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Valéry, Paul

(Sète 1871-1945 Paris) : Dichter

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Valéry, Paul Ambroise

Subjects

Index of Names : Occident / Literature : Occident : France

Chronology Entries (4)

# Year Text Linked Data
1 1895 Valéry, Paul. Le Yalou [ID D24509].
Christopher Paul Bush : When Le Yalou begins, an Occidental narrator and a Chinese guide climb a shill on the coast near the mouth of the Yalu. As the narrator is lost in reflection he is interrupted by his companion's talk of the recent Japanese attacks. The European narrator comments "Ils sont très forts, ils nous imitent", to which the Chinese guide retorts : "Vous êtes des enfants... je connais ton Europe". The Chinese here echoes one of the earliest gestures of 'East-West' dialogue in the West, an Egyptian priest's reproach of Solon in Plato's Timaeus.The Chinese guide then proceeds to lecture the narrator on the failings of Western culture, in terms very similar to those used by Solon. Valéry's Chinese accuses Europe of allowing 'reason' to consume everything : "chaque jour elle dévore ce qui existe... Vous vous épuisez à recommencer sans cesse l'oeuvre du premier jour". The European exists in a perpetually new aorld because "il confond le rapide changement de son coeur avec la variation imperceptible des formes réelles et des Etres durables". The central point of both critical monologues is that the 'oriental' culture has a more profound sense of history and a radically different relationship to memory. And as with Plato's Egyptian, writing plays an important role in Valéry's Chinese's articulation of the oriental difference : "Ici, pour pouvoir penser, il faut connaître des signes nombreuses". While for the Westerner experience disrupts continuity, for the Chinese experience itself, through the medium of language, becomes a kind of cultural tradition : "Ici, tout est historique : une certaine fleur, la douceur d'une heure qui tourne... sur ces choses se rencontrent les esprits de nos pères avec les nôtres. Elles se reproduisent et, tandis que nous répétons les sons qu'ils leur ont donnés pour noms, le souvenir nous joint à eux et nous éternise".
If everything is historical, history in the Western sense cannot exist. The Occidental contrast between the living spirit and the dead letter makes no sense here. The very omnipresence of precedence that seems to be valorized in the discussion of experience is now revealed to be a constraint to thought. The Oriental is not alienated from nature because he always dins his culture in it, but this is also an 'inability' to be alienated, to have new experiences or to develop new concepts. Chinese writing is "trop difficile", it "renferme les idées". Le Yalou draws on the thematic resources of the long and complex tradition of 'oriental' literature. As for China, "il n'y eut pas de géomètres chez les Chinois, et leurs intuitions sont demeurées intuitions d'artiestes ; elles n'ont pas servi de prétexte et de premier support aux développements logiques d'une pensée abstraite". The Orient is again characterized by the prioritization of the word at the expense of experience, "La répétition d'un mot ou d'une formule... oubliant que tout sens que nous donnons à ce que nous percevons alors 'en nous' est déduit des expériences". The West adopted "le système contraire".
In many ways, Valéry's presentation of the Orient seems to replay the basic motifs of Orientalist tradition : the West is idealist and spiritual, China is materialist and scriptural, its culture a storehouse of conceptual fossils that will not or cannot participate in the modern world.
  • Document: Bush, Christopher Paul. Ideographies : figures of Chinese writing in modern Western aesthetics. (Los Angeles, Calif. : University of California, 2000). Diss. Univ. of California, 2000). S. 30-34. (Pley3, Publication)
2 1926-1930 Liang Zongdai trifft 1926 Paul Valéry.
Paul Valéry apprécie les poèmes de Tao Yuanming et de Wang wei, trad. par Liang Zongdai. Il rencontre aussi Sheng Cheng et il a écrit une préface pour « Ma mère » de Sheng Cheng. Grâce à l'introduction de Liang Zongdai, Paul Valéry pense que le peuple chinois était riche de tendance littéraire. Après la lecture des poèmes de Tao Yuanming et de Wang Wei, traduits par Liang Zongdai, il découvre le courage, la ténacité, la pudeur et l'érudit des Chinois anciens. Il reconnaît l'assiduité, la fraternité et la sagesse des Chinois contemporains à travers Ma Mère de Sheng Cheng. Par l'intermédiaire de ses deux amis chinois, il reconnaît la diligence, la perspicacité et l'habileté dans la jeunesse chinoise.
  • Document: Liu, Yang. Henri Michaux et la Chine. (Paris : Ed. Le manuscrit, 2006). (Diss.) S. 65. (MichH1, Publication)
  • Person: Liang, Zongdai
3 1929 Paul Valéry schreibt im Vorwort von Sheng, Cheng. Meine Mutter [ID D13131] über China :
"China war uns lange ein getrennter Planet. Wir bevölkern ihn mit Phantasiegestalten, denn nichts ist natürlicher, als die andern auf das zu beschränken, was sie unserem Blick Bizarres bieten. Ein Kopf mit Perücke und Puder, oder mit einem Zylinder versehen, kann man sich langbezöpfte Köpfe nicht vorstellen. Diesem extravaganten Volk schrieben wir, durcheinander, zu : Weisheit und Albernheit, Schwäche und Dauerhaftigkeit, märchenhafte Trägheit und märchenhaften Fleiss ; Unwissenheit, aber Geschicklichkeit ; Naivität, aber unvergleichliche Spitzfindigkeit ; Nüchternheit und wunderbares Raffinement ; eine Unzahl lächerlicher Dinge. Man hielt China für riesenhaft und machtlos, erfinderisch und stationär, abergläubisch und atheistisch, grausam und philosophisch, patriarchalisch und korrupt, und verwirrt durch diese unsere durcheinandergewürfelte Vorstellung wussten wir nicht, wo wir China in das System unserer Zivilisation einreihen sollten, das wir unweigerlich auf Ägypter, Juden, Griechen und Römer beziehen ; da wir es nicht auf Barbarenrang herabwürdigen konnten, den es seinerseits uns verleith, noch zu unserer eigenen stolzen Höhe erheben, verlegen wir es in eine andere Sphäre und eine andere Chronologie, in die Katagorie dessen, was zugleich wirklich und unverständlich ist ; zeitgenössisch aber zeitlos."
  • Document: Zhang, Zhenhuan. China als Wunsch und Vorstellung : eine Untersuchung der China- und Chinesenbilder in der deutschen Unterhaltungsliteratur 1890-1945. (Regensburg : S. Roderer, 1993). (Theorie und Forschung ; Bd. 241. Literaturwissenschaft ; Bd. 14). Diss. Univ. Heidelberg, 1992. S. 2-3. (ZhaZ3, Publication)
  • Person: Sheng, Cheng
4 1931 Valéry, Paul. Regards sur le monde actuel : Orient et Occident : Préface au livre d'un chinois [ID D24503].
Rares sont les livres délicieux ; et rares les livres de véritable importance. On ne voit donc presque jamais la combinaison de ces valeurs. Cependant, l'improbable n'est pas l'impossible ; il peut arriver une fois qu'une oeuvre charmante soit le signe d'une époque du monde. Je trouve dans celle-ci, sous les couleurs les plus douces et les apparences les plus gracieuses, les prémices de grandes et d’admirables nouveautés. Elle me fait songer à l'aurore, au phénomène rose qui, par ses tendres nuances, insinue et annonce l'immense événement de la naissance d'un jour. Quoi de plus neuf et de plus capable de conséquences profondes, que l'entreprise d'une correspondance toute directe entre les esprits de l'Europe et ceux de l'Extrême-Asie, et même entre les coeurs ? Ce commerce des sentiments et des pensées jusqu'ici n'eut pas d'existence. Il n'y a personne encore pour y croire, parmi nous. La Chine, fort longtemps nous fut une planète séparée. Nous la peuplions d'un peuple de fantaisie, car il n'est rien de plus naturel que de réduire les autres à ce qu'ils offrent de bizarre à n os regards. Une tête à perruque et à poudre, ou porteuse d'un chapeau « haut de forme », ne peut concevoir des têtes à longue queue. Nous prêtions pêle-mêle à ce peuple extravagant, de la sagesse et des
niaiseries ; de la faiblesse et de la durée ; une inertie et une industrie prodigieuses ; une ignorance, mais une adresse ; une naïveté, mais une subtilité incomparable ; une sobriété et des raffinements miraculeux ; une infinité de ridicules. On considérait la Chine immense et impuissante ; inventive et stationnaire, superstitieuse et athée ; atroce et philosophique ; patriarcale et corrompue ; et déconcertés par cette idée désordonnée que nous en avions, ne sachant où la placer, dans notre système de la civilisation que nous rapportons invinciblement aux Égyptiens, aux Juifs, aux Grecs et aux Romains ; ne pouvant ni la ravaler au rang de barbare qu’elle nous réserve à nous-mêmes, ni la hausser à notre point d'orgueil, nous la mettions dans une autre sphère et dans une autre chronologie, dans la catégorie de ce qui est à la fois réel et incompréhensible ; coexistant, mais à l'infini. Rien, par exemple, ne nous est plus malaisé à concevoir, que la limitation dans les volontés de l’esprit et que la modération dans l'usage de la puissance matérielle. Comment peut-on inventer la boussole, — se demande l'Européen, — sans pousser la curiosité et continuer son attention jusqu'à la science du magnétisme ; et comment, l'ayant inventée, peut-on ne pas songer à conduire au loin une flotte qui aille reconnaître et maîtriser les contrées au delà des mers ? — Les mêmes qui inventent la poudre, ne s'avancent pas dans la chimie et ne se font point de canons : ils la dissipent en artifice et en vains amusements de la nuit. La boussole, la poudre, l'imprimerie, ont changé l’allure du monde. Les Chinois, qui les ont trouvées, ne s'aperçurent donc pas qu'ils tenaient les moyens de troubler indéfiniment le repos de la terre. Voilà qui est un scandale pour nous. C'est à nous, qui avons au plus haut degré le sens de l'abus, qui ne concevons pas qu'on ne l'ait point et qu'on ne tire, de tout avantage et de toute occasion, les conséquences les plus rigoureuses et les plus excessives, qu'il appartenait de développer ces inventions jusqu'à l'extrême de leurs effets. Notre affaire n'est -elle point de rendre l'univers trop petit pour nos mouvements, et d'accabler notre es prit, non plus tant par l'infinité indistincte de ce qu'il ignore que par la quantité actuelle de tout ce qu'il pourrait et ne pourra jamais savoir ? Il nous faut aussi que les choses soient toujours plus intenses, plus rapides, plus précises, plus concentrées, plus surprenantes. Le nouveau, qui est cependant le périssable par essence, est pour nous une qualité si éminente, que son absence nous corrompt toutes les autres et que sa présence les remplace. A peine de nullité, de mépris et d'ennui ; nous nous contraignons d'être toujours plus avancés dans les arts, dans les moeurs, dans la politique et dans les idées, et nous sommes formés à ne plus priser que l'étonnement et l'effet instantané de choc. César estimant qu'on n'avait rien fait, tant qu'il restait quelque chose à faire ; Napoléon qui écrit : « Je ne vis jamais que dans deux ans », semblent avoir communiqué cette inquiétude, cette intolérance à l'égard de tout ce qui est, à presque toute la race blanche. Nous sommes excités comme eux à ne rien faire qui ne détruise ce qui le précède, moyennant sa propre dissipation. Il est à remarquer que cette tendance, que l'on pourrait croire créatrice, n'est pas, en réalité, moins automatique dans son procédé que la tendance contraire. Il arrive assez souvent que la poursuite systématique du neuf soit une forme de moindre action, — une simple facilité. Entre une société dont l'accélération est devenue une loi évidente, et une autre dont l'inertie est la propriété la plus sensible, les relations ne peuvent guère être symétriques, et la réciprocité, qui est la condition de l'équilibre, et qui définit le régime d'une véritable paix, ne saurait que difficilement exister. Il y a pire. Par malheur pour le genre humain, il est dans la nature des choses que les rapports entre les peuples commencent toujours par le contact des individus le moins faits pour rechercher les racines communes et découvrir, avant toute chose, la correspondance des sensibilités. Les peuples se touchent d'abord par leurs hommes les plus durs, les plus avides ; ou bien par les plus déterminés à imposer leurs doctrines et à donner sans recevoir, ce qui les distingue des premiers. Les uns et les autres n'ont point l'égalité des échanges pour objet, et leur rôle ne consiste pas le moins du monde à respecter le repos, la liberté, les croyances ou les biens d'autrui. Leur énergie, leurs talents, leurs lumières, leur dévouement sont appliqués à créer ou à exploiter l'inégalité. Ils se dépensent, et souvent ils se sacrifient dans l'entreprise de faire aux autres ce qu'ils ne voudraient pas qu'on leur fît. Or, il faut nécessairement mépriser les gens, parfois sans en avoir le sentiment, et même avec une bonne conscience, — pour s'employer à les réduire ou à les séduire. Au commencement est le mépris : pas de réciprocité plus aisée, ni de plus prompte à établir. Une méconnaissance, un mutuel dédain, et même une antipathie essentielle, une sorte de négation en partie double, quelques arrière-pensées de violence ou d'astuce, — telle était jusqu'ici la substance psychologique des rapports qu'en tretenaient les uns avec les autres les magots et les diables étrangers. Mais le temps vient que les diables étrangers se doivent émouvoir des immenses effets de leurs vertus actives. Ces étranges démons, ivres d'idées, altérés de puissance et de connaissances, excitant, dissipant au hasard les énergies naturelles dormantes ; évoquant plus de forces qu'ils ne savent en conjurer ; édifiant des formes de pensée infiniment plus complexes et plus générales que toute pensée, se sont plu, d'autre part, à tirer de leur stupeur ou de leur torpeur des races primitives ou des peuples accablés de leur âge. Dans cet état des choses, une guerre de fureur et d'étendue inouïes ayant éclaté, un état panique universel a été créé, et le genre humain remué dans sa profondeur. Les hommes de toute couleur, de toutes coutumes, de toute culture, ont été appelés à cette sorte de Jugement avant-dernier. Toutes les idées et les opinions, les préjugés et les évaluations sur quoi se fondait la stabilité politique antérieure, se trouvèrent soumises à de formidables preuves. Car la guerre est le choc de l'événement contre l'attente ; le physique dans toute sa puissance y tient le psychique en état : une guerre longue et générale bouleverse dans chaque tête l'idée qu'elle s'était faite du monde et du lendemain. C'est que la paix n'est qu'un système de conventions, un équilibre de symboles, un édifice essentiellement fiduciaire. La menace y tient lieu de l'acte ; le papier y tient lieu de l'or ; l'or y tient lieu de tout. Le crédit, les probabilités, les habitudes, les souvenirs et les paroles, sont alors des éléments immédiats du jeu politique, — car toute politique est spéculation, opération plus ou moins réelle sur des valeurs fictives. Toute politique se réduit à faire de l'escompte ou du report de puissance. La guerre liquide enfin ces positions, exige la présence et le versement des forces vraies, éprouve les coeurs, ouvre
les coffres, oppose le fait à l'idée, les résultats aux renommées, l'accident aux prévisions, la mort aux phrases. Elle tend à faire dépendre le sort ultérieur des choses de la réalité toute brute de l'instant. La dernière guerre a donc été féconde en révélations. On a vu les plus hautaines et les plus riches nations du globe, réduites à une sorte de mendicité, appelant les plus faibles à l’aide, sollicitant des bras, du pain, des secours de toute nature, incapables de soutenir, à soi seules, la suprême partie où leur puissance même les avait engagées. Bien des yeux se sont ouverts, bien des réflexions et des comparaisons se sont instituées. Mais ce n'est point chez nous que se développent les suites les plus importantes de ces grands événements. Ce ne sont pas du tout les peuples qui furent le plus directement mêlés ou opposés dans le conflit qui s'en trouvent aujourd'hui le plus troublés et transformés. Les effets de la guerre s'élargissent hors d'Europe, et il n'y a poin t de doute que nous verrons revenir des antipodes les conséquences d'un ébranlement qui s'est communiqué à la masse énorme de l'Orient. Les magots connaissent enfin les inconvénients d'une passivité trop obstinée et trop prolongée. Ils eurent longtemps pour principe que tout changement est mauvais, cependant que les diables étrangers suivaient la maxime contraire. Ces héritiers de la dialectique grecque, de la sagesse romaine et de la doctrine évangélique, ayant été tirer de son sommeil le seul peuple du monde qui se soit accommodé, pendant je ne sais combien de siècles, du gouvernement de littérateurs raffinés, on ne sait ce qui adviendra, quelles perturbations générales devront se produire, quelles transformations internes de l'Europe, ni vers quel le nouvelle forme d'équilibre le monde humain va graviter dans l'ère prochaine. Mais regardant humainement ces problèmes humains, je me borne à considérer en lui-même le rapprochement inévitable de ces peuples si différents. Voici des hommes en présence qui ne s'étaient jamais regardés que comme radicalement étrangers ; et ils l'étaient, car ils n'avaient aucun besoin les uns des autres. Nous n'étions, en toute rigueur, que des bêtes curieuses les uns pour les autres, et si nous étions contraints de nous concéder mutuellement certaines vertus, ou quelque supériorité sur certains points, ce n'était guère plus que ce que nous faisons quand nous reconnaissons à tels ou à tels animaux une vigueur ou une agilité ou une industrie que nous n'avons pas. C'est que nous ne nous connaissions, et ne nous connaissons encore, que par les actes de commerce, de guerre, de politique temporelle ou spirituelle, toutes relations auxquelles sont essentiels la notion d'adversaire et le mépris de l'adversaire. Ce genre de rapports est nécessairement superficiel. Non seulement il s'accorde avec une parfaite ignorance de l'intime des êtres, mais encore il l'exige : il serait bien pénible et presque impossible de duper, de vexer ou de supprimer quelqu'un dont la vie profonde vous serait présente et la sensibilité mesurable par la vôtre. Mais tout mène les populations du globe à un état de dépendance réciproque si étroit et de communications si rapides qu'elle ne pourront plus, dans quelque temps, se méconnaître assez pour que leurs relations se restreignent à de simples manoeuvres intéressées. Il y aura place pour autre chose que les actes d'exploitation, de pénétration, de coercition et de concurrence. Depuis longtemps déjà, l'art de l'Extrême-Orient impose à nos attentions d'incomparables objets. L'Occident, qui se pique de tout comprendre et de tout assimiler à sa substance dévorante, place au premier rang, dans ses collections, quantité de merveilles qui lui sont venues de là-bas per fas et nefas. Peut-être est-ce le lieu de remarquer que les Grecs, si habiles dans la proportion et la composition des formes, semblent avoir négligé le raffinement dans la matière. Ils se sont contentés de celle qu'ils trouvaient auprès d'eux et n'ont rien recherché de plus délicat, rien qui arrête les sens indéfiniment et diffère l'introduction des idées. Mais nous devons à l'Empire du Ciel l'exquise invention de la soie, celles de la porcelaine, des émaux, du papier, et bien d'autres encore, qui nous sont devenues toutes familières, tant elles se sont trouvées heureusement adaptées aux goûts de la civilisation universelle. Mais c'est peu que d'admirer et d'utiliser les talents d'une race étrangère, si l'on ne laisse d'en dédaigner les sentiments et l'âme pour se réduire à caresser de l'oeil, les vases, les laques, les ouvrages d'ivoire, de bronze et de jade qu'elle a produits. Il y a quelque chose plus précieuse encore, dont ces chefs-d'oeuvre ne sont que les démonstrations, les divertissements et les reliques : c'est la vie. M. Cheng, de qui je me permets de présenter et de recommander le livre au public, se propose de nous faire aimer ce que nous avons si longtemps ignoré, méprisé et raillé avec tant de naïve assurance. Ce lettré, fils de lettrés, descendant d'une antique famille, qui compte parmi ses ancêtres le vénérable et illustre Lao-Tseu, est venu parmi nous s'instruire aux sciences naturelles. Il a écrit en français son ouvrage. Il ne prétend à rien de moins qu'à nous faire pénétrer dans la vivante profondeur de cet abîme d'hommes innombrables, dont nous ne savons jusqu'ici que ce que nous en disent des observateurs trop semblables à nous. L'ambition de notre auteur est singu lière. Il veut toucher notre coeur. Il nous veut éclairer la Chine intérieurement et y placer une douce lumière qui nous fasse voir par transparence tout l'organisme de la famille chinoise, qui nous en montre les moeurs, les vertus, les grandeurs et les misères, la structure intime, la force végétale infinie. Il s'y est pris de la sorte la plus originale, la plus délicate et la plus habile : il a choisi sa propre mère, pour personnage essentiel. Cette dame au grand coeur est une figure charmante. Soit qu'elle conte la douloureuse histoire du supplice infligé à ses pieds, ou les incidents de sa vie dans la maison ; ou bien qu'elle fasse à ses enfants des contes délicieux aussi purs et aussi mystiques que certaines fables des anciens, ou qu'elle nous livre enfin ses impressions des événements politiques, la guerre avec les Japonais ou la révolte des Boxers, j'ai trouvé de l'enchantement à l'écouter. Prendre une mère toute tendre et tout aimable pour interprète de sa race auprès du genre humain est une idée si surprenante et si juste qu'il est impossible de n'en être pas séduit et comme ébranlé. Dirai-je ici toute ma pensée ? Si l'auteur nous eût mieux connus lui serait-il venu à l'esprit d'invoquer le nom et l'être de sa mère, est-il jamais songé de nous convertir à l'amour universel par le détour de la tendresse maternelle ? Je n'imagine guère un occidental s'avisant de s'adresser aux peuples de la Chine de par le sentiment le plus auguste. On peut méditer sur ceci. Tout ce livre, d'ailleurs, ramène les pensées à l'Europe, à ses moeurs, ses croyances, ses lois, et surtout sa politique... Ici, comme là-bas, chaque instant souffre du passé et de l'avenir. Il est clair que la tradition et le progrès sont deux grands ennemis du genre humain.

Bibliography (11)

# Year Bibliographical Data Type / Abbreviation Linked Data
1 1895 Valéry, Paul. Le Yalou : 1895. (Paris : Julien P. Monod, 1928). [Faks. von 1895]. Publication / ValP2
2 1928 Cheng Tcheng [Sheng, Cheng]. Ma mère. Préface de Paul Valéry. (Paris-Neuchâtel : V. Attinger, 1928). (Orient ; 1. Vers l'unité ; 1). = Meine Mutter. Mit einem Vorwort von Paul Valéry. (Berlin : Kiepenheuer, 1929). Publication / Val10
3 1930 T'ao, T'sien [Tao, Qian]. Les poèmes de T'ao T'sien. Traduits du chinois par Liang Tsong Tai [Liang Zongdai]. Préface de Paul Valéry ; avec 3 eaux-fortes originales de Sanyu et un portrait du poète d'après Hwang Shen. (Paris : Lemarget, 1930). Publication / LiaZ11
4 1931 [Valéry, Paul]. Shui xian ci. Baoluo Fanlexi zhu ; Liang Zongdai yi. (Shanghai : Zhong hua shu ju, 1931). (Xin wen yi cong hu). Übersetzung von Valéry, Paul. Fragments du narcisse. In : Revue de Paris ; sept. 15 (1919).
水仙辭
Publication / LiaZ4
5 1931 Valéry, Paul. Regards sur le monde actuel. (Paris : Stock, 1931). [Enthält] : Orient et Occident : préface au livre d'un chinois.
http://classiques.uqac.ca/classiques/Valery_paul/regards_sur_le_monde_actuel/valery_regards.pdf
Publication / ValP1
6 1933 Exposition d'art chinois contemporain organisée par le Musée des Ecoles étrangères et contemporaines à Paris, mai-juin 1933. Préf. de Paul Valéry. (Paris : Musée des Ecoles étrangères et contemporaines, 1933). Publication / Exh5
7 1937 [Richards, Ivor Armstrong]. Wen xue yan jiu hui cong shu. Cao Baohua yi. Vol. 1-2. (Shanghai : Shang wu yin shu guan, 1937).
Vol. 1 : Übersetzung von Richards, I.A. Science and poetry. (London : Kegan Paul, Trench, Trubner, 1926).
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Publication / ValA5
8 1962 Hu Pinqing yi shi ji xin shi xuan. Hu Pinqing yi. (Taibei : Zhong guo wen hua yan jiu suo, 1962). [Anthologie französischer Gedichte].
[Enthält] : Théophile Gautier, Millevoye, Marceline Desbords-Valmore, Charles Baudelaire, Paul Verlaine, Emile Verhaeren, Paul Claudel, Anna de Noailles, Francis Jammes, Guillaume Apollinaire, Paul Valéry, Victor Segalen, Jean Cocteau, Robert Desnos, Jules Gille, Saint-John Perse, Jules Supervielle, Patrice de la Tour du Pin, Ivan Goll.
胡品清译诗及新诗选
Publication / HuP1
9 1977 [Valéry, Paul]. Fanlexi shi wen ji. Fanlexi zhuan ; Mo Yu bian yi. (Gaoxiong : Da wu tai shu yuan, 1977). (Shu yuan yi cui ; 18). [Übersetzung ausgewählter Lyrik und Essays von Valéry].
梵樂希詩文集
Publication / ValA2
10 1980-1985 Valéry, Paul. Shi si shou. Waleili ; Bian Zhilin yi. [Four poems]. In : Wai guo xian dai pai zuo pin xuan. Vol. 1 [ID D16726].
诗四首
Publication / YuanK2.2
  • Cited by: Wai guo xian dai pai zuo pin xuan. Yuan Kejia, Dong Hengxun, Zheng Kelu xuan bian. Vol. 1-4. (Shanghai : Shanghai wen yi chu ban she, 1980-1985). [Übersetzungen ausländischer Literatur des 20. Jh.].
    外国现代派作品选
    Vol. 1 : [Modern literature].
    [Enthält] :
    Biao xian zhu yi. [Expressionism]. 表现主义
    Wei lai zhu yi. [Futurism]. 未来主义
    Vol. 2 :
    Yi shi liu. [Stream of consicousness]. 意识流
    Chao xian shi zhu yi. [Surrealism]. 超现实主义
    Cun zai zhu yi. [Extistentialism]. 存在主义
    [Enthält : Übersetzung von Woolf, Virginia. The mark on the wall und Auszüge aus Mrs. Dalloway.]
    Vol. 3 :
    Huang dan wen xue [Absurd literature]. 荒诞文学
    Xin xiao shuo. [The new novel]. 新小说
    Kua diao de yi dai. [Beat generation]. 垮掉的一代
    Hei se you mo. [Black humor]. 黑色幽默
    Vol. 4 : [Modern literature]. (YuanK2, Published)
  • Person: Bian, Zhilin
11 1996 [Valéry, Paul]. Waleili shi ge quan ji. Waleili ; Ge Lei, Liang Dong yi. (Beijing : Zhongguo wen xue chu ban she, 1996). (20shi ji gui guan shi cong). [Übersetzung der Gedichte von Valéry].
瓦雷里诗歌全集
Publication / ValA3

Secondary Literature (6)

# Year Bibliographical Data Type / Abbreviation Linked Data
1 1933 [Wilson, Edmund]. [Akeseer de cheng bao]. Cao Baohua yi. In : Beiping chen bao ; 4., 5., 7. Dez. (1933). Übersetzung der Einführung von Wilson, Edmund. Axel's castle : a study in the imaginative literature of 1870-1930. (New York, N.Y. : C. Scribner's sons, 1931). [Einführung über W.B. Yeats, Paul Valéry, T.S. Eliot, Marcel Proust, James Joyce, Gertrude Stein, Arthur Rimbaud, Auguste Villiers de l'Isle-Adam].
阿克瑟尔的城堡
Publication / Prou38
  • Cited by: Zhang, Yinde. Eléments nouveaux de la réception de Proust en Chine. In : Bulletin Marcel-Proust ; no 54 (2004). (Prou1, Published)
  • Cited by: Worldcat/OCLC (WC, Web)
  • Person: Cao, Baohua
  • Person: Eliot, T.S.
  • Person: Joyce, James
  • Person: Proust, Marcel
  • Person: Rimbaud, Arthur
  • Person: Stein, Gertrude
  • Person: Villiers de L'Isle-Adam, Auguste de
  • Person: Wilson, Edmund
  • Person: Yeats, William Butler
2 1969 [Maurois, André]. Baoluo Fanlexi de fang fa xu shuo. Maluo zhu ; Lin Hengtai yi. (Taibei : Tian yuan chu ban she, 1969). (Tian yuan cong shu). Übersetzung von Maurois, André. Introduction à la méthode de Paul Valéry. (Paris : Ed. des Cahiers libres, 1932).
保罗梵乐希的方法序说
Publication / ValA4
3 1983 [Wellek, René]. Xi fang si da pi ping jia : Keluoqi, Waleli, Lukaqi, Yingjiadeng. Leina Weilaike zhu ; Lin Xianghua yi. (Shanghai : Fudan da xue chu ban she, 1983). Übersetzung von Wellek, René. Four critics : Croce, Valéry, Lukács, and Ingarden. (Seattle, Wash. : University of Washington Press, 1981). [Benedetto Croce, Paul Valéry, Georg Lukács, Roman Ingarden].
西方四大批评家 : 克罗齊, 瓦勒里, 庐卡契, 英加
Publication / ValA6
4 1987 [Maurois, André]. Cong Pulusite dao Sate. Moluoya zhu ; Yuan Shuren yi. (Guilin : Li Jiang chu ban she, 1987). Übersetzung von Maurois, André. De Proust à Camus. (Paris : Librairie académique Perrin, 1963). [Abhandlung über Marcel Proust, Henri Bergson, Paul Valéry, Alain, Paul Claudel, François Mauriac, Georges Duhamel, Antoine de Saint-Exupéry, Jacques de Lacretelle, Jules Romains, André Malraux, Albert Camus].
從普魯斯特到薩特
Publication / Prou28
5 2000 Bush, Christopher Paul. Ideographies : figures of Chinese writing in modern Western aesthetics. (Los Angeles, Calif. : University of California, 2000). Diss. Univ. of California, 2000). Publication / Pley3
  • Cited by: Asien-Orient-Institut Universität Zürich (AOI, Organisation)
  • Person: Barthes, Roland
  • Person: Bush, Christopher Paul
6 2006 Li, Kuixian. Fanlexi / Huofumansitaer. (Taibei : Taibei xian xin dian shi : gui guan chu ban, 2005). [Biographie von Hugo von Hofmannsthal und Paul Valéry].
梵樂希/霍夫曼斯塔爾
Publication / Hofm4