Voltaire. Lettres chinoises, indiennes et tartares [ID D19809].
Voltaire pourchasse 'l'idée puérile' que les Egyptiens allèrent enseigner aux Chinois à lire et à écrire. C'est Voltaire qui a raison contre tous ceux qui s'efforçaient de nier l'originalité ou l'antiquité de la Chine : Cornelius Pauw, Athanasius Kircher, Michael Boym, Pierre Daniel Huet, John Turberville Needham ; Mairan, Jean-Jacques Dortous de. Lettres de M. de Mairan au R.P. Parrenin contenant diverses questins sur la Chine ; Guignes, Joseph de. Memoire dans lequel on preuve, que les chinois sont une colonie egyptienne [ID D1841] ; Recueil d'observations curieuses [ID D19098].
Voltaire schreibt : "Je me suis adressé à des savants de Paris qui n'étaient jamais sortis de chez eux ; ceux-là n'ont fait aucune difficulté de m'expliquer le secret de l'origine des Chinois, des Indiens, et de tous les autres peuples. Ils le savaient par les mémoires de Sem, Cham, et Japhet. L'évêque d’Avranches Huet fut le premier qui imagina que les Egyptiens avaient peuplé l'Inde et la Chine ; mais comme il avait imaginé aussi que Moïse àtait Cacchus, Adonis, et Priape, son système ne persuada personne. Mairan crut entrevoir, avec les lunettes d'Huet une grande conformité entre les sciences, les usages, les moeurs, et même les visages des Egyptiens et des Chinois. Il se figura que Sésostris avait pu fonder des colonies à Pékin et à Delhi. Le P. Parennin lui écrivit de la Chine und grande lettre aussi ingénieuse que savante, qui dut le désabuser. D'autres savants ont travaillé ensuite à transplanter l'Egypte à la Chine. Ils ont commencé par établir qu’on pouvait trouver quelque ressemblance entre d'anciens caractères de la langue phénicienne ou syriaque et ceux de l'ancienne Egypte, ils ont composé des anagrammes avec les noms des premiers rois de la Chine..."
"Si je creuse dans le fondement de leurs lois, tous les voyageurs, tous les missionnaires se réunissent pour me dire que ces lois sont établies sur le pouvoir paternel, c'est-à-dire sur la lois la plus sacrée de la nature si la Chine a été deux fois subjuguée par des Tartares, et si les vainqueurs se sont conformée aux lois des vaincus, j'admire encore davantage... Ce qui me plaît de toutes ces sources chinoises, c'est qu'aucune ne peut faire exécuter à mort le plus vil citoyen, à l'extrémité de l'empire, sans que le procès ai été examiné trois fois par le grand conseil, auquel préside l'empereur lui-même. Volà le peuple le plus juste et le plus humain de l'univers."
Etiemble : Voltaire confirme le plaisir qu'il prend à lire les Maximes de Confucius, dont il cite quelques-unes. Après quoi, il ajoute qu'il y en a plus de mille pareilles de Confucius, de ses disciples et de leurs imitateurs.
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