Briefwechsel zwischen Friedrich II. und Voltaire.
Voltaire : "Je ne connais point M. Paw [Cornelius de Pauw]. Mes lettres sont d'un petit bénédictin tout différent de M. Pernetti. Je trouve ce M. Paw [Pauw] un très habile homme, plein d'esprit et d'imagination, un peu systématique à la vérité, mais avec lequel on peut s'amuser et s'instruire." "Je pense abolument comme lui sur ceux qui croient connaître mieux la Chine que ce père Parennin, homme très-savant et très sensé, qui avait demeuré trente ans à Pékin."
Friedrich II. : "J'ai lu à Abbé Paw [Pauw] votre lettre ; il a été pénétré des choses obligeantes que vous écrivez sur son sujet ; il vous estime et vous admire, mais je crois qu'il ne changera pas d'opinion au sujet des Chinois ; il dit qu'il en croit plus l'ex-jésuite Parennin, qui a été dans ce pays : là que le Patriarche de Ferney, qui n'y a jamais mis les pieds."
"L'abbé Pauw est tout vain de ce que ces Lettres [Lettres chinoises] lui sont adressées ; il croit n'avoir aucune dispute avec vous pour le fond des choses ; il croit qu'il ne diffère de vos opinions sur les Chinois que de quelques nuances… Il prétend que la Chine n'est pas si heureuse ni si sage que vous le soutenez, et qu'elle est rongée par des abus plus intolérables que ceux dont on se plaint dans notre continent... Vous voudrez bien que je garde la neutralité & que j'abandonne les Chinois et leur cause aux avocats qui plaident pour & contre eux. L'empereur de la Chine ne se doute certainement pas que sa nation va être jugée en dernier ressort en Europe, & que des personnes qui n'ont jamais mis le pied à Peckin, décideront de la réputation de son empire. Je vous abandonne, ainsi qu’à l'abbé Pauw, les Chinois, les Indiens et les Tartares. Les nations européennes me donnent tant d'occupation, que je ne sors guère, avec mes méditations, de cette partie la plus intéressante de notre globe... Vous savez le cas que je fais de tout ce qui part de votre plume ; mais j'avoue en même temps mon extrême ignorance sur les moeurs des peuples du Mogol, du Japon et de la Chine ; j'ai borné mon attention en Europe, cette connaissance est d'un usage journalier et nécessaire... Je ne connais de l'empereur de la Chine que les mauvais vers qu'on lui attribue ; s'il n'a pas de meilleurs poètes à Pékin, personne n'apprendre cette langue pour pouvoir lire de pareilles poésies ; et tant que la fatalité ne fera pas naître le génie d'un Voltaire dans ce pays-là, je m'embrasserai peu du reste."
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