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Year

1902.9

Text

Loti, Pierre. Les derniers jours de Pékin [ID D2674]. (9)
Sekundärliteratur
1902
H.L. Paris lettres : Pierre Loti's Les derniers jours de Pékin. In : Academy and Literature ; 62 (1902). [Rezension].
"M. Pierre Loti's new book ist not, perhaps, a very valuable addition to the pile of literature raised round the recent conflict between Europe and China ; but, if not documentary, it is interesting as a piece of serious impressionism. Its essential note is pity for an ancient race at war with modern progress, and though the writer is a French naval officer, proud of his profession and his country, he can see that there is something to be said for China too, against her coalesced enemies. The descriptive part of the book ist, of course, charming. Pierre Loti may be relied on in the midst of all that is old, odd, quaint and melancholy to give it a form of delicate enchantment, writing with a sigh at the end of his witching pen. For his is the witchery of form, the witchery of reverie, the witchery of colouring and incongruous contrasts. He seizes the essential sadness of things, the mortuary charm of the past, the lived, the evanescence of each mood and moment, as no other writer has ever done."

1988
Funaoka Suetoshi : Dans Les derniers jours de Pékin, il y a quelques erreurs dans les explications historiques et géographiques, des exagérations, et même des inventions pour faire plaisir aux lecteurs. Il s'agit, d'abord, d'une 'chambre abandonnée' dans la Ville interdite où, d'après Loti, avait été enfermé l'empereur. Là, il nous semble avoir inventé une historie ; d'ailleurs, Loti ne mentionne rien sur cette chambre dans son journal intime. De plus, la description de l'empereur nous semble exagérée dans l'intention d'exciter la curiosité des lecteurs. Il est très curieux aussi que Loti représente l'Impératrice de soixante-cinq ans comme une femme affable, rêveuse et amoureuse, alors qu'elle a laissé, en réalité, la mauvaise réputation d'un despote dans l'histoire de Chine. Deuxièmement, les tombeau des empereurs qu'il visita ne sont autres, d'après la description, que le Mausolée de l'Ouest ; mais le Tombeau de l'Impératrice n'y est pas : il se trouve en fait dans le Mausolée de l'Est. Il y a d'autres petites incorrections et exagérations ; mais dans l'ensemble, ce livre est un reportage très intéressant qui nous montre la vie en Chine sous ses divers aspects : la ville et la campagne ; toutes sortes d'habitants : princes, mandarins, commerçants et paysans ; les moeurs et les habitudes particulières ; le climat, la nature et les sites, sans parler des villes et de villages détruits par la guerre.


1996
Yvonne Y. Hsieh : Pierre Loti not only did visit the private quarters of the Emperor and Empress Dowager in the Forbidden City, he himself stayed in a palace inside the Imperial City. He came first, Oct.-Nov. 1900, to carry despatches to carry despatches to the French Legation in Beijing, later, May 1901, to represent Pottier at the funeral of a German officer who had perished in an accidental fire. His literary reputation served him well in a country where men of letters were greatly respected, entitling him to lavish receptions among Chinese dignitaries, and even securing him an interview with Li Hongzhang. As an officer, he was free to move in and out of the city, to visit palaces, temples, and imperial mausoleums.
The book seems to fluctuate perpetually between two opposing tendencies which have characterized Europe's view of China over several centuries, ranging from the sinophilic to the sinophobic. Passages which humanize the Chinese and present them as victims of both the fanatic Boxers and the foreign invaders are counterbalanced not only by vivid descriptions of Boxer atrocities but also by statements alleging the innate cruelty of the entire Chinese race. Passages praising the magnificence of Chinese art and architecture, much of which no European had been allowed to see before, are often juxtaposed with scenes evoking the horror and 'monstrosity' of decorative motifs produced by the perverted Chinese imagination.
Throughout the book, he consistently refers to the sculpted animals as 'monsters', be they stone lions, dragons and phoenixes sculpted on walls, beams and ceilings of palaces ; or mythic beasts perched atop tiled roofs and triumphal archers. The dragon is the symbol of the Emperor, the phoenix, that of the Empress. Loti is fully convinced of the 'nightmarish' nature of the Chinese mind. He repeatedly refers to the presence of 'barbarian' soldiers in such sacred precincts as the Imperial City, the Temple of Heaven, or the imperial mausoleums as an act of 'profanation'. And nowhere in Les dernier jours de Pékin, does Loti imply that the Western presence in China is beneficial to the Chinese. He does not identify with the colonialist ideology of the French government or believe in the white man's civilizing mission. He opposes the imposition of Occidental values and systems on non-European countries, and believes firmly in preserving indigenous cultures and traditions.
Loti's admiration for the Chinese is almost exclusively based on his appreciation of their art. Notwithstanding his frequent outbursts over the strangeness of its forms, it is clear that the most satisfactory part of his experience in China was his exposure to Chinese art, much of which had never been seen by Europeans before. He admires the exquisite workmanship of the art objects, many of which have unfortunately been plundered or destroyed by the invading soldiers : artificial bouquets carved in agate, jade, coral, lapis lazuli ; blue pagodas and landscapes made from kingfisher feathers or carved in icory with thousands of little figures. He recognizes that Chinese painting is in no way inferior to its Western counterpart, although it must be judged by entirely different criteria. During a visit to the Palace of Ancestors, the temple for deceased emperors, he discovers collections of ancient paintings stowed away in huge cupboards.
Pierre Loti described the man in the street, the eunuchs in the palace, looters, peasants, provinical mandarins who offered him hospitality, and acrobats who provided the entertainment, but obviously was never on initmate terms with any of them.
He describes the Chinese crew hired to tow his junk as 'ragged, dirty, with stupid and ferocious faces'. The Chinese proletarians who according to Loti played a larger role in the destruction of Beijing than the foreign soldiers, have 'small, bad, squinting eyes'. Loti characterize the Chinese as inscrutable, sadistic and ferocious, as well as good-natured, child-like and trusting.
There is no contradiction between Loti's absolute loyalty to the French Navy, and his opposition to the French government's imperialistic ambitions and colonial policies. For him, the Navy can do no wrong. Any absurd and atrocious events which result from French colonial ventures arte to be blamed on the studpid and irresponsible politicians who send young men to their deaths.

2001
Qian Linsen : Lorsque Loti regarde ce pays d'un oeil de 'conquérant', c'est-à-dire avec froideur et dédain, l'image qu'il nous en offre est celle d'un empire en agonie, piétiné et décecé par les puissances occidentales. Mais lorsqu'il observe ce pays en sa qualité d'écrivain entiché d'exotisme, donc avec un humanisme apitoyé, la peinture qu'il nous en fait est celle d'une civilisation antique orientale, penchant vers son déclin. Cette double image porte des traces d'une époque historique, ce qui confère à ce livre une valeur de document historique, et à son auteur une place particulière dans l'histoire des relations culturelles sino-françaises.
Pour nous, lecteurs chinois, ce qu'il y a de plus méritoire dans ce livre, c'est la véridicité et l'objectivité avec lesquelles est décrit le sort tragique d'un pays semi-féodal et semi-colonial, foulé aux pieds par des puissances occidentales. Loti est témoin de cette époque la plus ténébreuse et la plus humiliant que la Chine ait vécue. Au fil de la lecture, nous semblons revoir les agresseurs européens piétiner de leur bottes brutales la belle terre chinoise recelant des trésors culturels et des vestiges historiques, mettre à sac et à feu la Cité Interdite est ses palais resplenissants de dorures et de décorations, nous semblons réentendre les pleurs et les sanglots des habitants sans défense, femmes, enfants et vieillards surtout, qui, expulsés par la guerre, abandonnent leurs foyers, sous les éclats de rire des soldats étrangers. Pékin, noyé dans le sang, était alors transformé en un grand abattoir et un cimetière immense. Mais au milieu des humiliations, des massacres et des pillages auxquelsse lancent les envahisseurs étrangers, retentissent les grondements de la révolte des Boxers.
Loti décrivait à ses lecteurs le Temple du Ciel où les empereurs chinois offraient le sacrifice à leurs ancêtres, les galeries aux poutres peintes et sculptées, les robes bordées des concubines impériales, les longs rouleaux de peinture pendus dans les salles spacieuses, les palais somptueux avec leurs cours profondes, leurs pavillons élancés, leurs meubles raffinés en bois précieux. Et ces descriptions ont excité la curiosité et l'émerveillement de beaucoup d'Occidentaux. Que Loti recherches les charmes exotiques dans les ruines de l'Empire chinois reflète son goût esthétique, sa passion pour une vieille civilisation déclinante. Ce goût esthétique se manifeste dans l'intérêt qu'il avait pour tout ce qui renferme quelque élément d'une culture exotique ou tout ce qui la symbolise. Loti ne se laisse pas de décrire avec minutie chacun des objets qui ornaient les palais de la Cité Interdite, chacun des vestiges trouvés dans les tombeaux impériaux mis à jour. Officier expéditionnaire et écrivain orientaliste en même temps, au milieu des pillages et des massacres auxquels il assistait et parfois même participait, il n'oubliait pas d'admirer les beaux trésors qui traînaient partout.
Ce qui est positif dans ce livre, c'est qu'en décrivant les conflits politiques et culturels entre la Chine et l'Occident, l'auteur appelle la réconciliation ; au milieu de la violence et de l'hostilité, il recherche les bons rapports et l’amitié entre les peuples. C'est là l'aspiration de l'exotisme, c'est là le reflet de la conscience un peu idéaliste, il est vrai, d'un écrivain épris de raison et d'humanisme. Mais cela prouve la sympathie et l'affinité qu'il avait pour la civilisation d'autres nations, par delà la contradiction et l'antagonisme qui pourraient exister entre elles.

2001
Guillemette Tison : Loti, chargé de missions officielles, a conscience de la singularité de la situation et note que cette expédition représente un choc de cultures, celle de 'l'Europe armée contre la vieille Chine ténébreuse'. Cette découverte de la Chine, si elle n'a duré que quelques semaines, a pour Loti un retentissement durable, qui va s'exprimer à travers des formes littéraires variées : le journal intime, le reportage, puis le théâtre, et même dans son activité de décorateur. Si sa première impression est plutôt negative, celle d'un pays de grisaille marqué par l'omniprésence de la mort, le recul va lui permettre de décrouvrir cette culture en esthète, puis de réfléchir sur la confrontation des civilisation. Sa réflexion sur la Chine l'éloigne de plus en plus du réel, pour le conduire à la construction imaginaire d'un pays rêvé.
A première vue le livre est très morbide, reprenant une obsession fondamentale de l’oeuvre de Loti, celle de la mort, des cadavres, de la décomposition. La capitale présente en effet un étrange aspect : les corps des victimes n'ont pas été inhumés après les combats, et dans les rues, dans les maisons, on trouve d'affreux restes humains. Même dans les passages descriptifs où la beauté domine, la mort est toujours présente. Ainsi Loti, visitant la Ville Impériale où il va loger, découvre 'Le lac des lotus' et 'Le pont de marbre'. De même, en voyage vers les tombeaux des Empereurs, il fait étape à Laishu et s'épouvante, reçu en grande pompe à l'entrée de la ville, de voir les remparts ornés de têtes coupées and des cages. La mort ne se fait jamais oublier, elle se rappelle au voyageur à chaque détour de son chemin. L'obsession de la mort ne vient pas seulement des traces encore visibles des combats tout récents. Plus encore, Loti a l'impression d'assister à la mort lente de toute une civilisation. Ainsi, découvrant la Grand Muraille, Loti note le contraste entre le caractère grandiose de l’ouvrage dans l'espace, 'une chose colossale qui ne doit nulle part finir' et la finitude de son rôle dans l'histoire. La mort est présente aussi par la destruction de toute une culture. Le comportement des soldats européens n'est pas toujours irréprochable, et Loti ressent ce que peut avoir de sacrilège la profanation de la 'Cité interdite' et des temples du Palais des ancêtres.
A plusieurs reprises, Loti emploie pour désigner la Chine l'expression de 'colosse jaune', qui n'est pas dénuée d'ambiguïté. Si le pays l'effraie quelque peu, il en reconnaît la grandeur et va porter sur les lieux où il séjourne un regard d'esthète : Loti est en effet depuis longtemps un grand amateur d'art, d'abord par tendance personnelle, puis sous l'influence de Judith Gautier en ce qui concerne la Chine. Il trouve dans l'art chinois un mélange unique d'imitation et de transfiguration de la nature, que ce soit dans l'art des jardins ou la décoration intérieure. La complexité de ses sentiments, 'admiration, respect, effroi'.
Son jugement sur le peuple chinois n'est pas exempt des stéréotypes véhiculés à cette époque par une propagande volontiers raciste. Il lui semble difficile de comprendre les Chinois, qu'un cliché répandu dit impénétrables. Il évoque aussi la crauté latente des Chinois. L'humour de Loti affleure parfois dans certains portrait de vieux mandarins, comme venus d’un 'autre monde'. Dans le domaine esthétique, Loti se montre plus nuancé, comprenant qu'on ne peut établir de hiérarchie en ce domaine. La révélation de l'art chinois, pendant son séjour dans la cité impériale, lui fait juger cet art au moins égal au nôtre, mais profondément dissemblable, et il est fasciné par cette décoration somptueuse.
Loti qui n'aime pas son époque, qui rejette le progrès technique, ne peut qu'être sensible à la culture millénaire chinoise si soucieuse de préserver le passé.

Mentioned People (1)

Loti, Pierre  (Rochefort 1850-1923 Hendaye) : Schriftsteller, Dramatiker, Marineoffizier

Subjects

Literature : Occident : France

Documents (5)

# Year Bibliographical Data Type / Abbreviation Linked Data
1 1988 Funaoka, Suetoshi. Pierre Loti et l'Extrême-Orient du Journal à l'oeuvre. (Tokyo : Librairie-Editions France Tosho, 1988). Partie 2, no 6, La Chine vue par Loti. Publication / Loti13
  • Cited by: Asien-Orient-Institut Universität Zürich (AOI, Organisation)
2 1990 Grand, Anne-Marie. Victor Segalen : le moi et l'expérience du vide. (Paris : Méridiens Klincksieck, 1990). (Connaissance du 20e siècle). S. 48. Publication / Seg27
  • Cited by: Zentralbibliothek Zürich (ZB, Organisation)
  • Person: Grand, Anne-Marie
  • Person: Segalen, Victor
3 1996 Hsieh, Yvonne Y. From occupation to revolution : China through the eyes of Loti, Claudel, Segalen, and Malraux (1895-1933). (Brimingham, Alabama : Summa Publications, 1996). S. 9-11, 13-14, 17-18, 20-21, 23, 26-27, 31. Publication / Seg31
  • Cited by: Asien-Orient-Institut Universität Zürich (AOI, Organisation)
  • Person: Claudel, Paul
  • Person: Hsieh, Yvonne Y.
  • Person: Loti, Pierre
  • Person: Malraux, André
  • Person: Segalen, Victor
4 2001 Les écrivains français du XXe siècle et la Chine : colloque internationale de Nanjin 99' = 20 shi ji Faguo zuo jia yu Zhongguo : 99' Nanjing guo ji xue shu yan tao hui. Etudes réunies par Christian Morzewski et Qian Linsen. (Arras : Artois presses Université, 2001). (Lettres et civilisations étrangères).
20世紀法國作家與中國 99'南京国际学朮硏讨会 S. 60-64, 67-70, 73-77.
Publication / Morz
5 2009 Trutt, Jean Claude. Segalen et la Chine : http://www.bibliotrutt.lu/artman2/publish/tome_4/Notes_16_suite_Victor_Segalen_les_Maoris_la_Chine_et_l_exotisme.php. Web / Seg21