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“Les agendas de Chine” (Publication, 1991)

Year

1991

Text

Claudel, Paul. Les agendas de Chine. Texte établi, présenté et annoté par Jacques Houriez. (Lausanne : L'âge d'homme, 1991). (Collection du centre Jacques-Petit). (Clau27)

Type

Publication

Contributors (2)

Claudel, Paul  (Villeneuve-sur-Fère-en-Tardenois 1868-1955 Paris) : Dichter, Dramatiker, Schriftsteller, Diplomat

Houriez, Jacques  (um 1990) : Université de Franche-Comté, Besançon

Subjects

Literature : Occident : France : Prose

Chronology Entries (5)

# Year Text Linked Data
1 1896 Paul Claudel besichtigt den Konfuzius-Tempel in Fuzhou. Er schreibt in seine Agenda : "Promenade avec L.W. dans la ville chinoise. Pagode noire, pagode blanche. Temple de Confucius."
2 1897 Claudel, Paul. Lettres de Chine : le Transchinois. In : Le Temps ; 10.1.1897. [Attribué à Claudel].
La question des chemins de fer continue à exciter de l'intérêt. Ce qui a été fait jusqu'à présent, vos lecteurs le savent déjà. — La ligne de Takou à Tien-Tsin et à Shan haï-Khouen a été prolongée jusqu'aux environs de Pékin. Le ministre de France a obtenu, au bénéfice de la Compagnie de Fives-Lille, la continuation jusqu'à Lang-Tchéou (70 kilomètres environ sur territoire chinois), dans la province de Kouang-Si, de la voie ferrée tonkinoise de Phulang-Thuong à Lang-Son. La première de ces lignes qui entrera en exploitation au printemps prochain, évitera aux diplomates et aux « globe-trotters » les ennuis de la jonque et les cahots de la charrette. La seconde, dont les travaux ont été commencés le mois dernier, par les embranchements éventuels qu'elle pourra diriger, d'un côté sur Vu-Chow et de l'autre sur le Yun-Non, nous permettra de prendre position et de disputer au commerce de Hong-Kong les avantages qu'il se promet de l'ouverture de la rivière de l'Ouest, ouverture que toute la diplomatie britannique n'a su rendre, jusqu'à présent, effective. Mais le gros morceau sur lequel se portent depuis un an les convoitises et les compétitions des faiseurs d'affaires est la concession du tronçon Han-Kéou-Pékin de la grande ligne qui doit relier un jour Canton à la capitale. Ce serait le rétablissement de l'ancienne route terrestre que le commerce et les voyageurs ont longtemps suivie, avant que la concurrence de la navigation à vapeur des côtes et du fleuve l'eût fait abandonner. Il ne faut pas oublier que la grande cause de cette hostilité, qui a rendu jusqu a présent la province du Hou-Nan à peu près inacessible aux étrangers, est la disparition de l'énorme trafic qui se faisait autrefois entre les Trois-villes (Hang-Kéou, Nan-King, Kiou-Kiang) et Canton, par le lac Toung-Ting, le Siang et la rivière du Nord, qui n'est séparée du Siang que par le portage insignifiant du seuil de Kouéï-Yang. Quoi qu'il en soit, le tronçon septentrional est seul actuellement en projet. Sur ce terrain, deux syndicats étaient en présence, l'un anglais, l'autre américain ; c'est ce dernier qui, par la supériorité de sa stratégie et, sans aucun doute, de son matériel roulant, s'est assuré l'avantage.
L'histoire du transchinois est déjà ancienne. Son premier promoteur paraît avoir été le vice-roi qui gouverne encore actuellement les Deux-Hous, le fameux Chang Chih Tung, l'un de ces « vieux enfants » dont la Chine abonde, qui, comme le Lao Tzé de la légende paraissent être nés avec une barbe blanche et qui unissent dans leurs entreprises la naïveté de la première enfance aux confuses prévoyances de la seconde. Honnête et plein de bonnes intentions Chang Chih Tung avait reconnu que la Chine ne pouvait se passer de chemins de fer, mais dans un mémorial adressé à l'empereur, il déclarait que la grande ligne qui traverserait l'empire du nord au sud ne pouvait être construite qu'avec de l'argent et un matériel, l'un trouvé et l'autre fabriqué en Chine : Pékin le prit au mot et le chargea de l'exécution du programme qu'il avait lui-même tracé. Chang Chih Tung commença donc par le commencement, et comme, pour un chemin de fer, il faut d'abord du fer, il se mit en demeure de fabriquer celui dont il avait besoin. Je ne veux pas retracer ici l'histoire de ces hauts-fourneaux de Han-Yang, qui compte tant de pages surprenantes. Un seul fait donnera une idée des méthodes et de la direction chinoise. Un des éléments importants de la métallurgie est la fabrication du coke, à laquelle on emploie en Europe des fours spéciaux, de construction assez compliquée. Se fondant sur le principe exclusivement national qui présidait à l'entreprise, la direction chinoise, au lieu de faire venir et d'établir simplement l'un de ces appareils, mit au concours la fabrication de son coke, et pendant plusieurs mois, il n'y eut malandrin ou soldat licencié qui ne fit cuire dans un trou de terre sa motte de houille, pour la soumettre aux essais. Quoi qu'il en soit, pas plus sous la direction belge qui commença l'affaire que sous celle des Allemands, qui en prirent la succession, l'usine ne donna de résultats. Le fer est excellent, comme partout en Chine, mais le charbon utilisable pour la métallurgie reste encore à trouver. Chang Chih Tung se trouva donc fort embarrassé de cet « éléphant blanc », qui lui avait coûté sa fortune.
C'est à ce moment qu'intervint comme un sauveur un homme dont le nom remplit en ce moment les journaux, Sheng. Taotaï de Tien-Tsin, directeur des télégraphes chinois, Sheng commence à être regardé de tous côtés comme le « coming man », qui prendra, comme patron des idées européennes, la place que Li Hung Chang, vieilli, lui laisse. Ses amis, comme ses ennemis, le reconnaissent pour un homme adroit et madré et que nuls vains scrupules ne gênent. Le principal grief qu'on paraît lui faire est de n'avoir pas encore tiré cette « ligne » glorieuse grâce à laquelle l'Américain enrichi devient son propre héritier et recommence, intact, une vie neuve. En tout cas, il n'est pas douteux que Sheng saura se servir, au mieux de ses propres intérêts, du levier et du point d'appui qu'il a eu la bonne fortune de trouver. Ce levier est l'argent que lui fournit libéralement un syndicat américain, dit Syndicat Bash, dont fait partie, dit-on, le « grand » ou plutôt le « big » Huntington, le directeur du Pacific Mail et du Railroad King de la Californie, et le point d'appui est la position que la recommandation de Chang Chih Tung lui a fait obtenir.
Toutes les chances, en effet, d'une entreprise qui prendrait à sa charge la construction de la ligne de Han-Kéou à Pékin résidaient dans l'appui que lui donnerait l'homme qui en fut le promoteur. Or Chang Chih Tung ne voulait accorder sa recommandation qu'à celui qui le débarrasserait du malencontreux « éléphant » dont il était encombré. Sheng se présenta, qui proposa de lui acheter comptant cette non-valeur, et la paya, dit-on, avec l'argent d'Amérique, 2 millions de taëls (8 millions de francs environ). Chang en retour, le recommanda à Pékin pour les fonctions de directeur du nouveau chemin de fer, et sa nomination ne fait actuellement pas de doute bien qu'elle n'ait pas encore été publiée à la Gazette de Pékin, comme le Times l'annonce à tort. Sheng se targue de construire la ligne, qui aura une longueur de 650 milles (1 100 kilomètres environ) avec les seuls capitaux chinois. Et il est possible qu'il trouve, en effet, quelques fonds auprès de la plus qu'opulente corporation du sel du Yant-Tzé, (qui a versé il y a quelque temps, comme don dit volontaire, un million de taëls pour la défense des côtes du Kiang-Sou) et des grands marchands de Canton et de Singapour, mais à la condition indispensable qu'ils voient derrière lui des Européens. La principale ressource de Sheng consiste dans le syndicat dont je vous ai parlé, qui met, dit-on, à sa disposition une somme de 20 millions de taëls (environ 80 millions de francs), dont il sera couvert par des fournitures de matériel et remboursé par des parts de la future entreprise.
Il paraît certain que la ligne, si elle peut arriver à un fonctionnement normal, sera, au point de vue financier, d'un bon rapport. Les pays qu'elle aura à traverser sont, ou des plaines, comme dans le Hou-Nan, ou comme dans le Chan-Si, des vallées dont elle n'aura qu'à prendre le fond. A l'exception du pont sur le Hoang-Ho, qui sera la grosse difficulté, les travaux d'art seront, relativement, assez peu importants, et l'abondance et le bon marché de la main-d'œuvre, en Chine, permettra, si on le veut, une exécution rapide et peu coûteuse. La future ligne trouvera dans les gisements de charbon, de fer et de métaux de toute espèce sur lesquels la province du Chan-Si repose, pour ainsi dire tout entière, aussi bien que dans les riches provinces agricoles du Hou-Po et du Hou-Nan, les éléments de transports rémunérateurs, tandis que le mouvement des fonctionnaires, des troupes et de tous ceux que leurs devoirs ou leurs affaires appellent à la capitale lui assurera une clientèle considérable. Les Chinois, en effet, comme l'a prouvé l'expérience du chemin de fer de Shanghaï à Wosung, et comme un voyage de Takou à Tien-Tsin le fait voir aujourd'hui, saveni parfaitement apprécier les avantages d'un chemin de fer, et il est hors de doute que le fret de chair jaune ne manquera pas plus à la future ligne qu ne fait défaut aux grands vapeurs qui remontent tous les jours le fleuve Mais une entreprise si considérable et si nouvelle en Chine présent bien des difficultés et des points obscurs. Il est, d'abord, à remarquer deux ports qui constitueront les terminus de la ligne, l'un, Tien-Tsin, e
fermé, l'hiver, par les glaces ; l'autre, Han-Kéou, n'est accessible, pendant cette même période, qu'à des bâtiments spéciaux qui doivent rompre charge à Shanghaï. Mais, en dehors de cet inconvénient spécial, la nouvelle entreprise rencontrera devant elle toutes les difficultés qui se sont opposées jusqu'ici à l'établissement des voies ferrées dans ce pays. En premier lieu la mauvaise volonté des fonctionnaires, ennemis de tout ce qui peut les soumettre à un contrôle plus direct de l'autorité centrale. Puis, les craintes des populations, qui savent que toute entreprise de travaux publics est l'occasion d'extorsions et de squeezes de toute espèce. Enfin, l'opposition formidable et, dans un pays à minimum de gouvernement, comme la Chine, à peu près insurmontable, des droits acquis et des intérêts coalisés, sans négliger la question de superstition qui a aussi son importance.
En outre, il ne faut pas oublier que la Chine, avec son immense réseau de voies navigables qui pénètrent le pays jusque dans ses moindres recoins, car il n'est pas de fossés bourbeux où les bateliers ne sachent insinuer leur barque à fond plat, avec le bon marché des transports et le peu de souci que l'on a ici du temps, peut se passer plus aisément qu'aucune autre région du monde de voies ferrées. La situation est en grand celle de la Hollande qui est le dernier pays d'Europe où les chemins de fer se soient établis, et celui où leur rapport est le moindre. De plus cette division du travail qui s'est établie dans nos Etats d'Occident, entre les différentes régions qui les composent, et qui rend indispensable une communication intime et continuelle, de l'une à l'autre, n'existe pas au même degré dans ce vaste empire où chaque province vit sur son fonds et sur des ressources indépendantes. Enfin, il est à considérer qu'une grande partie de la pullulante population chinoise vit toujours sur la limite extrême de la famine et qu'une modification légère des conditions économiques peut priver de leur gagne-pain une horde de misérables et exciter les troubles les plus graves. Une forte recrudescence de la piraterie a suivi le développement du cabotage à vapeur sur les côtes de Chine qui a ruiné les propriétaires de jonques.
Si, cependant, le projet tant de fois agité de la ligne Pékin-Han-Kéou doit, cette fois, entrer en voie de réalisation, il est à croire que les grands pouvoirs industriels européens ne voudront pas laisser à l'Amérique la totalité d'une proie si riche, et insisteront pour que le système des adjudications soit employé comme il l'a été jusqu'ici et que les commandes subissent une répartition judicieuse et internationale. On verra donc, comme sur la ligne de Takou-Pékin des locomotives américaines remorquant un matériel anglais, rouler sur une voie dont l'Allemagne aura fourni les rails, la Russie ou le Japon les traverses, la France les ponts, etc. Mais il est non moins certain qu'au bout d'un temps limité Américains, Anglais, Allemands, Russes, Japonais et Français seront également éliminés par leurs auxiliaires chinois, comme ils sont en train de l'être du commerce des ports ouverts.
3 1898 Claudel, Paul. La politique française en Chine de 1894 à 1898 : d'après le nouveau Livre jaune. In : L'écho de Chine ; 26-27., 29.8.1898. [Attribué à Claudel].
L'Imprimerie Nationale a procédé récemment à la distribution d'un Livre Jaune relatif aux Affaires de Chine. Les 77 dépêches contenues dans ce document se répartissent sur un espace de quatre années, la première portant la date du 24 septembre 1894 et la dernière du 11 juin 1898. C'est un laps de temps déjà long et qui permet de dégager les lignes générales de notre action en Chine, d'en éprouver la valeur et d'en apprécier les résultats. La lecture des 56 pages du Livre Jaune fait voir combien sont peu mérités les reproches de défaut de netteté et de suite que l'on adresse souvent à notre politique extérieure. La diplomatie française, servie à Pékin par une série d'excellents ministres qui ont su réparer les conséquences de notre longue inertie, paraît s'être proposé dès l'abord un objet précis dans un champ d'action nettement limité et à aucun moment ne s'est laissée dévier ou fourvoyer.
Les dépêches du récent Livre Jaune peuvent se diviser en deux séries ; les unes se rapportant à la constitution de notre « Sphère d'influence » en Chine, à un point de vue politique comme à un point de vue commercial ; les autres au protectorat que nous exerçons sur les Missions Catholiques. C'est sur les régions limitrophes de son Empire d'Indo-Chine que la France était le plus naturellement appelée à concentrer son intérêt. Nous avions conquis le Tonkin, il importait tout d'abord d'assurer pour ainsi dire, la fermeture de nos nouvelles possessions et d'achever le dessin de notre frontière. Cette opération languissait depuis de longues années ; elle est aujourd'hui terminée.
« La frontière sino-annamite, dit M. Gérard dans une dépêche en date du 19 juin 1897, est donc aujourd'hui entièrement abornée depuis la mer jusqu'au Mékong. Il n'avait pas fallu moins de neuf ans, de 1885 à 1894, pour achever les travaux d'abornement entre Mon-kay et les limites communes du Kouang-si et du Yun-nan. La section infiniment plus étendue, comprise entre la frontière commune du Kouang-si et du Yun-nan et Je Mékong, a été tout entière abornée en moins de dix-huit mois. Cette différence seule suffit à marquer le changement survenu dans les dispositions de la Chine à l'égard de la France et de l'Annam. Le Gouvernement chinois a témoigné de la sorte, non seulement qu'il acceptait les faits accomplis et consacrés par les traités et conventions de 1885, 1886, 1887 et 1895, mais qu'en délimitant exactement les domaines respectifs de la Chine et de l'Annam, il entendait entretenir avec nos possessions de l’Indo-Chine les rapports les plus étroits de bon voisinage, d'amitié et de commerce. » [Livre Jaune, p. 40, n°51]
II est superflu de rappeler que la nouvelle délimitation a été faite dans le sens le plus favorable pour nous. La Convention du 20 juin 1898 nous permettait d'enclore dans nos possessions du Tonkin l'enclave importante formée par la principauté de Déo van tri et nous laissait tout le territoire à l'Est du Mékong. On se souvient des réclamations justifiées que fit entendre l'Angleterre à cette époque. Mais après avoir complété la clôture de nos propriétés et par là même en avoir assuré la police, il importait que nous prissions nos garanties contre les risques d'un voisinage importun. La constitution de notre banlieue, la création à notre bénéfice d'une situation privilégiée dans les trois provinces limitrophes de nos possessions Tonkinoises, Yunnan, Kouang-Si et Kouangtoung, fut l'œuvre qui, grâce à une série d'actes successifs se complétant l'un par l'autre, est aujourd'hui à peu près entièrement terminée.
Nous passerons tout d'abord en revue les clauses de ces arrangements qui offrent un caractère purement politique.
La Convention de Commerce Complémentire du 20 juin 1895 ouvrait au Commerce français les trois ports de Tong-hing, Hok'eou et Szemao et prévoyait l'établissement dans ces villes d'agents consulaires de notre nation. Le 1er février 1897, à la suite de l'ouverture de la Rivière de l'Ouest obtenue par l'Angleterre, M. Hanotaux donnait l'instruction à M. Gérard de réclamer des compensations en vue de rétablir l'équilibre ainsi troublé à notre détriment. Un télégramme de M. de Montebello en date du 12 février mandait au Département que le « Gouvernement russe avait prescrit au ministre de l'Empereur à Pékin d'appuyer de tout son pouvoir les démarches de son représentant ». L'action énergique de M. Gérard fut couronnée de succès : nous obtînmes entre autres avantages sur lesquels nous aurons à revenir plus loin, la promesse écrite du Tsong li-Yamen que l'île de Haïnan ne serait aliénée ni concédée à aucune autre puissance. Voici le texte de cette pièce importante :
A M. HANOTAUX, Ministre des Affaires étrangères.
Pékin, le 18 mars 1897.
Votre Excellence m'avant invité à réclamer du Tsong-ly-Yamen la réponse du à ma Note du 2 mars, j'ai, le 13, dans une entrevue avec le Prince King et les Ministres, et malgré le refus antérieur de Son Altesse d'aborder de nouveau ce sujet, insisté pour que, selon les instructions très nettes dont j'étais muni, l'incident ne fût clos que quand toutes satisfactions nous auraient été données. Après un court débat, le Prince céda et me promit que cette réponse allait m'être adressée, en m'indiquant sommairement le sens dans lequel elle serait conçue. Le 15 mars, me parvint la réponse annoncée. J'en envoie, sous ce pli, à Votre Excellence la traduction française.
A.GÉRARD

Annexe à la dépêche du Ministre de la République à Pékin en date du 18 Mars 1897.
Le TSONG-LY-YAMEN à M. GÉRARD, Ministre de la République française
à Pékin.
Le 13e jour de la 2e lune de la 24e année Kouang-siu (15 mars 1897).
Le 1er jour de la 2e lune de la 23e année Kouang-siu [3 mars 1897], Nous avons reçu la dépêche par laquelle vous nous dites que la France, étant donné les relations étroites d'amitié et de bon voisinage qu'elle entretient avec la Chine, attache un prix particulier à ce que jamais l'île de Haï-nan ne soit aliénée ni concédée par la Chine à aucune autre Puissance étrangère, à titre de cession définitive ou temporaire, ou à titre de station navale ou de dépôt de charbon.
Notre Yamen considère que Kiong-tchéou (l'île de Haï-nan) appartient au territoire de la Chine qui, de règle, y a son droit de souveraineté. Comment pourrait-elle la céder aux nations étrangères ? D'ailleurs, le fait n'existe nullement à présent, qu'elle en ait fait le prêt temporaire aux nations étrangères. Il convient que Nous répondions ainsi officiellement à Votre Excellence. »
[Suivent les signatures du Président et des Membres du Tsong-ly-Yamen]. [Livre Jaune, p. 33, n" 43]
Enfin à la suite de la concession à l’Allemagne de la baie de Kiao-tcheou, de l'occupation par la Russie de Port-Arthur et de Talienwan et des avantages de nature diverse accordés à la Grande-Bretagne, nous eûmes à faire valoir les titres que nous possédions, nous aussi, à des gages positifs de l'amitié de la Chine. Dans les premiers jours d'avril 1898, un échange de lettres fort intéressantes avait lieu entre notre Chargé d'Affaires à Pékin et le Tseng li-Yamen. Les deux clauses les plus importantes de l'accord ainsi constaté avaient pour objet, l'une la prise à bail de la baie de Kouang-tcheou-ouan qui nous fut louée pour une durée de 99 ans, avec la faculté d'y établir une station navale et un dépôt de charbon ; l'autre une garantie d'inaliénabilité analogue à celle déjà consentie par la Chine en ce qui concerne l'île de Hainan, se rapportant aux trois provinces limitrophes du Tonkin, Yunnan, Kouang-Si et Kouang-toung. Nous donnons ci-dessous le texte de l'engagement soucrit par le Tsongli-yâmen :
M. DUBAIL, Chargé d'affaires de la République française à Pékin, au TSONG-LY-YAMEN.
Pékin, le 4 avril 1898.
Dans la pensée d'assurer les rapports de bon voisinage et d'amitié de la Chine et de la France, dans la pensée également de voir maintenir l'intégrité territoriale de l'Empire chinois et en outre par suite de la nécessité de veiller à ce que, dans les provinces( limitrophes du Tonkin, il ne soit apporté aucune modification à l'état de fait et de" droit existant, le Gouvernement de la République attacherait un prix particulier à recueillir du Gouvernement chinois l'assurance qu'il ne cédera à aucune autre Puissance tout ou partie du territoire de ces provinces soit à titre définitif ou provisoire, soit à un titre quelconque.
Je serai reconnaissant à Vos Altesses et à Vos Excellences, en m'accusant réception de cette lettre, de vouloir bien répondre par dépêche officielle au désir du Gouvernement de la République.
G. DUBAIL
[Livre Jaune, p. 49, n° 12]

Annexe no 2 à la dépêche du Chargé d'affaires de la République française à Pékin, en date du 11 avril 1898.
Taduction
Le TSONG-LY-YAMEN à M. DUBAIL, Chargé d'affaires de la République française à Pékin.
Le 20e jour de la 3e lune de la 24e année Kouang-siu (le 10 avril 1898).
Le 14e jour de la 3e lune de la 20e année Kouang-siu (le 4 avril 1898), Nous avons reçu de Votre Excellence la dépêche suivante :
(Voir la pièce à-dessus.)
Notre Yamen considère que les provinces chinoises limitrophes du Tonkin, étant des points importants de la frontière, qui l'intéressent au plus haut degré, devront être toujours administrés par la Chine et rester sous sa souveraineté. Il n'y a aucune raison pour qu'elles soient cédées ou louées à une Puissance. Puisque le Gouvernement français attache un prix particulier à recueillir cette assurance, Nous croyons devoir adresser la présente réponse officielle à Votre Excellence, en La priant d'en prendre connaissance et de la transmettre. »
(Suivent les signatures du Président et des Membres du Tsongli-Yamen.)
La formule employée paraît analogue à celle dont se servirent les ministres chinois en ce qui concerne la garantie d'inaliénabilité de la Vallée du Yangtsze, ainsi qu'il résulte de la pièce suivante :
Pékin, 18 avril 1898.
Le Ministre d'Angleterre m'a dit que, contrairement à certaines allégations, il est depuis plusieurs semaines, en possession d'une lettre du Tsong-ly-Yamen, par laquelle il est déclaré que la Chine ne cédera ni ne louera à aucune Puissance les territoires de la vallée du Yangtse-king. La formule employée est identique à celle qui se trouve dans la lettre qui m'a été écrite au sujet de l'inaliénabilité des provinces limitrophes du Tonkin.
G. TONKIN
[Livre Jaune, p. 51, n° 66]

Nous avons indiqué dans notre article d'hier les garanties que le Gouvernement de la République a su obtenir de la Chine pour la préservation de sa zone d'influence. Ces garanties constituent un privilège d'ordre purement négatif. Il importait de lui donner des applications positives et pratiques. Aussi parallèlement à leur action proprement politique, nos représentants à Pékin ont-ils porté tous leurs efforts à assurer à la France l'usufruit d'un domaine dont nous ne désirions pas voir passer en d'autres mains la nu-propriété.
On sait que la France fut la première à se préoccuper des perspectives qu'ouvrait l'établissement en Chine d'un système de voies ferrées. Malgré les restrictions fâcheuses et l'insuffisance de sa rédaction, l'art. XII du traité du 9 juin 1885 constituait à notre bénéfice un véritable droit moral de préférence : « ...La France construira des Chemins de fer au Tonkin. Quand la Chine, de son côté, aura décidé de construire des Chemins de fer, il est convenu qu'elle aura recours à l'industrie française et que le Gouvernement de la République française donnera toutes facilités pour qu'elle se procure en France le personnel nécessaire... »
En 1895, la France avait rempli sa part de cet engagement réciproque et un chemin de fer avait été construit entre Pha-Lang-Thuong et la frontière chinoise. L'article 5 de la Convention Complémentaire signée le 20 juin 1895 vint préciser la nature des obligations souscrites, huit ans auparavant : « II est convenu que les voies ferrées soit déjà existantes, soit projetées en Annam pourront, après entente commune et dans des conditions à définir, être prolongées sur le territoire chinois. »
Le 9 juin 1896, M. Gérard annonce à M. Hanotaux, qu'après une année de négociations, le Gouvernement chinois vient de remplir ses engagements en accordant à la Compagnie de Fives-Lille le prolongement jusqu'à Langson de la ligne de Longtcheou. (Livre Jaune, p. 21). Les travaux commencèrent aussitôt. Mais chacun savait que le tronçon concédé n'avait que la valeur d'une amorce et qu'il n'acquerrait d'importance véritable que si la ligne pouvait être poussée jusqu'aux grands marchés de la haute rivière de l'Ouest, Nanning et Pesé. Par l'arrangement du 12 juin 1897, nous obtînmes toutes les facilités désirables : « II est entendu que, conformément à l'article V de la Convention commerciale complémentaire du 20 juin 1895, ainsi qu'au contrat intervenu le 5 juin 1896 entre la Compagnie de Fives-Lille et l'Administration officielle du chemin de fer de Dong-dang à Long-tcheou, et aux dépêches échangées les 2 et 25 juin de la même année entre la Légation de la République et le Tsong-ly-Yamen, si la Compagnie de Fives-Lille a convenablement réussi, et dès que la ligne de Dong-dang à Long-tcheou sera achevée, on ne manquera pas de s'adresser à elle pour les prolongements de ladite ligne dans la direction de Nan-ning et de Pe-se. » [Livre Jaune, p. 38)
Nous nous étions assuré une voie de pénétration dans le Kouang-si ; il importait davantage encore que les mêmes facilités nous fussent attribuées en ce qui concerne le Yunnan. L'arrangement du 12 juin stipulait déjà dans son troisième paragraphe que « la Chine entreprendra des travaux pour l'amélioration de la navigabilité du haut Fleuve Rouge et qu'en vue des intérêts du commerce, elle aplanira et amendera la route de Ho-keou à Man-hao et Mong-tse jusqu'à la capitale provinciale. Il est entendu, en outre, que faculté sera donnée d'établir une voie de communication ferrée entre la frontière de l'Annam et la capitale provinciale, soit par la région de la rivière de Pe-se, soit par la région du haut Fleuve Rouge, les études et la mise à exécution par la Chine devant avoir lieu graduellement ». (Livre Jaune, p. 38) Le 9 avril 1889, nous obtenions plus et mieux. Dans une dépêche adressée à M. Dubail, le Tsong li-Yamen déclare que « le Gouvernement chinois accorde au Gouvernement français ou à la compagnie française que celui-ci désignera, le droit de construire un chemin de fer allant de la frontière du Tonkin à Yunnan-fou, le Gouvernement chinois n'ayant d'autre charge que de fournir le terrain pour la voie et ses dépendances. Le tracé de cette ligne est étudié en ce moment et sera ultérieurement fixé d'accord avec les deux Gouvernements. Un règlement sera fait d'accord ». (Livre Jaune, p. 50)
Enfin, et tout récemment, nous complétions dans le Kouangtoung, le plan du réseau dont le tracé était déjà indiqué pour le Kouang-si et le Yunnan. Par une dépêche en date du 28 mai 1898, M. Pichon annonçait à M. Hanotaux que « le Gouvernement chinois consentait à nos demandes pour le Chemin de fer de Pakhoi au Sikiang. Il est entendu que seule une Compagnie française ou franco-chinoise pourra construire tous les chemins de fer ayant Pakhoi pour point de départ ». Enfin notre position économique dans les trois provinces limitrophes du Tonkin était consolidée par le paragraphe 2 de l'arrangement du 12 juin 1897 qui stipulait que « il est entendu que, conformément à l'article V de la Convention commerciale complémentaire du 20 juin 1895, dans les trois provinces limitrophes du Sud, Kouang-tong, Kouang-si et Yun-nan, le Gouvernement chinois fera appel, pour les mines à exploiter, à l'aide d'ingénieurs et industriels français ». (Livre Jaune, p. 50)

II nous reste à examiner les conditions dans lesquelles, au cours des quatre dernières années, la France a rempli son rôle de protectrice des Missions Catholiques en Chine.
Ce protectorat est la partie la plus grande des attributions de notre représentant à Pékin ; c'en est peut-être aussi la plus importante comme elle est la plus honorable. Sur toute l'étendue d'un territoire plus grand que celui de l'Europe, quinze cent mille catholiques tournent leurs yeux vers le Ministre de France pour le libre exercice de leurs croyances et la sauvegarde de leurs propriétés et de leurs vies. A chaque instant, aux points les plus divers des trente-sept Vicariats sur lesquels l'Eglise répartit ses travaux apostoliques, ce sont des troubles à réprimer ou à prévenir, de vieilles injustices à réparer, des enquêtes à mener, des compensations à estimer, des droits à faire reconnaître, et partout des procédures laborieuses à poursuivre, à travers les détours et les embûches ménagés par la mauvaise foi et la mauvaise volonté des Autorités Chinoises. De ce chef est dévolu à nos Ministres et aux Agents placés sous leurs ordres, un rôle multiple et chargé qui exige d'eux une vigilance sans relâche, une patience à toute épreuve, et aussi cette espèce d'énergie, la plus précieuse et la plus rare, qui s'appelle la persévérance. On ne saurait donc s'étonner que quelques-uns de nos représentants aient parfois défailli sous le fardeau. Mais on ne doit aussi que plus d'éloges, à ceux qui ont exercé leur action avec tant de discernement et de fermeté, que, depuis quatre ans, on chercherait vainement l'occasion où leur intervention ait été inefficace.
Le plus important succès remporté sur le terrain du protectorat religieux par M. Gérard, et qui est pour nos missions d'une conséquence infinie est la mise en vigueur de la Convention Berthemy, qui permet aux Missionnaires Catholiques d'acquérir des immeubles sans avoir obtenu l'autorisation préalable des mandarins.
«J'ai reçu, dit M. Gérard, dans une lettre adressée à M. Hanotaux et datée du 30 avril 1896, (Livre Jaune, p. 6, n" 9), la dépêche par laquelle Votre Excellence a bien voulu répondre à la suggestion que je lui a avais soumise concernant l'opportunité de donner à la Convention conclue le 20 février 1865 entre M. Berthemy et le Tsong-ly-Yamen, une consécration et une autorité nouvelles. Cette Convention, qui concerne l'acquisition à titre collectif, par les missions, de terrains et de maisons dans l'intérieur du pays, se recommandait à notre attention, d'abord, parce que la plupart des affaires récentes sont des contestations en matière d'immeubles, ensuite parce que ladite convention semble n'avoir été portée à la connaissance des Vice-Rois qu'avec des additions et commentaires qui en dénaturent le sens.
Un règlement adressé en 1863 aux Vice-Rois par le surintendant du commera des ports du Nord a, en effet ajouté à cette Convention une clause aux termes de laquelle tout Chinois doit, avant de vendre aucune propriété aux missionnaires demander aux autorités locales une autorisation préalable, qui, en fait, es d'ordinaire refusée. La Légation a souvent protesté contre ce règlement ; le Tsong-ly-Yamen a admis le bien-fondé de ses réclamations, notamment dans le: lettres du 5 février 1882 et du 31 août 1888, dont j'ai donné lecture aux Ministres Et cependant la Convention, dans la plupart des cas, n'est pas observée, ou plutô les autorités locales continuent à y adjoindre l'obligation de l'autorisation préalable qui en est comme l'abrogation.
J'ai eu la satisfaction d'annoncer il y a quelque temps à Votre Excellence qui mes efforts avaient abouti, et qu'après une série de pourparlers et un échange de dépêches qui s'étendent du 24 juillet au 3 décembre, j'avais réussi à obtenir de Tsong-ly-Yamen le rétablissement intégral et l'envoi aux autorités provinciales di l'Empire du texte authentique réglant le droit d'achat, par les missions catholiques de terrains et de maisons dans l'intérieur de la Chine. »
Nous donnons ci-dessous ce texte déjà publié, mais dont 1; connaissance ne saurait être trop répandue. (Livre Jaune, p. 7. Annexe à L dépêche du ministre de la République à Pékin en date du 30 avril 1895.)
« A l'avenir, si des missionnaires français vont acheter des terrains et de maisons dans l'intérieur du pays, le vendeur (tel ou tel, son nom) devra spécifiei dans la rédaction de l'acte de vente, que sa propriété a été vendue pour faire parti des biens collectifs de la mission catholique de la localité. Il sera inutile d'y inscrir les noms du missionnaire ou des chrétiens. La mission catholique, après conclusioi de l'acte, acquittera la taxe d'enregistrement fixée par la loi chinoise pour tous le actes de vente, et au même taux. Le vendeur n'aura ni à aviser les autorités locale de son intervention de vendre ni à demander au préalable leur autorisation. »
il convient de remarquer que le bénéfice de l'acte précité est réserv aux seules missions catholiques ; la rédaction de cette pièce ne laisse à c sujet aucun doute.
Quelque temps après, les émeutes du Szechuen virent [sic] fournir notre diplomatie l'occasion d'un nouveau succès. Par une mesure jusque-L inouïe, le Vice-Roi du Szechuen fut dégradé et dut lui-même payer sur le ressources qu'il avait accumulées par quatre années d'exactions le indemnités dues aux missions dont il avait organisé le pillage.
Pendant les années qui suivent, il y eut une sorte de liquidatioi générale des affaires religieuses qui depuis de longues années restaient san solution ; nous citerons les affaires de Koueïtcheou qui attendaient leu règlement depuis 1883 ; celles du Thibet où les missionnaires puren rentrer après vingt années d'exil ; enfin celles du Kiang-si ; nous voyon que M. de Bezaure vient tout récemment d'obtenir la réintégration de 1 Mission Lazariste dans la capitale de la province, à Nantchang, d'où, depui 1865, et malgré la démarche personnelle de M. de Rochechouart, elle s trouvait expulsée [Livre Jaune, pp. 44, 47 et 56]. Il convient aussi de mentionner la reconstruction de la Cathédrale de Tientsin qui efface le dernier souvenir de l'attentat de 1870. Enfin nous avons obtenu pour le meurtre des P.P. Mazel et Berthollet, au Kouang-si, les satisfactions que nous réclamions.
On peut dire aujourd'hui, avec vérité, que la situation des Missions Catholiques en Chine est meilleure qu'elle ne l'a jamais été à aucun moment. Le Saint-Siège au mois de juillet 1897 en a fait exprimer officiellement sa reconnaissance à notre Légation. Comme le dit M. Dubail dans sa lettre du 12 septembre 1897, « ce témoignage de gratitude est légitime. Je ne crois pas, ajoute-t-il, qu'à aucun moment notre protectorat religieux ait été aussi solidement établi en Chine et ses résultats aussi efficaces ».
En dehors des grandes catégories d'affaires que nous avons déterminées, l'activité de nos ministres, a remporté sur des terrains différents d'autres succcès. C'est ainsi que nous avons obtenu que l'Arsenal de Foutcheou fût confié à une direction française. C'est ainsi que la Chine a pris envers nous l'engagement de placer son service des Postes sous le contrôle d'un de nos compatriotes.
En somme, comme nous le disions au début de ce travail, la lecture du nouveau Livre Jaune laisse une impression des plus favorables. La diplomatie française ne désire pas la dissolution définitive de ce vaste corps sans tête et sans organes qu'est à l'heure actuelle l'Empire chinois. Nous avons été les derniers à entrer dans la voie des acquisitions territoriales. Mais d'autre part, on ne saurait nous reprocher d'avoir d'ores et déjà déterminé la zone où nous jugeons que l'intervention politique et économique d'autres Puissances serait préjudiciable à notre sécurité ou à nos intérêts. C'est l'œuvre que nos ministres ont menée aujourd'hui à bonne fin. Mais leur intérêt ne saurait se limiter à un seul point du vaste Empire. La France est une puissance européenne, et en cette qualité, rien de ce qui est chinois ne saurait lui être indifférent. Il n'est pas de région où depuis quelques années l'action de notre pays se soit exercée d'une manière aussi continue et aussi bienfaisante. De la Mandchourie au Tonkin, du Thibet à la mer Jaune, dans les coins les plus reculés de Ta-tsin, tous savent que ce n'est jamais en vain qu'on s'est adressé à la France pour la défense du droit et de la faiblesse opprimés. Ce sont là des traditions dont nous aurons à cœur de ne pas déchoir, et le passé nous répond de l'avenir.
4 1898 La reprise des terrains de la Pagode de Ningpo. In : L'écho de CHine ; 18.7.1898.
La journée du 16 juillet 1898 aura été bonne : bonne pour l'administration de notre Concession qui a affirmé avec une inébranlable fermeté sa volonté de veiller au maintien de ses droits et à la reprise de son bien ; bonne pour l'honneur de notre petite France de Shanghai, qui voit disparaître enfin le témoignage humiliant des faiblesses passées ; bonne pour la Grande France aussi qui a vu ses braves marins et les soldats improvisés qui ont sur ce petit coin de terre la charge de son drapeau rivaliser de courage et de dévouement pour le maintien de l'ordre et la sauvegarde de nos droits.
Je ne ferai pas un long historique de l'affaire des terrains de la Pagode de Ningpo. On connaît l'histoire des empiétements progressifs par lesquels des terrains vagues laissés par l'incendie de l'Amiral Laguerre ont été peu après occupés par la Guilde de Ningpo qui y déposa ses cercueils et les fit enclore de palissades. Cet abus ne fut jamais reconnu par l'Administration municipale Française qui protesta à plusieurs reprises et finit par décider de faire passer deux rues sur le territoire contesté. La question aurait été dès lors réglée ; mais par suite d'un désir de conciliation que l'on peut trouver immodéré, mais qui s'explique par la date même, 1874, le Consul d'alors, M. Godeaux, décida d'ajourner l'œuvre entreprise par le Conseil Municipal et autorisa le remplacement de palissades par des murs.
Telle est restée la situation jusqu'au commencement de cette année ; à cette époque l'état de resserrement où est réduit [sic] notre Concession par suite de l'envahissement des Chinois fit paraître nécessaire, en présence surtout de la mauvaise volonté opposée par le Gouvernement Impérial aux demandes d'extension des établissements étrangers, la reprise, au moins, du territoire qui nous appartenait. Nous manquons en effet d'emplacement pour les services les plus utiles, des abattoirs, une école Française, un hôpital indigène. Comme mesure préliminaire, le dépôt mortuaire de la Pagode de Ningpo fut fermé dès le mois de janvier, et les cercueils enlevés. Enfin, à la fin de juin, M. de Bezaure fit porter à la connaissance du Taotai l'intention de la Municipalité Française d'opérer la prise de possession, moyennant le paiement d'une indemnité convenable au Gouvernement Impérial, seul propriétaire légitime, d'une partie des terrains de la Corporation. Ces terrains sont un ancien cimetière, entièrement clos de murs, où les inhumations ont cessé depuis trente ans. Il ne présente donc aucun intérêt pour la Corporation même, et il ne faut voir dans la mauvaise volonté opposée à la restitution de ce coin de terre que l'effet d'un stupide
amour-propre.
Voyant que les négociations menées avec le Taotai n'avaient aucune chance d'aboutir, il parut nécessaire d'agir manu militari et de prendre les Ningponais par surprise. Le 16 juillet, deux jours après la revue du 14, où les corps réunis de nos marins et de nos volontaires avaient fait une impression si imposante, la Compagnie de débarquement de l’Eclaireur se rendit au cimetière et sous sa protection, trois brèches furent opérées dans les murailles.
On trouvera plus loin le récit des événements de la journée, événements qui, malgré des relations exagérées, n'ont présenté aucune gravité réelle.
Dès maintenant il nous sera permis d'exprimer notre reconnaissance et notre admiration au Commandant Texier. C'est un chef calme et résolu, dont l'empire sur ses troupes, qualité si importante en temps d'émeute est absolu. C'est à son sang-froid et à ses habiles préparations que les troubles doivent de ne pas avoir pris d'extension plus grande. Honneur aussi à nos excellents marins bretons dont l'esprit de discipline ne s'est pas un moment relâché.
Enfin, il convient de faire ressortir comme il convient la conduite admirable de notre Compagnie de Volontaires. Elle a prouvé qu'elle n'était pas seulement une troupe de parade, mais un corps d'action, prête à assurer la défense de la vie et de la propriété des Européens ; elle a reçu hier le baptême du feu. Pas un membre ne manquait hier à l'appel et, pendant ces deux jours et deux nuits, sous l'habile commandement de M. Bard, de M. Chollot et de M. St. Cyr Penot, elle a fourni à nos marins le plus précieux appui. De l'avis unanime, notre Compagnie s'est hier et avant-hier couverte d'honneur. Qu'elle en soit ici publiquement remerciée.
Les agitateurs ont essayé de nouveau la tactique qui leur a si bien réussi en 1874. Mais les temps sont changés, et le chaud accueil qu'on a fait à leurs tentatives a dû les déconcerter quelque peu. Il est probable que les Chinois qui sont en général des gens pratiques et prudents, se dégoûteront peu à peu de ces manifestations bruyantes qui n'auront, ils peuvent être convaincus, aucun effet.

Troubles à Shanghai
Comme nous l'annoncions dans notre dernier numéro, le Conseil Municipal de la Concession Française a fait samedi matin acte de propriétaire en ouvrant trois brèches dans le mur d'enclos du terrain de la Pagode de Ningpo. Nous rappelons dans l'article de tête ce qu'est ce terrain, quels sont les droits indéniables que nous avons sur lui.
Nous nous contenterons donc de donner ici le récit fidèle des événements.
Première journée
Le 17 à 5 heures du matin, M. de Bezaure, en personne, se rendait chez divers Conseillers pour les prévenir que S.E. Ts'ai, le taotai de Shanghai, opposait de nouvelles tergiversations à notre juste et légitime désir d'entrer en possession de notre propriété.
Après quelques pourparlers auxquels pris [sic] part Mr le Commandant Texier, de l’Eclaireur, il fut décidé de passer outre et d'en finir une bonne fois avec cette question pendante depuis plus de 30 ans. La compagnie de débarquement de l’Eclaireur, avec une pièce d'artillerie de campagne, se rendit à l'enclos de la Pagode et à 6 heures moins le quart le premier coup de pioche était donné par les ouvriers-coolies du service des travaux. Un quart d'heure après, sur la prière de M. de Malherbe, secrétaire de la Municipalité, le commandant Texier franchissait le premier la brèche suivi de Mr Claudel, Consul de France, de M. de Malherbe et de votre serviteur. On fit vivement le tour de la propriété.
C'est un vaste quadrilatère aux côtés presque égaux coupé d'un arroyo desséché et bordé de deux côtés par un fossé intérieur aux eaux stagnantes et de couleur innommable. Quand les briques de la brèche disparurent sous ce noir linceul, une odeur épouvantable se dégagea du fond de ces eaux tourbeuses. Il fallut reculer. A quelques pas de là, une charogne de chat pendu attestait que bien que l'enclos ne possédât aucune porte d'entrée, des maraudeurs devaient trouver le moyen de se réfugier dans la place pour y échapper soit aux poursuites de la police soit pour y chercher un abri gratuit. Près de là une stèle en marbre porte quelques caractères : c'est une défense de pêcher dans les eaux sacrées du lac voisin. Nous cherchons vainement le lac et ne trouvons qu'une flaque d'eau noire ; la défense nous paraît bien inutile.
Le jardin est rempli de grands arbres aux diverses essences. Quant aux herbes on les compte par milliers d'espèces. Un botaniste aurait là une année de travail à classer toute cette flore exubérante. Tout est calme. La population surprise manifeste un certain étonnement et reste tranquille. Cependant de vieux Shanghaiens font la remarque que les têtes des indigènes expriment plutôt la surprise craintive que cette frousse hilarante, caractéristique des foules chinoises et qu'il sera bon de rester sur ses gardes. La compagnie de débarquement de l’Eclaireur stationne donc en permanence au poste de l'ouest. Petit à petit la foule vient voir les brèches ; elle pénètre dans l'enclos. Des Européens, venus en curieux, sont rudoyés par quelques énergumènes, M. Kingsmill et M. Korff sont légèrement passés à tabac. Les marins de garde n'hésitent pas et chargent la foule à la baïonnette, tuent deux Chinois, et en blessent quelques autres. Immédiatement la Compagnie Française des Volontaires est convoquée. A 8 heures tous les Volontaires sont là ; les vétérans et les nouveaux arrivés non armés demandent des armes et des munitions et on commence à faire des patrouilles.
Entre-temps, les Chinois se sont portés sur les maisons de M.M. Houllegate et Meudre. Ils détruisent le mur de clôture de la première et pillent la seconde. Une sortie de six Volontaires de garde accompagnés de M. Claudel qui passe presque toute la soirée à accompagner les patrouilles, disperse les émeutiers. Les patrouilles sortent, dispersent la foule ; on nous accueille à coup de pierres et de briques. Des lampes sont cassées ; les fils du quartier de l'ouest sont coupés. Nous sommes en pleine obscurité. Quelques arrestations sont opérées parmi les plus bruyants. L'un d'eux, chose curieuse, lançait des injures en un français (?) que n'aurait pas désavoué le plus grossier des voyous de barrière ; doucement les délinquants sont conduits au poste. Tout se calme alors comme par enchantement et vers 11 heures la moitié des Volontaires est renvoyée avec ordre de revenir le lendemain à 7 heures. A minuit et demi, après quelques patrouilles pour faire fermer les portes, la seconde moitié est congédiée avec ordre de revenir le lendemain à 9 heures.
Shanghaiens . Dormez en paix !

Deuxième journée
Dès 6 heures du matin nous rencontrions notre brave commandant qui, arpentant le Bund de son long compas, se rendait au Consulat de France pour y prendre des ordres. Là, il n'apprenait rien de nouveau. Le Consulat avait été gardé pendant la nuit par un détachement de matelots de l'Océanien, dont l'allure martiale et décidée montrait bien qu'il faut peu de chose pour faire un soldat d'un Français, et par des pompiers. Mais à 7 heures, juste au moment où M. de Bezaure qui, à cheval, passait lui-même les différents postes en revue, venait de quitter les lieux, les choses changeaient. Au poste de l'Est, des émeutiers s'avançaient, brandissant des piques et des bambous. Pendant que l'on installait les manches à eau pour disperser la foule qui allait s'amassant sur le devant du poste, un groupe d'émeutiers plus résolus que les autres se portait sur l'arrière du poste et démolissait en un clin d'oeil le mur de briques de clôture pour opérer une invasion. A ce moment, il n'y avait plus à temporiser ; il fallait faire un exemple. Le sergent Lejoncour commanda alors à ses hommes d'armer leurs revolvers et de faire feu sur les forcenés. L'effet fut instantané. Quatre ou cinq Chinois tombèrent, mais furent emportés par leurs camarades qui prirent la poudre d'escampette. A ce moment l'infatigable Commandant Texier et sa brave troupe de marins arrivaient et prenaient position à la tête du nouveau pont qui doit relier Tongadon à notre quai. La pièce d'artillerie de campagne fut mise en batterie ; une décharge à blanc ne fit qu'encourager les insurgés. Le commandant jugeant la situation grave, sur le refus de la foule de se disperser, tira une volée à mitraille de façon à ne l'atteindre que par ricochet.
Cris, tumulte, panique, retraite précipitée. On emporte de nombreux blessés, mais trois hommes restent sur le carreau. On les rentre au poste de l'Est où nous les voyons alignés dans la cour recouverts d'une natte. Les misérables portent d'horribles blessures à la tête ; la mort a été instantanée.
Mais il est 9 heures ; nous revenons au Consulat. Sur le Kinleeyuen, tout est calme ; sur le quai de France, on toise notre uniforme, mais on s'écarte ; la nouvelle de la chaude réception des émeutiers du quartier de l'Est s'est répandue comme une traînée de poudre.
Presque au même moment sur le quai de la Brèche, près de la Pagode, la foule, excitée par quelques agitateurs, devenait turbulente. Des énergumènes insultent notre sentinelle, un brave qui de se sentir ainsi traité et dont la main lui démange. Mais la consigne est de rester calme et notre homme ne veut connaître que l'ordre reçu. Cependant, notre lieutenant, M. Chollot, voit le danger qu'il y a de laisser cette foule croire que toutes ses provocations resteront impunies. Il sort avec un peloton de Volontaires et lui ordonne de se disperser.
On lui rit au nez ; enhardis à l'excès, de misérables gueux l'insultent, lui lancent des pierres, des briques, des cailloux, le menacent de bambous et de piques. Il commande alors deux salves à blanc qui restent sans effet ; tout au contraire, elles semblent persuader les émeutiers de leur invulnérabilité. Ils offrent leurs poitrines en riant et en injuriant nos compagnons.
Leur erreur va être de courte durée. La troisième salve est tirée à balles. Quatre hommes tombent foudroyés. La foule effrayée emmène les blessés en poussant d'affreux hurlements.
Le quai de la Brèche est dégagé. Un tombereau sort des Travaux ; on y jette trois cadavres. Le quatrième est tombé sur le bout de terrain qui se trouve de l'autre côté de la crique, entre elle et le mur de la Cité. Il reste là étendu, grande tache bleue, mouchetée de rouge, au milieu de l'herbe courte. Des curieux viennent le voir et le transportent jusque sous les murs de la Cité.
La simultanéité des attaques indique qu'on se trouvait en présence d'un vrai plan bien combiné, qui n'a échoué que par l'intelligence des mesures préventives prises par le Consulat général et la Municipalité Française.
La présence d'hommes armés de piques, de lances et de bambous est une preuve que certains soldats [en activité ou hors cadre] ont prêté la main aux meneurs. Il y a là matière à enquête et nous demandons la plus sévère des punitions pour les fonctionnaires chinois qui n'ont pas reculé devant l'infamie d'encouragements déguisés donnés aux émeutiers. Les volontaires réunis à la Municipalité sont alors divisés en plusieurs sections ; on leur assigne différents postes. En faisant une patrouille, on trouve deux morts, Rue des Pères : le premier un peu avant la Rue du Consulat, l'autre un peu plus loin. De plus, on apprend que les Chinois ont relevé et emmené un cadavre.
A partir de ce moment tout paraît calmé.
Total des morts relevés sur la Concession [2 heures 30 dimanche]
2 près de la Pagode, passés à la baïonnette. 3 au poste de l'Est. 7 au Quai de la Brèche.
1 heure. - Les deux rues de Tongkadou sont fermées au moyen de barricades formées de 79 balles de coton ; la barricade du quai a, dans son milieu, une embrasure permettant le tir de la pièce de campagne. La chaloupe à vapeur de l'Eclaireur, avec un canon revolver, se tient prête à balayer le Bund et M. Luciani, enseigne de vaisseau, a le commandement du poste de l'Est. Le poste de l'Ouest est confié à M. Bernard, Aspirant. Le commandant Texier a son quartier général au Consulat. La foule chinoise se tient à distance respectueuse des barricades. Rien d'amusant comme leurs têtes ahuries. Quelques agents indigènes les tiennent en respect au moyen d'éventails.
2 h 35. - On nous annonce l'arrivée de 150 hommes du Marco Polo.
2 h 45. - Le Tcheshien vient de se rendre au Consulat Général de France. Il promet de faire son possible pour rétablir l'ordre, mais craint que cela ne soit difficile, etc., etc., à la chinoise. M. de Bezaure lui répond en le remerciant de ses offres de service et lui dit qu'il a pris lui-même toutes les mesures pour que l'ordre soit préservé.
L'arrivée de 150 matelots du Marco Polo qu'il voit dans la cour du Consulat Général ne semble nullement tranquilliser le Tcheshien qui paraît croire que son dernier jour est arrivée.
3 h. - M. de Bezaure est en conférence avec les Ningponais qui ont pris l'initiative des négociations.
3 h 05. - Les Volontaires de la compagnie C [Compagnie Anglaise] ont été prévenus de se tenir prêts à toute éventualité. On craindrait de voir un soulèvement sur la Concession Etrangère.
Nous apprenons à ce moment que certains marchands refuseraient de vendre des vivres à des Français et qu'on parle d'établir un système de boycottage. Quelques coups de bambou appliqués d'office ne manqueront pas de ramener ces imbéciles à la raison.
4 h. - Le Commandant Texier accompagne le commandant du Marco Polo dans sa visite aux différents postes.
4 h 15. - On nous dit que les autorités chinoises ne montrent pas toutes la bonne volonté qu'on devrait en attendre. Le Tcheshien doit lancer une proclamation ordonnant le calme aux Chinois. La circulation sera interdite sur la Concession à partir de 9 heures. Les Chinois devront réintégrer leurs domiciles respectifs avant cette heure.
4 h 20. - Les volontaires anglais vont faire une manifestation sur le champ de courses. Nos compliments pour cet acte de solidarité.
4 h 30. - On nous dit que le Taotai veut rejeter la faute de ces troubles sur nous. Il connaît pourtant les meneurs ; on les lui a signalés depuis plus d'un mois. Pourquoi ne sont-ils pas encore arrêtés. Calme partout.
5 h. - Nous faisons une ronde de la Municipalité à la Pagode ; de la Pagode à la Porte du Nord par les fossés de la ville ; de là nous nous rendons sur le quai de France, nous reprenons la Rue du Consulat et revenons à la Municipalité.
7 h. - M.M. de Malherbe, Chosseler et Hivonnait vont à Zikawei porter 15 fusils pour permettre aux Pères de se défendre en cas d'attaque.
9 h 30. - Le Tcheshien sort du Consulat de France. Il a donné sa parole à M. de Bezaure que la nuit se passerait sans troubles et que les boutiques ouvriraient toutes à nouveau aujourd'hui dans l'après-midi.
5 1899 Paul Claudel schreibt in seine Agenda über das Begräbnis eines Bauern : "Prom[enade] le soir. Le chemin qui serpente et se perd dans les tombes. Au ciel la tache rouge jaune clair. Les pas de gens, Emigrant des derniers mois. Le cercueil porté par 6 hommes s’appuyant sur des bâtons. Les torches de bambous. L'homme au turban noir. Ch[ant] inexprimablement touchant des grillons sous l'herbe. Sommeil dans le chagrin."

Cited by (1)

# Year Bibliographical Data Type / Abbreviation Linked Data
1 2009 Romanisches Seminar Universität Zürich Organisation / URose
  • Source: Claudel, Paul. Figures et paraboles. (Paris : Gallimard, 1936). (Clau37, Publication)
  • Source: Claudel, Paul. Oeuvres en prose. Préf. par Gaëtan Picon ; textes établis et annotés par Jacques Petit, Charles Gelpérine. (Paris : Gallimard, 1965). (Bibliothèque de la Pléiade ; 179). (Clau36, Publication)
  • Source: Malraux, André. Antimémoires. In : Malraux, André. Le miroir des limbes. T. 1-2. (Paris : Gallimard, 1967). T. 1. (MalA14, Publication)
  • Source: Gadoffre, Gilbert. Claudel et le paysage chinois. In : Etudes de langue et littérature françaises ; 20 (1972). (Clau29, Publication)
  • Source: Hue, Bernard. Littérature et arts de l'Orient dans l'oeuvre de Claudel. (Paris : C. Klincksieck, 1978). (Publications de l'Université de Haute-Bretagne ; 8). (Clau33, Publication)
  • Source: Meyer, Alain. La condition humaine d'André Malraux. (Paris : Gallimard, 1991). (Foliothèque). (MalA2, Publication)
  • Source: Claudel, Paul. Livre sur la Chine. Volume réalisé par Andrée Hirschi sous la direction de Jacques Houriez. (Lausanne : L'âge d'homme, 1995). [2e version 1909 ; 3e version 1910-1911. Geschrieben 1904-1909]. (Clau12, Publication)
  • Source: Daniel, Yvan. "Oriens nomen ejus" (Zach. VI, 12) : les spiritualités asiatiques dans la pensée et l'oeuvre religieuse de Paul Claudel. In : Bulletin de la Société Paul Claudel ; no 171 (Oct. 2003). (Clau28, Publication)