# | Year | Text | Linked Data |
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1 | 1753.1 |
Encyclopédie, ou dictonnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers. Mis en ordre et publié par [Denis] Diderot [ID D 20381]. A-CHIN ANIEN ou ANIAN-FU (Géog. mod.) ville de la Chine, dans la province de Chuquami. ARGOUDAN S. m. sorte de coton qui se recueille en différens endroits de la Chine, & dont les habitans de Canton font trafic avec ceux de l'île de Haynan. ARSCHIN S. m. (Comm.) mesure étendue dont on se sert à la Chine pour mesurer les étoffes : elle est de même longueur que l'aune de Hollande, qui contient 2 piés 11 lignes de roi, ce qui revient à 4/7 d'aune de France ; en sorte que sept arschins de la Chine font quatre aunes de France. Savary. Diction. du Comm. tom. I. pag. 756. (G) ASIE l'une des quatre grandes parties de la terre, & la seconde en ordre, quoique la premiere habitée. Elle est séparée de l'Europe par la mer Méditerranée, l'Archipel, la mer Noire, les Palus Méotides, le Don & la Dwina ; de l'Afrique par la mer Rouge & l'isthme de Suez. Elle est des autres côtés entourée de l'Océan ; elle ne communique point avec l'Amérique ; ses parties principales sont l'Arabie, la Turquie Asiatique, la Perse, l'Inde, la Tartarie, la Moscovie Asiatique, la Chine, le Japon, le royaume d'Ava, celui de Siam, l'île de Ceylan, & les îles de la Sonde, dont les principales sont Sumatra, Borneo, Java, l'île des Célebes, les Moluques, les Philippines, les Maldives : elle peut avoir d'occident en orient environ 1750 lieues, & du midi au septentrion 1550. Les peuples de ce vaste continent, ceux sur-tout qui en occupent le milieu, & qui habitent les côtes de l'Océan septentrional, nous sont peu connus : excepté les Moscovites qui en possedent quelque portion, & dont les caravanes en traversent tous les ans quelques endroits, pour se rendre à la Chine, on peut dire que les Européens n'y font pas grand négoce. S'il y a quelque chose d'important à observer sur le commerce d'Asie, cela ne concerne que les côtes méridionales & orientales : le lecteur trouvera aux différens articles des noms des lieux, les détails généraux auxquels nous nous sommes bornés sur cet objet. ASTRONOMIE Il y a tout lieu de croire que les observations astronomiques, trouvées dans le siecle dernier entre les mains des Chinois, y avoient passé de Tartarie : car il y a des preuves certaines que Ginghischan entra dans la Chine, & que ses descendans furent maîtres d'une grande partie de ce vaste empire, où ils porterent vraisemblablement les observations & les tables qui avoient été faites par les astronomes de Corasan. Au reste, l'Astronomie a été cultivée presque de tems im mémorial à la Chine. Les missionnaires Jésuites se sont fort appliqués à déchiffrer les anciennes observations. L'on en peut voir l'histoire dans les observations du P. Souciet. Environ 400 ans avant J. C. les Sciences furent négligées chez les Chinois. Cette négligence alla en croissant jusqu'à l'empereur Tsin-Chi-Hoang. Celui-ci fit brûler, 246 avant J. C. tous les livres qui traitoient des Sciences, à l'exception de ceux de Medecine, d'Astrologie, & d'Agriculture : c'est par-là que périrent toutes les observations antérieures à ce tems : 400 ans après, Licou-Pang rétablit les Sciences dans son empire, & érigea un nouveau tribunal de Mathématiques. L'on fit quelques instrumens pour observer les astres, & l'on régla le calendrier. Depuis ce tems-là l'Astronomie n'a point été négligée chez ce peuple. Il semble que les observations faites depuis tant de siecles, sous les auspices & par les ordres de puissans monarques, auroient dû fort enrichir l'Astronomie. Cependant les missionnaires qui pénétrerent dans cet empire sur la fin du xvj. siecle, trouverent que l'état où étoit cette science parmi les Chinois, ne répondoit point à la longue durée de leurs observations. Ceux d'entre les missionnaires Jésuites qui entendoient les Mathématiques, s'insinuerent par ce moyen dans l'esprit du monarque. Les plus habiles devinrent présidens du tribunal de Mathématiques, & travaillerent à mettre l'Astronomie sur un meilleur pié qu'elle n'avoit été auparavant. Ils firent des instrumens plus exacts que ceux dont on s'étoit servi jusqu'alors, rendirent les observations plus justes, & profiterent des connoissances des Occidentaux. Voyez les relations du P. Verbiest, & des autres missionnaires, ou bien la description de la Chine, par le P. Duhalde. ATHEES Ici se présente naturellement la célebre question, savoir si les lettrés de la Chine sont véritablement athées. Les sentimens sur cela sont fort partagés. Le P. le Comte, Jésuite, a avancé que le peuple de la Chine a conservé près de 2000 ans la connoissance du véritable Dieu ; qu'ils n'ont été accusés publiquement d'athéisme par les autres peuples, que parce qu'ils n'avoient ni temples ni sacrifices ; qu'ils étoient les moins crédules & les moins superstitieux de tous les habitans de l'Asie. Le P. le Gobien, aussi Jésuite, avoue que la Chine n'est devenue idolatre que cinq ou six ans avant la naissance de J. C. D'autres prétendent que l'athéisme a regné dans la Chine jusqu'à Confucius, & que ce grand Philosophe même en fut infecté. Quoi qu'il en soit de ces tems si reculés, sur lesquels nous n'osons rien décider, le zele de l'apostolat d'un côté, & de l'autre l'avidité insatiable des négocians européens, nous ont procuré la connoissance de la religion de ce peuple subtil, savant & ingénieux. Il y a trois principales sectes dans l'empire de la Chine. La premiere fondée par Li-laokium, adore un Dieu souverain, mais corporel, & ayant sous sa dépendance beaucoup de divinités subalternes, sur lesquelles il exerce un empire absolu. La seconde, infectée de pratiques folles & absurdes, met toute sa confiance en une idole nommée Fo ou Foë. Ce Fo ou Foë mourut à l'âge de 79 ans ; & pour mettre le comble à son impiété, après avoir établi l'idolatrie durant sa vie, il tâcha d'inspirer l'athéisme à sa mort. Pour lors il déclara à ses disciples qu'il n'avoit parlé dans tous ses discours que par énigme, & que l'on s'abusoit si l'on cherchoit hors du néant le premier principe des choses. C'est de ce néant, dit-il, que tout est sorti, & c'est dans le néant que tout doit retomber : voilà l'abysme où aboutissent nos espérances. Cela donna naissance parmi les Bonzes à une secte particuliere d'athées, fondée sur ces dernieres paroles de leur maître. Les autres, qui eurent de la peine à se défaire de leurs préjugés, s'en tinrent aux premieres erreurs. D'autres enfin tâcherent de les accorder ensemble, en faisant un corps de doctrine où ils enseignerent une double loi, qu'ils nommerent la loi extérieure & la loi intérieure. La troisieme enfin plus répandue que les deux autres, & même la seule autorisée par les lois de l'état, tient lieu de politique, de religion, & sur-tout de philosophie. Cette derniere secte que professent tous les nobles & tous les savans, ne reconnoît d'autre divinité que la matiere, ou plûtôt la nature ; & sous ce nom, source de beaucoup d'erreurs & d'équivoques, elle entend je ne sai quelle ame invisible du monde, je ne sai quelle force ou vertu surnaturelle qui produit, qui arrange, qui conserve les parties de l'univers. C'est, disent-ils, un principe très-pur, très-parfait, qui n'a ni commencement ni fin ; c'est la source de toutes choses, l'essence de chaque être, & ce qui en fait la véritable différence. Ils se servent de ces magnifiques expressions, pour ne pas abandonner en apparence l'ancienne doctrine ; mais au fond ils s'en font une nouvelle. Quand on l'examine de près, ce n'est plus ce souverain maître du ciel, juste, toutpuissant, le premier des esprits, & l'arbitre de toutes les créatures : on ne voit chez eux qu'un athéisme raffiné, & un éloignement de tout culte religieux. Ce qui le prouve, c'est que cette nature à laquelle ils donnent des attributs si magnifiques, qu'il semble qu'ils l'affranchissent des imperfections de la matiere, en la séparant de tout ce qui est sensible & corporel ; est néanmoins aveugle dans ses actions les plus réglées, qui n'ont d'autre fin que celle que nous leur donnons, & qui par conséquent ne sont utiles qu'autant que nous savons en faire un bon usage. Quand on leur objecte que le bel ordre qui regne dans l'univers n'a pû être l'effet du hasard, que tout ce qui existe doit avoir été créé par une premiere cause, qui est Dieu : donc, répliquent-ils d'abord, Dieu est l'auteur du mal moral & du mal physique. On a beau leur dire que Dieu étant infiniment bon, ne peut être l'auteur du mal : donc, ajoûtent-ils, Dieu n'est pas l'auteur de tout ce qui existe. Et puis, continuent-ils d'un air triomphant, doit-on croire qu'un être plein de bonté ait créé le monde, & que le pouvant remplir de toutes sortes de perfections, il ait précisément fait le contraire ? Quoiqu'ils regardent toutes choses comme l'effet de la nécessité, ils enseignent cependant que le monde a eu un commencement, & qu'il aura une fin. Pour ce qui est de l'homme, ils conviennent tous qu'il a été formé par le concours de la matiere terrestre & de la matiere subtile, à-peu-près comme les plantes naissent dans les îles nouvellement formées, où le laboureur n'a point semé, & où la terre seule est devenue féconde par sa nature. Au reste notre ame, disent-ils, qui en est la portion la plus épurée, finit avec le corps, quand ses parties sont dérangées, & renaît aussi avec lui, quand le hasard remet ces mêmes parties dans leur premier état. Ceux qui voudroient absolument purger d'athéisme les Chinois, disent qu'il ne faut pas faire un trop grand fond sur le témoignage des missionnaires ; & que la seule difficulté d'apprendre leur langue & de lire leurs livres, est une grande raison de suspendre son jugement. D'ailleurs en accusant les Jésuites, sans doute à tort, de souffrir les superstitions des Chinois. on a sans y penser détruit l'accusation de leur athéisme, puisque l'on ne rend pas un culte à un être qu'on ne regarde pas comme Dieu. On dit qu'ils ne reconnoissent que le ciel matériel pour l'être suprème : mais ils pourroient reconnoître le ciel matériel (si tant est qu'ils ayent un mot dans leur langue qui réponde au mot de matériel), & croire néanmoins qu'il y a quelqu'intelligence qui l'habite, puisqu'ils lui demandent de la pluie & du beau tems, la fertilité de la terre, &c. Il se peut faire aisément qu'ils confondent l'intelligence avec la matiere, & qu'ils n'ayent que des idées confuses de ces deux êtres, sans nier qu'il y ait une intelligence qui préside dans le ciel. Epicure & ses disciples ont crû que tout étoit corporel, puisqu'ils ont dit qu'il n'y avoit rien qui ne fût composé d'atomes ; & néanmoins ils ne nioient pas que les ames des hommes ne fussent des êtres intelligens. On sait aussi qu'avant Descartes on ne distinguoit pas trop bien dans les écoles l'esprit & le corps ; & l'on ne peut pas dire néanmoins que dans les écoles on niât que l'ame humaine fût une nature intelligente. Qui sait si les Chinois n'ont pas quelqu'opinion semblable du ciel ? ainsi leur athéisme n'est rien moins que décidé. AZUR La pierre d'azur naturel & minéral se nomme à la Chine yao-Toufou, ou porcelaine de Toufou. Elle ne vient point de Toufou, mais de Nankin-Chequian. On en trouvoit aussi autrefois dans l'île de Hainan : mais aujourd'hui ces deux mines en fournissent si peu, & cette matiere est par conséquent devenue si chere & si rare, que les Chinois ne se servent plus que de l'émail ou azur en poudre fine, que les Hollandois leur portent. BADIANE (SEMENCE DE), ou ANIS DE LA CHINE (Histoire natur. & Mat. med.) c'est un fruit qui représente la figure d'une étoile ; il est composé de six, sept ou d'un plus grand nombre de capsules qui se réunissent en un centre comme des rayons ; elles sont triangulaires, longues de cinq, huit & dix lignes, larges de trois, un peu applaties & unies par la base. Ces capsules ont deux écorces, une extérieure, dure, rude, raboteuse, jaunâtre, ou de couleur de rouille de fer ; l'autre, intérieure, presqu'osseuse, lisse & luisante. Elles s'ouvrent en deux panneaux par le dos, lorsqu'elles sont seches & vieilles, & ne donnent chacune qu'un seul noyau lisse, luisant, applati, de la couleur de la graine de lin ; lequel, sous une coque mince & fragile, renferme une amende blanchâtre, grasse, douce, agréable au goût, & d'une saveur qui tient de celle de l'anis & du fenouil ; mais qui est plus douce. La capsule a le goût du fenouil, un peu d'acidité, & une odeur seulement un peu plus pénétrante. Ce fruit vient des Philippines, de la Tartarie & de la Chine ; l'arbre qui le porte s'appelle pansipansi ; son tronc est gros & branchu ; il s'éleve à la hauteur de deux brasses & plus. De ses branches sortent quinze feuilles alternes, rarement crénelées, pointues, longues d'une palme, & larges d'un pouce & demi. Les fleurs sont, à ce qu'on dit, en grappes, grandes comme celles du poivre, & paroissent comme un amas de plusieurs chatons. La semence de badiane donne de l'huile essentielle, limpide, subtile & plus pénétrante que celle d'anis, elle en a les propriétés. Les Orientaux lui donnent la préférence, elle fortifie l'estomac, chasse les vents & excite les urines. Les Chinois la mâchent après le repas ; ils l'infusent aussi, avec la racine de ninzin, dans l'eau chaude & en boivent en forme de thé. Les Indiens en tirent aujourd'hui un esprit ardent anisé, que les Hollandois appellent anis arak, & dont on fait grand cas. BAHAR Le bahar de la Chine est de 300 catis, mais qui n'en font que 200 de Malaca, chaque catis de la Chine ne contenant que 16 taëls. Le taël pesant une réale & demie de huit, est de dix mas ou mases, & chaque mas dix condorins. Voyez CONDORIN, MAS, TAEL. BIBLIOTHEQUE De cette nécessité d'étudier il s'ensuit, qu'il doit y avoir dans la Chine un nombre infini de livres & d'écrits, & par conséquent que les gens riches doivent avoir formé chez eux de grandes bibliotheques. En effet, les historiens rapportent qu'environ deux cent ans avant J. C. Chingius ou Xius, empereur de la Chine, ordonna que tous les livres du royaume (dont le nombre étoit presque infini) fussent brûlés, à l'exception de ceux qui traitoient de la Médecine, de l'Agriculture, & de la Divination, s'imaginant par-là faire oublier les noms de ceux qui l'avoient précédé, & que la postérité ne pourroit plus parler que de lui. Ses ordres ne furent pas exécutés avec tant de soin, qu'une femme ne pût sauver les ouvrages de Mentius, de Confucius surnommé le Socrate de la Chine, & de plusieurs autres, dont elle colla les feuilles contre le mur de sa maison, où elles resterent jusqu'à la mort du tyran. C'est par cette raison que ces ouvrages passent pour être les plus anciens de la Chine, & sur-tout ceux de Confucius, pour qui ce peuple a une extrème vénération. Ce philosophe laissa neuf livres, qui sont pour ainsi dire la source de la plûpart des ouvrages qui ont paru depuis son tems à la Chine, & qui sont si nombreux, qu'un seigneur de ce pays (au rapport du P. Trigault) s'étant fait chrétien, employa quatre jours à brûler ses livres, afin de ne rien garder qui sentît les superstitions des Chinois. Spizellius, dans son livre de re litteraria Sinensium, dit qu'il y a une bibliotheque sur le mont Lingumen de plus de 30 mille volumes, tous composés par des auteurs chinois, & qu'il n'y en a guere moins dans le temple de Venchung, proche l'école royale. En 1697, le P. Bouvet, jésuite-missionnaire, apporta 49 volumes chinois que l'empereur de la Chine envoyoit en présent au Roi. C'est ce petit nombre de volumes qui a donné lieu au peu de littérature chinoise que l'on a cultivée en France ; mais il s'est depuis considérablement multiplié. Nous ne finirions pas si nous voulions entrer dans le détail de toutes les acquisitions de la bibliotheque royale, & des présens sans nombre qui lui ont été faits. A l'avenement de Louis XIV. à la couronne, sa bibliotheque étoit tout au plus de 5000 volumes, & à sa mort il s'y en trouva plus de 70000, sans compter le fonds des planches gravées & des estampes ; accroissement immense, & qui étonneroit, si l'on n'avoit vû depuis, la même bibliotheque recevoir à proportion des augmentations plus considérables. BINAIRE P. Bouvet, jésuite, célebre missionnaire de la Chine, à qui M. Leibnitz avoit écrit l'idée de son arithmétique binaire, lui manda qu'il étoit très-persuadé que c'étoit-là le véritable sens d'une ancienne énigme chinoise laissée il y a plus de 4000 ans par l'empereur Fohi, fondateur des Sciences à la Chine, aussi-bien que de l'empire, entendue apparemment dans son siecle, & plusieurs siecles après lui, mais dont il étoit certain que l'intelligence s'étoit perdue depuis plus de 1000 ans, malgré les recherches & les efforts des plus savans lettrés, qui n'avoient vû dans ce monument que des allégories puériles & chimériques. Cette énigme consiste dans les différentes combinaisons d'une ligne entiere & d'une ligne brisée, répetées un certain nombre de fois, soit l'une, soit l'autre. En supposant que la ligne entiere signifie 1, & la brisée 0, on trouve les mêmes expressions des nombres que donne l'arithmétique binaire. La conformité des combinaisons des deux lignes de Fohi, & des deux uniques caracteres de l'arithmétique de M. Leibnitz, frappa le P. Bouvet, & lui fit croire que Fohi & M. Leibnitz avoient eu la même pensée. BONZES Un empereur de la famille des Tangs fit détruire une infinité de monasteres de bonzes, sur un principe qu'il tenoit de ses ancêtres : c'est que s'il y avoit un homme qui ne labourât point, ou une femme qui ne s'occupât point, il falloit que quelqu'un souffrît le froid & la faim dans l'empire. Voyez l'esprit des lois, tome II. CAIFUNG (Géog.) ville d'Asie dans la Chine, province de Honnang. Long. 131. 30. lat. 35. CALLIN S. m. à la Monnoie, composition de plomb & d'étain, dont l'alliage & l'usage vient de la Chine. CANCHE ou CANTCHEOU (Géog.) grande ville de la Chine, dans la province de Kiangsi, capitale d'un pays qui porte le même nom. Long. 133. 32. lat. 25. 53. CAO (Géogr.) ville de la Chine, sur un lac de même nom, dans la province de Kiang-nan. CAOCHEou TCHAOTCHEOU (Géog.) ville de la Chine, dans la province de Quan-ton. CAOMING (Géog.) petite ville de guerre de la Chine, dans la province de Younnang. CARACTERE Il ne faut pas s'imaginer que ce caractere réel soit une chimere. Les Chinois & les Japonois ont déjà, dit-on, quelque chose de semblable : ils ont un caractere commun que chacun de ces peuples entend de la même maniere dans leurs différentes langues, quoiqu'ils prononcent avec des sons ou des mots tellement différens, qu'ils n'entendent pas la moindre syllabe les uns des autres quand ils parlent. CAT ou CATTI s. m. (commerce) poids de la Chine, particulierement en usage du côté de Canton. Le cati se divise en seize taels, chaque tael faisant une once deux gros de France ; de maniere que le cati revient à une livre quatre onces poids de marc. Il faut cent catis pour faire un pic, qui est un gros poids de la Chine, semblable à cent vingt livres de Paris, d'Amsterdam, de Strasbourg, & de Besançon. Voyez PIC, Dictionnaire du Commerce, Tom. II. pag. 132. CE (Géog.) ville de la Chine dans la province de Xansi, où elle est la troisieme entre les grandes cités. CEU (Géog.) ville de la Chine, dans la province de Channton ou Xantung. CHAIFUNG (Géog. mod.) ville de la Chine, capitale de la province de Honnang. CHANCHEU (Géog.) grande ville d'Asie à la Chine, dans la province de Fokien, sur la riviere de Chanes. Long. 131. 39. lat. 24. 42. CHANGCHEU (Géog.) grande ville de la Chine dans la province de Nankin. Il y a encore deux villes de ce nom à la Chine, l'une dans la province de Kiansi, & l'autre dans celle de Fokien. CHANGEE (Géog.) ville de la Chine dans la province de Channsi. Lat. 37. 8. CHANGEING (Géog.) ville de la Chine dans la province de Xantung. Lat. 36. 56. CHANGTE (Géog.) grande ville de la Chine, capitale d'un pays de même nom, dans la province de Honnang. Il y a une autre ville de même nom à la Chine, dans la province de Huquang. CHANNS ou XANSI (Géog.) province septentrionale de la Chine, qui est très-fertile & très-peuplée. Martini jésuite assûre qu'il y a des puits, qui au lieu d'eau ne contiennent que du feu, & qu'on en tire parti pour cuire le manger. Nous n'obligeons personne à croire ce fait. CHANNTON (Géog.) province maritime & septentrionale de la Chine, très-peuplée & très-fertile. CHAO (Géog.) ville de la Chine, dans la province de Junnan. Lat. 25. 46. Il y en a encore une de ce nom dans la province de Pekeli. CHAOCHEU (Géog.) ville de la Chine, dans la province de Quanton. Lat. 23. 30. CHAOCHING (Géog.) grande ville de la Chine, dans la province de Channton, sur une riviere de même nom. Lat. 36. 44. Il y en a une autre de même nom dans la province de Channsi. CHAOGAN (Géog.) ville de la Chine, dans la province de Fokien. Lat. 24. CHAOHOA (Géog.) ville de la Chine, dans la province de Soutchouen. Lat. 32d. 10'. CHAOKING (Géog.) ville de la Chine, dans la province de Quanton, sur le Ta. Lat. 23. 30. CHAOPING (Géog.) ville de la Chine, dans la province de Quansi. Lat. 24. 47. CHAOSIEN (Géog.) île d'Asie près du Japon, dépendante de la Chine. CHAOYANG (Géog.) ville de la Chine, dans la province de Quanton. Lat. 23. 20. CHAOYUEN (Géog.) ville de la Chine, dans la province de Channton. Lat. 36. 6. CHEKAO S. m. (Hist. nat.) espece de pierre que les Chinois font entrer dans la composition de la couverte de la porcelaine. Les relations de la Chine faites par des gens qui n'avoient qu'une legere connoissance dans l'Histoire naturelle, nous ont décrit ce fossile comme ressemblant à du borax, quoiqu'il n'y ait réellement point d'autre ressemblance entre ce sel & le chekao, que par la couleur qui est blanche & demi-transparente. Comme nous avons eu occasion de voir le chekao de la Chine, nous le définirons une espece de spath alkalin, composé de filamens & de stries assez semblables à celles de l'amiante ; elle se dissout avec effervescence dans l'esprit de nitre ; & calcinée, elle se réduit en plâtre. Voyez BORAX & PORCELAINE. (-) CHEKIANG (Géog.) province maritime de la Chine, à l'occident de Pekin ; elle est très-peuplée & très-fertile ; on y nourrit grande quantité de vers à soie. Cette province est située entre celles de Nanking & de Fokien. CHEUXAN (Géog.) île d'Asie dépendante de la Chine, entre les côtes de la province de Chekiang & les îles du Japon. CHIN (Géog.) ville de la Chine, dans la province de Honan. Lat. 34. 48. CHIN-CHIAN (Géog.) grande ville de la Chine, dans la province de Nankin. Il y a encore une autre ville de ce nom dans la province de Junnan. Long. 137. lat. 30. 6. |
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Encyclopédie, ou dictonnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers. Mis en ordre et publié par [Denis] Diderot [ID D 20381]. K-M KAALING S. m. (Hist. nat.) espece d'étourneau fort commun dans la Chine & dans les îles Philippines. Il est noir, mais ses yeux, ses pattes & son bec sont jaunes. Il s'apprivoise facilement, & apprend à parler & à siffler ; on le nourrit de pain & de fruits. Supplément de Chambers. KALKAS (Géog.) nom d'une nation Tartare, parmi les Mungales ou Monguls, qui sont soumis au roi de la Chine. KAN Quoique le kan des Tartares mongules de l'ouest soit sous la protection de la Chine, cette soumission n'est au fond qu'une soumission précaire, puisque loin de payer le moindre tribut à l'empereur chinois, il reçoit lui-même des présens magnifiques de la cour de Péking, & en est fort redouté, car s'il lui prenoit jamais fantaisie de se liguer avec les Calmouks, le monarque qui siége aujourd'hui dans l'empire de la Chine, n'auroit qu'à se tenir bien ferme sur le trone. KAOCHEU (Géog.) ville de la Chine, septieme métropole de la province de Quanton ; elle est dans un terroir où se trouvent beaucoup de paons, de vautours excellens pour la chasse, & de belles carrieres de marbre. Long. 129. lat. 22. 23. (Le Chevalier DE JAUCOURT.) KAOLIN S. m. (Hist. nat. Minéral.) c'est ainsi que les Chinois nomment une substance terreuse blanche ou jaunâtre ; elle est en poudre, entremêlée de particules brillantes de talc ou de mica, & l'on y trouve des petits fragmens de quartz ou de caillou. Cette terre jointe avec le petuntse, forme la pâte ou composition dont se fait la porcelaine de la Chine ; mais on commence par laver le kaolin pour en séparer les matieres étrangeres, talqueuses & quartzeuses qui sont mêlées avec lui, & qui le rendroient peu propre à faire de la porcelaine. Voyez PORCELAINE. Il se trouve une terre tout-à-fait semblable au kaolin des Chinois, & qui a les mêmes propriétés, aux environs d'Alençon, & dans plusieurs autres endroits de la France ; les Anglois en emploient aussi dans leur porcelaine de Chelsea ; mais on ne sait d'où ils la tirent : ce qu'il y a de certain, c'est qu'on a trouvé une charge très-considérable de kaolin, sur un vaisseau qui fut pris sur eux pendant la derniere guerre. M. de Reaumur, dans les Memoires de l'académie royale des Sciences, année 1727, paroît croire que le kaolin est une substance talqueuse, & a fait différentes expériences, pour voir si les différents talcs du royaume pourroient y suppléer ; mais la matiere talqueuse qui se trouve mêlée avec le kaolin, ne peut point être regardée comme la partie qui le rend propre à faire de la porcelaine, attendu que toutes les pierres talqueuses résistent au feu, & ne sont point susceptibles du degré de fusibilité convenable pour prendre corps & faire une pâte solide. Les endroits où le kaolin se trouve en France, les différentes parties qui le composent, donnent lieu de conjecturer avec beaucoup de vraisemblance, que cette terre est formée par la destruction ou la décomposition d'une espece de roche ou de faux granit, qui se trouve en beaucoup de pays, & qui est composé d'un spath calcaire & rhomboidal, formé par l'assemblage de plusieurs feuillets, de particules de quartz ou de caillou, & de paillettes de talc. C'est le spath qui forme seul la terre propre à la porcelaine ; les deux autres substances y nuiroient, c'est pourquoi on les en dégage. Voyez PORCELAINE. Les Chinois préparent le kaolin avant que de s'en servir pour faire de la porcelaine : il y a lieu de croire qu'ils le dégagent en le lavant, des particules de quartz avec lesquelles il est mêlé ; ils en forment ensuite des especes de pains & de briques. (-) KINSU S. m. (Botan.) espece de lin qui croit à la Chine : on en tire une filasse blonde, très-fine ; on en fabrique des toiles très-estimées dans le pays, & très-commodes en été. On n'en trouve que dans le Xansi ; la rareté en augmente encore le prix. KITAI S. m. (Comm.) sorte de damas qui se fabrique à la Chine. Les femmes des Ostiaques en font des voiles, dont elles se couvrent le visage par modestie. Les kitais sont apportés par les Tartares voisins de la grande muraille, & quelquefois par les Caravanes qui vont de Moscou à Pekin. On appelle du même nom des toiles de coton de la Chine, les unes blanches, les autres rouges & d'autres couleurs. KIU-GIN S. m. (Hist. mod.) c'est le nom que l'on donne à la Chine au second grade des lettrés ; ils y parviennent après un examen très-rigoureux, qui se fait tous les trois ans en présence des principaux mandarins & de deux commissaires de la cour, qui se rendent pour cet effet dans la capitale de chaque province. Les kiu-gin portent une robbe brune avec une bordure bleue, & un oiseau d'argent doré sur leur bonnet. Ils peuvent être élevés au rang des mandarins ; c'est parmi eux que l'on choisit les lettrés du troisieme ordre, appellés tsin-sé ou docteurs. Voyez TSIN-SE. KOUAN-IN S. f. (Hist. de la Chine) c'est dans la langue chinoise le nom de la divinité tutélaire des femmes. Les Chinois font quantité de figures de cette divinité sur leur porcelaine blanche, qu'ils débitent à merveille. La figure représente une femme tenant un enfant dans ses bras. Les femmes stériles vénérent extrèmement cette image, persuadées que la divinité qu'elle représente a le pouvoir de les rendre fécondes. Quelques Européens ont imaginé que c'étoit la vierge Marie, tenant notre Sauveur dans ses bras ; mais cette idée est d'autant plus chimérique, que les Chinois adoroient cette figure longtems avant la naissance de J. C. La statue, qui en est l'original, représente une belle femme dans le goût chinois ; on a fait, d'après cet original, plusieurs copies de la divinité Kouan-in en terre de porcelaine. Elles different de toutes les statues antiques de Diane ou de Venus, en ces deux grands points, qu'elles sont très modestes & d'une exécution très-médiocre. (Le Chevalier DE JAUCOURT.) KHANBLI ou KHANBALIG (Géog.) nom de la ville que nos Historiens & nos Géographes ont appellée Cambala, & qu'ils ont placée dans la grande Tartarie, au septentrion de la Chine ; mais suivant les Géographes & les Historiens orientaux, il est constant que c'est une ville de la Chine. Ebn-Saïd, dans Abulféda, lui donne 130d de longitude, & 35d 25' de latitude septentrionale. Ebn-Saïd ajoûte qu'elle étoit fort célebre de son tems par les relations des marchands qui y alloient trafiquer, & qui en apportoient des marchandises. La premiere conquête de Gengis-Kan, après s'être rendu maître de la grande Tartarie, fut celle de Khanbalig, qu'il prit par ses lieutenans sur l'empereur de la Chine. Khanbalig, Khanblig, Cambala & Pékin, sont autant de noms d'une même ville. Voyez PEKIN. KI (Géog.) nom de diverses villes de la Chine. Il paroît par l'atlas sinensis, qu'il y a au moins six villes de la Chine, en diverses provinces, qui s'appellent ainsi. KIA S. m. (Hist. mod.) nom de plusieurs mois du cycle de cinq ans des Chinois. Le kia-çu est le premier ; le kia-sio, l'onzieme ; le kia-shen, le vingt-unieme ; le kia-u, le trente-unieme ; le kia-shin, le quarante-unieme ; le kia-yin, le cinquante-unieme. KIAM (Géogr.) ou JAMCE, grand fleuve de la Chine, qui prend sa source dans la province de Junnan, traverse celles de Poutchueu, de Hunquam, baigne la capitale, qui est Nanquin ; & après avoir arrosé près de quatre cent lieues de pays, se jette dans la mer orientale, vis-à-vis l'île de Tçoummin, formée à son embouchure par les sables qu'il y charrie. Cette riviere dans son cours, qui est un des plus rapides, fait naître un grand nombre d'îles, utiles aux provinces, par la multitude de joncs de dix à douze piés de haut qu'elles produisent, & qui servent au chauffage des lieux voisins ; car à peine a-t-on assez de gros bois pour les bâtimens & les vaisseaux. Voyez sur ce fleuve M. Delisle, dans sa Carte de la Chine, & les Mémoires du P. le Comte. (Le Chevalier DE JAUCOURT.) KIANGNAN (Géographie) ou NANQUIN & NANKIN ; province maritime de la Chine, qui tenoit autrefois le premier rang lorsqu'elle étoit la résidence de l'empereur ; mais depuis que le Pekeli, où est Pekin, a pris sa place, elle n'a plus que le neuvieme. Elle est très-grande, très-fertile, & d'un commerce presque inconcevable. Tout ce qui s'y fait, sur-tout les ouvrages de coton & de soie, y est plus estimé qu'ailleurs. Il y a quatorze métropoles, cent dix cités, & près de dix millions d'ames au rapport des Jésuites. Le Kiangnan est borné à l'est & au sud est par la mer ; au sud par le Chekian ; au sud-ouest par le Kiansi ; à l'ouest par le Huquang ; au nord-ouest par le Haunan ; & au nord par le Quantong. Le fleuve Kiam la coupe en deux parties, & s'y jette dans la mer : la capitale est Nankin. (Le Chevalier DE JAUCOURT.) KIANSI (Géogr.) ou KIAMSI, ou KIANGSI. vaste province de la Chine, où elle tient le huitieme rang, bornée au nord-est par celle de Kiangnan ; au nord & au couchant par celle de Huquang ; à l'orient par celle de Chékiand ; au sud-est par celle de Fokien ; & au midi par celle de Quantung ou Canton. Elle est très-peuplée, & produit abondamment tout ce qui est nécessaire à la vie ; elle a des montagnes pour boulevards, & des rivieres & des lacs qui sont remplis d'excellens poissons. On y fait, dans un seul endroit, la plus belle porcelaine dont l'Asie soit fournie. Cette province a treize métropoles, soixante-sept cités, & plus de six millions d'ames, au rapport de nos missionnaires. Nanchang en est la capitale. (Le Chevalier DE JAUCOURT.) KIECHANG (Géogr.) ville de la Chine, sixieme métropole de la province de Kiansi, avec un beau palais, & deux temples consacrés à la mémoire des hommes illustres. On y fait avec le riz un excellent breuvage, appellé macu. On y fabrique aussi de belles étoffes. Long. 132. 30. lat. 28. 12. (Le Chevalier DE JAUCOURT.) KIM -TE-TCHIM (Géog.) vaste & magnifique bourg de la Chine, dans la province de Kiansi, & dans la dépendance de Feuleangi. C'est ce lieu qui lui-seul fournit presque toute la belle porcelaine de la Chine. Quoiqu'il ne soit pas entouré de murailles, il vaut bien une grande ville pour la beauté de ses rues qui sont tirées au cordeau, pour le nombre de ses habitans que l'on fait monter à un million, & pour le commerce qui y est prodigieux. Kim-Te-Tchim est placé dans une plaine environnée de hautes montagnes ; & peut-être cette enceinte de montagnes forme-t-elle une situation propre aux ouvrages de porcelaine. On y compte trois mille fourneaux qui y sont destinés ; aussi n'est-il pas surprenant qu'on y voye souvent des incendies ; c'est pour cela que le génie du feu y a plusieurs temples : mais le culte & les honneurs que l'on prodigue à ce génie, ne rendent pas les embrasemens plus rares. D'un autre côté un lieu si peuplé, où il y a tant de richesses & de pauvres, & qui n'est point fermé de murailles, est gouverné par un seul mandarin, qui par sa bonne police, y établit un ordre & une sûreté entiere. Voyez de plus grands détails dans les lettres édifiantes, tome XII. page 255. & suiv. (Le Chevalier DE JAUCOURT.) KIN-KI ou POULE D'OR, (Hist. nat.) c'est le nom que les Chinois donnent à un oiseau d'une beauté merveilleuse qui ne se trouve qu'à la Chine, & sur-tout dans la province de Quang-si. Cet oiseau a un plumage si éclatant, que lorsqu'il est exposé au soleil, il paroît tout d'or, mêlé de nuances les plus vives & les plus belles ; on assure de plus qu'il est d'un goût délicieux. On en a quelquefois apporté en Europe, pour orner les volieres des curieux opulents d'hollande & d'autres pays. KING (Hist. mod. Philosoph.) ce mot signifie doctrine sublime. Les Chinois donnent ce nom à des livres qu'ils regardent comme sacrés, & pour qui ils ont la plus profonde vénération. C'est un mélange confus de mysteres incompréhensibles, de préceptes religieux, d'ordonnances légales, de poésies allégoriques, & de traits curieux tirés de l'histoire chinoise. Ces livres qui sont au nombre de cinq, font l'objet des études des lettrés. Le premier s'appelle y-king ; les Chinois l'attribuent à Fohi leur fondateur ; ce n'est qu'un amas de figures hiéroglyphiques, qui depuis long-tems ont exercé la sagacité de ce peuple. Cet ouvrage a été commenté par le célebre Confucius, qui, pour s'accommoder à la crédulité des Chinois, fit un commentaire très-philosophique sur un ouvrage rempli de chimeres, mais adopté par sa nation ; il tâcha de persuader aux Chinois, & il parut lui-même convaincu, que les figures symboliques contenues dans cet ouvrage renfermoient de grands mysteres pour la conduite des états. Il réalisa en quelque sorte ces vaines chimeres, & il en tira méthodiquement d'excellentes inductions. Dès que le ciel & la terre furent produits, dit Confucius, tous les autres êtres matériels existerent ; il y eut des animaux des deux sexes. Quand le mâle & la femelle existerent, il y eut mari & femme, il y eut pere & fils ; quand il y eut pere & fils ; il y eut prince & sujet. Delà, Confucius conclut l'origine des lois & des devoirs de la vie civile. Il seroit difficile d'imaginer de plus beaux principes de morale & de politique ; c'est dommage qu'une philosophie si sublime ait elle-même pour base un ouvrage aussi extravagant que le y-king. Voyez CHINOIS, Philosophie des. Le second de ces livres a été appellé chu-king. Il contient l'histoire des trois premieres dynasties. Outre les faits historiques qu'il renferme, & de l'authenticité desquels tous nos savans européens ne conviennent pas, on y trouve de beaux préceptes & d'excellentes maximes de conduite. Le troisieme qu'on nomme chi-king, est un recueil de poésies anciennes, partie dévotes & partie impies, partie morales & partie libertines, la plûpart très-froides. Le peuple accoûtumé à respecter ce qui porte un caractere sacré, ne s'apperçoit point de l'irréligion, ni du libertinage de ces poésies ; les docteurs qui voyent plus clair que le peuple, disent pour la défense de ce livre, qu'il a été altéré par des mains profanes. Le quatrieme & le cinquieme king ont été compilés par Confucius. Le premier est purement historique, & sert de continuation au chi-king ; l'autre traite des rites, des usages, des cérémonies légales, & des devoirs de la société civile. Ce sont là les ouvrages que les Chinois regardent comme sacrés, & pour lesquels ils ont le respect le plus profond ; ils font l'objet de l'étude de leurs lettrés, qui passent toute leur vie à débrouiller les mysteres qu'ils renferment. KING-KI-TAO (Géog.) c'est le nom que les Tartares qui régnent présentement à la Chine ont donné à la capitale de la Corée ; les Chinois l'appellent Pingiang, tandis que les Japonois & les Hollandois qui ont long-tems séjourné dans ce pays-là, la nomment Sior. Que d'erreurs cette multiplicité de noms si dissemblables, doit-elle causer dans la Géographie, pour des lieux qui ne sont pas aussi fameux que la capitale d'un si grand pays ? Sa longitude, suivant le P. Gaubil, est 133d. 33'. 30''. lat. 37 deg. 30' 19''. (Le Chevalier DE JAUCOURT.) KINGTUN (Géog.) ville de la Chine, septieme métropole de la province d'Iunnan, à dix lieues de la ville de ce nom, entre de hautes montagnes fort serrées, & au-dessus d'un vallée très-profonde. Longitude 119. 40. lat. 26. 10. (Le Chevalier DE JAUCOURT.) KINHOA (Géog.) c'est-à-dire, fleuve de Vénus ; ville de la Chine, cinquieme métropole de la province de Chékiang. On y fait de ris & d'eau la meilleure boisson qui se boive dans toute la Chine. Long. 136. 55. lat. 28. 57. (Le Chevalier DE JAUCOURT.) KO-LAOS S. m. (Hist. mod.) c'est ainsi que l'on nomme à la Chine les grands mandarins ou ministres, qui, après avoir passé par les places les plus éminentes de l'empire, sont appellés par l'empereur auprès de sa personne, afin de l'aider de leurs conseils dans les tribunaux supérieurs, établis à Pékin, ou pour présider en son nom à ces tribunaux, & pour veiller à la conduite des autres mandarins qui les composent, de la conduite desquels ils rendent compte à l'empereur directement. L'autorité des ko-laos est respectée même par les princes de la maison impériale. LAMA S. m. (terme de Relation.) Les lamas sont les prêtres des Tartares asiatiques, dans la Tartarie chinoise. Ils font voeu de célibat, sont vêtus d'un habit particulier, ne tressent point leurs cheveux, & ne portent point de pendans d'oreilles. Ils font des prodiges par la force des enchantemens & de la magie, récitent de certaines prieres en maniere de choeurs, sont chargés de l'instruction des peuples, & ne savent pas lire pour la plûpart, vivent ordinairement en communauté, ont des supérieurs locaux, & audessus de tous, un supérieur général qu'on nomme le dalai-lama. C'est-là leur grand pontife, qui leur confere les différens ordres, décide seul & despotiquement tous les points de foi sur lesquels ils peuvent être divisés ; c'est, en un mot, le chef absolu de toute leur hiérarchie. Il tient le premier rang dans le royaume de Tongut par la vénération qu'on lui porte, qui est telle que les princes tartares ne lui parlent qu'à genoux, & que l'empereur de la Chine reçoit ses ambassadeurs, & lui en envoie avec des présens considérables. Enfin, il s'est fait lui-même, depuis un siecle, souverain temporel & spirituel du Tibet, royaume de l'Asie, dont il est difficile d'établir les limites. Il est regardé comme un dieu dans ces vastes pays : l'on vient de toute la Tartarie, & même de l'Indostan, lui offrir des hommages & des adorations. Il reçoit toutes ces humiliations de dessus un autel, posé au plus haut étage du pagode de la montagne de Pontola, ne se découvre & ne se leve jamais pour personne ; il se contente seulement de mettre la main sur la tête de ses adorateurs pour leur accorder la rémission de leurs péchés. Il confere différens pouvoirs & dignités aux lamas les plus distingués qui l'entourent ; mais dans ce grand nombre, il n'en admet que deux cent au rang de ses disciples, ou de ses favoris privilégiés ; & ces deux cent vivent dans les honneurs & l'opulence, par la foule d'adorateurs & de présens qu'ils reçoivent de toutes parts. Lorsque le grand lama vient à mourir, on est persuadé qu'il renaît dans un autre corps, & qu'il ne s'agit que de trouver en quel corps il a bien voulu prendre une nouvelle naissance ; mais la découverte n'est pas difficile, ce doit être, & c'est toujours dans le corps d'un jeune lama privilégié qu'on entretient auprès de lui ; & qu'il a par sa puissance désigné son successeur secret au moment de sa mort. Ces faits abrégés, que nous avons puisés dans les meilleures sources, doivent servir à porter nos réflexions sur l'étendue des superstitions humaines, & c'est le fruit le plus utile qu'on puisse retirer de l'étude de l'Histoire. (D.J.) LANCU (Hist. mod.) nom que les Chinois donnent à une secte de leur religion. L'auteur de cette secte étoit un philosophe contemporain de Confucius, & qui fut appellé Lançu ou Lanzu, c'est-à-dire philosophe ancien, parce qu'on feint qu'il demeura quatre-vingt ans dans le ventre de sa mere avant que de naître. Ses sectateurs croient qu'après la mort leurs ames & leurs corps sont transportés au ciel pour y goûter toutes sortes de délices. Ils se vantent aussi d'avoir des charmes contre toute sorte de malheurs, de chasser les démons, &c. Kircher, de la Chine. LANTERNES fête des (Hist. de la Chine) fête qui se célebre à la Chine le quinzieme jour du premier mois, en suspendant ce jour-là dans les maisons & dans les rues un très-grand nombre de lanternes allumées. Nos missionnaires donnent pour la plûpart des descriptions si merveilleuses de cette fête chinoise, qu'elles sont hors de toute vraisemblance ; & ceux qui se sont contentés d'en parler plus simplement, nous représentent encore cette fête comme une chose étonnante, par la multiplicité des lampes & des lumieres, par la quantité, la magnificence, la grandeur, les ornemens de dorure, de sculpture, de peinture & de vernis des lanternes. Le P. le Comte prétend que les belles lanternes qu'on voit dans cette fête, sont ordinairement composées de six faces ou panneaux, dont chacun fait un cadre de quatre piés de hauteur, sur un pié & demi de large, d'un bois verni, & orné de dorures. Ils y tendent, dit-il, une fine toile de soie transparente, sur laquelle on a peint des fleurs, des rochers, & quelquefois des figures humaines. Ces six panneaux joints ensemble, composent un hexagone, surmonté dans les extrémités de six figures de sculpture qui en font le couronnement. On y suspend tout autour de larges bandes de satin de toutes couleurs, en forme de rubans, avec d'autres ornemens de soie qui tombent par les angles sans rien cacher de la peinture ou de la lumiere. Il y a tel seigneur, continue le voyageur missionnaire, qui retranche toute l'année quelque chose de sa table, de ses habits & de ses équipages, pour être ce jour-là magnifique en lanternes. Ils en suspendent à leurs fenêtres, dans leurs cours, dans leurs salles & dans les places publiques. Il ne manquoit plus au R. P. le Comte, pour embellir son récit, que d'illuminer encore toutes les barques & les vaisseaux de la Chine, des jolies lanternes de sa fabrique. Ce qu'on peut dire de vrai, c'est que toutes les illuminations qui de tems immémorial se font de maniere ou d'autre par tout pays, sont des coutumes que le monde conserve des usages du feu, & du bien qu'il procure aux hommes. (D.J.) LAO-KIUN (Hist. mod. & Philosophie) c'est le nom que l'on donne à la Chine à une secte qui porte le nom de son fondateur. Lao-Kiun naquit environ 600 ans avant l'ere chrétienne. Ses sectateurs racontent sa naissance d'une maniere tout-à-fait extraordinaire ; son pere s'appelloit Quang ; c'étoit un pauvre laboureur qui parvint à soixante & dix ans, sans avoir pu se faire aimer d'aucune femme. Enfin, à cet âge, il toucha le coeur d'une villageoise de quarante ans, qui sans avoir eu commerce avec son mari, se trouva enceinte par la vertu vivifiante du ciel & de la terre. Sa grossesse dura quatre-vingt ans, au bout desquels elle mit au monde un fils qui avoit les cheveux & les sourcils blancs comme la neige ; quand il fut en âge, il s'appliqua à l'étude des Sciences, de l'Histoire ; & des usages de son pays. Il composa un livre intitulé Tau-Tsé, qui contient cinquante mille sentences de Morale. Ce philosophe enseignoit la mortalité de l'ame ; il soutenoit que Dieu étoit matériel ; il admettoit encore d'autres dieux subalternes. Il faisoit consister le bonheur dans un sentiment de volupté douce & paisible qui suspend toutes les fonctions de l'ame. Il recommandoit à ses disciples la solitude comme le moyen le plus sûr d'élever l'ame au-dessus des choses terrestres. Ces ouvrages subsistent encore aujourd'hui ; mais on les soupçonne d'avoir été altérés par ses disciples ; leur maître prétendoit avoir trouvé le secret de prolonger la vie humaine au-delà de ses bornes ordinaires ; mais ils allerent plus loin, & tâcherent de persuader qu'ils avoient un breuvage qui rendoit les hommes immortels, & parvinrent à accréditer une opinion si ridicule ; ce qui fit qu'on appella leur secte la secte des Immortels. La religion de Lao-Kiun fut adoptée par plusieurs empereurs de la Chine : peu-à-peu elle dégénera en un culte idolâtre, & finit par adorer des demons, des esprits, & des génies ; on y rendit même un culte aux princes & aux héros. Les prêtres de cette religion donnent dans les superstitions de la Magie, des enchantemens, des conjurations ; cérémonies qu'ils accompagnent de hurlemens, de contorsions, & d'un bruit de tambours & de bassins de cuivre. Ils se mêlent aussi de prédire l'avenir. Comme la superstition & le merveilleux ne manquent jamais de partisans, toute la sagesse du gouvernement chinois n'a pu jusqu'ici décréditer cette secte corrompue. LEAOTUNG (Géog.) vaste contrée de la Chine, dont elle est séparée par la grande muraille & le golfe de Cang, tandis que la Corée & les montagnes d'Yalo la séparent du pays des Tartares Bogdois du Niuchèz. Ses habitans, plus guerriers & moins industrieux que les Chinois, n'aiment ni le Commerce ni l'Agriculture, quoique leur pays y soit propre. Les Tartares ayant perdu leur empereur Taitsong en 1642, nommerent pour chef un de ses neveux encore enfant, qui s'appelloit Changti. Sous ce chef, qui périt à l'âge de 24 ans en 1661, & sous Cham-hi, qu'ils élurent pour maître à l'âge de 8 ans, ils conquirent pié-à-pié tout le vaste empire de la Chine. Le tems n'a pas encore confondu la nation conquérante avec le peuple vaincu, comme il est arrivé dans nos Gaules, en Angleterre & ailleurs ; mais les Tartares ayant adopté sous Cham-hi les lois, les usages & la religion des Chinois, les deux nations n'en composeront bien-tôt qu'une seule. LEGISLATEUR La conduite des Chinois à cet égard me paroît excellente. Des philosophes sont ministres du prince, & les provinces sont couvertes de pagodes & de dieux : on n'use jamais de rigueur envers ceux qui les adorent ; mais lorsqu'un dieu n'a pas exaucé les voeux des peuples & qu'ils en sont mécontens au point de se permettre quelque doute sur sa divinité, les mandarins saisissent ce moment pour abolir une superstition, ils brisent le dieu & renversent le temple. LETTRES Litradas (Littérat.) nom que les Chinois donnent à ceux qui savent lire & écrire leur langue. Voyez CHINOIS. Il n'y a que les lettrés qui puissent être élevés à la qualité de mandarins. Voyez MANDARINS. Lettrés est aussi dans le même pays le nom d'une secte qu'on distingue par ses sentimens sur la religion, la Philosophie, la politique. Elle est principalement composée de gens de lettres du pays, qui lui donnent le nom de jukiao, c'est-à-dire les savans ou gens de lettres. Elle s'est élevée l'an 1400 de J. C. lorsque l'empereur, pour réveiller la passion de son peuple pour les Sciences, dont le goût avoit été entierement émoussé par les dernieres guerres civiles, & pour exciter l'émulation parmi les mandarins, choisit quarante-deux des plus habiles docteurs, qu'il chargea de composer un corps de doctrine conforme à celle des anciens, pour servir desormais de regle du savoir, & de marque pour reconnoître les gens de lettres. Les savans préposés à cet ouvrage, s'y appliquerent avec beaucoup d'attention ; mais quelques personnes s'imaginerent qu'ils donnerent la torture à la doctrine des anciens pour la faire accorder avec la leur, plutôt qu'ils ne formerent leurs sentimens sur le modele des anciens. Ils parlent de la divinité comme si ce n'étoit rien de plus qu'une pure nature, ou bien le pouvoir & la vertu naturelle qui produit, arrange & conserve toutes les parties de l'univers. C'est, disent-ils, un pur & parfait principe, sans commencement ni fin ; c'est la source de toutes choses, l'espérance de tout être, & ce qui se détermine soi-même à être ce qu'il est. Ils font de Dieu l'ame du monde ; il est, selon leurs principes, répandu dans toute la matiere, & il y produit tous les changemens qui lui arrivent. En un mot, il n'est pas aisé de décider s'ils réduisent l'idée de Dieu à celle de la nature, ou s'ils élevent plutôt l'idée de la nature à celle de Dieu : car ils attribuent à la nature une infinité de ces choses que nous attribuons à Dieu. Cette doctrine introduisit à la Chine une espece d'athéïsme raffiné, à la place de l'idolatrie qui y avoit régné auparavant. Comme l'ouvrage avoit été composé par tant de personnes réputées savantes & versées en tant de parties, que l'empereur lui-même lui avoit donné son approbation, le corps de doctrine fut reçu du peuple non seulement sans contradiction, mais même avec applaudissement. Plusieurs le goûterent, parce qu'il leur paroissoit détruire toutes les religions ; d'autres en furent satisfaits, parce que la grande liberté de penser qu'il leur laissoit en matiere de religion, ne leur pouvoit pas donner beaucoup d'inquiétude. C'est ainsi que se forma la secte des lettres, qui est composée de ceux des Chinois qui soutiennent les sentimens que nous venons de rapporter, & qui y adherent. La cour, les mandarins, les gens de qualité, les riches, &c. adoptent presque généralement cette façon de penser ; mais une grande partie du menu peuple est encore attachée au culte des idoles. Les lettrés tolerent sans peine les Mahométans, parce que ceux-ci adorent comme eux le roi des cieux & l'auteur de la nature ; mais ils ont une parfaite aversion pour toutes les sectes idolâtres qui se trouvent dans leur nation. Ils résolurent même une fois de les extirper, mais le desordre que cette entreprise auroit produit dans l'empire les empêcha ; ils se contentent maintenant de les condamner en général comme autant d'hérétiques, & renouvellent solemnellement tous les ans à Pékin cette condamnation. LI-P ou LI-POU (Hist. mod.) c'est ainsi qu'on nomme à la Chine la cour supérieure ou le grand tribunal, composé des premiers magistrats qui sont au-dessus de tous les mandarins & ministres de l'empire chinois. On pourroit les nommer assez justement les inquisiteurs de l'état, vu que ce tribunal est chargé de veiller sur la conduite de tous les officiers & magistrats des provinces, d'examiner leurs bonnes ou mauvaises qualités, de recevoir les plaintes des peuples, & d'en rendre compte à l'empereur, auprès de qui ce conseil réside ; c'est de ses rapports & de ses décisions que dépend l'avancement des officiers à des postes plus éminens, ou leur degradation, lorsqu'ils ont commis des fautes qui la méritent ; le tout sous le bon plaisir de l'empereur qui doit ratifier les décisions du tribunal. Les Chinois donnent encore le nom de li-pu à un autre tribunal chargé des affaires de la religion. Voyez RITES, tribunal des. LICHI S. m. (Botan. exot.), fruit très-commun & très-estimé à la Chine ; je trouve son nom écrit lici, letchi, litchi, lithi, ou bien en deux syllabes séparées, li-chi, li-ci, let-chi, lit-chi, li-thi ; ce ne seroit rien, si j'en trouvois des descriptions uniformes & instructives dans les relations de nos missionnaires, mais il s'en faut de beaucoup ; la plûpart seulement s'accordent à dire, que c'est le fruit d'un arbre grand & élevé, dont les feuilles ressemblent à celles du laurier ; & que c'est aux extrémités des branches, qu'il produit ce fruit comme en grappes, beaucoup plus claires que celles du raisin, & pendant à des queues plus longues. Le lichi est de la grosseur d'un petit abricot, oblong, mollet, couvert d'une écorce mince, chagrinée, de couleur ponceau éclatant, contenant un noyau blanc, succulent, de très-bon goût & d'une odeur de rose ; le P. Boym a fait graver la figure de ce fruit dans sa flora sinensis, mais elle ne s'accorde point avec d'autres descriptions plus modernes. Le lichi vient dans les provinces de Canton, de Fokien, & autres provinces méridionales. Les Chinois l'estiment singulierement pour le goût & pour les qualités bienfaisantes ; car ils assurent qu'il donne de la force & de la vigueur sans échauffer, hormis qu'on n'en mange avec excès. Le P. Dentrecolles ajoute dans les lettres édifiantes, tome XXIV. qu'il en est de ce fruit comme de nos melons de l'Europe, que pour l'avoir excellent, il faut le manger sur le lieu même, & le cueillir dans son point de maturité, très-difficile à attraper, parce qu'il n'a qu'un moment favorable. Cependant comme dans tout l'empire on fait grand cas de ce fruit sec, on le laisse sécher dans sa pellicule, où il se noircit & se ride comme nos pruneaux. On en mange toute l'année par cette méthode ; on le vend à la livre, & l'on en met dans le thé pour procurer à cette liqueur un petit goût aigrelet. Les lichi qu'on apporte à Péking pour l'empereur, & qu'on renferme dans des vases pleins d'eau-de-vie, où l'on mêle du miel & d'autres ingrédiens, conservent bien un air de fraîcheur, mais ils perdent beaucoup de la finesse, & de l'excellence de leur goût. Le noyau du lichi un peu roti & réduit en poudre fine, passe chez les Chinois pour un spécifique contre les douleurs de gravelle & de colique néphrétique. On voit par-là, que l'on met sa confiance à la Chine, ainsi qu'en Europe, dans tous les remedes de bonnes femmes ; les maux finissent, & les remedes inutiles ou ridicules se maintiennent en crédit. (D.J.) LINKIO S. m. (Botan. exotiq.) plante aquatique de la Chine. Son fruit est blanc & a le goût de la châtaigne, mais il est trois ou quatre fois plus gros, d'une figure pyramidale & triangulaire ; il est revêtu d'une écorce verte, épaisse vers le sommet, & qui noircit en séchant. La plante qui le porte, croît dans les eaux marécageuses ; elle a les feuilles fort minces, & elle les répand de toutes parts, sur la surface de l'eau. Les fruits viennent dans l'eau même ; c'est du moins ce qu'en dit Hoffman dans son dictionnaire universel latin ; celui de Trévoux, a fait de ce lexicographe, un auteur anonyme qui a écrit de la Chine. (D.J.) LIPOU S. m. (Hist. de la Chine) le lipou, dit le pere Lecomte, est l'un des grands tribunaux souverains de l'empire de la Chine. Il a inspection sur tous les mandarins, & peut leur donner ou leur ôter leurs emplois. Il préside à l'observation & au maintien des anciennes coûtumes. Il regle tout ce qui regarde la religion, les sciences, les arts & les affaires étrangeres. Voyez LI-POU. (D.J.) LON-YE ou LUM-YEN s. m. (Botan. exot.) nom d'un fruit de la Chine, qui ne croît que dans les provinces australes de l'empire, à un arbre sauvage ou cultivé, lequel est de la grandeur de nos noyers. Le lon-yen est de la grosseur de nos cerises, d'une figure ronde, d'une chair blanche, aigrelette, pleine d'eau, & d'un goût approchant de celui de nos fraises. Il est couvert d'une pelure mince, lisse, d'abord grisâtre, & jaunissant ensuite, à mesure que le fruit mûrit. Les Chinois des provinces australes, & en particulier les habitans de Focheu, font la récolte de ces fruits en Juillet, & les arrosent d'eau salée pour les conserver frais ; mais ils en sechent la plus grande partie pour les transporter pendant l'hiver, dans les autres provinces, ils en font aussi du vin agréable, en les pilant, & les laissant fermenter ; la poudre des noyaux de ce fruit est d'un grand usage dans leur médecine. Plus la nature a caché le germe de ses productions, plus l'homme ridiculement fin, s'est persuadé d'y trouver la conservation de sa vie, ou du moins le remede à ses maux. (D.J.) LY (Hist. mod.) mesure usitée parmi les Chinois, qui fait 240 pas géométriques ; il faut dix ly pour faire un pic ou une lieue de la Chine. MACAO (Géog.) ville de la Chine située dans une île à l'embouchure de la riviere de Canton. Une colonie de portugais s'y établit il y a environ deux siecles, par une concession de l'empereur de la Chine, à qui la nation portugaise paie des tributs & des droits pour y jouir de leur établissement. On y compte environ trois mille portugais, presque tous métis. C'étoit autrefois une ville très-riche, très-peuplée, & capable de se défendre contre les gouverneurs des provinces de la Chine de son voisinage, mais elle est aujourd'hui entierement déchue de cette puissance. Quoiqu' habitée par des portugais & commandée par un gouverneur que le roi de Portugal nomme, elle est à la discrétion des Chinois, qui peuvent l'affamer & s'en rendre maîtres quand il leur plaira. Aussi le gouverneur portugais a grand soin de ne rien faire qui puisse choquer le moins du monde les Chinois. Longitude, selon Cassini, 130. 39'. 45''. lat. 22. 12. Long. selon les PP. Thomas & Noël, 130. 48'. 30''. lat. de même que Cassini. (D.J.) MALEBRANCHISME Tandis que Malebranche souffroit tant de contradictions dans son pays, on lui persuada que sa philosophie réussissoit à merveille à la Chine, & pour répondre à la politesse des Chinois, il fit en 1708 un petit ouvrage intitulé, Entretien d'un philosophe chrétien & d'un philosophe chinois sur la nature de Dieu. Le chinois prétend que la matiere est éternelle, infinie, incréée, & que le ly, espece de forme de la matiere, est l'intelligence & la sagesse souveraine, quoiqu'il ne soit pas un être intelligent & sage, distinct de la matiere & indépendant d'elle. Les Journalistes de Trévoux prétendirent que le philosophe européen avoit calomnié les lettrés de la Chine, par l'athéisme qu'il leur attribuoit. MANDARIN S. m. (Hist. mod.) nom que les Portugais donnent à la noblesse & aux magistrats, & particulierement à ceux de la Chine. Le mot mandarin est inconnu en ce sens parmi les Chinois, qui au-lieu de cela appellent leurs grands & leurs magistrats quan, ou quan-fu, ce qui signifie serviteur ou ministre d'un prince. Il y a à la Chine neuf sortes de mandarins ou degrés de noblesse qui ont pour marque divers animaux. Le premier a une grue, pour marque de son rang ; le second a un lion ; & le troisieme a un aigle ; le quatrieme a un paon, &c. Il y a en tout 32 ou 33 mille mandarins ; il y a des mandarins de lettres & des mandarins d'armes. Les uns & les autres subissent plusieurs examens ; il y a outre cela des mandarins civils ou de justice. Depuis que les Tartares se sont rendus maîtres de la Chine, la plûpart des tribunaux sont mi-partis, c'est-à-dire aulieu d'un président on en a établi deux, l'un tartare & l'autre chinois. Ceux de la secte de Confucius ont ordinairement grande part à cette distinction. Dans les gouvernemens qu'on leur confie, & qui sont toujours éloignés du lieu de leur naissance, pour éviter les injustices que l'amitié, la proximité du sang pourroient leur faire commettre, ils ont un vaste & riche palais ; dans la principale salle est un lieu élevé où est placée la statue du roi, devant laquelle le mandarin s'agenouille avant que de s'asseoir sur son tribunal. On a un si grand respect pour les mandarins qu'on ne leur parle qu'à genoux ; les voyageurs vantent fort leur intelligence & leur équité. Le mandarinat n'est pas héréditaire, & l'on n'y éleve que des gens habiles. Voyez LETTRES. MANDARIN (Littérat.) est aussi le nom que les Chinois donnent à la langue savante du pays. Voyez LANGUE. Outre le langage propre & particulier de chaque nation & de chaque province, il y en a un commun à tous les savans de l'empire, qui est ce qu'on appelle le mandarin, c'est la langue de la cour : les officiers publics, comme les notaires ou greffiers, les jurisconsultes, les juges, les magistrats écrivent & parlent le mandarin. Voyez CHINOIS. MANIERE A la Chine les enfans rendent d'extrèmes honneurs à leurs parens ; ils leur donnent sans cesse des marques extérieures de respect & d'amour : il est vraisemblable que dans ces marques extérieures, il y a plus de démonstration que de réalité ; mais le respect & l'amour pour les parens sont plus vifs & plus continus à la Chine, qu'ils ne le sont dans les pays où les mêmes sentimens sont ordonnés, sans que les lois prescrivent la maniere de les manifester. Il s'en manque bien en France, que le peuple respecte tous les grands qu'il salue ; mais les grands y sont plus respectés, que dans les pays où les manieres établies n'imposent pas pour eux des marques de respect. Le président de Montesquieu reproche aux législateurs de la Chine d'avoir confondu la religion, les moeurs, les lois & les manieres ; mais n'est-ce pas pour éterniser la législation qu'ils vouloient donner, que ces génies sublimes ont lié entr'elles des choses, qui dans plusieurs gouvernemens sont indépendantes, & quelquefois même opposées ? C'est en appuyant le moral du physique, le politique du religieux, qu'ils ont rendu la constitution de l'état éternelle, & les moeurs immuables. S'il y a des circonstances, si les siecles amenent des momens où il seroit bon qu'une nation changeât son caractere, les législateurs de la Chine ont eu tort. La muraille de la Chine est un de ces édifices orientaux qui figurent dans la mappemonde, & dont la description paroîtroit fabuleuse, si la muraille elle-même ne subsistoit aujourd'hui. MAS ou MASE s. m. (Com.) espece de petit poids dont on se sert à la Chine, particulierement du côté de Canton, pour peser & distribuer l'argent dans le négoce. Le mas se divise en dix condorins : dix mas font un tael. Voyez TAEL. Le mas est aussi en usage dans plusieurs endroits des Indes orientales ; mais sur différens piés ; il sert à peser l'or & l'argent. Dictionnaire de comm. (G) MIAO-FSES LES (Géog.) peuples répandus dans les provinces de Setchuen, de Koeittcheon, de Houquang, de Quangsi, & sur les frontieres de la province de Quangtong. Les Chinois, pour les contenir, ont bâti d'assez fortes places dans plusieurs endroits, avec une dépense incroyable. Ils sont sensés soumis lorsqu'ils se tiennent en repos ; & même s'ils font des actes d'hostilité, on se contente de les repousser dans leurs montagnes, sans entreprendre de les forcer : le viceroi de la province a beau les citer de comparoître, ils ne font que ce que bon leur semble. Les grands seigneurs Miao-fses ont sous eux de petits seigneurs, qui, quoique maîtres de leurs vassaux, sont comme feudataires, & obligés d'amener leurs troupes, quand ils en reçoivent l'ordre. Leurs armes ordinaires sont l'arc & la demi-pique. Les selles de leurs chevaux sont bien faites, & différentes des selles chinoises, en ce qu'elles sont plus étroites, plus hautes, & qu'elles ont les étriers de bois peint. Ils ont des chevaux fort estimés, soit à cause de la vîtesse avec laquelle ils grimpent les plus hautes montagnes, & en descendent au galop ; soit à cause de leur habileté à sauter des fossés fort larges. Les Miao-fses peuvent se diviser en Miao-fses soumis & en Miao-fses non soumis. Les premiers obéissent aux magistrats chinois, & font partie du peuple chinois, dont ils se distinguent seulement par une espece de coëffure, qu'ils portent au-lieu du bonnet ordinaire, qui est en usage parmi le peuple à la Chine. Les Miao-fses sauvages, ou non soumis, vivent en liberté dans leurs retraites, où ils ont des maisons bâties de briques à un seul étage. Dans le bas ils mettent leurs bestiaux, se logent au-dessus. Ces Miao-fses sont séparés en villages, & sont gouvernés par des anciens de chaque village. Ils cultivent la terre ; ils font de la toile, & des especes de tapis qui leur servent de couverture pendant la nuit. Ils n'ont pour habit qu'un caleçon, & une sorte de casque, qu'ils replient sur l'estomac. (D.J.) MIENCHO (Géog.) ville de la Chine dans la province de Suchuen, & la premiere métropole de cette province, sous le 31 degré de latitude, & plus occidentale que Péking de 12. 55. (D.J.) MONTAGNES Le Junnan & autres provinces de la Chine, sont situés dans un appendice de cette montagne. Le Tangut, le Thibet, la Tartarie Chinoise, toute la Tartarie russienne, y comprise la grande presqu'île de Kamtschatka, & la Sibérie & toute la côte de la mer Blanche, sont hérissées de cette même chaîne de montagnes qui, par diverses branches qu'elle jette dans la grande Tartarie, va se rejoindre à l'Imaüs. MORDEXIN S. m. (Médecin) c'est un mot chinois qui a passé en Médecine, par lequel on désigne une espece de cholera morbus qui est fréquente à la Chine, à Goa, & dans le Brésil, où on l'appelle mordechi. Il y a lieu de présumer que ce remede souverain à la Chine, auroit les mêmes avantages en France ; mais la délicatesse naturelle à ses habitans, la nouveauté de ce secours, la quantité d'autres plus doux, sont des préjugés très-forts contre son usage, & qui dans les cas ordinaires méritent d'être respectés. Mais quand on a épuisé tous les remedes inutilement, qu'on est réduit à cette affreuse nécessité de voir périr des malades sans savoir de quel côté se tourner pour les secourir, je serois d'avis qu'on eut recours à un remede qui quoique cruel, l'est bien moins qu'un désespoir fatal. MUDE S. m. (Commerce) étoffes faites d'écorces d'arbres, qu'on fabrique à la Chine. Il y en a de plus fines les unes que les autres. Les plus fines se vendent un tail trois mas ; les plus communes un tail. Elles portent cinquante-six cobres chinoises de long, sur treize pouces de large. Elles sont propres pour le commerce de Tunquin, où l'on a quatre mas de gain sur les unes, & cinq sur les autres. MUIGINLI (Bot. exot.) espece de prune que les habitans de Fochen dans la Chine, appellent prunes de la belle femme. Elles sont de forme ovoïde, beaucoup plus grosses, & meilleures que nos prunes de damas. Les missionnaires qui en font de grands éloges, auroient dû décrire le prunier même. (D.J.) MURAILLE MURAILLE DE LA CHINE ; (Architect. ancienne) fortification de l'empire Chinois, monument supérieur par son immensité aux pyramides d'Egypte, quoique ce rempart n'ait pas empêché les Tartares Mantcheoux de subjuguer la Chine. Cette grande muraille, qui séparoit & défendoit la chine des Tartares, bâtie 137 ans avant l'ere chrétienne, subsiste encore dans un contour de 500 lieues, s'éléve sur des montagnes, descend dans des précipices, & a presque par-tout 20 de nos piés de largeur, sur plus de trente de hauteur. (D.J.) MUSC Les lieux de la Chine où l'on en trouve davantage sont la province de Xanxi, particulierement aux environs de la ville de Leao : la province de Suchum, celle de Hanhungfu, celle de Paoningfu, près de Kiating, & de la forteresse de Tiencinen, & dans quelques endroits de la province de Junan ; mais il n'y a point de pays où il soit plus commun que dans les royaumes de Boutan & de Tunquin. |
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Encyclopédie, ou dictonnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers. Mis en ordre et publié par [Denis] Diderot [ID D 20381]. N-Q NANCHANG (Géog.) ville de la Chine, premiere métropole de la province de Kiangsi. Elle est renommée par le nombre des lettrés qui s'y trouvent. Long. 129. 10. lat. 29. 13. NANKIN (Géogr.) autrement Kiangning, fameuse ville de la Chine dans la province du même nom, dont elle est la premiere métropole. Selon les Chinois, elle surpassoit toutes les villes du monde en magnificence, en beauté & en grandeur, quand les empereurs y tenoient leur cour. Aujourd'hui elle est sort déchûe de son ancien état, quoiqu'on dise qu'il y a autant de monde qu'à Pekin : on en fait monter le nombre à un million d'habitans. Le palais impérial, qui avoit une lieue de circuit, n'est plus qu'une masure de ruines. Long. suivant Cassini, 155. 55'. 30''. lat. 32. 7'. 45''. NAU-MU (Hist. nat. Bot.) c'est un arbre de la Chine qui s'éleve fort haut, & dont le bois est incorruptible, comme celui du cédre, dont il differe cependant pour la forme & par ses feuilles. On s'en sert à la Chine pour faire des pilastres, des colonnes, des portes & des fenêtres, ainsi que les ornemens des temples & des palais. NAVIGATEUR A peine l'eut-il mis en état, qu'il découvre le 9 Juin 1743 le vaisseau espagnol tant desiré ; alors il l'attaque avec des forces plus que de moitié inférieures, mais ses manoeuvres savantes lui donnerent la victoire. Il entre vainqueur dans Canton avec cette riche proie, refusant en même tems de payer à l'empereur de la Chine des impôts que doivent tous les navires étrangers ; il prétendoit qu'un vaisseau de guerre n'en devoit pas : sa conduite ferme en imposa : le gouverneur de Canton lui donna une audience, à laquelle il fut conduit à travers deux haies de soldats au nombre de dix mille. Au sortir de cette audience, il mit à la voile pour retourner dans sa patrie par les îles de la Sonde & par le cap de Bonne-Espérance. Ayant ainsi fait le tour du monde en victorieux, il aborde en Angleterre le 4 Juin 1744, après un voyage de trois ans & demi. NGO-KIAO (Hist. des drog. de la Chine) colle faite avec la peau d'âne noir. Voici comme elle se prépare, suivant la relation du pere Parennin, jésuite. On prend la peau d'un âne noir, tué tout récemment ; on la fait tremper quelques jours consécutifs dans de l'eau tirée d'un puits de la province de Changtong ; après cela on la retire de cette eau pour la racler, & la nettoyer en-dedans & en-dehors ; on la coupe ensuite en petits morceaux, & on la fait bouillir à petit feu dans de l'eau de ce même puits, jusqu'à ce que ces morceaux soient réduits en colle qu'on passe toute chaude par une toile, pour en rejetter les parties les plus grossieres qui n'ont pu être fondues. Enfin on en dissipe l'humidité, & chacun lui donne la forme qui lui plaît. Les Chinois la jettent en moule, & y impriment des caracteres de toutes sortes de figures. (D.J.) NIDS D'OISEAUX (Hist. nat.) il est une espece de nids d'oiseaux dont on fait un très-grand usage à la Chine, & qui est un objet de commerce considérable. Ces nids se trouvent sur les rochers qui sont près des côtes de la mer. C'est sur-tout dans l'île de Java, sur les côtes de la Cochinchine, sur celles de Timor, de Sumatra & de la presqu'île de Malaca, que l'on rencontre ces sortes de nids, d'où on les porte à la Chine, où l'on en donne depuis 3 jusqu'à 7 taëls, qui sont environ 45 liv. argent de France, à proportion de leur qualité, pour la livre chinoise qui est de 20 onces. Les observations les plus exactes nous apprennent que ces nids sont faits par des oiseaux de mer parfaitement semblables à ceux que l'on nomme martinets ou hirondelles de mer sur les côtes de France ; ils les forment avec une matiere gluante & tenace qui leur sort du bec, & qu'ils attachent peu-à-peu sur les roches des bords de la mer, où la chaleur du soleil leur donne de la consistance. On croit communément que la matiere dont ces oiseaux se servent pour cela est une espece d'écume qui nage à la surface de la mer, que ces animaux combinent & travaillent avec une matiere qui vient de leur estomac. Ces nids d'oiseaux, lorsqu'ils sont secs, ont une consistance à peu-près semblable à celle de la corne ; mais lorsqu'ils ont été bouillis, soit dans de l'eau, soit dans du jus, soit dans du bouillon de viande, ils ressemblent à des cartilages de veau ; ceux qui sont d'une couleur blanche sont les plus estimés ; on fait moins de cas de ceux qui sont rougeâtres, & le prix en est beaucoup moindre. Les Chinois regardent les nids d'oiseaux comme un aliment très-nourrissant, très-propre à fortifier & à restaurer, sans charger l'estomac. Voici ce que le Dictionnaire du commerce dit de ces nids ; il les met parmi l'espece d'épicerie la plus estimée à la Chine & dans toutes les Indes orientales. Elle se trouve au Tunquin & à la Cochinchine, mais particulierement dans le royaume de Champa, qui est situé entre l'un & l'autre. Les oiseaux qui font ces nids pour y pondre & couver leurs oeufs, sont assez semblables de figure à des hirondelles. Lorsqu'ils sont en amour, ils jettent par le bec une espece de bave tenace & gluante, qui est la matiere dont ils bâtissent leurs nids, & dont ils les attachent aux rochers en appliquant cette substance visqueuse par diverses couches l'une sur l'autre, à mesure que les premieres se sechent. Ces nids sont de la forme d'une médiocre cuillere, mais avec des bords plus élevés. Il y a tant de ces sortes de nids, qu'on en rassemble tous les ans une quantité prodigieuse qui se portent presque tous à la Chine, où ils se vendent à raison de 50 taels le cent, ce qui fait environ 100 ducats d'Espagne. On les croit excellens pour l'estomac, & ils donnent aux mets qu'on en assaisonne un goût délicieux. (D.J.) NIENCHEU (Géog.) ville de la Chine, dans la province de Chekiang, dont elle est la quatrieme métropole. Elle est environnée de montagnes où il y a des mines de cuivre ; ses habitans font un grand commerce de papier. Lat. sept. 29. 33. OBSERVATOIRE Enfin le quatrieme observatoire est celui de Pekin. Le pere le Comte nous fait la description d'un grand & magnifique édifice qu'un des derniers empereurs de la Chine a fait élever dans cette capitale, à la priere de quelques jésuites astronomes, principalement du pere Verbiest, que l'empereur fit le premier astronome de cet observatoire. O MI-TO (Hist. mod.) c'est le nom que les Chinois idolâtres, qui suivent la secte de Fo, donnent à une divinité pour laquelle ils ont la plus grande vénération. On croit que c'est le même dieu que les Japonois adorent sous le nom d'Amida. Les Chinois croient qu'il suffit de l'invoquer pour obtenir le pardon des crimes les plus atroces. Ils joignent son nom avec celui de Fo, & en font un même mot O-mito-fo. Ce dieu prétendu, de l'aveu de ses adorateurs, étoit un homme du royaume de Bengale, fameux par la sainteté de ses moeurs. OEILLET L'oeillet de la Chine est à fleur simple ou double : la premiere sorte est nommée par les Botanistes caryophyllus sinensis, supinus, leucoii folio, flore vario ; en anglois the variable china-pink : la seconde sorte est appellée caryophyllus sinensis, supinus, leucoii folio, flore pleno ; en anglois, the double china-pink. Il y a une si grande variété de couleurs differentes dans les oeillets de la Chine, qu'on en voit à peine deux exactement semblables dans un très-grand parterre ; & comme leurs couleurs sont en même tems de la derniere beauté, il faut avoir soin de n'employer les graines que des plus beaux ; car ils sont fort sujets à dégénerer. Les graines de l'espece double produiront de nouveau quantité de fleurs doubles, au lieu que les graines de l'espece simple ne donnent presque jamais de fleurs doubles. On ne multiplie l'une & l'autre espece que de graines ; & Miller vous enseignera mieux que personne la maniere d'y réussir. OUTOMCHU S. m. (Histoire naturelle Bot.) arbre de la Chine ; il ressemble au sicomore ; sa feuille est longue, large de 8 à 9 pouces, attachée à une queue d'un pié de long : il est touffu & chargé de bouquets si pressés, que les rayons du soleil ne le pénetrent point ; son fruit est extrêmement petit. Vers le mois d'Août ou sur la fin du mois de Juillet il se forme sur la pointe des branches des petits bouquets de feuilles différentes des autres ; plus blanches, plus molles, & moins larges ; ce sont ces feuilles qui tiennent lieu de fleurs : sur le bord de chacune naissent trois ou quatre petits grains comme des pois verds, ils renferment une substance blanche & d'un goût assez agréable, celui d'une noisette qui n'est pas encore mûre. PAGODE Les plus beaux pagodes sont ceux des Chinois & des Siamois ; les offrandes qu'on y fait sont si considérables, qu'on en nourrit une quantité prodigieuse de pélerins. Le pagode de Jagranate produit un revenu immense à ceux de son idole. M. de la Loubere a décrit les pagodes de Siam, & les missionnaires ceux de la Chine, qui sont quelquefois incrustés de marbre, de jaspe, de porcelaine, & de lames d'or : on trouve la représentation d'un de ces temples dans l'essai d'Architecture de Fischer. PANGFILS S. m. (Comm. d'ourdis.) étoffes de soie qui se fabriquent à la Chine, sur-tout dans la province de Nanquin. Elles se vendent presque par assortiment pour l'usage du pays, & le trafic au Japon. PANT-SEE (Hist. des supplices) nom de l'instrument dont on punit les coupables à la Chine. C'est une grosse canne de bambou, bois dur & massif, fendue à-demi, plate, & de quelques piés de longueur. Elle a par le bas la largeur de la main, & est par le haut polie & déliée. Lorsque le mandarin tient son audience, il est assis gravement devant une table, sur laquelle est un étui rempli de petits bâtons longs d'un demi-pié, & larges de deux doigts. Plusieurs huissiers armés de pant-sée l'environnent. Au signe qu'il donne, en tirant & jettant ces bâtons, on saisit le coupable, on l'étend ventre contre terre, on lui abaisse le haut-de-chausse jusqu'aux talons ; & autant de petits bâtons que le mandarin tire de son étui, & qu'il jette par terre, autant d'huissiers se succedent, qui appliquent les uns après les autres chacun cinq coups de pant-sée sur la chair nue du coupable. On change l'exécuteur de cinq coups en cinq coups, ou plutôt deux exécuteurs frappent alternativement chacun cinq coups, afin qu'ils soient plus pesans & que le châtiment soit plus rude. Il faut néanmoins remarquer que quatre coups sont réputés cinq ; & c'est ce qu'on appelle la grace de l'empereur, qui comme pere, par compassion pour son peuple, diminue toujours quelque chose de la peine. Ce n'est pas seulement en siégeant au tribunal qu'un mandarin a le droit de faire donner la bastonnade, il a le même privilege en quelque endroit qu'il se trouve, même hors de son district : c'est pourquoi quand il sort, il est toujours accompagné d'officiers de justice qui portent des pant-sée. Il suffit à un homme du petit peuple qui est à cheval, de n'avoir pas mis pié à terre, ou d'avoir traversé la rue en présence d'un mandarin pour recevoir quatre coups de bâton par son ordre. L'exécution est si prompte, qu'elle est souvent faite avant que ceux qui sont présens s'en soient apperçus. Les maîtres usent du même châtiment envers leurs disciples, les peres envers leurs enfans, & les seigneurs envers leurs domestiques ; avec cette différence, que le pant-sée dont ils se servent, est moins long, & moins large, que celui des huissiers d'un mandarin. (D.J.) PAPAY Il y a une grande abondance de papaya à la Chine, dans les provinces de Canton & de Focien : cet arbre y porte beaucoup de fruits attachés à son tronc, & ses fruits sont presque aussi gros que des melons ; la chair en est rousse, molle, & d'un goût agréable. L'on voit quelquefois sur le même arbre des fleurs ouvertes semblables à nos lys, des boutons, des fruits encore verts, & d'autres qui sont jaunes & mûrs. Le papaya sauvage se multiplie de la semence de son fruit lorsqu'il tombe : on en peut voir la figure dans Boym, Flora sinensis. (D.J.) PAPIER La maniere d'argenter le papier, est un autre secret qu'ont les Chinois, dont la pratique est de peu de frais, & pour laquelle ils ne se servent pas d'argent, mais ils prennent deux scrupules de glu faite de cuir de boeuf, un scrupule d'alun, & une pinte d'eau claire ; ils mettent le tout sur un feu lent, jusqu'à ce que l'eau soit consumée, c'est-à-dire, qu'il n'en sorte plus d'exhalaisons : alors ils étendent quelques feuilles de papier sur une table bien unie, & appliquent dessus avec un pinceau deux ou trois couches de cette glu ; ensuite ils prennent une poudre faite d'une certaine quantité de talc bouilli, & mêlé avec le tiers de cette quantité d'alun : ces deux drogues sont broyées ensemble, passées au tamis, & mises sur le feu dans de l'eau où on les fait bouillir derechef, ensuite on les fait sécher au soleil, & enfin on les broye. Cette poudre étant passée par un tamis fin, on l'étend également sur les feuilles de papier préparées comme devant ; ensuite on les étend à l'ombre pour les faire sécher : cela fait, on les remet encore sur la table, & on les lisse promptement avec un morceau de coton net, pour enlever le superflu du talc, qui sert une seconde fois au même usage ; avec cette poudre délayée dans l'eau, & mêlée avec la glu & l'alun, ils tracent toutes sortes de figures de fantaisie sur le papier. Voyez le P. du Halde, descript. de la Chine, tom. I. Anciennement les Chinois écrivoient avec un pinceau de fer sur des tablettes de bambou ; ensuite ils se servirent du pinceau pour écrire sur du satin ; enfin, sous la dynastie des Hans, ils trouverent l'invention du papier 160 ans environ avant Jesus-Christ, suivant le P. Martini. Cette invention se perfectionna insensiblement, & leur procura différentes sortes de papier. En général, le meilleur dont on se sert pour écrire, ne peut guere se conserver long-tems dans les provinces du sud ; & même nos livres d'Europe, selon le P. Parennin, ne tiennent guere à Canton contre la pourriture, les vers, & les fourmis blanches, qui dans quelques nuits en dévorent jusqu'aux couvertures : mais le même pere assure que dans les parties du nord, sur-tout dans la province de Pékin, le papier quoique mince, se conserve très-long-tems. Il est bon de remarquer que le papier de bambou n'est ni le meilleur, ni le plus usité à la Chine. Par rapport à la qualité, il cede la primauté au papier fait de l'arbrisseau qui porte le coton, qui est le plus blanc & le plus fin, & en même tems le moins sujet aux inconvéniens dont nous venons de parler, car il se conserve aussi-bien, & dure aussi long-tems que le papier d'Europe. Le papier dont on se sert le plus communément à la Chine, est celui que l'on fait d'un arbre appellé chu-ku ou ku-chu, que le pere du Halde compare tantôt au mûrier, tantôt au figuier, tantôt au sicomore, & enfin pour augmenter l'embarras, d'autres fois au fraisier, ensorte que nous connoissons moins cet arbre que s'il n'en avoit rien dit du-tout : cette façon d'écrire est familiere à cet auteur, qui est souvent d'une sécheresse extraordinaire au milieu de la plus grande prolixité, & qui n'est jamais plus diffus & moins méthodique, que quand il se propose de mettre de l'exactitude & de l'ordre dans ses écrits. Mais, pour revenir au ku-chu, voici la maniere de le préparer pour en faire le papier : on ratisse d'abord légérement l'écorce extérieure de cet arbre, qui est verdâtre, ensuite on en leve la peau intérieure en longs filets minces, qu'on fait blanchir à l'eau & au soleil, après quoi on la prépare de la même maniere que le bambou. La maniere d'argenter le papier, est un autre secret qu'ont les Chinois, dont la pratique est de peu de frais, & pour laquelle ils ne se servent pas d'argent, mais ils prennent deux scrupules de glu faite de cuir de boeuf, un scrupule d'alun, & une pinte d'eau claire ; ils mettent le tout sur un feu lent, jusqu'à ce que l'eau soit consumée, c'est-à-dire, qu'il n'en sorte plus d'exhalaisons : alors ils étendent quelques feuilles de papier sur une table bien unie, & appliquent dessus avec un pinceau deux ou trois couches de cette glu ; ensuite ils prennent une poudre faite d'une certaine quantité de talc bouilli, & mêlé avec le tiers de cette quantité d'alun : ces deux drogues sont broyées ensemble, passées au tamis, & mises sur le feu dans de l'eau où on les fait bouillir derechef, ensuite on les fait sécher au soleil, & enfin on les broye. Cette poudre étant passée par un tamis fin, on l'étend également sur les feuilles de papier préparées comme devant ; ensuite on les étend à l'ombre pour les faire sécher : cela fait, on les remet encore sur la table, & on les lisse promptement avec un morceau de coton net, pour enlever le superflu du talc, qui sert une seconde fois au même usage ; avec cette poudre délayée dans l'eau, & mêlée avec la glu & l'alun, ils tracent toutes sortes de figures de fantaisie sur le papier. Voyez le P. du Halde, descript. de la Chine, tom. I. Anciennement les Chinois écrivoient avec un pinceau de fer sur des tablettes de bambou ; ensuite ils se servirent du pinceau pour écrire sur du satin ; enfin, sous la dynastie des Hans, ils trouverent l'invention du papier 160 ans environ avant Jesus-Christ, suivant le P. Martini. Cette invention se perfectionna insensiblement, & leur procura différentes sortes de papier. En général, le meilleur dont on se sert pour écrire, ne peut guere se conserver long-tems dans les provinces du sud ; & même nos livres d'Europe, selon le P. Parennin, ne tiennent guere à Canton contre la pourriture, les vers, & les fourmis blanches, qui dans quelques nuits en dévorent jusqu'aux couvertures : mais le même pere assure que dans les parties du nord, sur-tout dans la province de Pékin, le papier quoique mince, se conserve très-long-tems. PECHE La pêche des perles, dans la Tartarie chinoise, se fait proche la ville de Nipehoa, située sur un lac de même nom : les perles n'y sont pas si belles, ni en si grand nombre qu'à Baharem. C'est cette pêche qui a été la cause de la guerre entre les Chinois & les Moscovites, & qui a été terminée vers la fin du dernier siecle par les négociations des jésuites Péreira & Gerbillon. Le lac, qui est d'une grande étendue, fut alors divisé entre les deux nations, dont chacune prétendoit à la possession du tout. PEINTURE CHINOISE (Peintur.) c'est une sorte de peinture que les Chinois font sur des éventails ou sur la porcelaine, où ils représentent des fleurs, des animaux, des paysages, des figures, &c. avec des couleurs fines & brillantes. Le seul mérite de leur peinture est une certaine propreté & un certain goût d'imitation servile, mais où l'on ne remarque ni génie, ni dessein, ni invention, ni correction. PEKING (Géog. mod.) ou Xuntien & Cambalu dans quelques relations de voyageurs ; grande ville de la Chine, la capitale de l'empire, & le siége ordinaire des empereurs. Nous en parlons par cette seule raison ; le pere du Halde vous en donnera la description. On lit dans les lettres édifiantes, que cette ville a six lieues de tour de 3600 pas chacune. Ses portes ont quelque chose de plus magnifique que celles de toutes les villes de l'Europe ; elles sont extrèmement élevées, & renferment une grande cour quarrée environnée de murailles, sur lesquelles on a bâti des sallons, tant du côté de la campagne, que du côté de la ville. Le palais de l'empereur a deux milles d'Italie en longueur, un en largeur, & six de tour. Il y tient plus de trois mille concubines. Longit. suivant les peres Jésuites, Cassini & Desplaces 134d 8', & suivant le pere Gaubil 133. 51. 45. lat. 39. 54. Long. orient, suivant M. le Monnier 133. 35. lat. 39. 55. Long. suivant le pere Feuillée, 133. 55. lat. 39. 55. (D.J.) PLANTE-VER (Hist. nat.) nom d'une prétendue plante envoyée de la Chine en Europe. Son nom chinois hia-tsao-tom-tchom signifie plante en été, & ver en hiver. C'est une racine de l'extrémité de laquelle sort une figure d'un ver sec & jaunâtre, de neuf lignes, où l'on distingue sensiblement la tête, les piés, le ventre de l'animal, & jusqu'à ses yeux & les plis de son dos ; mais cela même qui fait la merveille pour les Chinois, & la feroit bien aussi pour le commun des François, la détruisit pour l'académie : on s'apperçut bien vîte que c'étoit une vraie dépouille de quelque chenille ; & M. de Réaumur s'en assura pleinement par un examen plus particulier. On prend la figure de ver pour une partie & un prolongement de la racine, parce qu'en effet elle y tient étroitement ; & par-là on croit que cette portion de la racine est devenue ver : mais en y regardant de plus près, M. de Réaumur a fort bien vu que la substance de la racine ligneuse à l'ordinaire, étoit toute différente de celle qui reste du ver. Il juge que la chenille prête à se métamorphoser en nymphe ou en aurélie, ronge l'extrémité de la racine, y fait une cavité où elle introduit sa queue, qui s'y peut attacher encore par quelque viscosité du corps de l'animal, & qu'ainsi elle se ménage un point fixe, un appui pour se débarrasser plus aisément de l'enveloppe qu'elle doit quitter. Il n'est point singulier qu'un ver qui se transformera, vive jusques-là sous terre, on en a plusieurs exemples ; il y en a aussi qui ne se cachent sous terre que pour se transformer ; la chenille de la Chine sera dans l'un ou l'autre cas. On ne peut trop remercier les physiciens qui nous guérissent de notre penchant superstitieux pour les fausses merveilles ; il y en a tant de véritables, dignes de nous occuper ! (D.J.) PE-TONG (Hist. nat. Minéral.) les jésuites, missionnaires à la Chine, disent que l'on trouve dans la province de Yun-Nan une espece de métal, appellé pé-tong par les Chinois ; on ne nous apprend rien sur ce métal, sinon qu'il est blanc à son intérieur, ainsi qu'à son extérieur, & que d'ailleurs il a beaucoup de rapport avec le cuivre ordinaire. Peut-être cette substance n'est-elle qu'une pyrite arsénicale dont la couleur est blanche, mais elle n'a aucune des propriétés du cuivre. PEKELI (Géog. mod.) province de la Chine, & la premiere des quinze de ce vaste empire. Elle est au midi de la grande muraille, & à l'orient d'un bras de mer. Sa figure est un triangle rectangle ; l'air y est très-froid, le terrein stérile & plein de sable. Peking en est la capitale. (D.J.) PELAINS S. f. pl. (Comm. de la Chine) ce sont des satins de la Chine, mais qui passent par les mains des Indiens, de qui les commis de la compagnie les reçoivent & les achetent ; leur longueur est de huit aunes sur sept seiziemes de largeur. PELING S. m. (Comm. de la Chine) étoffe de soie qui se fabrique à la Chine. Il y en a de blanche, de couleur, d'unie, d'ouvrée, de simple, de demi-double & de triple. Entre un grand nombre d'Etoffes qui se font à la Chine, la plûpart de celles que les Hollandois portent en Europe, sont des pélings, parce qu'ils y trouvent un plus grand profit. Les pélings entrent aussi dans les assortimens pour le négoce du Japon. PERDRIX PERDRIX DE LA CHINE, perdix sinensis ; cette espece de perdrix est un peu plus grosse que notre perdrix rouge ; elle a environ un pié six lignes de longueur depuis la pointe du bec jusqu'à l'extrémité de la queue, & un pié quatre pouces jusqu'au bout des ongles. Il y a de chaque côté de la tête quatre bandes longitudinales, qui commencent toutes à l'origine du bec, & qui s'étendent jusqu'au derriere de la tête ; la premiere, c'est-à-dire, celle qui se trouve au-dessus des autres, passe sur les yeux ; elle est la plus large & noirâtre. La seconde est blanche ; la troisieme noirâtre, & la derniere a une couleur roussâtre. Le sommet de la tête est d'un brun mêlé de petites taches blanchâtres, & la gorge a une couleur blanche ; les plumes du dos, du croupion, & celles du dessus de la queue, sont rayées transversalement de brun & de roussâtre ; les plumes des aîles sont brunes, & ont aussi des bandes transversales blanchâtres, qui forment sur chaque côté de la plume un petit arc de cercle ; la queue est roussâtre & a des bandes transversales noires ; le bec est noirâtre ; les piés sont roux ; le mâle a un ergot long de deux lignes & demie à chaque pié : on trouve cet oiseau à la Chine. Ornith. de M. Brisson. Voyez OISEAU. PETUNTS ou PETUNSE s. m. (Hist. nat. Min. & Arts) c'est le nom que les Chinois donnent à une pierre, qui, pulvérisée & mêlée avec une terre qu'ils appellent kaolin, fait une véritable porcelaine. Voyez PORCELAINE. Les Chinois après avoir réduit le petuntse en une poudre fine, lui donnent la forme d'une brique, afin de s'en servir pour faire la porcelaine. Voyez cet article. Comme depuis plusieurs années on a cherché les moyens de perfectionner les porcelaines qui se font en Europe, on a tâché de se procurer les matieres employées par les Chinois. Dans cette vue, feu M. le duc d'Orléans qui s'occupoit dans sa retraite, d'expériences utiles à la société, fit venir de la Chine du petuntse & du kaolin. Après en avoir reçu des échantillons suffisans, ce prince n'eut rien plus à coeur, que de faire examiner si ces substances ne se trouvoient point en France. Ses soins ont été assez infructueux, & de son vivant on n'a pas pu trouver de pierre qui ressemblât en tout point au pétuntse des Chinois ; mais depuis on a trouvé que cette matiere étoit très-abondante dans quelques provinces du royaume. Quant au kaolin, on en avoit déja trouvé depuis assez long-tems ; ainsi il ne nous manque plus rien pour faire de la porcelaine, qui ait toutes les qualités de celle de la Chine, & qui ne soit point une vitrification, comme sont toutes les porcelaines de Saxe, de Chelsea, de Chantilly, &c. En un mot, comme toutes celles qui ont été faites en Europe jusqu'à présent. Voyez l'article PORCELAINE. PHOENIX L'opinion fabuleuse du phoenix se trouve reçue chez les Chinois, dit le pere du Halde dans sa description de la Chine ; ils n'ont donc pas été si renfermés chez eux, qu'ils n'ayent emprunté plusieurs opinions des Egyptiens, des Grecs & des Indiens, puisqu'ils attribuent à un certain oiseau de leur pays la propriété d'être unique, & de renaître de ses cendres. (D.J.) PIC (Poids) gros poids de la Chine dont on se sert particulierement du côté de Canton, pour peser les marchandises ; il se divise en cent catis ; quelques-uns disent en cent vingt-cinq ; le catis en seize taels ; chaque tael faisant une once deux gros de France ; ensorte que le pic de la Chine, revient à cent vingt-cinq livres, poids de marc. Savary. PICOL S. m. (Commerce) poids dont on se sert à la Chine pour peser la soie. Il contient soixante-six catis, & trois quarts de catis ; ensorte que trois picols font autant que le bahar de Malaca, c'est-à-dire deux cent catis. Voyez BAHAR. PIMPOU S. m. (Hist. mod.) tribunal de la Chine où les affaires qui concernent les troupes sont portées. PISCATOIRE ou PESCADORES, (Géog. mod.) c'est-à-dire îles du pêcheur. M. Delisle ne marque qu'une île de ce nom dans sa carte des Indes & de la Chine ; mais Dampier dit que les Piscadores sont plusieurs grandes îles désertes, situées près de Formosa, entre cette île & la Chine, à environ 23 degrés de latitude septentrionale, & presque à la même élévation que le tropique du cancer. (D.J.) PITIS S. m. (Monnoie de la Chine) petite monnoie de bas aloi, moitié plomb & moitié écume de cuivre ; elle a grand cours dans l'île de Java, où les Chinois la portent ; cependant les deux cens pitis ne valent que neuf deniers de Hollande. (D.J.) POITS La Chine a pour poids, le pic, le picol, le bahar, le tael, le catis, le mas & les condorins ; le Tunquin a tous les poids, les mesures & les monnoies de la Chine. Le Japon n'a qu'un seul poids qui est le catis, différent pourtant de celui de la Chine & du Tunquin. Dans la Chine on employe pour les marchandises en gros le pico, qui est de 100 catis ou cattis, quoique quelques auteurs le font de 126. Le cati se divise en 16 taels ou tales, chacun valant 1 1/3 d'once d'Angleterre, ou le poids d'un rial & 1/12, & se divisant en 10 mas ou masses, lesquelles masses valent chacune 10 condrins ; desorte que le pico chinois monte à 137 livres angloises avoir-du-poids, & que le cati pese 1 livre 8 onces ; le pico pour la soie est de 66 catis & 3/4 ; le batias, bakaise ou bars contient 300 catis. POIVRE de la Chine (Hist. des drog. exot.) Le P. le Comte dans ses mémoires dit que le poivre de la Chine a les mêmes propriétés que celui des Indes. L'arbre qui le produit est grand comme nos noyers. Son fruit est de la grosseur d'un pois, de couleur grise mêlée de quelques filets rouges. Quand il est mûr, il s'ouvre de lui-même, & fait voir un petit noyau noir comme du jay. Après qu'on l'a cueilli, on l'expose au soleil pour le sécher, & l'on jette le noyau, qui est d'un goût trop fort, ne réservant que l'écorce. L'odeur de ces arbres à poivre est si violente, qu'il en faut cueillir le fruit à plusieurs reprises, crainte d'en être incommodé. (D.J.) POPULATION La doctrine de Foë, dit un philosophe chinois, dont le pere du Halde rapporte le passage, " établit que notre corps est notre domicile, & l'ame l'hôtesse immortelle qui y loge ; mais si le corps de nos parens n'est qu'un logement, il est naturel de le regarder avec le même mépris qu'on a pour un amas de terre. N'est-ce pas vouloir arracher du coeur la vertu de l'amour des parens ? Cela porte même à négliger le soin du corps & à lui refuser la compassion & l'affection si nécessaires pour sa conservation. Aussi les disciples de Foë se tuent à milliers ". Et aussi chez tous les autres peuples, les hommes trop affectés de la même idée, se détruisent-ils peu-à-peu. A la Chine on est si convaincu que la tranquillité de l'état, sa prospérité & le bonheur des peuples dépendent de la tolérance de l'administration en matiere religieuse, que pour être mandarin, & par conséquent magistrat, il faut par une condition absolue, n'être attaché à aucun culte particulier. Entre toutes les formes de gouvernemens possibles, dont le despotisme doit toujours être écarté, il seroit difficile d'assigner celle où rien absolument ne seroit contraire à la multiplication de l'espece : toutes ont leurs avantages & leurs inconvéniens. Un gouvernement dont les institutions seroient incorruptibles, qui assureroient pour toujours la durée de la société, son bonheur & celui des individus qui la composeroient, leur tranquillité & leur liberté, est encore à trouver : c'est un chef-d'oeuvre auquel l'esprit humain n'osera jamais prétendre, & que sa propre inconstance rend impossible. Les lois de la Chine sont peut-être les seules où l'on puisse trouver tant de stabilité ; il faut qu'elles soient bien sages, puisqu'elles n'ont point varié, malgré toutes les sortes de dominations par lesquelles les Chinois ont passé : ils les ont données à toutes les nations qu'ils ont vaincues ; celles qui les ont subjugués les ont reçues & s'y sont soumises. Aussi quelque fertile que soit cette vaste contrée, elle suffit à peine quelquefois pour nourrir les deux tiers des habitans. Cet exemple est unique ; en général l'abus de toutes choses, le tems qui les use & les détruit, les révolutions trop fréquentes parmi les hommes, l'augmentation ou la perte de leurs connoissances, rendent toutes les lois politiques aussi variables qu'eux, & laisseront toujours dans cette importante matiere de grands problèmes à résoudre. Solon, à qui l'on demandoit si les lois qu'il avoit données aux Athéniens étoient les meilleures, répondit qu'il leur avoit donné les meilleures de toutes celles qui pouvoient leur convenir. A la Chine elle est encore plus honorée. L'empereur fait tous les ans la cérémonie d'ouvrir les terres ; il est informé chaque année du laboureur qui s'est le plus distingué, & le fait mandarin du huitieme ordre, sans qu'il lui soit permis de quitter sa profession. Le P. du Halde nous apprend que Venty, troisieme empereur de la troisieme dynastie, cultivoit la terre de ses propres mains : aussi la Chine est-elle le pays le plus fertile & le plus peuplé du monde. On lit encore dans M. de Montesquieu, que chez les anciens Perses le huitieme jour du mois nommé chorrent-ruz, les rois quittoient leur faste pour manger avec les laboureurs. Ce qui me touche dans ces usages, ce n'est pas le stérile honneur que le souverain faisoit à la portion la plus nombreuse & la plus utile de ses sujets ; mais c'est le préjugé doux & légitime qu'il sentoit toute l'importance de leur état, & qu'il ne l'excédoit pas d'impositions. Or combien tous ces usages ne devoient-ils pas encourager l'agriculture & la population ? Combien ceux de nos jours n'y sont-ils pas contraires ? Nos anciens (dit un empereur de la famille des Tang, dans une ordonnance que l'on trouve dans le pere Duhalde) tenoient pour maxime, que s'il y avoit un homme qui ne labourât point, une femme qui ne s'occupât point à filer, quelqu'un souffroit le froid & la faim dans l'empire, & sur ce principe il fit détruire une infinité de monasteres de faquirs. On lit dans le premier tome de l'histoire de la Chine du pere Duhalde, que le troisieme empereur de la vingt-unieme dynastie fit fermer une mine d'où l'on avoit tiré des pierres précieuses, ne voulant pas fatiguer ses sujets à travailler pour des choses qui ne pouvoient ni les vêtir ni les nourrir. A ce propos, je ne puis m'empêcher de rapporter ici un mot du sage Locke : il disoit, " qu'il falloit toujours prêcher notre culte aux sauvages ; que quand ils n'en apprendroient qu'autant qu'il en faut pour se couvrir le corps d'habit, ce seroit toujours un grand bien pour les manufactures d'Angleterre ". Une colonie est nuisible, quand elle n'augmente pas l'industrie & le travail de la nation qui la possede. PORCELAINE de la Chine (Art de la poterie) la porcelaine qui est un des meubles les plus ordinaires des Chinois, & l'ornement de leurs maisons, a été si recherchée en Europe, & il s'y en fait encore un si grand commerce, qu'il est à propos d'exposer tous les détails de sa fabrique. On ne travaille à la porcelaine que dans une seule bourgade de la province de Kiang-si. Cette bourgade se nomme King-te-tching, & a plus d'un million d'ames. Le pere Dentrecolles y avoit une église, & parmi ses chrétiens il en comptoit plusieurs qui travailloient à la porcelaine, ou qui en faisoient un grand commerce ; c'est d'eux qu'il a tiré des connoissances exactes de toutes les parties de ce bel art. Outre cela, il s'est instruit par lui-même, & a consulté les livres chinois qui traitent de cette matiere ; nous ne pouvons donc rien faire de mieux que d'user ici de son mémoire, qui se trouve dans les lettres des Missionnaires, & dans l'histoire de la Chine du pere du Halde. Incertitude de l'époque de la porcelaine. Ce pere a cherché inutilement quel est celui qui a inventé la porcelaine. Les annales n'en parlent point, & ne disent pas même à quelle tentative, ni à quel hasard on est redevable de cette invention. Elles disent seulement que la porcelaine étoit anciennement d'un blanc exquis, & n'avoit nul défaut ; que les ouvrages qu'on en faisoit, & qui se transportoient dans les autres royaumes, ne s'appelloient pas autrement que les bijoux précieux de Ja-tcheou : plus bas on ajoute, la belle porcelaine qui est d'un blanc vif & éclatant, & d'un beau bleu céleste, sort toute de King-te-tching. Il s'en fait dans d'autres endroits, mais elle est bien différente soit pour la couleur, soit pour la finesse. En effet, sans parler des ouvrages de poterie qu'on fait par toute la Chine, auxquels on ne donne jamais le nom de porcelaine, il y a quelques provinces, comme celle de Canton & de Fokien, où l'on travaille en porcelaine ; mais les étrangers ne peuvent s'y méprendre : celle de Fokien est d'un blanc de neige qui n'a nul éclat, & qui n'est point mêlangée de couleurs. Des ouvriers de King-te-tching y porterent autrefois tous leurs matériaux, dans l'espérance d'y faire un gain considérable, à cause du grand commerce que les Européens faisoient alors à Emouy ; mais ce fut inutilement, ils ne purent jamais y réussir. L'empereur Cang-hi, qui ne vouloit rien ignorer, fit conduire à Peking des ouvriers en porcelaine, & tout ce qui s'employe à ce travail. Ils n'oublierent rien pour réussir sous les yeux du prince ; cependant on assure que leur ouvrage manqua. Il se peut faire que des raisons d'intérêt & de politique eurent part à ce peu de succès. Quoiqu'il en soit, c'est uniquement King-te-tching qui a l'honneur de donner de la porcelaine à toutes les parties du monde. Le Japon même vient en acheter à la Chine. Ce qu'il faut savoir sur la porcelaine. Tout ce qu'il y a à savoir sur la porcelaine, dit le pere Dentrecolles, se réduit à ce qui entre dans sa composition, & aux préparatif qu'on y apporte ; aux différentes especes de porcelaine, & à la maniere de les former ; à l'huile qui lui donne de l'éclat, & à ses qualités ; aux couleurs qui en font l'ornement, & à l'art de les appliquer ; à la cuisson, & aux mesures qui se prennent pour lui donner le degré de chaleur qui lui convient : enfin on finira par quelques réflexions sur la porcelaine ancienne, sur la moderne, & sur certaines choses qui rendent impraticables aux Chinois des ouvrages dont on a envoyé & dont on pourroit envoyer les desseins. Ces ouvrages où il est impossible de réussir à la Chine, se feroient peut-être facilement en Europe, si l'on y trouvoit les mêmes matériaux. Du nom de la matiere de la porcelaine. Mais avant que de commencer, il est à-propos de détromper ceux qui croiroient peut-être que le nom de porcelaine vient d'un mot chinois. A la vérité il y a des mots, quoiqu'en petit nombre, qui sont françois & chinois tout ensemble : ce que nous appellons thé par exemple, a pareillement le nom de thé dans la province de Fokien, quoiqu'il s'appelle tcha dans la langue mandarine ; mais pour ce qui est du nom de porcelaine, c'est si peu un mot chinois, qu'aucune des syllabes qui le composent ne peut ni être prononcée, ni être écrite par des chinois, ces sons ne se trouvant point dans leur langue. Il y a apparence que c'est des Portugais qu'on a pris ce nom, quoique parmi eux porcelana signifie proprement une tasse ou une écuelle, & que loca soit le nom qu'ils donnent généralement à tous les ouvrages que nous nommons porcelaine. Les Chinois l'appellent communément tse-ki. La matiere de la porcelaine se compose de deux sortes de terre, l'une appellée pe-tun-tse, & l'autre qu'on nomme ka-olin ; celle-ci est parsemée de corpuscules qui ont quelque éclat, l'autre est simplement blanche & très-fine au toucher. En même tems qu'un grand nombre de grosses barques remontent la riviere de Jaotheou à King-te-tching pour se charger de porcelaine, il en descend de Ki-mu en presque autant de petites, qui sont chargées de pe-tun-tse & de ka-olin réduits en forme de briques ; car King-te-tching ne produit aucun des matériaux propres à la porcelaine. Les pe-tun-tse dont le grain est si fin, ne sont autre chose que des quartiers de rochers qu'on tire des carrieres, & auxquels on donne cette forme. Toute sorte de pierre n'est pas propre à former le pe-tun-tse, autrement il seroit inutile d'en aller chercher à vingt ou trente lieues dans la province voisine. La bonne pierre, disent les Chinois, doit tirer un peu sur le verd... POULS La méthode des Chinois est presque entierement inconnue ; il y a lieu de présumer qu'elle n'est pas sans avantages ; il est au-moins très-assuré qu'elle peut piquer & satisfaire la curiosité. PUSSA S. f. (Idolât. chinoise) déesse des Chinois, que les Chrétiens nomment la Cibele chinoise. On la représente assise sur une fleur d'alisier, au haut de la tige de l'arbre. Elle est couverte d'ornemens fort riches, & toute brillante de pierreries. Elle a seize bras qu'elle étend, huit à droite & huit à gauche ; chaque main est armée de quelque chose, comme d'une épée, d'un couteau, d'un livre, d'un vase, d'une roue, & d'autres figures symboliques. Hist. de la Chine. QUAN-TONou plutôt QUANG-TUNG (Géog. mod.) province de la Chine, la douzieme de l'empire, & l'une des principales & des plus riches. Elle est bornée au nord-ouest par le Quangsi, au vrai nord par le Huquang, au nord-est par le Kiangs & le Fokieng, au midi par l'Océan, & au couchant par le Tonquin. On y jouit d'une grande température. Les moissons s'y font deux fois l'an. Le commerce y est très-vif en toutes sortes de marchandises, en or, en diamant, en perles, soie, fer, étain, cuivre, &c. L'abbé de Choisi dit qu'on y voit trois choses extraordinaires, un ciel sans nuage, des arbres toujours verds, & des hommes qui crachent le sang, parce qu'ils mâchent sans-cesse des feuilles de bétel, qui teint leur salive en rouge. Cette province contient dix métropoles. Quang-cheu est sa capitale ; c'est la même ville que les François nomment mal-à-propos Quanton ou Canton. Voyez QUANG-CHEU. (D.J.) QUANG-CHEU (Géog. mod.) quelques missionnaires jésuites écrivent Canton, d'autres Quanton, & d'autres Quangtung ; grande ville de la Chine, capitale de la province de Quanton, avec un port. Elle est dans un pays fertile, sur la riviere de Ta, & compte quinze autres villes dans son département. Les lettres édifiantes vous en donneront de grands détails. Je n'ose vous assurer qu'ils soient vrais. Long. 130. 43. lat. 23. 8. QUANG-SI (Géog. mod.) province de la Chine dans sa partie méridionale. Elle est bornée au nord par la province de Quiechen & d'Huquiang ; & par la province d'Huquiang & celle de Quanton ; sud par la même & par le Tonquin ; ouest par la province d'Iunnan. Elle est arrosée d'un grand nombre de rivieres qui la rendent fertile. Elle appartient en partie au Tunquin, & comprend onze cités. Longit. de Quiechu, capitale de cette province, 127. 16. lat. 25. 54. (D.J.) QUEI (Hist. nat.) nom que les Chinois donnent à une terre blanche fort douce au toucher, & assez semblable à ce qu'on appelle le talc de Venise. Les femmes s'en frottent le visage pour se rendre le teint uni & la peau douce. RIZ En général le riz se cultive dans les lieux humides & marécageux, & dans des pays chauds, du moins à en juger par les contrées où il est le plus en usage, & où il fait la principale nourriture des habitans. Tout le Levant, l'Egypte, l'Inde, la Chine, sont dans ce cas. Après avoir décrit la maniere dont le riz se cultive en Europe, il faut indiquer celle des Chinois, qui est le peuple le plus industrieux à tirer parti du terrein, & celui chez lequel la plus grande sagacité des laboureurs se porte à la culture du riz : pour y réussir, ils commencent par fumer extraordinairement les terres, & n'en pas laisser un seul endroit sans rapport avantageux. Les Chinois sont bien éloignés d'occuper la terre superflue en objets agréables, comme à former des parterres, à cultiver des fleurs passageres, à dresser des allées, & à planter des avenues d'arbres sans rapport ; ils croient qu'il est du bien public, &, ce qui les touche encore plus, de leur intérêt particulier, que la terre produise des choses utiles. Aussi toutes leurs plaines sont cultivées, & en plusieurs endroits elles donnent deux fois l'an. Les provinces du midi sont celles qui produisent le plus de riz, parce que les terres sont basses & le pays aquatique. Les Laboureurs jettent d'abord les grains sans ordre ; ensuite quand l'herbe a poussé à la hauteur d'un pié ou d'un pié & demi, ils l'arrachent avec sa racine, & ils en font de petits bouquets ou gerbes qu'ils plantent au cordeau ou en échiquier, afin que les épis appuyés les uns sur les autres, se soutiennent aisément en l'air, & soient plus en état de résister à la violence des vents. Quoiqu'il y ait dans quelques provinces des montagnes désertes, les vallons qui les séparent en mille endroits, sont couverts du plus beau riz. L'industrie chinoise a sçu applanir entre ces montagnes tout le terrein inégal qui est capable de culture. Pour cet effet, ils divisent comme en parterres, le terrein qui est de même niveau, & disposent par étages en forme d'amphitheâtre, celui qui suivant le penchant des vallons, a des hauts & des bas. Comme le riz ne peut se passer d'eau, ils pratiquent par-tout de distance en distance, & à différentes élévations, de grands réservoirs pour ramasser l'eau de pluie, & celle qui coule des montagnes, afin de la distribuer également dans tous leurs parterres de riz. C'est à quoi ils ne plaignent ni soins, ni fatigues, soit en laissant couler l'eau par sa pente naturelle des réservoirs supérieurs dans les parterres les plus bas, soit en la faisant monter des réservoirs inférieurs & d'étage en étage, jusqu'aux parterres les plus élevés. Ils inondent les campagnes de riz, de l'eau des canaux qui les environnent, en employant certaines machines semblables aux chapelets dont on se sert en Europe pour dessécher les marais, & pour vuider les bâtardeaux. Ensuite ils donnent à cette terre trois ou quatre labours consécutifs. Quand le riz commence à paroître, ils arrachent les mauvaises herbes qui seroient capables de l'étouffer. C'est ainsi qu'ils font d'abondantes récoltes. Après avoir cueilli leur riz, ils le font cuire légérement dans l'eau avec sa peau ; ensuite ils le sechent au soleil, & le pilent à plusieurs reprises. Quand on a pilé le riz pour la premiere fois, il se dégage de la grosse peau ; & la seconde fois, il quitte la pellicule rouge qui est au-dessous, & le riz sort plus ou moins blanc selon l'espece. C'est dans cet état qu'ils l'apprêtent de différentes manieres. Les uns lui donnent un court bouillon avec une sauce ; d'autres le mangent avec des herbes, ou des feves ; & d'autres plus pauvres, l'apprêtent simplement avec un peu de sel. Comme le riz vient dans les Indes à-peu-près de la même maniere qu'à la Chine, nous n'avons rien de particulier à en dire ; mais il se présente une observation à faire sur les lieux où le riz se cultive pour la nourriture de tant de monde. Il faut dans cette culture de grands travaux pour ménager les eaux, beaucoup de gens y peuvent être occupés. Il y faut moins de terre pour fournir à la subsistance d'une famille, que dans les pays qui produisent d'autres grains ; enfin la terre qui est employée ailleurs à la nourriture des animaux, y sert immédiatement à la subsistance des hommes. Le travail que font ailleurs les animaux, est fait là par les hommes ; & la culture des terres devient pour eux une immense manufacture. Voilà les avantages de la culture du riz, dans le rapport que cette culture peut avoir avec le nombre des habitans, & ce sont des vues dignes des législateurs. Je ne discuterai point ici s'il convient de favoriser, de permettre, ou de défendre la culture du riz dans ce royaume ; je sais bien qu'il y a 35 à 30 ans qu'elle a été défendue en Roussillon, par arrêt du conseil souverain de cette province, sur ce qu'on a cru que les exhalaisons des lieux marécageux où l'on seme le riz, y causoient des maladies & des mortalités. Il ne seroit pas difficile de rassurer les esprits là-dessus, & d'indiquer en même tems des moyens pour prévenir tous les inconvéniens que l'on en pourroit craindre : mais ce sont les avantages de cette culture qu'il faudroit peser ; & comme cette question a tant de branches par elle-même, & relativement au commerce, ce n'est pas ici le lieu de la discuter. Il suffit de bien connoître la maniere dont on peut s'y prendre pour cultiver utilement dans ce pays une plante d'un si grand usage, lorsqu'on le jugera nécessaire. (D.J.) QUEICGEU (Géog. mod.) prononcez Queitcheou ; province de la Chine, la quatorzieme en rang ; elle est bornée nord par la province de Suchuen, & par la province de Huquang ; sud-est par la province de Quangei ; sud-ouest par celle de Junnan : c'est un pays très-ingrat & hérissé de montagnes inaccessibles ; il est habité en partie par des barbares indépendans des Chinois. Long. de Gueiyang sa capitale, 122. 57. lat. 26. (D.J.) |
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Encyclopédie, ou dictonnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers. Mis en ordre et publié par [Denis] Diderot [ID D 20381]. CHINE-CHINOIS CHINE. (LA) Géog. grand empire d'Asie, borné au nord par la Tartarie, dont elle est séparée par une muraille de quatre cent lieues ; à l'orient par la mer ; à l'occident par des hautes montagnes & des deserts ; & au midi par l'Océan, les royaumes de Tunquin, de Lao, & de la Cochinchine. La Chine a environ sept cent cinquante lieues de long, sur cinq cent de large. C'est le pays le plus peuplé & le mieux cultivé qu'il y ait au monde ; il est arrosé de plusieurs grandes rivieres, & coupé d'une infinité de canaux que l'on y fait pour faciliter le commerce. Le plus remarquable est celui que l'on nomme le canal royal, qui traverse toute la Chine. Les Chinois sont fort industrieux ; ils aiment les Arts, les Sciences & le Commerce : l'usage du papier, de l'Imprimerie, de la poudre à canon, y étoit connu long-tems avant qu'on y pensât en Europe. Ce pays est gouverné par un empereur, qui est en même tems le chef de la religion, & qui a sous ses ordres des mandarins qui sont les grands seigneurs du pays : ils ont la liberté de lui faire connoître ses défauts. Le gouvernement est fort doux. Les peuples de ce pays sont idolatres : ils prennent autant de femmes qu'ils veulent. Voyez leur philosophie à l'article de PHILOSOPHIE DES CHINOIS. Le commerce de la Chine consiste en ris, en soie, étoffes de toutes sortes d'especes, &c. CHINOIS. (PHILOSOPHIE DES) s. m. plur. Ces peuples qui sont, d'un consentement unanime, supérieurs à toutes les nations de l'Asie, par leur ancienneté, leur esprit, leurs progrès dans les arts, leur sagesse, leur politique, leur goût pour la Philosophie, le disputent même dans tous ces points, au jugement de quelques auteurs, aux contrées de l'Europe les plus éclairées. Si l'on en croit ces auteurs, les Chinois ont eu des sages dès les premiers âges du monde. Ils avoient des cités érudites ; des philosophes leur avoient prescrit des plans sublimes de philosophie morale, dans un tems où la terre n'étoit pas encore bien essuyée des eaux du déluge : témoins Isaac Vossius, Spizelius, & cette multitude innombrable de missionnaires de la compagnie de Jesus, que le desir d'étendre les lumieres de notre sainte religion, a fait passer dans ces grandes & riches contrées. Il est vrai que Budée, Thomasius, Gundling, Heumann, & d'autres écrivains dont les lumieres sont de quelque poids, ne nous peignent pas les Chinois en beau ; que les autres missionnaires ne sont pas d'accord sur la grande sagesse de ces peuples, avec les missionnaires de la compagnie de Jesus, & que ces derniers ne les ont pas même regardés tous d'un oeil également favorable. Au milieu de tant de témoignages opposés, il sembleroit que le seul moyen qu'on eût de découvrir la vérité, ce seroit de juger du mérite des Chinois par celui de leurs productions les plus vantées. Nous en avons plusieurs collections ; mais malheureusement on est peu d'accord sur l'authenticité des livres qui composent ces collections : on dispute sur l'exactitude des traductions qu'on en a faites, & l'on ne rencontre que des ténebres encore fort épaisses, du côté même d'où l'on étoit en droit d'attendre quelques traits de lumiere. La collection publiée à Paris en 1687 par les PP. Intorcetta, Hendrick, Rougemont & Couplet, nous présente d'abord le ta-hio ou le scientia magna, ouvrage de Confucius publié par Cemçu un de ses disciples. Le philosophe chinois s'y est proposé d'instruire les maîtres de la terre dans l'art de bien gouverner, qu'il renferme dans celui de connoître & d'acquérir les qualités nécessaires à un souverain, de se commander à soi-même, de savoir former son conseil & sa cour, & d'élever sa famille. Le second ouvrage de la collection, intitulé chumyum, ou de medio sempiterno, ou de mediocritate in rebus omnibus tenenda, n'a rien de si fort sur cet objet qu'on ne pût aisément renfermer dans quelques maximes de Séneque. Le troisieme est un recueil de dialogues & d'apophtegmes sur les vices, les vertus, les devoirs & la bonne conduite : il est intitulé lun-yu. On trouvera à la fin de cet article les plus frappans de ces apophtegmes, sur lesquels on pourra apprécier ce troisieme ouvrage de Confucius. Les savans éditeurs avoient promis les écrits de Mencius, philosophe chinois ; & François Noel, missionnaire de la même compagnie, a satisfait en 1711 à cette promesse en publiant six livres classiques chinois, entre lesquels on trouve quelques morceaux de Mencius. Nous n'entrerons point dans les différentes contestations que cette collection & la précédente ont excitées entre les érudits. Si quelques faits hasardés par les éditeurs de ces collections, & démontrés faux par des savans européens, tel, par exemple, que celui des tables astronomiques données pour authentiquement chinoises, & convaincues d'une correction faite sur celles de Ticho, sont capables de jetter des soupçons dans les esprits sans partialité ; les moins impartiaux ne peuvent non plus se cacher que les adversaires de ces pénibles collections ont mis bien de l'humeur & de la passion dans leur critique. La chronologie chinoise ne peut être incertaine, sans que la premiere origine de la philosophie chez les Chinois ne le soit aussi. Fohi est le fondateur de l'empire de la Chine, & passe pour son premier philosophe. Il regna en l'an 2954 avant la naissance de Jesus-Christ. Le cycle chinois commence l'an 2647 avant Jesus-Christ, la huitieme année du regne de Hoangti. Hoangti eut pour prédécesseurs Fohi & Xinung. Celui-ci regna 110, celui-là 140 ; mais en suivant le système du P. Petau, la naissance de Jesus-Christ tombe l'an du monde 3889, & le déluge l'an du monde 1656 : d'où il s'ensuit que Fohi a regné quelques siecles avant le déluge ; & qu'il faut ou abandonner la chronologie des livres sacrés, ou celle des Chinois. Je ne crois pas qu'il y ait à choisir ni pour un chrétien, ni pour un européen sensé, qui lisant dans l'histoire de Fohi que sa mere en devint enceinte par l'arc-en-ciel, & une infinité de contes de cette force, ne peut guere regarder son regne comme une époque certaine, malgré le témoignage unanime d'une nation. En quelque tems que Fohi ait regné, il paroît avoir fait dans la Chine plûtôt le rôle d'un Hermès ou d'un Orphée, que celui d'un grand philosophe ou d'un savant théologien. On raconte de lui qu'il inventa l'alphabet & deux instrumens de musique, l'un à vingt-sept cordes & l'autre à trente-six. On a prétendu que le livre ye-kim qu'on lui attribue, contenoit les secrets les plus profonds ; & que les peuples qu'il avoit rassemblés & civilisés avoient appris de lui qu'il existoit un Dieu, & la maniere dont il vouloit être adoré. Cet ye-kim est le troisieme de l'u-kim ou du recueil des livres les plus anciens de la Chine. C'est un composé de lignes entieres & de lignes ponctuées, dont la combinaison donne soixante-quatre figures différentes. Les Chinois ont regardé ces figures comme une histoire emblématique de la nature, des causes de ses phénomenes, des secrets de la divination, & de je ne sais combien d'autres belles connoissances, jusqu'à ce que Leibnitz ait déchiffré l'énigme, & montré à toute cette Chine si pénétrante, que les deux lignes de Fohi n'étoient autre chose que les élémens de l'arithmétique binaire. Voyez BINAIRE. Il n'en faut pas pour cela mépriser davantage les Chinois ; une nation très-éclairée a pû sans succès & sans deshonneur chercher pendant des siecles entiers, ce qu'il étoit reservé à Leibnitz de découvrir. L'empereur Fohi transmit à ses successeurs sa maniere de philosopher. Ils s'attacherent tous à perfectionner ce qu'il passe pour avoir commencé, la science de civiliser les peuples, d'adoucir leurs moeurs, & de les accoutumer aux chaînes utiles de la société. Xin-num fit un pas de plus. On reçut de lui des préceptes d'agriculture, quelques connoissances des plantes, les premiers essais de la médecine. Il est très-incertain si les Chinois étoient alors idolatres, athées, ou déistes. Ceux qui prétendent démontrer qu'ils admettoient l'existence d'un Dieu tel que nous l'adorons, par le sacrifice que fit Ching-tang dans un tems de famine, n'y regardent pas d'assez près. La philosophie des souverains de la Chine paroît avoir été long-tems toute politique & morale, à en juger par le recueil des plus belles maximes des rois Yao, Xum, & Yu : ce recueil est intitulé u-kim ; il ne contient pas seulement ces maximes : elles ne forment que la matiere du premier livre qui s'appelle xu-kim. Le second livre ou le xy-kim est une collection de poëmes & d'odes morales. Le troisieme est l'ouvrage linéaire de Fohi dont nous avons parlé. Le quatrieme ou le chum-cieu, ou le printems & l'automne, est un abrégé historique de la vie de plusieurs princes, où leurs vices ne sont pas déguisés. Le cinquieme ou le li-ki est une espece de rituel, où l'on a joint à l'explication de ce qui doit être observé dans les cérémonies profanes & sacrées, les devoirs des hommes en tout état, au tems des trois familles impériales, Hia, Xam & Cheu. Confucius se vantoit d'avoir puisé ce qu'il connoissoit de plus sage dans les écrits des anciens rois Yao & Xun.L'u-kim est à la Chine le monument littéraire le plus saint, le plus sacré, le plus authentique, le plus respecté. Cela ne l'a pas mis à l'abri des commentaires ; les hommes dans aucun tems, chez aucune nation, n'ont rien laissé d'intact. Le commentaire de l'u-kim a formé la collection su-xu. Le su-xu est très-estimé des Chinois : il contient le scientia magna, le medium sempiternum, les ratiotinantium sermones, & l'ouvrage de Mencius de naturâ, moribus, ritibus & officiis. On peut regarder la durée des regnes des rois philosophes, comme le premier âge de la philosophie chinoise. La durée du second âge où nous allons entrer, commence à Roosi ou Li-lao-kiun, & finit à la mort de Mencius. La Chine eut plusieurs philosophes particuliers long-tems avant Confucius. On fait sur-tout mention de Roosi ou Li-lao-kiun, ce qui donne assez mauvaise opinion des autres. Roosi, ou Li-lao-kiun, ou Lao-tan, naquit 346 ans après Xekia, ou 504 ans avant Jesus-Christ, à Sokoki, dans la province de Soo. Sa mere le porta quatre-vingt-un ans dans son sein ; il passa pour avoir reçu l'ame de Sancti Kasso, un des plus célebres disciples de Xekia, & pour être profondément versé dans la connoissance des dieux, des esprits, de l'immortalité des ames, &c. Jusqu'alors la philosophie avoit été morale. Voici maintenant de la métaphysique, & à la suite des sectes, des haines, & des troubles. Confucius ne paroît pas avoir cultivé beaucoup cette espece de philosophie : il faisoit trop de cas de celle des premiers souverains de la Chine. Il naquit 451 ans avant Jesus-Christ, dans le village de Ceu-ye, au royaume de Xantung. Sa famille étoit illustre : sa naissance fut miraculeuse, comme on pense bien. On entendit une musique céleste autour de son berceau. Les premiers services qu'on rend aux nouveaux nés, il les reçut de deux dragons. Il avoit à six ans la hauteur d'un homme fait, & la gravité d'un vieillard. Il se livra à quinze ans à l'étude de la littérature & de la philosophie. Il étoit marié à vingt ans. Sa sagesse l'éleva aux premieres dignités : mais inutile, odieux peut-être & déplacé dans une cour voluptueuse & débauchée, il la quitta pour aller dans le royaume de Sum instituer une école de philosophie morale. Cette école fut nombreuse ; il en sortit une foule d'hommes habiles & d'honnêtes citoyens. Sa philosophie étoit plus en action qu'en discours. Il fut chéri de ses disciples pendant sa vie ; ils le pleurerent long-tems après sa mort. Sa mémoire & ses écrits sont dans une grande vénération. Les honneurs qu'on lui rend encore aujourd'hui, ont excité entre nos missionnaires les contestations les plus vives. Ils ont été regardés par les uns comme une idolatrie incompatible avec l'esprit du Christianisme : d'autres n'en ont pas jugé si séverement. Ils convenoient assez les uns & les autres, que si le culte qu'on rend à Confucius étoit religieux, ce culte ne pouvoit être toléré par des Chrétiens : mais les missionnaires de la compagnie de Jesus ont toûjours prétendu qu'il n'étoit que civil. Voici en quoi le culte consistoit. C'est la coûtume des Chinois de sacrifier aux ames de leurs parens morts : les philosophes rendent ce devoir particulierement à Confucius. Il y a proche de l'école confucienne un autel consacré à sa mémoire, & sur cet autel l'image du philosophe, avec cet inscription : C'est ici le trône de l'ame de notre très-saint & très-excellent premier maître Confucius. Là s'assemblent les lettrés, tous les équinoxes, pour honorer par une offrande solemnelle le philosophe de la nation. Le principal mandarin du lieu fait la fonction de prêtre ; d'autres lui servent d'acolytes : on choisit le jour du sacrifice avec des cérémonies particulieres ; on se prépare à ce grand jour par des jeûnes. Le jour venu, on examine l'hostie, on allume des cierges, on se met à genoux, on prie ; on a deux coupes, l'une pleine de sang, l'autre de vin ; on les répand sur l'image de Confucius ; on bénit les assistans, & chacun se retire. Il est très-difficile de décider si Confucius a été le Socrate ou l'Anaxagoras de la Chine : cette question tient à une connoissance profonde de la langue ; mais on doit s'appercevoir par l'analyse que nous avons faite plus haut de quelques-uns de ses ouvrages, qu'il s'appliqua davantage à l'étude de l'homme & des moeurs, qu'à celle de la nature & de ses causes. Mencius parut dans le siecle suivant. Nous passons tout de suite à ce philosophe, parce que le Roosi des Japonois est le même que le Li-lao-kiun des Chinois, dont nous avons parlé plus haut. Mencius a la réputation de l'avoir emporté en subtilité & en éloquence sur Confucius, mais de lui avoir beaucoup cédé par l'innocence des moeurs, la droiture du coeur, & la modestie des discours. Toute littérature & toute philosophie furent presque étouffées par Xi-hoam-ti qui régna trois siecles ou environ après celui de Confucius. Ce prince jaloux de ses prédécesseurs, ennemi des savans, oppresseur de ses sujets, fit brûler tous les écrits qu'il put recueillir, à l'exception des livres d'agriculture, de médecine, & de magie. Quatre cent soixante savans qui s'étoient réfugiés dans des montagnes avec ce qu'ils avoient pû emporter de leurs bibliotheques, furent pris, & expirerent au milieu des flammes. D'autres, à-peu-près en même nombre, qui craignirent le même sort, aimerent mieux se précipiter dans les eaux du haut des rochers d'une île où ils s'étoient renfermés. L'étude des lettres fut proscrite sous les peines les plus séveres ; ce qui restoit de livres fut négligé ; & lorsque les princes de la famille de Han s'occuperent du renouvellement de la littérature, à peine put-on recouvrer quelques ouvrages de Confucius & de Mencius. On tira des crevasses d'un mur un exemplaire de Confucius à demi pourri ; & c'est sur cet exemplaire défectueux qu'il paroît qu'on a fait les copies qui l'ont multiplié. Le renouvellement des lettres peut servir de date au troisieme période de l'ancienne philosophie chinoise. La secte de Foe se répandit alors dans la Chine, & avec elle l'idolatrie, l'athéisme, & toutes sortes de superstitions ; ensorte qu'il est incertain si l'ignorance dans laquelle la barbarie de Xi-hoam-ti avoit plongé ces peuples, n'étoit pas préférable aux fausses doctrines dont ils furent infectés. Voyez à l'article de la PHILOSOPHIE DES JAPONOIS, l'histoire de la philosophie de Xekia, de la secte de Roosi, & de l'idolatrie de Foe. Cette secte fut suivie de celle des Quiétistes ou Uu-guei-kiao ; nihil agentium. Trois siecles après la naissance de J. C. l'empire fut plein d'une espece d'hommes qui s'imaginerent être d'autant plus parfaits, c'est-à-dire, selon eux, plus voisins du principe aérien, qu'ils étoient plus oisifs. Ils s'interdisoient, autant qu'il étoit en eux, l'usage le plus naturel des sens. Ils se rendoient statues pour devenir air : cette dissolution étoit le terme de leur espérance, & la derniere récompense de leur inertie philosophique. Ces Quiétistes furent négligés pour les Fan-chin ; ces Epicuriens parurent dans le cinquieme siecle. Le vice, la vertu, la providence, l'immortalité, &c. étoient pour ceux-ci des noms vuides de sens. Cette philosophie est malheureusement trop commode pour cesser promtement : il est d'autant plus dangereux que tout un peuple soit imbu de ses principes. On fait commencer la philosophie chinoise du moyen âge aux dixieme & onzieme siecles, sous les deux philosophes Cheu-cu & Chim-ci. Ce furent deux politheistes, selon les uns ; deux athées selon les autres ; deux déistes selon quelques-uns, qui prétendent que ces auteurs défigurés par les commentateurs, leur ont l'obligation entiere de toutes les absurdités qui ont passé sous leurs noms. La secte des lettrés est venue immédiatement après celles de Cheu-cu & de Chim-ci. Elle a divisé l'empire sous le nom de Ju-kiao, avec les sectes Foe-kiao & Lao-kiao, qui ne sont vraisemblablement que trois combinaisons différentes de superstitions, d'idolatrie, & de polythéisme ou d'athéisme. C'est ce dont on jugera plus sainement par l'exposition de leurs principes que nous allons placer ici. Ces principes, selon les auteurs qui paroissent les mieux instruits, ont été ceux des philosophes du moyen âge, & sont encore aujourd'hui ceux des lettrés, avec quelques différences qu'y aura apparemment introduit le commerce avec nos savans. Principes des philosophes chinois du moyen âge & des lettrés de celui-ci. 1. Le devoir du philosophe est de chercher quel est le premier principe de l'univers : comment les causes générales & particulieres en sont émanées ; quelles sont les actions de ces causes, quels sont leurs effets ; qu'est-ce que l'homme relativement à son corps & à son ame ; comment il conçoit, comment il agit ; ce que c'est que le vice, ce que c'est que la vertu ; en quoi l'habitude en consiste ; quelle est la destinée de chaque homme ; quels sont les moyens de la connoître : & toute cette doctrine doit être exposée par symboles, énigmes, nombres, figures, & hiéroglyphes. 2. La science est ou antécédente, sien tien hio, & s'occupe de l'être & de la substance du premier principe, du lieu, du mode, de l'opération des causes premieres considérées en puissance ; ou elle est subséquente, & elle traite de l'influence des principes immatériels dans les cas particuliers ; de l'application des forces actives pour augmenter, diminuer, altérer ; des ouvrages ; des choses de la vie civile ; de l'administration de l'empire ; des conjonctures convenables ou non ; des tems propres ou non, &c. Science antécédente. 1. La puissance qui domine sur les causes générales, s'appelle ti-chu-chu-zai-kuin-wang-huang : ces termes sont l'énumération de ses qualités. 2. Il ne se fait rien de rien. Il n'y a donc ni principe ni cause qui ait tiré tout du néant. 3. Tout n'étant pas de toute éternité, il y a donc eu de toute éternité un principe des choses antérieur aux choses : li est ce principe ; li est la raison premiere, & le fondement de la nature. 4. Cette cause est l'Etre infini, incorruptible, sans commencement ni fin ; sans quoi elle ne seroit pas cause premiere & derniere. 5. Cette grande cause universelle n'a ni vie, ni intelligence, ni volonté ; elle est pure, tranquille, subtile, transparente, sans corporéité, sans figure, ne s'atteint que par la pensée comme les choses spirituelles ; & quoiqu'elle ne soit point spirituelle, elle n'a ni les qualités actives, ni les qualités passives des élémens. 6. Li, qu'on peut regarder comme la matiere premiere, a produit l'air à cinq émanations, & cet air est devenu par cinq vicissitudes sensible & palpable. 7. Li devenu par lui-même un globe infini, s'appelle tai-hien, perfection souveraine. 8. L'air qu'il a produit a cinq émanations, & rendu palpable par cinq vicissitudes, est incorruptible comme lui ; mais il est plus matériel, & plus soûmis à la condensation, au mouvement, au repos, à la chaleur, & au froid. 9. Li est la matiere premiere. Tai-kie est la seconde. 10. Le froid & le chaud sont les causes de toute génération & de toute destruction. Le chaud naît du mouvement, le froid naît du repos. 11. L'air contenu dans la matiere seconde ou le chaos, a produit la chaleur en s'agitant de lui-même. Une portion de cet air est restée en repos & froide. L'air est donc froid ou chaud. L'air chaud est pur, clair, transparent, & leger. L'air froid est impur, obscur, épais, & pesant. 12. Il y a donc quatre causes physiques, le mouvement & le repos, la chaleur & le froid. On les appelle tung-cing-in-iang. 13. Le froid & le chaud sont étroitement unis : c'est la femelle & le mâle. Ils ont engendré l'eau la premiere, & le feu après l'eau. L'eau appartient à l'in, le feu à l'iang. 14. Telle est l'origine des cinq élémens, qui constituent tai-kie, ou in-iang, ou l'air revêtu de qualités. 15. Ces élémens sont l'eau, élément septentrional ; le feu, élément austral ; le bois, élément oriental ; le métal, élément occidental ; & la terre, qui tient le milieu. 16. Ling-yang & les cinq élémens ont produit le ciel, la terre, le soleil, la lune, & les planetes. L'air pur & leger porté en-haut, a fait le ciel ; l'air épais & lourd précipité em-bas, a fait la terre. 17. Le ciel & la terre unissant leurs vertus, ont engendré mâle & femelle. Le ciel & la mer sont d'iang, la terre & la femme sont d'in. C'est pourquoi l'empereur de la Chine est appellé roi du ciel ; & l'empire sacrifie au ciel & à la terre ses premiers parens. 18. Le ciel, la terre, & l'homme sont une source féconde qui comprend tout. 19. Et voici comment le monde fut fait. Sa machine est composée de trois parties primitives, principes de toutes les autres. 20. Le ciel est la premiere ; elle comprend le soleil, la lune, les étoiles, les planetes, & la région de l'air où sont épars les cinq élémens dont les choses inférieures sont engendrées. 21. Cette région est divisée en huit kuas ou portions, où les élémens se modifient diversement, & conspirent avec les causes universelles efficientes. 22. La terre est la seconde cause primitive ; elle comprend les montagnes, les fleuves, les lacs, & les mers, qui ont aussi des causes universelles efficientes, qui ne sont pas sans énergie. 23. C'est aux parties de la terre qu'appartiennent le kang & l'ieu, le fort & le foible, le dur & le mou, l'âpre & le doux. 24. L'homme est la troisieme cause primitive. Il a des actions & des générations qui lui sont propres. 25. Ce monde s'est fait par hasard, sans destin, sans intelligence, sans prédestination, par une conspiration fortuite des premieres causes efficientes. 26. Le ciel est rond, son mouvement est circulaire, ses influences suivent la même direction. 27. La terre est quarrée ; c'est pourquoi elle tient le milieu comme le point du repos. Les quatre autres élémens sont à ses côtés. 28. Outre le ciel il y a encore une matiere premiere infinie ; elle s'appelle li ; le tai-kie en est l'émanation : elle ne se meut point ; elle est transparente, subtile, sans action, sans connoissance ; c'est une puissance pure. 29. L'air qui est entre le ciel & la terre est divisé en huit cantons : quatre sont méridionaux, où regne iang ou la chaleur : quatre sont septentrionaux, où dure l'in ou le froid. Chaque canton a son kua ou sa portion d'air ; c'est-là le sujet de l'énigme de Fohi. Fohi a donné les premiers linéamens de l'histoire du monde. Confucius les a développés dans le livre liekien. Voilà le système des lettrés sur l'origine des choses. La métaphysique de la secte de Taoçu est la même. Selon cette secte, tao ou chaos a produit un ; c'est tai-kie ou la matiere seconde ; tai-kie a produit deux, in & leang ; deux ont produit trois, tien, ty, gin, san, zay, le ciel, la terre, & l'homme ; trois ont produit ce qui existe. Science subséquente. Vuem-Vuam, & Cheu-Kung son fils, en ont été les inventeurs : elle s'occupe des influences célestes sur les tems, les mois, les jours, les signes du zodiaque, & de la futurition des évenemens, selon laquelle les actions de la vie doivent être dirigées. Voici ses principes. 1. La chaleur est le principe de toute action & de toute conservation ; elle naît d'un mouvement produit par le soleil voisin, & par la lumiere éclatante : le froid est cause de tout repos & de toute destruction ; c'est une suite de la grande distance du soleil, de l'éloignement de la lumiere, & de la présence des ténebres. 2. La chaleur regne sur le printems & sur l'été ; l'automne & l'hyver sont soûmis au froid. 3. Le zodiaque est divisé en huit parties ; quatre appartiennent à la chaleur, & quatre au froid. 4. L'influence des causes efficientes universelles se calcule en commençant au point cardinal ou kua, appellé chin ; il est oriental ; c'est le premier jour du printems, ou le cinq ou six de Février. 5. Toutes choses ne sont qu'une seule & même substance. 6. Il y a deux matieres principales ; le chaos infini ou li ; l'air ou tai-kie, émanation premiere de li : cette émanation contient en soi l'essence de la matiere premiere, qui entre conséquemment dans toutes ses productions. 7. Après la formation du ciel & de la terre, entre l'un & l'autre se trouva l'émanation premiere ou l'air, matiere la plus voisine de toutes les choses corruptibles. 8. Ainsi tout est sorti d'une seule & même essence, substance, nature, par la condensation, principe des figures corporelles, par les modifications variées selon les qualités du ciel, du soleil, de la lune, des étoiles, des planetes, des élémens, de la terre, de l'instant, du lieu, & par le concours de toutes ces qualités. 9. Ces qualités sont donc la forme & le principe des opérations intérieures & extérieures des corps composés. 10. La génération est un écoulement de l'air primitif ou du chaos modifié sous des figures, & doüé de qualités plus ou moins pures ; qualités & figures combinées selon le concours du soleil, & des autres causes universelles & particulieres. 11. La corruption est la destruction de la figure extérieure, & la séparation des qualités, des humeurs & des esprits unis dans l'air : les parties d'air desunies, les plus legeres, les plus chaudes, & les plus pures, montent ; les plus pesantes, les plus froides, & les plus grossieres, descendent : les premieres s'appellent xin & hoen, esprits purs, ames séparées ; les secondes s'appellent kuei, esprits impurs, ou les cadavres. 12. Les choses different & par la forme extérieure, & par les qualités internes. 13. Il y a quatre qualités : le ching, droit, pur, & constant ; le pien, courbe, impur, & variable ; le tung, pénétrant, & subtil ; le se, épais, obscur, & impénétrable. Les deux premieres sont bonnes & admises dans l'homme ; les deux autres sont mauvaises, & reléguées dans la brute & les inanimés. 14. Des bonnes qualités naît la distinction du parfait, & de l'imparfait, du pur & de l'impur dans les choses : celui qui a reçû les premiers de ces modes, est un héros ou un lettré ; la raison le commande ; il laisse loin de lui la multitude : celui qui a reçû les secondes, est obscur & cruel ; sa vie est mauvaise ; c'est une bête sous une figure humaine : celui qui participe des unes & des autres, tient le milieu ; c'est un bon homme, sage & prudent ; il est du nombre des hien-lin. 15. Taie-kie, ou la substance universelle, se divise en lieu & vu ; vu est la substance figurée, corporelle, matérielle, étendue, solide, & résistante ; lieu est la substance moins corporelle, mais sans figure déterminée, comme l'air ; on l'appelle vu, kung-hieu, vu-kung, néant, vuide. 16. Le néant ou vuide, ou la substance sans qualité & sans accident, tai vu, tai kung, est la plus pure, la plus subtile, & la plus simple. 17. Cependant elle ne peut subsister par elle-même, mais seulement par l'air primitif ; elle entre dans tout composé ; elle est très-aérienne ; on l'appelle ki : il ne faut pas la confondre avec la nature immatérielle & intellectuelle. 18. De li pur, ou du chaos ou seminaire universel des choses, sortent cinq vertus ; la piété, la justice, la religion, la prudence, & la fidélité avec tous ses attributs : de li revêtu de qualités, & combiné avec l'air primitif, naissent cinq élémens physiques & moraux, dont la source est commune. 19. Li est donc l'essence de tout, ou, selon l'expression de Confucius, la raison premiere ou la substance universelle. 20. Li produit tout par ki ou son air primitif ; cet air est son instrument & son régulateur général. 21. Après un certain nombre d'ans & de révolutions, le monde finira ; tout retournera à sa source premiere, à son principe ; il ne restera que li & ki ; & li reproduira un nouveau monde ; & ainsi de suite à l'infini. 22. Il y a des esprits ; c'est une vérité démontrée par l'ordre constant de la terre & des cieux, & la continuation réglée & non interrompue de leurs opérations. 23. Les choses ont donc un auteur, un principe invisible qui les conduit ; c'est chu, le maître ; xin-kuei, l'esprit qui va & revient ; ti-kium, le prince ou le souverain. 24. Autre preuve des esprits ; ce sont les bienfaits répandus sur les hommes, amenés par cette voie au culte & aux sacrifices. 25. Nos peres ont offert quatre sortes de sacrifices ; lui, au ciel & à xanghti son esprit ; in, aux esprits des six causes universelles, dans les quatre tems de l'année ; savoir, le froid, le chaud, le soleil, la lune, les étoiles, les pluies, & la sécheresse ; vuang, aux esprits des montagnes & des fleuves ; pien, aux esprits inférieurs, & aux hommes qui ont bien mérité de la république. D'où il suit 1°. que les esprits des Chinois ne sont qu'une seule & même substance avec la chose à laquelle ils sont unis : 2°. qu'ils n'ont tous qu'un principe, le chaos primitif ; ce qu'il faut entendre du tien-Chu, notre Dieu, & du xanghti, le ciel ou l'esprit céleste : 3°. que les esprits finiront avec le monde, & retourneront à la source commune de toutes choses : 4°. que relativement à leur substance primitive, les esprits sont tous également parfaits, & qu'ils ne sont distingués que par les parties plus grandes ou plus petites de leur résidence : 5°. qu'ils sont tous sans vie, sans intelligence, sans liberté : 6°. qu'ils reçoivent des sacrifices seulement selon la condition de leurs opérations & des lieux qu'ils habitent : 7°. que ce sont des portions de la substance universelle, qui ne peuvent être séparées des êtres où on les suppose, sans la destruction de ces êtres. 26. Il y a des esprits de génération & de corruption qu'on peut appeller esprits physiques, parce qu'ils sont causes des effets physiques ; & il y a des esprits de sacrifices qui sont ou bien ou malfaisans à l'homme, & qu'on peut appeller politiques. 27. La vie de l'homme consiste dans l'union convenable des parties de l'homme, qu'on peut appeller l'entité du ciel & de la terre : l'entité du ciel est un air très-pur, très-leger, de nature ignée, qui constitue l'hoen, l'ame ou l'esprit des animaux : l'entité de la terre est un air épais, pesant, grossier, qui forme le corps & ses humeurs, & s'appelle pe, corps ou cadavre. 28. La mort n'est autre chose que la séparation de hoen & de pe ; chacune de ces entités retourne à sa source ; hoen au ciel, pe à la terre. 29. Il ne reste après la mort que l'entité du ciel & l'entité de la terre : l'homme n'a point d'autre immortalité ; il n'y a proprement d'immortel que li. On convient assez de l'exactitude de cette exposition ; mais chacun y voit ou l'athéisme, ou le déisme, ou le polithéisme, ou l'idolatrie, selon le sens qu'il attache aux mots. Ceux qui veulent que le li des Chinois ne soit autre chose que notre Dieu, sont bien embarrassés quand on leur objecte que ce li est rond : mais de quoi ne se tire-t-on pas avec des distinctions ? Pour disculper les lettrés de la Chine du reproche d'athéisme & d'idolatrie, l'obscurité de la langue prêtoit assez ; il n'étoit pas nécessaire de perdre à cela tout l'esprit que Leibnitz y a mis. Si ce système est aussi ancien qu'on le prétend, on ne peut être trop étonné de la multitude surprenante d'expressions abstraites & générales dans lesquelles il est conçû. Il faut convenir que ces expressions qui ont rendu l'ouvrage de Spinosa si long-tems inintelligible parmi nous, n'auroient guere arrêté les Chinois il y a six ou sept cent ans : la langue effrayante de notre athée moderne est précisément celle qu'ils parloient dans leurs écoles. Voilà les progrès qu'ils avoient faits dans le monde intellectuel, lorsque nous leur portâmes nos connoissances. Cet évenement est l'époque de la philosophie moderne des Chinois. L'estime singuliere dont ils honorerent les premiers européens qui débarquerent dans leurs contrées, ne nous donne pas une haute idée des connoissances qu'ils avoient en Méchanique, en Astronomie, & dans les autres parties des Mathématiques. Ces européens n'étoient, même dans leurs corps, que des hommes ordinaires : s'ils avoient quelques qualités qui les rendissent particulierement recommandables, c'étoit le zele avec lequel ils couroient annoncer la vérité dans des régions inconnues, au hasard de les arroser de leur propre sang, comme cela est si souvent arrivé depuis à leurs successeurs. Cependant ils furent accueillis ; la superstition si communément ombrageuse s'assoupit devant eux ; ils se firent écouter ; ils ouvrirent des écoles, on y accourut, on admira leur savoir. L'empereur Cham-hy, sur la fin du dernier siecle, les admira à sa cour, s'instruisit de nos sciences, apprit d'eux notre Philosophie, étudia les Mathématiques, l'Anatomie, l'Astronomie, les Méchaniques, &c. Son fils Yong-Tching ne lui ressembla pas ; il relégua à Canton & à Macao les virtuoses européens, excepté ceux qui résidoient à Pékin, qui y resterent. Kien-Long fils de Yong-Tching fut un peu plus indulgent pour eux : il défendit cependant la religion chrétienne, & persécuta même ceux de ses soldats qui l'avoient embrassée ; mais il souffrit les jésuites, qui continuerent d'enseigner à Pékin. Il nous reste maintenant à faire connoître la philosophie pratique des Chinois : pour cet effet nous allons donner quelques-unes des sentences morales de ce Confucius, dont un homme qui aspire à la réputation de lettré & de philosophe, doit savoir au-moins quelques ouvrages entiers par coeur. 1. L'éthique politique a deux objets principaux ; la culture de la nature intelligente, l'institution du peuple. 2. L'un de ces objets demande que l'entendement soit orné de la science des choses, afin qu'il discerne le bien & le mal, le vrai & le faux ; que les passions soient modérées ; que l'amour de la vérité & de la vertu se fortifie dans le coeur ; & que la conduite envers les autres soit décente & honnête. 3. L'autre objet, que le citoyen sache se conduire lui-même, gouverner sa famille, remplir sa charge, commander une partie de la nation, posséder l'empire. 4. Le philosophe est celui qui a une connoissance profonde des choses & des livres, qui pese tout, qui se soûmet à la raison, & qui marche d'un pas assûré dans les voies de la vérité & de la justice. 5. Quand on aura consommé la force intellectuelle à approfondir les choses, l'intention & la volonté s'épureront, les mauvaises affections s'éloigneront de l'ame, le corps se conservera sain, le domestique sera bien ordonné, la charge bien remplie, le gouvernement particulier bien administré, l'empire bien régi ; il joüira de la paix. 6. Qu'est-ce que l'homme tient du ciel ? la nature intelligente : la conformité à cette nature constitue la regle ; l'attention à vérifier la regle & à s'y assujettir, est l'exercice du sage. 7. Il est une certaine raison ou droiture céleste donnée à tous : il y a un supplément humain à ce don quand on l'a perdu. La raison céleste est du saint ; le supplément est du sage. 8. Il n'y a qu'un seul principe de conduite ; c'est de porter en tout de la sincérité, & de se conformer de toute son ame & de toutes ses forces à la mesure universelle : ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu'on te fasse. 9. On connoît l'homme en examinant ses actions, leur fin, les passions dans lesquelles il se complaît, les choses en quoi il se repose. 10. Il faut divulguer sur le champ les choses bonnes à tous : s'en reserver un usage exclusif, une application individuelle, c'est mépriser la vertu, c'est la forcer à un divorce. 11. Que le disciple apprenne les raisons des choses, qu'il les examine, qu'il raisonne, qu'il médite, qu'il pese, qu'il consulte le sage, qu'il s'éclaire, qu'il bannisse la confusion de ses pensées, & l'instabilité de sa conduite. 12. La vertu n'est pas seulement constante dans les choses extérieures. 13. Elle n'a aucun besoin de ce dont elle ne pourroit faire part à toute la terre, & elle ne pense rien qu'elle ne puisse s'avoüer à elle-même à la face du ciel. 14. Il ne faut s'appliquer à la vertu que pour être vertueux. 15. L'homme parfait ne se perd jamais de vûe. 16. Il y a trois degrés de sagesse ; savoir ce que c'est que la vertu, l'aimer, la posséder. 17. La droiture du coeur est le fondement de la vertu. 18. L'univers a cinq regles ; il faut de la justice entre le prince & le sujet, de la tendresse entre le pere & le fils, de la fidélité entre la femme & le mari, de la subordination entre les freres, de la concorde entre les amis. Il y a trois vertus cardinales ; la prudence qui discerne, l'amour universel qui embrasse, le courage qui soûtient : la droiture du coeur les suppose. 19. Les mouvemens de l'ame sont ignorés des autres : si tu es sage, veille donc à ce qu'il n'y a que toi qui voyes. 20. La vertu est entre les extrèmes ; celui qui a passé le milieu, n'a pas mieux fait que celui qui ne l'a pas atteint. 21. Il n'y a qu'une chose précieuse ; c'est la vertu. 22. Une nation peut plus par la vertu que par l'eau & par le feu ; je n'ai jamais vû périr le peuple qui l'a prise pour appui. 23. Il faut plus d'exemples au peuple que de précepte ; il ne faut se charger de lui transmettre que ce dont on sera rempli. 24. Le sage est son censeur le plus sévere ; il est son témoin, son accusateur, & son juge. 25. C'est avoir atteint l'innocence & la perfection, que de s'être surmonté, & que d'avoir recouvré cet ancien & primitif état de droiture céleste. 26. La paresse engourdie, l'ardeur inconsidérée, sont deux obstacles égaux au bien. 27. L'homme parfait ne prend point une voie détournée ; il suit le chemin ordinaire, & s'y tient ferme. 28. L'honnête homme est un homme universel. 29. La charité est cette affection constante & raisonnée qui nous immole au genre humain, comme s'il ne faisoit avec nous qu'un individu, & qui nous associe à ses malheurs & à ses prospérités. 30. Il n'y a que l'honnête homme qui ait le droit de haïr & d'aimer. 31. Compense l'injure par l'aversion, & le bienfait par la reconnoissance, car c'est la justice. 32. Tomber & ne se point relever, voilà proprement ce que c'est que faillir. 33. C'est une espece de trouble d'esprit que de souhaiter aux autres, ou ce qui n'est pas en notre puissance, ou des choses contradictoires. 34. L'homme parfait agit selon son état, & ne veut rien qui lui soit étranger. 35. Celui qui étudie la sagesse a neuf qualités en vûe ; la perspicacité de l'oeil, la finesse de l'oreille, la sérénité du front, la gravité du corps, la véracité du propos, l'exactitude dans l'action, le conseil dans les cas douteux, l'examen des suites dans la vengeance & dans la colere. La morale de Confucius est, comme l'on voit, bien supérieure à la métaphysique & à la physique. On peut consulter Bulfinger sur les maximes qu'il a laissées du gouvernement de la famille, des fonctions de la magistrature, & de l'administration de l'empire. Comme les mandarins & les lettrés ne font pas le gros de la nation, & que l'étude des lettres ne doit pas être une occupation bien commune, la difficulté en étant là beaucoup plus grande qu'ailleurs, il semble qu'il resteroit encore bien des choses importantes à dire sur les Chinois, & cela est vrai ; mais nous ne nous sommes pas proposé de faire l'abregé de leur histoire, mais celui seulement de leur philosophie. Nous observerons cependant, 1°. que quoiqu'on ne puisse accorder aux Chinois toute l'antiquité dont ils se vantent, & qui ne leur est guere disputée par leurs panégyristes, on ne peut nier toutefois que la date de leur empire ne soit très-voisine du déluge. 2°. Que plus on leur accordera d'ancienneté, plus on aura de reproches à leur faire sur l'imperfection de leur langue & de leur écriture : il est inconcevable que des peuples à qui l'on donne tant d'esprit & de sagacité, ayent multiplié à l'infini les accens au lieu de multiplier les mots, & multiplié à l'infini les caracteres, au lieu d'en combiner un petit nombre. 3°. Que l'éloquence & la poésie tenant de fort près à la perfection de la langue, ils ne sont selon toute apparence ni grands orateurs ni grands poëtes. 4°. Que leurs drames sont bien imparfaits, s'il est vrai qu'on y prenne un homme au berceau, qu'on y représente la suite de toute sa vie, & que l'action théatrale dure plusieurs mois de suite. 5°. Que dans ces contrées le peuple est très-enclin à l'idolatrie, & que son idolatrie est fort grossiere, si l'histoire suivante qu'on lit dans le P. le Comte est bien vraie. Ce missionnaire de la Chine raconte que les médecins ayant abandonné la fille d'un nankinois, cet homme qui aimoit éperduement son enfant, ne sachant plus à qui s'adresser, s'avisa de demander sa guérison à une de ses idoles. Il n'épargna ni les sacrifices, ni les mets, ni les parfums, ni l'argent. Il prodigua à l'idole tout ce qu'il crut lui être agréable ; cependant sa fille mourut. Son zele alors & sa piété dégénérerent en fureur ; il résolut de se vanger d'une idole qui l'avoit abusé. Il porta sa plainte devant le juge, & poursuivit cette affaire comme un procès en régle qu'il gagna, malgré toute la sollicitation des bonzes, qui craignoient avec juste raison que la punition d'une idole qui n'exauçoit pas, n'eût des suites fâcheuses pour les autres idoles & pour eux. Ces idolâtres ne sont pas toûjours aussi modérés, lorsqu'ils sont mécontens de leurs idoles ; ils les haranguent à-peu-près dans ces termes : Crois-tu que nous ayons tort dans notre indignation ? Sois juge entre nous & toi ; depuis long-tems nous te soignons ; tu es logée dans un temple, tu es dorée de la tête aux piés ; nous t'avons toûjours servi les choses les plus délicieuses ; si tu n'as pas mangé, c'est ta faute. Tu ne saurois dire que tu ayes manqué d'encens ; nous avons tout fait de notre part, & tu n'as rien fait de la tienne ; plus nous te donnons, plus nous devenons pauvres ; conviens que si nous te devons, tu nous dois aussi. Or dis-nous de quels biens tu nous as comblés. La fin de cette harangue est ordinairement d'abattre l'idole & de la traîner dans les boues. Les bonzes débauchés, hypocrites & avares, encouragent le plus qu'ils peuvent à la superstition. Ils en sont sur-tout pour les pélerinages, & les femmes aussi qui donne beaucoup dans cette dévotion, qui n'est pas fort du goût des maris, jaloux au point que nos missionnaires ont été obligés de bâtir aux nouveaux convertis des églises séparées pour les deux sexes. Voyez le P. le Comte. 5°. Qu'il paroît que parmi les religions étrangeres tolérées, la religion chrétienne tient le haut rang : que les Mahométans n'y sont pas nombreux, quoiqu'ils y ayent des mosquées superbes : que les jésuites ont beaucoup mieux réussi dans ce pays que ceux qui y ont exercé en même tems ou depuis les fonctions apostoliques : que les femmes chinoises semblent fort pieuses, s'il est vrai, comme dit le P. le Comte, qu'elles voudroient se confesser tous les jours, soit goût pour le sacrement, soit tendresse de piété, soit quelqu'autre raison qui leur est particuliere : qu'à en juger par les objections de l'empereur aux premiers missionnaires, les Chinois ne l'ont pas embrassée en aveugles. Si la connoissance de Jesus-Christ est nécessaire au salut, disoit cet empereur aux missionnaires, & que d'ailleurs Dieu nous ait voulu sincerement sauver, comment nous a-t-il laissés si long-tems dans l'erreur ? Il y a plus de seize siecles que votre religion est établie dans le monde, & nous n'en avons rien sû. La Chine est-elle si peu de chose qu'elle ne mérite pas qu'on pense à elle, tandis que tant de barbares sont éclairés ? C'est une difficulté qu'on propose tous les jours sur les bancs en Sorbonne. Les missionnaires, ajoûte le P. le Comte, qui rapporte cette difficulté, y répondirent, & le prince fut content ; ce qui devoit être : des missionnaires seroient ou bien ignorans ou bien mal-adroits s'ils s'embarquoient pour la conversion d'un peuple un peu policé, sans avoir la réponse à cette objection commune. V. les art. FOI, GRACE, PREDESTINATION. 7°. Que les Chinois ont d'assez bonnes manufactures en étoffes & en porcelaines ; mais que s'ils excellent par la matiere, ils pechent absolument par le goût & la forme ; qu'ils en seront encore long-tems aux magots ; qu'ils ont de belles couleurs & de mauvaises peintures ; en un mot, qu'ils n'ont pas le génie d'invention & de découvertes qui brille aujourd'hui dans l'Europe : que s'ils avoient eu des hommes supérieurs, leurs lumieres auroient forcé les obstacles par la seule impossibilité de rester captives ; qu'en général l'esprit d'orient est plus tranquille, plus paresseux, plus renfermé dans les besoins essentiels, plus borné à ce qu'il trouve établi, moins avide de nouveautés que l'esprit d'occident. Ce qui doit rendre particulierement à la Chine les usages plus constans, le gouvernement plus uniforme, les lois plus durables ; mais que les sciences & les arts demandent une activité plus inquiete, une curiosité qui ne se lasse point de chercher, une sorte d'incapacité de se satisfaire, nous y sommes plus propres, & qu'il n'est pas étonnant que quoique les Chinois soient les plus anciens, nous les ayons devancés de si loin. V. les mém. de l'acad. ann. 1727. L'hist. de la Philos. & des Philosoph. de Bruck. Bulfing. Leibnitz. Le P. le Comte. Les mém. des miss. étrang. &c. Et les mém. de l'acad. des Inscript. |
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5 | 1753.6 |
Encyclopédie, ou dictonnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers. Mis en ordre et publié par [Denis] Diderot [ID D 20381]. R-S REGULO S. m. (Hist. mod.) titre qu'on donne aux fils des empereurs de la Chine. Le fils de l'empereur qui avoit alors la qualité de premier régulo, étoit seulement celui de ses enfans qui étoit le plus en faveur ; mais tout-à-coup les choses changerent de face : l'empereur fut instruit par quelques intelligences secrettes qu'il s'étoit ménagées, de l'innocence du prince héréditaire, qu'il avoit déposé, & des artifices qu'on avoit employés pour le perdre auprès de lui ; & singulierement que le régulo, pour lui succéder avoit eu recours à la magie, & à l'instigation de certains lama, ou prêtres tartares, avoit fait enterrer une statue dans la Tartarie, cérémonie qui avoit été accompagnée de plusieurs opérations magiques. L'empereur donna promtement des ordres pour se saisir du lama & déterrer la statue ; & le régulo eut son palais pour prison. Lettres édif. & cur. RHUBARBE S. f. (Botan. exot.) La vraie rhubarbe, ou celle de la Chine, est une racine que l'on nous apporte en morceaux assez gros, légers, inégaux, de la longueur de quatre, cinq ou six pouces, & de la grosseur de trois à quatre. Elle est jaune, ou un peu brune en-dehors, de couleur de safran en-dedans, jaspée comme la noix muscade, un peu fongueuse, d'un goût tirant sur l'âcre amer, & un peu astringent ; d'une odeur aromatique, & foiblement desagréable. Elle croît à la Chine. Il faut choisir soigneusement celle qui est nouvelle, qui n'est point cariée, pourrie, ni noire, qui donne la couleur de safran à l'eau, & qui laisse quelque chose de visqueux & de gluant sur la langue. Selon la relation de ces deux peres jésuites, le thai-hoam, ou la rhubarbe, croît en plusieurs endroits de la Chine ; la meilleure est celle de Tie-chouen, celle qui vient dans la province de Xansi & dans le royaume de Thibet, lui est fort inférieure. Il en croît aussi ailleurs, mais dont on ne fait ici nul usage. Cette racine est d'une nature qui la rend très-difficile à sécher. Les Chinois, après l'avoir arrachée & nettoyée, la coupent en morceaux d'un ou de deux pouces, & la font sécher sur de grandes tables de pierre, sous lesquelles ils allument du feu ; ils tournent & retournent ces tronçons jusqu'à ce qu'ils soient bien secs. Comme cette opération ne suffit pas pour en chasser toute l'humidité, ils font un trou à chaque morceau de racine, puis ils enfilent tous ces morceaux en forme de chapelet, pour les suspendre à la plus forte ardeur du soleil, jusqu'à ce qu'ils soient en état d'être conservés sans danger de se corrompre. Les Chinois emploient communément la rhubarbe en décoction ; mais quand c'est en substance, ils la préparent auparavant de la maniere suivante. RITES TRIBUNAL DES (Hist. mod.) c'est un tribunal composé de mandarins & de lettrés chinois, dont la destination est de veiller sur les affaires qui regardent la religion, & d'empÊCher qu'il ne s'introduise dans le royaume de la Chine, les superstitions & innovations que l'on voudroit y prÊCher. Ce tribunal est, dit-on, presqu'aussi ancien que la monarchie ; les mandarins qui le composent sont de la secte des lettrés, c'est-à-dire, ne suivent aucune des superstitions adoptées par des bonzes & par le vulgaire. Cependant on accuse quelques-uns de ces lettrés de se livrer en particulier à des pratiques superstitieuses, qu'ils désavouent & condamnent en public. On croit que c'est à ce tribunal que la Chine est redevable de la durée des principes de la religion des lettrés chinois, qui est exempte d'idolatrie, vû qu'elle n'admet qu'un seul dieu, créateur & conservateur de l'univers. Voyez TYEN-TCHU. Le tribunal des rites a donc le département des affaires religieuses ; il est chargé de faire observer les anciennes cérémonies ; les arts & les sciences sont sous sa direction, & c'est lui qui examine les candidats qui veulent prendre des degrés parmi les lettrés. Il fait les dépenses nécessaires pour les sacrifices & pour l'entretien des temples ; enfin c'est lui qui reçoit les ambassadeurs étrangers, & qui regle le cérémonial que l'on doit observer. Ce tribunal s'appelle li-pu ou li-pou parmi les Chinois. ROLLIER ROLLIER DE LA CHINE, galgulus sinensis, oiseau qui est à-peu-près de la grosseur du geai ; il a onze pouces & demi de longueur depuis la pointe du bec jusqu'à l'extrêmité de la queue, & dix pouces six lignes jusqu'au bout des ongles ; le bec a un pouce & demi de longueur depuis la pointe jusqu'aux coins de la bouche ; l'envergure est d'un pié trois pouces : les aîles étant pliées s'étendent un peu au-delà du tiers de la longueur de la queue. La tête, la face supérieure du cou, le dos, le croupion & les plumes du dessus de la queue sont vertes ; il y a de chaque côté de la tête une large bande noire qui s'étend depuis le bec jusqu'à l'occiput en passant sur les yeux. La gorge, la face inférieure du cou, la poitrine, le ventre, les côtés du corps & les plumes du dessous de la queue sont d'un blanc jaunâtre mêlé d'une teinte de verd ; les jambes ont une couleur grise, les plumes de la face inférieure des aîles sont d'un gris brun ; il y a dans chaque aîle dix - huit grandes plumes ; la premiere est très-courte, & la cinquieme est la plus longue de toutes ; les cinq extérieures sont d'un brun tirant sur l'olivâtre ; les trois plumes qui suivent, ont la même couleur ; mais elle est mêlée d'un peu de couleur de marron sur les barbes extérieures le long du tuyau de chaque plume ; la neuvieme & la dixieme sont de couleur de marron du côté extérieur du tuyau, & d'un brun mêlé de couleur de marron du côté intérieur ; la onzieme & la douzieme ont une couleur brune tirant sur l'olivâtre, & mêlée d'un peu de couleur de marron ; la couleur des autres plumes est d'un brun tirant sur l'olivâtre, sans mêlange d'autres couleurs ; les trois dernieres plumes ont l'extrêmité d'un blanc mêlé d'une légere teinte de verd. La queue est composée de douze plumes ; les deux du milieu ont la même couleur que le dos ; les autres sont vertes depuis leur origine jusqu'aux deux tiers de leur longueur du côté extérieur du tuyau, & d'un gris blanc tirant sur le verd, du côté intérieur ; le reste de la plume a une couleur noirâtre, à l'exception de l'extrêmité qui est d'un gris blanc tirant sur le verd ; il y a d'autant plus de noirâtre, & d'autant moins de gris blanc, que la plume est plus extérieure ; les deux plumes du milieu sont les plus longues ; les autres diminuent successivement de longueur jusqu'à la premiere qui est la plus courte. L'iris des yeux & le bec sont rouges ; les piés & les ongles ont une couleur rouge plus pâle. On trouve cet oiseau à la Chine. Ornit. de M. Brisson, tom. II. Voyez OISEAU. ROUGE-QUEUE ROUGE-QUEUE de la Chine, oiseau de la grosseur de la linote rouge ; il a le bec épais, court & brun, & l'iris des yeux blanc ; la tête & le derriere du cou sont d'un beau pourpre bleuâtre ; le dos est verd ; les plumes des épaules & les petites des aîles ont une couleur jaune verdâtre ; les grandes plumes extérieures des aîles, sont d'un rouge sombre & pourpré, les autres ont une couleur rouge mêlée de verd ; la gorge, la poitrine, le ventre & les cuisses sont d'un très-beau rouge, couleur d'écarlate ; la queue est composée de douze plumes, toutes d'un rouge sombre ; les piés sont jaunes. On trouve cet oiseau à la Chine. Hist. nat. des oiseaux, par Derham, tom. III. Voyez OISEAU. ROYAUME Ainsi dans l'ancien royaume de la Chine, les Tartares se rendirent maîtres de ce vaste empire l'an 1279 ; les Chinois les en chasserent l'an 1369 ; mais en 1644, les Tartares soumirent de nouveau l'empire de la Chine. Alors Xunchi en fut déclaré roi, & c'est un de ses descendans qui le gouverne aujourd'hui. RUSSIE Dans l'état qu'il est aujourd'hui, la nation russe est la seule qui trafique par terre avec la Chine ; le profit de ce commerce est pour les épingles de l'impératrice. La caravane qui se rend de Pétersbourg à Pékin, emploie trois ans en voyage & au retour. Aussitôt qu'elle arrive à Pékin, les marchands sont renfermés dans un caravanserai, & les Chinois prennent leur tems pour y apporter le rebut de leurs marchandises qu'ils sont obligés de prendre, parce qu'ils n'ont point la liberté du choix. Ces marchandises se vendent à Pétersbourg à l'enchere, dans une grande salle du palais italien ; l'impératrice assiste en personne à cette vente ; cette souveraine fait elle-même des offres, & il est permis au moindre particulier d'encherir sur elle ; aussi le fait-on, & chacun s'empresse d'acheter à très-haut prix. SANTSI S. m. (Botan. exot.) nom donné par les Chinois à une plante célébre chez eux contre les hémorrhagies. Nos missionnaires rapportent que cette plante croît sans culture sur les montagnes ; sa principale racine est épaisse de 4 doigts, & fournit plusieurs radicules moins grosses, mais qui sont les seules d'usage : elles ont l'écorce rude & brune en-dehors, lisse & jaune en-dedans ; la principale racine jette huit tiges, dont celle du milieu élevée beaucoup au-dessus des autres, porte des bouquets de fleurs. On multiplie le santsi en coupant transversalement la maîtresse racine en diverses tranches, qu'on met en terre à la profondeur d'un pouce, & en 3 ans la plante acquiert toute sa perfection. (D.J.) SAPIN 4. Le grand sapin de la Chine ; ses feuilles sont bleuâtres en-dessous, & disposées sur les branches en maniere de peigne. Ses cônes sont plus gros & plus longs que ceux des sapins d'Europe, ils ont sur l'arbre la pointe tournée en-haut ; leurs écailles ainsi que les feuilles sont terminées par un filet épineux. 5. Le très-grand sapin de la Chine ; c'est une variété qui ne differe de l'arbre précédent, que parce qu'elle prend encore plus d'élévation & que les écailles de ses cônes ne sont pas épineuses. Mais ces deux sortes de sapins de la Chine, n'ayant point encore passé en Europe, on n'en peut parler que fort superficiellement. SAVEL S. m. (Hist. nat. Ichthyolog.) nom donné par les Portugais à une espece de poisson qui abonde sur les côtes de la Chine, & qu'on pêche dans la riviere de Kiang, près Nanking. Les premiers eunuques de la cour en remplissent plusieurs bateaux, & enterrent tout de suite ce poisson dans de la glace pilée, pour la provision d'été de l'empereur. Les bâtimens dans lesquels ils les transportent, sont de la plus grande propreté, & tous les autres vaisseaux sont obligés de se ranger sur leur passage. (D.J.) SCHAN S. m. (Comm.) que les Chinois appellent cati, est un poids dont on se sert dans le royaume de Siam. Le cati chinois vaut deux schans siamois, ensorte que celui de la Chine vaut seize taels, & celui de Siam seulement huit. Quelques-uns mettent le cati chinois à vingt taels, & le siamois à la moitié. Le tael pese quatre baats ou titals, chacun d'environ demi-once, le baat quatre selings ou mayons, le mayon deux fouangs, le fouang quatre payes, la paye deux clams, la sompaye un demi-fouang. Le clam pese 12 grains de ris, ainsi le tical ou baat pese 768 de ces grains. Il faut remarquer que la plûpart de ces poids passent aussi pour monnoies ou de compte, ou réelles, l'argent y étant une marchandise, & se vendant au poids. Voyez CATI, TAEL, TICAL, &c. Diction. de Com. & de Trév. SE-TSE ou TSE-TSE (Hist. nat. Botan.) espece de figues, qui ne croissent qu'à la Chine, & sur-tout dans les provinces de Chan-tong & de Yun-nan. Ces figues ont un parfum délicieux ; l'arbre qui les produit est de la grandeur d'un noyer, dont les feuilles sont d'un très-beau verd d'abord, mais ensuite elles deviennent d'un rouge très-vif. Le fruit est de la grosseur d'une pomme médiocre ; il jaunit à mesure qu'il mûrit. Lorsqu'on fait sécher ces figues, elles se couvrent à l'extérieur d'un enduit semblable à du sucre. SEPULTURE des Chinois (Hist. de la Chine) les sépultures de ce peuple sont hors des villes, & autant qu'on le peut sur des hauteurs ; souvent on y plante des pins & des cyprès. Jusqu'à environ deux lieues de chaque ville, on trouve des villages, des hameaux, des maisons dispersées çà & là, & diversifiées de bosquets & de petites collines couvertes d'arbres, & fermées de murailles. Ce sont autant de sépultures différentes, lesquelles forment un point de vue qui n'est point désagréable. La plûpart des sépulchres chinois sont bien blanchis, & faits en forme de fer à cheval. On écrit le nom de la famille sur la principale pierre. Les pauvres se contentent de couvrir le cercueil de chaume, ou de terre élevée de cinq à six piés, en forme de pyramide ; plusieurs enferment le cercueil dans une petite loge de brique, représentant un tombeau. Pour ce qui est des grands & des mandarins, leurs sépultures sont d'une assez belle structure. Ils construisent une voute dans laquelle ils renferment le cercueil : ils forment au-dessus une élevation de terre battue, haute d'environ douze piés & de huit ou dix pouces de diametre, qui a à-peu-près la figure d'un chapeau ; ils couvrent cette terre de chaux & de sable, dont ils font un mastic, afin que l'eau ne puisse pas y pénétrer ; ils plantent tout autour avec symmétrie des arbres de différentes especes. Vis-à-vis est une longue & grande table de marbre blanc & poli, sur laquelle est une cassolette, deux vases & deux candelabres aussi de marbre. De part & d'autre, on range en plusieurs files des figures d'officiers, d'eunuques, de soldats, de lions, de chevaux sellés, de chameaux, de tortues, & d'autres animaux en différentes attitudes, qui marquent du respect & de la douleur, autant que leurs artistes sont capables d'exprimer les passions ; vous trouverez les détails de leurs funérailles au mot FUNERAILLES des chinois. (D.J.) SI-FAN (Géog. mod.) vaste pays de la Tartarie asiatique. Dans la carte que les jésuites ont donnée du Tibet, le pays de Si-Fan est distinctement marqué comme borné à l'est par la province de Se-chuen au nord par le pays de Coconor, & à l'ouest par la riviere de Tsacho-Tsitsirhana. Suivant cette position, le pays de Si-fan est entre 29 degrés 54 minutes & 33 degrés 40 minutes de latitude, & entre 12 degrés 30 minutes & 18 degrés 20 minutes de longitude, ouest de Pekin. Sa figure forme un triangle, dont la base qui est au nord, offre environ 300 milles de longueur ; & les deux autres côtés qui font un angle au sud, sont chacun environ de 245 milles. C'est encore aujourd'hui ce qui reste aux Si-fans d'un domaine qui comprenoit tout le Tibet, & même quelques territoires de la Chine. On peut inférer de-là & de la conformité qui subsiste entre les langues du Si-fan & du Tibet, que les Chinois étendent le nom de Si-fan à toute cette région, & quelquefois à toutes les nations qui sont à l'ouest de l'empire de la Chine. Suivant les apparences, c'est ce grand empire de Si-fan, comprenant tout l'espace qui est entre la Chine & l'Indoustan, avec toutes les vastes plaines & les deserts au nord & à l'ouest habités par les Tartares éluths, qui portoit autrefois le nom de Tangut, Tanguth, ou Tankut. On a d'autant moins sujet d'en douter, que la langue & les caracteres du Tibet, qui sont encore en usage dans le pays de Si-fan, conservent le nom de langue & de caracteres de Tangut. Suivant les historiens chinois, l'année 1227 est l'époque de l'entiere ruine des Si - fans, après de longues guerres qu'ils ont eues avec les empereurs de la Chine. Leur état présent ne ressemble guere à celui où ils étoient anciennement ; car ils n'ont pas une seule ville, au-lieu qu'autrefois ils formoient une nation nombreuse & puissante. Les lamas qui les gouvernent, ne les inquietent pas beaucoup, pourvu qu'ils leur rendent certains honneurs, & qu'ils payent exactement les droits de fo, ce qui va à très-peu de chose. Ces droits semblent être des especes de dixmes religieuses. Les Si-fans ont toujours suivi la religion de Fo, & ont toujours choisi leurs ministres d'état & quelquefois leurs généraux parmi les lamas. Les livres & les caracteres de leurs chefs, sont ceux du Tibet. Quoique voisins des Chinois, leurs coutumes & leurs cérémonies ressemblent peu à celles de la Chine ; par exemple, dans les visites que les Si-fans rendent à ceux qu'ils respectent, ils leur présentent un grand mouchoir blanc, de coton, ou de soie. Ils ont aussi quelques usages établis parmi les Tartares-kalks, & d'autres de ceux du Coconor. Les Si-fans ne reconnoissent qu'à-demi l'autorité des mandarins chinois, & ne se hâtent guere de répondre à leurs citations : ces officiers n'osent même les traiter avec rigueur, ni entreprendre de les forcer à obéir ; parce qu'il seroit impossible de les poursuivre dans l'intérieur de leurs affreuses montagnes dont le sommet est couvert de neige, même au mois de Juillet : d'ailleurs, la rhubarbe croissant en abondance dans leur pays, les Chinois les ménagent pour en tirer cette marchandise précieuse. (D.J.) SI-GAN (Géog. mod.) SI-GAN-FU, & par le pere le Comte, qui estropie tous les noms, SIGNANFOU, grande ville de la Chine, dans la province de Xenxi où elle a le rang de premiere métropole de la province. Elle est bâtie sur le bord de la riviere de Guci, en forme d'amphitheâtre : ses environs sont agréables & fertiles. Longitude, suivant le pere Gaubil, 125. 3. 15. latit. 32. 6. Rien, selon les jésuites, n'a rendu cette ville plus remarquable que la découverte qui s'y fit en 1625, d'une inscription de plusieurs pages, qui nous apprend que la religion chrétienne est entrée à la Chine en 631. On trouvera cette inscription dans toutes les relations & dans le dictionnaire de la Martiniere. Ce n'est cependant autre chose qu'une fraude pieuse, une piece manifestement supposée, comme M. de la Crose l'a prouvé sans réplique. En vain les peres Magalhanès & le Comte établissent la venue de l'apôtre Saint Thomas à la Chine, M. Maigrot, évêque de Conon, & vicaire apostolique dans ce même royaume, reconnoît que les missionnaires ont pris pour l'apôtre Saint Thomas, un certain Tamo, ce sont ses propres termes, l'un des plus insignes fripons qui soient jamais entrés à la Chine, & qui n'y vint qu'après l'an 582. (D.J.) SIAMPART S. m. (Marine) petit bâtiment de la Chine qui a une voile, deux, quatre, ou six rames, & qui peut porter vingt-cinq à trente hommes. Il navige terre à terre, & va très-vite. SIEOUTSAI (Hist. mod.) c'est ainsi qu'on nomme à la Chine le premier grade des lettres ; il répond à celui de nos bacheliers. Pour y être admis, il faut que les étudians aient subi un examen, qui consiste à composer un ouvrage sur une matiere qui leur a été donnée par un mandarin envoyé par la cour : lorsqu'ils ont réussi, ils obtiennent ce premier grade, & commencent à jouir de plusieurs privileges, comme de porter une robe bleue bordée de noir, & un oiseau d'argent sur leur bonnet. Ils sont soumis à un supérieur particulier, qui seul a droit de les punir ; car dès-lors qu'ils sont admis, ils ne sont plus sujets à recevoir la bastonnade par ordre des magistrats ordinaires. Les sieoutsai sont obligés de subir un nouvel examen, qui ne se fait que tous les trois ans dans la capitale de chaque province, en présence des mandarins & de deux commissaires de la cour ; ceux dont les ouvrages ont été approuvés, sont déclarés kirgin. Voyez cet article. SINNING (Géog. mod.) ville de la Chine, dans la province de Quantung, au département de Quangcheu, premiere métropole de la province. Latit. 31. 47. (D.J.) SOEN SOUN ou TSSONN s. m. (Marine) nom qu'on donne à la Chine, aux principaux & aux plus ordinaires vaisseaux marchands ou de guerre. SOIE Soies de la Chine & du Japon. Différentes provinces de la Chine sont si abondantes en meuriers, & d'un climat si favorable aux vers à soie, qu'on ne sauroit concevoir combien elles produisent de soie ; la seule province de Tchekiam pourroit suffire à en fournir toute la Chine, & même une grande partie de l'Europe. Les soies de cette province sont les plus estimées, quoique celles de Nanquin & de Canton soient excellentes. Le trafic des soies est le principal commerce de la Chine, & celui qui occupe le plus de monde. Mais les marchands européens qui y trafiquent, sur-tout en soies travaillées, doivent bien prendre garde au filage, &c. parce que ces soies sont sujettes à avoir beaucoup de dechet, comme la compagnie françoise des Indes orientales l'a éprouvé depuis peu à ses dépens. SOME S. f. (Marine chinoise) vaisseau dont les Chinois se servent pour naviguer sur mer, & qu'ils nomment tchouen. Les Portugais ont appellé ces sortes de vaisseaux soma, sans qu'on sache la raison de cette dénomination. Les somes (car nous avons francisé le mot portugais), ne peuvent point se comparer à nos vaisseaux européens, ni pour l'art de leur construction, ni pour leur grandeur, puisqu'ils ne portent guere au-delà de deux cent cinquante tonneaux, & s'il est vrai que la connoissance de la navigation soit fort ancienne chez les Chinois, il est certain qu'ils ne l'ont pas plus perfectionnée que leurs autres sciences. Leurs tchouen ou somes ne sont à proprement parler que des barques plattes à deux mâts : ils n'ont guere que 80 à 90 piés de longueur ; la proue coupée & sans éperon, est relevée en haut de deux especes d'ailerons en forme de cornes, qui font une figure assez bizarre ; la poupe est ouverte en-dehors, par le milieu, afin que le gouvernail y soit à couvert des coups de mer ; ce gouvernail qui est large de 5 à 6 piés, peut s'élever & s'abaisser par le moyen d'un cable qui le soutient sur la poupe. Ces vaisseaux n'ont ni artimon, ni beaupré, ni mâts de hune ; toute leur mâture consiste dans le grand mât & le mât de misaine, auxquels ils ajoutent quelquefois un fort petit mât de perroquet, qui n'est pas d'un grand secours ; le grand mât est placé assez près du mât de misaine, qui est fort sur l'avant ; la proportion de l'une à l'autre, est communément comme 2 à 3. & celle du grand mât au vaisseau, ne va jamais au - dessous, étant ordinairement plus des deux tiers de toute la longueur du vaisseau. Leurs voiles sont faites de natte de bambou ou d'une espece de cannes communes à la Chine, lesquelles se divisent par feuilles en forme de tablettes, arrêtées dans chaque jointure, par des perches qui sont aussi de bambou ; en - haut & en - bas sont deux pieces de bois : celle d'en-haut sert de vergue : celle d'enbas, faite en forme de planche, & large d'un pié & davantage, sur cinq à six pouces d'épaisseur, retient la voile lorsqu'on veut la hisser, ou qu'on veut la ramasser. Ces sortes de bâtimens ne sont nullement bons voiliers, ils tiennent cependant mieux le vent que les nôtres, ce qui vient de la roideur de leurs voiles, qui ne cedent point au vent ; mais aussi comme la construction n'en est pas avantageuse, ils perdent à la dérive l'avantage qu'ils ont sur nous en ce point. Ils ne calfatent point leurs somes & autres vaisseaux avec du goudron comme on fait en Europe ; leur calfas est fait d'une espece de gomme particuliere, & il est si bon, qu'un seul puits ou deux, à fonds de cale du vaisseau, suffit pour le tenir sec. Jusqu'ici ils n'ont eu aucune connoissance de la pompe. Leurs ancres ne sont point de fer comme les nôtres ; elles sont d'un bois dur & pesant, qu'ils appellent pour cela tie mou, c'est-à-dire bois de fer. Ils prétendent mal - à - propos que ces ancres valent beaucoup mieux que celles de fer, parce que, disent-ils, celles-ci sont sujettes à se fausser, ce qui n'arrive pas à celles de bois qu'ils employent : cependant, pour l'ordinaire, elles sont armées de fer aux deux extrêmités. Les Chinois n'ont sur leur bord ni pilote, ni maître de manoeuvre ; ce sont les seuls timonniers qui conduisent la some, & qui commandent la manoeuvre. Il faut avouer néanmoins qu'ils sont assez bons pilotes côtiers, mais mauvais pilotes en haute mer ; ils mettent le cap sur le rumb qu'ils croyent devoir faire, & sans s'embarrasser des élans du vaisseau, ils courent ainsi comme ils le jugent à propos. Voyez de plus grands détails dans l'histoire de la Chine, du pere du Halde. (D.J.) SOUN S. m. (Marine) ce sont à la Chine les principaux bâtimens, tant de guerre que vaisseaux marchands. Les plus grands de charge sont de 300 lastes ; ceux qu'on équipe en guerre, ne passent pas 100. SUCHUEN (Géog. mod.) province de la Chine. Elle ne cede ni pour la grandeur ni pour l'abondance à aucune autre de l'empire. Le fleuve Kiang la coupe en deux parties. La province de Huquang la borne à l'orient, le royaume de Tibet à l'occident, la province de Xensi au nord, & celle de Junnan au midi. Elle produit beaucoup de fer, d'étain & de plomb. Cette province est la sixieme en rang. On y compte huit métropoles, six grandes cités, quatre villes militaires, une cité militaire, & plusieurs forteresses qui en dépendent. Ching-Tu est la capitale de la province. (D.J.) SUCU S. m. (Hist. nat. Botan. exot.) espece de pommier fort commun à la province de Canton à la Chine. Son fruit est un peu plus gros que les renettes ; il est presque rond, & de couleur rougeâtre ; on le seche comme nos figues, afin de le conserver toute l'année. SUIF SUIF, bois de, (Hist. nat.) on trouve à la Chine un arbre qui fournit une substance parfaitement semblable à du suif. Le fruit de cet arbre est renfermé dans une enveloppe qui, lorsque le fruit est mûr, s'ouvre d'elle-même comme celle de nos châtaignes, il en sort deux ou trois fruits de la grosseur d'une noisette, dont la pulpe a les mêmes propriétés que le suif, & qui, fondue avec un peu d'huile ou de cire, devient propre à faire des chandelles, dont on fait usage dans tout l'empire de la Chine. Pour séparer cette espece de suif de son fruit, on le pulvérise, après quoi on le fait bouillir dans de l'eau, à la surface de laquelle il surnage une substance semblable à de l'huile, qui se condense lorsqu'elle est refroidie, & qui prend la même consistance que le suif. On mêle dix parties de cette substance avec trois parties d'huile de lin & avec un peu de cire, afin de lui donner de la solidité, & pour l'empêcher de s'attacher aux doigts. Les Chinois donnent la forme d'un segment de cône aux chandelles faites de cette substance, que l'on y colore quelquefois en y incorporant des couleurs avec des parfums, pour en rendre l'odeur plus agréable. Les meches que l'on y met sont de coton. SUKOTYR ou SUKOTARIO s. m. (Zoolog.) nom que les Chinois donnent à un très-gros animal remarquable par ses cornes, & qui paroît être le taureau carnivore des anciens. Cet animal est de la grandeur d'un grand boeuf ; il a le museau approchant de celui d'un cochon ; deux oreilles longues & rudes ; une queue épaisse & touffue. Ses yeux sont placés perpendiculairement dans la tête, d'une maniere tout-à-fait différente de ce qu'ils sont dans d'autres animaux. De chaque côté de la tête, tout proche des yeux, il sort une longue corne ou plutôt une dent, non pas tout-à-fait aussi épaisse que la dent d'un éléphant. Il paît l'herbe dans les endroits deserts & éloignés. Nieuhof, dont nous tenons cette description & qui nous a donné la figure de cet animal, ajoute, sans en être peut-être trop instruit, qu'on le prend fort rarement. Nous ne connoissons en Europe de cette bête que sa paire de cornes, qui est d'une grandeur extraordinaire, & dont le chevalier Hans Sloane, qui en avoit dans son cabinet, a communiqué le détail suivant à MM. de l'académie des Sciences. Ces cornes furent trouvées dans un magasin qu'avoit à Wapping M. Doyly, homme fort curieux, & dont une certaine étoffe d'été porte le nom. Il en fit présent au chevalier Hans. Elles étoient assez gâtées, & les vers les avoient rongées profondément dans leur surface en divers endroits ; personne ne put instruire M. Doyly de quel pays elles étoient venues, ni en quel tems, & de quelle maniere elles avoient été mises dans ce magasin. Quoiqu'il en soit, on les a représentées dans les Mémoires de l'académie de Sciences, année 1727. Elles sont assez droites à une distance considérable de la base, & puis se courbant, elles vont insensiblement se terminer en pointe. Elles ne sont pas rondes, mais un peu plates & comprimées, avec des sillons larges & transversaux sur leur surface, ondées par-dessous. La grandeur des deux cornes n'est pas tout-à-fait la même ; la plus longue a six piés six pouces & demi, mesure d'Angleterre ; son diametre à la base est de sept pouces, & sa circonférence d'un pié & demi. Elle pesoit vingt-deux livres, & contenoit dans sa cavité un galon & une pinte d'eau. L'autre corne étoit un peu plus petite, pesoit par conséquent un peu moins, & ne contenoit pas tout-à-fait autant de liqueur. |
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Encyclopédie, ou dictonnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers. Mis en ordre et publié par [Denis] Diderot [ID D 20381]. T-Z TAEL S. m. (Poids chinois) les Portugais disent telle, & les Chinois, leam. C'est un petit poids de la Chine, qui revient à une once deux gros de France, poids de marc ; il est particulierement en usage du côté de Canton. Les seize taels font un catis, cent catis font le pic, & chaque pic fait cent vingt-cinq livres poids de marc. Savary. (D.J.) TAIKI TAI-KI, (Hist. mod. Philosophie) ce mot en chinois signifie le faîte d'une maison. Une secte de philosophes de la Chine, appellée la secte des ju-kiau, se sert de ce mot pour désigner l'Etre suprême, ou la cause premiere de toutes les productions de la nature. Voyez JU-KIAU. TAIYVEN (Géog. mod.) ville de la Chine, premiere métropole de la province de Xanci, sur le bord du fleuve Fuen. Elle est grande, peuplée & décorée de superbes édifices. Son territoire est d'une vaste étendue, & renferme plusieurs villes & plusieurs temples dédiés à des héros. Elle est, selon le P. Martini, de 4 degrés 35 minutes plus occidentale que Péking, sous 38°. 33'. de latitude. (D.J.) TAMLING S. m. (Com.) c'est le nom que les Siamois donnent à une espece de monnoie & de poids que les Chinois appellent taël. Le taël de Siam est de plus de la moitié plus foible que le taël de la Chine ; ensorte que le cati siamois ne vaut que huit taëls chinois, & qu'il faut vingt taëls siamois pour le cati chinois. A Siam, le tamling ou taël se subdivise en quatre ticals ou baats, le tical en quatre mayons ou selings, le mayon en deux fouangs, chaque fouang en deux sompayes, la sompaye en deux payes, & la paye en deux clams, qui n'est qu'une monnoie de compte ; mais qui, en qualité de poids, pese douze grains de riz ; ensorte que le tamling ou taël siamois est de sept cent soixante-huit grains. Voyez TAEL, Dictionn. de Commerce. TANGUT (Géog. mod.) royaume d'Asie, dans la Tartarie chinoise. Il est borné au nord par les états du grand chan des Calmoucks, au midi par la province d'Ava, au levant par la Chine, & au couchant par les états du Mogol. On le divise en deux parties, dont la septentrionale est appellée le Tibet, & la méridionale le Tangut propre. C'est le patrimoine du dalaï-lama qui est le souverain pontife de tous les Tartares payens ; mais il ne se mêle que du spirituel : le contaisch, grand chan des Calmoucks, gere le temporel. Le dalaï-lama habite un couvent qui est sur le sommet d'une haute montagne, dont le pié est occupé par plusieurs centaines de prêtres de sa secte. Le royaume de Tangut s'étend depuis le 94 jusqu'à 100 degré de longit. & depuis le 30 deg. jusqu'au 35 de latit. (D.J.) TARTARE Ainsi, dans la moitié de la Chine, & la moitié de l'Indoustan, presque toute la Perse jusqu'à l'Euphrate, les frontieres de la Russie, Casan, Astracan, toute la grande Tartarie, furent subjugués par Genghis, en près de dix - huit années. En revenant des Indes par la Perse & par l'ancienne Sogdiane, il s'arrêta dans la ville de Toncat, au nord-est du fleuve Jaxarte, comme au centre de son vaste empire. Ses fils victorieux, les généraux, & tous les princes tributaires, lui apporterent les trésors de l'Asie. Il en fit des largesses à ses soldats, qui ne connurent que par lui, cette espece d'abondance. C'est de-là que les Russes trouvent souvent des ornemens d'argent & d'or, & des monumens de luxe enterrés dans les pays sauvages de la Tartarie. C'est tout ce qui reste de tant de déprédations. Genghis tint dans les plaines de Toncat une cour triomphale, aussi magnifique qu'avoit été guerriere celle qui autrefois lui prépara tant de triomphes. On y vit un mêlange de barbarie tartare, & de luxe asiatique ; tous les chans & leurs vassaux, compagnons de ses victoires, étoient sur ces anciens chariots scythes, dont l'usage subsiste encore jusque chez les Tartares de la Crimée ; mais les chars étoient couverts des étoffes précieuses, de l'or, & des pierreries de tant de peuples vaincus. Un des fils de Genghis, lui fit dans cette diete, un présent de cent mille chevaux. Ce fut ici qu'il reçut les adorations de plus de cinq cent ambassadeurs des pays conquis. De-là, il courut à Tangut royaume d'Asie, dans la Tartarie chinoise, pour remettre sous le joug ses habitans rébelles. Il se proposoit, âgé d'environ 70 ans, d'achever la conquête du grand royaume de la Chine, l'objet le plus chéri de son ambition ; mais une maladie l'enleva dans son camp en 1226, lorsqu'il étoit sur la route de cet empire, à quelques lieues de la grande muraille. Jamais ni avant, ni après lui, aucun homme n'a subjugué tant de peuples. Il avoit conquis plus de dix-huit cent lieues de l'orient au couchant, & plus de mille du septentrion au midi. Mais dans ses conquêtes, il ne fit que détruire ; & si on excepte Bozharah, & deux ou trois autres villes dont il permit qu'on réparât les ruines, son empire de la frontiere de Russie jusqu'à celle de la Chine, fit une dévastation. TAUT-SE S. f. (Hist. mod.) c'est le nom d'une secte de la Chine, dont Lao-kiun est le fondateur, & qui a un grand nombre de partisans dans cet empire. Les livres de Lao-kiun se sont conservés jusqu'à ce jour ; mais on assure qu'ils ont été altérés par ses disciples, qui y ont ajouté un grand nombre de superstitions. Ces ouvrages renferment des préceptes de morale propres à rendre les hommes vertueux, à leur inspirer le mépris des richesses, & à leur inculquer qu'ils peuvent se suffire à eux-mêmes. La morale de Lao-kiun est assez semblable à celle d'Epicure ; elle fait consister le bonheur dans la tranquillité de l'ame, & dans l'absence des soins qui sont ses plus grands ennemis. On assure que ce chef de secte admettoit un dieu corporel. Ses disciples sont fort adonnés à l'alchymie, ou à la recherche de la pierre philosophale ; ils prétendent que leur fondateur avoit trouvé un elixir au moyen duquel on pouvoit se rendre immortel. Ils persuadent de plus au peuple qu'ils ont un commerce familier avec les démons, par le secours desquels ils operent des choses merveilleuses & surnaturelles pour le vulgaire. Ces miracles, joints à la faculté qu'ils prétendent avoir de rendre les hommes immortels, leur donnent de la vogue, sur-tout parmi les grands du royaume & les femmes ; il y a eu même des monarques chinois à qui ils en ont imposé. Ils ont plusieurs temples dédiés aux démons en différens endroits de l'empire ; mais la ville de Kiangsi est le lieu de la résidence des chefs de la secte ; il s'y rend une grande foule de gens qui s'adressent à eux pour être guéris de leurs maladies, & pour savoir l'avenir ; ces imposteurs ont le secret de leur tirer leur argent, en place duquel ils leur donnent des papiers chargés de caracteres magiques & mystérieux. Ces sorciers offrent en sacrifice aux démons un porc, un oiseau & un poisson. Les cérémonies de leur culte sont accompagnées de postures étranges, de cris effrayans, & d'un bruit de tambour qui étourdit ceux qui les consultent, & leur fait voir tout ce que les imposteurs veulent. Voyez Duhalde, hist. de la Chine. TAYOVA ou TAYVAN (Géog. mod.) petite île de la Chine, sur la côte occidentale de l'île Formose : ce n'est proprement qu'un banc de sable aride de près d'une lieue de longueur, & d'un mille de large ; mais ce banc est fameux dans les relations des voyageurs, parce que les Hollandois s'en rendirent maîtres & y bâtirent une forteresse qu'ils nommerent le fort de Zélande. Les Chinois s'en emparerent en 1662, & y tiennent une garnison. Le havre de Tayovan est très-commode, parce qu'on y peut aborder en toutes saisons. Lat. 22. 23. (D.J.) TCHA-HOA (Hist. nat. Botan. exot.) genre de plante d'un grand ornement dans les jardins de la Chine, il y en a quatre especes, dit le P. Duhalde, qui portent toutes des fleurs, & qui ont du rapport à notre laurier d'Espagne, par le bois & par le feuillage ; son tronc est gros comme la jambe ; son sommet a la forme du laurier d'Espagne ; son bois est d'un gris blanchâtre & lissé. Ses feuilles sont rangées alternativement, toujours vertes, de figure ovale, terminées en pointe, crenelées en forme de scie par les bords, épaisses & fermes, d'un verd obscur par-dessus, comme la feuille d'oranger, & jaunâtre en-dessous, attachées aux branches par des pédicules assez gros. De l'aisselle des pédicules, il sort des boutons, de la grosseur, de la figure & de la couleur d'une noisette ; ils sont couverts d'un petit poil blanc & couché, comme sur le satin. De ces boutons, il se forme des fleurs de la grandeur d'une piece de 24 sols ; ces fleurs sont doubles, rougeâtres comme de petites roses, & soutenues d'un calice : elles sont attachées à la branche immédiatement, & sans pédicules. Les arbres de la seconde espece sont fort hauts ; la feuille en est arrondie, & ses fleurs qui sont grandes & rouges, mêlées avec les feuilles vertes, font un fort bel effet. Les deux autres especes en portent aussi, mais plus petites & blanchâtres ; le milieu de cette fleur est rempli de quantité de petits filets, qui portent chacun un sommet jaune & plat, à-peu-près comme dans les roses simples, avec un petit pistil rond au milieu, soutenant une petite boule verte, laquelle en grossissant, forme le péricarpe qui renferme la graine. (D.J.) TEMPLES DES CHINOIS (Hist. de la Chine) parmi les édifices publics où les Chinois font paroître le plus de somptuosité, on ne doit pas obmettre les temples, ou les pagodes, que la superstition des princes & des peuples a élevés à de fabuleuses divinités : on en voit une multitude prodigieuse à la Chine ; les plus célebres sont bâtis dans les montagnes. Quelque arides que soient ces montagnes, l'industrie chinoise a suppléé aux embellissemens & aux commodités que refusoit la nature ; des canaux travaillés à grands frais, conduisent l'eau des montagnes dans des bassins destinés à la recevoir ; des jardins, des bosquets, des grottes pratiquées dans les rochers, pour se mettre à l'abri des chaleurs excessives d'un climat brulant, rendent ces solitudes charmantes. Les bâtimens consistent en des portiques pavés de grandes pierres quarrées & polies, en des salles, en des pavillons qui terminent les angles des cours, & qui communiquent par de longues galeries ornés de statues de pierre, & quelquefois de bronze ; les toîts de ces édifices brillent par la beauté de leurs briques, couvertes de vernis jaune & verd, & sont enrichis aux extrémités, de dragons en saillie de même couleur. Il n'y a guere de ces pagodes où l'on ne voie une grande tour isolée, qui se termine en dôme : on y monte par un escalier qui regne tout-au-tour ; au milieu du dôme est d'ordinaire un temple de figure quarrée ; la voûte est souvent ornée de mosaïque, & les murailles sont revêtues de figures de pierres en relief, qui représentent des animaux & des monstres. Telle est la forme de la plûpart des pagodes, qui sont plus ou moins grands, selon la dévotion & les moyens de ceux qui ont contribué à les construire : c'est la demeure des bonzes, ou des prêtres des idoles, qui mettent en oeuvre mille supercheries, pour surprendre la crédulité des peuples, qu'on voit venir de fort loin en pélérinage à ces temples consacrés à la superstition ; cependant comme les Chinois, dans le culte qu'ils rendent à leurs idoles, n'ont pas une coutume bien suivie, il arrive souvent qu'ils respectent peu & la divinité & ses ministres. Mais le temple que les Chinois nomment le temple de la Reconnoissance, mérite en particulier que nous en disions quelque chose. Ce temple est élevé sur un massif de brique qui forme un grand perron, entouré d'une balustrade de marbre brut : on y monte par un escalier de dix à douze marches, qui regne tout le long ; la salle qui sert de temple, a cent piés de profondeur, & porte sur une petite base de marbre, haute d'un pié, laquelle en débordant, laisse tout-au-tour une banquette large de deux ; la façade est ornée d'une galerie, & de quelques piliers ; les toîts, (car selon la coutume de la Chine, souvent il y en a deux, l'un qui naît de la muraille, l'autre qui la couvre), les toîts, dis-je, sont de tuiles vertes, luisantes & vernissées ; la charpente qui paroît en dedans, est chargée d'une infinité de piéces différemment engagées les unes dans les autres, ce qui n'est pas un petit ornement pour les Chinois. Il est vrai que cette forêt de poutres, de tirans, de pignons, de solives, qui regnent de toutes parts, a je ne sais quoi de singulier & de surprenant, parce qu'on conçoit qu'il y a dans ces sortes d'ouvrages, du travail & de la dépense, quoiqu'au fond cet embarras ne vient que de l'ignorance des ouvriers, qui n'ont encore pû trouver cette simplicité qu'on remarque dans nos bâtimens européens, & qui en fait la solidité & la beauté : la salle ne prend le jour que par ses portes ; il y en a trois à l'orient, extrêmement grandes, par lesquelles on entre dans la fameuse tour de porcelaine, & qui fait partie de ce temple. Voyez TOUR DE PORCELAINE. (D.J.) TENEBRES A l'égard de l'éclipse arrivée à la Chine, on ne convient pas sur l'année ; les uns la mettent l'an 31 & d'autres l'an 32 de J. C. Selon M. Kirch, elle n'a été que de neuf doigts & demi, ou neuf doigts quarante minutes ; & selon le P. Gaubil, elle a été centrale annulaire. Selon le premier, elle étoit finie à dix heures du matin ; & selon l'autre, elle a été centrale annulaire à dix heures & demie. Je sai que les Jésuites ont prétendu que les annales de la Chine disent qu'au mois d'Avril de l'an 32 de J. C. il y eut une grande éclipse de soleil, qui n'étoit pas selon l'ordre de la nature, & qui par conséquent pourroit bien être celle qu'on vit au tems de la passion de J. C. lequel mourut au mois d'Avril selon quelques auteurs. C'est pourquoi les missionnaires de la Chine, prierent en 1672, les astronomes de l'Europe, d'examiner s'il n'y eut point d'éclipse en ce mois & en cette année, & si naturellement il pouvoit y en avoir ; parce que cette circonstance étant bien vérifiée, on en pourroit tirer de grands avantages pour la conversion des Chinois. Mais on a raison de s'étonner que les missionnaires ayant alors chez eux d'habiles astronomes, n'aient pas eux-mêmes faits les calculs qu'ils demandoient, ou qu'ils n'aient pas été d'assez bonne foi pour nous communiquer leurs découvertes. Quoi qu'il en soit, ils ont paru croire que cette éclipse & les ténebres arrivées à la mort de J. C. sont une seule & même chose. Le P. Jean-Dominique Gabiani, l'un des missionnaires de la Chine, & plusieurs de leurs néophites, supposent le fait incontestable. Le P. Tachard, dans l'épitre dédicatoire de son premier voyage de Siam, dit que " la Sagesse suprême fit connoître autrefois aux rois & aux peuples d'Orient J. C. naissant & mourant, par une nouvelle étoile, & par une éclipse extraordinaire ". Cependant plusieurs astronomes européens, entr'autres Muller en 1685, & Bayer en 1718, ayant consulté les annales chinoises, & calculé l'éclipse dont elles font mention, ont trouvé que l'éclipse de la Chine étoit naturelle, & qu'elle n'avoit rien de commun avec les ténebres de la passion de notre Sauveur. En effet, 1°. comme je viens de le dire, on ne convient point de l'année où l'éclipse de la Chine est arrivée ; les uns mettent cette année à l'an 31, & d'autres à l'an 32 de J. C. 2°. selon M. Kirch, elle n'a été que de neuf doigts & demi, ou neuf doigts quarante minutes ; & selon le P. Gaubil, elle a été centrale annulaire. Selon le premier, elle étoit finie à dix heures du matin ; & selon l'autre, elle a été centrale annulaire à dix heures & demi. Mais en supposant que les missionnaires jésuites & les astronomes européens soient d'accord, quel rapport des éclipses étrangeres peuvent-elles avoir avec les ténebres arrivées à la mort de J. C. ? 1°. Il ne pouvoit y avoir d'éclipse naturelle au soleil, puisque la lune étoit en son plein ; & par cette raison, il seroit impossible à aucun astronome de calculer une éclipse marquée à ce jour-là, il n'en trouveroit jamais ; au-lieu que M. Kirch & le P. Gaubil lui-même ont calculé celle dont il est fait mention dans les annales de la Chine ; elle n'a donc rien de commun avec des ténebres qui n'ont pu, selon le cours naturel, être l'effet d'une éclipse au soleil. 2°. La durée des ténebres, qui fut de trois heures, prouve qu'elles n'étoient pas produites par une éclipse, puisque les plus grandes éclipses ne causent de ténebres que pendant quatre ou cinq minutes. 3°. Quand l'éclipse parut à la Chine, il n'étoit pas jour à Jérusalem. 4°. L'éclipse se fit le jeudi matin, & les ténebres le vendredi après midi. 5°. L'éclipse arriva le dernier jour du troisieme mois des Chinois, c'est-à-dire le dernier jour du second mois judaïque ; & les ténebres à la pâque que les Juifs célebrent au milieu de leur premier mois. 6°. L'éclipse de la Chine arriva le 10 Mai, tems où la pâque ordinaire des Juifs ne fut jamais célebrée. 7°. Il n'est pas même certain qu'il y ait eu dans la Chine l'an 32 de J. C. une telle éclipse. Cassini assure qu'après avoir calculé exactement, il a trouvé que la plûpart des éclipses dont les Chinois parlent, ne peuvent être arrivées dans le tems qu'ils ont marqué, & le P. Couplet lui-même convient qu'ils ont inséré dans leurs fastes un grand nombre de fausses éclipses. Un chinois nommé Yamquemsiam, dans sa réponse à l'apologie pour la religion chrétienne, publiée par les Jésuites à la Chine, dit positivement que cette prétendue éclipse n'est marquée dans aucune histoire de la Chine. 8°. Enfin si l'éclipse qu'on vit à la Chine au mois d'Avril de l'an 32 de J. C. arriva naturellement, elle ne peut avoir aucun rapport avec les ténebres de la passion qui étoient surnaturelles ; & si au contraire elle étoit contre le cours régulier de la nature, le plus habile mathématicien de l'Europe entreprendroit en vain de la calculer. TFUOI S. m. (Porc. chin.) nom chinois d'une espece particuliere de vernis qu'ils mettent à la porcelaine, pour lui donner un fonds violet, & y appliquer de l'or par-dessus. Leur ancienne méthode étoit de mêler l'or avec le vernis ordinaire, & d'y ajouter du bleu, ou de la poudre d'une agathe grossiere calcinée, qu'on trouve en abondance sur les bords de leurs rivieres ; mais ils ont remarqué depuis que le vernis brun, qu'ils nomment tsekin, réussit beaucoup mieux ; le bleu se change en violet, & l'or s'y attache parfaitement. Les Chinois vernissent encore leur porcelaine d'une maniere variée, en la vernissant de blanc intérieurement, & extérieurement d'une couleur brune avec beaucoup d'or. Enfin ils diversifient les nuances de la même couleur extérieurement, en faisant sur la porcelaine plus ou moins de couches du même vernis. Observations sur les coutumes de l'Asie. (D.J.) THE L'arbrisseau de la Chine qui porte le thé differe peu de celui du Japon ; il s'éleve à la hauteur de trois, de quatre ou de cinq piés tout-au-plus ; il est touffu & garni de quantité de rameaux. Ses feuilles sont d'un verd foncé, pointues, longues d'un pouce, larges de cinq lignes, dentelées à leur bord en maniere de scie ; ses fleurs sont en grand nombre, semblables à celles du rosier sauvage, composées de six pétales blanchâtres ou pâles, portées sur un calice partagé en six petits quartiers ou petites feuilles rondes, obtuses, & qui ne tombent pas. Le centre de ces fleurs est occupé par un nombreux amas d'étamines, environ deux cent, jaunâtres. Le pistil se change en un fruit sphérique tantôt à trois angles & à trois capsules, souvent à une seule. Chaque capsule renferme une graine qui ressemble à une aveline par sa figure & sa grosseur, couverte d'une coque mince, lisse, roussâtre, excepté la base qui est blanchâtre. Cette graine contient une amande blanchâtre, huileuse, couverte d'une pellicule mince & grise, d'un goût douçâtre d'abord, mais ensuite amer, excitant des envies de vomir, & enfin brûlant & fort desséchant. Ses racines sont minces, fibreuses & répandues sur la surface de la terre. On cultive beaucoup cette plante à la Chine ; elle se plaît dans les plaines tempérées & exposées au soleil, & non dans des terres sablonneuses ou trop grasses. On apporte beaucoup de soin & d'attention pour le thé de l'empereur de la Chine, comme pour celui de l'empereur du Japon, on fait un choix scrupuleux de ses feuilles dans la saison convenable. On cueille les premieres qui paroissent au sommet des plus tendres rameaux ; les autres feuilles sont d'un prix médiocre. On les seche toutes à l'ombre, & on les garde sous le nom de thé impérial ; parmi ces feuilles, on sépare encore celles qui sont plus petites de celles qui sont plus grandes ; car le prix varie selon la grandeur des feuilles, plus elles sont grandes, plus elles sont cheres. Le thé roux, que l'on appelle thé bohéa, est celui qui a été plus froissé & plus rôti : c'est de-là que vient la diversité de la couleur & du goût. Les Chinois, dont nous suivons la méthode, versent de l'eau bouillante sur les feuilles entieres de thé que l'on a mises dans un vaisseau destiné à cet usage, & ils en tirent la teinture ; ils y mêlent un peu d'eau claire pour en tempérer l'amertume & la rendre plus agréable, ils la boivent chaude. Le plus souvent en bûvant cette teinture, ils tiennent du sucre dans leur bouche, ce que font rarement les Japonois ; ensuite ils versent de l'eau une seconde fois, & ils en tirent une nouvelle teinture qui est plus foible que la premiere ; après cela ils jettent les feuilles. Les Chinois & les Japonois attribuent au thé des vertus merveilleuses, comme il arrive à tous ceux qui ont éprouvé quelque soulagement ou quelque avantage d'un remede agréable ; il est du-moins sûr que dans nos pays, si l'on reçoit quelque utilité de cette boisson, on doit principalement la rapporter à l'eau chaude. Les parties volatiles du thé qui y sont répandues, peuvent encore contribuer à atténuer & résoudre la lymphe quand elle est trop épaisse, & à exciter davantage la transpiration ; mais en même tems l'usage immodéré de cette feuille infusée perpétuellement dans de l'eau chaude, relâche les fibres, affoiblit l'estomac, attaque les nerfs, & en produit le tremblement ; desorte que le meilleur, pour la conservation de la santé, est d'en user en qualité de remede, & non de boisson agréable, parce qu'il est ensuite très-difficile de s'en priver. Il faut bien que cette difficulté soit grande, puisqu'il se débite actuellement en Europe par les diverses compagnies environ huit à dix millions de livres de thé par an, tant la consommation de cette feuille étrangere est considérable. (D.J.) TIBE ou THIBET (Géog. mod.) vaste pays d'Asie, qui nous est très-peu connu ; on le divise en deux parties, dont l'une s'appelle le petit, & l'autre le grand Tibet. Le petit Tibet est à peu de journées de Caschemire : il s'étend du septentrion vers le couchant, & s'appelle Baltistan. Ses habitans & les princes qui le gouvernent sont mahométans, & tributaires du Mogol. Le grand Tibet qu'on nomme aussi Boutan, s'étend du septentrion vers le levant, & commence au haut d'une affreuse montagne, nommée Kaniel, toute couverte de neige ; cependant la route est assez fréquentée par les Caravanes qui y vont tous les ans chercher des laines. Son chef-lieu nommé Ladak, où réside le roi, n'est qu'une forteresse, située entre deux montagnes. Dans ces provinces montueuses, tout le trafic se fait par l'échange des denrées. Les premieres peuplades qu'on rencontre, sont mahométanes ; les autres sont habitées par des payens, mais moins superstitieux qu'on ne l'est dans plusieurs contrées idolâtres. Les religieux des Tibétins se nomment lamas. Ils sont vêtus d'un habit particulier, différent de ceux que portent les personnes du siecle ; ils ne tressent point leurs cheveux, & ne portent point de pendans d'oreilles comme les autres ; mais ils ont une bousane, & ils sont obligés à garder un célibat perpétuel. Leur emploi est d'étudier les livres de la loi, qui sont écrits en une langue & en des caracteres différens de la langue ordinaire. Ils récitent certaines prieres en maniere de choeur ; ce sont eux qui font les cérémonies, qui présentent les offrandes dans le temple, & qui y entretiennent des lampes allumées. Ils offrent à Dieu, du blé, de l'orge, de la pâte & de l'eau dans de petits vases fort propres. Les lamas sont dans une grande vénération ; ils vivent d'ordinaire en communauté, ils ont des supérieurs locaux, & outre cela un pontife général, que le roi même traite avec beaucoup de respect. Ce grand pontife qu'on nomme dalaï-lama, habite Lassa, qui est le plus beau des pagodes qu'aient les Tibétins ; c'est dans ce pagode bâti sur la montagne de Poutala, que le grand lama reçoit les adorations nonseulement des gens du pays, mais d'une partie de l'Indoustan. Le climat du grand & du petit Tibet est fort rude, & la cime des montagnes toujours couverte de neige. La terre ne produit que du blé & de l'orge. Les habitans n'usent que des étoffes de laine pour leurs vêtemens ; leurs maisons sont petites, étroites, & faites sans art. Il y a encore un troisieme pays du nom de Tibet, dont la capitale se nomme Rassa ; ce troisieme Tibet n'est pas fort éloigné de la Chine, & se trouve plus exposé que les deux autres aux incursions des Tartares qui sont limitrophes. (D.J.) TIEN ou TYEN s. m. (Hist. mod. Relig.) ce mot signifie en langue chinoise le ciel. Les lettrés chinois désignent sous ce nom l'Etre suprème, créateur & conservateur de l'Univers. Les Chinois de la même secte des lettrés, désignent encore la divinité sous le nom de cham-ti, ou chang-ti, ce qui signifie souverain ou empereur ; ces dénominations donnerent lieu à de grandes contestations entre les missionnaires jésuites & les mandarins qui sont de la secte des lettrés : les premiers ne voulurent jamais admettre le nom de tien, que les lettrés donnoient à la divinité, parce qu'ils les accusoient d'athéïsme, ou du moins de rendre un culte d'idolatrie au ciel matériel & visible. Ils vouloient que l'on donnât à Dieu le nom de tientchu, seigneur du ciel. L'empereur Canghi, dans la vue de calmer les soupçons & les scrupules des missionnaires, qu'il aimoit, donna un édit ou déclaration solemnelle, qu'il fit publier dans tout son empire, par laquelle il faisoit connoître que ce n'étoit point au ciel matériel que l'on offroit des sacrifices, & à qui l'on adressoit ses voeux ; que c'étoit uniquement au souverain maître des cieux à qui l'on rendoit un culte d'adoration, & que par le nom de chang-ti, on ne prétendoit désigner que l'Etre suprème. L'empereur, non content de cette déclaration, la fit souscrire & confirmer par un grand nombre des mandarins les plus distingués de l'empire, & par les plus habiles d'entre les lettrés ; ils furent très-surpris d'apprendre que les Européens les eussent soupçonnés d'adorer un être inanimé & matériel, tel que le ciel visible ; ils déclarerent donc de la maniere la plus authentique, que par le mot tyen, ainsi que par celui de chang-ti, ils entendoient le Seigneur suprème du ciel, le principe de toutes choses, le dispensateur de tous les biens, dont la providence, l'omniscience, & la bonté, nous donnent tout ce que nous possédons. Par une fatalité incompréhensible, des déclarations si formelles n'ont jamais pu rassurer les consciences timorées des missionnaires ; ils crurent que l'empereur & les lettrés ne s'étoient expliqués de cette façon, que par une condescendance & par une foiblesse à laquelle rien ne pouvoit pourtant les obliger ; ils persisterent à les soupçonner d'athéïsme & d'idolatrie, quelqu'incompatible que la chose paroisse ; & ils refuserent constamment de se servir des mots de tyen & de chang-ti, pour désigner l'Etre suprème, aimant mieux se persuader que les lettrés ne croyoient point intérieurement ce qu'ils professoient de bouche, & les accusant de quelques restrictions mentales qui, comme on sait, ont été authorisées en Europe, par quelques théologiens connus des missionnaires. Voyez l'histoire de la Chine du R. P. du Halde. TITRE L'empereur de la Chine, parmi ses titres, prend celui de tien-su, c'est-à-dire, fils du ciel. On observe que les Orientaux aiment les titres à l'excès. Un simple gouverneur de Schiras, par exemple, après une pompeuse énumération de qualités, seigneuries, &c. ajoute les titres de fleur de politesse, muscade de consolation & de délices, &c. TONG-CHU S. m. (Hist. nat. Botan. exot.) arbre de la Chine dont on tire une liqueur qui approche du vernis. Quand on le voit de loin, disent nos missionnaires, on le prend pour un vrai noyer, tant il lui est semblable, soit pour la forme & la couleur de l'écorce, soit par la largeur & la couleur des feuilles, soit par la figure & la disposition des noix. Ces noix ne sont pleines que d'une huile un peu épaisse, mêlée avec une pulpe huileuse qu'on pressure ensuite pour ne pas perdre la plus grande partie de la liqueur. Pour la mettre en oeuvre on la fait cuire avec de la litharge, & l'on y mêle, si l'on veut, de la couleur ; souvent on l'applique sans mêlange sur le bois qu'elle défend de la pluie. On l'applique aussi sans mêlange sur les carreaux qui forment le plancher d'une chambre ; ils deviennent luisans ; & pourvu qu'on ait soin de les laver de-tems-en-tems, ils conservent leur lustre. C'est ainsi que sont faits les appartemens de l'empereur chinois & des grands de l'empire. Mais si on veut faire un ouvrage achevé ; s'il s'agit, par exemple, d'orner une chambre, un cabinet, on couvre les colonnes & la boiserie de filasse, de chaux, ou d'autres matieres semblables préparées en pâte. On laisse sécher le tout jusqu'à un certain degré ; on mêle ensuite dans l'huile telle couleur que l'on veut ; & après l'avoir fait cuire à l'ordinaire, on l'applique avec des brosses, suivant le dessein qu'on s'est formé. On dore quelquefois les moulures, les ouvrages de sculpture, & tout ce qui est relevé en bosse ; mais sans le secours de la dorure, l'éclat & le lustre de ces ouvrages ne cedent guere à celui du vernis que les Chinois nomment tsi, parce qu'il découle du tsi-chu. Voyez TSI-CHU. (D.J.) TONG-EU S. m. (Hist. nat.) ce mot signifie en chinois tymbale de cuivre ; on le donne à la Chine à une montagne située dans la province de Quey-chew, qui fait un bruit considérable dans de certaines saisons, sur-tout à l'approche de la pluie. TONG-HOA-FANG S. m. (Hist. nat. Ornithol.) c'est le nom que les Chinois donnent à un petit oiseau dont le bec est rouge, & dont le plumage est des couleurs les plus vives & les plus variées ; suivant les Chinois cet oiseau est produit par la fleur appellée tong-hoa, à qui il ressemble par ses couleurs, & à laquelle l'oiseau ne peut survivre. Cette fleur croît, dit-on, dans la province de Se-chouen ; mais on croit qu'elle est fabuleuse, ainsi que l'oiseau qu'elle produit. TONG-TSAO S. m. (Hist. nat. Botan. exot.) arbrisseau de la Chine qui s'éleve à la hauteur de quatre ou cinq piés. Ses feuilles ressemblent à celles du ricin, ou palma Christi. Le milieu de son tronc est rempli d'une moëlle blanche légere, moins serrée que la chair du melon, & moins spongieuse que la moëlle du sureau. On cuit cette moëlle, & l'on en fait un rob qui est doux, agréable, & qu'on mêle avec des fruits pour en relever le goût. La tige du tong-tsao est divisée comme le bambou, par divers noeuds qui naissent entre deux des tuyaux de la longueur d'un pié. Ces tuyaux contiennent aussi de la moëlle dont on fait le même usage que de celle du tronc. (D.J.) TOUANSE S. f. (Soierie) étoffe de soie qui vient de la Chine. C'est une espece de satin, plus fort mais moins lustré que celui de France. Il y en a d'unis, d'autres à fleurs ou à figures, & d'autres encore avec des oiseaux, des arbres & des nuages. (D.J.) TOUR DE PORCELAINE (Hist. de la Chine) cette fameuse tour est de figure octogone, large d'environ quarante piés, desorte que chaque face en a quinze. Elle est entourée par-dehors d'un mur de même figure, éloigné de deux toises & demie, & portant à une médiocre hauteur un toit couvert de tuiles vernissées ; ce toit paroît naître du corps de la tour, & forme au-dessous une galerie assez propre. La tour a neuf étages dont chacun est orné d'une corniche de trois piés à la naissance des fenêtres, & distingué par des toits semblables à celui de la galerie, à cela près qu'ils ont beaucoup moins de saillie, parce qu'ils ne sont pas soutenus d'un second mur ; ils deviennent même beaucoup plus petits, à mesure que la tour s'éleve & se rétrecit. Le mur a du-moins sur le rez-de-chaussée douze piés d'épaisseur, & plus de huit & demi par le haut. Il est incrusté de porcelaines posées de champ ; la pluie & la poussiere en ont diminué la beauté ; cependant il en reste encore assez pour faire juger que c'est en effet de la porcelaine quoique grossiere ; car il y a apparence que la brique, depuis trois cent ans que cet ouvrage dure, n'auroit pas conservé le même éclat. L'escalier qu'on a pratiqué en-dedans, est petit & incommode, parce que les degrés en sont extrêmement hauts ; chaque étage est formé par de grosses poutres mises en-travers, qui portent un plancher, & qui forment une chambre dont le lambris est enrichi de diverses peintures, si néanmoins les peintures de la Chine sont capables d'enrichir un appartement. Les murailles des étages supérieurs sont percées d'une infinité de petites niches qu'on a remplis d'idoles en bas-relief, ce qui fait une espece de marquetage très-propre. Tout l'ouvrage est doré, & paroît de marbre ou de pierre ciselée ; mais je crois que ce n'est en effet qu'une brique moulée & posée de champ ; car les Chinois ont une adresse merveilleuse pour imprimer toute sorte d'ornemens dans leurs briques, dont la terre fine & bien sassée est plus propre que la nôtre à prendre les figures du moule. Le premier étage est le plus élevé, mais les autres sont entr'eux d'une égale distance. On y compte cent quatre-vingt-dix marches presque toutes de dix bons pouces, ce qui fait cent cinquante-huit piés ; si l'on y joint la hauteur du massif, celle du neuvieme étage qui n'a point de degré, & le couronnement, on trouvera que la tour est élevée sur le rez-de-chaussée de plus de deux cent piés. Le comble n'est pas une des moindres beautés de cette tour : c'est un gros mât qui prend au plancher du huitieme étage, & qui s'éleve plus de trente piés en-dehors. Il paroît engagé dans une large bande de fer de la même hauteur, tournée en volute, & éloignée de plusieurs piés de l'arbre, desorte qu'elle forme en l'air une espece de cône vuide & percé à jour, sur la pointe duquel on a posé un globe doré d'une grosseur extraordinaire. Voilà ce que les Chinois appellent la tour de porcelaine, & que quelques européens nommeroient peut-être la tour de brique. Quoi qu'il en soit de sa matiere, c'est assurément l'ouvrage le mieux entendu, le plus solide, & le plus magnifique qui soit dans l'orient, à ce que nous assurent les RR. PP. Jésuites. (D.J.) TSE-KIN S. m. (Porcelaine de la Chine) espece de vernis qu'on met à la Chine sur la porcelaine pour lui donner une couleur de caffé ou de feuilles mortes. Pour faire ce vernis, on prend de la terre jaune commune, on lui donne la même façon qu'au pétunse ; & quand cette terre est préparée, on n'en emploie que la matiere la plus déliée qu'on jette dans de l'eau, dont on forme une espece de colle aussi liquide que le vernis ordinaire appellé pé-yéon, qui se fait de quartiers de roches. Ces deux vernis, le tse-kin & le pé-yéon se mêlent ensemble, & pour cela ils doivent être également liquides. On en fait l'épreuve en plongeant le pétunse dans l'un & dans l'autre vernis. Si chacun de ces vernis pénétre son pétunse, on les juge propres à s'incorporer ensemble. On fait aussi entrer dans le tse-kin du vernis ou de l'huile de chaux & de cendres de fougere préparées, de la même liquidité que le pé-yéon ; mais on mêle plus ou moins de ces deux vernis avec le tse-kin, selon que l'on veut que le tsekin soit plus clair ou plus foncé : c'est ce qu'on peut connoître par divers essais ; par exemple, on mêlera deux tasses de la liqueur tsekin avec huit tasses du pé-yéon, puis sur quatre tasses de cette mixtion de tsekin & de pé-yéon, on mettra une tasse de vernis fait de chaux & de fougere. Coutume d'Asie. (D.J.) TSE-SONG S. m. (Hist. nat. Botan. exot.) nom chinois d'un arbre qui tient du cyprès & du genievre. Le tronc qui a environ un pié & demi de circuit, pousse des branches qui se partagent en une infinité d'autres, & forment un buisson verd, épais & touffu ; ses feuilles sont longues, étroites, piquantes, disposées le long des rameaux par files, tantôt au nombre de cinq, & tantôt au nombre de six. Les rameaux qui sont couverts de ces feuilles longues, se trouvent principalement en-dessous & au-bas des branches, tout le haut & le dessus n'étant que cyprès. L'écorce de cet arbre est un peu raboteuse, d'un gris-brun tirant sur le rouge en certains endroits ; le bois est d'un blanc rougeâtre, semblable à celui de genievre, ayant quelque chose de résineux ; ses feuilles, outre l'odeur d'un cyprès, sont d'un goût fort amer mêlé de quelque âcreté. Ses fruits sont verds, ronds & un peu plus gros que les baies de genievre, d'un verd olivâtre & d'une odeur forte ; ils sont attachés aux branches par de longs pédicules ; ils contiennent deux grains roussâtres en forme de petits coeurs, & durs comme les grains de raisin. (D.J.) TSI-CHU S. m. (Hist. nat. Botan.) c'est ainsi que les Chinois nomment l'arbre qui leur fournit la liqueur dont ils font les vernis si estimés par les Européens. Ce mot en chinois signifie l'arbre à l'huile, nom qui lui a été donné à cause de la liqueur semblable à de l'huile, qui en découle par les incisions qu'on lui fait ; elle tombe peu-à-peu comme la térébenthine des pins ; mais l'arbre en donne une plus grande quantité quand on y fait des incisions ; cependant elles le font mourir en peu de tems. On fait bouillir cette liqueur pour lui donner de la consistance. Les émanations qui partent de cette liqueur, qui est le vernis de la Chine, sont très-dangereuses ; les hommes qui s'occupent à la recueillir, prennent les plus grandes précautions pour s'empêcher de les recevoir, soit par la respiration, soit dans les yeux, ils prennent des précautions même pour que la liqueur ne tombe point sur leurs mains, malgré cela ils sont sujets à des inflammations des yeux, à des ulceres & quelquefois à des maladies funestes. TSIN-SE S. m. (Hist. mod.) c'est ainsi que l'on nomme à la Chine les lettrés du troisieme ordre ; grade qui répond au docteur de nos universités ; on n'y parvient qu'après un examen qui se fait à Pékin, dans le palais de l'empereur, qui préside en personne à l'assemblée, & qui donne souvent lui - même le sujet sur lequel les candidats doivent composer. Cet examen ne se fait que tous les trois ans, & l'on n'admet au doctorat qu'un petit nombre de kiu-gins, ou lettrés du second ordre. La réception se fait avec une pompe extraordinaire ; chacun de ceux qui ont été reçus docteurs, reçoit de l'empereur une coupe d'argent, un parasol de soie bleue, & une chaise très-ornée pour se faire porter. Les noms des nouveaux docteurs sont inscrits sur de grands tableaux qu'on expose dans la place publique. Dès qu'ils sont admis, on s'empresse d'aller instruire leurs familles de l'honneur qu'elles ont reçu ; ces couriers sont très-bien récompensés ; les villes où les docteurs sont nés, prennent part à la gloire de leurs citoyens, & célebrent cet événement par de très-grandes réjouissances. Les noms des docteurs s'inscrivent dans un régistre particulier, & c'est parmi eux que l'on choisit les personnes qui doivent occuper les premieres charges de l'empire ; il n'est point surprenant qu'un état administré par des hommes qui ont consacré leur tems à l'étude de la morale, des loix & de la philosophie, surpasse tous les autres par la sagesse de son gouvernement. TSONG-MING (Géog. mod.) île de la Chine, dans la province de Kiangnang, dont elle n'est séparée à l'ouest que par un bras de mer, qui n'a que 5 à 6 lieues. Cette île n'étoit anciennement qu'un pays sauvage & désert, tout couvert de roseaux. On y reléguoit les bandits & les scélérats, dont on vouloit purger l'empire. Les premiers qu'on y débarqua se trouverent dans la nécessité, ou de périr par la faim, ou de tirer leurs alimens du sein de la terre. L'envie de vivre les rendit actifs. Ils défricherent cette terre inculte ; ils en arracherent les plantes inutiles ; ils semerent le peu de grains qu'ils avoient apporté ; & ils ne furent pas long-tems sans recueillir le fruit de leurs travaux. Au bout de quelques années une partie du terroir qu'ils avoient cultivé, devint si fertile, qu'elle leur fournit abondamment de quoi vivre. Dans la suite des tems, plusieurs familles chinoises, qui avoient de la peine à subsister dans le continent, se transporterent dans l'île, & sortirent de l'indigence. L'air du pays est assez tempéré, parce que sa chaleur excessive est modérée par des pluies qui tombent en abondance, surtout au milieu de l'été. Toute la campagne est aujourd'hui semée de villages & de maisons. La volaille y abonde, ainsi que le riz, malgré la difficulté de sa culture. On donne à cette île 20 lieues de long, & 5 à 6 de large. Elle est située sous le 33 degré de latitude nord. (D.J.) TSONG-TU S. m. (Hist. mod.) ce mot est chinois, on le donne aux vice-rois qui commandent à deux ou trois provinces, au-lieu que les vice-rois ordinaires, qui n'ont qu'une seule province dans leur district, se nomment Tu-yen. Les Européens disent som-tout ou som-tok par corruption. VEN PI S. m. (Hist. mod.) nom d'une montagne de la Chine, située dans la province de Quey-Chen, au midi de la capitale, appellée Quey yang fu ; elle a, dit-on, exactement la forme d'un cone isocele. VAISSEAUX CHINOIS (Marine de la Chine) les vaisseaux chinois pour naviger sur mer, & qui different de leurs bateaux & de leurs barques, sont appellés soma ou sommes par les Portugais. Ces vaisseaux ne peuvent pas se comparer aux nôtres ; les plus gros ne sont que de 250 à 300 tonneaux de port ; ce ne sont, à proprement parler, que des barques plates à deux mâts ; ils n'ont guere que 80 à 90 piés de longueur. La proue coupée & sans éperon, est relevée en-haut de deux especes d'aîlerons en forme de corne, qui font une figure assez bizarre ; la poupe est ouverte en-dehors par le milieu, afin que le gouvernail y soit à couvert des coups de mer. Ce gouvernail qui est large de cinq à six piés, peut s'élever & s'abaisser par le moyen d'un cable qui le soutient sur la poupe. Ces vaisseaux n'ont ni artimon, ni beaupré, ni mât de hune. Toute leur mâture consiste dans le grand mât & mât de misaine, auxquels ils ajoutent quelquefois un fort petit mât de perroquet, qui n'est pas d'un grand secours. Le grand mât est placé assez près du mât de misaine, qui est fort sur l'avant. La proportion de l'une à l'autre est communément comme 2 à 3, & celle du grand mât au vaisseau ne va jamais au-dessous, étant ordinairement plus des deux tiers de toute la longueur du vaisseau. Leurs voiles sont faites de nattes de bambou, ou d'une espece de cannes communes à la Chine, lesquelles se divisent par feuilles en forme de tablettes, arrêtées dans chaque jointure par des perches qui sont aussi de bambou. En-haut & en-bas sont deux pieces de bois : celle d'en-haut sert de vergue : celle d'en-bas faite en forme de planche, & large d'un pié & davantage, sur cinq à six pouces d'épaisseur, retient la voile lorsqu'on veut la hisser, ou qu'on veut la ramasser. Ces sortes de bâtimens ne sont nullement bons voiliers ; ils tiennent cependant mieux le vent que les nôtres : ce qui vient de la roideur de leurs voiles qui ne cedent point au vent ; mais aussi comme la construction n'en est pas avantageuse, ils perdent à la dérive l'avantage qu'ils ont sur nous en ce point. Ils ne calfatent point leurs vaisseaux avec du gaudron, comme on fait en Europe. Leur calfas est fait d'une espece de gomme particuliere, & il est si bon qu'un seul puits ou deux à fond de cale du vaisseau suffit pour le tenir sec. Jusqu'ici ils n'ont eu aucune connoissance de la pompe. Leurs ancres ne sont point de fer comme les nôtres ; elles sont d'un bois dur & pesant, qu'ils appellent bois de fer. Ils prétendent que ces ancres valent beaucoup mieux que celles de fer, parce que, disent-ils, celles-ci sont sujettes à se fausser ; ce qui n'arrive pas à celles de bois qu'ils emploient ; cependant pour l'ordinaire elles sont armées de fer aux deux extrêmités. Les Chinois n'ont sur leur bord ni pilote, ni maître de manoeuvre ; ce sont les seuls timoniers qui conduisent le vaisseau, & qui commandent la manoeuvre ; ils sont néanmoins assez bons manoeuvriers, mais très-mauvais pilotes en haute mer. Ils mettent le cap sur le rumb qu'ils croyent devoir faire, & sans se mettre en peine des élans du vaisseau, ils courent ainsi comme ils le jugent à-propos. Cette négligence vient en partie de ce qu'ils ne font pas de voyages de long cours. Mais le lecteur sera bien aise de trouver ici la description détaillée d'un grand vaisseau chinois, faite par cinq missionnaires jésuites pendant leur traverse de Siam à Canton en 1687. Sa mâture. Cette somme qu'ils monterent, suivant la maniere de compter qui a cours parmi les portugais des Indes, étoit du port de 1900 pics : ce qui à raison de 100 catis ou 125 livres par pic, revient à près de 120 tonneaux ; la pesanteur d'un tonneau est évaluée à deux mille livres. Le gabarit en étoit assez beau, à la reserve de la proue qui étoit coupée, plate & sans éperon. Sa mâture étoit différente de celle de nos vaisseaux, par la disposition, par le nombre & par la force des mâts ; son grand mât étoit placé, ou peu s'en falloit, au lieu où nous plaçons notre mât de misaine, desorte que ces deux mâts étoient assez proche l'un de l'autre. Ils avoient pour étai & pour haubans un simple cordage, qui se transportoit de bas-bord à tribord, pour être toujours amarré audessus du vent. Elle avoit un beaupré & un artimon qui étoient rangés à bas-bord. Au reste ces trois derniers mâts étoient fort petits, & méritoient à peine ce nom. Mais en récompense le grand mât étoit extrêmement gros par rapport à la somme, & pour le fortifier encore davantage, il étoit saisi par deux jumelles qui le prenoient depuis la carlingue jusqu'audessus du second pont. Deux pieces de bois plates fortement chevillées à la tête du grand mât, & dont les extrêmités alloient se réunir sept ou huit piés audessus de cette tête, tenoient lieu de mât de hune. Sa voilure. Pour ce qui est de la voilure, elle consistoit en deux voiles quarrées faites de nattes, savoir la grande voile & la misaine. La premiere avoit plus de 45 piés de hauteur sur 28 ou 30 de largeur ; la seconde étoit proportionnée au mât qui la portoit. Elles étoient garnies des deux côtés de plusieurs rangs de bambous, couchés sur la largeur de la voile, à un pié près les uns des autres en-dehors, & beaucoup moins serrés du côté des mâts, dans lesquels elles étoient enfilées par le moyen de plusieurs chapelets, qui prenoient environ le quart de la largeur de la voile, en commençant au côté qui étoit sans écoute, desorte que les mâts les coupoient en deux parties fort inégales, laissant plus des trois quarts de la voile du côté de l'écoute, ce qui lui donnoit le moyen de tourner sur son mât comme sur un pivot, sur lequel elle pouvoit parcourir sans obstacle du côté de la poupe au moins 26 rumbs, quand il falloit revirer de bord, portant ainsi tantôt sur le mât, & tantôt y étant seulement attachée par les chapelets. Les vergues y servoient de ralingue par le haut ; un gros rouleau de bois égal en grosseur à la vergue, faisoit le même office par le bas ; ce rouleau servoit à tenir la voile tendue ; & afin qu'il ne la déchirât pas, il étoit soutenu en deux endroits par deux ais, qui étoient suspendus chacun par deux amarres, lesquels descendoient du haut du mât à cet effet. Chacune de ces voiles n'avoit qu'une écoute, un couet, & ce que les Portugais nomment aragnée, qui est une longue suite de petites manoeuvres qui prennent le bord de la voile depuis le haut jusqu'au bas, à un ou deux piés de distance les unes des autres, & dont toutes les extrêmités s'amarroient sur l'écoute, où elles faisoient un gros noeud. Sa manoeuvre. Ces sortes de voiles se plient & se déplient comme nos paravents. Quand on vouloit hisser la grande voile, on se servoit de deux virevaux & de trois drisses, qui passoient sur trois rouets de poulies enchâssées dans la tête du grand mât. Quand il est question de l'amener, ils y enfonçoient deux crocs de fer, & après avoir largué les drisses, ils en serroient les différens pans à diverses reprises, en halant avec force sur les crocs. Inconvénient de cette manoeuvre. Ces manoeuvres sont rudes, & emportent beaucoup de tems. Aussi les Chinois, pour s'en épargner la peine, laissoient battre leur voile durant le calme. Il est aisé de voir que le poids énorme de cette voile joint à celui du vent qui agissoit sur le mât, comme sur un levier, eût dû faire plonger dans la mer toute la proue, si les Chinois n'avoient prévenu dans l'arrimage cet inconvénient en chargeant beaucoup plus l'arriere que l'avant, pour contrebalancer la force du vent. De-là vient que quand on étoit à l'ancre, la proue étoit toute hors de l'eau, tandis que la poupe y paroissoit fort enfoncée. Ils tirent cet avantage de la grandeur de cette voile & de la situation sur l'avant, qu'ils font un grand chemin de vent arriere ; mais en échange, de vent largue & de bouline, ils ne peuvent tenir, & ne font que dériver, sans parler du danger où ils sont de virer, quand ils se laissent surprendre d'un coup de vent. Dans le beau tems, on portoit outre une civadiere, un hunier, un grand coutelas qui se mettoit au côté de la voile, laquelle étoit sans écoute, des bonnettes & une voile quarrée à l'artimon. Toutes ces voiles étoient de toiles de coton. Disposition de la poupe. La poupe étoit fendue par le milieu, pour faire place au gouvernail dans une espece de chambre qui le mettoit à couvert des coups de mer dans le gros tems. Cette chambre étoit formée par les deux côtés de la poupe, qui laissant une large ouverture en-dehors, se rapprochoient peu-à-peu en-dedans, où ils faisoient un angle rentrant dont la pointe étoit coupée, pour donner au jeu du gouvernail toute la liberté. Du gouvernail. Ce gouvernail étoit suspendu par deux cables, dont les extrêmités étoient roulées sur un vireveau placé sur la dunete, afin de le baisser & de le lever à-propos. Deux autres cables, qui après avoir passé par-dessous le vaisseau, venoient remonter par la proue à l'avant, où on les bandoit à l'aide d'un virevau, quand ils étoient relâchés, tenoient la place des gonds qui attachent les nôtres à l'estambord. Il y avoit une barre de sept à huit piés de long sans manivelle & sans poulie, pour augmenter la force du timonier. Quatre manoeuvres attachées deux à chaque bord du vaisseau, & dont une de chaque côté faisoit quelques tours sur le bout de la barre, servoient au timonnier à le tenir en état. Inconvénient de ce gouvernail. Un gouvernail de cette maniere ne se peut faire sentir que foiblement à un vaisseau, non-seulement parce que les cables, par le moyen desquels il lui communique son mouvement, prêtent beaucoup & s'allongent aisément, mais principalement à cause des élans continuels qu'ils lui donnent par le trémoussement où il est sans-cesse ; d'où naît un autre inconvénient, qui est qu'on a toutes les peines du monde à tenir constamment le même rumb dans cette agitation continuelle. De la boussole. Le pilote ne se servoit point de compas de marine ; il régloit sa route avec de simples boussoles, dont le limbe extérieur de la boîte étoit partagé en vingt-quatre parties égales, qui marquoient les rumbs de vent ; elles étoient placées sur une couche de sable, qui servoit bien moins à les asseoir mollement & à les garantir des secousses du vaisseau (dont l'agitation ne laissoit pas de faire perdre à tout moment l'équilibre aux aiguilles), qu'à porter les bâtons des pastilles dont on les parfumoit sans-cesse. Ce n'étoit pas le seul régal que la superstition chinoise faisoit à ces boussoles, qu'ils regardoient comme les guides assûrés de leur voyage, ils en venoient jusqu'à ce point d'aveuglement, que de leur offrir des viandes en sacrifice. Le pilote avoit grand soin sur-tout de bien garnir son habitacle de clous : ce qui fait connoître combien cette nation est peu entendue en fait de marine. Les Chinois, dit-on, ont été les premiers inventeurs de la boussole ; mais si cela est, comme on l'assure, il faut qu'ils aient bien peu profité de leur invention. Ils mettoient le cap au rumb où ils vouloient porter, par le moyen d'un filet de soie, qui coupoit la surface extérieure de la boussole en deux parties égales du nord au sud : ce qu'ils pratiquoient en deux manieres différentes ; par exemple pour porter au nord-est, ils mettoient ce rumb parallele à la quille du vaisseau, & détournoient ensuite le vaisseau jusqu'à ce que l'aiguille fût parallele au filet, ou bien, ce qui revient au même, mettant le filet parallele à la quille, ils faisoient porter l'aiguille sur le nord-ouest. L'aiguille de la plus grande de ces boussoles n'avoit pas plus de trois pouces de longueur. Elles avoient toutes été faites à Nangazaqui : un bout étoit terminé par une espece de fleur de lys, & l'autre par un trident. Du fond de cale. Le fond de cale étoit partagé en cinq ou six grandes soutes séparées les unes des autres par de fortes cloisons de bois. Pour toute pompe, il y avoit un puits au pié du grand mât, d'où sans autre artifice, on tiroit l'eau avec des seaux. Quoique les mers fussent extrêmement hautes & la somme excessivement chargée, cependant par la force de ses membrures & la bonté de son calfat, elle ne fit presque point d'eau. Composition du calfat. Ce calfat est une espece de composition de chaux, d'une espece de résine qui découle d'un arbre nommé tong-yeon, & de filasse de bambous. La chaux en est la base ; & quand tout est sec, on diroit que ce n'est que de la chaux pure & sans aucun mêlange. Outre que le bâtiment en est beaucoup plus propre, on ne sent point, comme dans nos vaisseaux, cette odeur de gaudron insupportable à quiconque n'y est point accoutumé ; mais il y a encore en cela un avantage plus considérable, c'est que par-là ils se garantissent des accidens du feu, auquel notre brai de gaudron expose nos vaisseaux. Descript. de la Chine par le P. du Halde. (D.J.) VANG S. m. (Hist. mod.) ce mot signifie petit roi ou roitelet : l'empereur de la Chine le confere aux chefs ou kans des Tartares monguls qui sont soumis à son obéissance, & à qui il ne permet point de prendre le titre de kan, qu'il se réserve ; ces vangs ont sous eux des peït-se & des kong, dont les titres répondent à ceux de ducs & de comtes parmi nous. VERNIS. TSIN S. m. (Hist. nat. Minéralogie) nom donné par les Chinois à une substance minérale d'un bleu foncé, assez semblable à du vitriol bleu, qui se trouve dans quelques mines de plomb, & que l'on croit contenir quelques portions de ce métal. Les Chinois s'en servent pour peindre en bleu leur porcelaine, & ils l'emploient comme un fondant, qui fait pénétrer les autres couleurs dans la pâte de la porcelaine. Cette substance se trouve, dit-on, aux environs de Canton & de Pékin. Les peintres en émail se servent aussi de cette matiere dans leurs émaux, & l'on en applique sur de l'argent, mais elle s'en détache aisément. Quand on en met sur la porcelaine, il faut qu'elle soit ensuite remise au feu pour recuire. Avant d'employer le tsin, on ne fait que le pulvériser sans le calciner, comme cela se pratique d'ordinaire ; on le bat ensuite dans beaucoup d'eau pour en séparer la terre & les parties étrangeres, après quoi on laisse la poudre tomber au fond de l'eau qui n'en est point colorée ; quant à la poudre, elle n'est plus bleue, comme avant que d'avoir été pulvérisée, mais elle est d'un gris cendré ; mais après avoir été recuite, elle redevient d'un très-beau bleu. La matiere qui s'est précipitée au fond de l'eau se seche & se conserve ; pour en faire usage, on ne fait que la mêler avec de l'eau gommée, & on l'applique avec un pinceau sur la porcelaine qu'on veut peindre. Voyez le recueil des observations sur les coutumes de l'Asie. VUCH'ANG (Géog. mod.) grande ville de la Chine, sur le fleuve Kiang, dans la province de Huquand, où elle a le rang de premiere métropole, & renferme dix villes dans son territoire. Elle est de 3. 16. plus occidentale que Pékin, sous le 31 d. O. de latitude septentrionale. (D.J.) VUNING (Géog. mod.) ville de la Chine, dans la province de Kiangsi, & sa premiere métropole. Elle est de 3. 6. plus occidentale que Pékin, sous les 40. 50. de latitude septentrionale. (D.J.) VUTING (Géog. mod.) ville de la Chine dans la province de Xantung, & sa premiere métropole. Elle est d'un degré plus orientale que Pékin, sous les 37. 44. de latitude septentrionale. (D.J.) XAOCHEU (Géog. mod.) ville de la Chine, dans la province de Quantong, dont elle est la seconde métropole. Long. suivant le P. Noël, 150. 43. 30. lat. 24. 42. 10. XENSI (Géog. mod.) province de la Chine, la troisieme de cet empire ; elle est bornée par la grande muraille, par le fleuve jaune & par des montagnes. Elle contient huit métropoles & cent sept cités, quelques mines & beaucoup de rhubarbe ; le terroir y est fertile, à cause des rivieres & des torrens qui l'arrosent : Sigan est la capitale de cette province. (D.J.) XUITCHEU (Géog. mod.) ville de la Chine dans le Kiangsi, elle est voisine du fleuve Hoayang. Long. suivant le P. Noël, 152d. 46'. 30''. latit. 28. 52. (D.J.) YANG-CHEU (Géog. mod.) ville de la Chine, dans la province de Nankin, & sa septieme métropole ; elle est marchande, riche & peuplée. Long. suivant le P. Noël, 156. 39'. 30''. lat. 33. 6. (D.J.) YEN S. m. (Hist. nat. Bot. exot.) nom d'un fruit de la Chine, commun dans la province de Fokien, & autres lieux ; sa figure est ronde, son écorce externe est lisse, grise d'abord, ensuite jaunâtre ; la chair du fruit est blanche, acide, succulente, fraîche, & agréable pour appaiser la soif : l'arbre qui le porte est de la grosseur de nos noyers ; c'est là toute la description qu'en fait le Pere le Comte. (D.J.) YONG-CHING-FU S. m. (Hist. mod.) c'est ainsi qu'on nomme à la Chine un tribunal suprême, dont la jurisdiction s'étend sur tout le militaire qui est à la cour de l'empereur. Le président de ce tribunal est un des seigneurs les plus distingués de l'état ; il a sous lui un mandarin & deux inspecteurs, qui sont chargés de veiller sur sa conduite, & de borner son pouvoir, en cas qu'il fût tenté d'en abuser. |
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Encyclopédie, ou dictonnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers. Mis en ordre et publié par [Denis] Diderot [ID D 20381]. Sekundärliteratur Die Encyclopédie enthält ca. 548 Eintragungen über China. Ca. 221 Artikel sind von Louis de Jaucourt, ca. 85 von Denis Diderot und ca. 44 von Paul Henri Thiry d'Holbach. Quellen : Brucker, Johann Jakob. Historia critica philosophiae [ID D20049]. Chambers, Ephraïm. Cyclopaedia or an Universal dictionary of arts and sciences (1728). DesBruslons, Jacques Savary. Dictionnaire universel de commerce, d’histoire naturelle, et des arts et métiers (1730). Du Halde, Jean-Baptiste. Description géographique... de la Chine [ID D1819]. Gaubil, Antoine. Le Comte, Louis. Nouveaux mémoires sur l'état de la Chine [ID D1771]. Longobardo, Niccolò. Lettres édifiantes et curieuses [ID D1793]. Martini, Martino. Novus atlas sinensis [ID D1698]. Navarrete, Domingo Fernandez de. Tratados historicos, politicos, y religiosos de la monarchia de China [ID D1747]. Song Shun-ching : Ainsi que Voltaire s'appuie sur l'ancienneté de la civilisation chinoise, Diderot sème le doute sur ce même propos. Diderot présente les 'Cinq classiques' et 'Les quatre livres' avec beaucoup de réserve et dit qu'il y a beaucoup de 'commentaires' sur la valeur et l'autorité de ces livres. Diderot considère que le règne de Fuxi ne peut être considéré 'comme une époque certaine', malgré le témoignage unanime d'une nation. Quant à la religion ou philosophie chinoise, Diderot a bien discerné la complexité du problème ; il décrit uniformément les trois grandes religions ou philosophies de la Chine : confucianisme, bouddhisme et taoîsme comme trois 'sectes'. Il s'est aperçu de la diversité des interprétations philosophiques émises sur la Chine mais, conduit par sa croyance en l'universalité de l'homme, il refuse de croire que les Chinois possèdent une vertu et une morale meilleures que celles des Européens ; il est persuadé que vices et vertus sont partout présent. Basil Guy : With the publication of his article 'Bibliothèque', we have proof of Diderot's more serious interest in China, when he dealt in an interesting and favourable fashion with that aspect of Chinese civilization. Diderot's appraisal of the examination system, outlining its relation to those in force throughout European universities should not be taken as characteristic of his attitude. He tended to view things in a much more thoroughgoing light, and so, was not content with mere factual reporting. And in as apt a manner as elsewhere, he was not long in attempting to deepen his acquaintance with China, and especially with the morality practiced there. Huguette Cohen : Diderot is generally considered as a sinophobe. Derogatory remarks about the Chinese are scattered throughout his works, with a mounting degree of criticism after the expulsion of the Jesuits in the 1760s. His attitude is not so surprising, however, if we keep in mind that the Jesuit missionaries to China were the main proponents of the Chinese example, and also happened to be his arch-enemies during the launching of the Encyclopédie. Diderot showed a decided lack of enthusiasm for Chinese art forms. Chinese antiquity and religion were bound to come under Diderot's scrutiny in his articles on philosophy and religion for the Encyclopédie. His early orientation can best be described as a shift from deism to Spinozism, ending in atheism. He is on treacherous ground when he brings up the topic of Chinese chronology, which claims to antedate the Deluge and casts doubts on chronological calculations affecting the Old Testament. In a tongue-in-cheek approach, he throws in a bewildering array of dates and names of Chinese emperoros, concluding with an orthodox views. In line with the attacks on superstitition, he makes no effort in 'Chinois' to conceal the Chinese cult for idols. Diderot's treatment of the Chinese code of morals is laudatory, following the practice of the Encyclopédie to state the superiority of humaistic morality over the morality of the Christian religion. Confucius, whose metaphysics were ridiculed by him, is praised for his practical ethics 'plus en action qu'en discours'. As a way of offsetting his positive judgement, Diderot concludes the article with negative views of Chinese arts and sciences. He repeatedly deplored the difficulties of the Chinese language as a source of misinterpretation, and complained about the disappearance of records and archives. Jacques Pereira : L'article 'Chinois (philosophie des)' n'évoque partiquement pas la question politique et s'en tient essentiellement au débat largement dépassé, à l'époque, sur l’antiquité de la Chine, la nature de sa religion, la qualité de sa philosophie. L'article, qui d'un point de vue documentaire et argumentif, n'est pas d’un grand intérêt est très nettement teinté de sinophilie. |
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