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“Henri Michaux et la Chine” (Publication, 2006)

Year

2006

Text

Liu, Yang. Henri Michaux et la Chine. (Paris : Ed. Le manuscrit, 2006). (Diss.) (MichH1)

Type

Publication

Contributors (1)

Liu, Yang  (um 1997)

Mentioned People (1)

Michaux, Henri  (Namur 1899-1984 Paris) : Dichter, Maler

Subjects

Literature : Occident : Belgium / References / Sources

Chronology Entries (26)

# Year Text Linked Data
1 1925-1984 Henri Michaux : Quellen
Lao-tseu. Tao-te-king : le livre de la voie et de la vertu. Trad. par Stanislas Julien [ID D2060].
Les pères du système taoiste : I. Lao-tzeu, II. Lie-tzeu, III. Tchoang-tzeu. Par Léon Wieger [ID D5546] [Vermutung].
Les quatre livres. Trad. de Séraphin Couvreur. T. 1 : Ta hio : La grande étude. T. 2 : Tch'ouen ts'iou : l'invariable milieu. T. 3 : Lun yü : les entretiens de Confucius et de ses disciples. T. 4 : Les oeuvres de Meng tzeu. [ID D2576].
Li ki ; ou, Mémoires sur les bienséances et les céremonies. Trad. de Séraphin Couvreur [ID D2642].
Li, Bo. Lu shui qu [Chant à la lune].
Li, Bo. Les fleurs dans un miroir.
Owen, G. The evolution of Chinese writing. (Oxford : H. Hart, 1910).
Purcell, Victor. The spirit of Chinese poetry : an original essay. (Singapore : Kelly & Walsh, 1929).
Werner, E.T.C. The Chinese idea of the second self. (Shanghai : Shanghai Times, 1932).
  • Document: Michaux, Henri. Un barbare en Asie. (Paris : Gallimard, 1933). = Michaux, Henri. Un barbare en Asie. Nouv. éd. revue et corrigée. (Paris : Gallimard, 1967). [Enthält] : Un barbare en Chine. (Mich10, Publication)
  • Person: Michaux, Henri
2 1925 Henri Michaux a commencé en 1925 à peindre à l'encre de Chine. Il n'aime pas la peinture à huile, mais il est sensible à l’encre. C'est justement la cause de son admiration pour la peinture et la calligraphie chinoises. Cette adoration l'amène à l'enthousiasme pour toute la culture chinoise. Que Henri Michaux se soit intéressé aux arts chinois et y ait trouvé un langage nouveau et une considération nouvelle, cet effet se rapporte à sa propre expérience.
3 1926-1930 Liang Zongdai trifft 1926 Paul Valéry.
Paul Valéry apprécie les poèmes de Tao Yuanming et de Wang wei, trad. par Liang Zongdai. Il rencontre aussi Sheng Cheng et il a écrit une préface pour « Ma mère » de Sheng Cheng. Grâce à l'introduction de Liang Zongdai, Paul Valéry pense que le peuple chinois était riche de tendance littéraire. Après la lecture des poèmes de Tao Yuanming et de Wang Wei, traduits par Liang Zongdai, il découvre le courage, la ténacité, la pudeur et l'érudit des Chinois anciens. Il reconnaît l'assiduité, la fraternité et la sagesse des Chinois contemporains à travers Ma Mère de Sheng Cheng. Par l'intermédiaire de ses deux amis chinois, il reconnaît la diligence, la perspicacité et l'habileté dans la jeunesse chinoise.
4 1929 Michaux, Henri. Ecuador : journal de voyage. (Paris : Editions de la Nouvelle revue française, 1929).
Er schreibt : « Les écrivains commencent à se dire de l'Univers. Parfois il arrive que l'un d'eux se mette en voyage, pousse jusqu'à Hong-Kong… Puis il revient, on le regarde, on l'invite à parler… Il connaît la Chine. »
5 1931-1932 Voyage de Henri Michaux en Asie : Indes, Népal, Ceylan, Chine, Japon, Malasie.
Henri Michaux arrive 1931 en Chine est reste trois mois. Il a commencé à lire Laozi. Cela marque un tournant de sa création littéraire.
  • Document: Liang, Pai-tchin. La Chine dans la poésie française du XXe siècle. In : Cahiers de l'Association internationale des études françaises ; vol. 13, no 1 (1961). (Seg30, Publication)
  • Person: Michaux, Henri
6 1932 Brief von Henri Michaux an Jeans Paulhan.
Er schreibt : « Je suis heureux d'avoir lu et relu Lao-Tseu [Laozi] pour trouver ici l'occasion de ne pas devenir enragé, mieux, de me complaire en Tao. »
Zurück in Paris schreibt er : « En voyage je lisais, observais, étudiais, réfléchissais, méditais, sans aucune fatigue, dans les climats les plus tuants, avec une grande paix, en harmonie avec tout et avec Tao. »
7 1933.2 Michaux, Henri. Un barbare en Asie [ID D21734].
Sekundärliteratur
Liu Yang : C'est un compte rendu, non plus sous forme de journal, mais sous forme d'essais ou de reportages. Michaux s'intéresse moins aux paysages, aux moeurs, à la vie sociale, économique et politique des peuples d'Asie qu'à leur spiritualité et à leur culture. Aux Indes et en Chine, il découvre avec émerveillement (mais sans jamais renoncer à exercer son esprit critique) des modes de penser et d'être plus riches et plus efficaces que les nôtres, et surtout radicalement différents. Il trace, avec sympathie et amusement, un portrait pittoresque des Hindous et des Chinois. Toutes ses impressions sont notées avec bonne humeur et désinvolture, et avec un extraordinaire bonheur dans l'expression. C'est sans doute le livre le plus « objectif » et en même temps le plus détendu d’Henri Michaux ; on y retrouve tout de même les thèmes essentiels de son oeuvre poétique et ses préoccupations habituelles.
Il a donné son opinion sur la philosophie, l’écriture, le théâtre, la musique, la calligraphie et la peinture de la Chine.
Son voyage est lié à ses expériences personnelles, à sa famille et au milieu social dont il est issu. En même temps, c'est une révolte non seulement contre la famille mais aussi contre la société. Selon Henri Michaux, la civilisation occidentale n'a plus d'oxygène pour personne. Il voulait parcourir le monde, c'est justement pour s'échapper de la société et d'une certaine civilisation. Il a jeté son regard sur l'Orient et la Chine. En fait, le voyage d'Henri Michaux constitue une manière de révolte contre la tradition. Partir pour l'Orient, c'était, pour lui, une manière de résister à la tradition et à la civilisation occidentale. De ce fait, il voulait aller en Orient chercher la sagesse dans la civilisation orientale. Le voyage en Chine marque un tournant de la création littéraire et artistique d'Henri Michaux et lui laisse un souvenir qui ne s'effacera jamais.
Le voyage de Michaux en Asie lui permet de jouer un rôle important dans sa vie et sa création littéraire et artistique.
Le contact avec Laozi a exercé une grande influence sur lui et lui a laissé une impression ineffaçable. L'observation faite en place lui a donné une impression nouvelle sur la Chine. En Chine, il a observé des Chinois: femmes au travail, enfants qui font leur jeu de signe, vieillards, marchands de journaux, porteurs, etc. Il a vu les saules et la porte de Pékin, le temple des cinq cents bouddhistes de Canton, Grande World de Shanghai. Tout cela lui a laissé de profondes impressions. La Chine a ouvert un nouveau monde aux yeux d'Henri Michaux. Le poète a pu décrire la Chine réelle. Le grain de son voyage en Asie a germé, fleuri et porté des fruits dans ses oeuvres. Sous la plume d’Henri Michaux, la Chine n'est plus un pays imaginaire, mais un pays réel. Deuxièmement, le voyage d'Henri Michaux en Chine a enrichi sa création littéraire. Dès le début des années trente du XXe siècle, de la création d'Un barbare en Asie jusqu'au moment où il a écrit la préface en 1967, son attachement pour la Chine n'a pas du tout changé. Henri Michaux se considère comme un barbare. Il exprime son attitude humble envers la culture chinoise. En tant que poète et peintre, Henri Michaux fait l'exploration de l'art chinois. Son voyage en Chine le fait entrer en contact direct avec la culture chinoise. Ce qui constitue un tournant de sa création littéraire et artistique.
Henri Michaux a décrit la Chine et les Chinois dans les années trente du XXe siècle et fait des commentaires sur les caractères des chinois. Cela constitue une référence tant pour les Occidentaux que pour nous les Orientaux. Nous analyserons l'image chinoise sous la plume d'Henri Michaux. Premièrement, Henri Michaux considère le Chinois comme un peuple laborieux et créatif. Aux yeux d'Henri Michaux, le Chinois a « de la créativité » ; il est « artisanné», « artisan habile ». Il a « intérêt de l'imitation », « génie de symbole » « des doigts de violoniste ». Tout comme ses prédécesseurs, Henri Michaux pense que les Chinois créent tout. Sous la plume d'Henri Michaux, les Chinois expriment leur habileté dans tous les domaines. Henri Michaux a cité une dizaine de techniques pour dire que les Chinois sont ingénieux : utilisateur de bâtonnets, crieur de journaux, porteur, etc. Ce sont des techniques nouvelles pour les Occidentaux.
L'anecdote tirée du Li ji nous raconte que la tyrannie est plus violente que le tigre. Ce qu'Henri Michaus admire, c'est la vertu confucéenne dans l'administration.
Henri Michaux a découvert le goût du Chinois qui a mis son infini, un infini de justesse et de saveur. Dans les choses qui semblent d'abord presque neutres, mais qui se révèlent à lui tout de suite (à nous à la longue) comme d'une douceur déchirante, mystique, le Chinois a mis son infini, un infini de justesse et de saveur. Le jade, les pierres polies et comme humides, mais pas brillantes, troubles et pas transparentes, l'ivoire, la lune, une fleur seule dans son pot de fleur, les petites branches aux ramilles multiples aux feuilles minuscules, maigres, vibrantes, les paysages lointains et pris par un brouillard naissant, les pierres percées et comme torturées, le chant d'une femme affaibli par la distance, les plantes immergées, le lotus, le court sifflet flûté du crapaud dans le silence, les mets fades, un oeuf légèrement avarié, un macaroni gluant, l'aileron de requin, une pluie fine qui tombe, un fils qui remplit ses devoirs filiaux en suivant les rites de façon trop juste, d'une justesse crispante à vous faire évanouir, l'imitation sous routes ses formes des plantes en pierre, aux fleurs crémeuses, aux corolles, aux pétales et sépales d'une perfection agaçante, faire jouer des pièces de théâtre à la Cour par des prisonniers politiques, les y obliger, les délicieuses cruautés et à demi distraites, voilà ce que le Chinois autrefois a tant aimé. Henri Michaux indique la faiblesse des Chinois qui veulent toujours se protéger. Selon Henri Michaux, les Chinois ont des caractères typiques. Ils ont peur de perdre la face. Ils cherchent la protection. Ils n'ont pas tant peur de perdre la face que de la faire perdre aux autres.
Le Chinois n'a pas un élan fou. Une ville chinoise se distingue par ses formidables portes. Ce qu'il faut avant tout, c'est être protégé. Pas trop à l'intérieur de monuments orgueilleux, mais plutôt des portes importantes, fortement assises, destinées à effrayer, où entre aussi du bluff. L'empire chinois se distingue de tous les autres par la Muraille de Chine. Ce qu'il faut avant tout, c'est être protégé. Les édifices chinois se distinguent par leur toit. Ce qu'il faut avant tout, c'est être protégé. Partout, il y a de grands écrans, puis il y a encore des paravents et naturellement les triples labyrinthes. Ce qu'il faut avant tout, c'est être convenablement protégé. Le Chinois n'est jamais abandonné, mais toujours sur ses gardes, il a toujours l'air d'un affilié de société secrète. […].
Ils n'ont pas tant peur de perdre la face, que de la faire perdre aux autres. cette sensibilité, véritablement maladive aux yeux de l'Européen, donne un aspect spécial à toute leur civilisation. Ils ont le sens et l'appréhension du 'on dit'. Ils se sentent toujours regardés… « Quand tu traverses un verger, garde-toi, s'il y a des pommes, de porter la main à ta culotte et, s'il y a des melons, de toucher à tes chaussures. » Ils n'ont pas conscience d'eux, mais de leur apparence, comme s'ils étaient eux-mêmes à l'extérieur et s'observant de là. Le Chinois a une tendance pour la paix et se conforme à la loi du ciel. Henri Michaux a dit ainsi : Quoique guerrière quand ce fut absolument nécessaire, la Chine a été une nation pacifique. « Avec le bon acier, on ne fabrique pas des clous. D'un jeune homme de valeur, ne faites pas un militaire. » Telle est l'opinion publique. Toute l'éducation chinoise pousse tellement au pacifique, que les Chinois étaient devenus lâches (pour quelque temps) et avec le plus grand sans-gêne. […]. L'ardeur naturelle, le sang piquant et la combativité naturelle échappent au Chinois. La Chine est si essentiellement pacifique qu’elle est pleine de bandits. Si le peuple chinois n'était pas tellement pacifique, il prendrait les armes, coûte que coûte il mettrait de l'ordre. Mais non. Sous la plume d'Henri Michaux, le Chinois aime beaucoup la lumière artificielle, les lanternes huilées, qui, comme la lune, n'éclairent bien qu'elles-mêmes, et ne projettent aucun rayon brutal. « Un rien froisse le Chinois. » Il a dit ainsi : La lune lui plaît, à laquelle la femme chinoise ressemble étonnamment. Cette clarté discrète, ce contour précis lui parle en frère ? D'ailleurs, beaucoup sont sous le signe de la lune. Ils ne font aucun cas du soleil, ce gros vantard, ils aiment beaucoup la lumière artificielle, les lanternes huilées, qui, comme la lune, n'éclairent bien qu'elles-mêmes, et ne projettent aucun rayon brutal. Henri Michaux a cité encore des exemples : le saule, arbre chinois par excellence, clair de la lune, etc. Sous la plume d’Henri Michaux, c'est ce que les Chinois aiment le plus. Il a indiqué le caractéristique des Chinois qui aiment beaucoup la lune.
C'est la conception du Vide qui attire Henri Michaux. Les arts chinois ont donné une considération et un langage nouveaux à Henri Michaux qui reflète, d'une manière particulière, la perplexité de l'homme devant la société d'aujourd’hui.
Henri Michaux est un grand artiste. Il adore les arts chinois. Dans les années trente, il a rencontré une culture différente de celle de l'Occident de sorte que ses idées ont tout à fait changé, et surtout dans les arts. Il a découvert aussi la caractéristique commune dans les art chinois. C'est la sagesse du Vide révélée dans toutes les formes artistiques. Son admiration pour le moyen de représentation du théâtre chinois, sa connaissance sur le rôle et la fonction de la musique chinoise, son appréciation pour l'écriture chinoise, sa pratique de la peinture à l'encre, tout cela inspire Henri Michaux dans sa quête de la sagesse et de l'esprit esthétique.
Dans Un Barbare en Asie, Henri Michaux a pris trois genres de l'art oriental pour exemples. Il a dit à François Cheng que ce qui le retenait, c'était la musique de Java, la danse de l’Inde et le théâtre chinois.
En parlant de la présentation de l'acteur, Henri Michaux a dit : « S'il a besoin d'un grand espace, il regarde au loin, tout simplement ; et qui regarderait au loin s'il n'y avait pas d’horizon ? Quand une femme doit coudre un vêtement, elle se met à coudre aussitôt. L'air pur seul erre dans ses doigts ; néanmoins (car qui coudrait de l'air pur ? ) » Aux yeux d'Henri Michaux, le théâtre européen est trop réaliste, « tout est là, sur scène. » Dans le théâtre chinois, « Le spectateur éprouve la sensation de coudre, de l’aiguille qui entre, qui sort péniblement de l'autre côté, et même on en a plus la sensation que dans la réalité, on sent le froid, et tout. Pourquoi ? Parce que l'acteur se représente la chose. »
C'est le théâtre chinois qui attire le plus Henri Michaux. La caractéristique du théâtre chinois consiste à peindre à grand trait dans le contenu et la forme. La transformation du temps et de l'espace, le façonnage des personnages, les rapports triangulaires avec les acteurs, les rôles qu'ils jouent et les spectateurs sont tout à fait différents de ceux du théâtre occidental qui décrit de façon réaliste.
En ce qui concerne la musique, c'est une sorte d'art que Henri Michaux aime beaucoup. Il s'est intéressé à la musique très tôt. Au début des années vingt du XXe siècle, il est frappé par la musique de Stravinski dont l'esprit moderne ouvre un nouveau domaine aux yeux d’Henri Michaux. Il s'intéresse aussi à la musique chinoise. Henri Michaux écoute souvent la musique chinoise. Quand René Bertelé, critique de renom, lui a fait visite, Henri Michaux lui a fait écouter la musique chinoise. Henri Michaux admire la musique chinoise. Il a dit : « Peu d'Européens qui aiment la musique chinoise. Cependant, Confucius, qui n'était pas un homme porté à l'exagération, tant s'en faut tellement pris par le charme d'une mélodie qu'il resta trois mois sans pouvoir manger. » Ici, Henri Michaux est surpris de la manière de Confucius devant la musique. « C'est la musique chinoise qui me touche le plus. Elle m'attendrit. » « Comme cette mélodie est bonne, agréable, sociable. Elle n'a rien de fanfaron, d'idiot, ni d'exalté, elle est tout humaine et bon enfant, et enfantine et populaire, joyeuse et « réunion de famille ». » Henri Michaux a fait attention à la fonction de la musique chinoise.
Pour Henri Michaux, la musique chinoise a une autre fonction, celle de la catharsis. Henri Michaux a dit : « Et de même que certaines personnes n'ont qu'à ouvrir un livre de tel auteur et se mettent à pleurer sans savoir pourquoi, de même quand j'entends une mélodie chinoise, je me sens soulagé des erreurs et des mauvaises tendances qu'il y en moi et d'une espèce d'excédent dont chaque jour m'afflige. » Henri Michaux dit : « La musique chinoise me frappe, m'attriste. » Il observe que la musique chinoise est « la plus paisible, la plus frappante », « Qui n'a pas entendu Mei Lanfang, ne sait pas ce que c'est que la douceur, la douceur déchirante, décomposante, le goût des larmes, le raffinement douloureux de la grâce. » Ce qui frappe Henri Michaux, C'est justement la douceur de la musique chinoise. Mei Lanfang fut rénovateur de l'opéra de Pékin. Il chantait des rôles de femmes jusqu'à un âge avancé. En 1930, Mei Lanfang a fait visite et représentation en Amérique et remporté de grands succès. Après la visite en Amérique, il a visité Pologne, France, Belgique, Italie, Angleterre etc. Retourné en Chine, il fait représentation à Pékin et à Shanghai. Pendant cette période, Henri
Michaux a eu l'occasion de voir la représentation de Mei Lanfang. La musique dont Henri Michaux parle est celle du théâtre chinois. Mei Lanfang ne chante que deux morceaux ponctués par des gestes, alors que l'héroïne qu'il incarne visite douze kiosques. Pendant cette promenade, la galerie décorée, le bassin, les ruines, le pavillon des pivoines, les azalées, les oiseaux, tout n'existe que par l'interprétation du comédien et par l'imagination du public. L'Être naît du vide. Dès que Mei Lanfang s'arrête, tout a disparu, la scène est vide. Sur ce point, Henri Michaux a dit ces mots : « Je retrouvais, je comprenais mieux à présent cette pensée chinoise qui m'avait autrefois tant surpris : « La musique est faite pour modérer. »… mais j'avais mal retenu. Elle dit, la pensée de Yo-ki : « La musique est faite pour modérer la joie. » La joie ! Elle serait donc si immense ! Ici certes elle ne l'était pas, c'était tout l'être devenu expressif par les heures atroces, qu'il fallait modérer. »
Dans Passages, Henri Michaux a dit : « Cet art devait être particulièrement étudié par les Chinois, peuple particulièrement sensible au phénomène de l'imitation et dont la morale dès avant Confucius et même avant Sema Ts'ien [Sima Qian] est une morale d'exemples, de valeurs à reproduire, à copier. Solennellement, les empereurs de Chine d'autrefois donnaient le Jour de l'An la note sur laquelle, pendant toute l'année à venir, l'Empire devait être accordé, harmonisé, tenu dans l'union.
Henri Michaux a peint quantité de tableaux avec l'encre de Chine. Il consacre sa vie à l'écriture et à la peinture pour être en harmonie avec tout et avec Tao. Ce qu'Henri Michaux admire, c'est l'effet de la peinture chinoise où règne la nature.
8 1933 Michaux, Henri. « Vient de paraître » (Gallimard).
Er schreibt : L'auteur de ce livre, étant enfant, allait dans le jardin observer les fourmis. Il les mettait sur une table, ou lui-même s'allongeait par terre, se mettant à leur niveau. Ce voyage dura des années pendant lesquelles il ne fut guère intéressé par autre chose. Cette fois l'auteur a été en Chine et aux Indes, et aussi, quoique moins longtemps, à Ceylan, au Japon, en Corée, à Java, à Bali, etc.
Il n'y a pas observé les fourmis, qui cependant abondent, mais les races humaines. Comme il est naturel, il s'est tenu à l'écart des Européens, et a tenté de disparaître dans la foule étrangère. Henri Michaux a participé à des activités artistiques. Il admire le théâtre, la musique et la danse orientaux. Il lit beaucoup et s'intéresse à la langue et à l'écriture des pays orientaux. Il a attrapé des poux dans tous les théâtres d'Asie. Il connaît, pour y avoir été quantité de fois, le théâtre chinois, japonais, hindoustani, bengali, coréen, malais, javanais, etc., il a vu les films japonais, chinois, bengali, hindoustani. Il a entendu la musique, vu les danses indigènes. Il a assisté aux prières, il s'est approché des temples, des lieux saints, des prêtres de toutes les religions. Il a lu ou bien relu les écrits des philosophes, des saints et des poètes, il a étudié ou parcouru la grammaire de chaque langue et son écriture. Enfin et surtout il a regardé 'l’homme dans la rue', comment on rit, comment on se fâche, comment on marche, comment on fait signe, comment on commande, et comment on obéit, les intonations, la voix, les attitudes, les réflexes (tout ce qui ne ment pas). Il s'est ainsi enfoncé dans la peau des autres. Toutefois, dans la peau du Chinois, il reste lui-même et souffre et regimbe. Il souffre dans la peau de l’Hindou, il souffre d'être homme et de ne pas trouver la Voie. Et tout en souffrant il montre de l'humour, comme on fait, comme tant d'autres ont fait…
9 1937 Michaux, Henri. Portrait du Chinois. [In : Oeuvres complètes].
Er schreibt : « Le Chinois est sensible à la nature ; non comme l'Allemand ou l'Anglais, mais comme le hareng ou la fourmi. Le Blanc s'entoure d'un jardin, mais il n'est pas dans l'esprit de la nature. Le Chinois, au contraire, 'est de la Nature', plein de contradictions, de règles aussi, de compromis et toujours florissant.
« La peinture chinoise semble la nature même, non par des tableaux en trompe l'oeil, tout au contraire, le peintre doit saisir les harmonies profondes, essentielles. Trois mois dans la montagne et la peindre en trois traits. »
Anne Chamayou : Le texte resserré dans l'espace d'un portrait, cherche dans la releation du Chinois et de la Nature l'unité de sa composition ; tout y est en effet centré sur le leimotiv de la nature.
  • Document: Les écrivains français du XXe siècle et la Chine : colloque internationale de Nanjin 99' = 20 shi ji Faguo zuo jia yu Zhongguo : 99' Nanjing guo ji xue shu yan tao hui. Etudes réunies par Christian Morzewski et Qian Linsen. (Arras : Artois presses Université, 2001). (Lettres et civilisations étrangères).
    20世紀法國作家與中國 99'南京国际学朮硏讨会 S. 166-167. (Morz, Publication)
  • Document: Deslauriers, Rosaline. Les meidosems d'Henri Michaux : émergences du dedans, résurgences orientales. In : Tangence ; no 68 (2002).
    Deslauriers, Rosaline. Les meidosems d'Henri Michaux : émergences du dedans, résurgences orientales. (MichH8, Publication)
  • Person: Michaux, Henri
10 1937-1963 Michaux, Henri. Passages 1937-1963. Ed. revue et augmentée. (Paris : Gallimard, 1963). Visages de jeunes filles (1950).
Michaux exprime son bon souvenir de la Chine : Un pays où les jeunes filles sont belles : bon pays. Pays où l'on a su vivre. L'espèce humaine y fut une réussite. Ce n'est pas rien.
Dans le visage de la jeune fille est inscrite la civilisation où elle naquit. Elle s'y juge, satisfaite ou non, avec ses caractères propres. […] Visages de jeunes filles chinoises, quand je vous vis pour la première fois à Hong-Kong et à Canton, visages miraculeux, où la Chine a toujours quinze ans, où elle s'éveille à la vie en son premier rêve, si fraîche après tant de siècles, avec sa sans pareille délicatesse, son âme de fleur et de poisson, quoique fortement assise et avec une confiance d'éléphant, et très joyeuse aussi, malgré toute sa réserve, comme vous m'avez émerveillé ! La jeune fille, la Chine, la beauté, la culture… il me semblait que tout par elles m'était révélé. Tout et moi-même. Depuis, je regarde d'un autre oeil.
11 1948 Zao Wou-ki kommt in Paris an.
Henri Michaux a rencontré Zao Wou-ki peu après son arrivé à Paris. Pendant des années, ils se voient presque tous les jours.
His first loves had been Paul Cézanne and Henri Matisse and for a while his workis was strongly influence by Paul Klee. Then he was moving towards abstraction.
  • Document: Sullivan, Michael. The meeting of Eastern and Western art from the sixteenth century to the present day. (London : Thames and Hudson, 1973). [Rev. and expanded ed. (Berkeley, Calif. : University of California Press, 1989)].
    https://archive.org/details/bub_gb_PMFwC1gP0BkC.
    [Enthält]
    :
    Some important dates in Far Eastern history since 1500.
    Japan: the first phase, c.1550-1850.
    China and European art, 1600-1800.
    Europe and Chinese art, 1600-1800.
    Japan: from the Meiji restoration of 1869 to the present day.
    The revolution in Chinese art.
    Europe and America: from 1850 to the present day.
    Some reflections on the East-West dialogue. S. 196. (Sul6, Publication)
  • Person: Michaux, Henri
  • Person: Zao, Wou-ki
12 1950 Michaux, Henri. Lecture de huit lithographies de Zao Wou-ki. (Paris : Ed. Euros et R.J. Godet, 1950).
Liu Yang : C'est la première fois qu'Henri Michaux écrit en marge de l'oeuvre d'un autre peintre. Le livre luxueux qu’ils conçoivent ensemble, scelle une amitié qui ne se démentira plus. Pour Michaux, Zao Wou-ki sera un 'introducteur en choses chinoises', et Michaux restera aux yeux de celui-ci le 'médiateur le plus aigu entre l'Orient et l'Occident'. Henri Michaux a parlé de Zao Wou-ki : "On m'apporta ses lithographies. Je ne le connaissais ni lui, ni ses peintures. J'écrivis le lendemain les pages qui suivent, à quelques lignes près. Il méritait un plus 'serieux' lecteur. »
Michaux a indiqué le caractéristique des Chinois qui aiment beaucoup la lune. « La lune a pris toute vie toute grandeur tout effluve d'avance leur coeur se retire dans l'astre qui reflète."
13 1952 Zao Wou-ki : [catalogue d'exposition] Nov. 5th to Dec. 6th 1952. Texte de Henri Michaux. (New York, N.Y. : Cadby-Birch Gallery, 1952).
Henri Michaux schreibt im Vorwort : "Monter en dissimulant, briser et faire trembler la ligne directe, tracer, en amusant, les détours de la promenade et les pattes de mouche de l'esprit rêveur, voilà ce qu'aime Zao Wou-ki, et, tout à coup avec le même air de fête qui anime campagnes et villages chinois, le tableau apparaît, frémissant joyeusement et un peu drôle dans un verger de signes."
14 1960 René Etiemble écrit dans le Préface Tao-tê-king [Dao de jing in der Übersetzung von Liou Kia-hway] que Henri Michaux cherche à célébrer l'effacement propre au taoïsme.
15 1966 Zao, Wou-ki. Entretiens avec Geneviève Bonnefoi. In : Henri Michaux. Cahiers de l'Herne. (Paris : Ed. de L'Herne, 1966).
Er schreibt : "Henri Michaux est un des seuls qui comprennent vraiment le sentiment oriental. »
Henri Michaux a confié aussi à Zaou Wou-ki qu'il préférait l'encre de Chine à l'huile parce que celle-ci était faite par collage superposé, elle paraissait ourde à côté de la peinture traditionnelle chinoise qui prévalait par la force du vide, son souffle et sa fluidité."
16 1967 Michaux, Henri. Un barbare en Asie. Nouv. éd. revue et corrigée [ID D21734].
Er schreibt : « Quand je vis l'Inde, et quand je vis la Chine, pour la première fois, des peuples sur cette terre me parurent mériter d'être réels. »
« Certains s'étonnent qu’ayant vécu en un pays d'Europe plus de trente ans, il ne me soit jamais arrivé d'en parler. J’arrive aux Indes, j'ouvre les yeux, j'écris un livre. Ceux qui s'étonnent m'étonnent. Comment n'écrirait-on pas sur un pays qui s'est présenté à vous avec l'abondance des choses nouvelles et dans la joie de revivre. »
« Voyage réel entre deux imaginaires. Peu-être au fond de moi les observais-je [le voyage en Inde et la voyage en Chine] comme des voyages imaginaires qui se seraient réalisés sans moi, oeuvres 'd'autres'. Pays qu'un autre aurait inventé. J'en avais la surprise, l'émotion, l'agacement.
C'est qu'il manque beaucoup à ce voyage pour être réel. Je le sus plus tard. Faisais-je exprès de laisser de côté ce qui précisément allait fair en plusieurs de ces pays de la réalité nouvelle : la politique ?...
Ce livre qui ne me convient plus, qui me gêne et me heurte, me fait honte, ne me permet de corriger que des bagatelles le plus souvent. Il a sa résistance. Comme s'il était un personnage.
Il a un ton.
A cause de ce ton, tout ce que je voudrais en contrepoids y introduire de plus grave, de plus réfléchi, de plus approfondi, de plus expérimenté, de plus instruit, me revient, m'est renvoyé... comme ne 'lui' convenant pas. Ici, barbare on fut, barbare on doit rester. »
  • Document: Les écrivains français du XXe siècle et la Chine : colloque internationale de Nanjin 99' = 20 shi ji Faguo zuo jia yu Zhongguo : 99' Nanjing guo ji xue shu yan tao hui. Etudes réunies par Christian Morzewski et Qian Linsen. (Arras : Artois presses Université, 2001). (Lettres et civilisations étrangères).
    20世紀法國作家與中國 99'南京国际学朮硏讨会 S. 172-173. (Morz, Publication)
  • Person: Michaux, Henri
17 1969 Michaux, Henri. Façons d'endormi, Façons d'éveillé. (Paris : Gallimard, 1969).
Er schreibt : « Cependant — et pour moi dominant tout — y subsistait la Chine de toujours, et j'y étais à l'aise comme jamais auparavant je n'avais été nulle part… Et cependant c'était et c'est ça la Chine, la Chine incomparable qui est là, que je ne peux atteindre, n'étant pas capable de progresser dans ma marche vers elle. Plus que tout, sa langue dont les caractères au graphisme astucieux m'enchantent, me font signe, que je ne peux retenir longtemps par devers moi, ignorance humiliante. Ainsi le rapprochement ne progresse pas, est impossible ; je m'arrête. »
Henri Michaux a appris les caractères chinois. Il a confié ainsi : « On me donne d'entrée de quoi écrire, pour suivre, avec d'autres déjà bien avancés, une classe de chinois. Pas commode à tracer les caractères, ni à distinguer les uns des autres, ni à retenir. J'en trace un certain nombre, commettant beaucoup de fautes. Sans autrement broncher, de temps à autre les maîtres se penchent sur ma copie, la copie qui va décider de tout. L'épreuve continue et je confonds toujours certains caractères. »
Michaux ne connaît pas beaucoup de caractères chinois, mais il a fait des commentaires objectifs. Selon Henri Michaux, la langue chinoise constitue une langue qui demande l'ensemble des choses. « C'est ce qu'il n'y a pas cinq caractères sur les vingt mille qu'on puisse deviner au premier coup d'oeil. »
18 1975 Michaux, Henri. Idéogrammes en Chine [ID D22340].
Jean-Gérard Lapacherie : De l'écriture chinoise, Michaux à une conception originale, qui s'écarte à la fois des interprétations figuristes et des interprétations algébristes. Il ramène l'écriture chinoise à la calligraphie; et de celle-ci, il fait, à la suite de plusieurs réductions, une peinture abstraite.Michaux, dans Idéogrammes en Chine, commente une écriture que, apparemment, il ne lit pas, il sait qu'il s'agit d'une écriture, non d'une symbolique. Il le précise dans une note: «[Les idéogrammes] continue[nt] de porter, inchangée, toujours lisible, compréhensible, efficace, la langue chinoise, la plus vieille langue vivante du monde». Pourtant, ce ne sont pas les relations entre les idéogrammes et la langue chinoise que Michaux cherche à comprendre. Il connaît les thèses figuristes et il les présente comme des interprétations de lettrés: «Disparus [...], les caractères d'autrefois, soigneusement réunis, recopiés, furent interprétés par les lettrés. [...] A cette lumière, toute page écrite, toute surface recouverte de caractères, devient grouillante et regorgeante... pleine de choses, de vies, de tout ce qu'il y a au monde... au monde de la Chine».
Au total, dix pages d'idéogrammes imprimés avec une belle encre rouge lumineuse et choisis avec beaucoup de soin dans tous les styles d'écriture : écritures sigillaires ; inscriptions archaïques sur des fragments d'os ou de carapaces de tortue; écritures anciennes (ta-tchouan) ; écritures officielles, dites de fonctionnaires ; et surtout, la fameuse cursive «cao shu» ou, dans l'ancienne transcription «ts'ao-tseu», dite aussi «écriture d'herbe».
Même si Michaux privilégie, dans l'écriture chinoise, la calligraphie, il analyse aussi les signes de cette écriture, comme l'indique explicitement le titre de l'ouvrage Idéogrammes en Chine. Le point de vue qu'il adopte n'est
pas linguistique. Les idéogrammes ne valent pas, selon lui, pour des unités de la langue; ce sont des tracés qui ne représentent rien. «Des griffures, des brisures, des débuts paraissant avoir été arrêtés soudain».
Beaucoup d'idéogrammes étaient à l'origine des images d'objets: «ils [les signes chinois] sont actuellement, éloignés de leur mimétisme d'autrefois [...]». Michaux ne retrace pas une histoire, mais il résume une évolution
qui conduit du «mimétisme» (d'autrefois) à la cursivité actuelle qu'il réduit à l'abstraction. «Il y eut pourtant une époque, où les signes étaient encore parlants, ou presque, allusifs déjà, montrant plutôt que choses, corps ou matières, montrant des groupes, des ensembles, exposant des situations ». Chaque époque, dans l'histoire de la Chine archaïque, «se mit, brouillant les pistes, à manipuler les caractères de façon à les éloigner encore d'une nouvelle manière de la lisibilité primitive». La figuration a disparu lentement, en plusieurs étapes; surtoutrce à des «inventeurs (qui) apprirent à détacher le signe de son modèle».
En dépit de l'origine iconique qui y est assignée et de l'interprétation figurative qui en est proposée, les idéogrammes modernes sont, pour Michaux, des tracés abstraits. Ce qui en fait la beauté, ce pour quoi ils le fascinent, c'est qu'ils sont abstraits et qu'ils n'évoquent rient. «Le plaisir d'abstraire l'a emporté». Ou encore : «Les Chinois étaient appelés à un autre destin [que celui de mimer le monde].! Abstraire, c'est se libérer, se désenliser.! Le destin du chinois dans l'écriture était l'absolue non-pesanteur.
Se démarquant des historiens de l'écriture, Michaux interprète cette évolution comme une invention: elle a été le fait de créateurs audacieux: «Emportés par l'entraînante impudence de la recherche, les inventeurs [...] apprirent à détacher le signe de son modèle (à tâtons, le défoonant, sans oser encore carrément couper ce qui lie la forme à l'êtte, le cordon ombilical de la ressemblance) et ainsi se détachèrent eux-mêmes, ayant rejeté le sacré de la première relation "écrit-objet"».
Pour Michaux, ce qui caractérise l'écriture chinoise, ce sont les traits, les tracés, les accents, les griffures, les boucles : autrement dit, le travail du calligraphe ; et qui dit tracés, dit aussi gestes qui tracent. L'important est la gestualité. Ecrire en Chine, c'est d'abord faire des gestes, rapides, vifs, inattendus, «d'un coup», immédiats, spontanés. L'écriture est ramenée à ces seuls gestes et aussi à la façon dont les geStes se préparent, presque religieusement. Il faut de la concentration, de la méditation, un repliement sur soi. Tout se passe comme si les gestes n'étaient pas des automatismes maîtrisés, que l'on fait sans même y penser, mais prenaient naissance au plus profond de l’être. « Le calligraphe doit d’abord se recueillir, se charger d’énergie, pour s’en déliver ensuite, s’en décharger. D’un coup. »
Tout ce qui se rapporte à la technique des calligraphes chinois, à la maîtrise des gestes, à la préparation des instruments et à l'apprentissage très long que cet art exige auprès d'un maître, est occulté ou suspendu. Les idéogrammes sont «des traits dans toutes les directions» ; «des griffures, des brisures».
La calligraphie est spontanéité. «Dans cette calligraphie, [...] ce qui suscite l'admiration c'est la spontanéité, qui peut aller jusqu'à l'éclatement» ; et, puisqu'ils sont faits de traits sans formes, les caractères «conviennent mieux à la vitesse, à l'agilité, à la vive gestualité » : c'est-à-dire ce qui caractérise, dans la peinture des années 1950, l'abstraction dite «lyrique» ou «informelle».
Michaux remarque que la «méditation» du calligraphe «devant un paysage» peut durer longtemps, «jusqu'à vingt heures» d'affilée; alors que la «peinture» proprement dite du paysage «quelques dizaines de minutes seulement». Le calligraphe travaille comme un peintre de l'abstraction lyrique: « Il doit d'abord se recueillir, se charger d'énergie pour s'en délivrer ensuite, s'en décharger. D'un coup.
Michaux ramène l'écriture chinoise à la calligraphie ; la calligraphie à l'abstraction ; l'abstraction aux seuls gestes spontanés.

Liu Yang : Henri Michaux trouve que la calligraphie est aussi raisonnable « tel un acteur chinois entrant en scène, qui dit son nom, son lieu d'origine, ce qui lui est arrivé et ce qu'il vient faire ». Henri Michaux a lu le poème de Li Bai comme s'il avait regardé des tableaux. Selon lui, ces quatre vers contiennent une trentaine de scènes, un bazar, un cinéma, un grand tableau. Dans Idéogrammes en Chine, Henri Michaux a beaucoup apprécié la langue chinoise, disant qu'aucune langue n'a plus de beauté que la langue chinoise, car elle « donne occasion à l'originalité », « Chaque caractère fournit une tentation. » « La calligraphie l'exalte. Elle parfait la poésie ; elle est l'expression qui rend le poème valable, qui avalise le poète. » Henri Michaux a saisi les traits caractéristiques de l'écriture, du tableau et des poèmes chinois ainsi que leur lien. Henri Michaux a dit : Après tout, que contiennent ces quatre vers de Li Po en français ? Une scène. Mais en chinois, ils en contiennent une trentaine ; c'est un bazar, c'est un cinéma, c'est un grand tableau. Chaque mot est un paysage, un ensemble de signes dont les éléments, même dans le poème chinois le plus bref, concourent à des allusions sans fin. Un poème chinois est toujours trop long, tant il est surabondant, véritablement chatouillant et chevelu de comparaisons. Li Bai exploite pleinement la spécificité de la langue et de l'esprit chinois. Le poète, par des procédés d'ellipse et d'allusion, par l'abandon au jeu des métaphores qui suscite la résonance du non-dit, faire vivre une expérience de vacuité, cela aussi bien ai niveau des signes qu'à celui de sa conscience et, au travers de cette expérience, entre en intime communion avec les éléments de l'univers vivant. Les caractéristiques de l'art chinois sont inséparables d'avec l'écriture typique chinoise. Le caractère chinois a connu une évolution du dessin au signe, de la réalité au symbole, c'est ce que signifie « se délivrer de la ressemblance de forme ». Henri Michaux a observé que l'écriture chinoise a pour symbole la « simplicité », » une seule syllabe », a un goût de « prendre un détail pour signifier l'ensemble », « Chaque mot est un paysage, un ensemble de signes dont les éléments, même dans le poème le plus bref, concourent à des allusions sans fin. » « La langue chinoise en était capable. Partout elle donne des occasions à l'originalité ? Chaque caractère fournit une tentation. »

Zao Wou-ki : « Henri Michaux connaissait bien la Chine - il y avait voyagé - et connaissait sa culture. A-t-il pensé au lien qui unit, pour un Chinois, peinture et poésie ? Sur le moment, je n'y ai pas songé et je n'ai jamais osé plus tard lui poser la question. Je crois qu'il avait perçu, très tôt, ce lien : sa peinture ressemble souvent à des idéogrammes, une espèce d’écriture qui évoque aussi le mouvement de la vie qui va naître. »
19 1980 Michaux, Henri. Jeux d'encre. In : Zao Wou Ki. Encres. (Paris : Cercle d’art, 1980).
Michaux a parlé de Wang Wei et exprimé son admiration pour la peinture chinoise.
En parlant de Wang Wei, Henri Michaux a dit ces mots :
Il y a un peu plus d'un millénaire un poète peintre, Wang Wei, fit avec seulement de l'encre diluée une des plus mémorables cascades de ce monde et quantité de montagnes et des sentiers, des bois, des promontoires et des pins en groupe ou isolés accrochés à des rochers élevés. Pour tous ces spectacles étendus, il usait d'une couleur, une seule ; encore était-elle noire. Mille nuances du pâle au foncé et sa spontanéité prodigieuse faisaient le reste. « Il avait trouvé le moyen de peindre le souffle des nuages… ses montagnes étaient traitées comme des jeux d'encre. » Le maître est-il dit quelque part, « pose l'encre légèrement ici, lourdement là ». C'est le sans matière qui ressuscite la matière, la matière en mouvement. Ainsi le pinceau évasif couvre une grande distance : Tao de la peinture… où simultanément aborde la poésie. Le peuple du pinceau s'est plus à cette peinture, et à travers les siècles s'y exerça.
  • Document: Qian, Linsen. Les écrivains français et la Chine = Faguo zuo jia yu Zhongguo. (Fuzhou : Fujian jiao yu chu ban she, 1995). (Nanjing da xue bi jiao wen xue cong shu). [Enthält ein Kapitel über Henri Michaux].
    法国作家与中国 (MichH7, Publication)
  • Person: Michaux, Henri
  • Person: Zao, Wou-ki
20 1982 Cheng, Baoyi [Cheng, François]. Faguo dang dai shi ren heng li Mixiu [ID D64068].
Liu Yang : Cheng affirme, que la peinture, l'écriture, le théâtre, la calligraphie et la philosophie chinois ont permis à Henri Michaux de dégager une nouvelle vision esthétique qui donnera un nouvel essor à ses oeuvres. Il signale qu'Henri Michaux et la Chine sont tellement liés qu'ils sont inséparables.
Dans son entretien avec François Cheng, Henri Michaux a certifié le lien entre lui et la Chine. Il a observé qu’il était allé en Chine, non pour chercher un certain exotisme, mais qu'il était poussé par un instinct intérieur, et que ce qu'il avait obtenu, ce n'étaient pas des sujets, mais une considération nouvelle et un langage nouveau. Il a marqué le changement de ses points de vue sur l'art. Il est allé en Chine au début des années trente et a contacté avec cette culture différente de la culture occidentale, ses idées inhérentes sont toutes ruinées, surtout dans l'art. Il a trouvé la possibilité des formes de l'art ainsi que les liens entre elles. Ce qui l'attirait, c'étaient la musique de Java, la danse de l'Inde et le théâtre chinois.
21 1984 Zao Wou-ki zum Tode von Henri Michaux. In : Libération ; 22 oct. (1984).
Er schreibt : "Michaux est elui qui a le mieux compris les relations entre l'Orient et l'Occident."
22 1984 [Michaux, Henri]. Ye dong : Faguo dang dai shi ren Hengli Mixiu zuo pin jie shao. Cheng Baoyi [François Cheng] yi [ID D24063].
A la nouvelle, que François Cheng a voulu traduire des poèmes d'Henri Michaux, Michaux a confià à Cheng, qu’il ne pourrait pas imaginer la plus grande joie de voir ses poèmes en chinois.
23 1985 Norge, Géo. Jeux d'enfant. In : Magazine littéraire ; no 220 (1985).
Norge témoigne qu'Henri Michaux, dès son enfance, donnte toute sa passion à l'écriture chinoise.
24 1985 Butor, Michel. Gong et ouate : dialogue à quatre voix. In : Magasin littéraire ; no 220 (1985).
Er schreibt : La connaissance qu'Henri Michaux a de l'Extrême-Orient s'approfondit considérablement et le rêve de la sagesse devient de plus en plus important. C'est de qui donne aux textes des dernières années une couleur qui est profondément différente des textes antérieurs.
25 1988 Zao, Wou-ki. Autoportrait. (Paris : Fayard, 1988).
Er schreibt : "Il [Henri Michaux] est 'un ami sacré' ! un des seuls qui comprenne vraiment le sentiment Oriental. Mes longues conversations téléphoniques avec Henri Michaux ne nous amenaient pas à parler de la peinture, mais de la Chine. Il évoquait le peuple avec beaucoup de gaieté et d'enthousiasme."
Lors d'un entretien, Zao Wou-ki a souligné que les rencontres amicales avec Henri Michaux étaient nourries de discussions techniques sur les pinceaux, les encres, les papiers, à propos desquels il instruisait Michaux ; mais c'est Michaux qui l'a encouragé à se mettre à l'encre de Chine, ce qu'il refusait.
Michaux a fait des commentaires sur les dessins de Zao Wou-ki : « Ah ! Cette surprise ! Et quelle joie ! Il avait donc retrouvé son bien héréditaire : les rythmes de la nature, plus importants que la nature, plus importants que la nature, comme ils apparurent à la pensée là-bas. Le 'Yang' l’attendait. Le 'Yin' aussi, immanquablement. Le papier sans épaisseur les avait recueillis tout naturellement. » Michaux trouve que les peintures de Zao Wou-ki constitutent un art plein de vie. Zao Wou-ki apprend à Michaux la technique de la peinture chinoise.
26 2000 Du, Qinggang. Mixiu yu Zhongguo wen hua [ID D24062].
Liu Yang : Du Qinggang a remarqué, qu'Henri Michaux est un poète entre la culture orientale et la culture occidentale. Il analyse le voyage de Michaux en Asie, l'intérêt que le poète porte à la sagesse orientale dans la recherche d'une nouvelle forme d'écriture, la magie indienne, la sagesse impliquée dans ses formes artistiques, philosophiques et linguistiques, la langue, le théâtre, le taoïsme et la leçon du vide. Le parcours de son voyage oriental se fait par rapport à sa recherche poétique et à son souci du problème d'être. L'écriture de la magie de l'effacement et l'écriture au tracé font l'objet privilégié de son étude par rapport à la sagesse orientale. Du Qinggang cherche à mettre en évidence la révolte poétique d'une poésie dans deux perspectives. Une poésie et un être se dépouillant de plus en plus qui traversent diverses étapes du vide dans une recherche poétique et ontologique, une poésie de régression qui se rendrait sensible dans les onomatopées, les cris, la répétition, et la simplicité. Son étude va se situer à la charnière de deux cultures. Il prit soin d'envisager l'oeuvre d’Henri Michaux sous l'éclairage de l'écriture mentale.

Sources (1)

# Year Bibliographical Data Type / Abbreviation Linked Data
1 1982 Cheng, Baoyi [Cheng, François]. Faguo dang dai shi ren heng li Mixiu. In : Wai guo wen xue yan jiu ; no 4 (1982). [Henri Michaux, poète français contemporain. Enthält ein Interview von Cheng mit Michaux und die Übersetzung von sechs Gedichten].
法国当代诗人亨利•米修
Publication / MichH9

Cited by (1)

# Year Bibliographical Data Type / Abbreviation Linked Data
1 2000- Asien-Orient-Institut Universität Zürich Organisation / AOI
  • Cited by: Huppertz, Josefine ; Köster, Hermann. Kleine China-Beiträge. (St. Augustin : Selbstverlag, 1979). [Hermann Köster zum 75. Geburtstag].

    [Enthält : Ostasieneise von Wilhelm Schmidt 1935 von Josefine Huppertz ; Konfuzianismus von Xunzi von Hermann Köster]. (Huppe1, Published)