzheng et Gaozong ont joué un rôle significatif pour l'inspiration politique chinoise chez Voltaire. Il les a maintes fois mentionnés non seulement parce qu’ils sont ses contemporains, mais surtout en raison de l'accueil qu'ils on fait aux missionnaires européens en Chine et à la cour impériale. De ces trois empereurs mandchous, celui qui obtien le plus de louanges de Voltaire est Kangxi. L'empereur Yongzheng succéda à Kangxi et Voltire les a comparés. Lorsque Voltaire parle de la 'fermeteé' et de la 'justesse' de Yongzheng, il fait surtout allusion à l'ordre impérial de bannir les missionnaires de la Chine. Ce qui fascine Voltaire chez l'empereur Gaozong, ce sont ses aptitudes à la poésie. Voltaire transforme ces trois empereurs en trois modèles symboliques : Kangxi : la tolérance, Yongzheng : la sagesse et la justesse, Qianlong : le poète. Pour que l'image de ces trois empereurs ne soit pas tachée, il n'hésite pas à écarter les critiques concernant ces trois monarques, et même à embellir leur portrait. Par conséquent, son entreprise de transformer le portrait des empereurs chinois pour en faire des monarques idéals est fondée sur une image doublement fausse.

En résumant tous les passages de Voltaire concernant la constitution de la Chine, on peut les classer en deux grands thèmes : un système politique composé de différents tribunaux et un gouvernement patriarcal. Voltaire est séduit par la répartition du pouvoir politique parmi les tribunaux. Il explique en détail les fonctions de chaque tribunal et leur mécanisme. La description des fonctions de chaque tribuanl est correcte, mais l'éloge de Voltaire est un peu exagéré. Le système des tribunaux, le régime patriarcal et l'autorité paternaliste constitutent la forme du gouvernement chinois. Voltaire est surtout attaché à examiner si les lois sont justes et humaines. A ses yeux, les lois d’un gouvernement exemplaire comme la Chine ne peuvent que posséder des qualités. Les lois chinoises récompensent bien la vertu ; le gouvernement montra sa générosité et sa justice envers le peuple, il l'incite à bienveillance afin d'améliorer les moeurs de la société. Parmi les actes moraux exemplaires qui permettent d'obtenir le mandarinat de cinqième ordere, à par l'honnêteté, le déintéressement du 'pauvre paysan' aux mains nettes, Voltaire a étonnamment oublié de mentionner un critère très important pour ce pays au régime patriarcal : la piété filiale. Quant à l'autre caractéristique des lois chinoises, considérée par Voltaire comme une exception dans la législation de l'humanité, elle est due à l'influence du confucianisme. Bien que le confucianisme soit la principale influence qui ait pesé sur la politique chinoise, le gouvernement et ses lois ne sont pas aussi idéals que veut le croire Voltaire. Ces lois justes et admirables, un système de tribunaux et une politique basée sur une constitution paternaliste représentent pour lui un modèle de gouvernement idéal. En raison de la persécution des chrétiens, suite à la querelle des rites, beaucoup d'Européens ont condamné le gouvernement chinois ; leurs accusation gravitaient autour de l’athéisme et le despotisme. Voltaire s'est engagé dans ce débat.
D'un côté, Voltaire accentue les qualités du gouvernement chinois : des tribunaux objectifs et une bienveillance patriarcale, et de l'autre côté, il écarte le mot 'despote' et ses interprétations qu'il considère comme des calomnies envers le gouvernement chinois. En somme, aux yeux de Voltaire, le gouvernement chinois est patricarcal et non despotique, car il a des tribunaux et des lois qui contrôlent l'empereur.
Après le despotisme, l'autre accusation grave contre le gouvernement chinois est celle d’athéisme. Conformément à sa philosophie, Voltaire défit la nature du gouvenement chinois comme fondée sur le théisme, et il exprime son hostilité envers l'athéisme. Dans cette polémique sur l'athéisme du gouvernement chinois, Voltaire révèle sa véritable attitude envers la religion. Sa défense du gouvernement chinois constitut en quelque sorte une déclaration de sa propre philosophie. Des rites édifiants sont pratiqués par des empereus exemplaires et l'image de la cour chinois, sous la plume de Voltaire, abonde en sagesse et bonté. L'autorité politique est harmonieusement partagée entre les tribunaux, et assurée par une structure sociale patriarcale où le peuple est protégé par des lois sages. Présenté par Voltaire, le gouvernement chinois suit une politique exemplaire. Cependant, si sa défense du gouvernement chinois contre l'accusation de despotisme reste très discutable, sa victoire dans la polémique autour de l'athéisme de la Chine est incontestable. La politique de l'empire chinois est le thème le plus explité par des libre-penseurs aux fins de nier la religion et de valoriser l'athéisme. Mais Volgaire n'a pas simplement dénoncé cette malice, il a aussi fait face à la multiplication des critiques concernant la politique chinoise, suite à la montée du courant sinophobe à son époque.
Si Voltaire loue la piété filiale et le respect des Chinois pour leurs parents comme une vertu fondamentale du point de vue de la société et de la politique, il n'admet pas l'application de cet esprit dans tous les domaines. Il ne condamne pas simplement l'esprit de respect des Chinois pour leurs ancêtres, il lui reproche aussi d'avoir entraîné le peuple chinois à rester dans l'ignorance et il met en question le système de sélection par les examens au mandarinat. L'image de l'éducation et des examens et pour lui la conséquence d'une prédominance excessive et prolongé du confucianisme.

La religion est un sujet capital dans les oeuvres de Voltaire : sa façon de traiter ce sujet et ses prises de position révèlent un des traits les plus marquqnts de la personnalité. Né et élevé dans un milieu très chrétien, il a eu l'occasion de bien étudier et observer le monde religieux. Il s'appuie sur le rationalisme et l'humanisme, hérités de son éducation chez les jésuites, et il se met à réfléchir sur la question religieuse afin de trouver une issue pour sa croyance. Antichrétien, sans aucun doute, mais athée, certeinement pas, car à aucun moment, il n'a accepté la condamnation. Sa déception devant le christianisme l'amène à orienter son regard vers les religions exotiques telles qu'islamisme, buddhisme, lamaîsme et taoîsme ; il a tenté de découvrir une vraie religion universelle qui serait différente du catholicisme. Malheureusement, ses connaissances et sa capacité sont limitées par la langue et la distance, il ne peut comprendre le monde extérieur qu'à travers les écrits et les traductions des voyageurs, et surtout, des missionnaires. La 'religion' des lettrés chinois a été magnifiée par certains missionnaires de la cour impériale pour mieux propager l'Evangile dans tout l'empire chinois. En fait, cette 'religion' qui consiste à adorer 'un seul Etre Suprême' est issue du confucianisme qui n'est pas une véritable religion, mais plutôt une philosophie, et c'est la raison pour laquelle il pouvait bien être accepté par les missionnaires chrétiens en Chine. Cette religion qui ne croit qu'en l'existence d'un seul dieu est pratiquée par l'élite ; les philosophes chinois inspirent Voltaire qui est en quête d'une religion plus 'simple' et 'naturelle' et qui n'admet ni superstition ni fanatisme ou clergé. Il est donc bien content de trouver une religion qui corresponde tout à fait à son idée de 'religion naturelle'. Il est fasciné par la religion spirituelle des lettrés chinois, mais qu'en même temps il critique sévèrement les religions du peuple. Le fait que la religion chinoise admette l'existence de plusieurs dieux, Voltaire, qui a tant insisté sur son principe théologique d'un Etre Suprême qu'il a trouvé idéalisé dans l'empire chinois.
La division de la religion entre le peuple et l'Etat en Chine est évidente aux yeux de Volarie parce qu'il existe deux composantes bien distinctes dans ce pays. Cette division de la religion chinoise en deux parties n'est pas une idée de Voltaire, elle fait partie d'une vision adroite dont les missionnaires euopéens sont les auteurs. Pendant la querelle des rites, les missionnaires, et en particulier les jésuites, se sont beaucoup appuyés sur la religion spirituelle des lettrés chinois pour justifier leur prise de position. Voltaire ne pouvait pas savoir que la religion a considérablement influencé le pouvoir politique des dynasties chinoises. En condamnant toutes les religions, Voltaire tente de prouver que la religion des lettrés confucéens et du gouvernement chinois est une illustration de son théisme.
Voltaire a condamné presque toutes les religions comme relevant de la superstition et du fanatisme. Cependant, il a réussi à trouver dans la religion des lettrés chinois toutes les qualités qui répondent à son idéal d’une religion. Voltaire ne voit que ridicule et fanatisme chez le bouddhisme et n'aprécie pas la doctrine taoïste. L'histoire du catholicisme présentée par Voltaire s'arrête toujours à la persécution des missionnaires étrangers en Chine, car il n'en a jamais voulu préciser les détails. Chaque fois que Voltaire présente le christianisme en Chine, il met l'accent sur les divergences des missionnaires et les conflits d'ordre religieux en Europe. Voltaire a constaté qu'avant l'arrivée du christianisme, le judaïsme et l'islam avaient déjà pénétré dans l'empire chinois et qu'ils avaient formé de petites communautés, co-existant en paix en Chine. C'est pour lui une autre preuve de la tolérance de l'empire chinois.

Si on compare l'image de la religion des lettrés chinois avec celle du peuple, le contraste est bien frappant. Voltaire identifie sa religion idéale avec celle des lettrés confucéens et il s'identifie avec Confucius. Il aime utliser la formule : "Je voux embrasse en Confucius" dans sa correspondance ; et plusieurs fois, dans les lettres à d'Alembert, il dit : "Je m'unis à vous en Socrate, en Confucius... ". Il écrit à Thieriot : " ... je n'aime de tous les gens de son espèce que Confucius, aussi j'ai son portrait dans mon oratoire, et je le révère comme je dois". Le goût exotique de l'époque n'est pas une explication pour justifier la passion de Voltaire pour Confucius. Il est fasciné par l'influence du confucianisme en Orient et il s'engage en faveur de la pensée confucéenne dans les débats philosophiques. Il est très important pour lui de démontrer que 'la religion' de Confucius n'est pas divinisée et il essaie de prouver, que le confucianisme qui influence énormément la politique chinoise n'est basé que sur 'les anciennes lois' du pays. La morale confucéenne s'appuie sur des règles, des devoirs de relations sociales ; les enseignements sont bâtis sur des lois anciennes et l'observation de la nature humaine. Voltaire y trouve le meilleur modèle pour illustrer sa philosophie. Il cite une grande quantité de maximes confucéennes sans préciser les sources ; il transforme librement ses jugements et ses interprétations en modifiant selon son goût et ses besoins. Voltaire pense que le temps du confucianisme est 'le temps le plus heureux et le plus respectable' de la terre. La sagesse, la tolérance, la bienveillance chez les empereurs chinois, la douceur et l'harmonie des moeurs chinoises présentent un charme irrésistible aux envahisseurs tartares. Cette image positive de la Chine voltarienne est essentiellement due à l'influence du confucianisme. Il n'ignore pas, que certains des ses contemporains européens ne partagent pas son enthousiasme. Les condamnations gravitent autour de la superstition, de l'idolâtrie et de l’athéisme.

Voltaire constate que la connaissance des sciences et des arts, bien qu'existant depuis longtemps en Chine, a malgré tout fait peu de progrès, et que l'empire chinois 'anciennement policé' a bien besoin de l'aide des missionnaires européens. L'astronomie n'est pour lui pas qu'un exposé documentaire, elle lui fournit aussi une preuve de 'la police' de l'empire servant à démontrer le bien-fondé de ses idées philosophiques. Voltaire dit que les Chinois observent les éclipses depuis deux mille cent cinquante-cinq ans avant notre ère et il expose comment les Chinois ont appliqué cette science dans leur vie et dans l'usage du calendrier. Outre les observations, il remarque aussi l'usage des instruments astronomiques et il connaït la contribution des missionnaires.
Il présente les inventions de la Chine : le papier, la poudre, la boussole, l'imprimerie et les usages 'des propriétés du triangle rectangle', les cloches, les quadriges et l'élevages des vers à soie. Il présente la porcelaine de Chine et l'imitation et l'influence de la porcelaine chinoise en Europe. Il cite l'usage des chariots armés and l'art de la guerre et la connaissance des mathématiques. Pour lui la théorie de la médecine chinoise n'est qu'ignorance et erreur.
La Grande muraille et les grands canaux sont considérés par Voltaire comme les modèles exemplaires et incomparables de l'esprit humain. Il présente l'art dramatique, le roman et les spectacles en Chine, la peinture et il critique la musique. Voltaire loue aussi dans les arts et les belles-lettres chinoises la 'verité simple' qui vaut mieux que les 'paroles étranges', les 'comparaisons gigantesques et forcées' et les 'énigmes' qui existent dans tous les autres pays d'Asie. Il mentionne à plusieurs reprises les cinq grand classiques [Shi jing, Shu jing, Li ji, Yi jing, Chun qiu]. Si, déjà pour Voltaire, ces classiques étaient considérés comme un monument historique de la civilisation chinoise et und prouve d'ancienneté et supériorité de la culture, le public européen, en revanche, n'en a pris connaissance que tout récemment. Voltaire aime montrer le contraste entre la richesse et l'ancienneté des civilisations orientales et la pauvreté des connaissances occidentales. Il est fasciné par l'écriture et l'existence des caractères chinois lui fournit une autre preuve de l'ancienneté et du 'raffinement de la société' chinoise. Il condamne la langue chinoise comme facteur entravant les progrès scientifiques et qu'il propose même aux Chinois de romaniser leur langue afin d'améliorer le sort de la science chinoise.

1989
Etiemble : Voltaire est le premier qui tire de l'antiquité de la Chine toutes les conséquences qu'elle comporte. Avec beaucoup de ses contemporains, Voltaire a exalté, dans le gouvernement et les moeurs de la Chine, les qualités morales et politiques par lesquelles ces moeurs et ce gouvernement semblaient l'emporter sur les institutions et les usages de l'Europe. Il a pourtant regretté que les Chinois n'aient pas su porter les arts, les sciences et les techniques aussi loin que les peuples occidentaux. Mais, alors que beaucoup d'Européens, et notamment ceux des missionnaires qui déploraient l'imperfection chinoise, voyaient dans cette infériorité alléguée une preuve de la supériorité chrétienne, quelque goût que marquâ Voltaire pour les sciences de la nature, et quelque confiance qu'il affichât dans les progrès de l'esprit humain, la sinophilie systématique dont il faisait profession lui souffla des arguments pour absoudre les Chinois. C'est ainsi qu'il excuse ceux qui avaient inventé la boussole et la poudre de n’avoir pas cherché à en tirer le même parti que l'Occidcent. Voltaire approuve les Chinois de n'avoir perfectionné aucun des arts, aucune des sciences, puisqu'ils ont joui 'avec profusion de ce qu’ils connaissaient enfin ils étaient heureux autant que la nature humanie le comporte'. Pour admirer ses Chinois, il lui suffit qu'ils aient précédé dès longtems l'Europe "dans la connaissance de tous les arts nécessaires", étant bien entendu que l'art d'imprimer les livres entre tous est 'nécessaire'. Or, il lui plaît de répéter que la Chine était pleine d'imprimés quand nous ne savions ni lire ni écrire.
Voltaire présente un idyllique tableau de la religion des Chinois, tableau qu'il est trop facile d'opposer aux erreurs et aux horreurs de la politique catholique ou chrétienne. Autant Voltaire est bien placé pour connaître les ridicules et les crimes de la religion qui se réclame du Christ, autant il es mal renseigné sur les religions de la Chine. Du bouddhisme abâtardi, des superstitions taosséistes, qu'il n'entrevoit qu'à travers ce que veulent bien lui en dire ses informateurs jésuites, il sait trop peu de chose. Toute sa science consiste à exalter, sous le nom des religions chinoises, la pensée que les jésuites prêtent à Confucius et qui serait en harmonie préétablie avec sa pensée à lui.
Il est tout naturel que Voltaire ait pris contre les bouddhistes et leurs bonzes le parti des lettrés et du pouvoir central lorsque celui-ci, avec l'aide de l'administration confucéenne, essaya de mettre fin aux abus économiques, religieux et politiques qui se camouflaient sous la religion de Fo.

1990
Willi Berger : Voltaire steht im Mittelpunkt der europäischen China-Begeisterung des 18. Jahrhunderts. In seinem Werk sammelt sich alles zu einer kulturphilosophischen Ideologie, was an chinesischen Einflüssen und Anregungen bei andern Autoren verstreut erscheint oder nur ein gelegentliches Interesse erweckt hat. Dabei übernimmt er wie die meisten anderen die sinophil gefärbten Berichte der Jesuiten und verwendet sie für seine Zwecke.
Voltaire versucht nicht, die fremde Kultur der eigenen möglichst anzunähern, er lässt sie vielmehr in ihrem kulturgeographischen und historischen Eigenwert gelten, fasst sie als Herausforderung auf, der sich Europa zu stellen hat und hebt immer wieder vor allem die Züge hervor, welche die eigenen Errungenschaften, die vermeintliche europäische Überlegenheit relativiert. Im einzelnen ist Voltaires China-Bild konventionell, es gibt die üblichen Lob-Topoi, die sich ausser auf das Alter der chinesischen Kultur auf die Grösse des Reiches, auf die Vorbildlichkeit des Regierungssystems, auf die Erfindung der Seiden-, Papier- und Porzellanherstellung, des Buchdrucks und des Schiesspulvers beziehen. Es gibt aber auch durchaus kritische Anmerkungen, so den Topos von der Stagnation der chinesischen Kultur im allgemeinen, wofür Voltaire die angeblich auf einer primitiven Entwicklungsstufe verharrende chinesische Sprache und Schrift zum Beweis nimmt. Dann übt er Kritik an der im Vergleich zu Europa mangelhaft entwickelten Medizin, an der chinesischen Musik und Malerei. Verwundert ist er über den astrologischen Aberglauben und er stellt fest, dass die Chinesen, wenn sie auch in der Astronomie und Geometrie weit früher als die Europäer zu grundlegenden Erkenntnissen vorgestossen sind, unfähig seien, darüber hinauszugehen.
Voltaire leugnet nicht, dass alle Laster bei den Chinesen so gut existieren wie sonst in der Welt, nur, fügt er hinzu, dass man nicht das ganze China verdammen darf. Voltaires Urteil über den chinesischen Staat und die chinesische Kultur ist von einer unzweideutigen Sympathie geprägt. Wenn China eine Despotie ist, so ist es doch eine Despotie, die auf Tugend und Moral begründet ist, ein Land, das daher mit andern überhaupt nicht vergleichbar ist. Es ist aber nicht Tugendhaftigkeit an sich, die China regiert, sondern Tugendhaftigkeit als System, die Administration und Justiz. Es stört ihn keineswegs, dass im chinesischen Feudalismus die höchste richterliche Gewalt auch in den Händen des Kaisers lag, im Gegenteil : da der Kaiser nichts anderes sein kann als ein weiser Herrscher, der nicht allein das Gesetz verkörpert, sondern sich ihm zugleich unterwirft, ist jede Gefahr des Missbrauchs dieser Machtfülle gebannt.
Voltaire verwahrt sich dagegen, dass man die Chinesen Atheisten nennt. Ihre Religion kennt zwar keine Jenseitsvorstellung mit den Belohnungen und Strafandrohungen des christlichen Glaubens, aber das ist nur ein Beweis für ihre 'Antiquité', denn auch der Pentateuch weiss nichts vom ewigen Leben. Wenn man sie, wie die Dominikaner etwa, der Idolatrie bezichtigt, so beruht das auf einem gründlichen Missverständnis ihrer Riten, man verwechselt einen häuslichen Schrein, wie er im Mittelpunkt der Ahnenverehrung steht, mit einem Altar, der eine gewöhnliche Ehrenbezeigung ist. Nie aber ist die chinesische Religion durch 'Fabeln', das heisst durch Legenden und Wundergeschichten entehrt, nie auch durch Streitigkeiten und Kriege beschmutzt worden. Diese Religion ist ersichtlich in der 'religion des lettrés', nämlich im Konfuzianismus. In dem geschönten Bild, das Voltaire gibt, ist zugleich eine Apologie jenes religiösen Rationalismus zu erkennen, den er selbst vertritt und dem er den Namen 'Deismus' gegeben hat. Keine Gnade findet das buddhistische und taoistische China. Die Anhänger Laozis nennt er eine Sekte, die an böse Geister, Zauberpraktiken und religiöses Blendwerk glaubt. Konfuzius ist für ihn kein Prophet, sondern vielmehr ein Weiser, der mit der Moral Epiktets verglichen werden kann. Das konfuzianische China als utopisches Modell einer idealen Gesellschaft, Konfuzius gleichsam als mythische Vorwegnahme der europäischen Aufklärung in China und Voltaire selbst wiederum, der in das Portrait dieses Konfuzius auch seine eigenen Züge, sein eigenes Selbstverständnis heimlich eingezeichnet hat, zeigt, wie sehr sein China-Verständnis und Aufklärungspropagande miteinander verschmolzen gewesen sind.

1992
Fang Weigui : Voltaire erschliesst dem europäischen historischen Bewusstsein einen völlig neuen Aspekt des Raumes und der Zeit und springt damit endgültig jenen traditionellen Rahmen des mittelalterlichen, auf die Theologie gegründetes Geschichtsbild mit dem Mittelmeergebiet als Zentrum. Er hat ein wunderschönes Bild von China gezeichnet, ein Bild des aufgeklärten Despotismus, in dem die 'Religion einfach, weise, gerecht und frei' sei. Deismus, naürliche Moral, religiöse Duldsamkeit, aufgeklärter Absolutismus usw., die Voltaire in 'seinem China' sieht, weisen grosse Ähnlichkeit mit den China-Vorstellungen von Leibniz und Wolff auf, während Voltaire unverkennbar eine Zeitkritik hervorhebt. Voltaire, der Hauptvertreter der China-Begeisterung in Frankreich und der Bekämpfer der Kirche, schöpft seine Kenntnis aus den Schriften der Jesuitenmissionare. Er wertet die chinesische Kultur im Dienst der Kritik gegen die religiösen und kirchlichen Autoritäten. Für ihn gibt es nichts sinnwidrigeres, als die Bekehrungsversuche der Jesuiten.

1996
Andreas Pigulla : Voltaire ist radikal in der Ablehnung der Bibel als Ausgangspunkt für Historiographie. Aus der Bibel abgeleitete Ursprungsvorstellungen und Wanderungshypothesen sind für ihn 'conjectures forcées'. Von der Schwierigkeit, den historischen Prozess Chinas in seiner Bewegungsqualität zu beurteilen, fühlt sich Voltaire befreit. Er stellt fest, dass die chinesische Zivilisation, und dies ist sein Schlüssel zur Erfassung der fremden Geschichte, 'incontestable dans les choses générales' ist. Dies ist für ihn aber kein Grund zur Kritik, denn Veränderung erscheint ihm hier auch nicht mehr notwendig : die chinesische Zivilisation ist für ihn auf dem denkbar höchsten Niveau angelangt. Der für die spätere Chinarezeption zentrale Topos der Stagnation wird von Voltaire nicht benutzt, wenngleich er durchaus Hinweise auf Entwicklungshemmungen registriert. Er verzichtet darauf, die besonderen Eigenschaften, die er den Chinesen zuschreibt, zur Abgrenzung einer überlegenen europäischen Zivilisation zu funktionalisieren. Damit würde er seinem primären Anliegen, anhand der idealisierenden Beschreibung Chinas seine Vorstellungen von rationalistischer Staatsverfassung in Form eines aufgeklärten Absolutismus und Deismus zu präsentieren, zuwiderlaufen. Obwohl er die Völkergeschichten nach wie vor in einer von Ost nach West verlaufenden Abfolge darstellt, sieht er sich nicht mehr an die Raumvorstellung der 'Vier Weltreiche' gebunden. China, ausserhalb dieses Konzepts, relativiert im 'Essai' den ehemals einlinig verlaufenden Entwicklungsgedanken. Voltaires Ausgangspunkt bei der Beschreibung Chinas ist sein 'principe de la raison universelle'. Im Kulturvergleich mit Europa hebt er die für ihn besonders vernünftige Staatsform des chinesischen Kaiserreichs hervor. Ideal findet er an ihr, dass nicht wie in Europa ein religiöser Aberglaube vorherrsche, sondern eine Bildungselite nach moralischen Werten den Herrscher anleiten könne. Gerade aber die 'opinion' gesellschaftlicher Eliten ist nach Voltaires Verständnis Ursache geschichtlicher Entwicklung, die solange anzudauern hat, bis das Ideal der Herrschaftsform und Gesellschaftsordnung gefunden ist. China dient ihm in herausragender Weise als Folie zur Kritik an den politischen und gesellschaftlichen Verhältnissen in Europa. Von dieser Konstellation abweichende Interpretationen der ostasiatischen und europäischen Kultur werden von ihm mit scharfer Kritik überzogen. Voltaires Einfluss auf Weltgeschichtsschreibung, Geschichtsphilosophie, Kulturgeschichtsschreibung und Chinarezeption der Spätaufklärung ist ausserordentlich gross. Er reicht allerdings nicht so weit, dass auch seine Perpektivierungen und Wertungen übernommen werden.

2003
Lee Eun-jeung : Voltaire betrachtet China mit den Augen eines Historikers. Er ist nicht von einer willkürlichen Systematik befangen, wie es bei Rousseau und Montesquieu der Fall ist. Deshalb geht er auch unbefangen an die ihm zur Verfügung stehenden Materialien heran. Er lässt sie vielmehr in ihrem kulturgeographischen und historischen Eigenwert gelten. Er fasst die chinesische Kultur als Herausforderung auf, der sich Europa zu stellen habe. In seiner Korrespondenz und in der Thematisierung des Chinesischen in seinen Werken, macht Voltaire deutlich, dass er die auf Toleranz und philosophische Gelassenheit gegründete chinesisch-konfuzianische Moral der fanatischen Unduldsamkeit des Christentums für überlegen hält. Er hebt die 'Anciennität' und Überlegenheit der chinesischen Kultur im Vergleich zur jüdisch-christlich-europäischen Kultur mit Nachdruck hervor, betont die viel weiter als die abendländische Geschichtsschreibung zurückreichende historische Überlieferung und die technischen Errungenschaften, die man in China viel früher als in Europa gemacht hat. Voltaire leugnet keineswegs, dass es in China, wie in allen anderen Ländern auch, Laster jeglicher Art gebe. Seine Sympathie gilt vor allem der staatlichen Organisation und der chinesischen Religion. Im Mittelpunkt der ersteren steht Konfuzius, der Gründer dieses vortrefflichen Gelehrten- und Beamtenstaates und ein Weiser, dessen Moral 'so rein und streng und zugleich ebenso human, wie die des Epictet' sei. Das konfuzianische China ist für ihn das Modell einer idealen Gesellschaft und er benutzt es als Waffe in seinen antiklerikalen Attacken.

2003
Werner Lühmann : Voltaires Scharfsinn seiner Gedanken und die Prägnanz seiner in zahlreichen Schriften gedruckten Äusserungen zu Geschichte und Philosophie, zur Staatslehre und zu Fragen der praktischen Moral trugen ebenso wie sein persönlicher Einfluss auf die Grossen der Zeit nicht wenig zu einer neuen kritischeren Sicht vieler Bereiche des geistigen und kulturellen Lebens am Vorabend der Französischen Revolution bei. Hierbei unterzog Voltaire auch die hochgerühmte Sittenlehre der Konfuzianer einer zwar in mancherlei Hinsicht voreingenommenen, gleichwohl aber genauen und differenzierenden Prüfung, an deren Ende eine teils wohlwollende, teils aber auch kritische Neubewertung stand. Zunächst berichtet er detailliert über die verschiedensten Aspekte der wirtschaftlichen Lebens der Chinesen, erwähnt deren rasches Bevölkerungswachstum und die sich daraus ergebenden Probleme, um sich dann den Wissenschaften sowie der aus seiner Sicht staatstragenden konfuzianischen Morallehre zuzuwenden. Dabei gilt seine Bewunderung im besonderen dem Prinzip des Gehorsams auf der einen wie dem der Fürsorge auf der anderen Seite. Das Kapitel über die Religion beginnt Voltaire mit dem Hinweis auf die Gerechtigkeit als dem Hauptmerkmal der von Konfuzius begründeten Sittenlehre der Chinesen. Was dem Vertreter eines aufgeklärten Deismus indessen am meisten beeindruckt, ist die nach seiner Meinung in der konfuzianischen Lehre aufscheinende Vorstellung eines abstrakten Gottesbegriffs, womit zugleich dem Vorwurf begegnet werden könne, die Chinesen seien streng betrachtet eigentlich ein Volk von Atheisten. Ein durch die allgemeinen Naturgesetze begründete universelle Moral, deren vornehmste Ausprägung das Ideal der Gerechtigkeit ist, scheint nach Auffassung Voltaires in der konfuzianischen Staatslehre auf.
  • Document: Voltaire. Essai sur l'histoire générale et sur les moeurs et l'esprit des nations, depuis Charlemagne jusqu'à nos jours. Vol. 1-7. (Genève : Cramer, 1756). (Collection complette des oeuvres de Mr. de Voltaire ; t. 11-17).
    Nouv. ed., revue, corrigée & considérablement augmentée. (Amsterdam : Aux Dépens De la Compagnie, 1764).
    http://pagesperso-orange.fr/fdomi.fournier/Generalite/Voltaire/Hist_Gene/H_Moeurs_001.htm. (Volt3, Publication)
  • Document: Engemann, Walter. Voltaire und China : ein Beitrag zur Geschichte der Völkerkunde und zur Geschichte der Geschichtsschreibung sowie zu ihren gegenseitigen Beziehungen. (Leipzig : Universität Leipzig, 1932). Diss. Univ. Leipzig, 1932. S. 29, 38, 48-49, 51-63, 65-68, 70-75, 76-77. (Vol3, Publication)
  • Document: Aldridge, A. Owen. Voltaire and the cult of China. In : Tamkang review ; vol. 2-3 (1971-1972). S. 25, 30-31, 46. (Vol5, Publication)
  • Document: Etiemble, [René]. L'Europe chinoise. Vol. 1-2. (Paris : Gallimard, 1988-1989). (Bibliothèque des idées). S. 109, 245, 280, 294-295. (Eti6, Publication)
  • Document: Song, Shun-ching. Voltaire et la Chine. (Aix-en-Provence : Université de Provence, 1989). Diss. Univ. de Provence, 1987. S. 18, 21-22, 27-28, 32-35, 38, 40, 45, 49, 51-53, 57-58, 69-72, 90-92, 94, 96-97, 99-100, 102-107, . (Song, Publication)
  • Document: Berger, Willy Richard. China-Bild und China-Mode im Europa der Aufklärung. (Köln ; Wien : Böhlau, 1990). S. 66-67, 70-77. (Berg, Publication)
  • Document: Fang, Weigui. Das Chinabild in der deutschen Literatur, 1871-1933 : ein Beitrag zur komparatistischen Imagologie. (Frankfurt a.M. : P. Lang, 1992). (Europäische Hochschulschriften. Reihe 1. Deutsche Sprache und Literatur ; Bd. 1356). Diss. Technische Hochschule Aachen, 1992. S. 343-344. (FanW1, Publication)
  • Document: Pigulla, Andreas. China in der deutschen Weltgeschichtsschreibung vom 18. bis zum 20. Jahrhundert. (Wiesbaden : O. Harrassowitz, 1996). (Veröffentlichungen des Ostasien-Instituts der Ruhr-Universität Bochum ; Bd. 43). Diss. Univ. Bochum, 1995. S. 74-77. (Pig1, Publication)
  • Document: Lee, Eun-jeung. "Anti-Europa" : die Geschichte der Rezeption des Konfuzianismus und der konfuzianischen Gesellschaft seit der frühen Aufklärung : eine ideengeschichtliche Untersuchung unter besonderer Berücksichtigung der deutschen Entwicklung. (Münster : LIT Verlag, 2003). (Politica et ars ; Bd. 6). Habil. Univ. Halle-Wittenberg, 2003. S. 66-67. (LeeE1, Publication)
  • Document: Lühmann, Werner. Konfuzius : aufgeklärter Philosoph oder reaktionärer Moralapostel ? : der Bruch in der Konfuzius-Rezeption der deutschen Philosophie des ausgehenden 18. und beginnenden 19. Jahrhunderts. (Wiesbaden : Harrassowitz, 2003). [Confucius]. S. 109, 111-112. (Lüh1, Publication)
11 1759 Murphy, Arthur. The orphan of China [ID D19836].
Arthur Murphy included a letter to Voltaire in the first and second editions of the play Orphan of China.
To M. De Voltaire.
Sir
A letter to you from an English author will carry with it the appearance of corresponding with the enemy, not only as the two nations are at present involved in a difficult and important war, but also because in many of your late writings you seem determined to live in a state of hostility with the British nation… As I have attempted a Tragedy upon a subject that has exercised your excellent talents ; and thus have dared to try my strength in the Bow of Ulysses, I hold myself in some sort accountable to M. De Voltaire for the departure I have made from his plan, and the substitution of a new fable of my own. My first propensity to this story was occasioned by the remarks of an admirable critic of our own, upon the Orphan of the House of Chau, preserved to us by the industrious and sensible P. Du Halde, which, as our learned commentator observes, amidst great wildness and irregularity, has still some traces of resemblance to the beautiful models of antiquity… In this state of mind, Sir, I heard with pleasure that M. De Voltaire had produced at Paris his L'orphelin de la Chine : I ardently longed for a perusal of the piece, expecting that such a writer would certain.ly seize all the striking incidents which might naturally grow out of so pregnant a story, and that he would leave no source of passion unopened… A scantiness of interesting business seemed to me a primary defect in the construction of the French Orphan of China, and that I imagined had its source in the early date of your play… You will perceive, Sir, in the English Orphan some occasional insertions of sentiment from your elegant performance. For this I shall make no apology, either to the public or to you : none to the public, because they have applauded some strokes for which I am indebted to you ; and none certainly to you, because you are well aware I have in this instance followed the example of many admired writers… But whatever may be your opinion of it, I must beg that you will not make it the criterion by which you would decide concerning the taste of the English nation, or the present state of literature among us. What you have humbly said of yourself, in order to do honour to your nation, I can assert with truth of the author of the English Orphan, that he is one of the worst poets now in this country… One thing further I will assure you, in case you should discover any traces of barbarism in the style or fable, That if you had been present at the representation, you would have seen a theatrical splendor conducted with a bienseance unknown to the scene Françoise ; the performers of Zaphimri and Hamet, by their interesting manner, would have made you regret that you had not enriched your piece with two characters, to which a colourist, like you, would have given the most beautiful touches of the pencil, had the idea struck your fancy ; and, though a weak state of health deprived the play of so fine an actress as Mrs. Cibber, you would have beheld in Mandane a figure that would be an ornament to any state in Europe, and you would have acknowledged that her Acting promises to equal the elegance of her person : moreover, you would have seen a Zamti, whose exquisite powers are capable of adding Pathos and Harmony even to our great Shakespear[e], and have already been the chief support of some of your own scenes upon the English stage…

Sekundärliteratur

Yang Chi-ming : Murphy's Chinese tragedy opens with success at London's Drury Lane Theater. It receives detailed reviews in magazines of the day, and when it appears soon after in print, it is said that 'Every one has, by this time, seen or read, and most have applauded it. There are several reasons behind its success. First, it follows the impetus of Restoration tragedy, which banks on the 'remote regions of the world' – improbable, exotic – to further heighten the grandeur and drama surrounding ethical and emotional conflict and produce the distance between the ordinary and the extraordinary. Add to that England's proto-imperialist fascination with the large-scale founding and falling of past empires : China's history of conquest is popularized in the theatrical tradition of heroic conquest tragedies, modeled after epic poetry. The orphan of China is a mid-century melodrama which doesn't at first appear to fit within the genre and period of heroic virtue, action and stylistics. It does also draw from detailed ethno-histories of the Tartar-Chinese border wars and participate in the early modern imagining and re-imagining of China's invasions by the pseudo-mythic Tartary, long a symbol of ancient conquest and the permeability of borders between East and West.

Liu Wu-chi : Murphy had already made his name as a writer of farces when he chose a Chinese theme for his first tragedy. He claimed that he had been attracted by Prémare's play, but, as a matter of fact, his play closely resembles Voltaire's L'orphelin, which was clearly its model. The interest in the Orient, aroused by Du Halde and Voltaire in France, had spread to England, where the performance of Murphy's play was a further stimulus. The delay between the writing of Orphan of China and its appearance at the Drury Lane Theater was occasioned by a long altercation between Murphy and David Garrick. The trouble was caused by the reluctance of Garrick to accept Murphy's play for Drury Lane and by his putting off the performance as long as possible. It appears that Garrick had long taken an interest in China as a theatrical possibility, and had been contemplating an adaptation from Voltaire when Murphy stole the thunder from him. But finally, with the support of Henry Fox, Horace Walpole and William Whitehead, Murphy succeeded in forcing Garrick to stage the play.
In Murphy's Orphan was little of the morals of Confucius. Unlike Voltaire, he was not so much interested in proving the superiority of culture over barbarity as in presenting an effective, well-made play that would attract a large audience.
Murphy based his Orphan upon Voltaire's ; but he made a number of important changes. In the main what he did was to drop the love story of the Tartar conqueror and give the orphan, Zaphimri, and active part in the drama. This hint he took from the Chinese play. In place of Voltaire's ending, Murphy reasserted the theme of revenge by making Zaphimri, a vigorous young man of twenty, the avenger of his family's and nation's wrongs. The play remains a tragedy with the death of Zamti and his wife Mandane. Though the story and the characters have been greatly altered, Murphy's Orphan retains as a whole the spirit of the Chinese tragedy and is closer to it than any other European adaptation.

Ou Hsin-yun : In April 1759 Arthur Murphy's The orphan of China opened successfully at Drury Lane. Actor-manager David Garrick played the leading role of the Confucian patriot Zamti, with Mary Ann Yates as Mandane, his wife. Garrick was impressive as a national hero, but Mrs. Yates's performance as a brave mother also attracted considerable attention. Thanks to a large part to Marx. Yates's stage presence and Chinoiserie costume, the production may have been more remarkable than the dramatic text. Set amidst an Oriental setting and garbed in a fashionable Oriental costume, the body of the English actress was integrated into an exotic spectacle – a stage spectacle that both contrasted and mirrored the social situation of English women. The conflicts between Mandarins and Tartars in the play represent contemporaneous tensions between England and France ; that Mandane, who opposes her husband's absolutist patriotism and patriarchal authority, is the author's spokesperson against Chinese and French anti-egalitarianism ; and that the ideologically charged figure of Mrs. Yates may undercut Mandane's potency as an authorial voice. English society tended to associate consumer culture with women, and, although female consumption surely contributed to the expansion of the British economy, it may also have weakened patriarchal control of women. Thus the female body of an actress wearing Chinoiserie costuming might undermine the credibility of the heroine's political objectives.
Murphy, who transformed French-inflected Chinese exoticism and absolutism into English aspirations for national liberty, also succeeded in rendering Mandane as a more sympathetic, self-determinate heroine. His departure from Voltaire's pseudo-Confucian ideas about women can be ascribed to an emerging intellectual trend that connected better treatment of women with social progress. The presence of a defiant Oriental heroine in Murphy's play echoes widespread debates about the role of women in an era when women's status was beginning to change, and suggests that Murphy also was aware of the role played by women in the construction of English national identity. By forgrounding Mandane's defense of individual rights, the play criticizes the Chinese (and implicitly the French) patriotic enthusiasm for absolutist monarchy. Mandane resists the socially prescribed absence of women from public affairs, thereby illuminating the idea that wives and mothers are also citizens of the nation. The play then, thus affirming the familial private space as no less important than the public sphere of national interest.
Murphy turned the Tartar invasion of China into an allegory of French cultural incursions into England, which succeeded largely because of the English aristocracy's appetite for foreign goods. The epilogue, spoken by Mrs. Yates, apologizes for the play's use of fashionable Chinoiserie costume : 'Ladies, excuse my dress - 'this true Chinese'. This apology may allude to certain social and economic shifts during the eighteenth century, a period when acts of consumption were increasingly being gendered 'female'.
Mrs. Yates, an English woman wearing foreign costumes that evoked British imperial trade, represents two figures of femininity associated with contemporary social concerns ; the elegant lady of quality as a mercantile consumer, and the frantic woman as a waster of colonial commerce. Mrs. Yates performed an image of femininity that supported overseas trade, thereby helping to create greater desire for exotic consumer goods.
The World vehemently attacked Chinoiserie dresses for 'their red, their pompons, their scraps of dirty gauze, flimsy satins, and black calicoes'. The English aristocracy, whose members were hungry for French imported luxury goods, manners, and language, initiated the trend.
Paradoxically, the firs production of The orphan of China not only exploited the vogue for Chinoiserie, but also fueled English national patriotism. Projecting English social progress onto its Oriental subject, the play employed gender and Orientalist discourses, not only as polemical mechanisms to investigate the relationship between man and woman or between the Occident and the Orient, but also as nationalistic propaganda to celebrate English national identity by arguing for English cultural superiority over France.
Murphy's play refrained from glorifying the contemporary vogue for Chinese fashion, and transformed Chinese exoticism and French absolutism into English aspirations for national liberty. By rendering the Oriental heroine as a more sympathetic, self-assured character, Murphy departed from Voltaire's pseudo-Confucian ideas about women.

Ou Hsin-yun : As Murphy's depiction of his Chinese heroine holds a mirror up to the shifting contemporary English views of women, Murphy's tragedy is a social, cultural and historical product of its own era and arena. It is therefore imperative to consider Murphy's theatrical adaption not only with the context of the European concepts of Chinese culture, but also in the specific social and theatrical contexts available to Murphy in mid-eighteenth-century London.
In several points of the play, Murphy is keen to demonstrate his knowledge about Chinese cultural practices. The epilogue mentions Chinese 'taste and fashions', including women's confinement, foot-binding and the Chinese way of writing words.
A tremendous amount of information about Confucianism was available in London long before Murphy wrote his play about China. Murphy's attitude towards Confucianism, is mitigated between contemporary European polarized views that celebrate or attack Confucian ethics. He depicts Zamti as a Confucian disciple who sometimes could turn into an unhumane patriarch, a 'marble-hearted father' as Mandane calls him. Mandane goes beyond the role of a conventional virtuous woman in Confucian terms, and is portrayed with sympathy as a woman who chooses her own role as an affectionate mother when she is unable to play simultaneously her other roles as an obedient wife and a loyal subject. This Chinese woman as envisioned by Murphy is far different from what most Confucian followers could have expected according to their gender notions.
On the other hand, Murphy's presentation of his Chinese heroine reacts to the active contemporary English debates about gender roles, and echoes viewpoints expressed in his other writings. Murphy's view of woman differs from Confucian gender concepts, as Mandane embodies a resolute force against patriarchal domination. Murphy's authorial voice can be heard in Mandane when she convey his objection to either Zamti's Absolutist Monarchy or Timurkan's colonialism, and she has the sympathy of all the major Chinese characters at the end of the play. She challenges the masculine authorities in a play that is ostensibly a heroic tragedy, which usually centres on heroes of prowess and honour and heroine with unalloyed faithfulness to the heroes. Mandane's rebellion against Zamti's loyalty to an Absolutist Monarch, in accordance with the English political trend of Constitutional Monarchy, consolidates her position as representing a significant chorus figure of Murphy's play in reacting to the current social and political changes. Also, Mandane interrogates Zeami's authority as a patriarch in her family through her emphasis on contractual patriarchy, which requires a husband to abide by his martial vows before he can rightfully demand his wife's subjugation, much as the modified kingship under Constitutional Monarchy needs to observe constitutional duties to the people. Condemning Zamti's failure in his family duty to protect their son, Mandane places more emphasis on the notion of loyalty to one's family than to a monarch. Murphy's theme reconsiders the virtues of patriarchy and patriotism, while clearly directing these to notions of gender and nationalism in British society.
Murphy's portrayal of Mandane's emotional outburst, exhibits irrational female passions that are dangerously subversive to a stable English society dominated by patriarchal patriotism. Mandane's fervour in defending her son's right to live, as well as her defiance against her husband's commands not to reveal their son's identity and not to commit suicide, designates a mode of rebellion that potentially jeopardizes the prospect of a nation founded on patriarchal rationality.
  • Document: Murphy, Arthur. The orphan of China : a tragedy. (London : Printed for P. Vaillant, 1759). [Adaption nach Du Halde, Jean-Baptiste. Description... [ID D1819]. [Ji, Junxiang. Zhao shi gu er]. [Adaptation von L'Orphelin de la Chine von Voltaire ; geschrieben 1754 ; Aufführung 1759 im Drury Lane Theater mit David Garrick als Zamti und Mary Ann Yates als Mandane ; Aufführung in Dublin 1761 ; Aufführung im Southwark Theater Philadelphia 1767 ; Aufführung John Street Theater New York 1768].
    http://books.google.at/books/about/The_orphan_of_China.html?id=rm8GAAAAQAAJ. (Mur1, Publication)
  • Document: Liu, Wu-chi [Liu Wuji]. The original orphan of China. In : Comparative literature ; vol. 5, no 3 (1953). [Betr. Arthur Murphy, William Hatchett].
    http://www.jstor.org/stable/pdf/1768912.pdf. (LiuWu1, Publication)
  • Document: Yang, Chi-ming [Yang, Jiming]. Virtue's vogues : Eastern authenticity and the commodification of Chinese-ness on the 18th-century stage. In : Comparative literature studies ; vol. 39, no 4 (2002). (YangC1, Publication)
  • Document: Ou, Hsin-yun. Arthur Murphy's views of Confucianism and gender. In : NTU studies in language and literature ; no 17 (2007). (Mur2, Publication)
  • Document: Ou, Hsin-yun [Ou, Xinyun]. Gender, consumption, and ideological ambiguity in David Garrick's production of The orphan of China (1759). In : Theatre journal ; vol. 60, no 3 (2008). (Ou1, Publication)
  • Person: Murphy, Arthur
12 1763 Voltaire. Traité sur la tolérance à l’occasion de la mort de Jean Calas [ID D20013].
Voltaire schreibt :
Chapitre IV :
Si la tolérance est dangereuse, et chez quels peuples elle est permise.
Le gouvernement de la Chine n'a jamais adopté, depuis plus de quatre mille ans qu'il est connu, que le culte des noachides, l'adoration simple d'un seul Dieu: cependant il tolère les superstitions de Fô. et une multitude de bonzes qui serait dangereuse si la sagesse des tribunaux ne les avait pas toujours contenus.
Il est vrai que le grand empereur Young-tching, le plus sage et le plus magnanime peut-être qu'ait eu la Chine, a chassé les jésuites; mais ce n'était pas parce qu'il était intolérant, c'était, au contraire, parce que les jésuites l'étaient. Ils rapportent eux-mêmes, dans leurs Lettres curieuses, les paroles que leur dit ce bon prince: "Je sais que votre religion est intolérante; je sais ce que vous avez fait aux Manilles et au Japon; vous avez trompé mon père, n'espérez pas me tromper moi-même." Qu'on lise tout le discours qu'il daigna leur tenir, on le trouvera le plus sage et le plus clément des hommes. Pouvait-il, en effet, retenir des physiciens d'Europe qui, sous le prétexte de montrer des thermomètres et des éolipyles à la cour, avaient soulevé déjà un prince du sang? Et qu'aurait dit cet empereur, s'il avait lu nos histoires, s'il avait connu nos temps de la Ligue et de la conspiration des poudres?
C'en était assez pour lui d'être informé des querelles indécentes des jésuites, des dominicains, des capucins, des prêtres séculiers, envoyés du bout du monde dans ses Etats: ils venaient prêcher la vérité, et ils s'anathématisaient les uns les autres. L'empereur ne fit donc que renvoyer des perturbateurs étrangers; mais avec quelle bonté les renvoya-t-il! quels soins paternels n'eut-il pas d'eux pour leur voyage et pour empêcher qu'on ne les insultât sur la route! Leur bannissement même fut un exemple de tolérance et d'humanité.
Chapitre XIX :
Relation d'une dispute de controverse à la ChineDans les premières années du règne du grand empereur Kang-hi, un mandarin de la ville de Kanton entendit de sa maison un grand bruit qu'on faisait dans la maison voisine: il s'informa si l'on ne tuait personne; on lui dit que c'était l'aumônier de la compagnie danoise, un chapelain de Batavia, et un jésuite qui disputaient; il les fit venir, leur fit servir du thé et des confitures, et leur demanda pourquoi ils se querellaient.
Le jésuite lui répondit qu'il était bien douloureux pour lui, qui avait toujours raison, d'avoir affaire à des gens qui avaient toujours tort; que d'abord il avait argumenté avec la plus grande retenue, mais qu'enfin la patience lui avait échappé.
Le mandarin leur fit sentir, avec toute la discrétion possible, combien la politesse est nécessaire dans la dispute, leur dit qu'on ne se fâchait jamais à la Chine, et leur demanda de quoi il s'agissait.
Le jésuite lui répondit: "Monseigneur, je vous en fais juge; ces deux messieurs refusent de se soumettre aux décisions du concile de Trente."
- "Cela m'étonne, dit le mandarin." Puis se tournant vers les deux réfractaires: "Il me paraît, leur dit-il, messieurs, que vous devriez respecter les avis d'une grande assemblée: je ne sais pas ce que c'est que le concile de Trente; mais plusieurs personnes sont toujours plus instruites qu'une seule. Nul ne doit croire qu'il en sait plus que les autres, et que la raison n'habite que dans sa tête; c'est ainsi que l'enseigne notre grand Confucius; et si vous m'en croyez, vous ferez très bien de vous en rapporter au concile de Trente."
Le Danois prit alors la parole, et dit: "Monseigneur parle avec la plus grande sagesse; nous respectons les grandes assemblées comme nous le devons; aussi sommes-nous entièrement de l'avis de plusieurs assemblées qui se sont tenues avant celle de Trente.
- Oh! si cela est ainsi, dit le mandarin, je vous demande pardon, vous pourriez bien avoir raison. Ca, vous êtes donc du même avis, ce Hollandais et vous, contre ce pauvre jésuite?
- Point du tout, dit le Hollandais; cet homme-ci a des opinions presque aussi extravagantes que celles de ce jésuite, qui fait ici le doucereux avec vous; il n'y a pas moyen d'y tenir.
- Je ne vous conçois pas, dit le mandarin; n'êtes-vous pas tous trois chrétiens? Ne venez-vous pas tous trois enseigner le christianisme dans notre empire? Et ne devez-vous pas par conséquent avoir les mêmes dogmes?
- Vous voyez, monseigneur, dit le jésuite; ces deux gens-ci sont ennemis mortels, et disputent tous deux contre moi: il est donc évident qu'ils ont tous les deux tort, et que la raison n'est que de mon côté.
- Cela n'est pas si évident, dit le mandarin; il se pourrait faire à toute force que vous eussiez tort tous trois; je serais curieux de vous entendre l'un après l'autre."
Le jésuite fit alors un assez long discours, pendant lequel le Danois et le Hollandais levaient les épaules; le mandarin n'y comprit rien. Le Danois parla à son tour; ses deux adversaires le regardèrent en pitié, et le mandarin n'y comprit pas davantage. Le Hollandais eut le même sort. Enfin ils parlèrent tous trois ensemble, ils se dirent de grosses injures. L'honnête mandarin eut bien de la peine à mettre le holà, et leur dit: "Si vous voulez qu'on tolère ici votre doctrine, commencez par n'être ni intolérants ni intolérables."
Au sortir de l'audience, le jésuite rencontra un missionnaire jacobin; il lui apprit qu'il avait gagné sa cause, l'assurant que la vérité triomphait toujours. Le jacobin lui dit: "Si j'avais été là, vous ne l'auriez pas gagnée; je vous aurais convaincu de mensonge et d'idolâtrie." La querelle s'échauffa; le jacobin et le jésuite se prirent aux cheveux. Le mandarin, informé du scandale, les envoya tous deux en prison. Un sous-mandarin dit au juge: "Combien de temps Votre Excellence veut-elle qu'ils soient aux arrêts? - Jusqu'à ce qu'ils soient d'accord, dit le juge. - Ah! dit le sous-mandarin, ils seront donc en prison toute leur vie. - Hé bien! dit le juge, jusqu'à ce qu'ils se pardonnent. - Ils ne se pardonneront jamais, dit l'autre; je les connais. - Hé bien donc! dit le mandarin, jusqu'à ce qu'ils fassent semblant de se pardonner."

Voltaire présente durant toute la décennie soixante, notamment dans le dix-septième chapitre se rendent compte du caractère proprement incohérent de la doctrine chrétienne dont les Jésuites, de par leur nom et leurs ‘sins infatigables’ sont les champions naturels. Ce qui est très intéressant, dans le cas de Voltaire, c'est qu'il parvient à donner à son discours l'air détaché et objectif d'une simple constatation de fait. L'attaque contre l'infâme, que le discours sur les Jésuites permet de véritablement cristalliser, se pare des couleurs attrayantes de l'histoire.
  • Document: Voltaire et la Chine. [Ed.] Institut et Musée Voltaire Genève ; Ville de Genève, Département des Affaires Culturelles. (Saint Malo : Ed. Cristel, 2003). [Ausstellung 5 mai-4 octobre 2003, Institut et Musée Voltaire Genève]. S. 15-16. (Vol4, Publication)
13 1764 Voltaire. Dictionnaire philosophique, portatif [ID D16610].
De la Chine : Section première.
Nous avons assez remarqué ailleur combien il est téméraire et maladroit de disputer à une nation telle que la chinoise ses titres authentiques. Nous n’avons aucune maison en Europe dont l’antiquité soit aussi bien prouvée que celle de l’empire de la Chine. Figurons-nous un savant maronite du Mont-Athos, qui contesterait la noblesse des Morosini, des Tiepolo, et des autres anciennes maisons de Venise, des princes d’Allemagne, des Montmorency, des Châtillon, des Talleyrand de France, sous prétexte qu'il n'en est parlé ni dans saint Thomas, ni dans saint Bonaventure. Ce maronite passerait-il pour un homme de bon sens ou de bonne foi?
Je ne sais quels lettrés de nos climats se sont effrayés de l’antiquité de la nation chinoise. Mais ce n'est point ici une affaire de scolastique. Laissez tous les lettrés chinois, tous les mandarins, tous les empereurs reconnaître Fo-hi pour un des premiers qui donnèrent des lois à la Chine, environ deux mille cinq ou six cents ans avant notre ère vulgaire. Convenez qu’il faut qu’il y ait des peuples avant qu'il y ait des rois. Convenez qu’il faut un temps prodigieux avant qu’un peuple nombreux, ayant inventé les arts nécessaires, se soit réuni pour se choisir un maître. Si vous n’en convenez pas, il ne nous importe. Nous croirons toujours sans vous que deux et deux font quatre.
Dans une province d’Occident, nommée autrefois la Celtique, on a poussé le goût de la singutarité et du paradoxe jusqu'à dire que les Chinois n'étaient qu’une colonie d'Égypte, ou bien, si l'on veut, de Phénicie. On a cru prouver, comme on prouve tant d'autres choses, qu'un roi d' Égypte, appelé Ménès par les Grecs, était le roi de la Chine Yu, et qu’Atoès ètait Ki, en changeant seulement quelques lettres; et voici de plus comme on a raisonné.
Les Égyptiens allumaient des flambeaux quelquefois pendant la nuit; les Chinois allument des lanternes: donc les Chinois sont évidemment une colonie d'Égypte. Le jésuite Parennin, qui avait déjà vécu vingt-cinq ans à la Chine, et qui possédait également la langue et les sciences des Chinois, a réfuté toutes ces imaginations avec autant de politesse que de mépris. Tous les missionnaires, tous les Chinois à qui l'on conta qu’au bout de l'Occident on faisait la réforme de l'empire de la Chine, ne firent qu'en rire. Le P. Parennin répondit un peu plus sérieusement. Vos Égyptiens, disait-il, passèrent apparemment par l'Inde pour aller peupler la Chine. L'Inde alors était-elle peuplée ou non? si elle l'était, aurait-elle laissé passer une armée étrangère? si elle ne l'était pas, les Égyptiens ne seraient-ils pas restés dans l'Inde? auraient-ils pénétré par des déserts et des montagnes impraticables jusqu’à la Chine, pour y aller fonder des colonies, tandis qu’ils pouvaient si aisément en établir sur les rivages fertiles de l’Inde et du Gange?
Les compilateurs d'une histoire universelle, imprimée en Angleterre, ont voulu aussi dépouiller les Chinois de leur antiquité, parce que les jésuites étaient les premiers qui avaient bien fait connaître la Chine. C'est là sans doute une bonne raison pour dire à toute une nation: Vous en avez menti.
Il y a, ce me semble, une réflexion bien importante à faire sur les témoignages que Confutzée, nommé parmi nous Confucius, rend à l'antiquité de sa nation: c'est que Confutzée n’avait nul intérêt de mentir; il ne faisait point le prophète; il ne se disait point inspiré; il n'enseignait point une religion nouvelle; il ne recourait point aux prestiges; il ne flatte point l'empereur sous lequel il vivait, il n'en parle seulement pas. C'est enfin le seul des instituteurs du monde qui ne se soit point fait suivre par des femmes.
J'ai connu un philosophe qui n'avait que le portrait de Confucius dans son arrière-cabinet: il mit au bas ces quatre vers:
De la seule raison salutaire interprète,
Sans éblouir le monde, éclairant les esprits,
Il ne parla qu'en sage, et jamais en prophète;
Cependant on le crut, et même en son pays.
J'ai lu ses livres avec attention; j'en ai fait des extraits; je n'y ai trouvé que la morale la plus pure, sans aucune teinture de charlatanisme. Il vivait six cents ans avant notre ère vulgaire. Ses ouvrages furent commentés par les plus savants hommes de la nation. S'il avait menti, s'il avait fait une fausse chronologie, s'il avait parlé d'empereurs qui n'eussent point existé, ne se serait-il trouvé personne dans une nation savante qui eût réformé la chronologie de Confutzée? Un seul Chinois a voulu le contredire, et il a été universellement bafoué.
Ce n'est pas ici la peine d'opposer le monument de la grande muraille de la Chine aux monuments des autres nations, qui n'en ont jamais approché; ni de redire que les pyramides d'Égypte ne sont que des masses inutiles et puériles en comparaison de ce grand ouvrage; ni de parler de trente-deux éclipses calculées dans l'ancienne chronique de la Chine, dont vingt-huit ont été vérifiées par les mathématiciens d'Europe; ni de faire voir combien le respect des Chinois pour leurs ancêtres assure l'existence de ces mêmes ancêtres; ni de répéter au long combien ce même respect a nui chez eux aux progrès de la physique, de la géométrie, et de l'astronomie.
On sait assez qu'ils sont encore aujourd’hui ce que nous étions tous il y a environ trois cents ans, des raisonneurs très ignorants. Le plus savant Chinois ressemble à un de nos savants du xve siècle qui possédait son Aristote. Mais on peut être un fort mauvais physicien et un excellent moraliste. Aussi c'est dans la morale et dans l'économie politique, dans l'agriculture, dans les arts nécessaires, que les Chinois se sont perfectionnés. Nous leur avons enseigné tout le reste; mais dans cette partie nous devions être leurs disciples.

De l'expulsion des missionnaires de la Chine.
Humainement parlant, et indépendamment des services que les jésuites pouvaient rendre à la religion chrétienne, n'étaient-ils pas bien malheureux d’être venus de si loin porter la discorde et le trouble dans le plus vaste royaume et le mieux policé de la terre? Et n'était-ce pas abuser horriblement de l’indulgence et de la bonté des peuples orientaux, surtout après les torrents de sang versés à leur occasion au Japon? scène affreuse dont cet empire n’a cru pouvoir prévenir les suites qu’en fermant ses ports à tous les étrangers.
Les jésuites avaient obtenu de l’empereur de la Chine Kang-hi la permission d’enseigner le catholicisme; ils s'en servirent pour faire croire à la petite portion du peuple dirigé par eux qu’on ne pouvait servir d'autre maître que celui qui tenait la place de Dieu sur la terre, et qui résidait en Italie sur le bord d'une petite rivière nommée le Tibre; que toute autre opinion religieuse, tout autre culte, était abominable aux yeux de Dieu, et qu'il punirait éternellement quiconque ne croirait pas aux jésuites; que l'empereur Kang-hi, leur bienfaiteur, qui ne pouvait pas prononcer christ, parce que les Chinois n'ont point la lettre R, serait damné à tout jamais; que l’empereur Yong-tching, son fils, le serait sans miséricorde; que tous les ancêtres des Chinois et des Tartares l'étaient; que leurs descendants le seraient, ainsi que tout le reste de la terre; et que les révérends pères jésuites avaient une compassion vraiment paternelle de la damnation de tant d’âmes.
Ils vinrent à bout de persuader trois princes du sang tartare. Cependant l'empereur Kang-hi mourut à la fin de 1722. Il laissa l'empire à son quatrième fils Yong-tching, qui a été si célèbre dans le monde entier par la justice et par la sagesse de son gouvernement, par l'amour de ses sujets, et par l'expulsion des jésuites.
Ils commencèrent par baptiser les trois princes et plusieurs personnes de leur maison: ces néophytes eurent le malheur de désobéir à l'empereur en quelques points qui ne regardaient que le service militaire. Pendant ce temps-là même l'indignation de tout l'empire éclata contre les missionnaires; tous les gouverneurs des provinces, tous les colaos, présentèrent contre eux des mémoires. Les accusations furent portées si loin qu'on mit aux fers les trois princes disciples des jésuites.
Il est évident que ce n'était pas pour avoir été baptisés qu’on les traita si durement, puisque les jésuites eux-mêmes avouent dans leurs lettres que pour eux ils n'essuyèrent aucune violence, et que même ils furent admis à une audience de l'empereur, qui les honora de quelques présents. Il est donc prouvé que l’empereur Yong-tching n'était nullement persécuteur et si les princes furent renfermés dans une prison vers la Tartarie, tandis qu’on traitait si bien leurs convertisseurs, c'est une preuve indubitable qu’ils étaient prisonniers d'État, et non pas martyrs.
L'empereur céda bientôt après aux cris de la Chine entière; on demandait le renvoi des jésuites, comme depuis en France et dans d'autres pays on a demandé leur abolition. Tous les tribunaux de la Chine voulaient qu'on les fît partir sur-le-champ pour Macao, qui est regardé comme une place séparée de l'empire, et dont on a laissé toujours la possession aux Portugais avec garnison chinoise.
Yong-tching eut la bonté de consulter les tribunaux et les gouverneurs, pour savoir s'il y aurait quelque danger à faire conduire tous les jésuites dans la province de Kanton. En attendant la réponse il fit venir trois jésuites en sa présence, et leur dit ces propres paroles, que le P. Parennin rapporte avec beaucoup de bonne foi: Vos Enropéans dans la province de Fo-Kien voulaient anéantir nos lois, et troublaient nos peuples; les tribunaux me les ont déférés; j'ai dû pourvoir à ces désordres; il y va de l'intérêt de l’empire... Que diriez-vous si j'envoyais dans votre pays une troupe de bonzes et de lamas prêcher leur loi? comment les recevriez-vous?... Si vous avez su tromper mon père, n'espérez pas me tromper de même... Vous voulez que les Chinois se fassent chrétiens, votre loi le demande, je le sais bien; mais alors que deviendrions-nous? les sujets de vos rois. Les chrétiens ne croient que vous; dans un temps de trouble ils n'écouteraient d’autre voix que la vôtre. Je sais bien qu'actuellement il n'y a rien à craindre; mais quand les vaisseaux viendront par mille et dix mille, alors il pourrait y avoir du désordre.
La Chine au nord touche le royaume des Russes, qui n'est pas méprisable; elle a au sud les Européans et leurs royaumes, qui sont encore plus considérables; et à l'ouest les princes de Tartarie, qui nous font la guerre depuis huit ans.., Laurent Lange, compagnon du prince Ismaelof, ambassadeur du czar, demandait qu'on accordât aux Russes la permission d'avoir dans toutes les provinces une factorerie; on ne le leur permit qu'à Pékin et sur les limites de Kalkas. Je vous permets de demeurer de même ici et à Kanton, tant que vous ne donnerez aucun sujet de plainte; et si vous en donnez, je ne vous laisserai ni ici ni à Kanton.
On abattit leurs maisons et leurs églises dans toutes les autres provinces. Enfin les plaintes contre eux redoublèrent. Ce qu'on leur reprochait le plus, c'était d'affaiblir dans les enfants le respect pour leurs pères, en ne rendant point les honneurs dus aux ancêtres; d'assembler indécemment les jeunes gens et les filles dans les lieux écartés qu'ils appelaient églises; de faire agenouiller les filles entre leurs jambes, et de leur parler bas en cette posture. Rien ne paraissait plus monstrueux à la délicatesse chinoise. L’empereur Yongtching daigna même en avertir les jésuites: après quoi il renvoya la plupart des missionnaires à Macao, mais avec des politesses et des attentions dont les seuls Chinois peut-être sont capables.
Il retint à Pékin quelques jésuites mathématiciens, entre autres ce même Parennin dont nous avons déjà parlé, et qui, possédant parfaitement le chinois et le tartare, avait souvent servi d'interprète. Plusieurs jésuites se cachèrent dans des provinces éloignées, d'autres dans Kanton même; et on ferma les yeux.
Enfin l'empereur Yong-tching étant mort, son fils et son successeur Kien-Long acheva de contenter la nation en faisant partir pour Macao tous les missionnaires déguisés qu'on put trouver dans l’empire. Un édit solennel leur en interdit à jamais l'entrée. S'il en vient quelques-uns, on les prie civilement d’aller exercer leurs talents ailleurs. Point de traitement dur, point de persécution. On m'a assuré qu’en 1760, un jésuite de Rome étant allé à Kanton, et ayant été déféré par un facteur des Hollandais, le colao, gouverneur de Kanton, le renvoya avec un présent d’une pièce de soie, des provisions, et de l'argent.

Du prétendu athéisme de la Chine.
On a examiné plusieurs fois cette accusation d’athéisme, intentée par nos théologaux d'Occident contre le gouvernement chinois à l'autre bout du monde; c'est assurément le dernier excès de nos folies et de nos contradictions pédantesques. Tantôt on prétendait dans une de nos facultés que les tribunaux ou parlements de la Chine étaient idolâtres, tantôt qu'ils ne reconnaissaient point de Divinité et ces raisonneurs poussaient quelquefois leur fureur de raisonner jusqu’à soutenir que les Chinois étaient à la fois athées et idolâtres.
Au mois d’octobre 1700, la Sorbonne déclara hérétiques toutes les propositions qui soutenaient que l'empereur et les colaos croyaient en Dieu. On faisait de gros livres dans lesquels on démontrait, selon la façon théologique de démontrer, que les Chinois n’adoraient que le ciel matériel.
Nil præter nubes et coeli numen adorant.
Mais s'ils adoraient ce ciel matériel, c'était donc là leur dieu. Ils ressemblaient aux Perses, qu'on dit avoir adoré le soleil; ils ressemblaient aux anciens Arabes, qui adoraient les étoiles; ils n'étaient donc ni fabricateurs d'idoles, ni athées. Mais un docteur n'y regarde pas de si près, quand il s'agit dans son tripot de déclarer une proposition hérétique et malsonnante.
Ces pauvres gens, qui faisaient tant de fracas en 1700 sur le ciel matériel des Chinois, ne savaient pas qu’en 1689 les Chinois, ayant fait la paix avec les Russes à Niptchou, qui est la limite des deux empires, ils érigèrent la même année, le 8 septembre, un monument de marbre sur lequel on grava en langue chinoise et en latin ces paroles mémorables:
Si quelqu'un a jamais la pensée de rallumer le feu de la guerre, nous prions le Seigneur souverain de toutes choses, qui connaît les coeurs, de punir ces perfides, etc.
Il suffisait de savoir un peu de l’histoire moderne pour mettre fin à ces disputes ridicules; mais les gens qui croient que le devoir de l'homme consiste à commenter saint Thomas et Scot ne s'abaissent pas à s’informer de ce qui se passe entre les plus grands empires de la terre.

Section II.
Nous allons chercher à la Chine de la terre, comme si nous n'en avions point; des étoffes, comme si nous manquions d'étoffes; une petite herbe pour infuser dans de l'eau, comme si nous n'avions point de simples dans nos climats. En récompense, nous voulons convertir les Chinois: c'est un zèle très louable mais il ne faut pas leur contester leur antiquité, et leur dire qu’ils sont des idolâtres. Trouverait-on bon, en vérité, qu'un capucin, ayant été bien reçu dans un château des Montmorency, voulût leur persuader qu'ils sont nouveaux nobles, comme les secrétaires du roi, et les accuser d'être idolâtres, parce qu'il aurait trouvé dans ce château deux ou trois statues de connétables, pour lesquelles on aurait un profond respect?
Le célèbre Wolf, professeur de mathématiques dans l'université de Hall, prononça un jour un très bon discours à la louange de la philosophie chinoise; il loua cette ancienne espèce d’hommes, qui diffère de nous par la barbe, par les yeux, par le nez, par les oreilles, et par le raisonnement; il loua, dis-je, les Chinois d'adorer un Dieu suprême, et d'aimer la vertu; il rendait cette justice aux empereurs de la Chine, aux colaos, aux tribunaux, aux lettrés. La justice qu'on rend aux bonzes est d'une espèce différente.
Il faut savoir que ce Wolf attirait à Hall un millier d’écoliers de toutes les nations. Il y avait dans la même université un professeur de théologie nommé Lange, qui n'attirait personne; cet homme, au désespoir de geler de froid seul dans son auditoire, voulut, comme de raison, perdre le professeur de mathématiques; il ne manqua pas, selon la coutume de ses semblables, de l'accuser de ne pas croire en Dieu.
Quelques écrivains d'Europe, qui n'avaient jamais été à la Chine, avaient prétendu que le gouvernement de Pékin était athée. Wolf avait loué les philosophes de Pékin, donc Wolf était athée; l’'envie et la haine ne font jamais de meilleurs syllogismes. Cet argument de Lange, soutenu d'une cabale et d'un protecteur, fut trouvé concluant par le roi du pays, qui envoya un dilemme en forme au mathématicien ce dilemme lui donnait le choix de sortir de Hall dans vingt-quatre heures, ou d'être pendu. Et comme Wolf raisonnait fort juste, il ne manqua pas de partir; Sa retraite ôta au roi deux ou trois cent mille écus par an, que ce philosophe faisait entrer dans le royaume par l'affluence de ses disciples.
Cet exemple doit faire sentir aux souverains qu'il ne faut pas toujours écouter la calomnie, et sacrifier un grand homme à la fureur d'un sot. Revenons à la Chine.
De quoi nous avisons-nous, nous autres au bout de l'Occident, de disputer avec acharnement et avec des torrents d'injures, pour savoir s'il y avait eu quatorze princes, ou non, avant Fo-hi, empereur de la Chine, et si ce Fo-hi vivait trois mille, ou deux mille neuf cents ans avant notre ère vulgaire? Je voudrais bien que deux Irlandais s'avisassent de se quereller à Dublin pour savoir quel fut, au xiie siècle, le possesseur des terres que j'occupe aujourd'hui; n'est-il pas évident qu'ils devraient s'en rapporter à moi, qui ai les archives entre mes mains? Il en est de même à mon gré des premiers empereurs de la Chine; il faut s'en rapporter aux tribunaux du pays.
Disputez tant qu'il vous plaira sur les quatorze princes qui régnèrent avant Fo-hi, votre belle dispute n’aboutira qu'à prouver que la Chine était très peuplée alors, et que les lois y régnaient. Maintenant, je vous demande si une nation assemblée, qui a des lois et des princes, ne suppose pas une prodigieuse antiquité? Songez combien de temps il faut pour qu'un concours singulier de circonstances fasse trouver le fer dans les mines, pour qu'on l’emploie à l'agriculture, pour qu'on invente la navette et tous les autres arts.
Ceux qui font les enfants à coups de plume ont imaginé un fort plaisant calcul. Le jésuite Pétau, par une belle supputation, donne à la terre, deux cent quatre-vingt-cinq ans après le déluge, cent fois plus d’habitants qu'on n'ose lui en supposer à présent. Les Cumberland et les Whiston ont fait des calculs aussi comiques; ces bonnes gens n'avaient qu'à consulter les registres de nos colonies en Amérique, ils auraient été bien étonnés, ils auraient appris combien peu le genre humain se multiplie, et qu'il diminue très souvent au lieu d'augmenter.
Laissons donc, nous qui sommes d'hier, nous descendants des Celtes, qui venons de défricher les forêts de nos contrées sauvages laissons les Chinois et les Indiens jouir en paix de leur beau climat et de leur antiquité. Cessons surtout d'appeler idolâtres l'empereur de la Chine et le soubab de Dékan. Il ne faut pas être fanatique du mérite chinois: la constitution de leur empire est à la vérité la meilleure qui soit au monde la seule qui soit toute fondée sur le pouvoir paternel; la seule dans laquelle un gouverneur de province soit puni quand, en sortant de charge, il n'a pas eu les acclamations du peuple; la seule qui ait institué des prix pour la vertu, tandis que partout ailleurs les lois se bornent à punir le crime; la seule qui ait fait adopter ses lois à ses vainqueurs, tandis que nous sommes encore sujets aux coutumes des Burgundiens, des Francs et des Goths, qui nous ont domptés. Mais on doit avouer que le petit peuple, gouverné par des bonzes, est aussi fripon que le nôtre; qu'on y vend tout fort cher aux étrangers, ainsi que chez nous; que dans les sciences, les Chinois sont encore au terme où nous étions il y a deux cents ans; qu'ils ont comme nous mille préjugés ridicules; qu'ils croient aux talismans, à l'astrologie judiciaire, comme nous y avons cru longtemps.
Avouons encore qu'ils ont été étonnés de notre thermomètre, de notre manière de mettre des liqueurs à la glace avec du salpêtre, et de toutes les expériences de Toricelli et d’Otto de Guericke, tout comme nous le fûmes lorsque nous vîmes ces amusements de physique pour la première fois; ajoutons que leurs médecins ne guérissent pas plus les maladies mortelles que les nôtres, et que la nature toute seule guérit à la Chine les petites maladies comme ici; mais tout cela n'empêche pas que les Chinois, il y a quatre mille ans, lorsque nous ne savions pas lire, ne sussent toutes les choses essentiellement utiles dont nous nous vantons aujourd’hui.
La religion des lettrés, encore une fois, est admirable. Point de superstitions, point de légendes absurdes, point de ces dogmes qui insultent à la raison et à la nature, et auxquels des bonzes donnent mille sens différents, parce qu'ils n'en ont aucun. Le culte le plus simple leur a paru le meilleur depuis plus de quarante siècles. Ils sont ce que nous pensons qu'étaient Seth, Énoch et Noé; ils se contentent d'adorer un Dieu avec tous les sages de la terre, taudis qu'en Europe on se partage entre Thomas et Bonaventure, entre Calvin et Luther, entre Jansénius et Molina.

Anthropophages : Section 2
Marco Paolo, ou Marc Paul, dit que de son temps, dans une partie de la Tartarie, les magiciens ou les prêtres (c'était la même chose) avaient le droit de manger la chair des criminels condamnés à la mort. Tout cela soulève le coeur; mais le tableau du genre humain doit souvent produire cet effet. Comment des peuples, toujours séparés les uns des autres, ont-ils pu se réunir dans une si horrible coutume? Faut-il croire qu'elle n'est pas absolument aussi opposée à la nature humaine qu'elle le paraît? Il est sûr qu'elle est rare, mais il est sûr qu'elle existe. On ne voit pas que ni les Tartares ni les Juifs aient mangé souvent leurs semblables... La Relation des Indes et de la Chine, faite au VIIIe siècle par deux Arabes, et traduite par l'abbé Renaudot, n'est pas un livre qu'on doive croire sans examen; il s'en faut beaucoup: mais il ne faut pas rejeter tout ce que ces deux voyageurs disent, surtout lorsque leur rapport est confirmé par d'autres auteurs qui ont mérité quelque créance. Ils assurent que dans la mer des Indes il y a des îles peuplées de nègres qui mangeaient des hommes. Ils appellent ces îles Ramni. Le géographe de Nubie les nomme Rammi, ainsi que la Bibliothèque orientale d'Herbelot. Marc Paul [Marco Polo], qui n'avait point lu la relation de ces deux Arabes, dit la même chose quatre cents ans après eux. L'archevêque Navarrète, qui a voyagé depuis dans ces mers, confirme ce témoignage: Los europeos que cogen, et constante que vivos se los van comiendo... Ce qui est plus extraordinaire et plus incroyable, c'est que les deux Arabes attribuent aux Chinois mêmes ce que Marc Paul avance de quelques Tartares, qu'en général, les Chinois mangent tous ceux qui ont été tués. Cette horreur est si éloignée des moeurs chinoises qu'on ne peut la croire. Le P. Parennin l'a réfutée en disant qu'elle ne mérite pas de réfutation. Cependant il faut bien observer que le VIIIe siècle, temps auquel ces Arabes écrivirent leur voyage était un des siècles les plus funestes pour les Chinois. Deux cent mille Tartares passèrent la grande muraille, pillèrent Pékin, et répandirent partout la désolation la plus horrible. Il est très vraisemblable qu'il y eut alors une grande famine. La Chine était aussi peuplée qu'aujourd'hui. Il se peut que dans le petit peuple quelques misérables aient mangé des corps morts. Quel intérêt auraient eu ces Arabes à inventer une fable si dégoûtante? Ils auront pris peut-être, comme presque tous les voyageurs, un exemple particulier pour une coutume du pays.

Jean-Robert Armogathe : La passion avec laquelle Voltaire défend la cause de la Chine, comme toutes les causes qu'il défendit. Il refuse d'admettre Anciennes relations des Indes et de la Chine [ID D19820] pour discréditer les Chinois.
  • Document: Voltaire. Dictionnaire philosophique, portatif. (Londres [i.E. Geneva : Cramer], 1764). http://www.voltaire-integral.com/Html/18/chine.htm.
    http://www.voltaire-integral.com/Html/17/anthropophages.htm
    . (Volt, Publication)
  • Document: La mission française de Pékin aux XVIIe et XVIIIe siècles. Centre de recherches interdisciplinaire de Chantilly. (Paris : Les belles lettres, 1976). (Actes du Colloque international de sinologie. La Chine au temps des lumières ; 2).
    [Enthält] :
    Loehr, George R. L'artiste Jean-Denis Attiret et l'influence exercée par sa description des jardins impériaux. In : La mission française de Pékin aux XVIIe et XVIIIe siècles. Centre de recherches interdisciplinaire de Chantilly. (Paris : Les belles lettres, 1976). (Actes du Colloque international de sinologie. La Chine au temps des lumières ; 2). S. 31. (Miss1, Publication)
  • Person: Wolff, Christian
14 1764 Voltaire. Catéchisme chinois [ID D19776].
PREMIER ENTRETIEN.
KOU.
Que dois-je entendre quand on me dit d'adorer le ciel (Chang-ti)?
CU-SU.
Ce n'est pas le ciel matériel que nous voyons; car ce ciel n'est autre chose que l'air, et cet air est composé de toutes les exhalaisons de la terre: ce serait une folie bien absurde d'adorer des vapeurs.
KOU.
Je n'en serais pourtant pas surpris. Il me semble que les hommes ont fait des folies encore plus grandes.
CU-SU.
Il est vrai; mais vous êtes destiné à gouverner; vous devez être sage.
KOU.
Il y a tant de peuples qui adorent le ciel et les planètes?
CU-SU.
Les planètes ne sont que des terres comme la nôtre. La lune, par exemple, ferait aussi bien d’adorer notre sable et notre boue, que nous de nous mettre à genoux devant le sable et la boue de la lune.
KOU.
Que prétend-on quand on dit: le ciel et la terre, monter au ciel, être digne du ciel?
CU-SU.
On dit une énorme sottise, il n'y a point de ciel; chaque planète est entourée de son atmosphère, comme d'une coque, et roule dans l'espace autour de son soleil. Chaque soleil est le centre de plusieurs planètes qui voyagent continuellement autour de lui: il n'y a ni haut, ni bas, ni montée, ni descente. Vous sentez que si les habitants de la lune disaient qu'on monte à la terre, qu'il faut se rendre digne de la terre, ils diraient une extravagance. Nous prononçons de même un mot qui n'a pas de sens, quand nous disons qu'il faut se rendre digne du ciel; c'est comme si nous disions: Il faut se rendre digne de l'air, digne de la constellation du dragon, digne de l'espace.
KOU.
Je crois vous comprendre; il ne faut adorer que le Dieu qui a fait le ciel et la terre.
CU-SU.
Sans doute; il faut n'adorer que Dieu. Mais quand nous disons qu'il a fait le ciel et la terre, nous disons pieusement une grande pauvreté. Car, si nous entendons par le ciel l'espace prodigieux dans lequel Dieu alluma tant de soleils, et fit tourner tant de mondes, il est beaucoup plus ridicule de dire le ciel et la terre que de dire les montagnes et un grain de sable. Notre globe est infiniment moins qu'un grain de sable en comparaison de ces millions de milliards d'univers devant lesquels nous disparaissons. Tout ce que nous pouvons faire, c'est de joindre ici notre faible voix à celle des êtres innombrables qui rendent hommage à Dieu dans l'abîme de l'étendue.
KOU.
On nous a donc bien trompés quand on nous a dit que Fo était descendu chez nous du quatrième ciel, et avait paru en éléphant blanc.
CU-SU.
Ce sont des contes que les bonzes font aux enfants et aux vieilles: nous ne devons adorer que l’auteur éternel de tous les êtres.
KOU.
Mais comment un être a-t-il pu faire les autres?
CU-SU.
Regardez cette étoile; elle est à quinze cent mille millions de lis de notre petit globe; il en part des rayons qui vont faire sur vos yeux deux angles égaux au sommet; ils font les mêmes angles sur les yeux de tous les animaux: ne voilà-t-il pas un dessein marqué? ne voilà-t-il pas une loi admirable? Or qui fait un ouvrage, sinon un ouvrier? qui fait des lois, sinon un législateur? Il y a donc un ouvrier, un législateur éternel.
KOU.
Mais qui a fait cet ouvrier? et comment est-il fait?
CU-SU.
Mon prince, je me promenais hier auprès du vaste palais qu’a bâti le roi votre père. J'entendis deux grillons, dont l'un disait à l’autre: «'Voilà un terrible édifice. — Oui, dit l'autre tout glorieux que je suis, j'avoue que c'est quelqu'un de plus puissant que les grillons qui a fait ce prodige; mais je n’ai point d'idée de cet être-là; je vois qu'il est, mais je ne sais ce qu'il est.»
KOU.
Je vous dis que vous êtes un grillon plus instruit que moi; et ce qui me plaît en vous, c'est que vous ne prétendez pas savoir ce que vous ignorez.
DEUXIÈME ENTRETIEN.
CU-SU.
Vous convenez donc qu'il y a un être tout-puissant, existant par lui-même, suprême artisan de toute la nature?
KOU.
Oui; mais sil existe par lui-même, rien ne peut donc le borner, et il est donc partout; il existe donc dans toute la matière, dans toutes les parties de moi-même?
CU-SU.
Pourquoi non?
KOU.
Je serais donc moi-même une partie de la Divinité?
CU-SU.
Ce n'est peut-être pas une conséquence. Ce morceau de verre est pénétré de toutes parts de la lumière; est-il lumière cependant lui-même? ce n’est que du sable, et rien de plus. Tout est en Dieu, sans doute; ce qui anime tout doit être partout. Dieu n’est pas comme l'empereur de la Chine, qui habite son palais, et qui envoie ses ordres par des colaos. Dès là qu'il existe, il est nécessaire que sou existence remplisse tout l'espace et tous ses ouvrages; et puisqu'il est dans vous, c'est un avertissement continuel de ne rien faire dont vous puissiez rougir devant lui.
KOU.
Que faut-il faire pour oser ainsi se regarder soi-même sans répugnance et sans honte devant l'Être suprême?
CU-SU.
Être juste.
KOU.
Et quoi encore?
CU-SU.
Être juste.
KOU.
Mais la secte de Laokium dit qu'il n'y a ni juste ni injuste, ni vice ni vertu.
CU-SU.
La secte de Laokium dit-elle qu'il n y a ni santé ni maladie?
KOU.
Non, elle ne dit point une si grande erreur.
CU-SU.
L'erreur de penser qu'il n'y a ni santé de l'âme ni maladie de l'âme, ni vertu ni vice, est aussi grande et plus funeste. Ceux qui ont dit que tout est égal sont des monstres: est-il égal de nourrir son fils ou de l'écraser sur la pierre, de secourir sa mère ou de lui plonger un poignard dans le coeur?
KOU.
Vous me faites frémir; je déteste la secte de Laokium; mais il y a tant de nuances du juste et de l'injuste! on est souvent bien incertain. Quel homme sait précisément ce qui est permis ou ce qui est défendu? Qui pourra poser sûrement les bornes qui séparent le bien et le mal? quelle règle me donnerez-vous pour les discerner?
CU-SU.
Celle de Confutzée, mon maître: «Vis comme en mourant tu voudrais avoir vécu; traite ton prochain comme tu veux qu'il te traite.»
KOU.
Ces maximes, je l'avoue, doivent être le code du genre humain; mais que m'importera en mourant d'avoir bien vécu? qu'y gagnerai-je? Cette horloge, quand elle sera détruite, sera-t-elle heureuse d'avoir bien sonné les heures?
CU-SU.
Cette horloge ne sent point, ne pense point; elle ne peut avoir des remords, et vous en avez quand vous vous sentez coupable.
KOU.
Mais si, après avoir commis plusieurs crimes, je parviens à n'avoir plus de remords?
CU-SU.
Alors il faudra vous étouffer; et soyez sûr que parmi les hommes qui n'aiment pas qu’on les opprime il s'en trouvera qui vous mettront hors d'état de faire de nouveaux crimes.
KOU.
Ainsi Dieu, qui est en eux, leur permettra d'être méchants après m'avoir permis de l'être?
CU-SU.
Dieu vous a donné raison: n'en abusez, ni vous, ni eux. Non seulement vous serez malheureux dans cette vie, mais qui vous a dit que vous ne le seriez pas dans une autre?
KOU.
Et qui vous a dit qu'il y a une autre vie?
CU-SU.
Dans le doute seul, vous devez vous conduire comme s'il y en avait une.
KOU.
Mais si je suis sûr qu'il n'y en a point?
CU-SU.
Je vous en défie.
TROISIÈME ENTRETIEN.
KOU.
Vous me poussez, Cu-su. Pour que je puisse être récompensé ou puni quand je ne serai plus, il faut qu'il subsiste dans moi quelque chose qui sente et qui pense après moi. Or comme avant ma naissance rien de moi n'avait ni sentiment ni pensée, pourquoi y en aurait-il après ma mort? que pourrait être cette partie incompréhensible de moi-même? Le bourdonnement de cette abeille restera-t-il quand labeille ne sera plus? La végétation de cette plante subsiste-t-elle quand la plante est déracinée? La végétation n'est-elle pas un mot dont on se sert pour signifier la manière inexplicable dont l'Être suprême a voulu que la plante tirât les sucs de la terre? L'âme est de même un mot inventé pour exprimer faiblement et obscurément les ressorts de notre vie. Tous les animaux se meuvent; et cette puissance de se mouvoir, on l'appelle force active; mais il n'y a pas un être distinct qui soit cette force. Nous avons des passions; cette mémoire, cette raison, ne sont pas, sans doute, des choses à part; ce ne sont pas des êtres existants dans nous; ce ne sont pas de petites personnes qui aient une existence particulière; ce sont des mots génériques, inventés pour fixer nos idées. L'âme, qui signifie notre mémoire, notre raison, nos passions, n'est donc elle-même qu'un mot. Qui fait le mouvement dans la nature? c'est Dieu. Qui fait végéter tontes les plantes? c'est Dieu. Qui fait le mouvement dans les animaux? c'est Dieu. Qui fait la pensée de l’homme? c'est Dieu.
Si l'âme humaine était une petite personne renfermée dans notre corps, qui en dirigeât les mouvements et les idées, cela ne marquerait-il pas dans l'éternel artisan du monde une impuissance et un artifice indigne de lui? il n'aurait donc pas été capable de faire des automates qui eussent dans eux-mêmes le don du mouvement et de la pensée? Vous m'avez appris le grec, vous m’avez fait lire Homère; je trouve Vulcain un divin forgeron, quand il fait des trépieds d'or qui vont tout seuls au conseil des dieux; mais ce Vulcain me paraîtrait un misérable charlatan s'il avait caché dans le corps de ces trépieds quelqu'un de ses garçons qui les fit mouvoir sans qu’on s’en aperçût.
Il y a de froids rêveurs qui ont pris pour une belle imagination l'idée de faire rouler des planètes par des génies qui les poussent sans cesse; mais Dieu n'a pas été réduit â cette pitoyable ressource: en un mot, pourquoi mettre deux ressorts à un ouvrage lorsqu'un seul suffit? Vous n'oserez pas nier que Dieu ait le pouvoir d'animer l'être peu connu que nous appelons matière; pourquoi donc se servirait-il d’un autre agent pour l'animer?
Il y a bien plus ce serait cette âme que vous donnez si libéralement à notre corps? d'où viendrait-elle? quand viendrait-elle? faudrait-il que le Créateur de l'univers fût continuellement à laffût de l’accouplement des hommes et des femmes, qu'il remarquât attentivement le moment où un germe sort du corps d'un homme et entre dans le corps d'une femme, et qu'alors il envolât vite une âme dans ce germe? et si ce germe meurt, que deviendra cette âme? elle aura donc été créée inutilement, ou elle attendra une autre occasion.
Voilà, je vous l'avoue, une étrange occupation pour le maître du monde; et non seulement il faut qu'il prenne garde continuellement à la copulation de l'espèce humaine, mais il faut qu'il en fasse autant avec tous les animaux car ils ont tous comme nous de la mémoire, des idées, des passions; et si une âme est nécessaire pour former ces sentiments, cette mémoire, ces idées, ces passions, il faut que Dieu travaille perpétuellement à forger des âmes pour les éléphants, et pour les porcs, pour les hiboux, pour les poissons et pour les bonzes?
Quelle idée me donnerez-vous de l'architecte de tant de millions de mondes, qui serait obligé de faire continuellement des chevilles invisibles pour perpétuer son ouvrage?
Voilà une très petite partie des raisons qui peuvent me faire douter de l'existence de l'âme.
CU-SU.
Vous raisonnez de bonne foi; et ce sentiment vertueux, quand même il serait erroné, serait agréable à l'Être suprême. Vous pouvez vous tromper, mais vous ne cherchez pas à vous tromper, et dès lors vous êtes excusable. Mais songez que vous ne m'avez proposé que des doutes, et que ces doutes sont tristes. Admettez des vraisemblances plus consolantes: il est dur d'être anéanti; espérez de vivre. Vous savez qu'une pensée n'est point matière, vous savez qu'elle n'a nul rapport avec la matière; pourquoi donc vous serait-il si difficile de croire que Dieu a mis dans vous un principe divin qui, ne pouvant être dissous, ne peut être sujet à la mort? Oseriez-vous dire qu'il est impossible que vous ayez une âme? non, sans doute: et si cela est possible, n'est-il pas très vraisemblable que vous en avez une? pourriez-vous rejeter un système si beau et si nécessaire au genre humain? et quelques difficultés vous rebuteront-elles?
KOU.
Je voudrais embrasser ce système, mais je voudrais qu'il me fût prouvé. Je ne suis pas Je maître de croire quand je n'ai pas d'évidence. Je suis toujours frappé de cette grande idée que Dieu a tout fait, qu'il est partout, qu'il pénètre tout, qu'il donne le mouvement et la vie à tout; et s'il est dans toutes les parties de mon être, comme il est dans toutes les parties de la nature, je ne vois pas quel besoin j'ai d’une âme. Qu’ai-je à faire de ce petit être subalterne, quand je suis animé par Dieu même? à quoi me servirait cette âme? Ce n'est pas nous qui nous donnons nos idées, car nous les avons presque toujours malgré nous; nous en avons quand nous sommes endormis; tout se fait en nous sans que nous nous on mêlions. L'âme aurait beau dire au sang et aux esprits animaux: Courez, je vous prie, de cette façon pour me faire plaisir; ils circuleront toujours de la manière que Dieu leur a prescrite. J’'aime mieux être la machine d'un Dieu qui m'est démontré que d'être la machine d'une âme dont je doute.
CU-SU.
Eh bien! si Dieu même vous anime, ne souillez jamais par des crimes ce Dieu qui est en vous; et s'il vous a donné une âme, que cette âme ne l'offense jamais. Dans l'un et dans l'autre système vous avez une volonté; vous êtes libre; c'est-à-dire vous avez le pouvoir de faire ce que vous voulez: servez-vous de ce pouvoir pour servir ce Dieu qui vous l'a donné. Il est bon que vous soyez philosophe, mais il est nécessaire que vous soyez juste. Vous le serez encore plus quand vous croirez avoir une âme immortelle.
Daignez me répondre n'est-il pas vrai que Dieu est la souveraine justice?
KOU.
Sans doute; et s'il était possible qu’il cessât de l'être (ce qui est un blasphème), je voudrais, moi, agir avec équité.
CU-SU.
N'est-il pas vrai que votre devoir sera de récompenser les actions vertueuses, et de punir les criminelles quand vous serez sur le trône? Voudriez-vous que Dieu ne fît pas ce que vous-même vous êtes tenu de faire? Vous savez qu'il est et qu'il sera toujours dans cette vie des vertus malheureuses et des crimes impunis; il est donc nécessaire que le bien et le mal trouvent leur jugement dans une autre vie. C'est cette idée si simple, si naturelle, si générale, qui a établi chez tant de nations la croyance de l'immortalité de nos âmes, et de la justice divine qui les juge quand elles ont abandonné leur dépouille mortelle.Ya-til un système plus raisonnable, plus convenable à la Divinité, et plus utile au genre humain?
KOU.
Pourquoi donc plusieurs nations n'ont-elles point embrassé ce système? Vous savez que nous avons dans notre province environ deux cents familles d’anciens Sinous, qui ont autrefois habité une partie de l'Arabie Pétrée; ni elles ni leurs ancêtres n'ont jamais cru l'âme immortelle; ils ont leurs cinq Livres, comme nous avons nos cinq Kings; j'en ai lu la traduction: leurs lois, nécessairement semblables à celles de tous les autres peuples, leur ordonnent de respecter leurs pères, de ne point voler, de ne point mentir, de n'être ni adultères ni homicides; mais ces mêmes lois ne leur parlent ni de récompenses ni de châtiments dans une autre vie.
CU-SU.
Si cette idée n'est pas encore développée chez ce pauvre peuple, elle le sera sans doute un jour. Mais que nous importe une malheureuse petite nation, tandis que les babyloniens, les Égyptiens, les Indiens, et toutes les nations policées ont reçu ce dogme salutaire? si vous étiez malade, rejetteriez-vous un remède approuvé par tous les Chinois, sous prétexte que quelques barbares des montagnes n'auraient pas voulu s'en servir? Dieu vous a donné la raison, elle vous dit que l'âme doit être immortelle: c'est donc Dieu qui vous le dit lui-même.
KOU.
Mais comment pourrai-je être récompensé ou puni, quand je ne serai plus moi-même, quand je n'aurai plus rien de ce qui aura constitué ma personne? Ce n'est que par ma mémoire que je suis toujours moi: je perds ma mémoire dans ma dernière maladie; il faudra donc après ma mort un miracle pour me la rendre, pour me faire rentrer dans mon existence que j'aurai perdue?
CU-SU.
C'est-à-dire que si un prince avait égorgé sa famille pour régner, s'il avait tyrannisé ses sujets, il en serait quitte pour dire à Dieu: Ce n’est pas moi, jai perdu la mémoire, vous vous méprenez, je ne suis plus la même personne. Pensez-vous que Dieu fût bien content de ce sophisme?
KOU.
Eh bien, soit, je me rends; je voulais faire le bien pour moi-même, je le ferai aussi pour plaire à l'Être suprême; je pensais qu'il suffisait que mon âme fût juste dans cette vie, j'espérerai qu'elle sera heureuse dans une autre. Je vois que cette opinion est bonne pour les peuples et pour les princes, mais le culte de Dieu m'embarrasse.
QUATRIÈME ENTRETIEN.
CU-SU.
Que trouvez-vous de choquant dans notre Chu-king, ce premier livre canonique, si respecté de tous les empereurs chinois? Vous labourez un champ de vos mains royales pour donner l'exemple au peuple, et vous en offrez les prémices au Chang-ti, au Tien, à l'Être suprême; vous lui sacrifiez quatre fois l'année; vous êtes roi et pontifie; vous promettez à Dieu de faire tout le bien qui sera en votre pouvoir: y a-t-il là quelque chose qui répugne?
KOU.
Je suis bien loin d'y trouver à redire; je sais que Dieu n'a nul besoin de nos sacrifices ni de nos prières; mais nous avons besoin de lui en faire; son culte n'est pas établi pour lui, mais pour nous. J'aime fort à faire des prières, je veux surtout qu'elles ne soient point ridicules: car, quand j'aurai bien crié que «la montagne de Chang-ti est une montagne grasse, et qu'il ne faut point regarder les montagnes grasses»; quand j'aurai fait enfuir le soleil et sécher la lune, ce galimatias sera-t-il agréable à l'Être suprême, utile à mes sujets et à moi-même?
Je ne puis surtout souffrir la démence des sectes qui nous environnent: d'un côté je vois Laotzée, que sa mère conçut par l’union du ciel et de la terre, et dont elle fut grosse quatre-vingts ans. Je n'ai pas plus de foi à sa doctrine de l'anéantissement et du dépouillement universel qu'aux cheveux blancs avec lesquels il naquit, et à la vache noire sur laquelle il monta pour aller prêcher sa doctrine.
Le dieu Fo ne m'en impose pas davantage, quoiqu'il ait eu pour père un éléphant blanc, et qu'il promette une vie immortelle.
Ce qui me déplaît surtout, c'est que de telles rêveries soient continuellement prêchées par les bonzes qui séduisent le peuple pour le gouverner; ils se rendent respectables par des mortifications qui effrayent la nature. Les uns se privent toute leur vie des aliments les plus salutaires, comme si on ne pouvait plaire à Dieu que par un mauvais régime; les autres se mettent au cou un carcan, dont quelquefois ils se rendent très dignes; ils s'enfoncent des clous dans les cuisses, comme si leurs cuisses étaient des planches; le peuple les suit en foule. Si un roi donne quelque édit qui leur déplaise, ils vous disent froidement que cet édit ne se trouve pas dans le commentaire du dieu Fo, et qu'il vaut mieux obéir à Dieu qu'aux hommes. Comment remédier à une maladie populaire si extravagante et si dangereuse? Vous savez que la tolérance est le principe du gouvernement de la Chine, et de tous ceux de l'Asie; mais cette indulgence n'est-elle pas bien funeste, quand elle expose un empire à être bouleversé pour des opinions fanatiques?
CU-SU.
Que le Chang-ti me préserve de vouloir éteindre en vous cet esprit de tolérance, cette vertu si respectable, qui est aux âmes ce que la permission de manger est au corps! La loi naturelle permet à chacun de croire ce qu'il veut, comme de se nourrir de ce qu'il veut. Un médecin n'a pas le droit de tuer ses malades parce qu'ils n'auront pas observé la diète qu'il leur a prescrite. Un prince n'a pas le droit de faire pendre ceux de ses sujets qui n'auront pas pensé comme lui; mais il a le droit d’empêcher les troubles, et, s'il est sage, il lui sera très aisé de déraciner les superstitions. Vous savez ce qui arriva à Daon, sixième roi de Chaldée, il y a quelque quatre mille ans?
KOU.
Non, je n'en sais rien; vous me feriez plaisir de me l'apprendre.
CU-SU.
Les prêtres chaldéens s'étaient avisés d'adorer les brochets de l'Euphrate; ils prétendaient qu'un fameux brochet nommé Oannès leur avait autrefois appris la théologie, que ce brochet était immortel, qu'il avait trois pieds de long et un petit croissant sur la queue. C'était par respect pour cet Oannès qu'il était défendu de manger du brochet. Il s'éleva une grande dispute entre les théologiens pour savoir si le brochet Oannès était laité ou oeuvé. Les deux parties s'excommunièrent réciproquement, et on en vint plusieurs fois aux mains. Voici comme le roi Daon s'y prit pour faire cesser ce désordre.
il commanda un jeûne rigoureux de trois jours aux deux partis, après quoi il fit venir les partisans du brochet aux oeufs, qui assistèrent à son dîner: il se fit apporter un brochet de trois pieds, auquel on avait mis un petit croissant sur la queue. «Est-ce là votre dieu? dit-il aux docteurs. — Oui, sire, lui répondirent-ils, car il a un croissant sur la queue.» Le roi commanda qu'on ouvrît le brochet, qui avait la plus belle laite du monde. «Vous voyez bien, dit-il, que ce n'est pas là votre dieu, puisqu'il est laité.» Et le brochet fut mangé par le roi et ses satrapes, au grand contentement des théologiens des oeufs, qui voyaient qu'on avait frit le dieu de leurs adversaires.
Ou envoya chercher aussitôt les docteurs du parti contraire: on leur montra un dieu de trois pieds qui avait des oeufs et un croissant sur la queue; ils assurèrent que c'était là le dieu Oannès, et qu'il était laité: il fut frit comme l’autre, et reconnu oeuvé. Alors les deux partis étant également sots, et n'ayant pas déjeuné, le bon roi Daon leur dit qu'il n'avait que des brochets à leur donner pour leur dîner; ils en mangèrent goulûment, soit oeuvés, soit laités. La guerre civile finit, chacun bénit le bon roi Daon, et les citoyens, depuis ce temps, firent servir à leur dîner tant de brochets qu’ils voulurent.
KOU.
J'aime fort le roi Daon, et je promets bien de l’imiter à la première occasion qui s'offrira. J’empêcherai toujours, autant que je le pourrai (sans faire violence à personne), qu’on adore des Fo et des brochets.
Je sais que dans le Pégu et dans le Tunquin il y a de petits dieux et de petits talapoins qui font descendre la lune dans le décours, et qui prédisent clairement l’avenir, c'est-à-dire qui voient clairement ce qui n'est pas, car l'avenir n’est point. J'empêcherai, autant que je le pourrai, que les talapoins ne viennent chez moi prendre le futur pour le présent, et faire descendre la lune.
Quelle pitié qu'il y ait des sectes qui aillent de ville en ville débiter leurs rêveries, comme des charlatans qui vendent leurs drogues? quelle honte pour l'esprit humain que de petites nations pensent que la vérité n'est que pour elles, et que le vaste empire de la Chine est livré à l’erreur! L'Être éternel ne serait-il que le Dieu de l'île Formose ou de l'île Bornéo? abandonnerait-il le reste de l'univers? Mon cher Cu-su, il est le père de tous les hommes; il permet à tous de manger du brochet; le plus digne hommage qu'on puisse lui rendre est d'être vertueux: un coeur pur est le plus beau de tous ses temples, comme disait le grand empereur Hiao.
CINQUIÈME ENTRETIEN.
CU-SU.
Puisque vous aimez la vertu, comment la pratiquerez-vous quand vous serez roi?
KOU.
En n'étant injuste ni envers mes voisins, ni envers mes peuples.
CU-SU.
Ce n'est pas assez de ne point faire de mal, vous ferez du bien; vous nourrirez les pauvres en les occupant à des travaux utiles, et non pas en dotant la fainéantise; vous embellirez les grands chemins; vous creuserez des canaux; vous élèverez des édifices publics; vous encouragerez tous les arts, vous récompenserez le mérite en tout genre; vous pardonnerez les fautes involontaires.
KOU.
C'est ce que j'appelle n'être point injuste; ce sont là autant de devoirs.
CU-SU.
Vous pensez en véritable roi: mais il y a le roi et l’homme, la vie publique et la vie privée. Vous allez bientôt vous marier: combien comptez-vous avoir de femmes?
KOU.
Mais je crois qu'une douzaine me suffira; un plus grand nombre pourrait me dérober un temps destiné aux affaires. Je n'aime point ces rois qui ont des sept cents femmes, et des trois cents concubines, et des milliers d'eunuques pour les servir. Cette manie des eunuques me paraît surtout un trop grand outrage à la nature humaine. Je pardonne tout au plus qu'on chaponne des coqs, ils en sont meilleurs à manger; mais on n’a point encore fait mettre d’eunuques à la broche. A quoi sert leur mutilation? Le dalaï-lama en a cinquante pour chanter dans sa pagode. Je voudrais bien savoir sile Chang-ti se plaît beaucoup à entendre les voix claires de ces cinquante hongres.
Je trouve encore très ridicule qu'il y ait des bonzes qui ne se marient point; ils se vantent d'être plus sages que les autres Chinois: eh bien! qu'ils fassent donc des enfants sages. Voilà une plaisante manière d'honorer le Chang-ti que de le priver d'adorateurs! Voilà une singulière façon de servir le genre humain, que de donner l'exemple d'anéantir le genre humain. Le bon petit lama nommé Stelca ed isant Errepi voulait dire que «tout prêtre devait faire le plus d'enfants qu'il pourrait»; il prêchait d'exemple, et a été fort utile en son temps. Pour moi, je marierai tous les lamas et bonzes, lamesses et bonzesses qui auront de la vocation pour ce saint oeuvre: ils en seront certainement meilleurs citoyens, et je croirai faire en cela un grand bien au royaume de Low.
CU-SU.
Oh! le bon prince que nous aurons là! Vous me faites pleurer de joie. Vous ne vous contenterez pas d'avoir des femmes et des sujets: car enfin on ne peut pas passer sa journée à faire des édits et des enfants: vous aurez sans doute des amis?
KOU.
J'en ai déjà, et de bons, qui m'avertissent de mes défauts; je me donne la liberté de reprendre les leurs; ils me consolent, je les console: l'amitié est le baume de la vie, il vaut mieux que celui du chimiste Éreville, et même que les sachets du grand Lanourt. Je suis étonné qu'on n’ait pas fait de l'amitié un précepte de religion: j'ai envie de l’insérer dans notre rituel.
CU-SU.
Gardez-vous-en bien, l'amitié est assez sacrée d'elle-même: ne la commandez jamais; il faut que le coeur soit libre et puis, si vous faisiez de l'amitié un précepte, un mystère, un rite, une cérémonie, il y aurait mille bonzes qui, en prêchant et en écrivant leurs rêveries, rendraient l'amitié ridicule; il ne faut pas l'exposer à cette profanation.
Mais comment en userez-vous avec vos ennemis? Confutzèe recommande en vingt endroits de les aimer: cela ne vous paraît-il pas un peu difficile?
KOU.
Aimer ses ennemis! oh, mon Dieu! rien n'est si commun.
CU-SU.
Comment l'entendez-vous?
KOU.
Mais comme il faut, je crois, l'entendre. J'ai fait l'apprentissage de la guerre sous le prince de Décon contre le prince de Vis-Brunck: dès qu'un de nos ennemis était blessé et tombait entre nos mains, nous avions soin de lui comme s'il eût été notre frère; nous avons souvent donné notre propre lit à nos ennemis blessés et prisonniers, et nous avons couché auprès d'eux sur des peaux de tigres étendues à terre; nous les avons servis nous-mêmes: que voulez-vous de plus? que nous les aimions comme on aime sa maîtresse?
CU-SU.
Je suis très édifié de tout ce que vous me dites, et je voudrais que toutes les nations vous entendissent: car on m'assure qu’il y a des peuples assez impertinents pour oser dire que nous ne connaissons pas la vraie vertu, que nos bonnes actions ne sont que des pêchés splendides, que nous avons besoin des leçons de leurs talapoins pour nous faire de bons principes. Hélas les malheureux! ce n'est que d'hier qu'ils savent lire et écrire, et ils prétendent enseigner leurs maîtres
SIXIÈME ENTRETIEN.
CU-SU.
Je ne vous répéterai pas tous les lieux communs qu'on débite parmi nous depuis cinq ou six mille ans sur toutes les vertus. Il y en a qui ne sont que pour nous-mêmes, comme la prudence pour conduire nos âmes, la tempérance pour gouverner nos corps: ce sont des préceptes de politique et de santé. Les véritables vertus sont celles qui sont utiles à la société, comme la fidélité, la magnanimité, la bienfaisance, la tolérance, etc. Grâce au ciel, il n'y a point de vieille qui n’enseigne parmi nous toutes ces vertus à ses petits-enfants: c'est le rudiment de notre jeunesse, au village comme à la ville; mais il y a une grande vertu qui commence à être de peu d’usage, et j'en suis fâché.
KOU.
Quelle est-elle? nommez-la vite; je tâcherai de la ranimer.
CU-SU.
C’est l'hospitalité; cette vertu si sociale, ce lien sacré des hommes commence à se relâcher depuis que nous avons des cabarets. Cette pernicieuse institution nous est venue, à ce qu'on dit, de certains sauvages d'Occident. Ces misérables apparemment n’ont point de maison pour accueillir les voyageurs. Quel plaisir de recevoir dans la grande ville de Low, dans la belle place de Honchan, dans la maison Ki, un généreux étranger qui arrive de Samarcande, pour qui je deviens dès ce moment un homme sacré, et qui est obligé par toutes les lois divines et humaines de me recevoir chez lui quand je voyagerai en Tartarie, et d'être mon ami intime!
Les sauvages dont je vous parle ne reçoivent les étrangers que pour de l'argent dans des cabanes dégoûtantes; ils vendent cher cet accueil infâme; et avec cela, j'entends dire que ces pauvres gens se croient au-dessus de nous, qu'ls se vantent d'avoir une morale plus pure. Ils prétendent que leurs prédicateurs prêchent mieux que Confutzée; qu'enfin c'est à eux de nous enseigner la justice, parce qu'ils vendent de mauvais vin sur les grands chemins, que leurs femmes vont comme des folles dans les rues, et qu'elles dansent pendant que les nôtres cultivent des vers à soie.
KOU.
Je trouve l’hospitalité fort bonne je l'exerce avec plaisir, mais je crains l'abus. Il y a des gens vers le Grand-Thibet qui sont fort mat logés, qui aiment à courir, et qui voyageraient pour rien d’un bout du monde à l'autre; et quand vous irez au Grand-Thibet jouir chez eux du droit de l'hospitalité, vous ne trouverez ni lit ni pot-au-feu; cela peut dégoûter de la politesse.
CU-SU.
L'inconvénient est petit; il est aisé d'y remédier en ne recevant que des personnes bien recommandées. Il n'y a point de vertu qui n'ait ses dangers et c'est parce qu'elles en ont qu'il est beau de les embrasser.
Que notre Confutzée est sage et saint! il n’est aucune vertu qu'il n'inspire; le bonheur des hommes est attaché a chacune de ses sentences; en voici une qui me revient dans la mémoire, c'est la cinquante-troisième:
«Reconnais les bienfaits par des bienfaits, et ne te venge jamais des injures.»
Quelle maxime, quelle loi les peuples de l'Occident pourraient-ils opposer à une morale si pure? En combien d'endroits Confutzée recommande-t-il l'humilité! Si on pratiquait cette vertu, il n'y aurait jamais de querelles sur la terre.
KOU.
J'ai lu tout ce que Confutzée et les sages des siècles antérieurs ont écrit sur l'humilité; mais il me semble qu'ils n'en ont jamais donné une définition assez exacte: il y a peu d'humilité peut-être à oser les reprendre; mais j'ai au moins l'humilité d'avouer que je ne les ai pas entendus. Dites-moi ce que vous en pensez.
CU-SU.
J'obéirai humblement. Je crois que l'humilité est la modestie de l'âme: car la modestie extérieure n'est que la civilité. L'humilité ne peut pas consister à se nier soi-même la supériorité qu'on peut avoir acquise sur un autre. Un bon médecin ne peut se dissimuler qu'il en sait davantage que son malade en délire; celui qui enseigne l'astronomie doit s'avouer qu'il est plus savant que ses disciples; il ne peut s'empêcher de le croire, mais il ne doit pas s'en faire accroire. L'umilité n'est pas l'abjection; elle est le correctif de l'amour-propre, comme la modestie est le correctif de l'orgueil.
KOU.
Eh bien! c'est dans l'exercice de toutes ces vertus et dans le culte d'un Dieu simple et universel que je veux vivre, loin des chimères des sophistes et des illusions des faux prophètes. L'amour du prochain sera ma vertu sur le trône, et l'amour de Dieu ma religion. Je mépriserai le dieu Fo, et Laotzée, et Vitsnou, qui s'est incarné tant de fois chez les Indiens, et Sammonocodom, qui descendit du ciel pour venir jouer au cerf-volant chez les Siamois, et les Camis qui arrivèrent de la lune au Japon.
Malheur à un peuple assez imbécile et assez barbare pour penser qu'il y a un Dieu pour sa seule province! c'est un blasphème. Quoi! la lumière du soleil éclaire tous les yeux, et la lumière de Dieu n'éclairerait qu’une petite et chétive nation dans un coin de ce globe! quelle horreur, et quelle sottise! La Divinité parle au coeur de tous les hommes, et les liens de la charité doivent les unir d'un bout de l'univers à l'autre.
CU-SU.
O sage Kou! vous avez parlé comme un homme inspiré par le Chang-ti même; vous serez un digne prince. J'ai été votre docteur, et vous êtes devenu le mien.
15 1764 Voltaire. Additions à l'Essai sur l'histoire générale [ID D20012].
Voltaire schreibt : "Ce grand avantage (une grande population) que la Chine a sur nos climats me paraît venir de trois causes, de la fécondité que la ntaure y a donnée aux femmes, du peu de guerres qui ont désolé le pays, et enfin de ce que la peste qui a détruit quelquefois la quatrième partie du genre humain dans l'Europe et dans l'ancienne Asie ne s'est jamais fait sentir à la Chine, car la peste est une maladie originaire d'Afrique qui n’a pu s'introduire encore dans des pays fermés aux étrangers, et les annales de la Chine ne rendent compte que d'une seule contagion qui fit quelques ravages au commencement du 16ème siècle."

"De tous faits je passe à la question morale agitée par Bayle, savoir, si une société d'athées pourrait subsister. Remarques d'abord sur cet article, quelle est l'énorme contradiction des hommes dans la dispute : ceux qui se sont élevés contre l'opinion de Bayle avec le plus d'emportement, ceux qui lui ont nié avec le plus d’injures la possibilité d’une société d'athées, ont soutenu depuis avec la même intrépidité que l'athéeisme est la religion du gouvernement de la Chine. Mais en même temps ils ne se sont pas moins trompés sur l’impossibilité d'une société d’athées ; et je ne sais comment M. Bayle a pu oublier un exemple frappant qui aurait pu rendre sa cause victorieuse."
  • Document: Song, Shun-ching. Voltaire et la Chine. (Aix-en-Provence : Université de Provence, 1989). Diss. Univ. de Provence, 1987. S. 111-112. (Song, Publication)
16 1765 Voltaire. Encyclopédie, ou Dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers [ID D20014].
Histoire
Le second monument est l'eclipse centrale du soleil, calculée à la Chine deux mille cent cinquante-cinq ans, avant notre ere vulgaire, & reconnue veritable par tous nos Astronomes. Il faut dire la même chose des Chinois que des peuples de Babylone; ils composoient déjà sans doute un vaste empire policé. Mais ce qui met les Chinois au-dessus de tous les peuples de la terre, c'est que ni leurs loix, ni leurs moeurs, ni la langue que parlent chez eux les lettrés, n'ont pas changé depuis environ quatre mille ans. Cependant cette nation, la plus ancienne de tous les peuples qui subsistent aujourd'hui, celle qui a possedé le plus vaste & le plus beau pays, celle qui a inventé presque tous les Arts avant que nous en eussions appris quelques-uns, a toûjours été omise, jusqu'à nos jours, dans nos prétendues histoires universelles: & quand un espagnol & un françois faisoient le dénombrement des nations, ni l'un ni l'autre ne manquoit d'appeller son pays la premiere monarchie du monde...
Quand Marc Paul [Marco Polo] parla le premier, mais le seul, de la grandeur et de la population de la Chine, il ne fut pas crû, & il ne put exiger de croyance. Les Portugais qui entrerent dans ce vaste empire plusieurs siecles après, commencerent à rendre la chose probable. Elle est aujourd'hui certaine, de cette certitude qui naît de la disposition unanime de mille témoins oculaires de différentes nations, sans que personne ait réclamé contre leur témoignage. Si deux ou trois historiens seulement avoient écrit l'avanture du roi Charles XII. qui s'obstinant à rester dans les états du sultan son bienfaiteur, malgré lui, se battit avec ses domestiques contre une armée de janissaires & de Tartares, j'aurois suspendu mon jugement; mais ayant parlé à plusieurs témoins oculaires, & n'ayant jamais entendu révoquer cette action en doute, il a bien fallu la croire, parce qu'après tout, si elle n'est ni sage, ni ordinaire, elle n'est contraire ni aux loix de la nature, ni au caractere du héros...
17 1765.1-2 Voltaire. A philosophical dictionary (1-2) [ID D31001].
Volume 1-2
I protest that I know no more of Chinese than of Arabic, but I have read, in a small Chinese vocabulary, that this nation has always had two words to express the catalogue or list of the characters of its language: one is ko-tou, the other hai-pien; we have neither ko-tou nor hai-pien in our Occidental tongues...
If, for example, the Tyrians, or the Chaldæans, who dwelt near the Euphrates, had communicated their method to the Chinese, some traces of it would have remained; we should have had the signs of the twenty-two, twenty-three, or twenty-four letters, whereas they have a sign for each word in their language; and the number of their words, we are told, is eighty thousand...
States are governed by abuses. Maximus ille est qui minimis urgetur. It might be said to the Chinese, to the Japanese, to the English—your government swarms with abuses, which you do not correct! The Chinese will reply: We have existed as a people for five thousand years, and at this day are perhaps the most fortunate nation on earth, because we are the most tranquil. The Japanese will say nearly the same. The English will answer: We are powerful at sea, and prosperous on land; perhaps in ten thousand years we shall bring our usages to perfection. The grand secret is, to be in a better condition than others, even with enormous abuses...
The most singular instance of this abuse of words—these voluntary equivoques—these misunderstandings which have caused so many quarrels—is the Chinese King-tien. The missionaries having violent disputes about the meaning of this word, the Court of Rome sent a Frenchman, named Maigrot, whom they made the imaginary bishop of a province in China, to adjust the difference. Maigrot did not know a word of Chinese; but the emperor deigned to grant that he should be told what he understood by King-tien. Maigrot would not believe what was told him, but caused the emperor of China to be condemned at Rome!...
In the article on "China" it will be seen that the emperor is the chief pontiff, and that the worship is august and simple…
Mahomet found this a settled mode of worship among the Arabs; it is also established in India, but does not appear to be in use among the lettered men of China...
It is indeed a great consolation for us that the Mahometans, the Indians, the Chinese, the Tartars, all adore one only God; for so far they are our kindred...
Germany still swarms with people who seek the philosopher's stone, as the water of immortality has been sought in China, and the fountain of youth in Europe...
The great mogul, the emperor of China, and the emperor of Japan are always addressed kneeling. The Chinese colaos of an inferior order bend the knee before the colaos of a superior order...
The Chinese are said to be the most ancient almanac-makers. The finest of their emperor's privileges is that of sending his calendar to his vassals and neighbors; their refusal of which would be considered as a bravado, and war would forthwith be made upon them, as it used to be in Europe on feudal lords who refused their homage. If we have only twelve constellations, the Chinese have twenty-eight...
When the Emperor Kamhi wished to employ the Jesuit missionaries in making the almanac, they are said to have excused themselves, at first, on account of the extravagant superstitions with which it must be filled. "I have much less faith than you in the superstitions," replied the emperor; "only make me a good calendar, and leave it for my learned men to fill up the book with their foolery." The ingenious author of the "Plurality of Worlds" ridicules the Chinese, because, says he, they see a thousand stars fall at once into the sea. It is very likely that the Emperor Kamhi ridiculed this notion as well as Fontenelle. Some Chinese almanac-maker had, it would seem, been good-natured enough to speak of these meteors after the manner of the people, and to take them for stars... Let us reflect that the Chinese had astrolabes and spheres before we could read, and that if they have made no great progress in astronomy, it is through that same respect for the ancients which we have had for Aristotle. It is consoling to know that the Roman people, populus late rex, were, in this particular, far behind Matthew Lansberg, and the Lame Messenger, and the astrologers of China, until the period when Julius Cæsar reformed the Roman year, which we have received from him and still call by his name—the Julian Calendar, although we have no calends, and he was obliged to reform it himself...
The Chinese, more than two hundred years before our Christian era, built their great wall, which could not save them from invasion by the Tartars. The Egyptians had, four thousand years before, burdened the earth with their astonishing pyramids, the bases of which covered ninety thousand square feet. No one doubts that, if it were thought advisable to undertake such useless works at the present day, they might be accomplished by lavishing plenty of money. The great wall of China is a monument of fear; the pyramids of Egypt are monuments of vanity and superstition; both testify the great patience of the two people, but no superior genius. Neither the Chinese nor the Egyptians could have made a single statue like those formed by our living sculptors...
In 1723, Father Fouquet, a Jesuit, returned to France from China, where he had passed twenty-five years. Religious disputes had embroiled him with his brethren. He had carried with him to China a gospel different from theirs, and now brought back to France memorials against them. Two Chinese literati made the voyage with him; one of them died on the way, the other came with Father Fouquet to Paris. The Jesuit was to take the Chinese to Rome secretly, as a witness of the conduct of the good fathers in China, and in the meantime Fouquet and his companion lodged at the house of the Professed, Rue St. Antoine. The reverend fathers received advice of their reverend brother's intentions. Fouquet was no less quickly informed of the designs of the reverend fathers. He lost not a moment, but set off the same night for Rome. The reverend fathers had interest enough to get him pursued, but the Chinese only was taken. This poor fellow did not understand a word of French. The good fathers went to Cardinal Dubois, who at that time needed their support, and told him that they had among them a young man who had gone mad, and whom it was necessary to confine. The cardinal immediately granted a lettre de cachet, than which there is sometimes nothing which a minister is more ready to grant. The lieutenant of police went to take this madman, who was pointed out to him. He found a man making reverences in a way different from the French, speaking in a singing tone, and looking quite astonished. He expressed great pity for his derangement, ordered his hands to be tied behind him, and sent him to Charenton, where, like the Abbé Desfontaines, he was flogged twice a week. The Chinese did not at all understand this method of receiving strangers. He had passed only two or three days in Paris, and had found the manners of the French very odd. He had lived two years on bread and water, amongst madmen and keepers, and believed that the French nation consisted of these two species, the one part dancing while the other flogged them...
The lieutenant sent for the king's interpreters, who spoke to him in Spanish, Latin, Greek, and English, but he constantly said Kanton, Kanton, and nothing else. The Jesuit assured them he was possessed. The magistrate, having at some time heard it said that there was a province in China called Kanton, thought this man might perhaps have come from thence. An interpreter to the foreign missions was sent for, who could murder Chinese. All was discovered. The magistrate knew not what to do, nor the Jesuit what to say. The Duke de Bourbon was then prime minister. The circumstance having been related to him, he ordered money and clothes to be given to the Chinese, and sent him back to his own country, whence it is not thought that many literati will come and see us in the future. It would have been more politic to have kept this man and treated him well, than to have sent him to give his countrymen the very worst opinion of the French...
About thirty years ago the French Jesuits sent secret missionaries to China, who enticed a child from his parents in Canton, and brought him to Paris, where they educated him in their convent of La Rue St. Antoine. This boy became a Jesuit at the age of fifteen, after which he remained ten years in France. He knows both French and Chinese perfectly, and is very learned. M. Bertin, comptroller-general, and afterwards secretary of state, sent him back to China in 1763, after the abolition of the Jesuits. He calls himself Ko, and signs himself Ko, Jesuit.
In 1772 there were fourteen Jesuits in Pekin, amongst whom was Brother Ko, who still lives in their house. The Emperor Kien-Long has kept these monks of Europe about him in the positions of painters, engravers, watch-makers, and mechanics, with an express prohibition from ever disputing on religion, or causing the least trouble in the empire.
The Jesuit Ko has sent manuscripts of his own composition from Pekin to Paris entitled: "Memoirs Relative to the History, Arts and Sciences of the Chinese by the Missionaries at Pekin." This book is printed, and is now selling at Paris by Nyon, the bookseller. The author attacks all the philosophers of Europe. He calls a prince of the Tartar race, whom the Jesuits had seduced, and the late emperor, Yong-Chin, had banished, an illustrious martyr to Jesus Christ. This Ko boasts of making many neophytes, who are ardent spirits, capable of troubling China even more than the Jesuits formerly troubled Japan. It is said that a Russian nobleman, indignant at this Jesuitical insolence, which reaches the farthest corners of the earth even after the extinction of the order—has resolved to find some means of sending to the president of the tribunal of rites at Pekin an extract in Chinese from these memoirs, which may serve to make the aforesaid Ko, and the Jesuits who labor with him, better known...
Not a line remains of the ancient Egyptian, Chaldæan, or Persian annals, nor of those of the Latins and Etruscans. The only annals that can boast of a little antiquity are the Indian, the Chinese, and the Hebrew...
While the Japanese, the Chinese, the Tartars, the Indians, the Africans, and the Americans, are so unfortunate as not even to know that a terrestrial paradise once existed at the sources of the Pison, the Gihon, the Tigris, and the Euphrates, or, which is the same thing, at the sources of the Guadalquivir, the Guadiana, the Douro, and the Ebro. For of Pison we easily make Phæris, and of Phæris we easily make the Bætis, which is the Guadalquivir...
It is not likely that it should, at the same time, have entered the head of an Arab and of an Egyptian to cut off one end of his son's prepuce; nor that a Chinese and a Persian should, both at once, have resolved to castrate little boys...
We seek to know the origin of ancient feasts. The most ancient and the finest is that of the emperors of China tilling and sowing the ground, together with their first mandarins...
This is the famous theorem which he had brought from India, and which we have elsewhere said was known in China long before, according to the relation of the Emperor Cam-hi. Long before Plato, the Greeks made use of a single geometrical figure to double the square...
But enough of the Confessions of St. Clement. It must, however, be remarked that in the ninth book the Chinese are spoken of under the name of Seres as the justest and wisest of mankind...
And what more lawful deponent can we have to the apparitions and visions of the Princess Palatine than the man who employed his life in distinguishing truth from appearance? who combated vigorously against the nuns of Port Royal on the formulary; against Paul Ferri on the catechism; against the minister Claude on the variations of the Church; against Doctor Dupin on China; against Father Simon on the understanding of the sacred text; against Cardinal Sfondrati on predestination; against the pope on the rights of the Gallican Church; against the archbishop of Cambray on pure and disinterested love...

Vol. 2
Perhaps it is this despair of knowing anything which has caused some Chinese philosophers to say that nothing is the beginning and the end of all things...
They are mentioned in the annals of China. Confucius says that in his time each governor of a province furnished to the emperor a thousand war chariots, each drawn by four horses. The Greeks and Trojans fought in chariots drawn by two horses…
The church, which afterwards rejected their gospel, together with forty-nine others, did not accuse its authority of impiety and prevarication; those obscure individuals addressed the populace in language comformable with the prejudices of the age in which they lived. China was perhaps the only country exempt from these superstitions...
A word on the question in morals, agitated by Bayle, "Whether a society of atheists can exist." Here let us first observe the enormous self-contradictions of men in disputation.
Those who have been most violent in opposing the opinion of Bayle, those who have denied with the greatest virulence the possibility of a society of atheists, are the very men who have since maintained with equal ardor that atheism is the religion of the Chinese government. They have most assuredly been mistaken concerning the government of China; they had only to read the edicts of the emperors of that vast country, and they would have seen that those edicts are sermons, in which a Supreme Being—governing, avenging, and rewarding—is continually spoken of...
It is quite certain that atheism is not taught in the schools of the learned of China, but many of those learned men are atheists, for they are indifferent philosophers...
One thing I will venture to believe, which is, that of all religions, theism is the most widely spread in the world. It is the prevailing religion of China; it is that of the wise among the Mahometans; and, among Christian philosophers, eight out of ten are of the same opinion. It has penetrated even into the schools of theology, into the cloisters, into the conclave; it is a sort of sect without association, without worship, without ceremonies, without disputes, and without zeal, spread through the world without having been preached. Theism, like Judaism, is to be found amidst all religions; but it is singular that the latter, which is the extreme of superstition, abhorred by the people and contemned by the wise, is everywhere tolerated for money; while the former, which is the opposite of superstition, unknown to the people, and embraced by philosophers alone, is publicly exercised nowhere but in China...
The second axiom was: "Men, being all brethren, and acknowledging the same God, it is execrable that brethren should persecute brethren, because they testify their love for the common father in a different manner. Indeed," said they, "what upright man would kill his elder brother because one of them had saluted their father after the Chinese and the other after the Dutch fashion, especially while it was undecided in what way the father wished their reverence to be made to him? Surely he who should act thus would be a bad brother rather than a good son."...
Doubtless it is no fable that Atlas, prince of Mauritania, called by the Greeks the son of heaven, was a celebrated astronomer, and constructed a celestial sphere such as the Chinese have had for so many ages...
At the present time a Bergamask who travels into the small Swiss cantons, from which he is only separated by a mountain, has the same need of an interpreter as if he were in China. This is one of the greatest plagues of modern life...
But it is incontestable that Babel means confusion, possibly because the architects were confounded after having raised their work to eighty-one thousand feet, perhaps, because the languages were then confounded, as from that time the Germans no longer understood the Chinese, although, according to the learned Bochart, it is clear that the Chinese is originally the same language as the High German…
The Algonquin, the French, the Chinese, will mutually say that all this is very beautiful, that such actions give them pleasure, and that they admire them.
They will say the same of great moral maxims; of that of Zoroaster: "If in doubt that an action be just, desist;" of that of Confucius: "Forget injuries; never forget benefits."...
Brother Attinet, a Jesuit, a native of Dijon, was employed as designer in the country house of the Emperor Camhi, at the distance of some leagues from Pekin...
When brother Attinet came from China to Versailles he found it small and dull. The Germans, who were delighted to stroll about its groves, were astonished that brother Attinet was so difficult. This is another reason which determines me not to write a treatise on the beautiful...
China is ruled by the moral book of Confucius, and a great part of India by the Veda. Persia was governed for ages by the books of one of the Zoroasters...
The Arabs alone had them from the eighth to the thirteenth century of our era. China was full of them when we could neither read nor write...
Do not the few remaining monuments of ancient history form a great presumption in their favor? since the first Greek philosophers went to them to learn mathematics; and the most ancient curiosities, those collected by the emperors of China, are all Indian, as is attested by the relations in Du Halde's collection...
  • Document: Voltaire. A philosophical dictionary. In : The works of Mr. de Voltaire. Translated from the French ; with notes, historical and critical. By T[homas] Francklin, Dr. [Tobias] Smollett, and others. Vol. 1-10. (London : J. Newbery, R. Baldwin, 1761-1765). Vol. 10 (1765). = Voltaire. A philosophical dictionary. Transl. by William F. Fleming. In : The works of Voltaire : a contemporary version ; notes by Tobias Smollett, rev. and modernized ; new translations by William F. Fleming and an introd. by Oliver H.G. Leigh : a critique & biography by John Morley. Vol. 8. (New York, N.Y. : E.R. DuMont, 1901).
    https://archive.org/stream/philosophicaldi00unkngoog#page/n6/mode/2up.
    http://www.gutenberg.org/files/35628/35628-h/35628-h.htm
    . (Smol4, Publication)
  • Person: Fleming, William F.
  • Person: Francklin, Thomas
  • Person: Leigh, Oliver H.G.
  • Person: Morley, John
  • Person: Smollett, Tobias
18 1765.3-10 Voltaire. A philosophical dictionary (3-10) [ID D31001].
Vol. 3
The "Relations of the Indies and China," written in the eighth century by two Arabs, and translated by the Abbé Renaudot, is not a book to which implicit credit should be attached; far from it; but we must not reject all these two travellers say, especially when their testimony is corroborated by that of other authors who have merited some belief...
What is more extraordinary and incredible is that the two Arabs attributed to the Chinese what Marco Polo says of some of the Tartars: that, "in general, the Chinese eat all who have been killed." This abomination is so repugnant to Chinese manners, that it cannot be believed. Father Parennin has refuted it by saying that it is unworthy of refutation.
It must, however, be observed that the eighth century, the time when these Arabs wrote their travels, was one of those most disastrous to the Chinese. Two hundred thousand Tartars passed the great wall, plundered Pekin, and everywhere spread the most horrible desolation. It is very likely that there was then a great famine, for China was as populous as it is now; and some poor creatures among the lowest of the people might eat dead bodie...
If we wish to know anything about the Huns—who, indeed, are scarcely worth knowing anything about, for they have rendered no service to mankind—we find some slight notices of those barbarians among the Chinese—that most ancient of all nations, after the Indians...
It is, doubtless, much better to cultivate a useful art at Paris, Lyons, or Bordeaux, than seriously to study the history of the Huns and the bears. Nevertheless we are aided in these researches by some of the Chinese archives...
Of all nations, the Chinese are those who have carried the use of ceremonies to the greatest length; they certainly serve to calm as well as to weary the mind. The Chinese porters and carters are obliged, whenever they occasion the least hindrance in the streets, to fall on their knees and ask one another's pardon according to the prescribed formula. This prevents ill language, blows and murders. They have time to grow cool and are then willing to assist one another...
The same thing happened in China and in Egypt: a multitude of ages were necessary to dig canals and dry the lands...

CHINA.
SECTION I.
We have frequently observed elsewhere, how rash and injudicious it is to controvert with any nation, such as the Chinese, its authentic pretensions. There is no house in Europe, the antiquity of which is so well proved as that of the Empire of China. Let us figure to ourselves a learned Maronite of Mount Athos questioning the nobility of the Morozini, the Tiepolo, and other ancient houses of Venice; of the princes of Germany, of the Montmorencys, the Chatillons, or the Talleyrands, of France, under the pretence that they are not mentioned in St. Thomas, or St. Bonaventure. We must impeach either his sense or his sincerity.
Many of the learned of our northern climes have felt confounded at the antiquity claimed by the Chinese. The question, however, is not one of learning. Leaving all the Chinese literati, all the mandarins, all the emperors, to acknowledge Fo-hi as one of the first who gave laws to China, about two thousand five hundred years before our vulgar era; admit that there must be people before there are kings. Allow that a long period of time is necessary before a numerous people, having discovered the necessary arts of life, unite in the choice of a common governor. But if you do not make these admissions, it is not of the slightest consequence. Whether you agree with us or not, we shall always believe that two and two make four.
In a western province, formerly called Celtica, the love of singularity and paradox has been carried so far as to induce some to assert that the Chinese were only an Egyptian, or rather perhaps a Phœnician colony. It was attempted to prove, in the same way as a thousand other things have been proved, that a king of Egypt, called Menes by the Greeks, was the Chinese King Yu; and that Atoes was Ki, by the change of certain letters. In addition to which, the following is a specimen of the reasoning applied to the subject:
The Egyptians sometimes lighted torches at night. The Chinese light lanterns: the Chinese are, therefore, evidently a colony from Egypt. The Jesuit Parennin who had, at the time, resided five and twenty years in China, and was master both of its language and its sciences, has rejected all these fancies with a happy mixture of elegance and sarcasm. All the missionaries, and all the Chinese, on receiving the intelligence that a country in the extremity of the west was developing a new formation of the Chinese Empire, treated it with a contemptuous ridicule. Father Parennin replied with somewhat more seriousness: "Your Egyptians," said he, "when going to people China, must evidently have passed through India." Was India at that time peopled or not? If it was, would it permit a foreign army to pass through it? If it was not, would not the Egyptians have stopped in India? Would they have continued their journey through barren deserts, and over almost impracticable mountains, till they reached China, in order to form colonies there, when they might so easily have established them on the fertile banks of the Indus or the Ganges?
The compilers of a universal history, printed in England, have also shown a disposition to divest the Chinese of their antiquity, because the Jesuits were the first who made the world acquainted with China. This is unquestionably a very satisfactory reason for saying to a whole nation—"You are liars."
It appears to me a very important reflection, which may be made on the testimony given by Confucius, to the antiquity of his nation; and which is, that Confucius had no interest in falsehood: he did not pretend to be a prophet; he claimed no inspiration: he taught no new religion; he used no delusions; flattered not the emperor under whom he lived: he did not even mention him. In short, he is the only founder of institutions among mankind who was not followed by a train of women. I knew a philosopher who had no other portrait than that of Confucius in his study. At the bottom of it were written the following lines:
Without assumption he explored the mind,
Unveiled the light of reason to mankind;
Spoke as a sage, and never as a seer,
Yet, strange to say, his country held him dear.
I have read his books with attention; I have made extracts from them; I have found in them nothing but the purest morality, without the slightest tinge of charlatanism. He lived six hundred years before our vulgar era. His works were commented on by the most learned men of the nation. If he had falsified, if he had introduced a false chronology, if he had written of emperors who never existed, would not some one have been found, in a learned nation, who would have reformed his chronology? One Chinese only has chosen to contradict him, and he met with universal execration.
Were it worth our while, we might here compare the great wall of China with the monuments of other nations, which have never even approached it; and remark, that, in comparison with this extensive work, the pyramids of Egypt are only puerile and useless masses. We might dwell on the thirty-two eclipses calculated in the ancient chronology of China, twenty-eight of which have been verified by the mathematicians of Europe. We might show, that the respect entertained by the Chinese for their ancestors is an evidence that such ancestors have existed; and repeat the observation, so often made, that this reverential respect has in so small degree impeded, among this people, the progress of natural philosophy, geometry, and astronomy.
It is sufficiently known, that they are, at the present day, what we all were three hundred years ago, very ignorant reasoners. The most learned Chinese is like one of the learned of Europe in the fifteenth century, in possession of his Aristotle. But it is possible to be a very bad natural philosopher, and at the same time an excellent moralist. It is, in fact, in morality, in political economy, in agriculture, in the necessary arts of life, that the Chinese have made such advances towards perfection. All the rest they have been taught by us: in these we might well submit to become their disciples.

Of the Expulsion of the Missionaries from China.
Humanly speaking, independently of the service which the Jesuits might confer on the Christian religion, are they not to be regarded as an ill-fated class of men, in having travelled from so remote a distance to introduce trouble and discord into one of the most extended and best-governed kingdoms of the world? And does not their conduct involve a dreadful abuse of the liberality and indulgence shown by the Orientals, more particularly after the torrents of blood shed, through their means, in the empire of Japan? A scene of horror, to prevent the consequence of which the government believed it absolutely indispensable to shut their ports against all foreigners.
The Jesuits had obtained permission of the emperor of China, Cam-hi, to teach the Catholic religion. They made use of it, to instil into the small portion of the people under their direction, that it was incumbent on them to serve no other master than him who was the viceregent of God on earth, and who dwelt in Italy on the banks of a small river called the Tiber; that every other religious opinion, every other worship, was an abomination in the sight of God, and whoever did not believe the Jesuits would be punished by Him to all eternity; that their emperor and benefactor, Cam-hi, who could not even pronounce the name of Christ, as the Chinese language possesses not the letter "r," would suffer eternal damnation; that the Emperor Yontchin would experience, without mercy, the same fate; that all the ancestors, both of Chinese and Tartars, would incur a similar penalty; that their descendants would undergo it also, as well as the rest of the world; and that the reverend fathers, the Jesuits, felt a sincere and paternal commiseration for the damnation of so many souls.
They, at length, succeeded in making converts of three princes of the Tartar race. In the meantime, the Emperor Cam-hi died, towards the close of the year 1722. He bequeathed the empire to his fourth son, who has been so celebrated through the whole world for the justice and the wisdom of his government, for the affection entertained for him by his subjects, and for the expulsion of the Jesuits.
They began by baptizing the three princes, and many persons of their household. These neophytes had the misfortune to displease the emperor on some points which merely respected military duty. About this very period the indignation of the whole empire against the missionaries broke out into a flame. All the governors of provinces, all the Colaos, presented memorials against them. The accusations against them were urged so far that the three princes, who had become disciples of the Jesuits, were put into irons.
It is clear that they were not treated with this severity simply for having been baptized, since the Jesuits themselves acknowledge in their letters, that they experienced no violence, and that they were even admitted to an audience of the emperor, who honored them with some presents. It is evident, therefore, that the Emperor Yonchin was no persecutor; and, if the princes were confined in a prison on the borders of Tartary, while those who had converted them were treated so liberally, it is a decided proof that they were state prisoners, and not martyrs.
The emperor, soon after this, yielded to the supplications of all his people. They petitioned that the Jesuits might be sent away, as their abolition has been since prayed for in France and other countries. All the tribunals of China urged their being immediately sent to Macao, which is considered as a place without the limits of the empire, and the possession of which has always been left to the Portuguese, with a Chinese garrison.
Yonchin had the humanity to consult the tribunals and governors, whether any danger could result from conveying all the Jesuits to the province of Canton. While awaiting the reply, he ordered three of them to be introduced to his presence, and addressed them in the following words, which Father Parennin, with great ingenuousness, records: "Your Europeans, in the province of Fo-Kien, intended to abolish our laws, and disturbed our people. The tribunals have denounced them before me. It is my positive duty to provide against such disorders: the good of the empire requires it.... What would you say were I to send over to your country a company of bonzes and lamas to preach their law? How would you receive them?... If you deceived my father, hope not also to deceive me.... You wish to make the Chinese Christians: your law, I well know, requires this of you. But in case you should succeed, what should we become? the subjects of your kings. Christians believe none but you: in a time of confusion they would listen to no voice but yours. I know that, at present, there is nothing to fear; but on the arrival of a thousand, or perhaps ten thousand vessels, great disturbances might ensue.
"China, on the north, joins the kingdom of Russia, which is by no means contemptible; to the south it has the Europeans, and their kingdoms, which are still more considerable; and to the west, the princes of Tartary, with whom we have been at war eight years.... Laurence Lange, companion of Prince Ismailoff, ambassador from the czar, requested that the Russians might have permission to establish factories in each of the provinces. The permission was confined to Pekin, and within the limits of Calcas. In like manner I permit you to remain here and at Canton as long as you avoid giving any cause of complaint. Should you give any, I will not suffer you to remain either here or at Canton."
In the other provinces their houses and churches were levelled to the ground. At length the clamor against them redoubled. The charges most strenuously insisted upon against them were, that they weakened the respect of children for their parents, by not paying the honors due to ancestors; that they indecently brought together young men and women in retired places, which they called churches; that they made girls kneel before them, and enclosed them with their legs, and conversed with them, while in this posture, in undertones. To Chinese delicacy, nothing appeared more revolting than this. Their emperor, Yonchin, even condescended to inform the Jesuits of this fact; after which he sent away the greater part of the missionaries to Macao, but with all that polite attention which perhaps the Chinese alone are capable of displaying.
Some Jesuits, possessed of mathematical science, were retained at Pekin; and among others, that same Parennin whom we have mentioned; and who, being a perfect master both of the Chinese and of the Tartar language, had been frequently employed as an interpreter. Many of the Jesuits concealed themselves in the distant provinces; others even in Canton itself; and the affair was connived at.
At length, after the death of the Emperor Yonchin, his son and successor, Kien-Lung, completed the satisfaction of the nation by compelling all the missionaries who were in concealment throughout his empire to remove to Macao: a solemn edict prevented them from ever returning. If any appear, they are civilly requested to carry their talents somewhere else. There is nothing of severity, nothing of persecution. I have been told that, in 1760, a Jesuit having gone from Rome to Canton, and been informed against by a Dutch factor, the Colao governor of Canton had him sent away, presenting him at the same time with a piece of silk, some provisions, and money.

Of the pretended Atheism of China.
The charge of Atheism, alleged by our theologians of the west, against the Chinese government at the other end of the world, has been frequently examined, and is, it must be admitted, the meanest excess of our follies and pedantic inconsistencies. It was sometimes pretended, in one of our learned faculties, that the Chinese tribunals or parliaments were idolatrous; sometimes that they acknowledged no divinity whatever: and these reasoners occasionally pushed their logic so far as to maintain that the Chinese were, at the same time, atheists and idolaters.
In the month of October, 1700, the Sorbonne declared every proposition which maintained that the emperor and the Colaos believed in God to be heretical. Bulky volumes were composed in order to demonstrate, conformably to the system of theological demonstration, that the Chinese adored nothing but the material heaven.
Nil praeter nubes et coeli numen adorant.
They worship clouds and firmament alone.
But if they did adore the material heaven, that was their God. They resembled the Persians, who are said to have adored the sun: they resembled the ancient Arabians, who adored the stars: they were neither worshippers of idols nor atheists. But a learned doctor, when it is an object to denounce from his tripod any proposition as heretical or obnoxious, does not distinguish with much clearness.
Those contemptible creatures who, in 1700, created such a disturbance about the material heaven of the Chinese, did not know that, in 1689, the Chinese, having made peace with the Russians at Nicptchou, which divides the two empires, erected, in September of the same year, a marble monument, on which the following memorable words were engraved in the Chinese and Latin languages:
"Should any ever determine to rekindle the flames of war, we pray the sovereign reign of all things, who knows the heart, to punish their perfidy," etc.
A very small portion of modern history is sufficient to put an end to these ridiculous disputes: but those who believe that the duty of man consists in writing commentaries on St. Thomas, or Scotus, cannot condescend to inform themselves of what is going on among the great empires of the world.

SECTION II.
We travel to China to obtain clay for porcelain, as if we had none ourselves; stuffs, as if we were destitute of stuffs; and a small herb to be infused in water, as if we had no simples in our own countries. In return for these benefits, we are desirous of converting the Chinese. It is a very commendable zeal; but we must avoid controverting their antiquity, and also calling them idolaters. Should we think it well of a capuchin, if, after having been hospitably entertained at the château of the Montmorencys, he endeavored to persuade them that they were new nobility, like the king's secretaries; or accused them of idolatry, because he found two or three statues of constables, for whom they cherished the most profound respect?
The celebrated Wolf, professor of mathematics in the university of Halle, once delivered an excellent discourse in praise of the Chinese philosophy. He praised that ancient species of the human race, differing, as it does, in respect to the beard, the eyes, the nose, the ears, and even the reasoning powers themselves; he praised the Chinese, I say, for their adoration of a supreme God, and their love of virtue. He did that justice to the emperors of China, to the tribunals, and to the literati. The justice done to the bonzes was of a different kind.
It is necessary to observe, that this Professor Wolf had attracted around him a thousand pupils of all nations. In the same university there was also a professor of theology, who attracted no one. This man, maddened at the thought of freezing to death in his own deserted hall, formed the design, which undoubtedly was only right and reasonable, of destroying the mathematical professor. He scrupled not, according to the practice of persons like himself, to accuse him of not believing in God.
Some European writers, who had never been in China, had pretended that the government of Pekin was atheistical. Wolf had praised the philosophers of Pekin; therefore Wolf was an atheist. Envy and hatred seldom construct the best syllogisms. This argument of Lange, supported by a party and by a protector, was considered conclusive by the sovereign of the country, who despatched a formal dilemma to the mathematician. This dilemma gave him the option of quitting Halle in twenty-four hours, or of being hanged; and as Wolf was a very accurate reasoner, he did not fail to quit. His withdrawing deprived the king of two or three hundred thousand crowns a year, which were brought into the kingdom in consequence of the wealth of this philosopher's disciples.
This case should convince sovereigns that they should not be over ready to listen to calumny, and sacrifice a great man to the madness of a fool. But let us return to China.
Why should we concern ourselves, we who live at the extremity of the west—why should we dispute with abuse and fury, whether there were fourteen princes or not before Fo-hi, emperor of China, and whether the said Fo-hi lived three thousand, or two thousand nine hundred years before our vulgar era? I should like to see two Irishmen quarrelling at Dublin, about who was the owner, in the twelfth century, of the estate I am now in possession of. Is it not clear, that they should refer to me, who possess the documents and titles relating to it? To my mind, the case is the same with respect to the first emperors of China, and the tribunals of that country are the proper resort upon the subject.
Dispute as long as you please about the fourteen princes who reigned before Fo-hi, your very interesting dispute cannot possibly fail to prove that China was at that period populous, and that laws were in force there. I now ask you, whether a people's being collected together, under laws and kings, involves not the idea of very considerable antiquity? Reflect how long a time is requisite, before by a singular concurrence of circumstances, the iron is discovered in the mine, before it is applied to purposes of agriculture, before the invention of the shuttle, and all the arts of life.
Some who multiply mankind by a dash of the pen, have produced very curious calculations. The Jesuit Petau, by a very singular computation, gives the world, two hundred and twenty-five years after the deluge, one hundred times as many inhabitants as can be easily conceived to exist on it at present. The Cumberlands and Whistons have formed calculations equally ridiculous; had these worthies only consulted the registers of our colonies in America, they would have been perfectly astonished, and would have perceived not only how slowly mankind increase in number, but that frequently instead of increasing they actually diminish.
Let us then, who are merely of yesterday, descendants of the Celts, who have only just finished clearing the forests of our savage territories, suffer the Chinese and Indians to enjoy in peace their fine climate and their antiquity. Let us, especially, cease calling the emperor of China, and the souba of the Deccan, idolaters. There is no necessity for being a zealot in estimating Chinese merit. The constitution of their empire is the only one entirely established upon paternal authority; the only one in which the governor of a province is punished, if, on quitting his station, he does not receive the acclamations of the people; the only one which has instituted rewards for virtue, while, everywhere else, the sole object of the laws is the punishment of crime; the only one which has caused its laws to be adopted by its conquerors, while we are still subject to the customs of the Burgundians, the Franks, and the Goths, by whom we were conquered. Yet, we must confess, that the common people, guided by the bonzes, are equally knavish with our own; that everything is sold enormously dear to foreigners, as among ourselves; that, with respect to the sciences, the Chinese are just where we were two hundred years ago; that, like us, they labor under a thousand ridiculous prejudices; and that they believe in talismans and judicial astrology, as we long did ourselves.
We must admit also, that they were astonished at our thermometer, at our method of freezing fluids by means of saltpetre, and at all the experiments of Torricelli and Otto von Guericke; as we were also, on seeing for the first time those curious processes. We add, that their physicians do not cure mortal diseases any more than our own; and that minor diseases, both here and in China, are cured by nature alone. All this, however, does not interfere with the fact, that the Chinese, for four thousand years, when we were unable even to read, knew everything essentially useful of which we boast at the present day.
I must again repeat, the religion of their learned is admirable, and free from superstitions, from absurd legends, from dogmas insulting both to reason and nature, to which the bonzes give a thousand different meanings, because they really often have none. The most simple worship has appeared to them the best, for a series of forty centuries. They are, what we conceive Seth, Enoch, and Noah to have been; they are contented to adore one God in communion with the sages of the world, while Europe is divided between Thomas and Bonaventure, between Calvin and Luther, between Jansenius and Molina.

The theism of China, and the much to be respected books of Confucius, were still less known to the nations of the west, than the Jewish rites...
We have, indeed, in very recent times the astronomical observations of the Chinese and the Chaldæans. They only go back about two thousand years, more or less, beyond our era. But when the early annals of a nation confine themselves simply to communicating the information that there was an eclipse in the reign of a certain prince, we learn, certainly, that such a prince existed, but not what he performed.
Moreover, the Chinese reckon the year in which an emperor dies as still constituting a part of his reign, until the end of it; even though he should die the first day of the year, his successor dates the year following his death with the name of his predecessor. It is not possible to show more respect for ancestors; nor is it possible to compute time in a manner more injudicious in comparison with modern nations.
We may add that the Chinese do not commence their sexagenary cycle, into which they have introduced arrangement, till the reign of the Emperor Iao, two thousand three hundred and fifty-seven years before our vulgar era. Profound obscurity hangs over the whole period of time which precedes that epoch… That which we have of the Chinese is of considerable value, when compared with the chronological labors of other nations. We have none of the Indians, nor of the Persians, and scarcely any of the ancient Egyptians. All our systems formed on the history of these people are as contradictory as our systems of metaphysics...
Divine Providence seemed to call upon Japan, Siam, India, and China to place themselves under obedience to the pope, in order to recompense him for Asia Minor, Syria, Greece, Egypt, Africa, Russia, and the other lost states which we mentioned...
The Catholic, Apostolic, and Roman religion has become proscribed in China in our own time, but with circumstances of less cruelty. The R.R.P.P. Jesuits had not, indeed, resuscitated the dead at the court of Pekin; they were contented with teaching astronomy, casting cannon, and being mandarins. Their unfortunate disputes with the Dominicans and others gave such offence to the great Emperor Yonchin that that prince, who was justice and goodness personified, was blind enough to refuse permission any longer to teach our holy religion, in respect to which our missionaries so little agreed. He expelled them, but with a kindness truly paternal, supplying them with means of subsistence, and conveyance to the confines of his empire...
In the Greek Church, which at present extends from the frontiers of China to Cape Matapan, the priests may marry once. Customs everywhere vary; discipline changes conformably to time and place. We here only record facts; we enter into no controversy...
Were you able to follow up your wise maxims, from one end of the world to the other, you will hang up the Greek, who does not believe that the spirit proceeds from the Father and the Son; all the English, all the Hollanders, Danes, Swedes, Icelanders, Prussians, Hanoverians, Saxons, Holsteiners, Hessians, Würtembergers, Bernese, Hamburgers, Cossacks, Wallachians, and Russians, none of whom believe the pope to be infallible; all the Mussulmans, who believe in one God, and who give him neither father nor mother; the Indians, whose religion is more ancient than the Jewish; and the lettered Chinese, who, for the space of four thousand years, have served one only God without superstition and without fanaticism...

Vol. 4
The Greeks certainly knew no more of the Jewish idiom than of the language of the Chinese...
It has been carried still further: a Jesuit named Greslon pretended that the Chinese preserved in their annals the account of an eclipse which happened near that time, contrary to the order of nature. They desired the mathematicians of Europe to make a calculation of it; it was pleasant enough to desire the astronomists to calculate an eclipse which was not natural. Finally it was discovered that these Chinese annals do not in any way speak of this eclipse...
What eyes! what freshness of complexion! what an admirable stature! the Antinous of Belvidere compared to him was only like a Chinese baboon, and as to sweetness of manners, he had the most engaging I ever met with."...
The king of China, the great mogul, or the Turkish pasha cannot say to the lowest of his species, "I forbid you to digest your food, to discharge your fæces, or to think."...

Vol. 5
There has been only one religion in the world which has not been polluted by fanaticism and that is the religion of the learned in China…
Fancy, at present, means "a particular desire, a transient taste"; he has a fancy for going to China; his fancy for gaming and dancing has passed away...
About the same time, some mathematicians who were performing the same operations in China were astonished to find a difference among their degrees, which they had expected to find alike; and to discover, after many verifications, that they were shorter towards the north than towards the south. This accordance of the mathematicians of France with those of China was another powerful reason for believing in the oblate spheroid. In France they did still more; they measured parallels to the equator...
Other measurements, taken in Italy, likewise contradicted those of France, and all were falsified by those of China...
Here is also an evident proof of the falsity of the new paradox, that the Chinese are an Egyptian colony. The characters are not the same. The Chinese mark the course of the sun by twenty-eight constellations and the Egyptians, after the Chaldæans, reckoned only twelve, like ourselves.
The figures that denote the planets are in China and in India all different from those of Egypt and of Europe; so are the signs of the metals; so is the method of guiding the hand in writing. Nothing could have been more chimerical than to send the Egyptians to people China...
On the other hand, a man must have a singular partiality for final causes, to assert that stone was made for building houses, and that silkworms are produced in China that we may wear satins in Europe...
The Jesuit Bouhours, in giving some of his letters, has no doubt that "St. Francis Xavier had the gift of tongues"; but he acknowledges that "he had it not always." "He had it," says he, "on several occasions; for, without having learned the Chinese tongue, he preached to the Chinese every morning at Amanguchi, which is the capital of a province in Japan."
But the best of all is, that this man, who had occasion for a dragoman, spoke every tongue at once, like the apostles; and when he spoke Portuguese, in which language Bouhours acknowledges that the saint explained himself very ill, the Indians, the Chinese, the Japanese, the inhabitants of Ceylon and of Sumatra, all understood him perfectly...
Journals of this description have been established in China from time immemorial. The "Imperial Gazette" is published there every day by order of the court. Admitting this gazette to be true, we may easily believe it does not contain all that is true; neither in fact should it do so...
The gazettes of China relate solely to that empire; those of the different states of Europe embrace the affairs of all countries. Although they frequently abound in false intelligence, they may nevertheless be considered as supplying good material for history; because, in general, the errors of each particular gazette are corrected by subsequent ones, and because they contain authentic copies of almost all state papers, which indeed are published in them by order of the sovereigns or governments themselves...
The Egyptians, according to the statement of Eusebius in the first book of the tenth chapter of his "Evangelical Preparation," attached a sort of divinity to the serpent. In Arabia, India, and even China, the serpent was regarded as a symbol of life; and hence it was that the emperors of China, long before the time of Moses, always bore upon their breast the image of a serpent...
No nation has ever existed, unless perhaps we may except China, in which some god is not described as having had offspring from women...
China is the only Asiatic country of which we have an exact measurement; because the emperor Kam-hi employed some Jesuit astronomers to draw exact maps, which is the best thing the Jesuits have done. Had they been content with measuring the earth, they would never have been proscribed...
In our western world, Italy, France, Russia, England, and the principal towns of the other states, have been measured by the same method as was employed in China; but it was not until a very few years ago, that in France it was undertaken to form an entire topography...
Take a map of the world; show them all Africa, the empires of Japan, China, India, Turkey, Persia, and that of Russia, more extensive than was the Roman Empire; make them pass their finger over all Scandinavia, all the north of Germany, the three kingdoms of Great Britain, the greater part of the Low Countries, and of Helvetia; in short make them observe, in the four great divisions of the earth, and in the fifth, which is as little known as it is great in extent, the prodigious number of races, who either never heard of those opinions, or have combated them, or have held them in abhorrence, and you will thus oppose the whole universe to Rue St. Jacques...

SECTION III
Conversation with a Chinese.
In 1723, there was in Holland a Chinese: this Chinese was a man of letters and a merchant; which two professions ought not to be incompatible, but which have become so amongst us, thanks to the extreme regard which is paid to money, and the little consideration which mankind have ever shown, and will ever show, for merit.
This Chinese, who spoke a little Dutch, was once in a bookseller's shop with some men of learning. He asked for a book, and "Bossuet's Universal History," badly translated, was proposed to him. "Ah!" said he, "how fortunate! I shall now see what is said of our great empire—of our nation, which has existed as a national body for more than fifty thousand years—of that succession of emperors who have governed us for so many ages. I shall now see what is thought of the religion of the men of letters—of that simple worship which we render to the Supreme Being. How pleasing to see what is said in Europe of our arts, many of which are more ancient amongst us than any European kingdom. I guess the author will have made many mistakes in the history of the war which we had twenty-two thousand five hundred and fifty-two years ago, with the warlike nations of Tonquin and Japan, and of that solemn embassy which the mighty emperor of the Moguls sent to ask laws from us, in the year of the world 500,000,000,000,079,123,450,000." "Alas!" said one of the learned men to him, "you are not even mentioned in that book; you are too inconsiderable; it is almost all about the first nation in the world—the only nation, the great Jewish people!"
"The Jewish people!" exclaimed the Chinese. "Are they, then, masters of at least three-quarters of the earth?" "They flatter themselves that they shall one day be so," was the answer; "until which time they have the honor of being our old-clothes-men, and, now and then, clippers of our coin."—"You jest," said the Chinese; "had these people ever a vast empire?" "They had as their own for some years," said I, "a small country; but it is not by the extent of their states that a people are to be judged; as it is not by his riches that we are to estimate a man."
"But is no other people spoken of in this book?" asked the man of letters. "Undoubtedly," returned a learned man who stood next me, and who instantly replied, "there is a deal said in it of a small country sixty leagues broad, called Egypt, where it is asserted that there was a lake a hundred and fifty leagues round, cut by the hands of men."—"Zounds!" said the Chinese; "a lake a hundred and fifty leagues round in a country only sixty broad! That is fine, indeed!"—"Everybody was wise in that country," added the doctor. "Oh! what fine times they must have been," said the Chinese. "But is that all?"—"No," replied the European; "he also treats of that celebrated people, the Greeks." "Who are these Greeks?" asked the man of letters. "Ah!" continued the other, "they inhabited a province about a two-hundredth part as large as China, but which has been famous throughout the world." "I have never heard speak of these people, neither in Mogul nor in Japan, nor in Great Tartary," said the Chinese, with an ingenuous look.
"Oh, ignorant, barbarous man!" politely exclaimed our scholar. "Know you not, then, the Theban Epaminondas; nor the harbor of Piraeus; nor the name of the two horses of Achilles; nor that of Silenus's ass? Have you not heard of Jupiter, nor of Diogenes, nor of Lais, nor of Cybele, nor—"
"I am much afraid," replied the man of letters, "that you know nothing at all of the ever memorable adventure of the celebrated Xixofou Concochigramki, nor of the mysteries of the great Fi Psi Hi Hi. But pray, what are the other unknown things of which this universal history treats?" The scholar then spoke for a quarter of an hour on the Roman commonwealth: but when he came to Julius Cæsar, the Chinese interrupted him, saying, "As for him, I think I know him: was he not a Turk?"
"What!" said the scholar, somewhat warm, "do you not at least know the difference between Pagans, Christians, and Mussulmans? Do you not know Constantine, and the history of the popes?" "We have indistinctly heard," answered the Asiatic, "of one Mahomet."
"It is impossible," returned the other, "that you should not, at least, be acquainted with Luther, Zuinglius, Bellarmin, Œcolampadius." "I shall never remember those names," said the Chinese. He then went away to sell a considerable parcel of tea and fine grogram, with which he bought two fine girls and a ship-boy, whom he took back to his own country, adoring Tien, and commending himself to Confucius.
For myself, who was present at this conversation, I clearly saw what glory is; and I said: Since Cæsar and Jupiter are unknown in the finest, the most ancient, the most extensive, the most populous and well-regulated kingdom upon earth; it beseems you, ye governors of some little country, ye preachers in some little parish, or some little town—ye doctors of Salamanca and of Bourges, ye flimsy authors, and ye ponderous commentators—it beseems you to make pretensions to renown!
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The Chinese, ancient as they are, come after the Indians. They have acknowledged one only god from time immemorial; they have no subordinate gods, no t mediating demons or genii between God and man; no oracles, no abstract dogmas, no theological disputes among the lettered; their emperor was always the first pontiff; their religion was always august and simple; thus it is that this vast empire, though twice subjugated, has constantly preserved its integrity, has made its conquerors receive its laws, and notwithstanding the crimes and miseries inseparable from the human race, is still the most flourishing state upon earth...
If the idea of a God has made a Titus or a Trajan, an Antonine or an Aurelius, and those great Chinese emperors, whose memory is so dear to the second of the most ancient and most extensive empires in the world, these examples are sufficient for my cause—and my cause is that of all mankind...
China actually experienced such a revolution; she obeys Tartars of a mixed race, half Mantchou and half Hun. India obeys Mogul Tartars...
God will labor in the head of this Bergamask—sometimes strongly, sometimes weakly, while the rest of the earth will no way concern Him! He will not deign to meddle with the interior of the Indians and Chinese! If you possess a grain of reason, reverend fathers, do you not find this system prodigiously ridiculous?...

Vol. 6
The Japanese, Coreans, Chinese, and the inhabitants of the vast territory of eastern and western Tartary never knew a word of the philosophy of the infernal regions...
In China historiographers are charged with collecting all the events and original titles under a dynasty. They throw the leaves numbered into a vast hall, through an orifice resembling the lion's mouth at Venice, into which is cast all secret intelligence…
The second monument is the central eclipse of the sun, calculated in China two thousand one hundred and fifty-five years before our vulgar era, and admitted by all our astronomers to have actually occurred. We must apply the same remark to the Chinese as to, the people of Babylon. They had undoubtedly, long before this period, constituted a vast empire and social polity. But what places the Chinese above all the other nations of the world is that neither their laws, nor manners, nor the language exclusively spoken by their men of learning, have experienced any change in the course of about four thousand years. Yet this nation and that of India, the most ancient of all that are now subsisting, those which possess the largest and most fertile tracts of territory, those which had invented nearly all the arts almost before we were in possession even of any of them, have been always omitted, down to our time, in our pretended universal histories...
There have been nations who have subjugated a considerable part of the world, and who yet have not been acquainted with the use of characters. We know that Genghis Khan conquered a part of Asia in the beginning of the thirteenth century; but it is not from him, nor from the Tartars, that we have derived that knowledge. Their history, written by the Chinese, and translated by Father Gaubil, states that these Tartars were at that time unacquainted with the art of writing...
The art of writing is certainly not more than six thousand years old, even among the Chinese; and, whatever may be the boast of the Chaldæans and Egyptians, it appears not at all likely that they were able to read and write earlier...
When Marco Polo described the greatness and population of China, being the first, and for a time the only writer who had described them, he could not obtain credit...
If a Turk, or a learned Chinese, were a witness of these ceremonies, he would, through ignorance, accuse the Italians of putting their trust in the figures which they thus promenade in possession...
The government of China possesses no idol, but has always preserved the simple worship of the master of heaven, Kien-tien…
The learned Chinese, the Parsees, and the ancient Egyptians, had no idols; but Isis and Osiris were soon represented. Bel, at Babylon, was a great colossus...
The Chinese, Parsees, and Indians, were never guilty of these abominations; but at Hieropolis, in Egypt, according to Porphyrius, they immolated men...
Poland and all the south remained a long time after him in what was called idolatry; the half of Africa, all the kingdoms beyond the Ganges, Japan, the populace of China, and a hundred hordes of Tartars, have preserved their ancient religion...
Were this money employed by the sovereign in importing spices from India, coffee from Mocha, English and Arabian horses, silks from the Levant, and gew-gaws from China, it is clear that in a few years there would not remain a single sous in the kingdom. The taxes, therefore, serve to maintain the manufacturers; and so far what is poured into the coffers of the prince returns to the cultivators. They suffer, they complain, and other parts of the state suffer and complain also; but at the end of the year they find that every one has labored and lived some way or other...
It is not known of what Tartars our author speaks, who cites too much at random: we know not at present of any people, from the Crimea to the frontiers of China, who are in the habit of espousing their daughters...
The atmosphere which surrounds and closes upon me acts upon me. I ought not to attribute to the moon, which is ninety thousand miles distant, what I might naturally ascribe to something incessantly in contact with my skin. This would be more unphilosophical than my considering the court of China responsible for a lawsuit that I was carrying on in France...
If I were in China, I should ask of you the customary interest at Macao and Canton...
And as for you, Isaac Newton; Frederick the Great, king of Prussia and elector of Brandenburg; John Locke; Catherine, empress of Russia, victorious over the Ottomans; John Milton; the beneficent sovereign of Denmark; Shakespeare; the wise king of Sweden; Leibnitz; the august house of Brunswick; Tillotson; the emperor of China; the Parliament of England; the Council of the great Mogul; in short, all you who do not believe one word which I have taught in my courses on divinity, I declare to you, that I regard you all as pagans and publicans, as, in order to engrave it on your unimpressible brains, I have often told you before...
The ancient Brahmins acknowledged one only Supreme Being; the Chinese associated no inferior being with the Divinity, nor had any idol until the times when the populace were Jed astray by the worship of Fo, and the superstitions of the bonzes...
This was the most illustrious period of Chinese history. The emperor Tchin-wang was reigning with glory over that vast empire; all the sciences were there cultivated; and the public annals inform us that the king of Cochin China, being come to pay his respects to this emperor, Tchin-wang, received from him a present of a mariner's compass. This compass might have been of great service to your Solomon, for his fleets that went to the fine country of Ophir, which no one has ever known anything about.
Thus, after the Chaldæans, the Syrians, the Persians, the Phoenicians, the Egyptians, the Greeks, the Indians, the Chinese, the Latins, and the Etruscans, you are the first people upon earth who had any known form of government...
How should I do otherwise than pity you? seeing that ten of your tribes were absolutely annihilated, or perhaps reduced to two hundred families, which, it is said, are to be found in China and Tartary...
It is evident, that those of Sanchoniathon, and those of Thaut, eight hundred years anterior to those of Sanchoniathon; those of the first Zerdusht, the "Shasta," the "Vedas" of the Indians, which we still possess; the "Five Kings of China"; and finally the Book of Job, are of a much remoter antiquity than any Jewish book. It is demonstrated that this little people could only have annals while they had a stable government; that they only had this government under their kings; that its jargon was only formed, in the course of time, of a mixture of Phœnician and Arabic...
These are incontestable proofs that the Phœnicians cultivated letters a long time before them. Their profession was pillage and brokerage; they were writers only by chance. We have lost the books of the Egyptians and Phœnicians, the Chinese, Brahmins, and Guebers; the Jews have preserved theirs. All these monuments are curious, but they are monuments of human imagination alone, in which not a single truth, either physical or historical, is to be learned...

Vol. 7
The earth must be stricken nine times by the forehead in the presence of the emperor of China...
I have attempted to discover some ray of light in the mythological times of China which precede Fohi, but I have attempted in vain.
At the period, however, in which Fohi flourished, which was about three thousand years before the new and common era of our northwestern part of the world, I perceive wise and mild laws already established by a beneficent sovereign. The ancient books of the Five Kings, consecrated by the respect of so many ages, treat of the institution of agriculture, of pastoral economy, of domestic economy, of that simple astronomy which regulates the different seasons, and of the music which, by different modulations, summoned men to their respective occupations. Fohi flourished, beyond dispute, more than five thousand years ago. We may therefore form some judgment of the great antiquity of an immense population, thus instructed by an emperor on every topic that could contribute to their happiness. In the laws of that monarch I see nothing but what is mild, useful and amiable...
It appears upon a comparison of the code of the Chinese with that of the Hebrews, that laws naturally follow the manners of the people who make them. If vultures and doves had laws, they would undoubtedly be of a very different character...
What philosophy therefore is that which says things that common sense disclaims from China to Canada? Is it not that of a beggar, who would have all the rich robbed by the poor, in order that fraternal union might be better established among men?...
The idea of metempsychosis is perhaps the most ancient dogma of the known world, and prevails still in a great part of India and of China...

Vol. 8
In a word, the Jews knew no more about original sin than they did about the Chinese ceremonies; and, although divines generally discover in the Scripture everything they wish to find there, either "totidem verbis," or "totidem literis," we may safely assert that no reasonable divine will ever discover in it this surprising and overwhelming mystery...
It would be but a wretched compliment of condolence to offer to a queen of China, or Japan, or India, Scythia, or Gothia, who had just lost her infant son to say: "Be comforted, madam; his highness the prince royal is now in the clutches of five hundred devils, who turn him round and round in a great furnace to all eternity, while his body rests embalmed and in peace within the precincts of your palace."…
It will be a fine gain for philosophy, when we shall constantly behold the Nogais Tartars—who can, I believe, bring twelve thousand men into the field—coming to subjugate Russia, Germany, Italy, and France. But I flatter myself, that the Emperor of China will not suffer it; he has already acceded to perpetual peace, and as he has no more Jesuits about him, he will not trouble Europe...
"Under the good kings Yao and Xu, the Chinese were good; under the bad kings Kie and Chu, they were wicked...
One of the great misfortunes, as also one of the great follies, of mankind, is that in all countries which we call polished, except, perhaps, China, priests concern themselves with what belongs only to philosophers. These priests interfered with regulating the year; it was, they say, their right; for it was necessary that the people should know their holy days...
I do not speak of the Chinese, whose government, more respectable than all the rest, has acknowledged one God only for a period of more than four thousand years...
In the second place, the Egyptians, the Chaldæans, the Persians, the Indians, and the Chinese, have all different calculations; and it is still more difficult to agree with them...
India, China, Persia, and Asia Minor were thickly peopled; this I can credit without difficulty; and possibly they are not less so at present, notwithstanding the destructive prevalence of invasions and wars. Throughout, Nature has clothed them with pasturage; the bull freely unites with the heifer, the ram with the sheep, and man with woman...
But the Kamchatkans have not alone peopled the new world; they have been charitably assisted by the Mantchou Tartars, by the Huns, by the Chinese, and by the inhabitants of Japan. The Mantchou Tartars are incontestably the ancestors of the Peruvians, for Mango Capac was the first inca of Peru...
A plant resembling the ginseng of the Chinese, grows in Canada, which the Chinese transplanted into the latter even before they were masters of the part of Tartary where it is indigenous. Moreover, the Chinese are such great navigators, they formerly sent fleets to America without maintaining the least correspondence with their colonies...
The king of Boutan never called himself emperor of China; nor did the sovereign of Tartary ever assume the title of king of Egypt…

Vol. 9
From Switzerland to China the peasants are the real occupiers of the land. The right of conquest alone has, in some countries, deprived men of a right so natural...
This Scripture, quoted by St. John, extended to the letter of the paschal lamb, which ought to be eaten by the Israelites; but John the Baptist having called Jesus the Lamb of God, not only was the application of it given to Him, but it is even pretended that His death was predicted by Confucius. Spizeli quotes the history of China by Maitinus, in which it is related that in the thirty-ninth year of the reign of King-hi, some hunters outside the gates of the town killed a rare animal which the Chinese called kilin, that is to say, the Lamb of God. At this news, Confucius struck his breast, sighed profoundly, and exclaimed more than once: "Kilin, who has said that thou art come?" He added: "My doctrine draws to an end; it will no longer be of use, since you will appear."
Another prophecy of the same Confucius is also found in his second book, which is applied equally to Jesus, though He is not designated under the name of the Lamb of God. This is it: We need not fear but that when the expected Holy One shall come, all the honor will be rendered to His virtue which is due to it. His works will be conformable to the laws of heaven and earth...
For in fact, if a Chinese, a Tartar, or an African, reduced to the misfortune of having only good sense, read all these prophecies, it would be impossible for him to apply them to Jesus Christ, the Jews, or to anyone else. He would be in astonishment and uncertainty, would conceive nothing, and would not have a single distinct idea. He could not take a step in this abyss without a guide...
It was not until lately that the modern nations of Europe began to render roads practicable and convenient, and to bestow on them some beauty. To superintend and keep in order the road is one of the most important cares of both the Mogul and Chinese emperors. But these princes never attained such eminence in this department as the Romans... Those who worked on the canals in Egypt; or on the great wall, the canals, or highways of China; or those who constructed the celebrated ways of the Roman Empire were much more usefully occupied than the three hundred thousand miserable slaves in building a pyramidal sepulchre for the corpse of a bigoted Egyptian… Canals are much more useful still. The Chinese surpass all other people in these works, which require continual attention and repair…
I have applied to all the learned men that I have seen, and said, Have you ever met with any old work in Greek, Tuscan, Arabian, Egyptian, Chaldæan, Indian, Persian, or Chinese, in which the name of Noah is to be found? They have all replied in the negative. This is a fact that perpetually perplexes and confounds me...
The present emperor of China, Kien Long, particularly, is considered a great poet; but Solomon, or Solyman, the Hebrew, has still more reputation than Kien Long, the Chinese...
This fable, which cannot be too often repeated, shows how ancient was the opinion of another life. The Indians were persuaded of it, as their metempsychosis proves. The Chinese venerated the souls of their ancestors. Each of these nations had founded powerful empires long before the Egyptians...
We see none among the Egyptians, Persians, or Chinese, because we have but very imperfect fragments of their histories: we scarcely know anything of them until since the time in which their kings were absolute, or at least since the time in which they had only priests to balance their authority...

Vol. 10
Can there exist a people of philosophers? It is said that there is no superstition in the magistracy of China...
"I believe that the just and righteous Chinese is more precious to Him than the cavilling and arrogant European scholar...
Theism is a religion diffused through all religions; it is a metal which mixes itself with all the others, the veins of which extend under ground to the four corners of the world. This mine is more openly worked in China; everywhere else it is hidden, and the secret is only in the hands of the adepts...
Many persons ask whether theism, considered abstractedly, and without any religious ceremony, is in fact a religion? The answer is easy: he who recognizes only a creating God, he who views in God only a Being infinitely powerful, and who sees in His creatures only wonderful machines, is not religious towards Him any more than a European, admiring the king of China, would thereby profess allegiance to that prince...
What is a true theist? It is he who says to God: "I adore and serve You;" it is he who says to the Turk, to the Chinese, the Indian, and the Russian: "I love you."...
I deceive myself every day; but I suspect that all the nations who have cultivated the arts have lived under a theocracy. I always except the Chinese, who appear learned as soon as they became a nation. They were free from superstition directly China was a kingdom. It is a great pity, that having been raised so high at first, they should remain stationary at the degree they have so long occupied in the sciences. It would seem that they have received from nature an ample allowance of good sense, and a very small one of industry. Yet in other things their industry is displayed more than ours...
When, on the exchange of Amsterdam, of London, of Surat, or of Bassora, the Gueber, the Banian, the Jew, the Mahometan, the Chinese Deist, the Brahmin, the Christian of the Greek Church, the Roman Catholic Christian, the Protestant Christian, and the Quaker Christian, traffic together, they do not lift the poniard against each other, in order to gain souls for their religion...
Wretches, whom the example of the Noachides, the Chinese literati, the Parsees, and of all the wise, has not availed to guide! Monsters, who need superstitions, just as the gizzard of a raven needs carrion!...
My friends, there are only some monks, and some Protestants as barbarous as those monks, who are still intolerant. We have been so infected with this furor, that in our voyages of long duration, we have carried it to China, to Tonquin, and Japan...
I will say to my brother the Chinese: Let us sup together without ceremony, for I dislike grimaces; but I like your law, the wisest of all, and perhaps the most ancient. I will say nearly as much to my brother the Indian...
There are cases in which we must not judge of a nation by its usages and popular superstitions. Suppose Cæsar, after having conquered Egypt, wishing to make commerce flourish in the Roman Empire, had sent an embassy to China by the port of Arsinoë, the Red Sea and Indian Ocean. The emperor Yventi, the first of the name, then reigned in China; the Chinese annals represent him to us as a very wise and learned prince. After receiving the ambassadors of Cæsar with all Chinese politeness, he secretly informs himself through his interpreter of the customs, the usages, sciences, and religion of the Roman people, as celebrated in the West as the Chinese people are in the East. He first learns that their priests have regulated their years in so absurd a manner, that the sun has already entered the celestial signs of Spring when the Romans celebrate the first feasts of Winter. He learns that this nation at a great expense supports a college of priests, who know exactly the time in which they must embark, and when they should give battle, by the inspection of a bullock's liver, or the manner in which fowls eat grain. This sacred science was formerly taught to the Romans by a little god named Tages, who came out of the earth in Tuscany. These people adore a supreme and only God, whom they always call a very great and very good God; yet they have built a temple to a courtesan named Flora, and the good women of Rome have almost all little gods—Penates—in their houses, about four or five inches high. One of these little divinities is the goddess of bosoms, another that of posteriors. They have even a divinity whom they call the god Pet. The emperor Yventi began to laugh; and the tribunals of Nankin at first think with him that the Roman ambassadors are knaves or impostors, who have taken the title of envoys of the Roman Republic; but as the emperor is as just as he is polite, he has particular conversations with them. He then learns that the Roman priests were very ignorant, but that Cæsar actually reformed the calendar. They confess to him that the college of augurs was established in the time of their early barbarity, that they have allowed this ridiculous institution, become dear to a people long ignorant, to exist, but that all sensible people laugh at the augurs; that Cæsar never consulted them; that, according to the account of a very great man named Cato, no augur could ever look another in the face without laughing; and finally, that Cicero, the greatest orator and best philosopher of Rome, wrote a little work against the augurs, entitled "Of Divination," in which he delivers up to eternal ridicule all the predictions and sorceries of soothsayers with which the earth is infatuated. The emperor of China has the curiosity to read this book of Cicero; the interpreters translate it; and in consequence he admires at once the book and the Roman Republic...
The Chinese, the people of Tonquin, Lao, Siam, and even Japan, for more than a hundred years have not been acquainted with war…
Woman is in general less strong than man, smaller, and less capable of lasting labor. Her blood is more aqueous; her flesh less firm; her hair longer; her limbs more rounded; her arms less muscular; her mouth smaller; her hips more prominent; and her belly larger. These physical points distinguish women all over the earth, and of all races, from Lapland unto the coast of Guinea, and from America to China...
We have elsewhere adverted to an extract from a Chinese journal, which states, that in the year 1725, the wife of the emperor Yontchin made a distribution among the poor women of China who had passed their seventieth year; and that, in the province of Canton alone, there were 98,222 females aged more than seventy, 40,893 beyond eighty, and 3,453 of about the age of a hundred. Those who advocate final causes say, that nature grants them a longer life than men, in order to recompense them for the trouble they take in bringing children into the world and rearing them. It is scarcely to be imagined that nature bestows recompenses, but it is probable that the blood of women being milder, their fibres harden less quickly...
  • Document: Voltaire. A philosophical dictionary. In : The works of Mr. de Voltaire. Translated from the French ; with notes, historical and critical. By T[homas] Francklin, Dr. [Tobias] Smollett, and others. Vol. 1-10. (London : J. Newbery, R. Baldwin, 1761-1765). Vol. 10 (1765). = Voltaire. A philosophical dictionary. Transl. by William F. Fleming. In : The works of Voltaire : a contemporary version ; notes by Tobias Smollett, rev. and modernized ; new translations by William F. Fleming and an introd. by Oliver H.G. Leigh : a critique & biography by John Morley. Vol. 8. (New York, N.Y. : E.R. DuMont, 1901).
    https://archive.org/stream/philosophicaldi00unkngoog#page/n6/mode/2up.
    http://www.gutenberg.org/files/35628/35628-h/35628-h.htm
    . (Smol4, Publication)
  • Person: Fleming, William F.
  • Person: Francklin, Thomas
  • Person: Leigh, Oliver H.G.
  • Person: Morley, John
  • Person: Smollett, Tobias
19 1766 Voltaire. Le philosophe ignorant [ID D19779].
XLI. De Confucius.
Les Chinois n'eurent aucune superstition, aucun charlatanisme à se reprocher comme les autres peuples. Le gouvernement chinois montrait aux hommes, il y a fort au delà de quatre mille ans, et leur montre encore qu'on peut les régir sans les tromper; que ce n'est pas par le mensonge qu'on sert le Dieu de vérité; que la superstition est non seulement inutile, mais nuisible à la religion. Jamais l’adoration de Dieu ne fut si pure et si sainte qu'à la Chine (àla révélation près). Je ne parle pas des sectes du peuple, je parle de la religion du prince, de celle de tous les tribunaux et de tout ce qui n’est pas populace. Quelle est la religion de tous les honnêtes gens à la Chine, depuis tant de siècles? la voici: Adorez le ciel, et soyez juste. Aucun empereur n'en a eu d’autre.
On place souvent le grand Confutzée, que nous nommons Confucius, parmi les anciens législateurs, parmi les fondateurs de religions: c'est une grande inadvertance. Confutzée est très moderne; il ne vivait que six cent cinquante ans avant notre ère. Jamais il n'institua aucun culte, aucun rite; jamais il ne se dit ni inspiré ni prophète; il ne fit que rassembler en un corps les anciennes lois de la morale.
Il invite les hommes à pardonner les injures et à ne se souvenir que des bienfaits
A veiller sans cesse sur soi-même, à corriger aujourd'hui les fautes d'hier;
A réprimer ses passions, et à cultiver l'amitié; à donner sans faste, et à ne recevoir que l'extrême nécessaire sans bassesse.
Il ne dit point qu'il ne faut pas faire à autrui ce que nous ne voulons pas qu'on fasse à nous-mêmes: ce n'est que défendre le mal; il fait plus, il recommande le bien: «Traite autrui comme tu veux qu’on te traite.»
Il enseigne non seulement la modestie, mais encore l'humilité; il recommande toutes les vertus.
  • Document: Voltaire. Le philosophe ignorant. ([Genève : Cramer], 1766). [Enthält] : De Confucius. (Volt6, Publication)
20 1766 Voltaire. Commentaire sur le livre des Délits et des peines [ID D20015].
Voltaire schreibt :
Faut-il aller au bout de la terre, faut-il recourir aux lois de la Chine, pour voir combien le sang des hommes doit être ménagé? II y a plus de quatre mille ans que les tribunaux de cet empire existent, et il y a aussi plus de quatre mille ans qu'on n'exécute pas un villageois à l'extrémité de l'empire sans envoyer son procès à l'empereur, qui le fait examiner trois fois par un de ses tribunaux; après quoi il signe l'arrêt de mort, ou le changement de peine, ou de grâce entière...
L'auteur de l'Esprit des Lois, qui a semé tant de belles vérités dans son ouvrage, paraît s'être cruellement trompé quand, pour étayer son principe que le sentiment vague de l'honneur est le fondement des monarchies, et que la vertu est le fondement des républiques, il dit des Chinois : "J'ignore ce que c'est que cet honneur chez des peuples à qui l'on ne fait rien faire qu'à coups de bâton". Certainement, de ce qu'on écarte la populace avec le pantsé, et de ce qu'on donne des coups de pantsé aux gueux insolents et fripons, il ne s'ensuit pas que la Chine ne soit gouvernée par des tribunaux qui veillent les uns sur les autres, et que ce ne soit une excellente forme de gouvernement.
21 1767 Voltaire. Avis à tous les orientaux.
Voltaire schreibt : "Les espions appelés Jésuites que le prêtre-prince de Rome avait envoyés à la Chine commençaient déjà à causer du trouble dans ce vaste empire lorsque l'empereur Yong-tcheng [Yongzheng] d'heureuse mémoire, renvoya tous ces dangereux hôtes à Macao et maintint par leur bannissement la paix dans son Empire. Il est donc nécessaire qu'on fasse passer ces excès dans toutes les langues et qu'on les dénonce à toutes les nations."
  • Document: Guy, Basil. The French image of China before and after Voltaire. (Genève : Institut et Musée Voltaire Les Délices, 1963). (Studies on Voltaire and the eighteenth century ; vol. 21). S. 277. (Guy, Publication)
22 1767 Katharina II. and Voltaire and China.
Susanna Lim : China and the Chinese emperor became valuable images in Catherine's representation of her rule and person, and she turned for direct inspiration to Voltaire, the foremost figure of the French Enlightenment and its most famous sinophile. He often served as both, mentor and audience in regard to Catherine's administration of her empire, in particular Russia's Asian realms. Finding herself for the first time in the city of Kazan she wrote to Voltaire : "Here I am in Asia ; I wanted to see it for myself. There are in this city twenty different peoples, who bear absolutely no resemblance to each other".
From the commissioning of palaces and gardens in the Chinese style to writing her own Chinese-inspired fiction, Catherine exhibited an enthusiasm that closely matched that of her mentor.
  • Document: Lim, Susanna Soojung. China and Japan in the Russian Imagination, 1685-1922 : to the ends of the Orient. (London : Routledge, Taylor & Francis Group, 2013). S. 43-45. (Dost9, Publication)
  • Person: Katharina II.
23 1768 Voltaire. Relation du bannissement des jésuites de la Chine [ID D19778].
La Chine, autrefois entièrement ignorée, longtemps ensuite défigurée à nos yeux, et enfin mieux connue de nous que plusieurs provinces d'Europe, est l'empire le plus peuplé, le plus florissant, et le plus antique de l'univers. On sait que, par le dernier dénombrement fait sous l'empereur Kang-hi, dans les seules quinze provinces de la Chine proprement dite on trouva soixante millions d'hommes capables d'aller à la guerre, en ne comptant ni les soldats vétérans, ni les vieillards au-dessus de soixante ans, ni les jeunes gens au-dessous de vingt, ni les mandarins, ni les lettrés, encore moins les femmes: a ce compte, il paraît difficile qu'il y ait moins de cent cinquante millions d'âmes, ou soi-disant telles, à la Chine.
Les revenus ordinaires de l'empereur sont deux cents millions d’onces d'argent fin, ce qui revient à douze cent cinquante millions de la monnaie de France, ou cent vingt-cinq millions de ducats d'or.
Les forces de l'État consistent, nous dit-on, dans une milice d'environ huit cent mille soldats. L'empereur a cinq cent soixante et dix mille chevaux, soit pour monter les gens de guerre, soit pour les voyages de la cour, soit pour les courriers publics.
On nous assure encore que cette vaste étendue de pays n'est point gouvernée despotiquement, mais par six tribunaux principaux qui servent de frein à tous les tribunaux inférieurs.
La religion y est simple, et c'est une preuve incontestable de son antiquité. Il y a plus de quatre mille ans que les empereurs de la Chine sont les premiers pontifes de l'empire; ils adorent un Dieu unique, ils lui offrent les prémices d’un champ qu'ils ont labouré de leurs mains. L'empereur Kang-hi écrivit et fit graver dans le frontispice de son temple ces propres mots: «Le Chang-ti est sans commencement et sans fin; il a tout produit; il gouverne tout; il est infiniment bon et infiniment juste.»
Yong-ching, fils et successeur de Kang-hi, fit publier dans tout l'empire un édit qui commence par ces mots: «Il y a entre le Tien et l'homme une correspondance sûre, infaillible, pour les récompenses et les châtiments.»
Cette religion de l'empereur, de tous les colaos, de tous les lettrés, est d'autant plus belle qu’elle n'est souillée par aucune superstition.
Toute la sagesse du gouvernement n'a pu empêcher que les bonzes ne se soient introduits dans l'empire; de même que toute l'attention d'un maître d'hôtel ne peut empêcher que les rats ne se glissent dans les caves et dans les greniers.
L'esprit de tolérance, qui faisait le caractère de toutes les nations asiatiques, laissa les bonzes séduire le peuple; mais, en s'emparant de la canaille, on les empêcha de la gouverner. On les a traités comme on traite les charlatans: on les laisse débiter leur orviétan dans les places publiques; mais s'ils ameutent le peuple, ils sont pendus. Les bonzes ont donc été tolérés et réprimés.
L'empereur Kang-hi avait accueilli avec une bonté singulière les bonzes jésuites; ceux-ci, à la faveur de quelques sphères armillaires, des baromètres, des thermomètres, des lunettes, qu'ils avaient apportés d'Europe, obtinrent de Kang-Hi la tolérance publique de la religion chrétienne.
On doit observer que cet empereur fut obligé de consulter les tribunaux, de les solliciter lui-même, et de dresser de sa main la requête des bonzes jésuites, pour leur obtenir la permission d’exercer leur religion: ce qui prouve évidemment que l'empereur n'est point despotique, comme tant d'auteurs mal instruits l'ont prétendu, et que les lois sont plus fortes que lui.
Les querelles élevées entre les missionnaires rendirent bientôt la nouvelle secte odieuse. Les Chinois, qui sont gens sensés, furent étonnés et indignés que des bonzes d'Europe osassent établir dans leur empire des opinions dont eux-mêmes n'étaient pas d'accord; les tribunaux présentèrent à l'empereur des mémoires contre tous ces bonzes d'Europe, et surtout contre les jésuites ainsi que nous avons vu depuis peu les parlements de France requérir et ensuite ordonner l'abolition de cette société.
Ce procès n'était pas encore jugé à la Chine, lorsque l'empereur Kang-Hi mourut, le 20 décembre 1722. Un de ses fils, nommé Yong-tching, lui succéda; c'était un des meilleurs princes que Dieu ait jamais accordés aux hommes. Il avait toute la bonté de son père, avec plus de fermeté et plus de justesse dans l'esprit. Dès qu’il fut sur le trône, il reçut de toutes les villes de l'empire des requêtes contre les jésuites. On l'avertissait que ces bonzes, sous prétexte de religion, faisaient un commerce immense; qu'ils prêchaient une doctrine intolérante; qu'ils avaient été l'unique cause d'une guerre civile au Japon, dans laquelle il était péri plus de quatre cent mille âmes; qu'ils étaient les soldats et les espions d'un prêtre d'Occident, réputé souverain de tous les royaumes de la terre; que ce prêtre avait divisé le royaume de la Chine en évêchés; qu'il avait rendu des sentences à Rome contre les anciens rites de la nation, et qu'enfin, si l'on ne réprimait pas au plus tôt ces entreprises inouïes, une révolution était à craindre.
L'empereur Yong-tching, avant de se décider, voulut s'instruire par lui-même de l'étrange religion de ces bonzes; il sut qu'il y en avait un, nommé le frère Rigolet, qui avait converti quelques enfants des crocheteurs et des lavandières du palais; il ordonna qu'on le fit paraître devant lui.
Ce frère Rigolet n'était pas un homme de cour comme les Frères Parennin et Verbiest. Il avait toute la simplicité et l'enthousiasme d'un persuadé. Il y a de ces gens-là dans toutes les sociétés religieuses; ils sont nécessaires à leur ordre. On demandait un jour à Oliva, général des jésuites, comme il se pouvait faire qu'il y eût tant de sots dans une société qui passait pour éclairée; il répondit: Il nous faut des saints. Ainsi donc saint Rigolet comparut devant l'empereur de la Chine.
Il était tout glorieux, et ne doutait pas qu'il n'eût l'honneur de baptiser l'empereur dans deux jours au plus tard. Après qu'il eut fait les génuflexions ordinaires, et frappé neuf fois la terre de son front, l'empereur lui fit apporter du thé et des biscuits, et lui dit «Frère Rigolet, dites-moi en conscience ce que c'est que cette religion que vous prêchez aux lavandières et aux crocheteurs de mon palais.
FRÈRE RIGOLET
Auguste souverain des quinze provinces anciennes de la Chine et des quarante-deux provinces tartares, ma religion est la seule véritable, comme me l'a dit mon préfet le frère Bouvet, qui le tenait de sa nourrice. Les Chinois, les Japonais, les Coréens, les Tartares, les Indiens, les Persans, les Turcs, les Arabes, les Africains, et les Américains, seront tous damnés. On ne peut plaire à Dieu que dans une partie de l'Europe, et ma secte s'appelle la religion catholique, ce qui veut dire universelle.
L’EMPEREUR.
Fort bien, frère Rigolet. Votre secte est confinée dans un petit coin de l'Europe, et vous l'appelez universelle! Apparemment que vous espérez de l'étendre dans tout l'univers.
FRÈRE RIGOLET.
Sire, Votre Majesté a mis le doigt dessus; c'est comme nous l'entendons. Dès que nous sommes envoyés dans un pays par le révérend frère général, au nom du pape qui est vice-dieu en terre, nous catéchisons les esprits qui ne sont point encore pervertis par l'usage dangereux de penser. Les enfants du bas peuple étant les plus dignes de notre doctrine, nous commençons par eux; ensuite nous allons aux femmes, bientôt elles nous donnent leurs maris, et dès que nous avons un nombre suffisant de prosélytes, nous devenons assez puissants pour forcer le souverain à gagner la vie éternelle en se faisant sujet du pape.
L’EMPEREUR.
On ne peut mieux, frère Rigolet; les souverains vous sont fort obligés. Montrez-moi un peu sur cette carte géographique où demeure votre pape.
FRÈRE RIGOLET.
Sacrée Majesté impériale, il demeure au bout du monde dans ce petit angle que vous voyez, et c'est de là qu'il damne ou qu'il sauve à son gré tous les rois de la terre: il est vice-dieu, vice-Chang-ti, vice-Tien; il doit gouverner la terre entière au nom de Dieu, et notre frère général doit gouverner sous lui.
L’EMPEREUR.
Mes compliments au vice-dieu et au frère général. Mais votre Dieu, quel est-il? Dites-moi un peu de ses nouvelles.
FRÈRE RIGOLET.
Notre Dieu naquit dans une écurie, il y a quelque dix-sept cent vingt-trois ans, entre un boeuf et un âne; et trois rois, qui étaient apparemment de votre pays, conduits par une étoile nouvelle, vinrent au plus vite l'adorer dans sa mangeoire.
L’EMPEREUR.
Vraiment, frère Rigolet, si j'avais été là je n’aurais pas manqué de faire le quatrième.
FRÈRE RIGOLET.
Je le crois bien, sire; mais si vous êtes curieux de faire un petit voyage, il ne tiendra qu'à vous de voir sa mère. Elle demeure ici dans ce petit coin que vous voyez sur le bord de la mer Adriatique, dans la même maison où elle accoucha de Dieu. Cette maison, à la vérité, n'était pas d'abord dans cet endroit-là. Voici sur la carte le lieu qu’elle occupait dans un petit village juif; mais, au bout de treize cents ans, les esprits célestes la transportèrent où vous la voyez. La mère de Dieu n'y est pas à la vérité en chair et en os, mais en bois. C'est une statue que quelques-uns de nos frères pensent avoir été faite par le Dieu son fils, qui était un très bon charpentier.
L’EMPEREUR.
Un Dieu charpentier! un Dieu né d'une femme! tout ce que vous me dites est admirable.
FRÈRE RIGOLET.
Oh! sire, elle n'était point femme, elle était fille. Il est vrai qu’elle était mariée, et qu'elle avait eu deux autres enfants, nommés Jacques, comme le disent de vieux Évangiles; mais elle n'en était pas moins pucelle.
L’EMPEREUR.
Quoi! elle était pucelle, et elle avait des enfants!
FRÈRE RIGOLET.
Vraiment oui. C’est là le bon de l'affaire; ce fut Dieu qui fit un enfant à cette fille.
L’EMPEREUR.
Je ne vous entends point. Vous me disiez tout à l'heure qu'elle était mère de Dieu. Dieu coucha donc avec sa mère pour naître ensuite d'elle?
FRÈRE RIGOLET.
Vous y êtes, Sacrée Majesté; la grâce opère déjà. Vous y êtes, dis-je; Dieu se changea en pigeon pour faire un enfant à la femme d'un charpentier, et cet enfant fut Dieu lui-même.
L’EMPEREUR.
Mais voilà donc deux dieux de compte fait: un charpentier et un pigeon.
FRÈRE RIGOLET.
Sans doute, sire; mais il y en a encore un troisième, qui est le père de ces deux-là, et que nous peignons toujours avec une barbe majestueuse: c'est ce dieu-là qui ordonna au pigeon de faire un enfant à la charpentière, dont naquit le dieu charpentier; mais au fond, ces trois dieux n’en font qu'un. Le père a engendré le fils avant qu’il fût au monde, le fils a été ensuite engendré par le pigeon, et le pigeon procède du père et du fils. Or vous voyez bien que le pigeon qui procède, le charpentier qui est né du pigeon, et le père qui a engendré le fils du pigeon, ne peuvent être qu'un seul Dieu; et qu'un homme qui ne croirait pas cette histoire doit être brûlé dans ce monde-ci et dans l'autre.
L’EMPEREUR.
Cela est clair comme le jour. Un dieu né dans une étable, il y a dix-sept cent vingt-trois ans, entre un boeuf et un âne; un autre dieu dans un colombier; un troisième dieu de qui viennent les deux autres, et qui n’est pas plus ancien qu'eux, malgré sa barbe blanche; une mère pucelle: il n’est rien de plus simple et de plus sage. Eh! dis-moi un peu, frère Rigolet, si ton dieu est né, il est sans doute mort?
FRÈRE RIGOLET.
S'il est mort, Sacrée Majesté, je vous en réponds, et cela pour nous faire plaisir. Il déguisa si bien sa divinité qu'il se laissa fouetter et pendre malgré ses miracles; mais aussi il ressuscita deux jours après sans que personne le vît, et s'en retourna au ciel après avoir solennellement promis «qu'il reviendrait incessamment dans une nuée, avec une grande puissance et une grande majesté», comme le dit, dans son vingt et unième chapitre, Luc, le plus savant historien qui ait jamais été. Le malheur est qu'il ne revint point.
L’EMPEREUR.
Viens, frère Rigolet, que je t'embrasse; va, tu ne feras jamais de révolution dans mon empire. Ta religion est charmante: tu épanouiras la rate de tous mes sujets; mais il faut que tu me dises tout. Voilà ton dieu né, fessé, pendu, et enterré. Avant lui n'en avais-tu pas un autre?
FRÈRE RIGOLET.
Oui vraiment, il y en avait un dans le même petit pays, qui s'appelait le Seigneur tout court. Celui-là ne se laissait pas pendre comme l'autre; c'était un Dieu à qui il ne fallait pas se jouer: il s'avisa de prendre sous sa protection une horde de voleurs et de meurtriers, en faveur de laquelle il égorgea, un beau matin, tous les bestiaux et tous les fils aînés des familles d'Égypte. Après quoi il ordonna expressément à son cher peuple de voler tout ce qu'ils trouveraient sous leurs mains, et de s'enfuir sans combattre, attendu qu'il était le Dieu des armées. Il leur ouvrit ensuite le fond de la mer, suspendit des eaux à droite et à gauche pour les faire passer à pied sec, faute de bateaux. Il les conduisit ensuite dans un désert où ils moururent tous; mais il eut grand soin de la seconde génération. C'est pour elle qu'il faisait tomber les murs des villes au son d’un cornet à bouquin, et par le ministère d’une cabaretière. C'est pour ses chers Juifs qu'il arrêtait le soleil et la lune en plein midi, afin de leur donner le temps d'égorger leurs ennemis plus à leur aise. Il aimait tant ce cher peuple qu'il le rendit esclave des autres peuples, qu'il l'est même encore aujourd’hui. Mais, voyez-vous, tout cela n'est qu'un type, une ombre, une figure, une prophétie, qui annonçait les aventures de notre Seigneur Jésus, Dieu juif, fils de Dieu le père, fils de Marie, fils de Dieu pigeon qui procède de lui, et de plus ayant un père putatif.
Admirez, Sacrée Majesté, la profondeur de notre divine religion. Notre Dieu pendu, étant Juif, a été prédit par tous les prophètes juifs.
Votre Sacrée Majesté doit savoir que, chez ce peuple divin, il y avait des hommes divins qui connaissaient l'avenir mieux que vous ne savez ce qui se passe dans Pékin. Ces gens-là n'avaient qu'à jouer de la harpe, et aussitôt tous les futurs contingents se présentaient à leurs yeux. Un prophète, nommé Isaïe, coucha par l’ordre du Seigneur avec une femme; il en eut un fils, et ce fils était notre Seigneur Jésus-Christ: car il s'appelait Maher-Salal-has-bas, partagez vite les dépouilles. Un autre prophète, nommé Ézéchiel, se couchait sur le côté gauche trois cent quatre-vingt-dix jours, et quarante sur le côté droit, et cela signifiait Jésus-Christ. Si Votre Sacrée Majesté me permet de le dire, cet Ézéchiel mangeait de la merde sur son pain, comme il le dit dans son chapitre IV, et cela signifiait Jésus-Christ.
Un autre prophète, nommé Osée, couchait, par ordre de Dieu, avec une fille de joie nommée Comer, fille de Debelaïm: il en avait trois enfants, et cela signifiait non seulement Jésus-Christ, mais encore ses deux frères aînés Jacques le Majeur et Jacques le Mineur, selon l'interprétation des plus savants Pères de notre sainte Église.
Un autre prophète, nommé Jonas, est avalé par un chien marin, et demeure trois jours et trois nuits dans son ventre: c'est visiblement encore Jésus-Christ, qui fut enterré trois jours et trois nuits, en retranchant une nuit et deux jours pour faire le compte juste. Les deux soeurs Oolla et Ooliba ouvrent leurs cuisses à tout venant, font bâtir un bordel, et donnent la préférence à ceux qui ont le membre d'un âne ou d’un cheval, selon les propres expressions de la sainte Écriture: cela signifie l'Église de Jésus-Christ.
C'est ainsi que tout a été prédit dans les livres des Juifs. Votre Sacrée Majesté a été prédite. J'ai été prédit, moi qui vous parle, car il est écrit: Je les appellerai des extrémités de l’Orient; et c'est frère Rigolet qui vient vous appeler pour vous donner à Jésus-Christ mon sauveur.
L’EMPEREUR.
Dans quel temps ces belles prédictions ont-elles été écrites?
FRÈRE RIGOLET.
Je ne le sais pas bien précisément; mais je sais que les prophéties prouvent les miracles de Jésus mon sauveur, et ces miracles de Jésus prouvent à leur tour les prophéties. C'est un argument auquel on n’a jamais répondu, et c'est ce qui établira sans doute notre secte dans toute la terre, si nous avons beaucoup de dévotes, de soldats, et d'argent comptant.
L’EMPEREUR.
Je le crois, et on m'en a déjà averti: on va loin avec de l'argent et des prophéties. Mais tu ne m’as point encore parlé des miracles de ton dieu; tu m'as dit seulement qu'il fut fessé et pendu.
FRÈRE RIGOLET.
Eh sire, n'est-ce pas là déjà un très grand miracle? Mais il en a fait bien d'autres. Premièrement, le diable l'emporta sur le haut d’une petite montagne 'où on découvrait tous les royaumes de la terre, et il lui dit: «Je te donnerai tous ces royaumes, si tu veux m'adorer;» mais Dieu se moqua du diable. Ensuite on pria notre Seigneur Jésus à une noce de village, et les garçons de la noce étant ivres et manquant de vin, notre Seigneur Jésus-Christ changea l'eau en vin sur-le-champ, après avoir dit des injures à sa mère. Quelque temps après, s'étant trouvé dans Gadara, ou Gésara, au bord du petit lac de Génézareth, il rencontra des diables dans le corps de deux possédés: il les chassa au plus vite, et les envoya dans un troupeau de deux mille cochons, qui allèrent en grognant se jeter dans le lac et s'y noyer; et ce qui constate encore la grandeur et la Vérité de ce miracle, c'est qu’il n'y avait point de cochons dans ce pays-là.
L’EMPEREUR.
Je suis fâché, frère Rigolet, que ton dieu ait fait un tel tour. Le maître des cochons ne dut pas trouver cela bon. Sais-tu bien que deux mille cochons gras valent de l'argent? Voilà un homme ruiné sans ressource. Je ne m'étonne plus qu'on ait pendu ton dieu. Le possesseur des cochons dut présenter requête contre lui, et je t'assure que si, dans mon pays, un pareil dieu venait faire un pareil miracle, il ne le porterait pas loin. Tu me donnes une grande envie de voir les livres qu'écrivit le Seigneur Jésus, et comment il s'y prit pour justifier des miracles d'une si étrange espèce.
FRÈRE RIGOLET.
Sacrée Majesté, il n'a jamais fait de livre; il ne savait ni lire ni écrire.
L’EMPEREUR.
Ah! ah! voici qui est digne de tout le reste. Un législateur qui n’a jamais écrit aucune loi!
FRÈRE RIGOLET.
Fi donc! sire, quand un dieu vient se faire pendre, il ne s’amuse pas à de pareilles bagatelles: il fait écrire ses secrétaires. Il y en eut une quarantaine qui prirent la peine, cent ans après, de mettre par écrit toutes ces vérités. Il est vrai qu'ils se contredisent tous; mais c'est en cela même que le vérité consiste, et dans ces quarante histoires nous en avons à la fin choisi quatre, qui sont précisément celles qui se contredisent le plus, afin que la vérité paraisse avec plus d'évidence.
Tous ses disciples firent encore plus de miracles que lui; nous en faisons encore tous les jours. Nous avons parmi nous le dieu saint François Xavier, qui ressuscita neuf morts de compte fait dans l'Inde: personne à la vérité n'a vu ces résurrections; mais nous les avons célébrées d'un bout du monde à l'autre, et nous avons été crus. Croyez-moi, sire, faites-vous jésuite; et je vous suis caution que nous ferons imprimer la liste de vos miracles avant qu'il soit deux ans; nous ferons un saint de vous, on fêtera votre fête à Rome, et on vous appellera saint Yong-tching après votre mort.
L’EMPEREUR.
Je ne suis pas pressé, frère Rigolet; cela pourra venir avec le temps. Tout ce que je demande, c'est que je ne sois pas pendu comme ton dieu l'a été: car il me semble que c'est acheter la divinité un peu cher.
FRÈRE RIGOLET.
Ah! sire, c'est que vous n'avez pas encore la foi; mais quand vous aurez été baptisé, vous serez enchanté d'être pendu pour l'amour de Jésus-Christ notre sauveur. Quel plaisir vous auriez de le voir à la messe, de lui parler, de le manger!
L’EMPEREUR.
Comment, mort de ma vie! vous mangez votre dieu, vous autres?
FRÈRE RIGOLET.
Oui, sire, je le fais et je le mange. J'en ai préparé ce matin quatre douzaines, et je vais vous les chercher tout à l'heure, si Votre Sacrée Majesté l’ordonne.
L’EMPEREUR.
Tu me feras grand plaisir, mon ami. Va-t'en vite chercher tes dieux; je vais en attendant faire ordonner à mes cuisiniers de se tenir prêts pour les faire cuire; tu leur diras à quelle sauce il les faut mettre: je m'imagine qu'un plat de dieux est une chose excellente, et que je n'aurai jamais fait meilleure chère.
FRÈRE RIGOLET.
Sacrée Majesté, j’obéis à vos ordres suprêmes, et je reviens dans le moment. Dieu soit béni! voilà un empereur dont je vais faire un chrétien, sur ma parole.»

Pendant que frère Rigolet allait chercher son déjeuner, l'empereur resta avec son secrétaire d'État Ouang-Tsé; tous deux étaient saisis de la plus grande surprise et de la plus vive indignation.
«Les autres jésuites, dit l’empereur, comme Parennin, Verbiest, Péreira, Bouvet, et les autres, ne m'avaient jamais avoué aucune de ces abominables extravagances. Je vois trop bien que ces missionnaires sont des fripons qui ont à leur suite des imbéciles. Les fripons ont réussi auprès de mon père en faisant devant lui des expériences de physique qui l'amusaient, et les imbéciles réussissent auprès de la populace: ils sont persuadés, et ils persuadent; cela peut devenir très pernicieux. Je vois que les tribunaux ont eu grande raison de présenter des requêtes contre ces perturbateurs du repos public. Dites-moi, je vous prie, vous qui avez étudié l'histoire de l’Europe, comment il s'est pu faire qu'une religion si absurde, si blasphématoire, se soit introduite chez tant de petites nations?
LE SECRÉTAIRE D’ÉTAT.
Hélas! sire, tout comme la secte du dieu Fo s'est introduite dans votre empire: par des charlatans qui ont séduit la populace. Votre Majesté ne pourrait croire quels effets prodigieux ont faits les charlatans d'Europe dans leur pays. Ce misérable qui vient de vous parler vous a lui-même avoué que ses pareils, après avoir enseigné à la canaille des dogmes qui sont faits pour elle, la soulèvent ensuite contre le gouvernement: ils ont détruit un grand empire qu'on appelait l'empire romain, qui s'étendait d'Europe en Asie, et le sang a coulé pendant plus de quatorze siècles par les divisions de ces sycophantes, qui ont voulu se rendre les maîtres de l'esprit des hommes; ils firent d'abord accroire aux princes qu'ils ne pouvaient régner sans les prêtres, et bientôt ils s'élevèrent contre les princes. J'ai lu qu’ils détrônèrent un empereur nommé débonnaire, un Henri IV, un Frédéric, plus de trente rois, et qu'ils en assassinèrent plus de vingt.
Si la sagesse du gouvernement chinois a contenu jusqu'ici les bonzes qui déshonorent vos provinces, elle ne pourra jamais prévenir les maux que feraient les bonzes d'Europe. Ces gens-là ont un esprit cent fois plus ardent, un plus violent enthousiasme, et une fureur plus raisonnée dans leur démence, que ne l'est le fanatisme de tous les bonzes du Japon, de Siam, et de tous ceux qu'on tolère à la Chine.
Les sots prêchent parmi eux, et les fripons intriguent; ils subjuguent les hommes par les femmes, et les femmes par la confession. Maîtres des secrets de toutes les familles, dont ils rendent compte à leurs supérieurs, ils sont bientôt les maîtres d'un État sans même paraître l'être encore, d'autant plus sûrs de parvenir à leurs fins qu'ils semblent n'en avoir aucune. Ils vont à la puissance par l'humilité, à la richesse par la pauvreté, et à la cruauté par la douceur.
Vous vous souvenez, sire, de la fable des dragons qui se métamorphosaient en moutons pour dévorer plus sûrement les hommes: voilà leur caractère; il n'y a jamais eu sur la terre de monstres plus dangereux, et Dieu n'a jamais eu d'ennemis plus funestes.
L’EMPEREUR.
Taisez-vous; voici frère Rigolet qui arrive avec son déjeuner. Il est bon de s'en divertir un peu.»

Frère Rigolet arrivait en effet, tenant à la main une grande boîte de fer-blanc, qui ressemblait à une boîte de tabac. «Voyons, lui dit l'empereur, ton dieu qui est dans ta botte.» Frère Rigolet en tira aussitôt une douzaine de petits morceaux de pâte ronds et plats comme du papier. «'Ma foi, notre ami, lui dit l'empereur, si nous n’avons que cela à notre déjeuner, nous ferons très maigre chère: un dieu, à mon sens, devrait être un peu plus dodu; que veux-tu que je fasse de ces petits morceaux de colle?
Sire, dit Rigolet, que Votre Majesté fasse seulement apporter une chopine de vin rouge; et vous verrez beau jeu.»
L'empereur lui demanda pourquoi il préférait le vin rouge au vin blanc, qui est meilleur à déjeuner. Rigolet lui répondit qu'il allait changer le vin en sang, et qu'il était bien plus aisé de faire du sang avec du vin rouge qu'avec du vin paillet. Sa Majesté trouva cette raison excellente, et ordonna qu'on fît venir une bouteille de vin rouge. En attendant il s'amusa à considérer les dieux que frère Rigolet avait apportés dans la poche de sa culotte. Il fut tout étonné de trouver sur ces morceaux de pâte la figure empreinte d'un patibulaire et d'un pauvre diable qui y était attaché. «Eh sire, lui dit Rigolet, ne vous souvenez-vous pas que je vous ai dit que notre dieu avait été pendu? Nous gravons toujours sa potence sur ces petits pains que nous changeons en dieux. Nous mettons partout des potences dans nos temples, dans nos maisons, dans nos carrefours, dans nos grands chemins; nous chantons: Bonjour, notre unique espérance. Nous avalons Dieu avec sa potence.
C’est fort bien, dit l'empereur; tout ce que je vous souhaite, c'est de ne pas finir comme lui.»
Cependant on apporta la bouteille de vin rouge frère Rigolet la posa sur une table avec sa boîte de fer-blanc, et, tirant de sa poche un livre tout gras, il le plaça à sa main droite; puis, se tournant vers l'empereur, il lui dit: «Sire, j'ai l'honneur d'être portier, lecteur, conjureur, acolyte, sous-diacre, diacre, et prêtre. Notre saint-père le pape, le grand Innocent III, dans son premier livre des Mystères de la messe, a décidé que notre dieu avait été portier, quand il chassa à coups de fouet de bons marchands qui avaient la permission de vendre des tourterelles à ceux qui venaient sacrifier dans le temple. Il fut lecteur, quand, selon saint Luc, il prit le livre dans la synagogue, quoiqu'il ne sût ni lire ni écrire; il fut conjureur; quand il envoya des diables dans des cochons; il fut acolyte, parce que le prophète juif Jérémie avait dit: Je suis la lumière du monde, et que les acolytes portent des chandelles; il fut sous-diacre, quand il changea l'eau en vin, parce que les sous-diacres servent à table; il fut diacre, quand il nourrit quatre mille hommes, sans compter les femmes et les petits enfants, avec sept petits pains et quelques goujons, dans le pays de Magédan, connu de toute la terre, selon saint Matthieu; ou bien quand il nourrit cinq mille hommes avec cinq pains et deux goujons, près de Betzaïda, comme le dit saint Luc; enfin il fut prêtre selon l'ordre de Melchisédech, quand il dit à ses disciples qu'il allait leur donner son corps à manger. Étant donc prêtre comme lui, je vais changer ces pains en dieux: chaque miette de ce pain sera un dieu en corps et en âme; vous croirez voir du pain, manger du pain, et vous mangerez Dieu.
«Enfin, quoique le sang de ce dieu soit dans le corps que j'aurai créé avec des paroles, je changerai votre vin rouge dans le sang de ce dieu même; pour surabondance de droit, je le boirai; il ne tiendra qu'à Votre Majesté d’en faire autant. Je n'ai qu'à vous jeter de l'eau au visage; je vous ferai ensuite portier, lecteur, conjureur, acolyte, sous-diacre, diacre, et prêtre; vous ferez avec moi une chère divine.»
Aussitôt voilà frère Rigolet qui se met à prononcer des paroles en latin, avale deux douzaines d'hosties, boit chopine, et dit grâces très dévotement.
«Mais, mon cher ami, lui dit l'empereur, tu as mangé et bu ton dieu: que deviendra-t-il quand tu auras besoin d'un pot de chambre?
Sire, dit frère Rigolet, il deviendra ce qu'il pourra, c’est son affaire. Quelques-uns de nos docteurs disent qu'on le rend à la garde-robe, d'autres qu’il s'échappe par insensible transpiration; quelques-uns prétendent qu'il s’en retourne au ciel. Pour moi, j’ai fait mon devoir de prêtre, cela me suffit; et pourvu qu’après ce déjeuner on me donne un bon dîner avec quelque argent pour ma peine, je suis content.
Or çà, dit l'empereur à frère Rigolet, ce n'est pas tout; je sais qu'il y a aussi dans mon empire d'autres missionnaires qui ne sont pas jésuites, et qu'on appelle dominicains, cordeliers, capucins: dis-moi, en conscience, s'ils mangent Dieu comme toi.
Ils le mangent, sire, dit le bonhomme; mais c'est pour leur condamnation. Ce sont tous des coquins, et nos plus grands ennemis; ils veulent nous couper l'herbe sous le pied. Ils nous accusent sans cesse auprès de notre saint-père le pape. Votre Majesté ferait fort bien de les chasser tous, et de ne conserver que les jésuites: ce serait un vrai moyen de gagner la vie éternelle, quand même vous ne seriez pas chrétien.
L'empereur lui jura qu'il n’y manquerait pas. Il fit donner quelques écus à frère Rigolet, qui courut sur-le-champ annoncer cette bonne nouvelle à ses confrères.
Le lendemain, l'empereur tint sa parole: il fit assembler tous les missionnaires, soit ceux qu’on appelle séculiers, soit ceux qu'on nomme très irrégulièrement réguliers ou prêtres de la propagande, ou vicaires apostoliques, évêques in partibus, prêtres des missions étrangères, capucins, cordeliers, dominicains, hiéronymites, et jésuites. Il leur parla en ces termes, en présence de trois cents colaos:
«La tolérance m'a toujours paru le premier lien des hommes, et le premier devoir des souverains. S'il était dans le monde une religion qui pût s'arroger un droit exclusif, ce serait assurément la nôtre. Vous avouez tous que nous rendions à l'Être suprême un culte pur et sans mélange avant qu'aucun des pays dont vous venez fût connu de ses voisins, avant qu'aucune de vos contrées occidentales eût seulement l'usage de l'écriture. Vous n'existiez pas quand nous formions déjà un puissant empire. Notre antique religion, toujours inaltérable dans nos tribunaux, s'étant corrompue chez le peuple, nous avons souffert les bonzes de Fo, les talapoins de Siam, les lamas de Tartarie, les sectaires de Laokium; et, regardant tous les hommes comme nos frères, nous ne les avons jamais punis de s'être égarés. L'erreur n'est point un crime. Dieu n'est point offensé qu'on l'adore d’une manière ridicule: un père ne chasse point ceux de ses enfants qui le saluent en faisant mal la révérence; pourvu qu'il en soit aimé et respecté, il est satisfait. Les tribunaux de mon empire ne vous reprochent point vos absurdités; ils vous plaignent d'être infatués du plus détestable ramas de fables que la folie humaine ait jamais accumulées; ils plaignent encore plus le malheureux usage que vous faites du peu de raison qui vous reste pour justifier ces fables.
Mais ce qu'ils ne vous pardonnent pas, c'est de venir du bout du monde pour nous ôter la paix. Vous êtes les instruments aveugles de l'ambition d’un petit lama italien qui, après avoir détrôné quelques régules, ses voisins, voudrait disposer des plus vastes empires de nos régions orientales.
Nous ne savons que trop les maux horribles que vous avez causés au Japon. Douze religions y florissaient avec le commerce, sous les auspices d'un gouvernement sage et modéré; une concorde fraternelle régnait entre ces douze sectes: vous parûtes, la discorde bouleversa le Japon; le sang coula de tous côtés; vous en fîtes autant à Siam et aux Manilles; je dois préserver mon empire d'un fléau si dangereux. Je suis tolérant, et je vous chasse tous, parce que vous êtes intolérants. Je vous chasse, parce qu'étant divisés entre vous, et vous détestant les uns les autres, vous êtes prêts d'infecter mon peuple du poison qui vous dévore. Je ne vous plongerai point dans les cachots, comme vous y faites languir en Europe ceux qui ne sont pas de votre opinion. Je suis encore plus éloigné de vous faire condamner au supplice, comme vous y envoyez en Europe ceux que vous nommez hérétiques. Nous ne soutenons point ici notre religion par des bourreaux; nous ne disputons point avec de tels arguments. Partez; portez ailleurs vos folies atroces, et puissiez-vous devenir sages! Les voitures qui vous doivent conduire à Macao sont prêtes. Je vous donne des habits et de l'argent des soldats veilleront en route à votre sûreté. Je ne veux pas que le peuple vous insulte: allez, soyez dans votre Europe un témoignage de ma justice et de ma clémence.
Ils partirent; le christianisme fut entièrement aboli à la Chine, ainsi qu'en Perse, en Tartarie, au Japon, dans l'Inde, dans la Turquie, dans toute l'Afrique: c'est grand dommage; mais voilà ce que c'est que d'être infaillibles.

Werner Lühmann : Voltaire verehrt in Konfuzius das vollkommene Idealbild eines aufgeklärten Philosophen, ein idealisierter Deismus im Verein mit den grundlegenden Tugenden gerechten Handelns und toleranter Ausübung weltlicher Macht. In der Relation handelt es sich um die zur gepfefferten Satire zusammengezogene Schilderung jener beiden blamablen Audienzen der päpstlichen Legaten Maigrot und Tournon bei Kaiser Kangxi im Jahre 1706, in deren Verlauf die bis zur Verbohrtheit rechthaberischen und arroganten Kirchenmänner die Sache Roms endgültig verspielen und damit zugleich auch die bedeutenden Erfolge der Jesuitenmission ernsthaft gefährden sollten. Voltaire verlegt die denkwürdige Vorstellung Maigrots am Kaiserhof in Peking allerdings in die Ära des Kaisers Yongzheng, der den Christen bekanntlich weniger gewogen war als sein Vater und Vorgänger. Der päpstliche Gesandte heisst nun 'Rigolet' und macht seinem Namen zunächst auch alle Ehre : er bringt den Kaiser mit seinem von dreister Dummheit strotzenden, ebenso aufgeblasenen wie anmassenden Gehabe tatsächlich immer wieder zum Lachen. Irgendwann aber, als der eitle Mensch zugeben muss, dass er die im Thronsaal angebrachten Inschriften nicht zu entziffern vermag, reisst dem Kaiser der Geduldsfaden. Er beendet verärgert die Audienz und erklärt obendrein das sofortige Ende der christlichen Mission im Reich der Mitte. Voltaire vergisst nicht hinzuzufügen, dass der Kaiser gerade die Jesuiten als Unruhestifter brandmarken und ihre Tätigkeit in China verbieten musste – schliesslich habe der französische König in ähnlicher Lage auch nicht anders gehandelt.
  • Document: Voltaire. Relation du bannissement des jésuites de la Chine. (Amsterdam [Genève : Cramer], 1768).
    http://pagesperso-orange.fr/dboudin/VOLTAIRE/Relation.htm. (Volt4, Publication)
  • Document: Lühmann, Werner. Konfuzius : aufgeklärter Philosoph oder reaktionärer Moralapostel ? : der Bruch in der Konfuzius-Rezeption der deutschen Philosophie des ausgehenden 18. und beginnenden 19. Jahrhunderts. (Wiesbaden : Harrassowitz, 2003). [Confucius]. S. 113. (Lüh1, Publication)
24 1768 Voltaire. L’A, B, C, ou dialogues entre A, B, C. [ID D20016].
Voltaire schreibt : "Je n’ai jamais été à la Chine, mais j'ai vu plus de vingt personnes qui ont fait ce voyage, et je crois avoir lu tous les auteurs qui ont parlé de ce pays. Je sais par le rapport unanime de nos missinnaires de sectes différentes, que la Chine est gouvernée par les lois, et non par une seule volonté arbitraire..."
"L'empereur y est plus révéré que le pape ne l'est à Rome : mais pour être respecté, faut-il régner sans le frein des lois ? Une preuve que ce sont les lois qui règnent à la Chine, c’est que le pays est plus peuplé que l'Europe entière ; nous avons apporté à la Chine notre sainte religion, et nous n'y avons pas réuissi. Nous aurions du prendre ses lois en échange, mais nous ne savons peut-être pas faire un tel commerce. Il est bien sûr que l'évêque de Rome est plus despotique que l’empereur de la Chine, car il est infaillible, et l'empereur chinoise ne l'est pas ; cependant cet évêque est encore assujetti à des lois.
  • Document: Song, Shun-ching. Voltaire et la Chine. (Aix-en-Provence : Université de Provence, 1989). Diss. Univ. de Provence, 1987. S. 109. (Song, Publication)
25 1768 Voltaire. Histoire de l'empire de Russie sous Pierre le Grand. [ID D20017].
Voltaire pourchasse 'l'idée puérile' que les Egyptiens allèrent enseigner aux Chinois à lire et à écrire. C'est Voltaire qui a raison contre tous ceux qui s'efforçaient de nier l'originalité ou l'antiquité de la Chine : Cornelius Pauw, Athanasius Kircher, Michael Boym, Pierre Daniel Huet, John Turberville Needham ; Mairan, Jean-Jacques Dortous de. Lettres de M. de Mairan au R.P. Parrenin contenant diverses questins sur la Chine ; Guignes, Joseph de. Memoire dans lequel on preuve, que les chinois sont une colonie egyptienne [ID D1841] ; Recueil d'observations curieuses [ID D19098].

Voltaire schreibt : "L'entreprise de négocier avec la Chine semblait devoir être la plus avantageuse. Deux états immenses qui se touchent, et dont l'un possède réciproquement ce qui manque à l'autre, paraissaient être tous deux dans l'heureuse nécessité de lier une correspondance utile, surtout depuis la paix jurée solennellement entre l’empire russe et l'empire chinois."
"Voici, par exemple, comment on s'y prend aujourd'hui pour prouver que les Egyptiens sont les pères des Chinois. Un ancien a conté que l'Egpytien Sésostris alla jusqu'au Gange : or, s'il alla vers le Gange, il put aller à la Chine qui est très loin du Gange, donc il y alla ; or la Chine alors n’était point peuplée, il est donc clair que Sésostris la peupla. Les Egyptiens, dans leur fêtes, allumaient des chandelles ; les Chinois ont des lanternes, donc on ne peut douter que les Chinois ne soient une colonie d'Egypte. De plus, les Egyptiens ont un grand fleuve ; les Chinois en ont un. Enfin il est évident que les premiers rois de la Chine ont porté les noms des anciens rois d'Egypte : car, dans le nom de la famille d'Yu, on peut trouver les caractères qui, arrangés d’une autre façon, forment le mot Menès. Il est incontestable que l'empereur Yu prit le nom de Menès, roi d'Egypte, et l'empereur Ki est évidemment le roi Atoës en changeant K en a et i en toës".

Chapitre VII
Congrès et traité avec les Chinois.
"On doit d'abord se représenter quelles étaient les limites de l'empire chinois et de l'empire russe. Quand on est sorti de la Sibérie proprement dite, et qu'on a laissé lin au midi cent hordes de tartares, calmouks blancs, calmouks noirs, monguls mahométans, mongols nommés idolâtres, on avance vers le cent trenième degré de longitude, et au cinquante-deuxième de latitude sur le fleuve d'Amur ou d'Amour. Au nord de ce fleuve est une grande chaîne de montagnes qui s'étend jusqu'à la mer Glaciale par-delä le cercle polaire. Ce fleuve qui coule, l'espace de cinq cents lieues, dans la Sibérie et dans la Tartarie chinoise, va se perdre après tant de détrous dans la mer de Kamshatka. On assure qu'à son embouchure dans cette mer on pêche quelquefois un poisson monstrueux, beaucoup plus gros que l'hippopotame du Nil, et dont la mâchoire est d'un ivoire plus dur et plus parfait. On prétend que cet ivoire se fait autrefois un objet de commerce, qu'on le transportait par la Sibérie, et que c'est la raison pour laquelle on en trouve encore plusieurs morceaux enfouis dans les campagnes. C'est cet ivoire fossile dont nous avons déjà parlé ; mais on plétend qu'autrefois il y eut des éléphans en Sibérie, que des tartares vainqeurs des Indes amenèrent dans la Sibérie plusieurs de ces animaux dont les os se font conservés dans la terre.
Ce fleuve d'Amour est nommé le fleuve Noir par les Tartares mantchoux, et le fleuve du Dragon par les Chinois.
C'était dans ces pays si long-temps inconnus que la Chine et la Russie se disputaient les limites de leurs empires. La Russie possédait quelques forts vers le fleuve d'Amour, à trois cents lieues de la grande muraille. Il y eut beaucoup d'hostilités entre les Chinois et les Russes au sujet de ces forts : enfin les deux Etats entendirent mieux leurs intérêts ; l'empereur Cam-hi préféra la paix et le commerce à une guerre inutile. Il enovy sept ambassadeurs à Nipchou, l'un de ces établissemens. Ces ambassadeurs menaient environ dix mille hommes avec eux, en comptant leur escorte. C'était-là le faste asiatique ; mais ce qui est très-remarquable, c'est qu'il n'y avait point d'exemple dans les annales de l'empire d'une ambassade vers une autre puissance : ce qui est encore unique, c'est que les Chinois n'avaient jamais fait de traité de paix depuis la fondation de l'empire. Deux fois subjugués par les Tartares, qui les attaquèrent et qui les domptèrent, ils ne firent jamais la guerre à aucun peuple, excepté a quelques hordes, ou bientôt subjuguées, ou bientôt abandonnées à elles-mêmes sans aucun traité. Ainsi cette nation si renommée pou la moreale ne connaissait point ce que nous appelong 'droit des gens', c'est-à-dire ces règles incertaines de la guerre et de la paix, ces droits des ministres publics, ces formules de traités, les obligations qui en résultent, les disputes sur la préféance et le point d'honneur.
En quelle langue d'ailleurs les Chinois pouvaient-ils traiter avec les Russes au milieu des déserts ? Deux jésuites, l'un portugais nommé Pereira, l'autre français nommé Gerbillon, partis de Pékin avec les ambassadeurs chinois. Leur applanirent toutes ces difficultés nouvelles, et furent les véritables médiateurs. Ils traitèrent en latin avec un allemand de l'ambassade russe, qui savait cette langue. Le chef de l'ambassade russe était Gollovin gouverneur de Sibérie ; il étala une plus grande magnificence que les Chinois, et par-là donna une noble ifée de son empire à ceutx qui s'étaient crus les seuls puissans sur la terre. Les deux jésuites réglèrent les limites des deux dominations ; elles furent posées à la rivière der Kerbechi, près de l'endroit même où l'on négociait. Le midi resta aux Chinois, le nord aux Russes. Il n'en coûta à ceux-ci qu'une petite forteresse qui se strouva bâtie au-delà des limites ; on jura une paix éternelle ; et après quelques contestations les Russes et les Chinois la jurèrerent (aa) au nom du même Dieu en ces termes ; 'Si quelqu'un a jamais la pensée secrète de rallumer le feu de la guerre, nous prions le Seigneur souverain de toutes choses, qui connaît les cœurs, de punir ces traîtres par une mort précipitée'.
Cette formule, commune à des chinois et à des chrétiens, peut faire connaître deux choses importantes ; la première que le gouvernement chinois n'est ni athée ni idolâtre, comme on l'en a si souvent accusé par des imputations contradictoires ; la seconde que tous les peuples qui cultivent leur raison reconnaissent en effet le même Dieu, malgré tous les égaremens de cette raison mal istruite. Le traité fut rédigé en latin dans deux exemplaires. Les ambassadeurs russes signèrent les premiers la copie qui leur demeura ; et les Chinois signèrent aussi la leur des premiers, selon l'usage des nations de l'Europe qui traitent de couronne à couronne. On observa un autre usage des nations asiatiques et des premiers âges du monde connu : le traité fut gravé sur deux gros marbres qui furent posés pour servir de bornes aux deux empires. Trois ans après, le czar envoya le danois Ilbrand Ide en ambassade à la Chine, et le commerce établi a subsisité depuis avec avantage jusqu'à une rupture entre la Russie et la Chine en 1722 ; mais après cette interruption il a repris une nouvelle vigueur."

Song Shun-ching : Voltaire parle des relations entre les Russes et les Chinois ; ainsi, il signale une guerre entre les deux peuples. Dans le chapitre 'Du commerce', il consacre son attention aux avantages d'un rétablissement des échanges commerciaux entres les deux empires, et il fait ressortir l'importance du marché potentiel.
  • Document: Etiemble, [René]. L'Europe chinoise. Vol. 1-2. (Paris : Gallimard, 1988-1989). (Bibliothèque des idées). S. 239-240, 244. (Eti6, Publication)
  • Document: Song, Shun-ching. Voltaire et la Chine. (Aix-en-Provence : Université de Provence, 1989). Diss. Univ. de Provence, 1987. S. 290. (Song, Publication)
26 1770 Voltaire. Briefe an Friedrich II.
Voltaire schreibt : "Sire, Vous et le Roi de la Chine vous êtes à présent les deux seuls souverains qui soient philosophes et poètes. Je venais de lire un extrait de deux poèmes de l'empereur Kienlong [Qianlong], lorsque j'ai reçu la prose et les vers de Frédéric le Grand...
En vérité ce Roi de la Chine écrit de joies lettres. Mon Dieu comme son stile s'est perfectionné depuis son éloge de Moukdes ! J'allais autrefois à la cour du Roy, je fus émerveillé de son armée mais cent fois plus de sa personne et je vous avoue sire que je n'ay jamais fait de soupers plus agréables que ceux où Kienlong le grand daignait m’admettre. Je vous jure que je prenais la liberté de l'aimer autant qu'il me forçait à l’admirer... "
"Comme il parle parfaitement le français, comme il écrit dans cette langue avec plus de grâces et d'énergie que les trois quarts de nos académiciens j'ay pris la liberté de luy adresser par le coche trois livres nouveaux, avec cette adresse, au Roy."
  • Document: Song, Shun-ching. Voltaire et la Chine. (Aix-en-Provence : Université de Provence, 1989). Diss. Univ. de Provence, 1987. S. 192-193. (Song, Publication)
  • Person: Friedrich II.
27 1770 Voltaire. Épître CVIII au roi de la Chine [ID D20018]..
Reçois mes compliments, charmant roi de la Chine.
Ton trône est donc placé sur la double colline!
On sait dans l'occident que, malgré mes travers,
J'ai toujours fort aimé les rois qui font des vers.
David même me plut, quoique, à parler sans feinte,
Il prône trop souvent sa triste cité sainte,
Et que d'un même ton sa muse à tout propos
Fasse danser les monts et reculer les flots.
Frédéric a plus d'art, et connaît mieux son monde;
Il est plus varié, sa veine est plus féconde;
Il a lu son Horace, il l'imite; et vraiment
Ta majesté chinoise en devrait faire autant.
Je vois avec plaisir que sur notre hémisphère
L'art de la poésie à l'homme est nécessaire.
Qui n'aime point les vers a l'esprit sec et lourd;
Je ne veux point chanter aux oreilles d'un sourd:
Les vers sont en effet la musique de l'âme.
O toi que sur le trône un feu céleste enflamme,
Dis-moi si ce grand art dont nous sommes épris
Est aussi difficile à Pékin qu'à Paris.
Ton peuple est-il soumis à cette loi si dure
Qui veut qu’avec six pieds d'une égale mesure,
De deux alexandrins côte à côte marchants,
L'un serve pour la rime et l'autre pour le sens?
Si bien que sans rien perdre, en bravant cet usage,
On pourrait retrancher la moitié d’un ouvrage.
Je me flatte, grand roi, que tes sujets heureux
Ne sont point opprimés sous ce joug onéreux,
Plus importun cent fois que les aides, gabelles,
Contrôle, édits nouveaux, remontrances nouvelles,
Bulle Unigenitus, billets aux confessés.
Et le refus d'un gîte aux chrétiens trépassés.
Parmi nous le sentier qui mène aux deux collines
Ainsi que tout le reste est parsemé d'épines.
A la Chine sans doute il n'en est pas ainsi.
Les biens sont loin de nous, et les maux sont ici:
C’est de l'esprit français la devise éternelle.
Je veux m'y conformer, et, d'un crayon fidèle,
Peindre notre Parnasse à tes regards chinois.
Écoute: mon partage est d'ennuyer les rois.
Tu sais (car l'univers est plein de nos querelles)
Quels débats inhumains, quelles guerres cruelles,
Occupent tous les mois l'infatigable main
Des sales héritiers d'Estienne et de Plantin.
Cent rames de journaux, des rats fatale proie,
Sont le champ de bataille où le sort se déploie.
C'est là qu’on vit briller ce grave magistrat
Qui vint de Montauban pour gouverner l'État;
Il donna des leçons à notre Académie,
Et fut très mal payé de tant de prud'homie.
Du jansénisme obscur le fougueux gazetier
Aux beaux esprits du temps ne fait aucun quartier;
Hayer poursuit de loin les encyclopédistes;
Linguet fond en courroux sur les économistes
A brûler les païens Ribalier se morfond;
Beaumont pousse à Jean-Jacque, et Jean-Jacque à Beaumont
Palissot contre eux tous puissamment s'évertue
Que de fiel s'évapore, et que d'encre est perdue!
Parmi les combattants vient un rimeur gascon
Prédicant petit-maître, ami d'Aliboron
Qui, pour se signaler, refait la Henriade;
Et tandis qu'en secret chacun se persuade
De voler en vainqueur au haut du mont sacré,
On vit dans l’amertume, et l'on meurt ignoré.
La Discorde est partout, et le public s'en raille.
On se hait au Parnasse encor plus qu'à Versaille.
Grand roi, de qui les vers et l'esprit sont si doux,
Crois-moi, reste à Pékin, ne viens jamais chez nous.
Aux bords du fleuve Jaune un peuple entier t'admire:
Tes vers seront toujours très bons dans ton empire:
Mais gare que Paris ne flétrît tes lauriers!
Les Français sont malins et sont grands chansonniers.
Les trois rois d'Orient, que l'on voit chaque année.
Sur les pas d'une étoile à marcher obstinée,
Combler l'enfant Jésus des plus rares présents,
N'emportent de Paris, pour tous remerciements,
Que des couplets fort gais qu'on chante sans scrupule.
Collé dans ses refrains les tourne en ridicule.
Les voilà bien payés d’apporter un trésor!
Tout mon étonnement est de les voir encor.
Le roi, me diras-tu, de la zone cimbrique.
Accompagné partout de l'estime publique,
Vit Paris sans rien craindre, et régna sur les coeurs;
On respecta son nom comme on chérit ses moeurs.
Oui; mais cet heureux roi, qu'on aime et qu'on révère,
Se connaît en bons vers, et se garde d'en faire.
Nous ne les aimons plus; notre goût s'est usé:
Boileau, craint de son siècle, au nôtre est méprisé.
Le tragique étonné de sa métamorphose,
Fatigué de rimer, va ne pleurer qu'en prose.
De Molière oublié le sel s'est affadi.
En vain, pour ranimer le Parnasse engourdi,
Du peintre des Saisons la main féconde et pure
Des plus brillantes fleurs a paré la nature;
Vainement, de Virgile élégant traducteur,
Delille a quelquefois égalé son auteur.
D'un siècle dégoûté la démence imbécile
Préfère les remparts et Vaux-hall à Virgile.
On verrait Cicéron sifflé dans le Palais.
Le léger vaudeville et les petits couplets
Maintiennent notre gloire à l'Opéra-Comique;
Tout le reste est passé, le sublime est gothique.
N'expose point ta muse à ce peuple inconstant,
Les Frérons te loueraient pour quelque argent comptant;
Mais tu serais peu lu, malgré tout ton génie,
Des gens qu'on nomme ici la bonne compagnie.
Pour réussir en France il faut prendre son temps.
Tu seras bien reçu de quelques grands savants,
Qui pensent qu'à Pékin tout monarque est athée.
Et que la compagnie autrefois tant vantée,
En disant à la Chine un éternel adieu,
Vous a permis à tous de renoncer à Dieu.
Mais, sans approfondir ce qu'un Chinois doit croire,
Séguier t'affublerait d’un beau réquisitoire;
La cour pourrait te faire un fort mauvais parti,
Et blâmer, par arrêt, tes vers et ton Changti.
La Sorbonne, en latin, mais non sans solécismes,
Soutiendra que ta muse a besoin d'exorcismes;
Qu'il n'est de gens de bien que nous et nos amis;
Que l'enfer, grâce à Dieu, t'est pour jamais promis.
Dispensateurs fourrés de la vie éternelle,
Ils ont rôti Trajan et bouilli Marc-Aurèle.
Ils t'en feront autant, et, partout condamné,
Tu ne seras venu que pour être damné.
Le monde en factions dès longtemps se partage;
Tout peuple a sa folie ainsi que son usage:
Ici les Ottomans, bien sûrs que l'Éternel
Jadis à Mahomet députa Gabriel,
Vont se laver le coude aux bassins des mosquées ;
Plus loin du grand lama les reliques musquées
Passent de son derrière au cou des plus grands rois.
Quand la troupe écarlate à Rome a fait un choix,
L'élu, fût-il un sot, est dès lors infaillible.
Dans l'Inde le Veidam, et dans Londres la Bible.
A l'hôpital des fous ont logé plus d'esprits
Que Grisel n'a trouvé de dupes à Paris.
Monarque, au nez camus, des fertiles rivages
Peuplés, à ce qu'on dit, de fripons et de sages,
Règne en paix, fais des vers, et goûte de beaux jours;
Tandis que, sans argent, sans amis, sans secours,
Le Mogol est errant dans l'Inde ensanglantée,
Que d'orages nouveaux la Perse est agitée,
Qu'une pipe à la main, sur un large sofa
Mollement étendu, le pesant Moustapha
Voit le Russe entasser des victoires nouvelles
Des rives de l'Araxe au bord des Dardanelles,
Et qu'un bacha du Caire à sa place est assis
Sur le trône où les chats régnaient avec Isis.
Nous autres cependant, au bout de l’hémisphère,
Nous, des Welches grossiers postérité légère,
Livrons-nous en riant, dans le sein des loisirs,
A nos frivolités que nous nommons plaisirs;
Et puisse, on corrigeant trente ans d'extravagances.
Monsieur l'abbé Terray rajuster nos finances !

Walter Engemann : Voltaire ist begeistert von der Dichtung Eloge de la ville de Moukden et de ses environs [ID D1855] des Kaisers Qianlong, in der dieser zum Ausdruck bringt, dass er von der grössten Achtung vor dem höchsten Wesen durchdrungen ist. Voltaire schildert in dem Gedicht, was Qianlong bei einem Besuch in Paris alles erfahren würde. Einige grosse Gelehrte würden ihn empfangen, die der Ansicht seien, dass jeder Monarch in Peking atheistisch sei, während China doch allen Ländern im aufgeklärten Gottesglauben voraus sei. Allerdings tadelt Voltaire, dass sich der Kaiser übernatürlicher Herkunft rühmt. Der Glauben des Kaisers an seine göttliche Herkunft führt Voltaire auf dessen tatarische Abstammung von Gengis Khan zurück, da er in China das einzige Land sieht, das weder Mythos noch Wunder kennt.
Voltaire schickt eine poetische Satire über die Eloge de Moukden an Friedrich II., der das Gedicht kennt, aber nicht die gleiche Begeisterung wie Voltaire aufbringen kann.
Voltaire schreibt : "Frédéric a plus d'art et connaît mieux son monde. Il es plus varié, sa veine et plus féconde, il a lu son Horace, il imite." Friedrich II. schreibt zurück : "Je vous suis obligé des beaux vers annexés à votre lettre. J'ai lu le poême de notre confrère le Chinois, qui n'est pas dans ce qu'on appelle le goût européen, mais qui peut plaire à Pékin."
1776 schreibt Friedrich II : "Je ne connais de l'empereur de la Chine que les mauvais vers qu'on lui attribue ; s'il n'a pas de meilleurs poètes à Peckin, personne n'apprendra cette langue pour pouvoire lire de pareilles poésies."
  • Document: Voltaire. Epître au roi de la Chine : sur son recueil de vers qu'il a fait imprimer. (Genève ? : Cramer ?, 1770). (Vol13, Publication)
  • Document: Engemann, Walter. Voltaire und China : ein Beitrag zur Geschichte der Völkerkunde und zur Geschichte der Geschichtsschreibung sowie zu ihren gegenseitigen Beziehungen. (Leipzig : Universität Leipzig, 1932). Diss. Univ. Leipzig, 1932. S. 91-92. (Vol3, Publication)
  • Document: Song, Shun-ching. Voltaire et la Chine. (Aix-en-Provence : Université de Provence, 1989). Diss. Univ. de Provence, 1987. S. 293. (Song, Publication)
28 1773 Voltaire. Fragmens sur l'histoire générale [ID D20019].
Voltaire pourchasse 'l'idée puérile' que les Egyptiens allèrent enseigner aux Chinois à lire et à écrire. C'est Voltaire qui a raison contre tous ceux qui s'efforçaient de nier l'originalité ou l'antiquité de la Chine : Cornelius Pauw, Athanasius Kircher, Michael Boym, Pierre Daniel Huet, John Turberville Needham ; Mairan, Jean-Jacques Dortous de. Lettres de M. de Mairan au R.P. Parrenin contenant diverses questins sur la Chine ; Guignes, Joseph de. Memoire dans lequel on preuve, que les chinois sont une colonie egyptienne [ID D1841] ; Recueil d'observations curieuses [ID D19098].

Voltaire schreibt : "Il nous a paru, par exemple, que les Chinois ne descendent pas plus d'une colonie d'Egypte que d'une colonie de Basse-Bretagne. Ceux qui ont prétendu que les Egyptiens avaient peuplé la Chine ont exercé leur esprit et celui des autres. Nous avons applaudi à leur érudition et à leurs efforts ; mais ni la figure des Chinois, ni leurs moeurs, ni leur langage, ni leur écriture, ni leurs usages n'ont rien de l'antique Egypte... M. de Pauw a traité d'absurde ce système qui fait des Chinois une colonie égyptienne, et il se fonde sur les raisons les plus fortes. Nous ne sommes pas assez savants pour nous servir du mot aburde ; nous persistons seulement dans notre opinion que la Chine de doit rien à l'Egypte. Le P. Parennin l'a démontré à M. de Mairan. Quelle étrange idée dans deux ou trois têtes de Français qui n'étaient jamais sortis de leur pays, de prétendre que l'Egypte s'était transplantée à la Chine, quand aucun Chinois, aucun Egyptien n'a jamais avancé une telle fabel !...
Le jésuite Needham, qui connaît tous les dialectes égyptiens et chinois comme il connaït la nature, vient de faire encore un petit livre pour répéter que les Chinois descendent des Egyptiens comme les Persans descendent de Persée, les Français de Francus, et les Bretons de Britannics... Cette puérile idée que les Egyptiens allèrent enseigner aux Chinois à lire et à écrire vient de se renouveler encore ; et par qui ? Par ce même jésuite Needham qui croyait avoir fait des anguilles avec du jus de mouton et du seigle ergoté... Ni la figure des Chinois, ni leurs moeurs, ni leur langage, ni leur écriture, ni leurs usages, n'ont rien de l'antique Egypte. Ils ne connurent jamais la circoncision : aucune des divinités égyptiennes ne parvint jusqu'à eux : ils ignorèrent toujours les mystères d'Isis».

Voltaire propose une solution éventuelle dans la pratique de la polygamie :
"Si dans la Chine, plusieurs femmes de la lie du peuple exposent leurs enfants, dans la crainte de ne pouvoir les nourrir, c'est peut-être encore une preuve en faveur de la polygamie : car si ces femmes avaient été belles, si elles avaient pu entrer dans quelque sérail, leurs enfants auraient été élevés avec des soins paternels."

Song Shun-ching : Voltaire défend l'architecture chinoise contre les critiques de Cornelius de Pauw. Il ne s'occupe pas seulement du style des ponts, il s'est aussi penché sur le style des maisons et des fenêtres. Pour répondre à l'attaque contres les ‘'enêtres de papier', il prouve que les Chinois connaissent la fabrication du verre.
Voltaire considère que 'la plus grande différence' entre l'Europe et l'Orient réside dans la manière de 'traiter les femmes', mais ses connaissances au sujet du rôle de femmes en Orient, et surtout en Chine, sont bien limités.
  • Document: Etiemble, [René]. L'Europe chinoise. Vol. 1-2. (Paris : Gallimard, 1988-1989). (Bibliothèque des idées). S. 241, 244. (Eti6, Publication)
  • Document: Song, Shun-ching. Voltaire et la Chine. (Aix-en-Provence : Université de Provence, 1989). Diss. Univ. de Provence, 1987. S. 55-56, 61-63, 78. (Song, Publication)
29 1775-1776 Briefwechsel zwischen Friedrich II. und Voltaire.
Voltaire : "Je ne connais point M. Paw [Cornelius de Pauw]. Mes lettres sont d'un petit bénédictin tout différent de M. Pernetti. Je trouve ce M. Paw [Pauw] un très habile homme, plein d'esprit et d'imagination, un peu systématique à la vérité, mais avec lequel on peut s'amuser et s'instruire." "Je pense abolument comme lui sur ceux qui croient connaître mieux la Chine que ce père Parennin, homme très-savant et très sensé, qui avait demeuré trente ans à Pékin."
Friedrich II. : "J'ai lu à Abbé Paw [Pauw] votre lettre ; il a été pénétré des choses obligeantes que vous écrivez sur son sujet ; il vous estime et vous admire, mais je crois qu'il ne changera pas d'opinion au sujet des Chinois ; il dit qu'il en croit plus l'ex-jésuite Parennin, qui a été dans ce pays : là que le Patriarche de Ferney, qui n'y a jamais mis les pieds."
"L'abbé Pauw est tout vain de ce que ces Lettres [Lettres chinoises] lui sont adressées ; il croit n'avoir aucune dispute avec vous pour le fond des choses ; il croit qu'il ne diffère de vos opinions sur les Chinois que de quelques nuances… Il prétend que la Chine n'est pas si heureuse ni si sage que vous le soutenez, et qu'elle est rongée par des abus plus intolérables que ceux dont on se plaint dans notre continent... Vous voudrez bien que je garde la neutralité & que j'abandonne les Chinois et leur cause aux avocats qui plaident pour & contre eux. L'empereur de la Chine ne se doute certainement pas que sa nation va être jugée en dernier ressort en Europe, & que des personnes qui n'ont jamais mis le pied à Peckin, décideront de la réputation de son empire. Je vous abandonne, ainsi qu’à l'abbé Pauw, les Chinois, les Indiens et les Tartares. Les nations européennes me donnent tant d'occupation, que je ne sors guère, avec mes méditations, de cette partie la plus intéressante de notre globe... Vous savez le cas que je fais de tout ce qui part de votre plume ; mais j'avoue en même temps mon extrême ignorance sur les moeurs des peuples du Mogol, du Japon et de la Chine ; j'ai borné mon attention en Europe, cette connaissance est d'un usage journalier et nécessaire... Je ne connais de l'empereur de la Chine que les mauvais vers qu'on lui attribue ; s'il n'a pas de meilleurs poètes à Pékin, personne n'apprendre cette langue pour pouvoir lire de pareilles poésies ; et tant que la fatalité ne fera pas naître le génie d'un Voltaire dans ce pays-là, je m'embrasserai peu du reste."
  • Document: Engemann, Walter. Voltaire und China : ein Beitrag zur Geschichte der Völkerkunde und zur Geschichte der Geschichtsschreibung sowie zu ihren gegenseitigen Beziehungen. (Leipzig : Universität Leipzig, 1932). Diss. Univ. Leipzig, 1932. S. 95-96. (Vol3, Publication)
  • Document: Song, Shun-ching. Voltaire et la Chine. (Aix-en-Provence : Université de Provence, 1989). Diss. Univ. de Provence, 1987. S. 293-294. (Song, Publication)
  • Person: Friedrich II.
30 1776 Voltaire. Lettres chinoises, indiennes et tartares [ID D19809].
Voltaire pourchasse 'l'idée puérile' que les Egyptiens allèrent enseigner aux Chinois à lire et à écrire. C'est Voltaire qui a raison contre tous ceux qui s'efforçaient de nier l'originalité ou l'antiquité de la Chine : Cornelius Pauw, Athanasius Kircher, Michael Boym, Pierre Daniel Huet, John Turberville Needham ; Mairan, Jean-Jacques Dortous de. Lettres de M. de Mairan au R.P. Parrenin contenant diverses questins sur la Chine ; Guignes, Joseph de. Memoire dans lequel on preuve, que les chinois sont une colonie egyptienne [ID D1841] ; Recueil d'observations curieuses [ID D19098].

Voltaire schreibt : "Je me suis adressé à des savants de Paris qui n'étaient jamais sortis de chez eux ; ceux-là n'ont fait aucune difficulté de m'expliquer le secret de l'origine des Chinois, des Indiens, et de tous les autres peuples. Ils le savaient par les mémoires de Sem, Cham, et Japhet. L'évêque d’Avranches Huet fut le premier qui imagina que les Egyptiens avaient peuplé l'Inde et la Chine ; mais comme il avait imaginé aussi que Moïse àtait Cacchus, Adonis, et Priape, son système ne persuada personne. Mairan crut entrevoir, avec les lunettes d'Huet une grande conformité entre les sciences, les usages, les moeurs, et même les visages des Egyptiens et des Chinois. Il se figura que Sésostris avait pu fonder des colonies à Pékin et à Delhi. Le P. Parennin lui écrivit de la Chine und grande lettre aussi ingénieuse que savante, qui dut le désabuser. D'autres savants ont travaillé ensuite à transplanter l'Egypte à la Chine. Ils ont commencé par établir qu’on pouvait trouver quelque ressemblance entre d'anciens caractères de la langue phénicienne ou syriaque et ceux de l'ancienne Egypte, ils ont composé des anagrammes avec les noms des premiers rois de la Chine..."

"Si je creuse dans le fondement de leurs lois, tous les voyageurs, tous les missionnaires se réunissent pour me dire que ces lois sont établies sur le pouvoir paternel, c'est-à-dire sur la lois la plus sacrée de la nature si la Chine a été deux fois subjuguée par des Tartares, et si les vainqueurs se sont conformée aux lois des vaincus, j'admire encore davantage... Ce qui me plaît de toutes ces sources chinoises, c'est qu'aucune ne peut faire exécuter à mort le plus vil citoyen, à l'extrémité de l'empire, sans que le procès ai été examiné trois fois par le grand conseil, auquel préside l'empereur lui-même. Volà le peuple le plus juste et le plus humain de l'univers."

Etiemble : Voltaire confirme le plaisir qu'il prend à lire les Maximes de Confucius, dont il cite quelques-unes. Après quoi, il ajoute qu'il y en a plus de mille pareilles de Confucius, de ses disciples et de leurs imitateurs.
  • Document: Etiemble, [René]. L'Europe chinoise. Vol. 1-2. (Paris : Gallimard, 1988-1989). (Bibliothèque des idées). S. 256. (Eti6, Publication)
  • Document: Song, Shun-ching. Voltaire et la Chine. (Aix-en-Provence : Université de Provence, 1989). Diss. Univ. de Provence, 1987. S. 61-62, 74, 105. (Song, Publication)
31 1777 1777 Voltaire. Commentaire sur L'esprit des lois de Montesquieu. Voltaire schreibt : "Encore une fois, j'aurais souhaité que l'auteur eût plus parlé des vertus qui nous regardent, et qu'il n'eût point été chercher des incertitudes à six mille lieues. Nous ne pouvons connaître la Chine que par les pièces authentiques, fournies sur les lieux, reasemblées par Du Halde, et qui ne sont point contredites. Les écrits moraux de Confucius, publiés six cents ans avant notre ère, lorsque presque toute notre Europe vivait de glands dans ses forêts ; les ordonnances de tant d'empereurs, qui sont des exhortations à la vertu ; des pièces de théâtre même qui l'enseignent, et dont les héros de dévouent à la mort pour sauver la vie à un orphelin ; tant de chefs-d'oeuvre de morale traduits en notre langue : tout cela n'a point été fait à coups de bâton."
  • Document: Les rapports entre la Chine et l'Europe au temps des lumières. Centre de recherches interdisciplinaire de Chantilly ; Marie-Rose Séguy. (Paris : Les belles lettres, 1980). (Actes du IIe Colloque international de sinologie. La Chine au temps des lumières ; 4). (Rapp1, Publication)
32 1857 Voltaire. The history of Peter the Great, emperor of Russia. [Transl.] from the French of Voltaire by [Tobias] Smollett. (New York, N.Y. : Leavitt & Allen, 1857).
"The empire of Russia is the largest in the whole globe, extending from west to east upwards of two thousand common leagues of France, and about eight hundred in its greatest breadth from north to south. It borders upon Poland and the Frozen Sea, and joins to Sweden and China… The limits of this country were so little known in the last century, that, in 1689, when it was reported, that the Chinese and the Russians were at war, and that in order to terminate their differences, the emperor Camhi on the one hand, and the czars Ivan or John, and Peter, on the other, had sent their ministers to meet an embassy within three hundred leagues of Pekin, on the frontiers of the two empires, the account was at first treated as a fiction."...
"I shall observe here, that from Petersburg to Pekin, there is hardly one mountain to be met with in the route which the caravans might take through independent Tartary, and that from Petersburg to the north of France, by the road of Dantzic, Hamburg, and Amsterdam, there is not even a hill of any eminence to be seen. This observation leaves room to doubt of the truth of that theory, which makes the mountains to have been formed by the rolling of the waves of the sea, and supposes all that is at present dry land, to have[Pg 5] been for a long time covered with water: but how comes it to pass, that the waves, which, according to the supposition, formed the Alps, the Pyrenees, and Mount Taurus, did not likewise form some eminence or hill from Normandy to China, which is a winding space of above three thousand leagues?"...
"It is very likely that Madies the Scythian, who made an irruption into Asia, near seven hundred years before our vulgar æra, might have carried his arms into these regions, as Gengis-Khan and Tamerlane did afterwards, and as probably others had done long before Madies. Every part of antiquity is not deserving of our inquiries; that of the Chinese, the Indians, the Persians, and the Egyptians, is ascertained from illustrious and interesting monuments; but these monuments suppose others of a far more ancient date, since it required many ages to teach men the art of transmitting their thoughts by permanent signs, and no less time was required to form a regular language; and yet we have no such monuments even in this polite part of Europe"...
"Ascending the river Dwina from north to south, we travel up the country till we come to Moscow, the capital of the empire. This city was long the centre of the Russian dominions, before they were extended on the side of China and Persia"...
"Though the city of Moscow, at that time, had neither the magnificence nor arts of our great cities in Europe, yet its circumference of twenty miles; the part called the Chinese town, where all the rarities of China are exhibited; the spacious quarter of the Kremlin, where stood the palace of the czars; the gilded domes, the lofty and conspicuous turrets; and, lastly, the prodigious number of its inhabitants, amounting to near 500,000. All this together, rendered Moscow one of the most considerable cities in the world"...
"If after surveying all these vast provinces, we direct our view towards the east, we shall find the limits of Europe and Asia again confounded. A new name is wanting for a considerable part of the globe. The ancients divided their known world into Europe, Asia, and Africa: but they had not seen the tenth part of it: hence it happens, that when we pass the Palus Mæotis we are at a loss to know where Europe ends, or Asia begins; all that tract of country lying beyond mount Taurus was distinguished by the general appellation of Scythia, and afterwards by that of Tartary. It might not be improper, perhaps, to give the name of Terræ Arcticæ, or Northern Lands, to the country extending from the Baltic Sea to the confines of China; as that of Terræ Australes, or Southern Lands, are to that equally extensive part of the world, situated under the Antarctic Pole, and which serves to counterpoise the globe"...
"Who could imagine that this country was for a long time the residence of those very Huns, who under Attila carried their depredations as far as the gates of Rome, and that these Huns came from the north of China?"...
"Thus China and India are more populous than any other empires, because, after a multitude of revolutions, which changed the face of sublunary affairs, these two nations made the earliest establishments in civil society: the antiquity of their government, which has subsisted upwards of four thousand years, supposes, as we have already observed, many essays and efforts in preceding ages…
Foreigners, of whatever country or profession, are likewise exempt: as also the inhabitants of the conquered countries, namely, Livonia, Esthonia, Ingria, Carelia, and a part of Finland, the Ukraine, and the Don Cossacks, the Calmucks, and other Tartars, Samojedes, the Laplanders, the Ostiaks, and all the idolatrous people of Siberia, a country of greater extent than China"...
"The established religion of this country has, ever since the eleventh century, been that of the Greek church, so called in opposition to the Latin; though there were always a greater number of Mahometan and Pagan provinces, than of those inhabited by Christians. Siberia, as far as China, was in a state of idolatry; and, in some of the provinces, they were utter strangers to all kind of religion"...
"If nothing more had been wanting but to be superior to the Tartars, and the other nations of the north, as far as China, the Russians undoubtedly had that advantage, but they were to be brought upon an equality with civilized nations, and to be in a condition, one day, of even surpassing several of them"...
"One of the soldiers, who could write, drew up a form of accusation, and sentenced the two unfortunate princes to be cut in pieces; a punishment inflicted in China and Tartary on parricides, and called the punishment of ten thousand slices. After having thus used Nariskin and Vongad, they exposed their heads, feet, and hands, on the iron points of a balustrade"...
"Russia was now quiet at home, but she was still pent up on the side of Sweden, though enlarged towards Poland, her new ally, in continual alarms on the side of Crim Tartary, and at variance with China in regard to the frontiers"...
"The czar was now to determine (in 1689) against which of the following powers he would declare war, whether against the Turks, the Swedes, or the Chinese. But here it will be proper to premise on what terms he then stood with China, and which was the first treaty of peace concluded by that nation"...

Congress and Treaty with the Chinese.
We must set out by forming a proper idea of the limits of the Chinese and Russian empires at this period. When we leave Siberia, properly so called, and also far behind us to the south, a hundred hordes of Tartars, with white and black Calmucks, and Mahometan and Pagan Monguls, we come to the 130th degree of longitude, and the 52d of latitude upon the river Amur. To the northward is a great chain of mountains, that stretches as far as the Frozen[Pg 81] Sea, beyond the polar circle. This river, which runs upwards of five hundred leagues, through Siberia and Chinese Tartary, falls, after many windings, into the sea of Kamtshatka. It is affirmed for a truth, that at its mouth, which opens with this sea, there is sometimes caught a monstrous fish, much larger than the hippopotamus of the Nile, and that the tooth thereof is the finest ivory. It is furthermore said, that this ivory was formerly an object of trade; that they used to convey it through Siberia, which is the reason why several pieces of it are still found under the ground in that country. This is the most probable account of the fossil ivory, of which we have elsewhere spoken; for it appears highly chimerical to pretend, that there were formerly elephants in Siberia.
This Amur is likewise called the Black River by the Mantechoux Tartars, and the Dragon's River by the Chinese.
It was in these countries, so long unknown, that the Russians and Chinese contested the limits of their empires. The Russians had some forts on the river Amur, about three hundred leagues from the great wall. Many hostilities had arisen between these two nations on account of these forts: at length both began to understand their interests better; the emperor Camhi preferred peace and commerce to an unprofitable[Pg 82] war, and sent several ambassadors to Niptchou, one of those settlements. The ambassadors had ten thousand men in their retinue, including their escort: this was Asiatic pomp; but what is very remarkable, is, that there was not an example in the annals of the empire, of an embassy being sent to another potentate; and what is still more singular, that the Chinese had never concluded a treaty of peace since the foundation of their monarchy. Though twice conquered by the Tartars, who attacked and subjected them, they never made war upon any people, excepting a few hordes that were quickly subdued, or as quickly left to themselves, without any treaty. So that this nation, so renowned for morality, knew nothing of what we call the 'Law of nations;' that is to say, of those vague rules of war and peace, of the privileges of foreign ministers, of the formalities of treaties, nor of the obligations resulting from thence, nor of the disputes concerning precedency and point of honour.
But in what language were the Chinese to negotiate with the Russians, in the midst of deserts? This difficulty was removed by two jesuits, the one a Portuguese, named Pereira, the other a Frenchman, whose name was Gerbillon; they set out from Pekin with the Chinese ambassadors, and were themselves the real negotiators. They conferred in Latin with a German belonging to the Russian embassy, who understood this language. The chief of that embassy was Golowin, governor of Siberia, who displayed a greater magnificence than the Chinese themselves, and thereby gave a high idea of the Russian empire, to a people who thought themselves the only powerful nation under the sun.
The two jesuits settled the limits of both em[Pg 83]pires at the river Kerbechi, near the spot where the treaty was concluded. All the country, to the southward of this line of partition, was adjudged to the Chinese, and the north to the Russians, who only lost a small fort which was found to have been built beyond the limits: a peace was agreed to, and after some few altercations, both parties swore to observe it, in the name of the same God; and in these terms, 'If any of us shall entertain the least thought of kindling anew the flames of war, we beseech the supreme Lord of all things, and who knows all hearts, to punish the traitor with sudden death.'
From this form of treaty, used alike by Chinese and Christians, we may infer two important truths: the first, that the Chinese government is neither atheistical nor idolatrous, as has been so frequently and falsely charged upon it, by contradictory imputations. Secondly, that all nations, who cultivate the gift of reason and understanding, do, in effect, acknowledge the same God, notwithstanding the particular deviations of that reason, through the want of being properly instructed.
The treaty was drawn up in Latin, and two copies were made of it. The Russian ambassadors set their names the first to the copy that remained in their possession, and the Chinese also signed theirs the first, agreeable to the custom observed by European nations, when two equal powers conclude a treaty with each other. On this occasion was observed another custom belonging to the Asiatic nations, and which was indeed, that of the earliest ages. The treaty was engraven on two large marble pillars, erected on the spot, to determine the boundaries of the two empires. Three years after this, the czar sent Isbrand Ides, a Dane, his ambassador to China; and the commerce he then established between the two nations, continued with advantage to each, till the rupture between them in the year 1722; but since this short interruption, it has been revived with redoubled vigour.

"The three ambassadors were, general Le Fort, the boyard Alexis Gollowin, commissary-general of war, and governor of Siberia, the same who signed the perpetual treaty of peace with the plenipotentiaries of China, on the frontiers of that empire; and Wonitzin, diak, or secretary of state, who had been long employed in foreign courts"...
"One perhaps draws a ticket for a Chinese mandarin; another for a Tartarian mirza; a third a Persian satrap; and a fourth for a Roman senator; a princess may, by her ticket, be a gardener's wife, or a milk-maid; a prince a peasant, or a common soldier"...
"He likewise founded a naval academy at Petersburg; dispatched Lange to China and Siberia, with a commission of trade; set mathematicians to work, in drawing charts of the whole empire; built a summer's palace at Petershoff; and at the same time built forts on the banks of the Irtish, stopped the incursions and ravages of the Bukari on the one side, and, on the other, suppressed the Tartars of Kouban"...

Of the Trade with China.
The undertaking of establishing a trade with China seemed to promise the greatest advantages. Two vast empires, bordering on each other, and each reciprocally possessing what the other stood in need of, seemed to be both under the happy necessity of opening a useful correspondence, especially after the treaty of peace, so solemnly ratified between these two empires in the year 1689, according to our way of reckoning.
The first foundation of this trade had been laid in the year 1653. There was at that time two companies of Siberian and Bukarian families settled in Siberia. Their caravans travelled through the Calmuck plains; after they had crossed the deserts of Chinese Tartary, and made a considerable profit by their trade; but the troubles which happened in the country of the Calmucks, and the disputes between the Russians and the Chinese, in regard to the frontiers, put a stop to this commerce.
After the peace of 1689, it was natural for the two great nations to fix on some neutral place, whither all the goods should be carried. The Siberians, like all other nations, stood more in need of the Chinese, than these latter did of them; accordingly permission was asked of the emperor of China, to send caravans to Pekin, which was readily granted. This happened in the beginning of the present century.
It is worthy of observation, that the emperor Camhi had granted permission for a Russian church in the suburbs of Pekin; which church was to be served by Siberian priests, the whole at the emperor's own expense, who was so indulgent to cause this church to be built for the accommodation of several families of eastern Siberia; some of whom had been prisoners before the peace of 1680, and the others were adventurers from their own country, who would not return back again after the peace of Niptchou. The agreeable climate of Pekin, the obliging manners of the Chinese, and the ease with which they found a handsome living, determined them to spend the rest of their days in China. The small Greek church could not become dangerous to the peace of the empire, as those of the Jesuits have been to that of other nations; and moreover, the emperor Camhi was a favourer of liberty of conscience. Toleration has, in all times, been the established custom in Asia, as it was in former times all over the world, till the reign of the Roman emperor Theodosius I. The Russian families, thus established in China, having intermarried with the natives, have since quitted the Christian religion, but their church still subsists.
It was stipulated, that this church should be for the use of those who come with the Siberian caravans, to bring furs and other commodities wanted at Pekin. The voyage out and home, and the stay in the country, generally took up three years. Prince Gagarin, governor of Siberia, was twenty years at the head of this trade. The caravans were sometimes very numerous; and it was difficult to keep the common people, who made the greatest number, within proper bounds.
They passed through the territories of a Laman[Pg 343] priest, who is a kind of Tartarian sovereign, resides on the sea-coast of Orkon, and has the title of Koutoukas: he is the vicar of the grand Lama, but has rendered himself independent, by making some change in the religion of the country, where the Indian tenet of metempsychosis is the prevailing opinion. We cannot find a more apt comparison for this priest than in the bishops of Lubeck and Osnaburg, who have shaken off the dominion of the church of Rome. The caravans, in their march, sometimes committed depredations on the territories of this Tartarian prelate, as they did also on those of the Chinese. This irregular conduct proved an impediment to the trade of those parts; for the Chinese threatened to shut the entrance into their empire against the Russians, unless a stop was put to these disorders. The trade with China was at that time very advantageous to the Russians, who brought from thence gold, silver, and precious stones, in return for their merchandize. The largest ruby in the world was brought out of China to prince Gagarin, who sent it to prince Menzikoff; and it is now one of the ornaments of the imperial crown.
The exactions put in practice by prince Gagarin were of great prejudice to that trade, which had brought him so much riches; and, at length, they ended in his own destruction; for he was accused before the court of justice, established by the czar, and sentenced to lose his head, a year after the condemnation of the czarowitz, and the execution of all those who had been his accomplices.
About the same time, the emperor Camhi, perceiving his health to decay, and knowing, by experience, that the European mathematicians were much more learned in their art than those of[Pg 344] his own nation, thought that the European physicians must also have more knowledge than those of Pekin, and therefore sent a message to the czar, by some ambassadors who were returning from China to Petersburg, requesting him to send him one of his physicians. There happened at that time to be an English surgeon at Petersburg, who offered to undertake the journey in that character; and accordingly set out in company with a new ambassador, and one Laurence Lange, who has left a description of that journey. This embassy was received, and all the expense of it defrayed with great pomp, by Camhi. The surgeon, at his arrival, found the emperor in perfect health, and gained the reputation of a most skilful physician. The caravans who followed this embassy made prodigious profits; but fresh excesses having been committed by this very caravan, the Chinese were so offended thereat, that they sent back Lange, who was at that time resident from the czar at the Chinese court, and with him all the Russian merchants established there.
The emperor Camhi dying, his son Yontchin, who had as great a share of wisdom, and more firmness than his father, and who drove the Jesuits out of his empire, as the czar had done from Russia in 1718, concluded a treaty with Peter, by which the Russian caravans were no more to trade on the frontiers of the two empires. There are only certain factors, dispatched in the name of the emperor or empress of Russia, and these have liberty to enter Pekin, where they are lodged in a vast house, which the emperor of China formerly assigned for the reception of the envoys from Corea: but it is a considerable time since either caravans or factors have been sent from Russia thither so that the trade is now in a declining way, but may possibly soon be revived.

"Peter began his reign by an advantageous treaty with the Chinese... Let us figure to ourselves the thirty years' war in Germany, the times of the league, those of the massacre of St. Bartholomew, and the reigns of Charles VI. and of king John in France, the civil wars in England, the long and horrible ravages of the whole Russian empire by the Tartars, or their invasion of China; and then we shall have some slight conception of the miseries under which the Persian empire has so long groaned"...
"There are still some ruins of an old wall like that of China, which must have been built in the earliest times of antiquity, and stretched from the borders of the Caspian Sea to the Pontus Euxinus; and this was probably a rampart raised by the ancient kings of Persia against those swarms of barbarians which dwelt between those two seas"...
33 1890 Wang, Tao. Chong ding Faguo zhi lüe [ID D2299].
Wang schreibt : "A cette époque-là, Montesquieu, Voltaire, Rousseau et d'autres savants ont fait des livres ayant pour but de restreindre le pouvoir du Roi et de défendre les droits du peuple. Tous ceux qui ont lu leurs livres en furent enthousiasmés et se décidèrent à réformer l’ancien régime politique."
  • Document: Dossier Rousseau en Chine. In : Etudes Jean-Jacques Rousseau ; vol. 4 (1990).
    [Enthält] :
    Bastid, Marianne. L'influence de J.-J. Rousseau sur la pensée politique en Chine avant la revolution de 1911.
    Yang, Shi. J.-J. Rousseau et les intellectuels chinois.
    Chen, Sen. J.-J. Rousseau, sa pensée et ses oeuvres en Chine.
    Li, Ping-oue. Considérations de Liang Qichao sur la théorie de Rousseau.
    Gao, Qiang. Présentation de Yan Fu et traduction de : Yan Fu. Critique du Contrat social (1914).
    Li, Tche-houa. Ma lecture des Confessions. S. 164. (Rous20, Publication)
  • Person: Montesquieu, Charles de Secondat de
  • Person: Rousseau, Jean-Jacques
  • Person: Wang, Tao
34 1891 Guo, Songtao. Lundun yu Bali ri ji [ID D7868].
Guo schreibt : "Il y a cent ans, un Français nommé Voltaire fait des livres dans le but de réfuter les prêtres et un autre Français qui s'appelait Rousseau a exprimé des opinions de la même nature. Tous les deux ont été terriblement détestés par les prêtres."
  • Document: Dossier Rousseau en Chine. In : Etudes Jean-Jacques Rousseau ; vol. 4 (1990).
    [Enthält] :
    Bastid, Marianne. L'influence de J.-J. Rousseau sur la pensée politique en Chine avant la revolution de 1911.
    Yang, Shi. J.-J. Rousseau et les intellectuels chinois.
    Chen, Sen. J.-J. Rousseau, sa pensée et ses oeuvres en Chine.
    Li, Ping-oue. Considérations de Liang Qichao sur la théorie de Rousseau.
    Gao, Qiang. Présentation de Yan Fu et traduction de : Yan Fu. Critique du Contrat social (1914).
    Li, Tche-houa. Ma lecture des Confessions. S. 164. (Rous20, Publication)
  • Person: Guo, Songtao
  • Person: Rousseau, Jean-Jacques
35 1969 Voltaire. Précis du siècle de Louis XV. [ID D20011].
Voltaire schreibt :
"Macao appartient depuis cent cinquante ans aux Portugais. L'empereur de la Chine leur permit de bâtir une ville dans cette petite île, qui n'est qu'un rocher, mais qui leur était nécessaire pour leur commerce. Les Chinois n'ont jamais violé depuis ce temps les privilèges accordés aux Portugais. Cette fidélité devait, ce me semble, désarmer l'auteur anglais qui a donné au public l'Histoire de l'expédition de l'amiral Anson. Cet historien, d’ailleurs judicieux, instructif, et bon citoyen, ne parle des Chinois que comme d'un peuple méprisable, sans foi et sans industrie. Quant à leur industrie, elle n'est en rien de la nature de la nôtre; quant à leurs moeurs, je crois qu'il faut plutôt juger d'une puissante nation par ceux qui sont à la tête que par la populace des extrémités d'une province. Il me paraît que la foi des traités, gardée par le gouvernement pendant un siècle et demi, fait plus d'honneur aux Chinois qu'ils ne reçoivent de honte de l'avidité et de la fourberie d'un vil peuple d'une côte de ce vaste empire. Faut-il insulter la nation la plus ancienne et la plus policée de la terre parce que quelques malheureux ont voulu dérober à des Anglais, par des larcins et par des gains illicites, la vingt-millième partie tout au plus de ce que les Anglais allaient voler par force aux Espagnols dans la mer de la Chine? Il n'y a pas longtemps que les voyageurs éprouvaient des vexations beaucoup plus grandes dans plus d’un pays de l'Europe. Qu'aurait dit un Chinois si, ayant fait naufrage sur les côtes de l'Angleterre, il avait vu les habitants courir en foule s'emparer avidement à ses yeux de tous ses effets naufragés?"
36 2003 Ausstellung im Institut et Musée Voltaire, Les Délices, Genève.
Les manifestations et les activités sur le thème 'Voltaire et la Chine' sont le fruit d'une collaboration de plusieurs mois entreprise avec la Bibliothèque-Musée de la Comédie-Française, l'Université de Pékin et plusieurs autres partenaires des mondes associatif et culturel, nationaux et internationaux.
  • Document: Voltaire et la Chine. [Ed.] Institut et Musée Voltaire Genève ; Ville de Genève, Département des Affaires Culturelles. (Saint Malo : Ed. Cristel, 2003). [Ausstellung 5 mai-4 octobre 2003, Institut et Musée Voltaire Genève]. S. 9. (Vol4, Publication)

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8 1764 Voltaire. Catéchisme chinois : ou entretiens de Cu-su, disciple de Confutzée, avec le prince Kou, fils du roi de Low, tributaire de l'empereur chinois Gnenvan, 417 ans avant notre ère volgaire. (Traduit en latin par le P. Fouquet, ci-devant ex-jésuite. Le manuscrit est dans la bibliothèque du Vatican, n° 42,759). (1764)-
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9 1764 Voltaire. Additions à l'Essai sur l'histoire générale &c et sur l'esprit & les moeurs des nations, depuis Charlemagne jusqu'à nos jours. Tirées de l'édition augmentée de 1761-1763... (Amsterdam : [s.n.], 1764). Publication / Vol7
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16 1768 Voltaire. Histoire de Charles XII, roi de Suède : divisée en huit livres ; avec l'Histoire de l'empire de Russie sous Pierre le Grand : en deux parties divisées par chapitres ; ces deux ouvrages sont précédés des pièces qui leur sont relatives, & sont suivis de tables des matières, &c. &c. (Genève : Cramer, 1768).
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福祿特爾小說集
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Mansfield, Katherine. Ye shen shi = Late at night = 夜深时
Mansfield, Katherine. Yi bei cha = Cup of tea = 一杯茶.
Mansfield, Katherine. Cang ying = Fly = 苍蝇.
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风俗论 : 论各民族的精神与风俗以及自查理曼至路易十三的历史
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    汉译法国社会科学与人文科学图书目录 (Cat3, Published)
  • Cited by: Worldcat/OCLC (WC, Web)
  • Person: Fu, Lei
  • Person: Maurois, André
5 1958 [Artamonov, Sergei Dmitrievich]. Fu'ertai ping zhuan. A'ertamengnuofu zhu ; Ma Yong yi. (Beijing : Zuo jia chu ban she, 1958). Übersetzung von Artamonov, S[ergei] D[mitrievich]. Volter. (Moskva : Gos. Izd-vo khudozh. Lit-ry, 1954). [Abhandlung über Voltaire].
伏尔泰评传
Publication / Volt32
6 1960 [Sokolov, Vasilij Vasil'evic]. Fu'ertai. Suoke Luofu zhu ; Zhong Li yi. (Shanghai : Shanghai ren min chu ban she, 1960). Übersetzung von Sokolov, Vasilij Vasil'evic. Vol'ter. (Moskva : Universität, 1956). [Abhandlung über Voltaire].
伏尔泰
Publication / Volt54
7 1963 Guy, Basil. The French image of China before and after Voltaire. (Genève : Institut et Musée Voltaire Les Délices, 1963). (Studies on Voltaire and the eighteenth century ; vol. 21). Publication / Guy
  • Cited by: Asien-Orient-Institut Universität Zürich (AOI, Organisation)
  • Person: Diderot, Denis
  • Person: Guy, Basil
  • Person: Rousseau, Jean-Jacques
8 1965 [Maurel, André]. Fu'erde zhuan. Moluoya zhu. (Taibei : Wen xin shu dian, 1965). (Wen xing ji kann ; 87). Übersetzung von Maurel, André. Voltaire. (Paris : Ed. Balzac, 1943).
服爾德傳
Publication / Volt52
9 1971-1972 Aldridge, A. Owen. Voltaire and the cult of China. In : Tamkang review ; vol. 2-3 (1971-1972). Publication / Vol5
  • Cited by: Asien-Orient-Institut Universität Zürich (AOI, Organisation)
10 1977 [Durant, Will]. Fu'ertai di shi dai. Wei'er Dulan zhu ; You shi wen hua gong si bian yi. Vol. 1-3. (Taibei : You shi wen hua shi ye gong si, 1977). (Shi jie wen ming shi ; 9. = The story of civilization ; 9). Übersetzung von Durant, Will ; Durant, Ariel. The age of Voltaire : a history of civilization in Western Europe from 1615 to 1756 ; with special emphasis on the conflict between religion and philosophy. (New York, N.Y. : Simon and Schuster, 1965). (The story of civilization ; pt. 9).
Pt. 1. Fu'ertai yu Yingguo. Pt. 2. Fu'ertai shi dai de Oulu. Pt. 3. Fu'ertai si xiang yu zong jiao de chong tu.
伏爾泰的時代
Publication / Volt38
11 1983 Ding, Zichung. Fu'ertai : 1694-1778. (Shenyang : Liaoning ren min chu ban she, 1983). (Wai guo wen xue ping jia cong shu ; 2). [Abhandlung über Voltaire].
伏尔泰 : 1694-1778
Publication / Volt36
12 1987 [Artamonov, Sergei Dmitrievich]. Fu'ertai zhuan. C. A'ertamonuofu zhu ; Zhang Jinxia, Sun Nan yi. (Beijing : Shang wu yin shu guan, 1987). (Shi jie ming ren zhuan ji cong shu). Übersetzung von Artamonov, S[ergei] D[mitrievich]. Volter. (Moskva : Gos. Izd-vo khudozh. Lit-ry, 1954). [Abhandlung über Voltaire].
伏爾泰傳
Publication / Volt33
13 1989 Song, Shun-ching. Voltaire et la Chine. (Aix-en-Provence : Université de Provence, 1989). Diss. Univ. de Provence, 1987. Publication / Song
  • Cited by: Asien-Orient-Institut Universität Zürich (AOI, Organisation)
  • Person: Song, Shun-ching
14 1989 Ge, Li ; Yao, Peng. Qi meng si xiang tai dou Fu'ertai. (Beijing : Shi jie zhi shi chu ban she, 1989). [Abhandlung über Voltaire].
启蒙思想泰斗伏尔泰
Publication / Volt43
15 1989 [Durant, Will]. Xi fang zhe xue shi hua. Wei'er Dulan yuan zhu. (Beijing : Shu mu wen xian chu ban she, 1989). (Wen shi cong shu ; 6). Übersetzung von Durant, Will. The story of philosophy : the lives and opinions of the greater philosophers. (New York, N.Y. : Simon and Shuster, 1926). [Abhandlung über Baruch Spinoza, Platon, Aristoteles, Francis Bacon, Voltaire, Immanuel Kant, Herbert Spencer, Friedrich Nietzsche].
西方哲學史話
Publication / Paco42
16 1992 Han, Qi. Guan yu 17, 18 shi ji Ouzhou ren dui Zhongguo ke xue luo hou yuan yin di lun shu. (Beijing : Ke xue chu ban she, 1992). [Abhandlung über Dominique Parrenin und Voltaire].
关于17, 18世纪欧洲人对中国科学落后原因的论述
Publication / Volt45
17 1992 Liu, Genbao. Fu'ertai. (Taibei : Shu quan chu ban she, 1992). (Shi jie shi da si xiang jia ; 8). [Abhandlung über Voltaire].
伏爾泰
Publication / Volt47
18 1993 Fan, Xiheng. Zhao shi gu er yu Zhongguo qu er. (Taibei : Xue hai chu ban shek, 1993). [Abhandlung über L'orphelin de la Chine von Voltaire].
趙氏孤兒与中國孤兒
Publication / Volt40
19 1993 Meng, Hua. Fu'ertai yu Kongzi. Yue Daiyun shen ding. (Beijing : Xin hua chu ban she, 1993). (Shen zhou wen hua ji cheng). [Abhandlung über Voltaire und Confucius].
伏尔泰与孔子
Publication / Volt51
20 1995 Li, Fengming. Fu'ertai. Li Fengming zhu ; Fu Weixun, Wei Zhengtong zhu bian. (Taibei : Dong da tu shu, 1995). [Abhandlung über Voltaire].
伏爾泰
Publication / Volt41
21 1996 Fu'ertai. Zhang xue zhe. (Beijing : Guo ji wen hua chu ban gong si, 1996). (Shi jie li shi ming ren cong shu). [Abhandlung über Voltaire].
伏尔泰
Publication / Volt42
22 1996 Xiao, Xuehui. Li xing ren ge : Fu'ertai. (Wuhan : Changjiang wen yi chu ban she, 1996). (Xi fang zhi zhe ren ge cong shu). [Abhandlung über Voltaire].
理性人格伏尔泰
Publication / Volt57
23 1996 You, Liwei. Fu'ertai. (Beijing : Zhongguo guo ji guang bo chu ban she, 1996). (Wai guo li shi ren wu cong shu). [Abhandlung über Voltaire].
伏尔泰
Publication / Volt59
24 1997 Liu, Shaoxue. Li xing zhi jian : chong du Fu'ertai. (Chengdu : Sichuan ren min chu ban she, 1997). (Si xiang da shi chong du xi lie = Reviewing thinkers series). [Abhandlung über Voltaire].
理性之劍 : 重讀伏爾泰
Publication / Volt49
25 1998 Dai, Jinbo. Fu'ertai. (Shenyang : Liao hai chu ban she, 1998). (Bu lao hu chuan ji wen ku; ju ren bai chuan cong shu). [Abhandlung über Voltaire].
伏尔泰
Publication / Volt35
26 1998 [Durant, Will]. Shi jie wen ming shi. Wei'er Dulan yuan zhu ; You shi fan yi zhong xin bian yi. (Taibei : You shi wen hua shi ye gong si, 1998). Übersetzung von Durant, Will. The story of civilization. (New York, N.Y. : Simon and Schuster, 1935).
世界文明史
Publication / Volt39
27 1998 Xiao, Xuehui. Fu'ertai de wei xie : yu zhuan zhi she hui zhan dou de qi meng yun dong zhe. (Taibei : Han yang chu ban gu fen you xian gong si, 1998). (Xin shi ji ren sheng guan ; 2). [Abhandlung über Voltaire].
伏爾泰的威脅 : 與專制社會戰鬥的啓蒙運動者
Publication / Volt55
28 2000 [Gray, John]. Fu'ertai. Yuehan Gelei zhu ; Huang Xizhe yi. (Taibei : Mai tian chu ban, 2000). (Yue du zhe xue jia ; 24). Übersetzung von Gray, John. Voltaire. (New York, N.Y. : Routledge, 1997).
伏爾泰
Publication / Volt44
29 2000 Xiao, Xuehui. Fu'ertai : li xing zhu yi de xian qu. (Taibei : Sheng yi you xian gong si wen hua shi ye bu, 2000). (Juan yong ming ren lu ; 4). [Abhandlung über Voltaire].
伏爾泰 : 理性主義的先驅
Publication / Volt56
30 2001 Zhao, Yahong. Fu'ertai. (Changchun : Bei fang fu nü er tong chu ban she, 2001). (Shi jie wei ren chuan ji cong shu ; 37). [Abhandlung über Voltaire].
伏尔泰
Publication / Volt61
31 2001 Zhao, Yong. Wen tan bei hou de jiang tan ; Fuertai yu Lusuo de wen xue chuang zuo. (Changchun : Shi dai wen yi chu ban she, 2001). (Shi jie wen xue jing dian dao du ; 21). [Abhandlung über Voltaire und Jean-Jacques Rousseau].
文坛背后的讲坛
Publication / Rous151
32 2003 Lu, Shannian ; Xu, Lan ; Zhang, Jian. Fu'ertai ming yan lu. (Beijing : Zhongguo shao nian er tong chu ban she, 2003). (Lan pi shu). [Abhandlung über Voltaire].
伏尔泰名言录
Publication / Volt48
33 2003 Shu, Feng. Fu'ertai. (Beijing : Zhongguo shao nian er tong chu ban she, 2003). (Shi jie ta ren wu cong shu). [Abhandlung über Voltaire].
伏尔泰
Publication / Volt53
34 2003 Zhang, Jialin ; Liu Danli. Fu'ertai. (Yanji : Yan bian da xue chu ban she, 2003). (Shi jie ming ren chuan ji). [Abhandlung über Voltaire].
伏尔泰
Publication / Volt60
35 2003 Voltaire et la Chine. [Ed.] Institut et Musée Voltaire Genève ; Ville de Genève, Département des Affaires Culturelles. (Saint Malo : Ed. Cristel, 2003). [Ausstellung 5 mai-4 octobre 2003, Institut et Musée Voltaire Genève]. Publication / Vol4
  • Cited by: Asien-Orient-Institut Universität Zürich (AOI, Organisation)
36 2005 Lin, Qian. Li shi li xing yu li xing shi xue. (Guiyang : Fuizhou ren min chu ban she, 2005). (Guizhou da xue zhong guo wen hua shu yuan xue zhu wen ku). [Abhandlung über Voltaire].
历史理性与理性史学
Publication / Volt46
37 2007 [Buruma, Ian]. Fu'ertai de ye zi. Buluma ; Liu, Xuelan ; Xiao, Ping yi. (Beijing : San lian shu dian, 2007). (Wen hua sheng huo yi cong). Übersetzung von Buruma, Ian. Voltaire's coconuts, or, Anglomania in Europe. (London : Weidenfeld & Nicolson, 1999).
伏尔泰的椰子
Publication / Volt34
38 2007 Du, Lan. Fu'ertai shi dai. (Beijing : Dong fang chu ban she, 2007). (Ming ren yu shi dai). [Abhandlung über Voltaire].
伏尔泰时代
Publication / Volt37
39 2007 Ye, Xiao. Zi you Zhongguo : Fu'ertai, Aitianpu lun "Zhongguo li yi zhi zheng". (Beijing : Qun yan chu ban she, 2007). [Abhandlung über Christentum, Missionen, Konfuzianismus, Voltaire, Etiemble].
自由中国 : 伏尔泰艾田蒲论中国礼仪之争
Publication / Volt58
40 2008 Pereira, Jacques. Montesquieu et la Chine. (Paris : L'Harmattan, 2008). Diss. Faculté de Nice, 2008. Publication / Pere
  • Cited by: Asien-Orient-Institut Universität Zürich (AOI, Organisation)
  • Person: Bayle, Pierre
  • Person: Comte, Auguste
  • Person: Condorcet, Jean Antoine Nicolas de
  • Person: Destutt de Tracy, Antoine Louis Claude
  • Person: Diderot, Denis
  • Person: Du Halde, Jean-Baptiste
  • Person: Fourier, Charles
  • Person: Fréret, Nicolas
  • Person: Fénelon, François
  • Person: Helvétius, Claude-Adrien
  • Person: Leibniz, Gottfried Wilhelm
  • Person: Malebranche, Nicolas
  • Person: Montesquieu, Charles de Secondat de
  • Person: Pereira, Jacques
  • Person: Quesnay, François
  • Person: Rousseau, Jean-Jacques
  • Person: Volney, Constantin François
41 2009 Voltaire. Table chronologique des oeuvres : C:\Dokumente und Einstellungen\local-admin\Desktop\VoltaireTableChrono.htm. Web / Volt5