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“"La fille du ciel", de Pierre Loti et Judith Gautier : New York, 1912” (Publication, 1984)

Year

1984

Text

Noblet, Agnès de. "La fille du ciel", de Pierre Loti et Judith Gautier : New York, 1912. In : Revue Pierre Loti ; année 5, no 17 (jan.-mars 1984). (Loti12)

Type

Publication

Mentioned People (2)

Gautier, Judith  (Paris 1845-1917 Saint Enogat) : Schriftstellerin, Dichterin, Dramatikerin

Loti, Pierre  (Rochefort 1850-1923 Hendaye) : Schriftsteller, Dramatiker, Marineoffizier

Subjects

Literature : Occident : France / References / Sources

Chronology Entries (2)

# Year Text Linked Data
1 1903-1904 Gautier, Judith ; Loti, Pierre. La fille du ciel [ID D22189].
Korrespondenz von Judith Gautier und Pierre Loti über La fille du ciel und Sarah Bernhardt :
1903
Pierre Loti schreibt an Judith Gautier : "Madame amie, Vous devez bien maudire votre collaborateur ! J'ai tant travaillé que voici ma Perse à peu près finie et je pourrai me mettre à la Fille du Ciel une quizaine de jours plus tôt que je ne prévoyais, vers le 15 ou le 20 janvier. Pour la fin de février, je puis avoir tout terminé ; vous ne vous imaginez pas comme je travaille quand je m'y mets. Et j'ai à bord un copiste parfait... Donc, travaillez bien et ne vous fâchez pas, et ne gardez pas ce farouche silence."
Judith Gautier : "Comme vous êtes méchant ! Tout marchait comme sur du velours, malgré la distance, et pour une petite divergence vous vous fâchez tellement !... Quand pourra-t-on vous dire : 'A bientôt' et se disputer de près, ce qui sera alors charmant ?"
"Vous devriez bien empoigner le 4e acte, le coupage des têtes et les matlots (vous pensez bien que je n'écrirai pas un mot du dialogue de ces derniers) en me laissant dans l'acte tout ce qui ne vous amuserait pas à faire."
Pierre Loti : " ... les matelots, par exemple, ils m'assomment, ceux-là, ils arrivent comme des cheveux dans une soupe ; nous tomberons dans la pantomime de cirque, si nous fourrons les matelots là-dedans. Plus j'y pense, plus je suis pour les lâcher. En y pensant je ne veux rien envoyer à Sarah sans passer par vous ; c'est vous qui lui porterez ces deux premiers actes recopiés. D'ailleurs, ils sont de vous. Je n'ai fait que donner un peu plus de vis (du moins, il m'a semblé) au dialogue, rectifier quelques petites gaucheries (à mon avis du moins). J'insiste pour que vous fassiez bien vite ce 2e tableau du 1er, et les vers de l'empereur."
1904
Pierre Loti : "Voici assez longtemps qu'elle [Sarah Bernhadt] se fiche de nous. Impossible de lui soutirer, fors de l'eau bénite de cour, quelque chose de positif, une date même approximative."
Judith Gautier : "Le traîté le plus solennel avec elle n'a aucune valeur. Mon beau-frère Bergerat en avait un enregistré, avec dédit ; elle s'est assise dessus et na rien payé. Mon impression est que si nous n'apportons pas une grosse somme, elle ne songera même pas à nous jouer. Avez-vous des Mécènes parmi vos amis ? Moi pas..."

Agnès de Noblet : La pièce chinoise avait été commandée 1903 par Sarah Bernhardt à Pierre Loti. Le scénario est discuté, critiqueé, modifié. D'un commun accord, on abandonne les matelots demandés par Sarah et qui n'inspiraient guère Judith.
La pièce ce trouve achevée au printemps 1904. Judith a porté elle-même le manuscrit chez Sarah. Un écho du Figaro indique que le drame chinois en six tableaux 'a été remis hier à la grande artiste pour qui il a été écrit et qui le jouera la saison prochaine'. Sarah demandes de corrections, de remaniements, de dérobades en faux-fuyants. Les auteurs doivent se résigner à ne jamais voir leur pièce vivre aux feux de la rampe. Or, tout espoir abandonné, voici que l'Amérique manifeste son intérêt.
2 1912 Gautier, Judith ; Loti, Pierre. La fille du ciel [ID D22189].
Pierre Loti nimmt 1912 an der Aufführung von La fille du ciel = The dauther of heaven im Century Theatre in New York teil.
Sie schreiben im Vorwort : "Des rumeurs, mais combien contradictoires, couraient sur la personnalité de cet invisible empereur Kouang-Su, gardé en tutelle, comme captif au fond de ses palais, et si inconnu de tous. Les uns le diaient bienveillant, lettré, curieux de choses modernes. Les autres le représentaient comme faible d'esprit et de corps, livré à tous les excès et incapable d'agir."
Loti schreibt 1912 im Journal intime :
Vendredi 25 avril
Rochefort. Déjeuner dans la grande salle pour les Américains qui montent la Fille du Ciel. – Et me font promettre de partir à l'automne pour New Yorik.
Mardi 14 mai
Rochefort. Le soir arrivent les sept américains qui veulent m'entraîner à New York, pour la Fille du Ciel.
Mercredi 15 mai
Ils déjeunent chez moi, tous les sept, passent la journée à dessiner des décors, des costumes. Dans le salon bleu, je leur lis le nouveau 1er tableau de la pièce, qui les ravit. Le soir, ils s'en vont, je retrouve la solitude et la paix."

Er schreibt später : "J'ai accepté de me rendre à New York pour les répétitions et je tiendrai parole, bien que la traversée de l'Atlantique sur un bâtiment du commerce ne me sourit guère. J'ai été habitué à avoir mon équipage autour de moi, sur mon bateau à moi, et je me sentirai terriblement solitaire sur ce vapeur inconnu."

Loti ergänzt am Schluss des Stückes, wie der Kaiser seinen Traum ausdrückt :
"Mes ancêtres ont gouverné par la conquête et la terreur ; je gouvernerai, moi, par la concorde et par l'amour. Et alors finiront ces haines de trois siècles, qui ont fait couler des fleuves des sang. Et, uni à jamais, par nos deux personnes fondues en une seule, Chinois et Tartares ne formeront plus qu'un mêeme grand peuple, guidé par une même tête... Courons vers la vie, courons vers la lumière !"

Loti commente le travail au Century Theatre : "Aux répétitions de La fille du ciel qui occupent mes journées, la féerie commence à se dessigner... Des cigognes et des paons réels se promênent sur des pelouses jonchées – parce que cela se passe au printemps – de milliers de pétales qui ont dû tomber des branches comme une pluie. Là, aux rayons d'un clair soleil artificiel, je vois revivre, chatoyer, tous les étranges et presque chimériques atours de soie et d'or copiés sur de vieilles peintures que j'ai rapportées, ou sur des costumes réels que j'ai exhumés naguère de leur cachettes au fond du palais de Pékin."

Loit commente la première de La fille du ciel de samedi 12 octobre : "Maintenant la toile tombe ; c'est fini ; ce théâtre ne m'intéresse plus. Une pièce qui a été jouée, un livre qui a été publié, deviennent soudain, en moins d'une seconde, des choses mortes... J'entends des applaudissements et de stridents sifflets (contrairement à ce qui se passe chez nous, les sifflets, à New York, indiquent le summun de l'approbation). On m'appelle sur la scène, on me prie d'y paraître, et j'y reparais cinq ou six fois, tenant par la main la Fille du Ciel, qui est tremblante encore d'avoir joué avec toute son âme. Une impression étrange, que je n'attendais pas : aveuglé par les feux de la rampe, je perçois la salle comme un vaste gouffre noir, où je devine plutôt que je ne distingue les quelques centaines de personnes qui sont là, debout pour acclamer. Je suis profondément touché de la petite ovation imprévue, bien que j'arrive à peine à me persuader qu'elle m'est adressée. Et puis me voici reparti déjà pour de nouveaux ailleurs. J'étais venu à New York pour voir la matérialisation d'un rêve chinois, fait naguère en communion avec Mme Judith Gautier. J'ai vu cette matérialisation ; elle a été splendide. Maintenant que mon but est rempli, ce rêve tombe brusquement dans le passé, s'évanouit comme après un réveil, et je m'en détache...".

Agnès de Noblet : George C. Tyler, directeur général de la Liebler Cie, avec Hugh Ford, producteur, et le peintre Edouard Morange, metteur en scène, l'état-major au complet. Ils travaillent sur une adaptation anglaise du texte par Mrs George Egerton, à laquelle d'aucuns reprocheront platitude et lourdeur, manque de lyrisme.

Guillemette Tison : A partir de l'art, et de l'histoire, Loti se passionne aussi pour le riche passé de la Chine, dont il admire les traditions. On le voit dans La fille du ciel.
"L’action se passe de nos jours, en Chine" écrivent les auteurs qui imaginent que sous le règne de l'empereur Kouang-Su [Guangxu], des Chinois révoltés contre les Mandchous ont proclamé à Nanjing un autre empereur, descendant des Ming. La pièce se passe au moment où, après la mort de cet empereur, sa fille est sacrée régente. Au cours des cérémonies, l'empereur de la Chine du Nord, Kouang-Su, s'introduit secrètement à Nanjing.
  • Document: Les écrivains français du XXe siècle et la Chine : colloque internationale de Nanjin 99' = 20 shi ji Faguo zuo jia yu Zhongguo : 99' Nanjing guo ji xue shu yan tao hui. Etudes réunies par Christian Morzewski et Qian Linsen. (Arras : Artois presses Université, 2001). (Lettres et civilisations étrangères).
    20世紀法國作家與中國 99'南京国际学朮硏讨会 S. 65-66. (Morz, Publication)
  • Person: Gautier, Judith
  • Person: Loti, Pierre

Cited by (1)

# Year Bibliographical Data Type / Abbreviation Linked Data
1 2000- Asien-Orient-Institut Universität Zürich Organisation / AOI
  • Cited by: Huppertz, Josefine ; Köster, Hermann. Kleine China-Beiträge. (St. Augustin : Selbstverlag, 1979). [Hermann Köster zum 75. Geburtstag].

    [Enthält : Ostasieneise von Wilhelm Schmidt 1935 von Josefine Huppertz ; Konfuzianismus von Xunzi von Hermann Köster]. (Huppe1, Published)