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Saint-John Perse

(St-Léger-les-feuilles, Guadeloupe 1887-1975 Giens) : Dichter, Diplomat, Nobelpreisträger

Name Alternative(s)

Léger, Alexis
Léger, Marie René Auguste Alexis

Subjects

Index of Names : Occident / Literature : Occident : France

Chronology Entries (9)

# Year Text Linked Data
1 1916-1921 Saint-John Perse ist Legationssekretär (1916-1921), Konsul (1921) der Légation française in Beijing.
2 1916-1921 Die Privatbibliothek von Saint-John Perse enthält viele Bücher von Sinologen, Archäologen, Entdecker, sowie Bücher über die chinesische Literatur, vor allem Lyrik. [Die Bücher sind im Zettelkatalog der Bibliothèque Fondation Saint-John Perse].
La politique de Pékin : revue hebdomadaire illustrée. (Pékin : Li-Shen, 1918-1936 ca.).
Chavannes, Edouard. Les documents chinois découverts par Aurel Stein [ID D2955].
Chavannes, Edouard. Le jet des dragons [ID D5271].
Granet, Marcel. La pensée chinoise [ID D3346].
Granet, Marcel. La religion des chinois [ID D3100].
Granet, Marcel. [Andere Werke].
Hervey de Saint-Denys, Léon. Poésies de l'époque des Thang [ID D2216].
Li, Po [Li, Bo]. The works of Li Po, the Chinese poet [ID D13279].
A lute of jade. Rendered by L[auncelot] Cranmer-Byng [ID D9273].
More translations from the Chinese. Transl. by Arthur Waley [ID D8899].
Oldenberg, Hermann. Bouddha, sa vie, sa doctrine, sa communauté [ID D18109].
One hundred and seventy Chinese poems. Transl. by Arthur Waley [ID D8884].
The Temple : and other poems. Translated by Arthur Waley [ID D8892].
Wieger, Léon. [Viele Werke].
  • Document: Littérature et Extrême-Orient : le paysage extrême-oriental = Le taoïsme dans la littérature européenne. Textes réunis par Muriel Détrie. (Paris : H. Champion ; Genève : Slatkine, 1999). (Champion-varia ; no 37). S. 183-185. (Det4, Publication)
3 1917-1921 Saint-John Perse [Alexis Léger]. Lettres d'Asie [ID D22489].
Historische Hintergründe in einigen der Briefe sind aus La politique de Pékin und nochmals überarbeitet für ihre Publikation der Oeuvres complètes in der Pléiade 1972.
1917
3 janvier Lettre à Philipe Berthelot
...Voyage extrêmement lent, et souvent dérouté, sur ce vieux 'Polynésien' charché de mémoire que vous connaissez bien, avec sa faune légendaire de vieux routiers d'Extrême-Orient... à Singapour (où les premières jonques chinoises affichent leur indifférence à la guerre), à Saïgon et Haïphong (où l'on parle encore de votre montée vers le Yunnan), à Hong Kong enfin (où montent à bord les grandes aventurières de Shanghaï, qui viennent chercher loin le voyageur comme les pilotes de haute mer). Voyage, chaque jour, avec un peu plus d'un autre homme en moi-même, et ce sentiment, chaque jour accru, de la relativité des choses de ce monde. Shanghaï, toujours le plus prodigieux carrefour, et dont aucun événement mondial ne saurait ralentir l'activité. Rien n'y change non plus, me dit-on, de l'anecdote humaine : Anna Ballard, devenue millionnaire, y règne avec la même autorité, ayant conquis de haute main l'honorabilité à la faveur de ses oeuvres de guerre. Le Procureur des Jésuites continue d'étonner tous les grands hommes d'affaires par son génie de financier. Les Scientifiques de Zi Kaï Wei disputent toujours des caprices de la mousson. Et il traîne toujours en ville quelque vieil explorateur scandinave d'Asie centrale attendant le paquebot de son rapatriement.
J'ai pu faire la connaissance de votre ami [Pierre Rémi] Bons d'Antry, assez gravement malade de dysenterie, et qui attend lui aussi, pour renter, le retour du paquebot de Yokohama : esprit très libre et très mordant, de savoureuse originalité, toujours prompt à survoler de son sarcasme les pires incidences de sa vie, et la mémoire pleine de choses inattendues comme ses grandes malles chinoises en bois de camphrier dont il encombre l'Agence de Messageries maritimes. Son expérience de la Chine intérieure et sa connaissance du vieux fond chinois ont été pour moi un premier et précieux témoignage. [Paul-Emile] Naggiar toujours de bon aplomb, s'imposant, de son poste, avec intelligence et caractère à tout ce monde peu commode de la Concession française. A Pékin, j'ai trouvé [Damien de] Martel assez bien en selle et loin de mériter toutes les critiques qui lui sont prodifuées à Paris. Il ne manque ni de bon sens ni de jugement et sa vision, très réaliste, sait toujours se garder de l'abstrait en simplifiant suffisamment les choses. Il jouit surtout d'un bon système nverveux, indispensable en Chine face à des événements comme ceux du moment : il sait, comme il convient, mener les choses avec rondeur et bonhomie, sans vouloir rien dramatiser ni éder jamais de l'intempestivité...
La crise franco-chinoise qui a précipité mon envoi ici auprès d'un Chargé d'affaires démuni de personnel me semble pouvoir être réglée sans grand dommage ni traces durables pour l'avanir des relations franco-chinoises. L'agitation à Tientsin, déjà sur son déclin, peut certainement être limitée localement... La difficulté, pour un Chinois comme pour l'étranger, est toujours de trouver l'interlocuteur valable, dans ce pays de vieille formation communautaire où l'on ne peut trien traiter que collectivement. Logique ni raison ne sont de mise ici dans la poursuite de la conciliation, encore moins le forceps ou l'opération césarienne. La psychiatrie ferait mieux en Chine que la diplomatie européenne...
C'est en tout cas bien au-dessus de la vision de ce Corps diplomatique de Pékin, qui s'est forgé depuis quinze ans, dans les limites du Quartier diplomatique, un mode de vie propre et très particulier, comme en cocon, qui peut être assez piquant, à titre privé, pour le snobisme de ses résidents, mais qui demeure totalement étranger à la Chine. D'où l'isolement, l'inattention et la paresse d'esprit des plus vieux Chefs de mission étrangères, à qui leur corps d'interprètes ne sert à rien politiquement : ils seront toujours surpris par l'événement, tournés qu'ils sont, en dilettantes, vers une Chine antiques dont les assises leur semblent immuables. Je les entends toujours spéculer sur la formation rurale du peuple chinois comme une garantie de stabilité sociale contre toute évolution future... Et nous-mêmes, Français, sommes trop portés à faire fond sur l'influence acquise en Chine par la pensée philosophique française du XVIIIe siècle ou par le vieux positivisme d'Auguste Comte. Tout cela est déjà plus dépassé qu'on ne le vroit, et cette Chine d'intellectuels et d'universitaires comme nos amis Li Yu-yin et Tsaï Yuan-pé, plus politiques que sociaux, entre déjà mélancoliquement dans sa phase d'appréhension et de nostalgie, sinon encore de désaffection.
Nouveau venu dans ce pays, j'ai sous les yeux le spectacle d'une Chine en plein évolution sociale ; et, aussi lente et laborieuse, aussi confuse et convulsive que soit cette mutation, elle n'en est pas moins inscrite, inéluctablement, dans le déterminisme historique d'un évolutionisme hégélien beaucoup plus général. C'est tout un avenir qui fait plus que se jouer là, qui s'engage à fond vers une autre forme de civilisation, à la recherche sociale d'institutions propres à la Chine plus qu'à l'imitation première des institutions ou régimes propres aux grandes Démocraties occidentales. La pensée de Karl Marx et d'Engels exerce déjà son attraction secrète sur toute la jeunesse intellectuelle chinoise...
Débarquant ici peu après la mort de Yuan Che-kaï et sa dernière tentative de restauration monarchique, je n'ai pas douté un instant de cette évolution nouvelle qui allait emporter la Chine vers un destin contraire à toutes prévisions européennes. Il m'a suffi un jour, dans la campagne chinoise, de voir avec quelle placidité familière et quel manque de surprise un paysan s'arrêtait un instant à regarder le premier avion apparu dans le ciel chinois, comme un cerf-volant de plus, pour comprendre combien ce peuple de très grand âge et de très grande plasticité serait prompt à s'adopter à toutes le formes d'un syncrétisme moderne, aussi bien technique ou scientifique que social, dont il ignore lui-même les composantes. Je suis d'ailleurs persuadé, contrairement à l'opinion accréditée, et sans le moindre paradoxe, que c'est la paysannerie elle-même qui fournira un jour en Chine l'élément foncier des grandes révolutions, la masse rurale chinoise sur cette immense région planétaire déterminant finalement l'orientation massive du tout Asiatique dans un sens ou dans l'autre de la géopolitique future... On a longtemps dit que la Chine était une civilisation plus qu'une nation : on ne peut plus nier qu'elle soit une nation au moins en formation, ignorante seulement de sa vocation future en politique internationale... Ce serait sous-estimer, pour l'avenir, la puissance d'assimilation de ce peuple en matière scientifique et technique aussi bien que sociale ; sous-estimer, dans l'internationalisme en cours, les prodigieuses ressources naturelles de cet immense pays qui peuvent en fair un jour une puissance industrielle aussi avantagée physiquement que l'Amérique...

10 janvier Lettre à Madame Amédée Saint-Leger Leger
...Il fait atrocement froid : 30 ou 31° au-dessous de zéro chaque nuit, et il faut dîner chaque soir en habit quelque part... La rigueur du froid est d'ailleurs compensée par une parfaite sécheresse. La lumière est éclatante de l'aube au soir. Je puis monter chaque jour à cheval, ce qui me change un peu de cette vie mondaine propre au Quartier diplomatique de Pékin, et à laquelle la guerre elle-même n'a jamais pu rien changer. J'aime 'Allan', mon cheval mongol, devenu mon ami...

27 janvier Lettre à Madame Amédée Saint-Leger Leger
... La Chine d'aujourd'hui n'a plus rien à voir avec la littérature d'Hervey de Saint-Denis dont s'enchantaient nos arrière-grand-mères, et dont s'enchante encore Jammes. Ce n'est plus pour moi, dans toute sa crudité, qu'une grande fresque humaine en cours d'évolution moderne, l'histoire à vif et convulsive d'un très grand peuple usé par sa trop longue soumission, et maintenant lancé en pleine transformation sociale, politique et morale, avec toutes les blessures et déchirements de sa lente émancipation, avec toutes les singeries et simagrées d'une adaptation difficile à un régime occidental de républicanisme parlementaire, à quoi rien, dans sa nature ni son histoire, ne le pouvait préparer.
Non, rien, dans tout cela, pour l'esthétique ni pour le pittoresque. Mais c'est le spectacle, moi, qui me passionne : celui d'une évolution, là, sous mes yeux, d'une vieille société humaine en pleine mutation. Là où s'exerce le mouvement est toujours pour moi l'intérêt...
Sur fond d'usure et d'âge, la Chine, à première vue, n'est que poussière. Terre usagée, terre arasée, de temps immémorial, et dont le moindre souffle pourrait faire un nouvel 'élément'. (Moi qui ai toujours rêvé d'écrire un livre sur la poussière, je suis ici servi !) Sous un ciel éclatant, toute cette Chine du Nord qui est maintenant celle où je vis, est d'abord une aliénation totale pour l'esprit du nouvel arrivant. On ne sait, en pleine lumière, quelle apparence spectrale semble recouvrir tout cela. Un peu de la majesté d'Asie descent pourtant encore d l'Ouest vers ces grandes artères de faubourg chinois accablées de leur cendre. Apparence spectrale, vous disait-je. Et cependant, sous un tel voile d'irréalité court une humanité des plus incarnées, des plus loquaces et des plus vives, - la plus aventureuse peut-être et même la plus gaie, sans qu'on sache bien de quoi est faite cette gaieté. C'est la vie même, courant en bottes de feutre parmi tant de cendre accumulée.
L'activité chinoise est vraiment chose prodigieuse, et son objet des plus insaisissable. Communauté fiévreuse en marche, no ne sait trop vers quoi. Le Chinois, vaniteux et cupide, ne nourrit individuellement que deux passions : l'argent et la conquête du rang social. Sur cette terre épilée et déboisée de main de maraîcher, je n'ai encore rien vu de gratuit, et pour moi à qui vous avez toujours reproché de détester les fleurs, ce pourrait être, à cet égard, terre d'élection.
La Chine tout entière vit sur le son de sa monnaie, maniée jour et nuit, derrière les petits réduits grillagés de ses comptoirs, de ses boutiques et de ses banques. Les villes chinoises sont peut-être les seules au monde à être totalement insomnieuses. Le bruit des machines à calculer, abaques et bouliers, accompagne toute cette frénésie. Un peuple, du Nord au Sud, fait ses gammes de comptabilité, et c'est dans le chant du numéraire que s'exprime au mieux son âme.
Une très vieille Chronique chinoise veut que l'Empereur un jour sans ses habits sacerdotaux, revenant d'officier au Temple du Ciel et traversant ce même vaste faubourg, par où je rentre souvent de mes courses à cheval, ait fait arrêter soudain le cortège impérial, soit descendu de son haut siège pontifical, pour ramasser lui-même un sou qu'il avait aperçu de haut dans la poussière, et remontant avec la pièce de cuivre entre ses doigts, l'ait élevée un moment comme un symbole au-dessus de la foule. Le sou, hostie de cuivre de cette Chine usurière ! Telle est pour moi la meilleure illustration de ce matérialisme chinois qui vous déplairait tant ici.
Quelle autre image ramasser pour vous dans toute cette poussière païenne ? Inacessible par nature à tout spiritualisme, le Chinois ne connaît jamais de reflux religieux que dans l'incroyable fouillis de superstitions qui assaillent la nuit de son subconscient. Les incursions du bouddhisme sont ici peu de chose, le taoïsme une exception qui confirme la règle. Pas même de vrai paganisme, qui serait encore une forme de religion. Les philosophes chinois eux-mêmes ne sont que des éducateurs sociaux. Comme vous aimeriez peu l'existentialisme foncier de ces opportunistes ! Tel est leur sens social, qu'il leur faut encore s'adjoindre la société innombrable de leurs morts. Ils semblent, en foule, en perpétuelle sédition, alors qu'ils sont, dans le privé, les plus assujettis des êtres. Peuple d'hystériques, avec lequel il faut toujours se garder de traiter à chaud en état de crise. Rien de plus positif, et pourtant rien de plus somnambulique que l'aspect d'une foule chinoise dans son agitation soudaine...
La plus belle cérémonie française à laquelle j'aie eu à participer officiellement en uniforme a été celle des 'Vêpres diplomatiques' du Premier de l'An, à la Cathédrale du Peï-Thang, en pleine ville tartare. Soies jaunes dans toute la nef... Mgr Jarlin s'entretient toujours intimement avec moi de l'évolution de la Chine actuelle et de l'avenir inquiétant des Missions. Parlant avec indulgence, mais non sans tristesse, de la nature irréligieuse des Chinois, il m'avoue ce qui fait ici le plus ingrat de l'apostolat catholique : l'impossibilité de fixer les Chinois dans une conversion durable, ce qui porte du moins les Missionnaires à baptiser le plus tôt possible les enfants chinois recueillis. Il a beaucoup de souvenirs personnels qui m'éclairent humainement sur la mentalité chinoise. En rentrant de mes courses matinales à cheval je fais parfois un crochet jusqu'à son petit jardin du Peï-Thang pour un instant de causerie familière avec lui. En me reconduisant, il m'arrête avec un sourire devant quelque pierre tombale inattendue, comme celle d'une ancienne religieuse française soeur d'Henry Bordeaux.

12 février Lettre à Madame Amédée Saint-Leger Leger
... Mon Ministre [Alexandre Robert Conty] est ici depuis huit jours... C'est un homme nerveux, agité et irritable, qui s'est jadis cassé les reins au Quai d'Orsay en dépit de ses titres de carrière. Nous avons peu d'idées communes, mais c'est au fond un très brave homme, de bon métier et de réelle autorité, avec qui je m'entends sans peine...

14 mars Lettre à Madame Amédée Saint-Leger Leger
...Nous sortons d'une rude période de travail, qui vient de se conclure, il y a une heure, par la rupture des relations diplomatiques entre la Chine et l'Allemagne. La déclaration de guerre ne peut manquer de suivre. Nous avons eu beaucoup de peine ici, en pleine crise intérieure chinoise, à faire entendre au Gouvernement de Pékin les avantages qu'au traité de paix il pourrait retirer de son entrée en guerre aux côtés des Alliés ; à lui évoquer même l'eventualité, après la paix, d'une intégration générale de la Chine, comme puissance nouvelle, dans l'orbite et le concert politique des Puissances occidentales...

4 avril Lettre à Madame Amédée Saint-Leger Leger
Vous me demandez des photographies. En voici quelques-unes prises à Pao-Ma-Tchang, le champ de courses de Pékin, où je montais moi-même : ce cavalier, le second du peloton de tête, si étrangement coiffé contre le froid et contre le vent... Le médecin de la Légation, un ami très attentif et affectueux, est d'ailleurs, rassurez-vous, le meilleur médecin européen de toutes les Légations. Son autorité est grande dans le milieu officiel chinois, où il m'a souvent aidé personnellement. C'est lui qui était appelé comme consultant au chevet de Yuan Che-kaï mourant, et il possède à peu près seul le secret historique de cette mort mystérieuse et très suspecte...

13 juin Lettre à Madame Amédée Saint-Leger Leger
... La révolution qui avait déjà rompu ses digues et mis de nouveau en branle toute la masse des provinces, se résout ce matin par un compromis (bien précaire à mon sens) : une dissolution du Parlement de Pékin a pu arrêter à temps les armées provinciales en marche sur Pékin. Un an seulement après la mort de Yuan Che-kaï, qui avait entraîné la restauration de la Constitution républicaine de 1912 et la convocation du Parlement originel de 1913, nous voici de nouveau ramenés au renvoi du Cabinet républicain et à un soulèvement de Gouverneurs militaires du Nord, avec intervention d'un puissant miliaire de Mandchourie décidé à restaurer la dynastie mandchoue – ce qui nous exposera naturellement un jour au contrecoup d'une nouvelle marche des armées républicaines sur Pékin.
Contrairement à toutes les prévisions de diplomates étrangers, et même des Interprêtes de notre Légation, j'avais toujours prévu cette phase épisodique par laquelle on aurait encore à passer. Tout ne sera pas résolu, loin de là, après cet intermède, et la crise se prolongera encore longtemps dans ce pays où subsistent tant de petites autocraties militaires regionales. Mais au point de vue spectaculaire, le péril le plus immédiat semble conjuré ; je n'ai plus qu'à déplorer une fois de plus d'entendre au loin l'orage s'apaiser, c'est-à-dire avorter. Rien ne finit par s'arranger vraiment en Chine. L'obstétrique chinoise est bien la plus triste des maïeutiques. Je regrette sincèrement que les événements n'aient pas pris plus d'ampleur pour engendrer d'eux-mêmes leur solution. Désolé aussi, faut-il encore l'avouer ? que ma vie professionnelle ne bénéficie pas ici d'un peu plus d'exceptionnel.
Les diplomates étrangers, en attendant, n'ont jamais joui d'un tel prestige. Si peu menacés sont-ils, qu'au cours de ces derniers jours, quand la catastrophe a pu paraître imminente, les personnalités chinoises qui s'enfuyaient de Pékin déposaient ce qu'ils avaient de plus précieux dans nos banques ou nos maisons privées. Des hommes politiques importants s'apprêtaient à nous demander asile. L'inviolabilité du Quartier diplomatique, militairement gardé par les détachements de toutes les Grandes Puissances (y compris l'Autriche, avec qui la Chine n'a pas encore rompu les relations diplomatiques), assure une immunité particulière au monde des Légations, où il est toujours avantageux pour un Chinois de se ménager les bons offices de l'amitié. Il ne s'agit plus, comme en 1900, de mouvement xénophobe, mais seulement d'un ressac de politique intérieure, divisant pour l'instant la Chine réublicaine elle-même en deux partis : un parti militaire, à tendances secrètes monarchistes, et un parti parlementaire, de républicains libéraux. Le tout chaotique et lamentable à souhait, se dissociant sans se dissoudre, à la façon un peu de vieilles histoires d'Amérique latine – ce qui n'enlève rien de ma sympathie pour le sort d'une aussi vieille société humaine en quête de son destin futur...

13 juillet Lettre à Monsieur Alexandre Conty
... J'ai l'honneur de vous rendre compte de la mission que vous avez bien voulu me confier, au cours des troubles qui ont suivi la restauration impériale, d'assister M. Po Leang-ts'ai [Beauvais], Premier Interprète de la Légation, dans les démarches tendant à faciliter la fuite de la famille présidentielle vers le Quartier diplomatique. A dire vrai, cette mission s'est accomplie si simplement que je ne saurais, sous peine de n'en rendre aucun compte, manquer de vous en rapporter de fort négligeables détails...

2 août Lettre à Madame Amédée Saint-Leger Leger
Je vous écris du fond d'un petit temple bouddhiste, sur une éminence rocheuse au nord-ouest de Pékin, où j'ai pour quelques jours, trouvé refuge contre la fatigue et contre un redoutable été. A mes pieds des vallées inondées par les dernières grandes pluies ; à hauteur de mon front, déjà, les lourdes premières chaînes qu'amorce l'élévation mongole. Un homme à cheval m'apporte, tous les deux jours, avec quelques provisions, des nouvelles et, s'il le faut, du travail de la Légation. J'ai 'Allan' avec moi et dois moi-même me tenir prêt à sauter en selle au premier signal de mon Ministre ; car tout demeure imprévisible en cette période de grande instabilité politique...
Le coup d'Etat du mois dernier, et les événements de toute sorte qui ont accompagné ici cette tentative militaire de restauration impériale, ont bouleversé assez de choses pour entraîner momentanément la suppression des relations postale. J'avais pourtant bien des choses amusantes à vous conter de tous ces événements. En plein crise, alors que toute une part de la population de Pékin s'enfuyait affolée vers les provinces et que la ville restait livrée aux hordes sauvages du général Tchang Hsiun [Zhang Xun], le vieux serviteur des Mandchous qui a remis pour douze jours sur le trône, le petit empereur Siuen-tong âgé seulement de onze ans, j'ai dû à mes amitiés privées dans le monde chinois de me voir confier la plus étrange Mission personnelle : celle d'aller enlever en auto la femme, les filles, le fils, et les concubines du Président de la République, gardés en otage par le Dictateur impérialiste. (Le Président Li Yuan-hong avait déjà trouvé asile à l'Hôpital français dans le Quartier diplomatique.) La chose m'a beaucoup amusé, et pendant les trois heures où j'ai eu à me démener, avec l'aide d'un interprète de notre Légation, en pleine ville tartare, au milieu de la panique générale qui précédait l'approche des troupes républicaines, je suis bien certain, contrairement à tout ce qu'a pu en penser mon Ministre, de n'avoir personnellement jamais été exposé au moindre danger réel. Mes protégés au contraire avaient tout lieu de craindre, et ne se sont crus vivants qu'une fois l'enceinte franchie de notre Légation, à l'abri des baïonnettes européennes du Quartier diplomatique. La Présidente, que je n'avais jamais vue que dans la pompe des réceptions officielles, faisait pitié à voir, les paupières closes au fond de ma voiture sans rideaux. Tout ce monde-là a été logé pendant des semaines sous mon toit, et les draperies de mon mobilier portent encore les taches de confiture d'une petite main d'enfant chinois.
Quelques jours plus tard nous étions éveillés, à quatre heures du matin, par un bombardement général de l'armée républicaine (canons, mitrailleuses et fusils), qui a duré jusqu'à trois heures de l'après-midi, et qui semblait si mal administrée qu'en dépit de l'énorme consommation de munitions le nombre de morts a été insignifiant. Peu de dégâts de notre côté : des obus dans une église catholique et quelques balles égarées dans nos vitre à la Légation. Beaucoup de bruit pour rien ! Parmi les Européens, huit blessés seulement, victimes de leur curiosité : atteints de balles qui ne leur étaient pas destinées. Le point de la ville attaqué étant très proche du Quartier diplomatique, les projectiles passaient au-dessus de nos toits, abondamment garnis de spectateurs comme les murailles de la ville elle-même. Au loin, derrière nous, l'aspect de cette immense cité vide était une des choses les plus frappantes qui m'aient surpris : disparition totale de toute l'espèce chinoise, comme par immersion d'insectes sous les sables de mer... Le lendemain, après la fuite du dictateur d'un jour, réfugié à son tour dans une Légation étrangère, et la reddition de ses troupes abandonnées, proclamation de la troisième République, et visite alors en foule de la ville, parmi ses ruines fumantes : des cadavres infects, non encore évacués, des cervelles pleines de mouches, des corps de blessés décapités, des chevaux morts très proprement, ou bien carbonisés, et puis un très petit cadavre d'enfant chinois en braies de cotonnade bleue que les soldats du Général impérialiste avaient employé, de tranchée à tranchée, à leur porter des munitions... La restauration impériale du Général Tchang Hsiun [Zhang Xun] aura duré douze jours...

22 septembre Lettre au Docteur [J.A.] Bussière
... A mes pieds, pour toute humanité, une vallée basse à rivière ensablée, d'où monte seulement vers moi le bruit de petits tambours de pierre : appels au passeur de gué ou dialogues, d'une rive à l'autre, entre d'invisibles communautés rurales. Au-delà, l'étagement des terres hautes, les premières grandes ouvertures en Ouest vers le pays mongol et vers le Sinkiang, lù s'amorcent quelque part les premières pistes caravanières. Plu loin, enfin, l'absence, l'irréel, et l'horizon terrestre barré du seul regard intemporel. Sur tout cela, le temps fixe de haute Asie, et par là-bas déjà l'effacement du vieil empire nomade et de ses marches aux routes non balisées. C'est toute l'Asie bouddhique, lamaïque ou tantrique qui s'éloigne à grands pas de la platitude confucéenne. Je m'en irai moi-même un jour par là, je le sais – et avec vous peut-être, qui aimez comme moi tout cela, infiniment.

2 septembre Lettre à Paul Valéry
... Je ne sais ce que vous penseriez de la Chine, où je vis. Je ne vous ai jamais entendu rien évoquer d'Asie que vos souvenirs d'une lecture d'enfance : 'La Horde d'or', du vieux Cahun ( ?). Encore ne s'agissait-il là que de Mongolie. La Chine nouvelle vous surprendrait par son attachement à la pensée philosophique française du XVIIIe, ainsi qu'au lamentable positivisme d'Auguste Comte ; mais ce n'est là qu'une culture d'emprunt, et qui fera place avant longtemps à Karl Marx et à Engels. Ces revêtements successifs du vieux rationalisme chinois ne changent rien au fond propre et singulier du mécanisme d'esprit chinois. Vous en goûteriez sûrement les points d'écart et les indices de réfraction : les cheminements d'esprit des vieux Chinois et leurs sautes d'humeur intellectuelle nous semblent toujours un peu des 'déviations', par là même attrayantes et souvent stimulantes. Leur logique n'est point la nôtre et leurs catégories n'ont point les mêmes assises que les nôtres. Différente est leur mathématique, idifférente en toutes choses leur computation ou leur tabulation, comme aussi bien leur système musical ou leur perspective en peinture. Leur dialectique est l'inconséquence même et les soustrait d'instinct à tour dogmatisme. Le scepticisme en tout est leur seule discipline d'esprit, et la contradiction, pour eux, comme une seconde nature. Il semble bien pour eux qu'en toute connaissance l'envers vaille bien l'endroit. Ils sont en tout cas d'humeur assez plaisante et ils ne m'ennuient pas.
Il y a, dans l'esprit aberrant du Chinois, quelque chose de plus que son indiscipline ou que son inconséquence, et qui parfois m'enchante : une ouverture naturelle à toutes incidences du subconscient, qui fait de ces rationalistes nés les premiers praticiens d'une sorte de surrationalisme. Le goût même de l'absurde leur semble une incitation légitime de l'esprit. Le 'pourquois pas ? ' en tout semble le dernier mot de ces 'possibilistes'. La science même pour eux, dont le prestige est grand, tient fugue et contrepoint avec les plus hautes fantaisies, la géodésie, par exemple, ayant tôt fait de rejoindre la géomancie.
La manipulation d'argent est avant tout la grande affaire. Insoucieux de tout spiritualisme, indifférent à toute métaphysique, ce peuple éminemment sociable est sans doute le seul au monde où le besoin religieux semble n'avoir jamais existé – ce qui en fait d'ailleurs le peuple le plus superstitieux.
Quant à la poésie pour les Chinois, autant n'en pas parler. Nos vieilles querelles sur le principe poétique ne seraient point ici de mise : les conceptions poétiques chinoises, toujours soumises aux convenances du conformisme le plus académique, demeurent étrangères à la source propre du mystère poétique.
Ce qui pourrait le plus vous surprendre ici, vous l'ami des belles colonnes de marbre, c'est le dédain de la matière première utilisée pour les plus impérieuses et les plus immuables des grandes édifications historiques. Le thème ou l'idée étant là la grande abstraction durable à perpétuer à travers siècles, par reprises ou relèvements successifs, demeure le cadre même, à jamais répété, comme un grand caractère chinois une fois pour toutes donné, dressé dans l'esprit contre les vicissitudes du temps ; le reste n'est que matière de remplissage, toujours précaire et remplaçable ; l'accessoire, en un mot, comme l'argile ou le sable sous les revêtements renouvelés du mortiter coloré. Peut-être n'y a-t-il là, à l'origine, qu'une question de rareté de la pierre noble en Chine ; ou l'influence première des grandes conceptions nomadiques en fait d'édification (stylisation de la tente). De toute façon, la matière avilie se trouve ici magnifiquement bafouée au profit de l'idée, le durable toujours confié au motif.
Je me demande parfois ce dont je pourrais vous faire cadeau en Chine. Je ne vois pour vous que ces magnifiques sphères armillaires et autres grands instruments d'astronomie ciselés au XVIIe siècle dans le bronze pour un empereur chinois, et qui sont, pour l'instant encore, à Potsdam, mais qui devront être restitués par l'Allemagne à la Chine après la signature de la paix...

10 octobre Lettre à Madame Amédée Saint-Leger Leger
J'ai bien cru, tous ces jours-ci, que nous entrions encore dans une nouvelle phase révolutionnaire par suite de divisions entre Républicains du Nord et du Sud : un Président de République démissionnaire s'enfuit à Tien-tsin en confessant publiquement son incapactié dans un manifest officiel du plus pur style conventionnel chinois : « Modeste comme le haricot sous la feuille, je m'accuse d'indignité et confesse mes remors devant le peuple chinois... » ; arrivée à Pékin d'un Chef d'Etat provisoire ; querelle entre factions politiques du Nord et du Sud sur la validité de la Constitution provisoire et du dernier Parlement ; formation, au Sud, d'un Gouvernement militaire élu par le Parlement extraordinaire de Canton, avec Sun Yat-sen pour généralissime ; convocation, au Nord, d'un nouveau Parlement, avec un Sénat provisoire appelé à amender la loi électorale en vue de l'élaboration finale d'une Constitution nationale ; réveil de guerre civile dans une province de Chine méridionale ; bataille dans le milieu gouvernemental de Pékin au sujet de la déclaration de guerre à l'Allemagne, et réactions, au Nord et au Sud, contre la signature d'emprunts étrangers, etc...

4 novembre Lettre à Madame Amédée Saint-Leger Leger
Dans la Légation, me voici de nouveau seul, dans les fonctions de Premier Secrétaire, avec [Damien de] Martel redevenu Chargé d'affaires. Le Ministre Conty a été rappelé : veritable disgrâce dont j'ignore la cause exacte ou l'occasion...

28 novembre Lettre à Monsieur Jules Damour
... Expédié d'urgence de Paris, dans les conditions assez exceptionnelles, pour remplir à Pékin des fonctions au-dessus de mon rang, j'étais chargé, à titre immédiat, d'assister un Chargé d'affaires pris au deépourvu, avec une Légation des plus démunies, devant une crise assez sérieuse d'hystérie chinoise (événements dits de Tientsin, émeutes et troubles sur la Concession française). Ce n'était certes pas mauvaise façon d'aborder mon premier poste : en toute ignorance du milieu, avec un regard absolument neuf... Le malheur est que la psychologie ni la physiologie de nos dirigeants d'Europe ne répondent jamais en rien à celles des Chinois ; que la notion de temps, des deux côtés, n'est point la même ; et qu'à vouloir forcer les choses par un exercice trop apparent de l'autorité, on ne fait qu'envenimer et prolonger en Chine l'inflammation...
J'ai beaucoup moins de loisir que je ne m'y attendais. J'arrive pourtant à confronter beaucoup de Chine personnellement. Je fréquente plus de Chinois qu'il n'est bien vu de le faire ici, surtout, de nos amis anglais. Les diplomates étrangers préfèrent vivre entre eux, dans l'enceinte du Quartier diplomatique, avec leurs mêmes vieilles histoires de partout... Les hommes politiques chinois, avec qui je joue de nuit au jeu d'échecs chinois, sont d'humeur enjouée, et, sans morgue ni défiance envers moi, me révèlent, incidemment, beaucoup plus que nos Interprètes de Légations, pour ce que je cherche à débusquer en Chine. Ils ne m'ennuient en tout cas jamais, et me livrent toujours, à leur insu, quelque chose de ce vieux fond humain, si variable toujours, quoi qu'on en puisse dire. Leur logique n'est point la nôtre.
Il y a poutant, dans l'esprit du Chinois, quelque chose de plus que son inconséquence, et qui souvent m'enchante...
Je ne trouve pas que tous ces Chefs de mission gagnent beaucoup à être connus dans l'intimité. Trop de paresse d'esprit, et trop d'engouement de snobs pour la vieille Chine impériale des marchands de 'curios'. Les vieux Missionnaires de l'intérieur, que l'on voit trop rarement passer par ici, m'en diraient sûrement plus sur ce qui bouge ou ne bouge pas dans la mentalité foncière d'un Chinois d'aujourd'hui...

1918
2 février Lettre à Madame Amédée Saint-Léger Léger
... La situation politique ici s'est quelque peu détendue, à force de confusions. Cours des événements, depuis ma dernière lettre : à Pékin, inauguration d'un Sénat provisoire, troisième démission donnée et puis retirée, puis redonné, par le seul chef de gouvernement valable, le Général républicain Toan Tsi-Joui [Duan Jirui], pour qui jai beaucoup de sympathie personnelle ; enfin un décret d'armistice entre le Nord et le Sud, et conférence militaire à Tientsin ; organisation dans le Sud d'une Confédération due Su-Ouest avec siège à Canton ; reprise des hostilités, nouvelle amende honorable d'un Président de République confessant publiquement son incompétence ; etc., toujours dans le même style et selon le même rythme.

5 mars Lettre à Madame Amédée Saint-Léger Léger
...La bataille contre la peste est maintenant gagnée. On ne marquera plus d'un tampon rouge ou bleu le poignet des inspectés aux portes de la ville chinoise, ou dans les dernières gares ouvertes des environs de Pékin... j'ai vraiment aimé toute cette bataille de la peste.
Mon nouveau Ministre, M. [Auguste] Boppe, est attendu à Pékin le 17 de ce mois.

15 septembre Lettre à Madame Amédée Saint-Léger Léger
... Publication à Pékin d'un décret promulguant l'organisation du Parlement et l'élection des membres de deux Chambres ; organisation d'un Bureau de participation à la guerre mondiale ; embarras d'un Président de République qui ne sait à qui offrir sa démission, Le Parlement n'existant plus et qui s'adresse finalement aux provinces pour leur demander de lui trouver un remplaçant dans les dix jours ; entreprises particulières de militaires dans les provinces ; formation, par mon grand ami, le général républicain Touan Tsi-joui [Duan Jirui], de son troisième Cabinet républicain depuis le rétablissement de la troisième République ; conférences militaires à Tientsin, puis à Hankeou ; puis à Tientsin encore, et à Tientsin encore ; concurrement, dans le Sud, nomination des membres d'un 'Directoire du Sud-Ouest', comprenant Sun Yat-sen ; convocation enfin à Pékin des nouveaux membres élus des deux Chambres, inauguration du Parlement, clôture du Conseil national provisoire, et élection du nouveau Président de la République...

Décembre Lettre à Madame Amédée Saint-Léger Léger
Les Gouvernements du Nord et du Sud ont pu se mettre d'accord pour la constitution d'une Délégation commune qui doit représenter la Chine à la Conférence de la Paix : deux Délégueés nommés par le Nord et deux par le Sud, sous la conduite d'un Délégué principal qui sera le Ministre actuel des Affaires étrangères à Pékin, M. Lou Tseng-tsiang [Lu Zengxiang]. L'union des deux Chines se trouvera donc consacrée pour la première fois : en matière de politique étrangère. La Délégation chinoise doit être à Paris le mois prochain...

27 décembre Lettre à Madame Amédée Saint-Léger Léger
... La Chine nouvelle ne devrait emprunter aux sociétés occidentales que les conceptions purement techniques du grand modernisme international, se réservant de traiter seule, selon elle-même, toute la matière sociale et politique. A l'étude de cet enseignement technique doit être consacrée d'abord la mission officielle confiée à Liang Ki-chao [Liang Qichao] (rééducation économique, industrielle et scientifique de la Chine sous de nouvelles institutions). Pour un Liang Ki-chao, ce sont les fondements mêmes de la civilisation occidentale qui ne répondent pas à ceux de la civilisation chinoise. Le vieux sens mutualiste du peuple chinois le porterait bien d'instinct vers la notion politique de gouvernement d'opinion, mais par des voies différentes de celles revendiquées au XXe siècle dans l'hémisphère occidental, l'échelonnement par classes compétitives n'existant pas dans la société chinoise, non plus que les notions de capital et de travail telles qu'engendrées en Europe par le matérialisme scientifique. Le pays chinois tout entier dépend encore en fait d'un régime de petits fermiers – ce qui constituerait d'ailleurs pour son avenir le meilleur mode naturel d'organisation collective, facile à réviser et à réadapter aux exigences d'une société moderne disposant de ressources naturelles considérables.
Indépendamment de sa mission d'étude, Liang Ki-chao [Liang Qichao], comme propagandiste, s'efforcera d'éclairer l'opinion étrangère sur les revendications nationales de la Chine après son entrée en Guerre contre l'Allemagne (abolition progressive des capitulations, suppression des territoires à bail, révision du tarif douanier, et, avant tout, la reddition directe à la Chine des territoires à bail du Shantoung repris à l'Allemagne par les Alliés).

1919
17 mai Lettre à Madame Amédée Saint-Léger Léger
...La Générale Dann Pao-tchao [Rong Ling = Madame Dan Paochao] va rejoindre officiellement, pour quelque temps, à Paris, son mari, Adjoint à la Délégation officielle chinoise à la Conférence de la Paix, et futur Attaché militaire à la Légation de Chine à Londres.
Mme Dann est d'une grande et vieille famille mandchoue, restée fidèle de coeur à sa race. Son père, haut dignitaire de la Cour impériale, était, en 1900, Ambassadeur de Chine à Paris au moment de l'affaire des Boxers. Ses trois enfants, deux petite filles et un garçon, ont reçu là une éducation française, et lui-même, dans une situation diplomatique aussi difficile, s'en est tiré avec tout le raffinement d'esprit, l'élégance morale et le tact d'un vieil aristocrate d'Asie, remarquablement ouvert à la psychologie du milieu parisien : il a tourné officieusement toute son activité personnelle vers les peronnalités artistiques et littéraires qui exerçaient alors quelque influence sur le parisianisme d'avant-garde, et fait de sa Légation un centre privé de rayonnement et d'accueil qui a beaucoup contribué à mettre l'orientalisme à la mode, à l'heure des pires réactions contre la Chine. Ses relations privées avec tout l'entourage des Goncourt ont beaucoup fait à cet égard, et c'est son fils, traducteur d'oeuvres chinoises en français, qui a été en réalité le coauteur discret d'une oeuvre célèbre de Judith Gautier... Les souvenirs de Mme Dann sur tous les mystères de l'ancienne Cour impériale sont passionnants. A l'effondrement de la dynastie des Tsing, lors de la révolution de 1911, elle a trouvé son salut de Mandchoue en acceptant, finalement, d'épouser un Chinois, un jeune officier de l'armée sudiste, qui avait séjourné en France en même temps qu'elle, comme étudiant à Saint-Cyr et à Saumur, mais que le vieil Ambassadeur mandchou n'avait jamais daigné agréer comme prétendant future pour sa fille... Aujourd'hui, comme Maîtresse des cérémonies à la Présidence de la République chinoise, elle s'efforce avec goût, c'est-à-dire avec beaucoup de style, d'élégance et de tact, non sans esprit parfois, de rattacher un peu dignement le présent au passé dans la vie protocolaire chinoise... Elle m'aura éclairé bien des choses dans la fréquentation d'une Chine très complexe, souvent même très occulte, où elle a su toujours, très intelligemment, étendre le champ de ma curiosité. Soyez-lui donc bonne et accueillante. Vous pouvez lui faire confiance et l'interroger sur beaucoup de choses de ma vie courante...

1920
3 janvier Lettre à Madame Amédée Saint-Léger Léger
... Sur l' insistance personnelle, à Paris, du Ministre chinois des Affaires étrangères, Lou Tseng-hsiang [Lu Zhengxiang], es sur la mienne aussi, Philippe Berthelot s'était finalement résigné à favoriser mon acceptation d'une situation de Conseiller politique à la Présidence da la République chinoise, situation a créer spécialement pour moi et qui m'était offerte dans des conditions exceptionnelles. Je comprenais bien sa réticence intime, sa désapprobation même, amicale, et j'en étais assez troublé, car il m'avait déjà, depuis longtemps, laissé amicalement sentir sa déception personnelle d'aîné à me voir m'attarder aussi longtemps en Chine et faire la sourde oreille aux appels de Paris.... Le projet est maintenant à l'étude entre Paris et Pékin. Il me faut attendre, pour en juger, le retour à Pékin du Ministre Lou Tseng-hsiang, retenu encore à Paris comme Président de la Délégation chinoise à la Conférence de la Paix...

21 avril Lettre à Madame Amédée Saint-Léger Léger
Tout ce que j'ai pu appréhender pour cette malheureuse Chine est maintenant accompli. Sa déconvenue à la Conférence de la Paix a été complète et il ne lui aura servi à rien d'être entrée dans la guerre aux côtés des Puissances Alliées.
Pour que le rejet d'aucune autre revendication nationale, le refus, à Versailles, de restituer directement à la Chine alliée la province du Shantoung reprise à l'Allemagne et son attribution immédiate au Japon on récompense de services de guerre, est une ignominie à l'égard de la Chine ; et pire : une bévue politique dont les conséquences se paieront cher. C'est toute l'école des Occidentalistes qui se trouve désormais battue ici en brèche et discréditée.
La Délégation chinoise a dû quitter la Conférence sans accepter de signer le Traité de Paix. Lou Tseng-hsiang [Lu Zhengxiang], rentré à Pékin, a présenté hier au Chef de l'Etat sa démission de Ministre des Affaires étrangères...
Liang Ki-chao [Liang Qichao], plus que jamais, reprend son thème d'opposition entre civilisation chinoise et civilisation occidentale, dénonçant l'imitation des méthodes occidentales comme une des causes principales de tous les troubles internes de la Chine depuis la Révolution de 1911. La Chine, selon lui, ne doit plus attendre l'aide ni la justice des autres Puissances, mais traviller seule, farouchement, à son propre relèvement, politique et social.
L'heure viendra fatalement du réveil nationaliste chinois, dans une véritable explosion contre le monde occidental et une abolition de fait du régime des 'Capitulations'.
En attendant, la crise politique entre Nord et Sud se trouve ravivée par la critique du Sud contre le Nord, accusé de faiblesse face aux Puissances alliées et suspecté même de complaisance envers le Japon ; d'où manifestations violentes d'étudiants patriotes contre le Gouvernement central. Le Sud avait toujours été hostile à l'entrée en guerre aux côtés des Alliés.
Voici où l'on en était avant ce dernier tournant de l'affaire de Shantoung : une conférence de paix entre Nord et Sud avait dû être suspendue sur revendications extrêmes du Sud ; le Président de la République à Pékin avait offert en vain sa démission, sans arriver à se faire remplacer ; Sun Yat-sen à Canton avait donné sa démission de membre de la Confédération du Sud-Ouest, et redoutant une rencontre entre militaristes du Nord et du Sud, s'était rendu à Shanghaï pour y prêcher une nouvelle révolution ; cependant le Parlement de Canton avait entamé un nouveau projet de Constitution permanente, contrairement aux vues du Gouvernement central...
Ma vision des choses futures en Chine, toute personnelle qu'elle soit, est maintenant trop claire pour que j'en puisse faire abstraction. J'étudie donc les conditions de ma rentrée en France. Il serait temps pour moi de quitter la Chine. Je voudrais seulement, avant de m'éloigner définitivement d'Asie, réaliser quelques projets que je caresse depuis longtemps, comme celui d'une petite expédition en Asie centrale...

4 mai Lettre à Madame Amédée Saint-Léger Léger
C'est décidé, et tout arrangé : je pars dans cinq jours pour Kalgan, où j'amorcerai ma randonnée en Mongolie-Extérieure. Elle me conduira, à travers le désert de Gobi, jusqu'à Ourga, capitale très fictive de ce pays de nomades, non loin de la frontière russe. De là je compte rayonner un peu en Ouest, aussi loin que je le pourrai à cheval, pour étudier les possibilités éventuelles d'un retour en Europe par les vieilles pistes du Sinkiang ou Turkestan chinois... Pour ce premier voyage en Mongolie, tout est méthodiquement préparé et des facilités m'ont été accordées par le Gouvernement chinois auprès des autorités mongoles et du Buddha Vivant d'Ourga. Je ne pars d'ailleurs pas seul et ne cheminerai pas en cavalier : je traverserai le désert en automobile (une grosse 'Buick' américaine) avec deux compagnons de choix : mon ami le Dr Bussière, médecin de la Légation, qui a déjà pratiqué en Iran des expéditions du même genre, et mon vieil ami Gustave-Charles Toussaint, Orientaliste tibétisant, un autre grand consommateur d'espaces, rompu depuis longtemps à l'expérience des voyages solitaires en Asie centale...

5 juin Lettre à Madame Amédée Saint-Léger Léger
Rentré depuis peu de Mongolie. Voyage merveilleux ! L'expédition a été, de tout point, une parfaite réuissite, des plus intéressantes et souvent même passionnante, dont je porte encore en moi tout l'enthousiasme. Et « l'expérience humaine » m'aura conduit là, spirituellement, encore plus loin que je ne m'y attendais : aux frontières mêmes de l'esprit. Le souvenir ne s'en effacera pas en moi. Animalement, j'ai croisé des loups et rencontré de grands chiens sauvages dont l'innocence m'a plus instruit que celle des gazelles. Quant aux possibilités d'une rentrée en Europe par le Sinkiang, l'étude est concluante : rien à faire. Je vais donc m'attacher maintenant à l'aménagement de mon congé sur mer, dans le Pacifique Sud, et la discussion d'abord avec Paris des conditions de ma rentrée au Quai.

1921
26 février Légation de France en Chine. Lettre à Joseph Conrad
... J'ai été assez surpris de la curiosité que vous me montrez aujourd’hui pour la Chine. Je me demande si le sort n'a pas bien fait de vous en tenir toujours écarté. C'est votre part d'interdit, que nous portons tous, et il ne faut pas le regretter !
La Chine est certainement le pays le moins fait pour un homme de mer. Elle est terre de paysannerie et de petit artisanat, et l'immensité de son littoral ne change rien à son hostilité pour la mer. Le Chinois lui-même, qui n'aime pas la mer, ne peut vivre ou travailler sur l'eau qu'à la façon d'un paysan sur terre, familialement, avec ses lares et tout son attirail terrestre. Il édifie ses plus belles jonques de haut bord comme une Arche pour le Déluge, et dans ce même 'bois d'aigle' dont on fait ces cercueils d'apparat. Quand il croit se moderniser pour l'industrie de mer, il s'enthousiasme d'abord pour la construction de navires en ciment armé ! Les dernières grandes familles de laqueurs chinois haïssaient d'avoir à vivre en mer, au large du Petchili, pour se garer des poussières du 'vent jaune'. (Servitude finale prise sur mer par l'habitat terrestre.)
La Chine tout entière n'est que poussière, un Océan de poussière au vent, imitant assez mal en cela la mer elle-même, cette autre masse continentale qui garde au moins sa cohésion, sa consistance et son intégrité, sans céder jamais à l'inertie.
Je ne vois pas trop ce que je pourrais vous offrir ici, sinon, dans la faune cosmopolite de Shanghaï, quelques grandes espèces d'aventuriers européens ; de belles aventurières aussi, implantées d'Amérique ou de Russie blanche, et portant haut l'arrogance de leur conquête d'honorabilité. Il y aurait aussi cet étonnant corps des grands pilotes d'estuaire, nantis de comptes en banque et de larges relations sur mer, tous hommes d'Europe recrutés parmi des Ecossais. Enfin au bar du Shanghaï Club, dont le comptoir constitue la plus longue pièce d'ébénisterie du monde ('long comme un front de mer'), vous pourriez recueillir au vol de bien savoureuses histoires et aussi bien des recoupements, retrouver même peut-être quelques-uns de vos anciens compagnons de mer. Car tout finit un jour par Shanghaï, et Shanghaï à lui seul demeure, entre Java Head et Vladivostock, le prodigieux carrefour d'aventureuse humanité, inépuisable repaire d'hommes de forte trempe, de très grands fauves taillés d'une seule pièce dans cette rare matière qui s'appelle énergie.
Pour moi, très tôt tourné en Ouest vers la Chine intérieure et tout son haut surplomb d'Asie centrale, je n'aurais à vous offrir de ce côté du monde que de très vieilles routes terrestres à bout d'usure et de mémoire, et sur ces pistes sans relief, une vaste humanité communautaire, parfaitement anonyme et uniforme, infiniment grégaire : masse indivise à jamais soustraite aux plus beaux accidents de l'individualisme.
C'est en Ouest, on en Est, que s'exerce pour moi l'aliénation chinoise – la même aliénation que crée en nous l'étrange anonymat de certaines mers. Quelque chose, en somme, d'assez extra-planétaire.
La terre ici, à l'infini, est le plus beau simulacre de mer qu'on puisse imaginer : l'envers et comme le spectre même de la mer. La hantise de mer s'y fait étrangement sentir. Une chose mystérieuse que j'ai pu moi-même constater, c'est qu'en terre haute d'Asie et au coeur même du désert, cheval et cavalier se tournent encore d'instinct vers l'Est, où gît la table invisible de la mer et le site du sel. La contrée silencieuse fait alors à l'oreille comme un murmure lointain de mer. Et dans toutes les lamaseries mongoles ou tibétaines, où il n'est pas un homme qui ait jamais vu la mer, toute la liturgie est sur fond d'évocation de mer, les conques de mer sont associées au culte, le vorail et les nacres sont onrements d'autel, et les grandes trompes sur affûts aux terrasses d'ange des temples sont utilisées pour entretenir, aux bas offices, le mugissement de l'Océan. Dans le regard le chameliers rencontrés au désert de Gobi, j'ai cru parfois surprendre comme un regard d'hommes de mer. Et j'ai d'ailleurs croisé, aux abords du désert, ces charrettes nomades qui se gréaient d'une voie comme en mer. Les mouettes et sternes du Gobi, sont j'aimerais parler un jour à votre ami [W.H.] Hudson, entretiennent aussi la même illusion. (En fait, elles descendent de mer arctique par les bassins fluviaux de la Russie du Nord.)
Il y a, dans toutes ces nappes terrestres de la haute Chine intérieure, de vastes dépressions ou cuvettes qui s'encastrent comme d'anciens fonds de mer. C'est pour l'esprit comme l'envers même de la mer : la terre qui se veut mer, ou la mer, par moquerie, qui se fait sédiment – unité retrouvée, malaise dissipé...
Je m'apprête du reste à quitter pour toujours ce pays où j'ai vécu cinq ans comme diplomate. Je vais vivre quelques mois de congé sur mer entre les îles d'Océanie...

20 mars Lettre à Madame Amédée Saint-Léger Léger
L'heure est venue : je m'apprête à quitter définitivement la Chine. Je pars pour le Japon le 2 avril et m'embarquerai le 14 à Yokohama pour Honolulu, où je devrai trouver les moyens de fortune pour gagner Samoa, et, de là, les îles du Sud. Je rentrerai ensuite en France par l'Amérique, non par Suez...

19 mars Lettre à Gustave-Charles Toussaint
... Je quitte la Chine sans esprit de retour. Il ne faut s'accoutumer nulle part, surtout pas en Asie. Je suis homme d'Occident et n'ai jamais fumé l'opium...
Je n'emporte rien d'Asie, que ce crâne de cheval rapporté du Gobi et cette pierre de foudre de chaman ramassée près du Tolgït d'Ourga. J'ai hâte de quitter Pékin. C'est un maître mot, sur la langue, que celui de 'satiété'. J'en ai assez, soudain, de ce grand style de raison d'une Chine imaginaire ; assez des cortèges de papier de la rue chinoise ; assez de ces pigeons à sifflets d'argile dans le ciel de Pékin ; assez des révérences de cette huppe familière sur le toit de tôle de la Légation...

10 mai Lettre à André Gide
... Je ne serai plus en Chine quand vous irez là. Vous aimerez cette terre anonyme et lunaire, où la notion d'espace prend une valeur propre, comme celle du temps. Vous aimerez surtout Pékin, capitale astronomique du monde, hors du lieu, hors du temps, et frappée d'absolu. Hâtez-vous avant que 'la Ville Tartare' n'ait cessé d'être ce qu'elle est : une belle abstraction – camp de pierre pour les dernières manoeuvres de l'esprit et dernier 'lieu géométrique' de ce monde...
  • Document: Saint-John Perse. Oeuvres complètes. (Paris : Gallimard, 1972). [Enthält] : Lettres d'Asie. (SJP11, Publication)
4 1917-1921 [Zusammenfassung aus Saint-John Perse. Oeuvres complètes. ID D22489].
Saint-John Perse est secrétaire du Corps diplomatique à Pékin, membre, puis président de la Commission internationale chargée de l'administration du quartier diplomatique, s'occupe de sa mise en état de défense contre une épidémie de peste. Assiste, de la coulisse chinoise, à une éphémère restauration impériale de la dynastie mandchoue (coup d'Etat militaire du général Chang Hsun [Zhang Xun] et à la libération de Pékin par les armés républicaines. S'emploie personnellement au sauvetage de la famille présidentielle. Amitié d'hommes politiques et de lettrés chinois. Excursions dans les provinces. Disposte, à un jour de cheval de Pékin, sur une éminence dominant les premières pistes caravanières vers le Nord-Ouest, d'un petit temple taoïste désaffecté où il écrira Anabase. Séjours en Mandchourie et en Corée. Expédition en Mongolie-Extérieure, et traversée du désert de Gobi, jusqu’à Ourga, en automobile ; puis randonnée à chevel, en Ouest, vers l'Asie centrale. Accueille chez lui, à Pékin, les sinologues Pelliot, Granet, Staël-Holstein ; les tibétisants Bacot et Chrles Toussaint ; le sociologue Lévy-Bruhl et le mathématicien, homme politique français, Paul Painlevé, en mission officielle, avec qui il se lie d'amitié. Quitte finalement la Chine après avoir décliné l'offre d'une situation de Conseiller diplomatique aurpès du gouvernement chinois.
  • Document: Saint-John Perse. Oeuvres complètes. (Paris : Gallimard, 1972). [Enthält] : Lettres d'Asie. (SJP11, Publication)
5 1920 Saint-John Perse reist mit Gustave-Charles Toussaint nach Kalgan. Sie durchqueren die Wüste Gobi, reisen nach Ourga bis in die Mongolei.
  • Document: Saint-John Perse. Oeuvres complètes. (Paris : Gallimard, 1972). [Enthält] : Lettres d'Asie. (SJP11, Publication)
  • Person: Toussaint, Gustave-Charles
6 1921-1940 Saint-John Perse ist Sekretär, dann Sous-Chef der Direction politique et commerciale (1921-1923) ; Chef der Sous-direction d'Asie (1924) ; Chef de cabinet des Ministère des affaires étrangères (1925) ; Conseiller d'ambassade (1925-1927) ; Ministre plénipotentiaire (1927-1929) ; Directeur der Direction des affaires politiques et commerciales (1930-1933) ; Secrétaire général des Affaires étrangères (1933-1940).
7 1923 Papiers Léger : Diplomatische Dokumente von Saint-John Perse über China :
Chine : Indemnité Boxers de 1901 ; Questions diverses intéressant la SFGBIC-tramways de Pékin ; Livraison d’armes de guerre ; Situation politique ; Chemins de fer français ; Consortium américano-français et japonais en Chine ; Questions franco-russes ; Banque russo-asiatique en Chine ; Banque des chemins de fer orientaux.
8 1924 Saint-John Perse. Anabase [ID D22453].
Sekundärliteratur
Lorand Gaspar : Le poème Anabase ne contient aucune référence précise à la Chine, pas plus qu'à la Mongolie extérieure. Bien sûr en le relisant parallèlement aux lettres écrites de Chine, il ne nous sera pas difficile de déceler dans ces dernières des suites d'images qui semblent préfigurer tel ou tel passage du poème.
Ce que Saint-John Perse connaissait et aimait de la civilisation chinoise je ne pouvais en avoir qu'une idée très approximative après avoir parcouru les livres de sa bibliothèque se rapportant à la Chine ; ceux du moins qui portent les traces matérielles d'une lecture approfonide.

Qian Linsen : Saint-John Perse dispose, à un jour de cheval de Pékin, sur une éminence dominant les premières pistes caravanières vers le Nord-Ouest, d'un petit temple taoïste désaffecté où il écrira Anabase. Dans ce petit temple de Tao Yu, imprégné d'une athmosphère de méditation, de sérénité, de vide, il se laisse pénétrer par l'esprit du taoïsme. Le poète se rend dans ce temple pour écrier, se recueillir, se ressourcer. Pour moi, le poète a été influencé dans deux domaines : 1. Il crée une image poétique totalement imprégnée de taoïsme, image qui symbolise le chercheur dans la quête infinie ; 2. son oeuvre s'inspire de principes esthétiques en harmonie avec l'esprit taoïste du vide.
Saint-John Perse appréciait tout spécialement Li Bo et Du Fu. Il annota leurs poèmes dans la traduction d’Arthur Waley et s'inspira de leur conception du vide. Bien entendu, son style n'est en rien comparable à celui des poètes de l'époque Tang, mais dans leur projet, les deux écritures s'apparentent : chez les poètes chinois la promenade quotidienne d'un ermite est en même temps rapport de l'homme avec le cosmos ; tout cheminiment matériel y est aussi cheminement spirituel et le paysage décrit est tout autant celui de monde extérieur que le paysage intérieur du sujet. C'est aussi ce qui se produit dans Anabase où le « grand pays d'herbages sans mémoires,... sans liens et sans anniversaires » qu'embrasse le temps de sa marche désigne tout à la fois le lieu de sa randonnée et l'espace intérieur de sa méditation, l'espace vide, incréé, informel, qu'il investit de sa pensée.

Mireille Sacotte : Ce que Saint-John Perse a découvert en Chine, ses lettres et sourtout les deux oeuvres qu'il en a rapportées Amitié du prince et Anabase le montrent bien, c'est la confrontation avec les grandes steppes de Mongolie et les abords du désert de Gobi, le désert qui a exercé sur lui « une fascination proche de l'hallucination, qui m'aura conduit spirituellement encore plus loin que je ne m'y attendais : aux frontières même de l'esprit. » Ce qu'il y a trouvé, c'est Anabase qui nous le raconte : un homme insatisfait des étroites limites temporelles et spatiales qui lui sont allouées de naissance voyage à la recherche de l'évasion véritable. Dans le vide du désert, il découvre, sous l'apparente immobilité, l'apparente stérilité, le mouvement et la fécondité qui animent le monde. Il y gagne la certitude que « la mort n'est point », que sous toutes les centres la braise palpite, que la puissance de la mer persiste à l'endroit le plus reculé des plus profonds déserts et il opère finalement sa jonction avec le mouvement en cours depuis la Création.
Dans « L'été plus vaste que l'Empire » au début du chant IV, cet Empire avec sa majuscule est assurément l'Empire du Milieu, la Chine ; mais il est tout autant l'Empire romain, référence omniprésente dans le texte de Saint-John Perse. La référence chinoise est et sera donc présente, toujours, jusqu'à « Chant pour un équinoxe », mais jamais seule, jamais vraiment déterminante, pas plus qu'aucune autre en tout cas.

Catherine Mayaux : Dans Anabase, c'est surtout dans la manière dont le conquérant édifie le monde au fur et à mesure qu'il chevauche que peut se lire la trace d'une inspiration taoïste dans l'écriture du poème. L'esprit taoïste de l'inspiration se marque tout particulièrement dans la fondation rituelle de la ville au Chant IV.
Les termes abstraits jouent le rôle du 'vide' dans le langage des poètes Tang : comme les 'mots vides' et les 'mots pleins' qu'utilisent en alternance ces derniers tout en jouant des ellipses, ce sont les mots abstrait qui, chez Saint-John Perse, introduisent, au coeur de l'expérience et du monde concret, l'appel ou la présence d'une autre dimension. La rencontre de cette forme ésthétique inspirée par le taoïsme pourrait en partie expliquer l'évolution de la poétique à partir d'Anabase. Mais le lexique abstrait dans et à partir d'Anabase, modifie le sens et la portée de la démarche poétique qui, d'évocation nostalgique dont les actants sont l'âme, l'esprit, les signes, le chant, le poème.
  • Document: Gaspar, Lorand. De la poétique de Saint-John Perse : de la conception de l'art en Chine ancienne. In : Bulletin de la Société Paul Claudel ; no 87 (1982). (SJP8, Publication)
  • Document: Qian, Linsen. Saint-John Perse et la Chine : l'influence du taoïsme dans son oeuvre. In : Literary intercrossings : East Asia and the West. Ed. by Mabel Lee and A.D. Syrokomia-Stefanowska. (Sydney : Wile Peony, 1998). (University of Sydney world literature series ; no 2). (SJP9, Publication)
  • Document: Littérature et Extrême-Orient : le paysage extrême-oriental = Le taoïsme dans la littérature européenne. Textes réunis par Muriel Détrie. (Paris : H. Champion ; Genève : Slatkine, 1999). (Champion-varia ; no 37). S. 188-189, 193. (Det4, Publication)
  • Document: Les écrivains français du XXe siècle et la Chine : colloque internationale de Nanjin 99' = 20 shi ji Faguo zuo jia yu Zhongguo : 99' Nanjing guo ji xue shu yan tao hui. Etudes réunies par Christian Morzewski et Qian Linsen. (Arras : Artois presses Université, 2001). (Lettres et civilisations étrangères).
    20世紀法國作家與中國 99'南京国际学朮硏讨会 S. 88-89. (Morz, Publication)
9 1953 Segalen, Yvon. Entretien avec Saint-John Perse (le 27 mars 1953) [ID D22560].
Segalen schreibt : "Je n'ai put tout écrire mais je crois avoir reproduit l'essentiel de l'entretien et respecté les mots mêmes de St-John Perse que je n'ai jamais revu."
Saint-John Perse erzählt über China :
J'y suis arrivé en 1916. Yuan Shikai régnait alors. Il est mort comme vous le savez et fut remplacé par un "Président de la République", du nom de Li Yuanhong. Au cours de l'automne 1917 il m'est arrivé l'aventure que voici : à Pékin, j'étais jeune, j'avais une santé de fer, et je menais une double vie. Dans la journée je travaillais à la légation, je dînais en ville comme tout le monde, je flirtais, montais à cheval et faisais l'amour comme tout le monde. Vers minuit je passais par une petite porte, prenais un tonneau qui m'attendait et filais dans la ville chinoise où j'avais une maison. J'y recevais des amis et amies chinoises et quelques Mandchous que les Chinois avaient épargnés en 1911. J'avais fait la connaissance d'une très curieuse fille qui s'appelait Fou-lin, ex-suivante de l'Impératrice Ci Xi, pure mandchoue, dont le père avait été ministre de Chine à Paris en 1900 au moment des Boxeurs. Ce ministre, homme lettré et très remarquable, avait fermé sa porte aux diplomates et aux politiciens lorsque la révolte des Boxeurs avait éclaté et il avait ouvert ses salons aux auteurs les plus en vue de l'époque. Judith Gauthier, aidée par le fils du ministre écrivit là ses romans chinoîsants. Les Concourt fréquentèrent les salons du ministre. C'est à son influence que l'on doit probablement le goût de la chinoiserie qui caractérise l'époque. Les filles pendant ce temps sont élevées au Couvent des Oiseaux. Lorsque vers 1904 le ministre, l'affaire des Boxeurs terminée, revient à la cour, l'impératrice Ci Xi demande à l'une d'entre elles de devenir sa première secrétaire, son chef du protocole pour Européens. Cette fille qui parlait sans accent le français, le russe et le chinois, faisait très bien son métier, métier épuisant d'ailleurs car l'Impératrice recevait à 4h du matin parfois, et il fallait se tenir debout pendant des heures, engoncée dans les soies épaisses, après avoir subi la complexité des coiffures.
Cette fille, pure mandchoue, fut sauvée en 1911 par un jeune général chinois, sorti de St-Cyr (promotion 1900), le général Dan Paochao. Ce général, à sa sortie de l'école à Paris en 1900, n'était donc qu'aspirant et lui — chinois — avait osé jeter les yeux sur une Mandchoue : sur la fille du ministre (qui avait alors 14 ou 15 ans). Rabroué, il avait dû filer au plus vite. En 1911, au moment de la révolution suivie du massacre des Mandchous, il retrouve sa belle, éplorée et tremblante. Il épargne le petit empereur (qui devait devenir le Pou Yi des Japonais en 1932) par la même occasion. Il épouse la fille qui veut bien se laisser sauver à la condition que ce serait un mariage blanc. Cette fille en 1917 était devenue Maîtresse de Cérémonie de Yuan Shikai et pouvait passer pour la plus délicieuse des Parisiennes, comme pour la plus authentique Mandchoue.
Un beau soir de juillet 1917, un général chinois, Tchang Hsiun [Zhang Xun], à la tête de trente mille hommes peu armés mais bien disciplinés, la plupart mandchous, envahit Pékin, arrête le président (chinois), sa femme, ses trois concubines et les enfants. La ville chinoise est investie. Je me trouve coupé du quartier diplomatique et le lendemain matin, le téléphone marchant encore, je téléphone à la Légation: "J'ai une grande nouvelle à vous annoncer: nous sommes de nouveau sous l'Empire." "Vous êtes fou" me répond-on . . . "Regardez donc les enveloppes des télégrammes que vous avez reçus ce matin, regardez quel en est le cachet". En effet, les postiers chinois avaient ressorti immédiatement les anciens cachets et les anciennes enveloppes "Postes Impériales". Stupeur! "Comment le savez-vous?"
Pardi, je le savais presque comme si j'avais assisté à la scène d'heure en heure; ma dame mandchoue me mettait au courant des événements et voici ce qui s'était passé: Le Général Tchang Hsiun, ancien palefrenier des écuries de l'Empereur (qui avait soigné les chevaux dans la Cité Interdite), après avoir arrêté le Président et sa famille, était allé réveiller le jeune Empereur qui pouvait avoir 11 ans, et après l'avoir fait habiller comme il convenait, l'avait poussé vers le trône. Immédiatement le sceau impérial avait été sorti de l'écrin dans lequel il dormait depuis six ans et les premiers décrets paraissaient, traitant uniquement du protocole. Un incident très curieux eut lieu ce matin là et me fut rapporté tout chaud : bien que l'entourage du jeune ex-Empereur l'ait élevé absolument dans l'ignorance de son haut rang, à peine fut-il juché sur le trône qu'il étendit la main vers l'assistance et ordonna d'une voix forte: "k'ho tow" et tous, le général Tchang Hsiun en tête, de faire à plat ventre le grand salut de cérémonie, tête frappée contre le sol. L'humeur instable et la méconnaissance totale de toute stratégie moderne causèrent la perte du général Tchang Hsiun, mais il dura quand même douze jours au cours desquels je fus bloqué dans la ville chinoise, ne courant aucun danger, mais causant à la Légation de vives inquiétudes et au Quai d'Orsay des débordements télégraphiques. Au bout de quelques jours le président Li Yuan-hong réussit à s'enfuir, laissant là sa femme, ses trois concubines et ses enfants.
Ma dame mandchoue me dit que bien que mandchoue, elle ne pouvait se faire à l'idée de voir ces pauvres femmes livrées à la soldatesque. Par sport plutôt qu'autre chose, j'essayai de faire quelque chose pour les sauver. Je les fis d'abord passer chez moi; ce fut facile, mais il fallait leur faire traverser les "lignes". J'eus l'idée de téléphoner à un des attachés de la Légation japonaise dont je savais la puissance. Rien à faire. Je monte à l'Ambassadeur du Japon, Yoshida, que j'avais eu l'occasion d'amuser. Je le flatte. Il ne dit pas "non". Deux jours après, deux officiers de Tchang Hsiun arrivent chez moi avec un laissez-passer pour la femme et les enfants seulement. Pleurs des concubines qui se roulent par terre. Les officiers, esclaves de la consigne, ne veulent rien savoir pour les emmener.
En fin de compte, j'avais deux officiers et deux laissez-passer. Cela faisait deux voitures — on enferme les concubines dans une chambre, on les fait taire. Puis on sert le thé, un repas, on amuse les officiers. Après un long moment les voitures sont enfin prêtes. Dans la première il y a tout juste la place d'entasser la femme et les enfants, dans la seconde les ballots, les paquets, les boys en grappe suspendus aux portières repoussent toute investigation—Je me hisse et me perche sur le plus haut ballot de la seconde. Les barrages s'ouvrent devant nous et je fais une rentrée triomphale au quartier des Légations, où le Ministre de France me reçoit fraîchement, surtout lorsque de dessous les ballots, on sort les trois concubines un peu repassées, mais heureuses d'avoir échappé au viol et au puits: "Comment, Monsieur, non content de vous absenter pendant quinze jours, vous oser vous immiscer dans les affaires intérieures d'un Etat ami? Grave incident diplomatique, nous allons en référer à Paris". Le Ministre de France n'ayant pas voulu héberger ces dames, je leur offris mon pavillon et j'allai coucher à l'hôtel des Wagons-Lits. Une semaine plus tard, les troupes républicaines commandées par un ancien colonel de Yuan Shikai, Tuan Che-joy, battirent les trente mille Mandchous du général Tchang Hsiun près du Temple du Ciel. On m'a rapporté le trait suivant du général : à un moment où ses troupes et son état-major commençaient à flancher, il songea lui-même à filer, mais craignant une débandade s'il les laissait en plan, il se fit apporter une robe de lettré, la revêtit et prenant un éventail et un pinceau, il commença à jeter quelques vers sur le papier brun. Puis paraissant plongé dans une rêverie poétique, il se dirigea vers un enclos dont il franchit la porte à pas lents et solennels. A peine la porte franchie, adieu robe, éventail et pinceau. Il eut vite fait de sauter le mur et de s'enfuir à bride abattue vers le quartier des Légations où il trouva asile à la Légation hollandaise—mais cette déroute remettait mon président à l'honneur. Il avait repris ses concubines, m'avait laissé sa femme et ses marmots qui transformaient mon pavillon en un foutoir, souillant de confiture mes tapis et mes soies. J'eus beaucoup de mal à m'en défaire. Fatigué par les protestations d'affection de mon chef dont les sentiments avaient suivi la courbe des événements, je décidai de me retirer dans le petit temple taoïste jque je possédais à une journée de cheval de Pékin et demandai quinze jours de congé qui me furent accordés à la condition que je rédigerais un rapport. Or, je n'avais aucune envie de rédiger ce rapport—c'était l'époque du style diplomatique dans toute sa beauté et je ne m'en sentais ni envie ni courage. Je venais de commencer "Anabase" qui n'a d'ailleurs rien à voir avec ces événements . . . Au bout de huit jours le Ministre impatient de ne rien voir venir, me dépêche un courrier à cheval, que je renvoie sans un mot. Le surlendemain, puis tous les jours, je reçois des mots de plus en plus pressants et je me sentais de moins en moins décidé à écrire ce rapport. Enfin, mon congé terminé, je reviens à la Légation . . .sans le rapport ! Colère du Ministre qui, excédé, me dit: "Eh bien, puisqu'il n'y a pas moyen d'obtenir de vous ce rapport, écrivez-moi une lettre dans laquelle vous me raconterez ce qui vous est arrivé". Je lui donnai rapidement satisfaction, et ma lettre lui plut tellement qu'il l'envoya telle quelle au Quai.
J'ai su depuis que j'avais failli me faire renvoyer du Quai d'Orsay, non pas que mon action ait été désapprouvée mais parce que ma lettre n'était pas rédigée conformément aux usages.
Ce rapport existe toujours, je ne l'ai plus. Il a été copié. Wladimir d'Ormesson en avait une copie, d'autres le font circuler. Curieux, n'cst-il pas vrai ?
[Rapport = Relation respectueuse. In : Oeuvres complètes, S. 814-819].
  • Document: Asien-Orient-Institut Universität Zürich (AOI, Organisation)

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20世紀法國作家與中國 99'南京国际学朮硏讨会
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