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1753.6

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Encyclopédie, ou dictonnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers. Mis en ordre et publié par [Denis] Diderot [ID D 20381].
R-S
REGULO
S. m. (Hist. mod.) titre qu'on donne aux fils des empereurs de la Chine.
Le fils de l'empereur qui avoit alors la qualité de premier régulo, étoit seulement celui de ses enfans qui étoit le plus en faveur ; mais tout-à-coup les choses changerent de face : l'empereur fut instruit par quelques intelligences secrettes qu'il s'étoit ménagées, de l'innocence du prince héréditaire, qu'il avoit déposé, & des artifices qu'on avoit employés pour le perdre auprès de lui ; & singulierement que le régulo, pour lui succéder avoit eu recours à la magie, & à l'instigation de certains lama, ou prêtres tartares, avoit fait enterrer une statue dans la Tartarie, cérémonie qui avoit été accompagnée de plusieurs opérations magiques. L'empereur donna promtement des ordres pour se saisir du lama & déterrer la statue ; & le régulo eut son palais pour prison. Lettres édif. & cur.

RHUBARBE
S. f. (Botan. exot.) La vraie rhubarbe, ou celle de la Chine, est une racine que l'on nous apporte en morceaux assez gros, légers, inégaux, de la longueur de quatre, cinq ou six pouces, & de la grosseur de trois à quatre. Elle est jaune, ou un peu brune en-dehors, de couleur de safran en-dedans, jaspée comme la noix muscade, un peu fongueuse, d'un goût tirant sur l'âcre amer, & un peu astringent ; d'une odeur aromatique, & foiblement desagréable. Elle croît à la Chine. Il faut choisir soigneusement celle qui est nouvelle, qui n'est point cariée, pourrie, ni noire, qui donne la couleur de safran à l'eau, & qui laisse quelque chose de visqueux & de gluant sur la langue.
Selon la relation de ces deux peres jésuites, le thai-hoam, ou la rhubarbe, croît en plusieurs endroits de la Chine ; la meilleure est celle de Tie-chouen, celle qui vient dans la province de Xansi & dans le royaume de Thibet, lui est fort inférieure. Il en croît aussi ailleurs, mais dont on ne fait ici nul usage.
Cette racine est d'une nature qui la rend très-difficile à sécher. Les Chinois, après l'avoir arrachée & nettoyée, la coupent en morceaux d'un ou de deux pouces, & la font sécher sur de grandes tables de pierre, sous lesquelles ils allument du feu ; ils tournent & retournent ces tronçons jusqu'à ce qu'ils soient bien secs. Comme cette opération ne suffit pas pour en chasser toute l'humidité, ils font un trou à chaque morceau de racine, puis ils enfilent tous ces morceaux en forme de chapelet, pour les suspendre à la plus forte ardeur du soleil, jusqu'à ce qu'ils soient en état d'être conservés sans danger de se corrompre.
Les Chinois emploient communément la rhubarbe en décoction ; mais quand c'est en substance, ils la préparent auparavant de la maniere suivante.

RITES TRIBUNAL DES
(Hist. mod.) c'est un tribunal composé de mandarins & de lettrés chinois, dont la destination est de veiller sur les affaires qui regardent la religion, & d'empÊCher qu'il ne s'introduise dans le royaume de la Chine, les superstitions & innovations que l'on voudroit y prÊCher. Ce tribunal est, dit-on, presqu'aussi ancien que la monarchie ; les mandarins qui le composent sont de la secte des lettrés, c'est-à-dire, ne suivent aucune des superstitions adoptées par des bonzes & par le vulgaire. Cependant on accuse quelques-uns de ces lettrés de se livrer en particulier à des pratiques superstitieuses, qu'ils désavouent & condamnent en public. On croit que c'est à ce tribunal que la Chine est redevable de la durée des principes de la religion des lettrés chinois, qui est exempte d'idolatrie, vû qu'elle n'admet qu'un seul dieu, créateur & conservateur de l'univers. Voyez TYEN-TCHU.
Le tribunal des rites a donc le département des affaires religieuses ; il est chargé de faire observer les anciennes cérémonies ; les arts & les sciences sont sous sa direction, & c'est lui qui examine les candidats qui veulent prendre des degrés parmi les lettrés. Il fait les dépenses nécessaires pour les sacrifices & pour l'entretien des temples ; enfin c'est lui qui reçoit les ambassadeurs étrangers, & qui regle le cérémonial que l'on doit observer. Ce tribunal s'appelle li-pu ou li-pou parmi les Chinois.

ROLLIER
ROLLIER DE LA CHINE, galgulus sinensis, oiseau qui est à-peu-près de la grosseur du geai ; il a onze pouces & demi de longueur depuis la pointe du bec jusqu'à l'extrêmité de la queue, & dix pouces six lignes jusqu'au bout des ongles ; le bec a un pouce & demi de longueur depuis la pointe jusqu'aux coins de la bouche ; l'envergure est d'un pié trois pouces : les aîles étant pliées s'étendent un peu au-delà du tiers de la longueur de la queue. La tête, la face supérieure du cou, le dos, le croupion & les plumes du dessus de la queue sont vertes ; il y a de chaque côté de la tête une large bande noire qui s'étend depuis le bec jusqu'à l'occiput en passant sur les yeux. La gorge, la face inférieure du cou, la poitrine, le ventre, les côtés du corps & les plumes du dessous de la queue sont d'un blanc jaunâtre mêlé d'une teinte de verd ; les jambes ont une couleur grise, les plumes de la face inférieure des aîles sont d'un gris brun ; il y a dans chaque aîle dix - huit grandes plumes ; la premiere est très-courte, & la cinquieme est la plus longue de toutes ; les cinq extérieures sont d'un brun tirant sur l'olivâtre ; les trois plumes qui suivent, ont la même couleur ; mais elle est mêlée d'un peu de couleur de marron sur les barbes extérieures le long du tuyau de chaque plume ; la neuvieme & la dixieme sont de couleur de marron du côté extérieur du tuyau, & d'un brun mêlé de couleur de marron du côté intérieur ; la onzieme & la douzieme ont une couleur brune tirant sur l'olivâtre, & mêlée d'un peu de couleur de marron ; la couleur des autres plumes est d'un brun tirant sur l'olivâtre, sans mêlange d'autres couleurs ; les trois dernieres plumes ont l'extrêmité d'un blanc mêlé d'une légere teinte de verd. La queue est composée de douze plumes ; les deux du milieu ont la même couleur que le dos ; les autres sont vertes depuis leur origine jusqu'aux deux tiers de leur longueur du côté extérieur du tuyau, & d'un gris blanc tirant sur le verd, du côté intérieur ; le reste de la plume a une couleur noirâtre, à l'exception de l'extrêmité qui est d'un gris blanc tirant sur le verd ; il y a d'autant plus de noirâtre, & d'autant moins de gris blanc, que la plume est plus extérieure ; les deux plumes du milieu sont les plus longues ; les autres diminuent successivement de longueur jusqu'à la premiere qui est la plus courte. L'iris des yeux & le bec sont rouges ; les piés & les ongles ont une couleur rouge plus pâle. On trouve cet oiseau à la Chine. Ornit. de M. Brisson, tom. II. Voyez OISEAU.

ROUGE-QUEUE
ROUGE-QUEUE de la Chine, oiseau de la grosseur de la linote rouge ; il a le bec épais, court & brun, & l'iris des yeux blanc ; la tête & le derriere du cou sont d'un beau pourpre bleuâtre ; le dos est verd ; les plumes des épaules & les petites des aîles ont une couleur jaune verdâtre ; les grandes plumes extérieures des aîles, sont d'un rouge sombre & pourpré, les autres ont une couleur rouge mêlée de verd ; la gorge, la poitrine, le ventre & les cuisses sont d'un très-beau rouge, couleur d'écarlate ; la queue est composée de douze plumes, toutes d'un rouge sombre ; les piés sont jaunes. On trouve cet oiseau à la Chine. Hist. nat. des oiseaux, par Derham, tom. III. Voyez OISEAU.

ROYAUME
Ainsi dans l'ancien royaume de la Chine, les Tartares se rendirent maîtres de ce vaste empire l'an 1279 ; les Chinois les en chasserent l'an 1369 ; mais en 1644, les Tartares soumirent de nouveau l'empire de la Chine. Alors Xunchi en fut déclaré roi, & c'est un de ses descendans qui le gouverne aujourd'hui.

RUSSIE
Dans l'état qu'il est aujourd'hui, la nation russe est la seule qui trafique par terre avec la Chine ; le profit de ce commerce est pour les épingles de l'impératrice. La caravane qui se rend de Pétersbourg à Pékin, emploie trois ans en voyage & au retour. Aussitôt qu'elle arrive à Pékin, les marchands sont renfermés dans un caravanserai, & les Chinois prennent leur tems pour y apporter le rebut de leurs marchandises qu'ils sont obligés de prendre, parce qu'ils n'ont point la liberté du choix. Ces marchandises se vendent à Pétersbourg à l'enchere, dans une grande salle du palais italien ; l'impératrice assiste en personne à cette vente ; cette souveraine fait elle-même des offres, & il est permis au moindre particulier d'encherir sur elle ; aussi le fait-on, & chacun s'empresse d'acheter à très-haut prix.

SANTSI
S. m. (Botan. exot.) nom donné par les Chinois à une plante célébre chez eux contre les hémorrhagies. Nos missionnaires rapportent que cette plante croît sans culture sur les montagnes ; sa principale racine est épaisse de 4 doigts, & fournit plusieurs radicules moins grosses, mais qui sont les seules d'usage : elles ont l'écorce rude & brune en-dehors, lisse & jaune en-dedans ; la principale racine jette huit tiges, dont celle du milieu élevée beaucoup au-dessus des autres, porte des bouquets de fleurs. On multiplie le santsi en coupant transversalement la maîtresse racine en diverses tranches, qu'on met en terre à la profondeur d'un pouce, & en 3 ans la plante acquiert toute sa perfection. (D.J.)

SAPIN
4. Le grand sapin de la Chine ; ses feuilles sont bleuâtres en-dessous, & disposées sur les branches en maniere de peigne. Ses cônes sont plus gros & plus longs que ceux des sapins d'Europe, ils ont sur l'arbre la pointe tournée en-haut ; leurs écailles ainsi que les feuilles sont terminées par un filet épineux.
5. Le très-grand sapin de la Chine ; c'est une variété qui ne differe de l'arbre précédent, que parce qu'elle prend encore plus d'élévation & que les écailles de ses cônes ne sont pas épineuses. Mais ces deux sortes de sapins de la Chine, n'ayant point encore passé en Europe, on n'en peut parler que fort superficiellement.

SAVEL
S. m. (Hist. nat. Ichthyolog.) nom donné par les Portugais à une espece de poisson qui abonde sur les côtes de la Chine, & qu'on pêche dans la riviere de Kiang, près Nanking. Les premiers eunuques de la cour en remplissent plusieurs bateaux, & enterrent tout de suite ce poisson dans de la glace pilée, pour la provision d'été de l'empereur. Les bâtimens dans lesquels ils les transportent, sont de la plus grande propreté, & tous les autres vaisseaux sont obligés de se ranger sur leur passage. (D.J.)

SCHAN
S. m. (Comm.) que les Chinois appellent cati, est un poids dont on se sert dans le royaume de Siam. Le cati chinois vaut deux schans siamois, ensorte que celui de la Chine vaut seize taels, & celui de Siam seulement huit. Quelques-uns mettent le cati chinois à vingt taels, & le siamois à la moitié.
Le tael pese quatre baats ou titals, chacun d'environ demi-once, le baat quatre selings ou mayons, le mayon deux fouangs, le fouang quatre payes, la paye deux clams, la sompaye un demi-fouang. Le clam pese 12 grains de ris, ainsi le tical ou baat pese 768 de ces grains.
Il faut remarquer que la plûpart de ces poids passent aussi pour monnoies ou de compte, ou réelles, l'argent y étant une marchandise, & se vendant au poids. Voyez CATI, TAEL, TICAL, &c. Diction. de Com. & de Trév.

SE-TSE ou TSE-TSE
(Hist. nat. Botan.) espece de figues, qui ne croissent qu'à la Chine, & sur-tout dans les provinces de Chan-tong & de Yun-nan. Ces figues ont un parfum délicieux ; l'arbre qui les produit est de la grandeur d'un noyer, dont les feuilles sont d'un très-beau verd d'abord, mais ensuite elles deviennent d'un rouge très-vif. Le fruit est de la grosseur d'une pomme médiocre ; il jaunit à mesure qu'il mûrit. Lorsqu'on fait sécher ces figues, elles se couvrent à l'extérieur d'un enduit semblable à du sucre.

SEPULTURE des Chinois
(Hist. de la Chine) les sépultures de ce peuple sont hors des villes, & autant qu'on le peut sur des hauteurs ; souvent on y plante des pins & des cyprès. Jusqu'à environ deux lieues de chaque ville, on trouve des villages, des hameaux, des maisons dispersées çà & là, & diversifiées de bosquets & de petites collines couvertes d'arbres, & fermées de murailles. Ce sont autant de sépultures différentes, lesquelles forment un point de vue qui n'est point désagréable. La plûpart des sépulchres chinois sont bien blanchis, & faits en forme de fer à cheval. On écrit le nom de la famille sur la principale pierre. Les pauvres se contentent de couvrir le cercueil de chaume, ou de terre élevée de cinq à six piés, en forme de pyramide ; plusieurs enferment le cercueil dans une petite loge de brique, représentant un tombeau.
Pour ce qui est des grands & des mandarins, leurs sépultures sont d'une assez belle structure. Ils construisent une voute dans laquelle ils renferment le cercueil : ils forment au-dessus une élevation de terre battue, haute d'environ douze piés & de huit ou dix pouces de diametre, qui a à-peu-près la figure d'un chapeau ; ils couvrent cette terre de chaux & de sable, dont ils font un mastic, afin que l'eau ne puisse pas y pénétrer ; ils plantent tout autour avec symmétrie des arbres de différentes especes. Vis-à-vis est une longue & grande table de marbre blanc & poli, sur laquelle est une cassolette, deux vases & deux candelabres aussi de marbre. De part & d'autre, on range en plusieurs files des figures d'officiers, d'eunuques, de soldats, de lions, de chevaux sellés, de chameaux, de tortues, & d'autres animaux en différentes attitudes, qui marquent du respect & de la douleur, autant que leurs artistes sont capables d'exprimer les passions ; vous trouverez les détails de leurs funérailles au mot FUNERAILLES des chinois. (D.J.)

SI-FAN
(Géog. mod.) vaste pays de la Tartarie asiatique. Dans la carte que les jésuites ont donnée du Tibet, le pays de Si-Fan est distinctement marqué comme borné à l'est par la province de Se-chuen au nord par le pays de Coconor, & à l'ouest par la riviere de Tsacho-Tsitsirhana.
Suivant cette position, le pays de Si-fan est entre 29 degrés 54 minutes & 33 degrés 40 minutes de latitude, & entre 12 degrés 30 minutes & 18 degrés 20 minutes de longitude, ouest de Pekin. Sa figure forme un triangle, dont la base qui est au nord, offre environ 300 milles de longueur ; & les deux autres côtés qui font un angle au sud, sont chacun environ de 245 milles. C'est encore aujourd'hui ce qui reste aux Si-fans d'un domaine qui comprenoit tout le Tibet, & même quelques territoires de la Chine. On peut inférer de-là & de la conformité qui subsiste entre les langues du Si-fan & du Tibet, que les Chinois étendent le nom de Si-fan à toute cette région, & quelquefois à toutes les nations qui sont à l'ouest de l'empire de la Chine.
Suivant les apparences, c'est ce grand empire de Si-fan, comprenant tout l'espace qui est entre la Chine & l'Indoustan, avec toutes les vastes plaines & les deserts au nord & à l'ouest habités par les Tartares éluths, qui portoit autrefois le nom de Tangut, Tanguth, ou Tankut. On a d'autant moins sujet d'en douter, que la langue & les caracteres du Tibet, qui sont encore en usage dans le pays de Si-fan, conservent le nom de langue & de caracteres de Tangut.
Suivant les historiens chinois, l'année 1227 est l'époque de l'entiere ruine des Si - fans, après de longues guerres qu'ils ont eues avec les empereurs de la Chine. Leur état présent ne ressemble guere à celui où ils étoient anciennement ; car ils n'ont pas une seule ville, au-lieu qu'autrefois ils formoient une nation nombreuse & puissante.
Les lamas qui les gouvernent, ne les inquietent pas beaucoup, pourvu qu'ils leur rendent certains honneurs, & qu'ils payent exactement les droits de fo, ce qui va à très-peu de chose. Ces droits semblent être des especes de dixmes religieuses. Les Si-fans ont toujours suivi la religion de Fo, & ont toujours choisi leurs ministres d'état & quelquefois leurs généraux parmi les lamas. Les livres & les caracteres de leurs chefs, sont ceux du Tibet. Quoique voisins des Chinois, leurs coutumes & leurs cérémonies ressemblent peu à celles de la Chine ; par exemple, dans les visites que les Si-fans rendent à ceux qu'ils respectent, ils leur présentent un grand mouchoir blanc, de coton, ou de soie. Ils ont aussi quelques usages établis parmi les Tartares-kalks, & d'autres de ceux du Coconor.
Les Si-fans ne reconnoissent qu'à-demi l'autorité des mandarins chinois, & ne se hâtent guere de répondre à leurs citations : ces officiers n'osent même les traiter avec rigueur, ni entreprendre de les forcer à obéir ; parce qu'il seroit impossible de les poursuivre dans l'intérieur de leurs affreuses montagnes dont le sommet est couvert de neige, même au mois de Juillet : d'ailleurs, la rhubarbe croissant en abondance dans leur pays, les Chinois les ménagent pour en tirer cette marchandise précieuse. (D.J.)

SI-GAN
(Géog. mod.) SI-GAN-FU, & par le pere le Comte, qui estropie tous les noms, SIGNANFOU, grande ville de la Chine, dans la province de Xenxi où elle a le rang de premiere métropole de la province. Elle est bâtie sur le bord de la riviere de Guci, en forme d'amphitheâtre : ses environs sont agréables & fertiles. Longitude, suivant le pere Gaubil, 125. 3. 15. latit. 32. 6.
Rien, selon les jésuites, n'a rendu cette ville plus remarquable que la découverte qui s'y fit en 1625, d'une inscription de plusieurs pages, qui nous apprend que la religion chrétienne est entrée à la Chine en 631. On trouvera cette inscription dans toutes les relations & dans le dictionnaire de la Martiniere. Ce n'est cependant autre chose qu'une fraude pieuse, une piece manifestement supposée, comme M. de la Crose l'a prouvé sans réplique. En vain les peres Magalhanès & le Comte établissent la venue de l'apôtre Saint Thomas à la Chine, M. Maigrot, évêque de Conon, & vicaire apostolique dans ce même royaume, reconnoît que les missionnaires ont pris pour l'apôtre Saint Thomas, un certain Tamo, ce sont ses propres termes, l'un des plus insignes fripons qui soient jamais entrés à la Chine, & qui n'y vint qu'après l'an 582. (D.J.)

SIAMPART
S. m. (Marine) petit bâtiment de la Chine qui a une voile, deux, quatre, ou six rames, & qui peut porter vingt-cinq à trente hommes. Il navige terre à terre, & va très-vite.

SIEOUTSAI
(Hist. mod.) c'est ainsi qu'on nomme à la Chine le premier grade des lettres ; il répond à celui de nos bacheliers. Pour y être admis, il faut que les étudians aient subi un examen, qui consiste à composer un ouvrage sur une matiere qui leur a été donnée par un mandarin envoyé par la cour : lorsqu'ils ont réussi, ils obtiennent ce premier grade, & commencent à jouir de plusieurs privileges, comme de porter une robe bleue bordée de noir, & un oiseau d'argent sur leur bonnet. Ils sont soumis à un supérieur particulier, qui seul a droit de les punir ; car dès-lors qu'ils sont admis, ils ne sont plus sujets à recevoir la bastonnade par ordre des magistrats ordinaires. Les sieoutsai sont obligés de subir un nouvel examen, qui ne se fait que tous les trois ans dans la capitale de chaque province, en présence des mandarins & de deux commissaires de la cour ; ceux dont les ouvrages ont été approuvés, sont déclarés kirgin. Voyez cet article.

SINNING
(Géog. mod.) ville de la Chine, dans la province de Quantung, au département de Quangcheu, premiere métropole de la province. Latit. 31. 47. (D.J.)

SOEN SOUN ou TSSONN
s. m. (Marine) nom qu'on donne à la Chine, aux principaux & aux plus ordinaires vaisseaux marchands ou de guerre.

SOIE
Soies de la Chine & du Japon. Différentes provinces de la Chine sont si abondantes en meuriers, & d'un climat si favorable aux vers à soie, qu'on ne sauroit concevoir combien elles produisent de soie ; la seule province de Tchekiam pourroit suffire à en fournir toute la Chine, & même une grande partie de l'Europe. Les soies de cette province sont les plus estimées, quoique celles de Nanquin & de Canton soient excellentes.
Le trafic des soies est le principal commerce de la Chine, & celui qui occupe le plus de monde. Mais les marchands européens qui y trafiquent, sur-tout en soies travaillées, doivent bien prendre garde au filage, &c. parce que ces soies sont sujettes à avoir beaucoup de dechet, comme la compagnie françoise des Indes orientales l'a éprouvé depuis peu à ses dépens.

SOME
S. f. (Marine chinoise) vaisseau dont les Chinois se servent pour naviguer sur mer, & qu'ils nomment tchouen. Les Portugais ont appellé ces sortes de vaisseaux soma, sans qu'on sache la raison de cette dénomination. Les somes (car nous avons francisé le mot portugais), ne peuvent point se comparer à nos vaisseaux européens, ni pour l'art de leur construction, ni pour leur grandeur, puisqu'ils ne portent guere au-delà de deux cent cinquante tonneaux, & s'il est vrai que la connoissance de la navigation soit fort ancienne chez les Chinois, il est certain qu'ils ne l'ont pas plus perfectionnée que leurs autres sciences. Leurs tchouen ou somes ne sont à proprement parler que des barques plattes à deux mâts : ils n'ont guere que 80 à 90 piés de longueur ; la proue coupée & sans éperon, est relevée en haut de deux especes d'ailerons en forme de cornes, qui font une figure assez bizarre ; la poupe est ouverte en-dehors, par le milieu, afin que le gouvernail y soit à couvert des coups de mer ; ce gouvernail qui est large de 5 à 6 piés, peut s'élever & s'abaisser par le moyen d'un cable qui le soutient sur la poupe. Ces vaisseaux n'ont ni artimon, ni beaupré, ni mâts de hune ; toute leur mâture consiste dans le grand mât & le mât de misaine, auxquels ils ajoutent quelquefois un fort petit mât de perroquet, qui n'est pas d'un grand secours ; le grand mât est placé assez près du mât de misaine, qui est fort sur l'avant ; la proportion de l'une à l'autre, est communément comme 2 à 3. & celle du grand mât au vaisseau, ne va jamais au - dessous, étant ordinairement plus des deux tiers de toute la longueur du vaisseau. Leurs voiles sont faites de natte de bambou ou d'une espece de cannes communes à la Chine, lesquelles se divisent par feuilles en forme de tablettes, arrêtées dans chaque jointure, par des perches qui sont aussi de bambou ; en - haut & en - bas sont deux pieces de bois : celle d'en-haut sert de vergue : celle d'enbas, faite en forme de planche, & large d'un pié & davantage, sur cinq à six pouces d'épaisseur, retient la voile lorsqu'on veut la hisser, ou qu'on veut la ramasser. Ces sortes de bâtimens ne sont nullement bons voiliers, ils tiennent cependant mieux le vent que les nôtres, ce qui vient de la roideur de leurs voiles, qui ne cedent point au vent ; mais aussi comme la construction n'en est pas avantageuse, ils perdent à la dérive l'avantage qu'ils ont sur nous en ce point. Ils ne calfatent point leurs somes & autres vaisseaux avec du goudron comme on fait en Europe ; leur calfas est fait d'une espece de gomme particuliere, & il est si bon, qu'un seul puits ou deux, à fonds de cale du vaisseau, suffit pour le tenir sec. Jusqu'ici ils n'ont eu aucune connoissance de la pompe. Leurs ancres ne sont point de fer comme les nôtres ; elles sont d'un bois dur & pesant, qu'ils appellent pour cela tie mou, c'est-à-dire bois de fer. Ils prétendent mal - à - propos que ces ancres valent beaucoup mieux que celles de fer, parce que, disent-ils, celles-ci sont sujettes à se fausser, ce qui n'arrive pas à celles de bois qu'ils employent : cependant, pour l'ordinaire, elles sont armées de fer aux deux extrêmités. Les Chinois n'ont sur leur bord ni pilote, ni maître de manoeuvre ; ce sont les seuls timonniers qui conduisent la some, & qui commandent la manoeuvre. Il faut avouer néanmoins qu'ils sont assez bons pilotes côtiers, mais mauvais pilotes en haute mer ; ils mettent le cap sur le rumb qu'ils croyent devoir faire, & sans s'embarrasser des élans du vaisseau, ils courent ainsi comme ils le jugent à propos. Voyez de plus grands détails dans l'histoire de la Chine, du pere du Halde. (D.J.)

SOUN
S. m. (Marine) ce sont à la Chine les principaux bâtimens, tant de guerre que vaisseaux marchands. Les plus grands de charge sont de 300 lastes ; ceux qu'on équipe en guerre, ne passent pas 100.

SUCHUEN
(Géog. mod.) province de la Chine. Elle ne cede ni pour la grandeur ni pour l'abondance à aucune autre de l'empire. Le fleuve Kiang la coupe en deux parties. La province de Huquang la borne à l'orient, le royaume de Tibet à l'occident, la province de Xensi au nord, & celle de Junnan au midi. Elle produit beaucoup de fer, d'étain & de plomb. Cette province est la sixieme en rang. On y compte huit métropoles, six grandes cités, quatre villes militaires, une cité militaire, & plusieurs forteresses qui en dépendent. Ching-Tu est la capitale de la province. (D.J.)

SUCU
S. m. (Hist. nat. Botan. exot.) espece de pommier fort commun à la province de Canton à la Chine. Son fruit est un peu plus gros que les renettes ; il est presque rond, & de couleur rougeâtre ; on le seche comme nos figues, afin de le conserver toute l'année.

SUIF
SUIF, bois de, (Hist. nat.) on trouve à la Chine un arbre qui fournit une substance parfaitement semblable à du suif. Le fruit de cet arbre est renfermé dans une enveloppe qui, lorsque le fruit est mûr, s'ouvre d'elle-même comme celle de nos châtaignes, il en sort deux ou trois fruits de la grosseur d'une noisette, dont la pulpe a les mêmes propriétés que le suif, & qui, fondue avec un peu d'huile ou de cire, devient propre à faire des chandelles, dont on fait usage dans tout l'empire de la Chine. Pour séparer cette espece de suif de son fruit, on le pulvérise, après quoi on le fait bouillir dans de l'eau, à la surface de laquelle il surnage une substance semblable à de l'huile, qui se condense lorsqu'elle est refroidie, & qui prend la même consistance que le suif. On mêle dix parties de cette substance avec trois parties d'huile de lin & avec un peu de cire, afin de lui donner de la solidité, & pour l'empêcher de s'attacher aux doigts. Les Chinois donnent la forme d'un segment de cône aux chandelles faites de cette substance, que l'on y colore quelquefois en y incorporant des couleurs avec des parfums, pour en rendre l'odeur plus agréable. Les meches que l'on y met sont de coton.

SUKOTYR ou SUKOTARIO
s. m. (Zoolog.) nom que les Chinois donnent à un très-gros animal remarquable par ses cornes, & qui paroît être le taureau carnivore des anciens. Cet animal est de la grandeur d'un grand boeuf ; il a le museau approchant de celui d'un cochon ; deux oreilles longues & rudes ; une queue épaisse & touffue. Ses yeux sont placés perpendiculairement dans la tête, d'une maniere tout-à-fait différente de ce qu'ils sont dans d'autres animaux. De chaque côté de la tête, tout proche des yeux, il sort une longue corne ou plutôt une dent, non pas tout-à-fait aussi épaisse que la dent d'un éléphant. Il paît l'herbe dans les endroits deserts & éloignés. Nieuhof, dont nous tenons cette description & qui nous a donné la figure de cet animal, ajoute, sans en être peut-être trop instruit, qu'on le prend fort rarement. Nous ne connoissons en Europe de cette bête que sa paire de cornes, qui est d'une grandeur extraordinaire, & dont le chevalier Hans Sloane, qui en avoit dans son cabinet, a communiqué le détail suivant à MM. de l'académie des Sciences. Ces cornes furent trouvées dans un magasin qu'avoit à Wapping M. Doyly, homme fort curieux, & dont une certaine étoffe d'été porte le nom. Il en fit présent au chevalier Hans. Elles étoient assez gâtées, & les vers les avoient rongées profondément dans leur surface en divers endroits ; personne ne put instruire M. Doyly de quel pays elles étoient venues, ni en quel tems, & de quelle maniere elles avoient été mises dans ce magasin. Quoiqu'il en soit, on les a représentées dans les Mémoires de l'académie de Sciences, année 1727. Elles sont assez droites à une distance considérable de la base, & puis se courbant, elles vont insensiblement se terminer en pointe. Elles ne sont pas rondes, mais un peu plates & comprimées, avec des sillons larges & transversaux sur leur surface, ondées par-dessous. La grandeur des deux cornes n'est pas tout-à-fait la même ; la plus longue a six piés six pouces & demi, mesure d'Angleterre ; son diametre à la base est de sept pouces, & sa circonférence d'un pié & demi. Elle pesoit vingt-deux livres, & contenoit dans sa cavité un galon & une pinte d'eau. L'autre corne étoit un peu plus petite, pesoit par conséquent un peu moins, & ne contenoit pas tout-à-fait autant de liqueur.

Mentioned People (3)

Diderot, Denis  (Langres, Champagne-Ardenne 1713-1784 Paris) : Philosoph, Schrifsteller
[Diderot siehe unter Philosophie Frankreich].

Holbach, Paul Henri Thiry d'  (Edesheim bei Landau 1723-1789 Paris) : Deutsch-französischer Philosoph, Naturwissenschaftler

Jaucourt, Louis de  (Paris 1704-1779 Compiège) : Enzyklopädist, Arzt

Subjects

History : China : General / Philosophy : Europe : France

Documents (2)

# Year Bibliographical Data Type / Abbreviation Linked Data
1 1753 Encyclopédie, ou dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers. Mis en ordre et publié par [Denis] Diderot et quant à la partie mathématique par [Jean-Baptiste le Rond] d'Alembert. (Paris : Briasson, 1753).
http://diderot.alembert.free.fr/C.html.
Publication / Did1
  • Cited by: Worldcat/OCLC (WC, Web)
  • Person: Alembert, Jean-Baptiste le Rond d'
  • Person: Diderot, Denis
2 1997 Roberts, J.A.G. L'image de la Chine dans l'Encyclopédie. In : Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie ; vol. 22, no (1997).
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rde_0769-0886_1997_num_22_1_1378.
Publication / Did2
  • Source: Yang, Jialuo. Encyclopedia quatuor bibliothecarum. = Si ku quan shu xue dian. (Shanghai : Shi jie shu ju, 1946). (Universalis encyclopedia). [Als Vorbild benutze er die Encdyclopédie von Denis Diderot].
    四庫全書學典 (Did37, Publication)
  • Cited by: Internet (Wichtige Adressen werden separat aufgeführt) (Int, Web)