Helvétius, [Claude-Adrien]. De l'homme [ID D20026].
Helvétius schreibt : "Le despotisme de la Chine est dit-on fort modéreé. L'abondance de ses récoltes en est la preuve. En Chine comme partout ailleurs, on sait que pour féconder la terre, il ne suffit pas de faire de bons livres d'agriculture ; qu'il faut encore que nulle loi ne s'oppose à la bonne culture. Aussi les impôts à la Chine ne sont portés sur les terres médiocres qu'au trentième du produit. Les Chinois jouissent donc presque en entier de la propriété de leurs biens. Leur gouvernement à cet égard est donc bon. Mais jouit-on de la propriété de sa personne ? L'habituelle et prodigieuse distribution qui s'y fait de coups de bambou prouve le contraire. C'est l'arbitraire des punitions qui sans doute y avilit les âmes et fait de presque tout Chinois un négociant fripon, un soldat poltron, et un citoyen sans honneur."
"La Chine est presque le seul empire où l'on ait reconnu l'abuse de [l'ingérence de l'état dans les questions religieuses]. Pour être historien juste et véridique il faut, disent les Chinois, être indifférent à la religion ; pour régir équitablement les hommes, pour être magistrat intègre, mandarin sans prévention, il faut donc n'être pareillement d'aucune secte.".
Basil Guy : Helvétius is led to expatiate upon the example of China. Thus, when attempting to prove that intolerance is fatal to rulers, he quotes a brief exemplum 'drawn from Confucius' in which the Sage and the Emperor converse on the reputation and rule of a prince who would heed only advice prompted by flattery, and so go to his ruin. The moral, however, is quite succinct and useful, in that it shows how Helvétius doubted not at all the efficacy of education, but despaired that it might ever prove the salvation of the Chinese, a people [chez lui] "l'intérêt présent de l'orgueil l'emporte presque toujours sur tout intérêt à venir". Already, when treating of the difference between 'l'esprit' and 'l'âme', when noting the variability of human judgment where self-interest is concerned, Helvétius is quick to select other examples from China. Yet even as he underlines their appositeness he introduces such a note of scepticism, or even of disbelief, that we cannot help but wonder if this man's view of the Middle kingdom were not itself prejudiced by his reading of merchant relations like Anson's. Helvétius, like many of his contemporaries, was led to believe that potential stultified and wasted through the tyranny of religion. The use to which he puts the Chinese example in an untoward chapter on the Jansenist controversy esplains better than aught else how his view of that far kingdom was perverted and why, despite this fact, Helvétius was unsuccessful when treating of religion. Helvétius must be accounted a factor in diminishing the force and popularity of the Chinese example because of the vast audience he rached and influenced.
Jacques Pereira : Ouvert à toutes les influences de son temps, Helvétius a su garder une certaine indépendance d'esprit qui lui a valu l'estime de ses contemporains, amis ou adversaires. S'agissant de la Chine, il apparaît qu'il n'a pas été inscensible au discours de Montesquieu. Helvétius, à l'évidence tout sensible aux analyses de Voltaire et des physiocrates, se met un peu en retrait par rapport à la sinophobie modérée de Montesquieu et, au nom de son refus du fatalisme climatique, admet chez la nation chinoise une force de caractère politique digne de l'esprit républicain. Il produit finalement un discours sur la Chine qui trahit les difficulté à trouver la cohérence. Il ne se sentait pas libre de remettre réellement en question la sentence 'la Chine est un gouvernement despotique'. Ce n'est pas qu'on le sente tenu par une dévotion particulière puisqu'il est capable d'avoir la dent très dure lorsqu'il s'agit de l'attaquer sur la question du climat ou de la typologie des gouvernements, mais il semble que le despotisme de la Chine soit un fait acquis à l'opinion publique et sur lequel il devient de plus en plus difficile de revenir.
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