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1 | 1863 |
Théophile Gautier kommt durch Charles Clermont-Ganneau in Kontakt mit Ding Dunling, der als Sekretär von Joseph-Marie Callery nach Frankreich gekommen ist. Er stellt ihn als Chinesisch-Lehrer für Judith Gautier ein. Sie kopieren chinesische klassische Gedichte in der Bibliothèque nationale in Paris. Judith Gautier schreibt 1903 in Le second rang du collier über Ding : "L'idée de voir un habitant du Céleste Empire nous exaltait beaucoup ; cet être invraisemblable existait donc, autrement que sur les écrans et les éventails, avec une tête d'ivoire ou une figure de papier de riz". Elle se souviendre d'avoir "presque chaque jour", en compagnie de Ding Dunling, consulté et recopié certains poèmes des recueils disponibles dans la Bibliothèque de la rue de Richelieu. |
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2 | 1863 |
Goncourt, Edmond de ; Goncourt, Jules de. Journal des Goncourt [ID D22308]. Sie schreiben über Théophile Gautier, Judith Gautier und Ding Dunling in Neuilly : 17 juillet "Nous le trouvons à table, entouré de son fils et de ses deux filles, croquant en manches courtes les écrevisses d'un grand plat, nous contant le Chinois avec lequel elles ont dîné hier, allant chercher les souliers à la chinoise qu'il leur a donnés, bégayant les mots chinois qu'il leur a dits. On se lève de table, on passe au salon. Les fillettes vous attirent doucement vers des petits coins de meubles et d'intimité... pour vous faire épeler une page de leur grammaire chinoise." |
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3 | 1864 | Judith Gautier schreibt in einem Artikel im Moniteur universel, April 1864 über eine Ausstellung chinesischer Kunst : "Peu de gens avaient eu l'occasion d'admirer une telle profusion de merveilles : porcelaines, jades et pierres précieuses. On en sort ébloui comme si on avait regardé le soleil en face". |
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4 | 1865 |
Goncourt, Edmond de ; Goncourt, Jules de. Journal des Goncourt [ID D22308]. Sie schreiben über Théophile Gautier, Judith Gautier und Ding Dunling : 4 mai "Une drôle de table que celle où nous sommes assis chez Théophile Gautier. Il y a ce soir aux côtés de Flaubert et de Bouilhet un vrai Chinois, avec ses yeux retroussés et sa robe groseille, le professeur de chinois des filles de Gautier." |
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5 | 1867 |
Walter, Judith [Gautier, Judith]. Le livre de jade [ID D12659]. Sekundärliteratur 1867 Brief von Victor Hugo an Judith Gautier. "Le livre de jade est une oeuvre exquise, et laissez-moi vous dire que je vois la France dans cette Chine, et votre albâtre dans cette porcelaine. Vous êtes fille de poète et femme de poète, fille de roi et femme de roi, et reine vous-même. Plus que reine, Muse." 1867 Verlaine, Paul. Le Livre de jade par Judith Walter Comment peut-on être Chinois ? C'est le secret de Judith Walter, pseudonyme transparent sous lequel se dérobe la brillante personnalité d'une jeune femme que recommande au public lettré ce double titre d'être la fille d'un poète illustre et la femme d'un autre poète qui a extrêmement de chances pour rendre bientôt célèbre un nom déjà retentissant parmi le jeune romantisme. Le Livre de Jade, magnifique in-octavo, se présente comme une traduction de différents poètes chinois, et je ne demande pas mieux que de le croire sur parole, quoique çà et là une note bien parisienne, un accent délicatement ironique, dont je soupçonne absolument incapables les lettrés à bouton de cristal du Céleste-Empire, vienne vous avertir qu'évidemment la traduction, puisque traduction il y a, est du moins, très libre. Je ne suis pas versé autant qu'il serait désirable dans la connaissance du langage de Thou-Fou, de Tsé-Tié, de Tchan-Oui, etc. Aussi ne me plaindrai-je pas plus amèrement que de raison de ces apparences d'infidélité au texte, puisque le charme y trouve son compte et que le talent incontestable y supplée la sincérité présumée absente. Qu'on n'aille pourtant pas inférer de là que le Livre de Jade, sous couleur chinoise, est ce que l'on convient d'appeler « un livre parisien. » Il n'est, au contraire, pas possible d'être plus Chinois, dans l'acceptation finement excentrique et poétiquement précieuse du mot, que l'auteur ou le traducteur de ce délicieux ouvrage. Imaginez un Théocrite riverain du fleuve Jaune, avec des bizarreries exquises et des surprises enchanteresses. Par moments aussi, le ton s'élève, et, de la petite idylle toute parfumée de thé, de vin tiède et de fleur de pêcher, passe au tableau de guerre, à la scène pathétique, quelquefois à la pensée profonde, sans toutefois jamais enfreindre les règles que s'est imposées l'auteur, et qui sont la concision pour l'expression, la brièveté quant à la phrase et la discrétion dans les procédés mis en oeuvre. Je ne connais d'analogue à ce livre dans notre littérature que le Gaspard de la nuit de cet à jamais regrettable Aloysius Bertrand. Et encore, si l'on me donnait à choisir, préférerais - je de beaucoup le Livre de Jade pour son originalité plus grande, sa forme plus pure, sa poésie plus réelle et plus intense. Le manque d'espace m'empêche, à mon vif regret, de citer quelques fragments de ce volume qu'il faut lire pour le relire souvent. Le succès en est assuré : Mlle Théophile Gautier, Mme Catulle Mendès, vient d'affirmer là un pseudonyme, Judith Walter, qui rayonnera certainement, bien distinct, entre le nom de son père et celui de son mari. ???? Charles Leconte de Lisle schreibt in einem Brief an José Maria de Heredia über die « poésies pseudo-chinoises de Mme Judith Walter » : « Il va sans dire qu'on ne trouverait rien d'analogue en Chine qui n'est bien décidément qu'un pays bête, ridicule et féroce ». 1889 France, Anatole. La vie littéraire [ID D22324]. "Judith Gautier est la fille du poète était si merveilleusement douée qu'elle écrivit, n'ayant pas vingt ans, un livre parfaitement beau dont le style resplendit d'une pure lumière. Les connaisseurs savent que je veux parler du Livre de Jade, recueil de poèmes en prose, inspirés, si l'on en croit l'auteur, des lyriques de la Chine. Judith Gautier avait appris le chinois à l'âge où les petites demoiselles n'étudient ordinairement que le piano, le crochet et l'histoire sainte. Je doute pourtant qu'elle ait trouvé dans Thou-Fou, Tché-Tsi ou Li-Taï-Pé tous les détails des fins tableaux contenus dans le Livre de Jade; je doute que les poètes du pays de la porcelaine aient connu avant elle cette grâce, cette fleur qui vous charmera dans tel de ces morceaux achevés, qu'on peut mettre à côté des poèmes en prose d'Aloysius Bertrand et de Charles Baudelaire, dans le petit tableau de l'Empereur, par exemple: L'EMPEREUR Sur un trône d'or neuf, le Fils du Ciel, éblouissant de pierreries, est assis au milieu des mandarins; il semble un soleil environné d'étoiles. Les mandarins parlent gravement de graves choses; mais la pensée de l'empereur s'est enfuie par la fenêtre ouverte. Dans son pavillon de porcelaine, comme une fleur éclatante entourée Elle songe que son bien-aimé demeure trop longtemps au conseil et, avec ennui, elle agite son éventail. Une bouffée de parfums caresse le visage de l'empereur. «Ma bien-aimée, d'un coup de son éventail m'envoie le parfum de sa bouche.» Et l'empereur, tout rayonnant de pierreries, marche vers le pavillon de porcelaine, laissant se regarder en silence les mandarins étonnés. Dès lors, Judith Gautier avait trouvé sa forme; elle avait un style à elle, un style tranquille et sûr, riche et placide, comme celui de Théophile Gautier, moins robuste, moins nourri, mais bien autrement fluide et léger.Elle avait son style, parce qu'elle avait son monde d'idées et de rêves. Ce monde, c'était l'Extrême Orient, non point tel que nous le décrivent les voyageurs, même quand ils sont, comme Loti, des poètes, mais tel qu'il s'était créé dans l'âme de la jeune fille, une âme silencieuse, une sorte de mine profonde où le diamant se forme dans les ténèbres. Elle n'eut jamais pleine conscience d'elle-même, cette divine enfant. Gautier, qui l'admirait de toute son âme, disait plaisamment: «Elle a son cerveau dans une assiette.» Judith Gautier a inventé un Orient immense pour y loger ses rêves. Et c'est bien du génie, cela! Sans être grand critique de soi-même, elle a quelque soupçon de ce qu'elle a fait, s'il est vrai, comme on le dit, qu'elle ait toujours montré la plus grande répugnance à voyager en Orient. Elle n'a pas vu la Chine et le Japon; elle a fait mieux: elle les a rêvés et elle les a peuplés des enfants charmants de sa pensée et de son amour." 1903 Gourmont, Rémy de. Promenades littéraires. Série 1. (Paris : Mercure de France, 1913). [Geschrieben 1903]. "Judith Gautier semble, avec Pierre Loti, représenter, dans la littérature française contemporaine, le goût de l'exotisme. A s'en tenir à ses romans, à ses poésies, à ses pièces de théâtre, elle serait plus volontiers chinoise que française ; et non seulement chinoise, mais japonaise aussi, ou persane, ou égyptienne. Son plus beau roman, le Dragon impérial, témoigne d'une connaissance parfaite de la littérature et des moeurs de la Chine, et le Livre de Jade a prouvé aux plus sceptiques que les mystères de la poésie chinoise lui étaient familiers. Non seulement elle lit le chinois, mais elle le parle ; elle l'écrit aussi, habile à manier le pinceau classique et à construire ces petites maisons baroques dont chacune représente pour le lettré un des mots de sa langue. Elle se promène à l'aise parmi ces hiéroglyphes effarants ; si elle emporte en voyage les oeuvres de quelque poète favori, ce sont celles de Ly-y-Hane ou de Li-Taï-Pé, imprimées sur papier d'écorce de mûrier. La Chine fait ses délices." 1904 Gourmont, Rémy de. Judith Gautier. (Paris : Bibliothèque internationale d’édition, 1904). "Lorsque, en 1867, par le Livre de Jade, et en 1869, par le Dragon impérial, la fille aînée de Théophile Gautier débuta dans les lettres, il y eut un mouvement de surprise et presque de révolte. On ne voulait pas croire que cette littérature, si originale et si dédaigneusement impersonnelle, fût l'oeuvre exclusive d’une femme. C'était du Gautier, mais plus pur encore, plus ironique et plus doux, et l'auteur, mariée depuis hier, n’avait pas vingt ans! Mais Judith Gautier, qui dédaignait la gloire, dédaigna bien plus encore de relever ces insinuations; elle continua d'écrire pour son plaisir et pour notre joie." 1918 Waley, Arthur. One hundred and seventy Chinese poems [ID D8884]. Er schreibt in seinen 'Bibliographic notes' über Le livre de jade : "It has been difficult to compare these renderings with the original, for proper names are through-out distorted or interchanged... Such mistakes are evidently due to faulty decipherment of someone else's writing. Nevertheless, the book is far more readable than that of [Hervey-] St. Denys, and shows a wider acquaintance with Chinese poetry on the part of whoever chose the poems. Most of the credit for this selection must certainly be given to Ting Tun-ling, the literatus whom Théophile Gautier befriended. But the credit for the beauty of these often erroneous renderings must go to Mademoiselle Gautier herself." 1952 Hung, William. Tu Fu : China's greatest poet [ID D10264]. "Le livre [de jade] présente quatorze poèmes attibués à Du Fu. Deux d'entre eux sont des traductions plutôt déformées de poèmes authentiques... On peut dire, de ceux qui restent, qu'ils ne reflètent que l'imagination créative d'une talentueuse Dame française de vingt-deuxd ans. Je ne peux trouver ces douze poèmes dans aucun texte chinois, ni parmi les poèmes authentiques ni parmi les pseudo-poèmes de Du Fu." 2000 Luo Xinzhang : The translation of Judith Gautier was far from being perfect since she in fact rewrote the Chinese poems according to her own imagination and own taste. She gives us the impression of having reorganized the essential elements of Chinese poetry with no consideration about Chinese syntax. Chinese poems use vivic pictorial portrayal and concrete language where feelings are never directly expressed. In her translation on the contrary these feelings are explicitly described by the use of adjectives and adverbs or even additional words. The two main characteristics are personalization and expression of feelings. Even so she did manage to catch the authentic essence of the Chinese spirit. La traduction de Judith Gautier est en effet l'un des premiers recueils de poèmes chinois traduits dans une langue occidentale. Le Livre de jade est resté pendant près de trois quarts de siècle une source d'inspiration essentielle pour nombre de poètes occdientaux, alors même que se multipliaient en Europe d'autres traductions de la poésie chinoise classique. Elle a donc fait oeuvre de pionnière, et c'est pourquoi, si imparfaites que soient la plupart de ses traductions, il faut lui reconnaître le mérite de s'être courageusement aventurée dans des chemins nouveaux et d'avoir révélé au public occidental des poètes qui lui étaient totalement inconnus. La poèsie chinoise en effet est faite d'images concrètes, elle donne à voir. Ce n'est pas qu'elle soit dépourvue de lyrisme, mais, au contraire, les sentiments ne sont jamais exprimés directement, ils sont suggérés par le biais d'images ayant valeur de symboles et formant entre elles un véritable code. Par exemple, l'automne évoque la tristesse, les arbres en fleurs l'amour, le vol des oies sauvages la douleur de l'exil, ou encore la pleine lune le désir de réunion des amants séparés. Judith Gautier, sans recourir à des notes, a choisi d'expliciter ces sentiments par le poème lui-même, le plus souvent au moyen d'ajectifs et d'adverbes, parfois aussi par des ajouts explicites. 2002 Maria Rubins : Judith Gautier selected poems by the most acclaimed classical Chinese authors, supplementing them with verse by a few modern writers, including her teacher. She divided the book into seven cycles : Lovers, The moon, Autum, Travelers, Wine, War and Poets. On the most superficial level, the names of many Chinese poets were misspelled, although such mistakes are understandable given that no standard system of transliteration of Chinese existed at the time. Furthermore, many poems were ascribed to the wrong authors. Despite the accolades Judith received from her contemporaries, many scholars have pointed out that she repeatedly violated the strict form and meaning of the texts she translated. Most of these violations were due to her lack of familiarity with Chinese literary canons, insufficient knowledge of the language, the differences between Chinese and French systems of versification, and the contrast between Asian and European discourse at large. When confronted with technical difficulties, Gautier frequently took refuge in her own cultural milieu, from which she borrowed themes and forms of expression, as well as conventions in the representation of China. To some degree, her book smacks of dilettantism, and, in Fusako Hamao's words, Judith created chinoiserie rather than literally translated Chinese verse. On the most superficial level, the names of many Chinese poets were misspelled, although such mistakes are understandable given that no standard system of transliteration of Chinese existed at the time. Furthermore, many poems were ascribed to the wrong authors. (Gautier corrected some of these mistakes in the 1902 edition of The Book of jade.) More importantly, Gautier altered the impersonal tone of Chinese verse, inundating her translations with personal pronouns. A certain degree of grammatical personalization is inevitable in French, but Gautier could have avoided further concretization had she not inserted modifiers, especially color epithets, and other embellishments absent from the original. As a result, Gautier's translations at times collide with the spirit of Chinese poetry, which is elliptical in character and allows for multiple interpretations. Gautier ignores the allusive nature of Chinese poems, which always recall a particular historical event or personage by mentioning places and names. In her translations, she routinely substituted generic words for proper names, avoiding historical, geographical, and cultural allusions that would be incomprehensible to a Western reader and making the texts more general. Finally, Gautier increases the romantic tonality in her translations by dwelling on emotions, which are customarily veiled or merely indirectly suggested in Chinese. Gautier deferred to the demands of French taste. Thus Gautier violated many conventions, unconsciously or not, and Gumilev's translations, twice removed from their Chinese originals, both reproduced their French sourcescomplete with faults and inconsistencies-and altered them to promote an independent poetic agenda. 2004 Yvan Daniel : Judith Gautier ne présentait pas un bibelot exotique, elle imaginait un titre qui est un objet poétique, comme le recueil lui-même. Dans la première édition, elle hésita en effet à présenter l'oeuvre comme une traduction, comme elle s'en expliqua plus trad : « Le Livre de jade fut le résultat de ce bel effort lequel, malgré son acharnement et sa sincérité, ne me rassurait pas complètement sur la véracité des poèmes qui formaient ce petit volume ; aussi n'osait-je pas affirmer qu'ils étaient précisément traduits. Plus tard, j'ai repris Le livre de jade. Je l'ai beaucoup augmenté et sévèrement corrigé et cette fois, j'ai pu le certifier traduit du chinois. » Les contemporains de la première édition négligent la source extrême-orientale pour ne considérer que la créativité de l'auteur. Plus tard, certain sinologues critiquèrent sévèrement les erreurs, les contresens, les infidélités de la traduction ; en dénonçant la 'fantaisie' des textes traduits comparés à leur originaux chinois, ils signalent de fait eux aussi une oeuvre originale, dont les sources sont certainement autant françaises que chinoises. L'auteur a entremêlé des influences et des images d'origines extrêmement diverses, de la Chine classique aux plus récents développements du Parnasse, sans jamais délaisser les grands thèmes lyrique du premier romantisme. Les critiques ne permettent pas d'éclairer les intentions de Judith Gautier, ni se saisir l'originalité et l'intérêt du Livre de jade. Elle n'eut sans doute jamais l'intention de donner à lire une 'traduction' au sens scientifique que nous attribuons à ce terme aujourd'hui. Les transcriptions des noms chinois sont généralement incertaines, car il n'existe pas encore de convention établie dans ce domaine. Cette difficulté dans l'identification des sources rend l'étude de genèse impossible dans de nombreux cas. Pis encore, d'une édition à l'autre, certains noms de poètes varient, sont intervertis, ou leur production devien celle d'auteurs 'inconnus'. Judith Gautier cueille simplemehnt certains poèmes, en fonction de ses propres goûts, de la renommée des auteurs, et certainement des conseils de Ding Dunling. Judith Gautier ne dispose d'aucun modèle littéraire au moment de son travail. Elle a certes lu les Poésies de l'époque des Thang de Léon d'Hervey de Saint-Denys [ID D2216], mais une étude comparée des deux recueils, qui ne possèdent que quelques poèmes en commun, montre que le Livre de jade n'en porte pas les marques. Judith Gautier ne peut donc jamais se référer à des traductions antérieures dans sa propre langue et s'engage ainsi dans une entreprise particulièrement périlleuse. Si l'on examine sans préjugé les textes et leurs originaux, on constate qu'elle choisit tout simplement le plus souvent de consacrer une phrase ou un paragraphe court à la traduction d'un vers, de sorte que la plupart des pièces apparaissent sous la forme de quatre paragraphes pour un quatrain. Les poésies traduites sont ainsi plus développées que les textes originaux chinois, la concision extrême de la langue classique n'étant en effet guère permise en français. Certains scènes, suspendues dans le texte chinois dans une sorte de présent arrêté, deviennent ici de brèves narrations dont la dimension contemplative n'est toutefois pas toujours effacée, comme par exemple dans 'L'escalier de jade' de Li Bo. Bien consciente des insuffisances de la traduction à rendre l'effet d'un texte versifié en sinogrammes, Judith Gautier se montre soucieuse de son lecteur et éclaire son travail de traductrice dans son 'Prélude' : « Pour donner une idée de la versification des Chinois, des ses règles compliquées, de ses raffinements multiples, il faudrait une trop longue étude ». Elle rapproche les règles chinoises de la versification occidentale en indiquant les similitudes, c'est-à-dire le « nombre égal des syllabes, pour former des vers ; la césure ; la rime ; la division en strophes de quatre vers ». Elle repère et traduit des formes plus libres, comme celles que pratique Li Qingzhao dans ses 'ci', en effet fréquemment irréguliers ; elle admire visiblement la liberté poétique et raffinée de cette poétesse quand elle « compose sur des rythmes fantaisistes, ose des innovations singulières, qu'elle réalise avec une maîtrise qui fait pardonner et admirer son audace ». L'édition originale privilégie un accès direct aux textes traduits et les éditions postérieures, malgré leur 'Prélude', se présentent dans le même dépouillement : Judith Gautier, à partir de liens qu'elle sait récent et fragiles, aborde toujours avec prudence l'altérité chinoise. On la dirait soucieuse de mettre en valeur la distance qui sépare l'Occidental de la poésie chinoise, mais sans jamais laisser croire que cette distance est infranchissable. Il est ainsi intéressant de la voir, dans son 'Prélude', considérer la poésie de Du Fu comme « moins chinoise » et dès lors « plus universelle, plus près de nous » - ce poète, d'ailleurs, lui semble pour cette raison plus « aisément » traduisible. Lorsqu'elle présente quelques-uns des poètes les plus connus qu'elle a traduits, elle tisse toute une série de rapprochements et de comparaisons, à travers les temps et les continents. Judith Gautier explique dans son 'Prélude' : « Donc douze siècles avant Orphée, quinze siècles avant David, avant Homère, les poètes chinois chantaient leurs vers en s'accompagnant de la lyre ; et, les seuls, certainement sur toute la surface du monde, presque dans le même langage et sur les mêmes mélodies, ils chantent encore ! » Elle soumet en partie sa traduction, et sans doute aussi son choix de poèmes à traduire, à une certaine représentation de la poésie et du poète, à certains traits de style caractéristiques, qui s'expliquent par l'influence du mouvement parnassien dont elle a vécu le bouillonnement créatif, dans les années 1865-1867. Les trois extraits du Shi jing qui ouvrent Le livre de jade sont apparus dans la deuxième édition : 'Une jeune fille', 'Vengeance' et 'Criminel amour'. Judith Gautier signale à son lecteur qu'il se trouve face à une écriture féminine, celle de 'la poétesse Ly-y-Hane' [Li Qingzhao], à laquelle elle a consacré un long développement dans le 'Prélude'. Six poèmes seulement sont dus à cette femme chinoise de la dynastie des Song, mais on remarque rapidement que de nombreuses autres poésies metten en valeur plusieurs créatures féminines poétiques : simple jeune fille ou femme, princesse, reine, impératrice ouf favorite, Tisseuse Céleste. 2007 Pauline Yu : Gautier noted, that she consulted with Ding Dunling the one dictionary available then : Guignes, Chrétien Louis Joseph de. Dictionnaire chinois, français et latin [ID D1919], but it was of limited utility. Each of the first three editions of Le livre de jade differs substantially from the next. The 1867 volume was the shortest, limited to seventy-one works – from Tang poets, Su Dongpo of the Song dynasty, and Ding Dunling himself. As Gautier recalled later : "It was the result of a noble effort that, despite its tenacity and sincerity, did not entirely assure me of the accuracy of the poems that composed this little volume ; thus, I did not dare affirm that they had been precisely translated." She went on to assert that in 1902 "I added to it considerably and corrected it rigorously, and this time I could attest that it was translated from the Chinese", and she inserted a subtitle to the 1902 and 1908 editions to make this explicit. In 1902 she also added Chinese characters next to the name of each poet, but these were deleted in 1908 because she had evidently realized that many of the attributions were shaky or their representation flawed, for example, were printed upside down on one page, and in other instances names and characters were mismatched. From the 1902 edition on, Le livre de jade contained 110 poems, arranged under eight headings : Lovers, The moon, Travelers, The court, War, Wine, Autumn, and Poets. This topical arrangement appears to have been Gautier's own. While her thematic arrangement may have been the best strategy for dealing with uncertain attributions, it also suggests that she was thinking literarily, unlike her sinological predecessors. The section on lovers contains a number of love and courtship poems from the Shi jing as well as song lyrics by Li Qingzhao (1084 ?-1151), and the concluding section, on poets, appropriately includes some of Du Fu's well-known poems to Li Bo. Throughout the rest of the collection, the recurrence of certain images and scenes – moonlight, flowers, jade, fragrance, music, water, pavilions, wine, and poetry – makes it difficult to determine why a poem belongs in one section rather than another. Barely two-thirds of the poems in the expanded volume can be matched with any certainty to Chinese originals. 'Heu-Yu' starts out as 'Han-Ou' in 1867 and becomes Han Yu in the 1902 edition ; the poem attributed to him appears to be a blend of three by Han Wo (844-923). Gautier's version of six song lyrics by Li Qingzhao, referred to by her alternative names, Ly-y-Hane (Li Yi-an). Her translations of Li's lyrics capture with remarkable effectiveness the emotional anguish and imaginative and linguistic distinctiveness of the originals. Gautier dispensed with almost all the original poem titles and substituted her own. She replaced almost all specific references to person and place with generic terms. More often than not she did not translate an entire poem, usually selecting only the first few lines and sometimes altering their order. While this may simply reflect Gautier's strategy for dealing with what she did not understand, her excisions appear at times intended to make the anthology a more tightly integrated work of art. She frequently interpolated explanations or embellishments of images or allusions into the translation, thus obviating the need for annotations but adding significantly to the length of a line. Gautier's introduction to Le livre de jade reveals her awareness of the important role poetry played in the Chinese civil service examination and in the moral and political lives of poets, but she selected and modified poems to attune them more closely to a Parnassian ideal of detachment that in fact had little traction in the Chinese poetic tradition. |
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6 | 1869 |
Gautier, Judith. Le dragon impérial [ID D22202]. Liberté ; 27 mai (1868). "Nous achevons ce soir la publication du Dragon impérial, dont le succès a grandi chaque jour, grâce à la violence dramatique de l'action, à l'étrangeté hardie des caractères, à la splendeur des descriptions, à la beauté du style. Ce roman marque la place de Mme Judith Mendès parmi nos premiers romanciers." 1869 Brief von Victor Hugo an Judith Gautier. "J'ai lu votre Dragon impérial. Quel art puissant et gracieux que le vôtre ! Cette poésie de l'extrême orient, vous en avez l'âme en vous, et vous en mettez le souffle dans vos livres. Aller en Chine, c'est presque aller dans la lune. Vous nous faites faire ce voyage sidéral. On vous suit avec extase et vous fuyez dans le bleu profond du rêve, ailée et étoilée. Agréez mon admiration." 1872 Goncourt, Edmond de ; Goncourt, Jules de. Journal des Goncourt [ID D22308]. "Puis il [Théophile Gautier] me prend à part et me parle longtemps et amoureusement du Dragon impérial et de sa fille. On sent qu'il est fier d'avoir créé cette cervelle... Et, ajoute-t-il, elle s'est créée, elle s'est faite toute seule, on l'a élevée comme un petit chien, qu'on laisse courir sur la table, personne, pour ainsi dire, ne lui a appris à écrire." 1889 France, Anatole. La vie littéraire [ID D22324]. "Son premier roman, je devrais dire son premier poème (car ce sont là vraiment des poèmes) est le Dragon impérial, un livre tout brodé de soie et d'or, et d'un style limpide dans son éclat. Je ne parle pas des descriptions qui sont merveilleuses. Mais la figure principale, qui se détache sur un fond d'une richesse inouïe, le poète Ko-Li-Tsin, a déjà ce caractère de fierté sauvage, d'héroïsme juvénile, de chevalerie étrange, que Judith Gautier sait imprimer à ses principales créations et qui les rend si originales. L'imagination de la jeune femme est cruelle et violente dans cette première oeuvre, mais elle a déjà et définitivement cette chasteté fière et cette pureté romanesque qui l'honorent." Ida Merello : Le dragon impérial rappresenta l'esordio nelle narrative di Judith Gautier, e dimostra una profonda documentazione degli usi e costumi cinese da parte dell'autrice, accompagnata da un’intima adesione alla mentalità orientale. Tale abilità e competenza in un’opera prima dovevano certamente non poco alle caratteristiche dell'ambiente paterno, in cui erano venute formandosi la vocazione esotica e la vena stilistica della scrittrice. |
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7 | 1879 |
Gautier, Judith. Les peuples étranges [ID D21861]. Sie schreibt : "En Chine la poésie c'est la clé magique qui ouvre toutes les portes, la marque de noblesse devant laquelle se courbent les front les plus hautains, le privilège céleste qui rend inviolable celui à qui il a été confié. L'Empereur lit-il les vers d'un grand poète ? Il est tout à coup transporté de joie, il s'informe de celui qui lui a procuré un si nobel plaisir, lui confie les postes les plus enviés, lui ouvre son palais, et, lorsqu'il entre, descend de son trône et le reçoit debout. L'Empire du Milieu est le paradis des poètes." "Le Chi-king (Livre des vers) [Shi jing] contient une partie de ces poêmes primitifs. Mais on se demande avec surprise et regret pourquoi le grand Confucius qui a rassemblé pour les sauver de l'oubli ces épaves précieuses, n'a conservé que trois cent cinq chants des trois mille qu'il avait en sa possession. Pourquoi imposer silence à la plupart de ces voix anciennes et les empêcher d'arriver jusqu'à nous ? Sans doute le grave philosophe n'a voulu rendre immortels que les poêmes ayant une portée morale et historique, il a replongé impitoyablement dans l'abîme tout ce qui était seulement descriptif, lyrique ou passionné." |
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8 | 1903 |
Judith Gautier schreibt über das chinesische Fest im Hause von Pierre Loti : "L'impératrice actuelle, la vraie, celle dont on ne prononce pas le nom et que l'on ne désigne que par ses titres, est présente à cette fête sous la forme d'une bannière de soie jaune sur laquelle sont reproduits quatre vers écrits par elle. Quand 'l'Impératrice' s'est retirée, les invités circulent dans la demeure, prenant plaisir à traverser le jardin illuminé, ou à se glisser, si on peut en trouver le chemin, vers la fumerie d'opium ; là des fumeurs couchés sur des divans aspirent et soufflent l'épaisse et odorante fumée bleue du bienfaisant poison, s'engourdissent, s'enfuient dans le rêve. On sert aussi toutes les sortes exquises de thé." Guillemette Tison : Sa relique la plus précieuse est une paire de chaussures de l'Impératrice Cixi. Ces objets encombrants et précieux, volés dans une chambre du palais impérial, rapportés en cachette sous le manteau d'uniforme de son domestique figureront dans la salle chinoise de sa maison. Cette pièce a aujourd'hui disparu, mais il nous en reste quelques documents photographiques, qui montrent la place importante donnée à un trône laqué rouge et or, à des paravents de miroirs. L'inauguration de la salle chinoise de Rochefort fut l'occasion d'une grande fête comme Loti aimait en organiser, une fête chinoise, dont Judith Gautier, qui fut parmi les invités, a écrit une relation précise. Les invités, priés de venir habillés à la chinoise, ou à la rigueur à la japonaise, purent admirer un cortège de musiciens et de gardes somptueusement vêtus qui précédaient 'l'Impératrice'. Cixi en personne n'était pas forcément au courant de cette fête, mais l'Ambassade de Chine à Paris était représentée par deux dignitaires. |
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9 | 1903-1904 |
Gautier, Judith ; Loti, Pierre. La fille du ciel [ID D22189]. Korrespondenz von Judith Gautier und Pierre Loti über La fille du ciel und Sarah Bernhardt : 1903 Pierre Loti schreibt an Judith Gautier : "Madame amie, Vous devez bien maudire votre collaborateur ! J'ai tant travaillé que voici ma Perse à peu près finie et je pourrai me mettre à la Fille du Ciel une quizaine de jours plus tôt que je ne prévoyais, vers le 15 ou le 20 janvier. Pour la fin de février, je puis avoir tout terminé ; vous ne vous imaginez pas comme je travaille quand je m'y mets. Et j'ai à bord un copiste parfait... Donc, travaillez bien et ne vous fâchez pas, et ne gardez pas ce farouche silence." Judith Gautier : "Comme vous êtes méchant ! Tout marchait comme sur du velours, malgré la distance, et pour une petite divergence vous vous fâchez tellement !... Quand pourra-t-on vous dire : 'A bientôt' et se disputer de près, ce qui sera alors charmant ?" "Vous devriez bien empoigner le 4e acte, le coupage des têtes et les matlots (vous pensez bien que je n'écrirai pas un mot du dialogue de ces derniers) en me laissant dans l'acte tout ce qui ne vous amuserait pas à faire." Pierre Loti : " ... les matelots, par exemple, ils m'assomment, ceux-là, ils arrivent comme des cheveux dans une soupe ; nous tomberons dans la pantomime de cirque, si nous fourrons les matelots là-dedans. Plus j'y pense, plus je suis pour les lâcher. En y pensant je ne veux rien envoyer à Sarah sans passer par vous ; c'est vous qui lui porterez ces deux premiers actes recopiés. D'ailleurs, ils sont de vous. Je n'ai fait que donner un peu plus de vis (du moins, il m'a semblé) au dialogue, rectifier quelques petites gaucheries (à mon avis du moins). J'insiste pour que vous fassiez bien vite ce 2e tableau du 1er, et les vers de l'empereur." 1904 Pierre Loti : "Voici assez longtemps qu'elle [Sarah Bernhadt] se fiche de nous. Impossible de lui soutirer, fors de l'eau bénite de cour, quelque chose de positif, une date même approximative." Judith Gautier : "Le traîté le plus solennel avec elle n'a aucune valeur. Mon beau-frère Bergerat en avait un enregistré, avec dédit ; elle s'est assise dessus et na rien payé. Mon impression est que si nous n'apportons pas une grosse somme, elle ne songera même pas à nous jouer. Avez-vous des Mécènes parmi vos amis ? Moi pas..." Agnès de Noblet : La pièce chinoise avait été commandée 1903 par Sarah Bernhardt à Pierre Loti. Le scénario est discuté, critiqueé, modifié. D'un commun accord, on abandonne les matelots demandés par Sarah et qui n'inspiraient guère Judith. La pièce ce trouve achevée au printemps 1904. Judith a porté elle-même le manuscrit chez Sarah. Un écho du Figaro indique que le drame chinois en six tableaux 'a été remis hier à la grande artiste pour qui il a été écrit et qui le jouera la saison prochaine'. Sarah demandes de corrections, de remaniements, de dérobades en faux-fuyants. Les auteurs doivent se résigner à ne jamais voir leur pièce vivre aux feux de la rampe. Or, tout espoir abandonné, voici que l'Amérique manifeste son intérêt. |
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10 | 1912 |
Gautier, Judith ; Loti, Pierre. La fille du ciel [ID D22189]. Pierre Loti nimmt 1912 an der Aufführung von La fille du ciel = The dauther of heaven im Century Theatre in New York teil. Sie schreiben im Vorwort : "Des rumeurs, mais combien contradictoires, couraient sur la personnalité de cet invisible empereur Kouang-Su, gardé en tutelle, comme captif au fond de ses palais, et si inconnu de tous. Les uns le diaient bienveillant, lettré, curieux de choses modernes. Les autres le représentaient comme faible d'esprit et de corps, livré à tous les excès et incapable d'agir." Loti schreibt 1912 im Journal intime : Vendredi 25 avril Rochefort. Déjeuner dans la grande salle pour les Américains qui montent la Fille du Ciel. – Et me font promettre de partir à l'automne pour New Yorik. Mardi 14 mai Rochefort. Le soir arrivent les sept américains qui veulent m'entraîner à New York, pour la Fille du Ciel. Mercredi 15 mai Ils déjeunent chez moi, tous les sept, passent la journée à dessiner des décors, des costumes. Dans le salon bleu, je leur lis le nouveau 1er tableau de la pièce, qui les ravit. Le soir, ils s'en vont, je retrouve la solitude et la paix." Er schreibt später : "J'ai accepté de me rendre à New York pour les répétitions et je tiendrai parole, bien que la traversée de l'Atlantique sur un bâtiment du commerce ne me sourit guère. J'ai été habitué à avoir mon équipage autour de moi, sur mon bateau à moi, et je me sentirai terriblement solitaire sur ce vapeur inconnu." Loti ergänzt am Schluss des Stückes, wie der Kaiser seinen Traum ausdrückt : "Mes ancêtres ont gouverné par la conquête et la terreur ; je gouvernerai, moi, par la concorde et par l'amour. Et alors finiront ces haines de trois siècles, qui ont fait couler des fleuves des sang. Et, uni à jamais, par nos deux personnes fondues en une seule, Chinois et Tartares ne formeront plus qu'un mêeme grand peuple, guidé par une même tête... Courons vers la vie, courons vers la lumière !" Loti commente le travail au Century Theatre : "Aux répétitions de La fille du ciel qui occupent mes journées, la féerie commence à se dessigner... Des cigognes et des paons réels se promênent sur des pelouses jonchées – parce que cela se passe au printemps – de milliers de pétales qui ont dû tomber des branches comme une pluie. Là, aux rayons d'un clair soleil artificiel, je vois revivre, chatoyer, tous les étranges et presque chimériques atours de soie et d'or copiés sur de vieilles peintures que j'ai rapportées, ou sur des costumes réels que j'ai exhumés naguère de leur cachettes au fond du palais de Pékin." Loit commente la première de La fille du ciel de samedi 12 octobre : "Maintenant la toile tombe ; c'est fini ; ce théâtre ne m'intéresse plus. Une pièce qui a été jouée, un livre qui a été publié, deviennent soudain, en moins d'une seconde, des choses mortes... J'entends des applaudissements et de stridents sifflets (contrairement à ce qui se passe chez nous, les sifflets, à New York, indiquent le summun de l'approbation). On m'appelle sur la scène, on me prie d'y paraître, et j'y reparais cinq ou six fois, tenant par la main la Fille du Ciel, qui est tremblante encore d'avoir joué avec toute son âme. Une impression étrange, que je n'attendais pas : aveuglé par les feux de la rampe, je perçois la salle comme un vaste gouffre noir, où je devine plutôt que je ne distingue les quelques centaines de personnes qui sont là, debout pour acclamer. Je suis profondément touché de la petite ovation imprévue, bien que j'arrive à peine à me persuader qu'elle m'est adressée. Et puis me voici reparti déjà pour de nouveaux ailleurs. J'étais venu à New York pour voir la matérialisation d'un rêve chinois, fait naguère en communion avec Mme Judith Gautier. J'ai vu cette matérialisation ; elle a été splendide. Maintenant que mon but est rempli, ce rêve tombe brusquement dans le passé, s'évanouit comme après un réveil, et je m'en détache...". Agnès de Noblet : George C. Tyler, directeur général de la Liebler Cie, avec Hugh Ford, producteur, et le peintre Edouard Morange, metteur en scène, l'état-major au complet. Ils travaillent sur une adaptation anglaise du texte par Mrs George Egerton, à laquelle d'aucuns reprocheront platitude et lourdeur, manque de lyrisme. Guillemette Tison : A partir de l'art, et de l'histoire, Loti se passionne aussi pour le riche passé de la Chine, dont il admire les traditions. On le voit dans La fille du ciel. "L’action se passe de nos jours, en Chine" écrivent les auteurs qui imaginent que sous le règne de l'empereur Kouang-Su [Guangxu], des Chinois révoltés contre les Mandchous ont proclamé à Nanjing un autre empereur, descendant des Ming. La pièce se passe au moment où, après la mort de cet empereur, sa fille est sacrée régente. Au cours des cérémonies, l'empereur de la Chine du Nord, Kouang-Su, s'introduit secrètement à Nanjing. |
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# | Year | Bibliographical Data | Type / Abbreviation | Linked Data |
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1 | 1864-1865 |
Walter, Judith [Gautier, Judith]. Variations sur des thèmes Chinois d'après des poésies de Li-taï-pé, Thou-fu, Tan-jo-su, Houan Tchan-lin, Haon-ti. In : L'artiste ; 15 jan. (1864). Walter, Judith [Gautier, Judith]. Variations sur des thèmes Chinois d'après des poésies de Su-Tchou, Sou-Ton-Po, Thou-Fou, Li-Taï-Pé et Kouan-Tchan-Lin. In : L'artiste ; 1er juin (1865). |
Publication / GauJ8 |
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2 | 1867 | Walter, Judith [Gautier, Judith]. Le livre de jade = Pih yuh she shoo. (Paris : Alphonse Lemerre, 1867). [Le livre de jade : poésies traduites du chinois. 2. Aufl. (Paris : F. Juven, 1902) ; Nouv. éd. considérablement augmentée et ornée de vignettes et de gravures d'après les artistes Chinois. (Paris : [s.n.], 1908)]. [Deutsche Übersetzung 1873, italienische Übersetzung 1882, portugiesische Übersetzung 1890, englische und russische Übersetzung 1918]. | Publication / Gaut3 |
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3 | 1869 | Gautier, Judith. Le dragon impérial : roman chinois. (Paris : A. Lemerre, 1869). In : La Liberté ; 23 mars-27 mai (1868). | Publication / Gaut4 |
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4 | 1873 | Chinesische Lieder aus dem Livre de jade von Judith Mendès. In das Deutsche übertragen von Gottfried Böhm. (München : Theodor Ackermann, 1873). Übersetzung von Walter, Judith [Gautier, Judith]. Le livre de jade. (Paris : Alphonse Lemerre, 1867). | Publication / Böhm1 |
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5 | 1879 |
Gautier, Judith. Les peuples étranges. (Paris : Charpentier, 1879). |
Publication / GauJ2 |
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6 | 1904 | Gautier, Judith. Le paravent de soie et d'or. (Paris : Charpentier et Fasquelle, 1904). [Chinesische Novellen]. | Publication / GauJ4 |
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7 | 1911 | Gautier, Judith. Les beaux voyages : en Chine : merveilleuses histoires. Préface de Jean Aicard. (Vincennes : Les artes graphiques, 1911). | Publication / Gaut1 |
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8 | 1911 |
Gautier, Judith ; Loti, Pierre. La fille du ciel : drame chinois. In : Revue des deux-mondes ; 15 mars, 1er avril, 15 avril, 1er mai (1911). = (Paris : Calmann-Lévy, 1911). [Geschrieben 1903-1904]. http://www.archive.org/details/lafilleducieldra00gautuoft. |
Publication / GauJ3 | |
9 | 1918 | Gautier, Judith. Chinese lyrics : from The book of jade. Transl. from the French of Judith Gautier by James Whitall. (New York, N.Y. : B.W. Huebsch, 1918). | Publication / WhiJ1 | |
10 | 2004 | Gautier, Judith. Le livre de jade. Présentation, notices et bibliographie Yvan Daniel. (Paris : Imprimerie nationale, 2004). (La salmandre). | Publication / GauJ10 |
# | Year | Bibliographical Data | Type / Abbreviation | Linked Data |
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1 | 1867 |
Verlaine, Paul. Le livre de jade de Judith Walter. In : Verlaine, Paul. Oeuvres posthumes de Paul Verlaine II. (Paris : A. Meissein, 1913). http://ia301503.us.archive.org/3/items/oeuvresposthumes02verluoft/oeuvresposthumes02verluoft.pdf. |
Publication / Verl1 |
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2 | 1882 | Il libro di Giada Po Yü Shih shu : echi dall'estremo Oriente, recati in versi italiani secondo la lezione di Mma J. Walter da Tullo Massarani. (Firenze : Le Monnier, 1882). Übersetzung von Walter, Judith [Gautier, Judith]. Le livre de jade = Pih yuh she shoo. (Paris : Alphonse Lemerre, 1867). | Publication / MasT1 | |
3 | 1984 | Noblet, Agnès de. "La fille du ciel", de Pierre Loti et Judith Gautier : New York, 1912. In : Revue Pierre Loti ; année 5, no 17 (jan.-mars 1984). | Publication / Loti12 | |
4 | 1991 | Merello, Ida. Due romanzi all'ombra del Parnasse : "Le dragon impérial" et "Iskender" di Judith Gautier. In : Studi francesi ; vol. 35 (1991). | Publication / GauJ7 |
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5 | 2000 | Luo, Xinzhang. Judith Gautier et son 'Livre de jade'. In : East-West dialogue ; vol. 4, no 2 ; vol. 5, no 1 (2000). | Publication / GauJ5 |
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6 | 2002 |
Rubins, Maria. Dialogues across cultures : adaptations of Chinese verse by Judith Gautier and Nikolai Gumilev. In : Comparative literature ; vol. 54, no 2 (2002). http://findarticles.com/p/articles/mi_qa3612/is_200204/ai_n9026842/pg_13/. |
Web / Gaut10 |
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7 | 2007 | Yu, Pauline. "Your alabaster in this porcelain" : Judith Gautier's "Le livre de jade". In : PMLA : Publication of the Modern Language Association of America ; vol. 122, no 2 (2007). = Yu, Pauline. Travels of a culture : Chinese poetry and the European imagination. In : Proceedings of the American Philosophical Society ; vol. 151, no 2 (2007). | Publication / GauJ6 |
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