Encyclopédie, ou dictonnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers. Mis en ordre et publié par [Denis] Diderot [ID D 20381].
T-Z
TAEL
S. m. (Poids chinois) les Portugais disent telle, & les Chinois, leam. C'est un petit poids de la Chine, qui revient à une once deux gros de France, poids de marc ; il est particulierement en usage du côté de Canton. Les seize taels font un catis, cent catis font le pic, & chaque pic fait cent vingt-cinq livres poids de marc. Savary. (D.J.)
TAIKI
TAI-KI, (Hist. mod. Philosophie) ce mot en chinois signifie le faîte d'une maison. Une secte de philosophes de la Chine, appellée la secte des ju-kiau, se sert de ce mot pour désigner l'Etre suprême, ou la cause premiere de toutes les productions de la nature. Voyez JU-KIAU.
TAIYVEN
(Géog. mod.) ville de la Chine, premiere métropole de la province de Xanci, sur le bord du fleuve Fuen. Elle est grande, peuplée & décorée de superbes édifices. Son territoire est d'une vaste étendue, & renferme plusieurs villes & plusieurs temples dédiés à des héros. Elle est, selon le P. Martini, de 4 degrés 35 minutes plus occidentale que Péking, sous 38°. 33'. de latitude. (D.J.)
TAMLING
S. m. (Com.) c'est le nom que les Siamois donnent à une espece de monnoie & de poids que les Chinois appellent taël. Le taël de Siam est de plus de la moitié plus foible que le taël de la Chine ; ensorte que le cati siamois ne vaut que huit taëls chinois, & qu'il faut vingt taëls siamois pour le cati chinois. A Siam, le tamling ou taël se subdivise en quatre ticals ou baats, le tical en quatre mayons ou selings, le mayon en deux fouangs, chaque fouang en deux sompayes, la sompaye en deux payes, & la paye en deux clams, qui n'est qu'une monnoie de compte ; mais qui, en qualité de poids, pese douze grains de riz ; ensorte que le tamling ou taël siamois est de sept cent soixante-huit grains. Voyez TAEL, Dictionn. de Commerce.
TANGUT
(Géog. mod.) royaume d'Asie, dans la Tartarie chinoise. Il est borné au nord par les états du grand chan des Calmoucks, au midi par la province d'Ava, au levant par la Chine, & au couchant par les états du Mogol. On le divise en deux parties, dont la septentrionale est appellée le Tibet, & la méridionale le Tangut propre. C'est le patrimoine du dalaï-lama qui est le souverain pontife de tous les Tartares payens ; mais il ne se mêle que du spirituel : le contaisch, grand chan des Calmoucks, gere le temporel. Le dalaï-lama habite un couvent qui est sur le sommet d'une haute montagne, dont le pié est occupé par plusieurs centaines de prêtres de sa secte. Le royaume de Tangut s'étend depuis le 94 jusqu'à 100 degré de longit. & depuis le 30 deg. jusqu'au 35 de latit. (D.J.)
TARTARE
Ainsi, dans la moitié de la Chine, & la moitié de l'Indoustan, presque toute la Perse jusqu'à l'Euphrate, les frontieres de la Russie, Casan, Astracan, toute la grande Tartarie, furent subjugués par Genghis, en près de dix - huit années. En revenant des Indes par la Perse & par l'ancienne Sogdiane, il s'arrêta dans la ville de Toncat, au nord-est du fleuve Jaxarte, comme au centre de son vaste empire. Ses fils victorieux, les généraux, & tous les princes tributaires, lui apporterent les trésors de l'Asie. Il en fit des largesses à ses soldats, qui ne connurent que par lui, cette espece d'abondance. C'est de-là que les Russes trouvent souvent des ornemens d'argent & d'or, & des monumens de luxe enterrés dans les pays sauvages de la Tartarie. C'est tout ce qui reste de tant de déprédations. Genghis tint dans les plaines de Toncat une cour triomphale, aussi magnifique qu'avoit été guerriere celle qui autrefois lui prépara tant de triomphes. On y vit un mêlange de barbarie tartare, & de luxe asiatique ; tous les chans & leurs vassaux, compagnons de ses victoires, étoient sur ces anciens chariots scythes, dont l'usage subsiste encore jusque chez les Tartares de la Crimée ; mais les chars étoient couverts des étoffes précieuses, de l'or, & des pierreries de tant de peuples vaincus. Un des fils de Genghis, lui fit dans cette diete, un présent de cent mille chevaux. Ce fut ici qu'il reçut les adorations de plus de cinq cent ambassadeurs des pays conquis. De-là, il courut à Tangut royaume d'Asie, dans la Tartarie chinoise, pour remettre sous le joug ses habitans rébelles. Il se proposoit, âgé d'environ 70 ans, d'achever la conquête du grand royaume de la Chine, l'objet le plus chéri de son ambition ; mais une maladie l'enleva dans son camp en 1226, lorsqu'il étoit sur la route de cet empire, à quelques lieues de la grande muraille. Jamais ni avant, ni après lui, aucun homme n'a subjugué tant de peuples. Il avoit conquis plus de dix-huit cent lieues de l'orient au couchant, & plus de mille du septentrion au midi. Mais dans ses conquêtes, il ne fit que détruire ; & si on excepte Bozharah, & deux ou trois autres villes dont il permit qu'on réparât les ruines, son empire de la frontiere de Russie jusqu'à celle de la Chine, fit une dévastation.
TAUT-SE
S. f. (Hist. mod.) c'est le nom d'une secte de la Chine, dont Lao-kiun est le fondateur, & qui a un grand nombre de partisans dans cet empire. Les livres de Lao-kiun se sont conservés jusqu'à ce jour ; mais on assure qu'ils ont été altérés par ses disciples, qui y ont ajouté un grand nombre de superstitions. Ces ouvrages renferment des préceptes de morale propres à rendre les hommes vertueux, à leur inspirer le mépris des richesses, & à leur inculquer qu'ils peuvent se suffire à eux-mêmes. La morale de Lao-kiun est assez semblable à celle d'Epicure ; elle fait consister le bonheur dans la tranquillité de l'ame, & dans l'absence des soins qui sont ses plus grands ennemis. On assure que ce chef de secte admettoit un dieu corporel. Ses disciples sont fort adonnés à l'alchymie, ou à la recherche de la pierre philosophale ; ils prétendent que leur fondateur avoit trouvé un elixir au moyen duquel on pouvoit se rendre immortel. Ils persuadent de plus au peuple qu'ils ont un commerce familier avec les démons, par le secours desquels ils operent des choses merveilleuses & surnaturelles pour le vulgaire. Ces miracles, joints à la faculté qu'ils prétendent avoir de rendre les hommes immortels, leur donnent de la vogue, sur-tout parmi les grands du royaume & les femmes ; il y a eu même des monarques chinois à qui ils en ont imposé. Ils ont plusieurs temples dédiés aux démons en différens endroits de l'empire ; mais la ville de Kiangsi est le lieu de la résidence des chefs de la secte ; il s'y rend une grande foule de gens qui s'adressent à eux pour être guéris de leurs maladies, & pour savoir l'avenir ; ces imposteurs ont le secret de leur tirer leur argent, en place duquel ils leur donnent des papiers chargés de caracteres magiques & mystérieux. Ces sorciers offrent en sacrifice aux démons un porc, un oiseau & un poisson. Les cérémonies de leur culte sont accompagnées de postures étranges, de cris effrayans, & d'un bruit de tambour qui étourdit ceux qui les consultent, & leur fait voir tout ce que les imposteurs veulent. Voyez Duhalde, hist. de la Chine.
TAYOVA ou TAYVAN
(Géog. mod.) petite île de la Chine, sur la côte occidentale de l'île Formose : ce n'est proprement qu'un banc de sable aride de près d'une lieue de longueur, & d'un mille de large ; mais ce banc est fameux dans les relations des voyageurs, parce que les Hollandois s'en rendirent maîtres & y bâtirent une forteresse qu'ils nommerent le fort de Zélande. Les Chinois s'en emparerent en 1662, & y tiennent une garnison. Le havre de Tayovan est très-commode, parce qu'on y peut aborder en toutes saisons. Lat. 22. 23. (D.J.)
TCHA-HOA
(Hist. nat. Botan. exot.) genre de plante d'un grand ornement dans les jardins de la Chine, il y en a quatre especes, dit le P. Duhalde, qui portent toutes des fleurs, & qui ont du rapport à notre laurier d'Espagne, par le bois & par le feuillage ; son tronc est gros comme la jambe ; son sommet a la forme du laurier d'Espagne ; son bois est d'un gris blanchâtre & lissé. Ses feuilles sont rangées alternativement, toujours vertes, de figure ovale, terminées en pointe, crenelées en forme de scie par les bords, épaisses & fermes, d'un verd obscur par-dessus, comme la feuille d'oranger, & jaunâtre en-dessous, attachées aux branches par des pédicules assez gros.
De l'aisselle des pédicules, il sort des boutons, de la grosseur, de la figure & de la couleur d'une noisette ; ils sont couverts d'un petit poil blanc & couché, comme sur le satin. De ces boutons, il se forme des fleurs de la grandeur d'une piece de 24 sols ; ces fleurs sont doubles, rougeâtres comme de petites roses, & soutenues d'un calice : elles sont attachées à la branche immédiatement, & sans pédicules.
Les arbres de la seconde espece sont fort hauts ; la feuille en est arrondie, & ses fleurs qui sont grandes & rouges, mêlées avec les feuilles vertes, font un fort bel effet.
Les deux autres especes en portent aussi, mais plus petites & blanchâtres ; le milieu de cette fleur est rempli de quantité de petits filets, qui portent chacun un sommet jaune & plat, à-peu-près comme dans les roses simples, avec un petit pistil rond au milieu, soutenant une petite boule verte, laquelle en grossissant, forme le péricarpe qui renferme la graine. (D.J.)
TEMPLES DES CHINOIS
(Hist. de la Chine) parmi les édifices publics où les Chinois font paroître le plus de somptuosité, on ne doit pas obmettre les temples, ou les pagodes, que la superstition des princes & des peuples a élevés à de fabuleuses divinités : on en voit une multitude prodigieuse à la Chine ; les plus célebres sont bâtis dans les montagnes. Quelque arides que soient ces montagnes, l'industrie chinoise a suppléé aux embellissemens & aux commodités que refusoit la nature ; des canaux travaillés à grands frais, conduisent l'eau des montagnes dans des bassins destinés à la recevoir ; des jardins, des bosquets, des grottes pratiquées dans les rochers, pour se mettre à l'abri des chaleurs excessives d'un climat brulant, rendent ces solitudes charmantes. Les bâtimens consistent en des portiques pavés de grandes pierres quarrées & polies, en des salles, en des pavillons qui terminent les angles des cours, & qui communiquent par de longues galeries ornés de statues de pierre, & quelquefois de bronze ; les toîts de ces édifices brillent par la beauté de leurs briques, couvertes de vernis jaune & verd, & sont enrichis aux extrémités, de dragons en saillie de même couleur. Il n'y a guere de ces pagodes où l'on ne voie une grande tour isolée, qui se termine en dôme : on y monte par un escalier qui regne tout-au-tour ; au milieu du dôme est d'ordinaire un temple de figure quarrée ; la voûte est souvent ornée de mosaïque, & les murailles sont revêtues de figures de pierres en relief, qui représentent des animaux & des monstres. Telle est la forme de la plûpart des pagodes, qui sont plus ou moins grands, selon la dévotion & les moyens de ceux qui ont contribué à les construire : c'est la demeure des bonzes, ou des prêtres des idoles, qui mettent en oeuvre mille supercheries, pour surprendre la crédulité des peuples, qu'on voit venir de fort loin en pélérinage à ces temples consacrés à la superstition ; cependant comme les Chinois, dans le culte qu'ils rendent à leurs idoles, n'ont pas une coutume bien suivie, il arrive souvent qu'ils respectent peu & la divinité & ses ministres. Mais le temple que les Chinois nomment le temple de la Reconnoissance, mérite en particulier que nous en disions quelque chose. Ce temple est élevé sur un massif de brique qui forme un grand perron, entouré d'une balustrade de marbre brut : on y monte par un escalier de dix à douze marches, qui regne tout le long ; la salle qui sert de temple, a cent piés de profondeur, & porte sur une petite base de marbre, haute d'un pié, laquelle en débordant, laisse tout-au-tour une banquette large de deux ; la façade est ornée d'une galerie, & de quelques piliers ; les toîts, (car selon la coutume de la Chine, souvent il y en a deux, l'un qui naît de la muraille, l'autre qui la couvre), les toîts, dis-je, sont de tuiles vertes, luisantes & vernissées ; la charpente qui paroît en dedans, est chargée d'une infinité de piéces différemment engagées les unes dans les autres, ce qui n'est pas un petit ornement pour les Chinois. Il est vrai que cette forêt de poutres, de tirans, de pignons, de solives, qui regnent de toutes parts, a je ne sais quoi de singulier & de surprenant, parce qu'on conçoit qu'il y a dans ces sortes d'ouvrages, du travail & de la dépense, quoiqu'au fond cet embarras ne vient que de l'ignorance des ouvriers, qui n'ont encore pû trouver cette simplicité qu'on remarque dans nos bâtimens européens, & qui en fait la solidité & la beauté : la salle ne prend le jour que par ses portes ; il y en a trois à l'orient, extrêmement grandes, par lesquelles on entre dans la fameuse tour de porcelaine, & qui fait partie de ce temple. Voyez TOUR DE PORCELAINE. (D.J.)
TENEBRES
A l'égard de l'éclipse arrivée à la Chine, on ne convient pas sur l'année ; les uns la mettent l'an 31 & d'autres l'an 32 de J. C. Selon M. Kirch, elle n'a été que de neuf doigts & demi, ou neuf doigts quarante minutes ; & selon le P. Gaubil, elle a été centrale annulaire. Selon le premier, elle étoit finie à dix heures du matin ; & selon l'autre, elle a été centrale annulaire à dix heures & demie. Je sai que les Jésuites ont prétendu que les annales de la Chine disent qu'au mois d'Avril de l'an 32 de J. C. il y eut une grande éclipse de soleil, qui n'étoit pas selon l'ordre de la nature, & qui par conséquent pourroit bien être celle qu'on vit au tems de la passion de J. C. lequel mourut au mois d'Avril selon quelques auteurs. C'est pourquoi les missionnaires de la Chine, prierent en 1672, les astronomes de l'Europe, d'examiner s'il n'y eut point d'éclipse en ce mois & en cette année, & si naturellement il pouvoit y en avoir ; parce que cette circonstance étant bien vérifiée, on en pourroit tirer de grands avantages pour la conversion des Chinois. Mais on a raison de s'étonner que les missionnaires ayant alors chez eux d'habiles astronomes, n'aient pas eux-mêmes faits les calculs qu'ils demandoient, ou qu'ils n'aient pas été d'assez bonne foi pour nous communiquer leurs découvertes. Quoi qu'il en soit, ils ont paru croire que cette éclipse & les ténebres arrivées à la mort de J. C. sont une seule & même chose. Le P. Jean-Dominique Gabiani, l'un des missionnaires de la Chine, & plusieurs de leurs néophites, supposent le fait incontestable. Le P. Tachard, dans l'épitre dédicatoire de son premier voyage de Siam, dit que " la Sagesse suprême fit connoître autrefois aux rois & aux peuples d'Orient J. C. naissant & mourant, par une nouvelle étoile, & par une éclipse extraordinaire ". Cependant plusieurs astronomes européens, entr'autres Muller en 1685, & Bayer en 1718, ayant consulté les annales chinoises, & calculé l'éclipse dont elles font mention, ont trouvé que l'éclipse de la Chine étoit naturelle, & qu'elle n'avoit rien de commun avec les ténebres de la passion de notre Sauveur. En effet, 1°. comme je viens de le dire, on ne convient point de l'année où l'éclipse de la Chine est arrivée ; les uns mettent cette année à l'an 31, & d'autres à l'an 32 de J. C. 2°. selon M. Kirch, elle n'a été que de neuf doigts & demi, ou neuf doigts quarante minutes ; & selon le P. Gaubil, elle a été centrale annulaire. Selon le premier, elle étoit finie à dix heures du matin ; & selon l'autre, elle a été centrale annulaire à dix heures & demi. Mais en supposant que les missionnaires jésuites & les astronomes européens soient d'accord, quel rapport des éclipses étrangeres peuvent-elles avoir avec les ténebres arrivées à la mort de J. C. ? 1°. Il ne pouvoit y avoir d'éclipse naturelle au soleil, puisque la lune étoit en son plein ; & par cette raison, il seroit impossible à aucun astronome de calculer une éclipse marquée à ce jour-là, il n'en trouveroit jamais ; au-lieu que M. Kirch & le P. Gaubil lui-même ont calculé celle dont il est fait mention dans les annales de la Chine ; elle n'a donc rien de commun avec des ténebres qui n'ont pu, selon le cours naturel, être l'effet d'une éclipse au soleil. 2°. La durée des ténebres, qui fut de trois heures, prouve qu'elles n'étoient pas produites par une éclipse, puisque les plus grandes éclipses ne causent de ténebres que pendant quatre ou cinq minutes. 3°. Quand l'éclipse parut à la Chine, il n'étoit pas jour à Jérusalem. 4°. L'éclipse se fit le jeudi matin, & les ténebres le vendredi après midi. 5°. L'éclipse arriva le dernier jour du troisieme mois des Chinois, c'est-à-dire le dernier jour du second mois judaïque ; & les ténebres à la pâque que les Juifs célebrent au milieu de leur premier mois. 6°. L'éclipse de la Chine arriva le 10 Mai, tems où la pâque ordinaire des Juifs ne fut jamais célebrée. 7°. Il n'est pas même certain qu'il y ait eu dans la Chine l'an 32 de J. C. une telle éclipse. Cassini assure qu'après avoir calculé exactement, il a trouvé que la plûpart des éclipses dont les Chinois parlent, ne peuvent être arrivées dans le tems qu'ils ont marqué, & le P. Couplet lui-même convient qu'ils ont inséré dans leurs fastes un grand nombre de fausses éclipses. Un chinois nommé Yamquemsiam, dans sa réponse à l'apologie pour la religion chrétienne, publiée par les Jésuites à la Chine, dit positivement que cette prétendue éclipse n'est marquée dans aucune histoire de la Chine. 8°. Enfin si l'éclipse qu'on vit à la Chine au mois d'Avril de l'an 32 de J. C. arriva naturellement, elle ne peut avoir aucun rapport avec les ténebres de la passion qui étoient surnaturelles ; & si au contraire elle étoit contre le cours régulier de la nature, le plus habile mathématicien de l'Europe entreprendroit en vain de la calculer.
TFUOI
S. m. (Porc. chin.) nom chinois d'une espece particuliere de vernis qu'ils mettent à la porcelaine, pour lui donner un fonds violet, & y appliquer de l'or par-dessus. Leur ancienne méthode étoit de mêler l'or avec le vernis ordinaire, & d'y ajouter du bleu, ou de la poudre d'une agathe grossiere calcinée, qu'on trouve en abondance sur les bords de leurs rivieres ; mais ils ont remarqué depuis que le vernis brun, qu'ils nomment tsekin, réussit beaucoup mieux ; le bleu se change en violet, & l'or s'y attache parfaitement. Les Chinois vernissent encore leur porcelaine d'une maniere variée, en la vernissant de blanc intérieurement, & extérieurement d'une couleur brune avec beaucoup d'or. Enfin ils diversifient les nuances de la même couleur extérieurement, en faisant sur la porcelaine plus ou moins de couches du même vernis. Observations sur les coutumes de l'Asie. (D.J.)
THE
L'arbrisseau de la Chine qui porte le thé differe peu de celui du Japon ; il s'éleve à la hauteur de trois, de quatre ou de cinq piés tout-au-plus ; il est touffu & garni de quantité de rameaux. Ses feuilles sont d'un verd foncé, pointues, longues d'un pouce, larges de cinq lignes, dentelées à leur bord en maniere de scie ; ses fleurs sont en grand nombre, semblables à celles du rosier sauvage, composées de six pétales blanchâtres ou pâles, portées sur un calice partagé en six petits quartiers ou petites feuilles rondes, obtuses, & qui ne tombent pas. Le centre de ces fleurs est occupé par un nombreux amas d'étamines, environ deux cent, jaunâtres. Le pistil se change en un fruit sphérique tantôt à trois angles & à trois capsules, souvent à une seule. Chaque capsule renferme une graine qui ressemble à une aveline par sa figure & sa grosseur, couverte d'une coque mince, lisse, roussâtre, excepté la base qui est blanchâtre. Cette graine contient une amande blanchâtre, huileuse, couverte d'une pellicule mince & grise, d'un goût douçâtre d'abord, mais ensuite amer, excitant des envies de vomir, & enfin brûlant & fort desséchant. Ses racines sont minces, fibreuses & répandues sur la surface de la terre. On cultive beaucoup cette plante à la Chine ; elle se plaît dans les plaines tempérées & exposées au soleil, & non dans des terres sablonneuses ou trop grasses. On apporte beaucoup de soin & d'attention pour le thé de l'empereur de la Chine, comme pour celui de l'empereur du Japon, on fait un choix scrupuleux de ses feuilles dans la saison convenable. On cueille les premieres qui paroissent au sommet des plus tendres rameaux ; les autres feuilles sont d'un prix médiocre. On les seche toutes à l'ombre, & on les garde sous le nom de thé impérial ; parmi ces feuilles, on sépare encore celles qui sont plus petites de celles qui sont plus grandes ; car le prix varie selon la grandeur des feuilles, plus elles sont grandes, plus elles sont cheres. Le thé roux, que l'on appelle thé bohéa, est celui qui a été plus froissé & plus rôti : c'est de-là que vient la diversité de la couleur & du goût. Les Chinois, dont nous suivons la méthode, versent de l'eau bouillante sur les feuilles entieres de thé que l'on a mises dans un vaisseau destiné à cet usage, & ils en tirent la teinture ; ils y mêlent un peu d'eau claire pour en tempérer l'amertume & la rendre plus agréable, ils la boivent chaude. Le plus souvent en bûvant cette teinture, ils tiennent du sucre dans leur bouche, ce que font rarement les Japonois ; ensuite ils versent de l'eau une seconde fois, & ils en tirent une nouvelle teinture qui est plus foible que la premiere ; après cela ils jettent les feuilles. Les Chinois & les Japonois attribuent au thé des vertus merveilleuses, comme il arrive à tous ceux qui ont éprouvé quelque soulagement ou quelque avantage d'un remede agréable ; il est du-moins sûr que dans nos pays, si l'on reçoit quelque utilité de cette boisson, on doit principalement la rapporter à l'eau chaude. Les parties volatiles du thé qui y sont répandues, peuvent encore contribuer à atténuer & résoudre la lymphe quand elle est trop épaisse, & à exciter davantage la transpiration ; mais en même tems l'usage immodéré de cette feuille infusée perpétuellement dans de l'eau chaude, relâche les fibres, affoiblit l'estomac, attaque les nerfs, & en produit le tremblement ; desorte que le meilleur, pour la conservation de la santé, est d'en user en qualité de remede, & non de boisson agréable, parce qu'il est ensuite très-difficile de s'en priver. Il faut bien que cette difficulté soit grande, puisqu'il se débite actuellement en Europe par les diverses compagnies environ huit à dix millions de livres de thé par an, tant la consommation de cette feuille étrangere est considérable. (D.J.)
TIBE ou THIBET
(Géog. mod.) vaste pays d'Asie, qui nous est très-peu connu ; on le divise en deux parties, dont l'une s'appelle le petit, & l'autre le grand Tibet. Le petit Tibet est à peu de journées de Caschemire : il s'étend du septentrion vers le couchant, & s'appelle Baltistan. Ses habitans & les princes qui le gouvernent sont mahométans, & tributaires du Mogol. Le grand Tibet qu'on nomme aussi Boutan, s'étend du septentrion vers le levant, & commence au haut d'une affreuse montagne, nommée Kaniel, toute couverte de neige ; cependant la route est assez fréquentée par les Caravanes qui y vont tous les ans chercher des laines. Son chef-lieu nommé Ladak, où réside le roi, n'est qu'une forteresse, située entre deux montagnes. Dans ces provinces montueuses, tout le trafic se fait par l'échange des denrées. Les premieres peuplades qu'on rencontre, sont mahométanes ; les autres sont habitées par des payens, mais moins superstitieux qu'on ne l'est dans plusieurs contrées idolâtres. Les religieux des Tibétins se nomment lamas. Ils sont vêtus d'un habit particulier, différent de ceux que portent les personnes du siecle ; ils ne tressent point leurs cheveux, & ne portent point de pendans d'oreilles comme les autres ; mais ils ont une bousane, & ils sont obligés à garder un célibat perpétuel. Leur emploi est d'étudier les livres de la loi, qui sont écrits en une langue & en des caracteres différens de la langue ordinaire. Ils récitent certaines prieres en maniere de choeur ; ce sont eux qui font les cérémonies, qui présentent les offrandes dans le temple, & qui y entretiennent des lampes allumées. Ils offrent à Dieu, du blé, de l'orge, de la pâte & de l'eau dans de petits vases fort propres. Les lamas sont dans une grande vénération ; ils vivent d'ordinaire en communauté, ils ont des supérieurs locaux, & outre cela un pontife général, que le roi même traite avec beaucoup de respect. Ce grand pontife qu'on nomme dalaï-lama, habite Lassa, qui est le plus beau des pagodes qu'aient les Tibétins ; c'est dans ce pagode bâti sur la montagne de Poutala, que le grand lama reçoit les adorations nonseulement des gens du pays, mais d'une partie de l'Indoustan. Le climat du grand & du petit Tibet est fort rude, & la cime des montagnes toujours couverte de neige. La terre ne produit que du blé & de l'orge. Les habitans n'usent que des étoffes de laine pour leurs vêtemens ; leurs maisons sont petites, étroites, & faites sans art. Il y a encore un troisieme pays du nom de Tibet, dont la capitale se nomme Rassa ; ce troisieme Tibet n'est pas fort éloigné de la Chine, & se trouve plus exposé que les deux autres aux incursions des Tartares qui sont limitrophes. (D.J.)
TIEN ou TYEN
s. m. (Hist. mod. Relig.) ce mot signifie en langue chinoise le ciel. Les lettrés chinois désignent sous ce nom l'Etre suprème, créateur & conservateur de l'Univers. Les Chinois de la même secte des lettrés, désignent encore la divinité sous le nom de cham-ti, ou chang-ti, ce qui signifie souverain ou empereur ; ces dénominations donnerent lieu à de grandes contestations entre les missionnaires jésuites & les mandarins qui sont de la secte des lettrés : les premiers ne voulurent jamais admettre le nom de tien, que les lettrés donnoient à la divinité, parce qu'ils les accusoient d'athéïsme, ou du moins de rendre un culte d'idolatrie au ciel matériel & visible. Ils vouloient que l'on donnât à Dieu le nom de tientchu, seigneur du ciel. L'empereur Canghi, dans la vue de calmer les soupçons & les scrupules des missionnaires, qu'il aimoit, donna un édit ou déclaration solemnelle, qu'il fit publier dans tout son empire, par laquelle il faisoit connoître que ce n'étoit point au ciel matériel que l'on offroit des sacrifices, & à qui l'on adressoit ses voeux ; que c'étoit uniquement au souverain maître des cieux à qui l'on rendoit un culte d'adoration, & que par le nom de chang-ti, on ne prétendoit désigner que l'Etre suprème. L'empereur, non content de cette déclaration, la fit souscrire & confirmer par un grand nombre des mandarins les plus distingués de l'empire, & par les plus habiles d'entre les lettrés ; ils furent très-surpris d'apprendre que les Européens les eussent soupçonnés d'adorer un être inanimé & matériel, tel que le ciel visible ; ils déclarerent donc de la maniere la plus authentique, que par le mot tyen, ainsi que par celui de chang-ti, ils entendoient le Seigneur suprème du ciel, le principe de toutes choses, le dispensateur de tous les biens, dont la providence, l'omniscience, & la bonté, nous donnent tout ce que nous possédons. Par une fatalité incompréhensible, des déclarations si formelles n'ont jamais pu rassurer les consciences timorées des missionnaires ; ils crurent que l'empereur & les lettrés ne s'étoient expliqués de cette façon, que par une condescendance & par une foiblesse à laquelle rien ne pouvoit pourtant les obliger ; ils persisterent à les soupçonner d'athéïsme & d'idolatrie, quelqu'incompatible que la chose paroisse ; & ils refuserent constamment de se servir des mots de tyen & de chang-ti, pour désigner l'Etre suprème, aimant mieux se persuader que les lettrés ne croyoient point intérieurement ce qu'ils professoient de bouche, & les accusant de quelques restrictions mentales qui, comme on sait, ont été authorisées en Europe, par quelques théologiens connus des missionnaires. Voyez l'histoire de la Chine du R. P. du Halde.
TITRE
L'empereur de la Chine, parmi ses titres, prend celui de tien-su, c'est-à-dire, fils du ciel. On observe que les Orientaux aiment les titres à l'excès. Un simple gouverneur de Schiras, par exemple, après une pompeuse énumération de qualités, seigneuries, &c. ajoute les titres de fleur de politesse, muscade de consolation & de délices, &c.
TONG-CHU
S. m. (Hist. nat. Botan. exot.) arbre de la Chine dont on tire une liqueur qui approche du vernis. Quand on le voit de loin, disent nos missionnaires, on le prend pour un vrai noyer, tant il lui est semblable, soit pour la forme & la couleur de l'écorce, soit par la largeur & la couleur des feuilles, soit par la figure & la disposition des noix. Ces noix ne sont pleines que d'une huile un peu épaisse, mêlée avec une pulpe huileuse qu'on pressure ensuite pour ne pas perdre la plus grande partie de la liqueur. Pour la mettre en oeuvre on la fait cuire avec de la litharge, & l'on y mêle, si l'on veut, de la couleur ; souvent on l'applique sans mêlange sur le bois qu'elle défend de la pluie. On l'applique aussi sans mêlange sur les carreaux qui forment le plancher d'une chambre ; ils deviennent luisans ; & pourvu qu'on ait soin de les laver de-tems-en-tems, ils conservent leur lustre. C'est ainsi que sont faits les appartemens de l'empereur chinois & des grands de l'empire.
Mais si on veut faire un ouvrage achevé ; s'il s'agit, par exemple, d'orner une chambre, un cabinet, on couvre les colonnes & la boiserie de filasse, de chaux, ou d'autres matieres semblables préparées en pâte. On laisse sécher le tout jusqu'à un certain degré ; on mêle ensuite dans l'huile telle couleur que l'on veut ; & après l'avoir fait cuire à l'ordinaire, on l'applique avec des brosses, suivant le dessein qu'on s'est formé. On dore quelquefois les moulures, les ouvrages de sculpture, & tout ce qui est relevé en bosse ; mais sans le secours de la dorure, l'éclat & le lustre de ces ouvrages ne cedent guere à celui du vernis que les Chinois nomment tsi, parce qu'il découle du tsi-chu. Voyez TSI-CHU. (D.J.)
TONG-EU
S. m. (Hist. nat.) ce mot signifie en chinois tymbale de cuivre ; on le donne à la Chine à une montagne située dans la province de Quey-chew, qui fait un bruit considérable dans de certaines saisons, sur-tout à l'approche de la pluie.
TONG-HOA-FANG
S. m. (Hist. nat. Ornithol.) c'est le nom que les Chinois donnent à un petit oiseau dont le bec est rouge, & dont le plumage est des couleurs les plus vives & les plus variées ; suivant les Chinois cet oiseau est produit par la fleur appellée tong-hoa, à qui il ressemble par ses couleurs, & à laquelle l'oiseau ne peut survivre. Cette fleur croît, dit-on, dans la province de Se-chouen ; mais on croit qu'elle est fabuleuse, ainsi que l'oiseau qu'elle produit.
TONG-TSAO
S. m. (Hist. nat. Botan. exot.) arbrisseau de la Chine qui s'éleve à la hauteur de quatre ou cinq piés. Ses feuilles ressemblent à celles du ricin, ou palma Christi. Le milieu de son tronc est rempli d'une moëlle blanche légere, moins serrée que la chair du melon, & moins spongieuse que la moëlle du sureau. On cuit cette moëlle, & l'on en fait un rob qui est doux, agréable, & qu'on mêle avec des fruits pour en relever le goût.
La tige du tong-tsao est divisée comme le bambou, par divers noeuds qui naissent entre deux des tuyaux de la longueur d'un pié. Ces tuyaux contiennent aussi de la moëlle dont on fait le même usage que de celle du tronc. (D.J.)
TOUANSE
S. f. (Soierie) étoffe de soie qui vient de la Chine. C'est une espece de satin, plus fort mais moins lustré que celui de France. Il y en a d'unis, d'autres à fleurs ou à figures, & d'autres encore avec des oiseaux, des arbres & des nuages. (D.J.)
TOUR DE PORCELAINE
(Hist. de la Chine) cette fameuse tour est de figure octogone, large d'environ quarante piés, desorte que chaque face en a quinze. Elle est entourée par-dehors d'un mur de même figure, éloigné de deux toises & demie, & portant à une médiocre hauteur un toit couvert de tuiles vernissées ; ce toit paroît naître du corps de la tour, & forme au-dessous une galerie assez propre.
La tour a neuf étages dont chacun est orné d'une corniche de trois piés à la naissance des fenêtres, & distingué par des toits semblables à celui de la galerie, à cela près qu'ils ont beaucoup moins de saillie, parce qu'ils ne sont pas soutenus d'un second mur ; ils deviennent même beaucoup plus petits, à mesure que la tour s'éleve & se rétrecit.
Le mur a du-moins sur le rez-de-chaussée douze piés d'épaisseur, & plus de huit & demi par le haut. Il est incrusté de porcelaines posées de champ ; la pluie & la poussiere en ont diminué la beauté ; cependant il en reste encore assez pour faire juger que c'est en effet de la porcelaine quoique grossiere ; car il y a apparence que la brique, depuis trois cent ans que cet ouvrage dure, n'auroit pas conservé le même éclat.
L'escalier qu'on a pratiqué en-dedans, est petit & incommode, parce que les degrés en sont extrêmement hauts ; chaque étage est formé par de grosses poutres mises en-travers, qui portent un plancher, & qui forment une chambre dont le lambris est enrichi de diverses peintures, si néanmoins les peintures de la Chine sont capables d'enrichir un appartement.
Les murailles des étages supérieurs sont percées d'une infinité de petites niches qu'on a remplis d'idoles en bas-relief, ce qui fait une espece de marquetage très-propre. Tout l'ouvrage est doré, & paroît de marbre ou de pierre ciselée ; mais je crois que ce n'est en effet qu'une brique moulée & posée de champ ; car les Chinois ont une adresse merveilleuse pour imprimer toute sorte d'ornemens dans leurs briques, dont la terre fine & bien sassée est plus propre que la nôtre à prendre les figures du moule.
Le premier étage est le plus élevé, mais les autres sont entr'eux d'une égale distance. On y compte cent quatre-vingt-dix marches presque toutes de dix bons pouces, ce qui fait cent cinquante-huit piés ; si l'on y joint la hauteur du massif, celle du neuvieme étage qui n'a point de degré, & le couronnement, on trouvera que la tour est élevée sur le rez-de-chaussée de plus de deux cent piés.
Le comble n'est pas une des moindres beautés de cette tour : c'est un gros mât qui prend au plancher du huitieme étage, & qui s'éleve plus de trente piés en-dehors. Il paroît engagé dans une large bande de fer de la même hauteur, tournée en volute, & éloignée de plusieurs piés de l'arbre, desorte qu'elle forme en l'air une espece de cône vuide & percé à jour, sur la pointe duquel on a posé un globe doré d'une grosseur extraordinaire. Voilà ce que les Chinois appellent la tour de porcelaine, & que quelques européens nommeroient peut-être la tour de brique. Quoi qu'il en soit de sa matiere, c'est assurément l'ouvrage le mieux entendu, le plus solide, & le plus magnifique qui soit dans l'orient, à ce que nous assurent les RR. PP. Jésuites. (D.J.)
TSE-KIN
S. m. (Porcelaine de la Chine) espece de vernis qu'on met à la Chine sur la porcelaine pour lui donner une couleur de caffé ou de feuilles mortes. Pour faire ce vernis, on prend de la terre jaune commune, on lui donne la même façon qu'au pétunse ; & quand cette terre est préparée, on n'en emploie que la matiere la plus déliée qu'on jette dans de l'eau, dont on forme une espece de colle aussi liquide que le vernis ordinaire appellé pé-yéon, qui se fait de quartiers de roches. Ces deux vernis, le tse-kin & le pé-yéon se mêlent ensemble, & pour cela ils doivent être également liquides. On en fait l'épreuve en plongeant le pétunse dans l'un & dans l'autre vernis. Si chacun de ces vernis pénétre son pétunse, on les juge propres à s'incorporer ensemble. On fait aussi entrer dans le tse-kin du vernis ou de l'huile de chaux & de cendres de fougere préparées, de la même liquidité que le pé-yéon ; mais on mêle plus ou moins de ces deux vernis avec le tse-kin, selon que l'on veut que le tsekin soit plus clair ou plus foncé : c'est ce qu'on peut connoître par divers essais ; par exemple, on mêlera deux tasses de la liqueur tsekin avec huit tasses du pé-yéon, puis sur quatre tasses de cette mixtion de tsekin & de pé-yéon, on mettra une tasse de vernis fait de chaux & de fougere. Coutume d'Asie. (D.J.)
TSE-SONG
S. m. (Hist. nat. Botan. exot.) nom chinois d'un arbre qui tient du cyprès & du genievre. Le tronc qui a environ un pié & demi de circuit, pousse des branches qui se partagent en une infinité d'autres, & forment un buisson verd, épais & touffu ; ses feuilles sont longues, étroites, piquantes, disposées le long des rameaux par files, tantôt au nombre de cinq, & tantôt au nombre de six. Les rameaux qui sont couverts de ces feuilles longues, se trouvent principalement en-dessous & au-bas des branches, tout le haut & le dessus n'étant que cyprès. L'écorce de cet arbre est un peu raboteuse, d'un gris-brun tirant sur le rouge en certains endroits ; le bois est d'un blanc rougeâtre, semblable à celui de genievre, ayant quelque chose de résineux ; ses feuilles, outre l'odeur d'un cyprès, sont d'un goût fort amer mêlé de quelque âcreté. Ses fruits sont verds, ronds & un peu plus gros que les baies de genievre, d'un verd olivâtre & d'une odeur forte ; ils sont attachés aux branches par de longs pédicules ; ils contiennent deux grains roussâtres en forme de petits coeurs, & durs comme les grains de raisin. (D.J.)
TSI-CHU
S. m. (Hist. nat. Botan.) c'est ainsi que les Chinois nomment l'arbre qui leur fournit la liqueur dont ils font les vernis si estimés par les Européens. Ce mot en chinois signifie l'arbre à l'huile, nom qui lui a été donné à cause de la liqueur semblable à de l'huile, qui en découle par les incisions qu'on lui fait ; elle tombe peu-à-peu comme la térébenthine des pins ; mais l'arbre en donne une plus grande quantité quand on y fait des incisions ; cependant elles le font mourir en peu de tems. On fait bouillir cette liqueur pour lui donner de la consistance. Les émanations qui partent de cette liqueur, qui est le vernis de la Chine, sont très-dangereuses ; les hommes qui s'occupent à la recueillir, prennent les plus grandes précautions pour s'empêcher de les recevoir, soit par la respiration, soit dans les yeux, ils prennent des précautions même pour que la liqueur ne tombe point sur leurs mains, malgré cela ils sont sujets à des inflammations des yeux, à des ulceres & quelquefois à des maladies funestes.
TSIN-SE
S. m. (Hist. mod.) c'est ainsi que l'on nomme à la Chine les lettrés du troisieme ordre ; grade qui répond au docteur de nos universités ; on n'y parvient qu'après un examen qui se fait à Pékin, dans le palais de l'empereur, qui préside en personne à l'assemblée, & qui donne souvent lui - même le sujet sur lequel les candidats doivent composer. Cet examen ne se fait que tous les trois ans, & l'on n'admet au doctorat qu'un petit nombre de kiu-gins, ou lettrés du second ordre. La réception se fait avec une pompe extraordinaire ; chacun de ceux qui ont été reçus docteurs, reçoit de l'empereur une coupe d'argent, un parasol de soie bleue, & une chaise très-ornée pour se faire porter. Les noms des nouveaux docteurs sont inscrits sur de grands tableaux qu'on expose dans la place publique. Dès qu'ils sont admis, on s'empresse d'aller instruire leurs familles de l'honneur qu'elles ont reçu ; ces couriers sont très-bien récompensés ; les villes où les docteurs sont nés, prennent part à la gloire de leurs citoyens, & célebrent cet événement par de très-grandes réjouissances. Les noms des docteurs s'inscrivent dans un régistre particulier, & c'est parmi eux que l'on choisit les personnes qui doivent occuper les premieres charges de l'empire ; il n'est point surprenant qu'un état administré par des hommes qui ont consacré leur tems à l'étude de la morale, des loix & de la philosophie, surpasse tous les autres par la sagesse de son gouvernement.
TSONG-MING
(Géog. mod.) île de la Chine, dans la province de Kiangnang, dont elle n'est séparée à l'ouest que par un bras de mer, qui n'a que 5 à 6 lieues.
Cette île n'étoit anciennement qu'un pays sauvage & désert, tout couvert de roseaux. On y reléguoit les bandits & les scélérats, dont on vouloit purger l'empire. Les premiers qu'on y débarqua se trouverent dans la nécessité, ou de périr par la faim, ou de tirer leurs alimens du sein de la terre. L'envie de vivre les rendit actifs. Ils défricherent cette terre inculte ; ils en arracherent les plantes inutiles ; ils semerent le peu de grains qu'ils avoient apporté ; & ils ne furent pas long-tems sans recueillir le fruit de leurs travaux. Au bout de quelques années une partie du terroir qu'ils avoient cultivé, devint si fertile, qu'elle leur fournit abondamment de quoi vivre.
Dans la suite des tems, plusieurs familles chinoises, qui avoient de la peine à subsister dans le continent, se transporterent dans l'île, & sortirent de l'indigence.
L'air du pays est assez tempéré, parce que sa chaleur excessive est modérée par des pluies qui tombent en abondance, surtout au milieu de l'été. Toute la campagne est aujourd'hui semée de villages & de maisons. La volaille y abonde, ainsi que le riz, malgré la difficulté de sa culture. On donne à cette île 20 lieues de long, & 5 à 6 de large. Elle est située sous le 33 degré de latitude nord. (D.J.)
TSONG-TU
S. m. (Hist. mod.) ce mot est chinois, on le donne aux vice-rois qui commandent à deux ou trois provinces, au-lieu que les vice-rois ordinaires, qui n'ont qu'une seule province dans leur district, se nomment Tu-yen. Les Européens disent som-tout ou som-tok par corruption.
VEN PI
S. m. (Hist. mod.) nom d'une montagne de la Chine, située dans la province de Quey-Chen, au midi de la capitale, appellée Quey yang fu ; elle a, dit-on, exactement la forme d'un cone isocele.
VAISSEAUX CHINOIS
(Marine de la Chine) les vaisseaux chinois pour naviger sur mer, & qui different de leurs bateaux & de leurs barques, sont appellés soma ou sommes par les Portugais. Ces vaisseaux ne peuvent pas se comparer aux nôtres ; les plus gros ne sont que de 250 à 300 tonneaux de port ; ce ne sont, à proprement parler, que des barques plates à deux mâts ; ils n'ont guere que 80 à 90 piés de longueur. La proue coupée & sans éperon, est relevée en-haut de deux especes d'aîlerons en forme de corne, qui font une figure assez bizarre ; la poupe est ouverte en-dehors par le milieu, afin que le gouvernail y soit à couvert des coups de mer. Ce gouvernail qui est large de cinq à six piés, peut s'élever & s'abaisser par le moyen d'un cable qui le soutient sur la poupe. Ces vaisseaux n'ont ni artimon, ni beaupré, ni mât de hune. Toute leur mâture consiste dans le grand mât & mât de misaine, auxquels ils ajoutent quelquefois un fort petit mât de perroquet, qui n'est pas d'un grand secours. Le grand mât est placé assez près du mât de misaine, qui est fort sur l'avant. La proportion de l'une à l'autre est communément comme 2 à 3, & celle du grand mât au vaisseau ne va jamais au-dessous, étant ordinairement plus des deux tiers de toute la longueur du vaisseau. Leurs voiles sont faites de nattes de bambou, ou d'une espece de cannes communes à la Chine, lesquelles se divisent par feuilles en forme de tablettes, arrêtées dans chaque jointure par des perches qui sont aussi de bambou. En-haut & en-bas sont deux pieces de bois : celle d'en-haut sert de vergue : celle d'en-bas faite en forme de planche, & large d'un pié & davantage, sur cinq à six pouces d'épaisseur, retient la voile lorsqu'on veut la hisser, ou qu'on veut la ramasser. Ces sortes de bâtimens ne sont nullement bons voiliers ; ils tiennent cependant mieux le vent que les nôtres : ce qui vient de la roideur de leurs voiles qui ne cedent point au vent ; mais aussi comme la construction n'en est pas avantageuse, ils perdent à la dérive l'avantage qu'ils ont sur nous en ce point. Ils ne calfatent point leurs vaisseaux avec du gaudron, comme on fait en Europe. Leur calfas est fait d'une espece de gomme particuliere, & il est si bon qu'un seul puits ou deux à fond de cale du vaisseau suffit pour le tenir sec. Jusqu'ici ils n'ont eu aucune connoissance de la pompe. Leurs ancres ne sont point de fer comme les nôtres ; elles sont d'un bois dur & pesant, qu'ils appellent bois de fer. Ils prétendent que ces ancres valent beaucoup mieux que celles de fer, parce que, disent-ils, celles-ci sont sujettes à se fausser ; ce qui n'arrive pas à celles de bois qu'ils emploient ; cependant pour l'ordinaire elles sont armées de fer aux deux extrêmités. Les Chinois n'ont sur leur bord ni pilote, ni maître de manoeuvre ; ce sont les seuls timoniers qui conduisent le vaisseau, & qui commandent la manoeuvre ; ils sont néanmoins assez bons manoeuvriers, mais très-mauvais pilotes en haute mer. Ils mettent le cap sur le rumb qu'ils croyent devoir faire, & sans se mettre en peine des élans du vaisseau, ils courent ainsi comme ils le jugent à-propos. Cette négligence vient en partie de ce qu'ils ne font pas de voyages de long cours. Mais le lecteur sera bien aise de trouver ici la description détaillée d'un grand vaisseau chinois, faite par cinq missionnaires jésuites pendant leur traverse de Siam à Canton en 1687. Sa mâture. Cette somme qu'ils monterent, suivant la maniere de compter qui a cours parmi les portugais des Indes, étoit du port de 1900 pics : ce qui à raison de 100 catis ou 125 livres par pic, revient à près de 120 tonneaux ; la pesanteur d'un tonneau est évaluée à deux mille livres. Le gabarit en étoit assez beau, à la reserve de la proue qui étoit coupée, plate & sans éperon. Sa mâture étoit différente de celle de nos vaisseaux, par la disposition, par le nombre & par la force des mâts ; son grand mât étoit placé, ou peu s'en falloit, au lieu où nous plaçons notre mât de misaine, desorte que ces deux mâts étoient assez proche l'un de l'autre. Ils avoient pour étai & pour haubans un simple cordage, qui se transportoit de bas-bord à tribord, pour être toujours amarré audessus du vent. Elle avoit un beaupré & un artimon qui étoient rangés à bas-bord. Au reste ces trois derniers mâts étoient fort petits, & méritoient à peine ce nom. Mais en récompense le grand mât étoit extrêmement gros par rapport à la somme, & pour le fortifier encore davantage, il étoit saisi par deux jumelles qui le prenoient depuis la carlingue jusqu'audessus du second pont. Deux pieces de bois plates fortement chevillées à la tête du grand mât, & dont les extrêmités alloient se réunir sept ou huit piés audessus de cette tête, tenoient lieu de mât de hune. Sa voilure. Pour ce qui est de la voilure, elle consistoit en deux voiles quarrées faites de nattes, savoir la grande voile & la misaine. La premiere avoit plus de 45 piés de hauteur sur 28 ou 30 de largeur ; la seconde étoit proportionnée au mât qui la portoit. Elles étoient garnies des deux côtés de plusieurs rangs de bambous, couchés sur la largeur de la voile, à un pié près les uns des autres en-dehors, & beaucoup moins serrés du côté des mâts, dans lesquels elles étoient enfilées par le moyen de plusieurs chapelets, qui prenoient environ le quart de la largeur de la voile, en commençant au côté qui étoit sans écoute, desorte que les mâts les coupoient en deux parties fort inégales, laissant plus des trois quarts de la voile du côté de l'écoute, ce qui lui donnoit le moyen de tourner sur son mât comme sur un pivot, sur lequel elle pouvoit parcourir sans obstacle du côté de la poupe au moins 26 rumbs, quand il falloit revirer de bord, portant ainsi tantôt sur le mât, & tantôt y étant seulement attachée par les chapelets. Les vergues y servoient de ralingue par le haut ; un gros rouleau de bois égal en grosseur à la vergue, faisoit le même office par le bas ; ce rouleau servoit à tenir la voile tendue ; & afin qu'il ne la déchirât pas, il étoit soutenu en deux endroits par deux ais, qui étoient suspendus chacun par deux amarres, lesquels descendoient du haut du mât à cet effet. Chacune de ces voiles n'avoit qu'une écoute, un couet, & ce que les Portugais nomment aragnée, qui est une longue suite de petites manoeuvres qui prennent le bord de la voile depuis le haut jusqu'au bas, à un ou deux piés de distance les unes des autres, & dont toutes les extrêmités s'amarroient sur l'écoute, où elles faisoient un gros noeud. Sa manoeuvre. Ces sortes de voiles se plient & se déplient comme nos paravents. Quand on vouloit hisser la grande voile, on se servoit de deux virevaux & de trois drisses, qui passoient sur trois rouets de poulies enchâssées dans la tête du grand mât. Quand il est question de l'amener, ils y enfonçoient deux crocs de fer, & après avoir largué les drisses, ils en serroient les différens pans à diverses reprises, en halant avec force sur les crocs. Inconvénient de cette manoeuvre. Ces manoeuvres sont rudes, & emportent beaucoup de tems. Aussi les Chinois, pour s'en épargner la peine, laissoient battre leur voile durant le calme. Il est aisé de voir que le poids énorme de cette voile joint à celui du vent qui agissoit sur le mât, comme sur un levier, eût dû faire plonger dans la mer toute la proue, si les Chinois n'avoient prévenu dans l'arrimage cet inconvénient en chargeant beaucoup plus l'arriere que l'avant, pour contrebalancer la force du vent. De-là vient que quand on étoit à l'ancre, la proue étoit toute hors de l'eau, tandis que la poupe y paroissoit fort enfoncée. Ils tirent cet avantage de la grandeur de cette voile & de la situation sur l'avant, qu'ils font un grand chemin de vent arriere ; mais en échange, de vent largue & de bouline, ils ne peuvent tenir, & ne font que dériver, sans parler du danger où ils sont de virer, quand ils se laissent surprendre d'un coup de vent. Dans le beau tems, on portoit outre une civadiere, un hunier, un grand coutelas qui se mettoit au côté de la voile, laquelle étoit sans écoute, des bonnettes & une voile quarrée à l'artimon. Toutes ces voiles étoient de toiles de coton. Disposition de la poupe. La poupe étoit fendue par le milieu, pour faire place au gouvernail dans une espece de chambre qui le mettoit à couvert des coups de mer dans le gros tems. Cette chambre étoit formée par les deux côtés de la poupe, qui laissant une large ouverture en-dehors, se rapprochoient peu-à-peu en-dedans, où ils faisoient un angle rentrant dont la pointe étoit coupée, pour donner au jeu du gouvernail toute la liberté. Du gouvernail. Ce gouvernail étoit suspendu par deux cables, dont les extrêmités étoient roulées sur un vireveau placé sur la dunete, afin de le baisser & de le lever à-propos. Deux autres cables, qui après avoir passé par-dessous le vaisseau, venoient remonter par la proue à l'avant, où on les bandoit à l'aide d'un virevau, quand ils étoient relâchés, tenoient la place des gonds qui attachent les nôtres à l'estambord. Il y avoit une barre de sept à huit piés de long sans manivelle & sans poulie, pour augmenter la force du timonier. Quatre manoeuvres attachées deux à chaque bord du vaisseau, & dont une de chaque côté faisoit quelques tours sur le bout de la barre, servoient au timonnier à le tenir en état. Inconvénient de ce gouvernail. Un gouvernail de cette maniere ne se peut faire sentir que foiblement à un vaisseau, non-seulement parce que les cables, par le moyen desquels il lui communique son mouvement, prêtent beaucoup & s'allongent aisément, mais principalement à cause des élans continuels qu'ils lui donnent par le trémoussement où il est sans-cesse ; d'où naît un autre inconvénient, qui est qu'on a toutes les peines du monde à tenir constamment le même rumb dans cette agitation continuelle. De la boussole. Le pilote ne se servoit point de compas de marine ; il régloit sa route avec de simples boussoles, dont le limbe extérieur de la boîte étoit partagé en vingt-quatre parties égales, qui marquoient les rumbs de vent ; elles étoient placées sur une couche de sable, qui servoit bien moins à les asseoir mollement & à les garantir des secousses du vaisseau (dont l'agitation ne laissoit pas de faire perdre à tout moment l'équilibre aux aiguilles), qu'à porter les bâtons des pastilles dont on les parfumoit sans-cesse. Ce n'étoit pas le seul régal que la superstition chinoise faisoit à ces boussoles, qu'ils regardoient comme les guides assûrés de leur voyage, ils en venoient jusqu'à ce point d'aveuglement, que de leur offrir des viandes en sacrifice. Le pilote avoit grand soin sur-tout de bien garnir son habitacle de clous : ce qui fait connoître combien cette nation est peu entendue en fait de marine. Les Chinois, dit-on, ont été les premiers inventeurs de la boussole ; mais si cela est, comme on l'assure, il faut qu'ils aient bien peu profité de leur invention. Ils mettoient le cap au rumb où ils vouloient porter, par le moyen d'un filet de soie, qui coupoit la surface extérieure de la boussole en deux parties égales du nord au sud : ce qu'ils pratiquoient en deux manieres différentes ; par exemple pour porter au nord-est, ils mettoient ce rumb parallele à la quille du vaisseau, & détournoient ensuite le vaisseau jusqu'à ce que l'aiguille fût parallele au filet, ou bien, ce qui revient au même, mettant le filet parallele à la quille, ils faisoient porter l'aiguille sur le nord-ouest. L'aiguille de la plus grande de ces boussoles n'avoit pas plus de trois pouces de longueur. Elles avoient toutes été faites à Nangazaqui : un bout étoit terminé par une espece de fleur de lys, & l'autre par un trident. Du fond de cale. Le fond de cale étoit partagé en cinq ou six grandes soutes séparées les unes des autres par de fortes cloisons de bois. Pour toute pompe, il y avoit un puits au pié du grand mât, d'où sans autre artifice, on tiroit l'eau avec des seaux. Quoique les mers fussent extrêmement hautes & la somme excessivement chargée, cependant par la force de ses membrures & la bonté de son calfat, elle ne fit presque point d'eau. Composition du calfat. Ce calfat est une espece de composition de chaux, d'une espece de résine qui découle d'un arbre nommé tong-yeon, & de filasse de bambous. La chaux en est la base ; & quand tout est sec, on diroit que ce n'est que de la chaux pure & sans aucun mêlange. Outre que le bâtiment en est beaucoup plus propre, on ne sent point, comme dans nos vaisseaux, cette odeur de gaudron insupportable à quiconque n'y est point accoutumé ; mais il y a encore en cela un avantage plus considérable, c'est que par-là ils se garantissent des accidens du feu, auquel notre brai de gaudron expose nos vaisseaux. Descript. de la Chine par le P. du Halde. (D.J.)
VANG
S. m. (Hist. mod.) ce mot signifie petit roi ou roitelet : l'empereur de la Chine le confere aux chefs ou kans des Tartares monguls qui sont soumis à son obéissance, & à qui il ne permet point de prendre le titre de kan, qu'il se réserve ; ces vangs ont sous eux des peït-se & des kong, dont les titres répondent à ceux de ducs & de comtes parmi nous.
VERNIS. TSIN
S. m. (Hist. nat. Minéralogie) nom donné par les Chinois à une substance minérale d'un bleu foncé, assez semblable à du vitriol bleu, qui se trouve dans quelques mines de plomb, & que l'on croit contenir quelques portions de ce métal. Les Chinois s'en servent pour peindre en bleu leur porcelaine, & ils l'emploient comme un fondant, qui fait pénétrer les autres couleurs dans la pâte de la porcelaine. Cette substance se trouve, dit-on, aux environs de Canton & de Pékin. Les peintres en émail se servent aussi de cette matiere dans leurs émaux, & l'on en applique sur de l'argent, mais elle s'en détache aisément. Quand on en met sur la porcelaine, il faut qu'elle soit ensuite remise au feu pour recuire. Avant d'employer le tsin, on ne fait que le pulvériser sans le calciner, comme cela se pratique d'ordinaire ; on le bat ensuite dans beaucoup d'eau pour en séparer la terre & les parties étrangeres, après quoi on laisse la poudre tomber au fond de l'eau qui n'en est point colorée ; quant à la poudre, elle n'est plus bleue, comme avant que d'avoir été pulvérisée, mais elle est d'un gris cendré ; mais après avoir été recuite, elle redevient d'un très-beau bleu. La matiere qui s'est précipitée au fond de l'eau se seche & se conserve ; pour en faire usage, on ne fait que la mêler avec de l'eau gommée, & on l'applique avec un pinceau sur la porcelaine qu'on veut peindre. Voyez le recueil des observations sur les coutumes de l'Asie.
VUCH'ANG
(Géog. mod.) grande ville de la Chine, sur le fleuve Kiang, dans la province de Huquand, où elle a le rang de premiere métropole, & renferme dix villes dans son territoire. Elle est de 3. 16. plus occidentale que Pékin, sous le 31 d. O. de latitude septentrionale. (D.J.)
VUNING
(Géog. mod.) ville de la Chine, dans la province de Kiangsi, & sa premiere métropole. Elle est de 3. 6. plus occidentale que Pékin, sous les 40. 50. de latitude septentrionale. (D.J.)
VUTING
(Géog. mod.) ville de la Chine dans la province de Xantung, & sa premiere métropole. Elle est d'un degré plus orientale que Pékin, sous les 37. 44. de latitude septentrionale. (D.J.)
XAOCHEU
(Géog. mod.) ville de la Chine, dans la province de Quantong, dont elle est la seconde métropole. Long. suivant le P. Noël, 150. 43. 30. lat. 24. 42. 10.
XENSI
(Géog. mod.) province de la Chine, la troisieme de cet empire ; elle est bornée par la grande muraille, par le fleuve jaune & par des montagnes. Elle contient huit métropoles & cent sept cités, quelques mines & beaucoup de rhubarbe ; le terroir y est fertile, à cause des rivieres & des torrens qui l'arrosent : Sigan est la capitale de cette province. (D.J.)
XUITCHEU
(Géog. mod.) ville de la Chine dans le Kiangsi, elle est voisine du fleuve Hoayang. Long. suivant le P. Noël, 152d. 46'. 30''. latit. 28. 52. (D.J.) YANG-CHEU (Géog. mod.) ville de la Chine, dans la province de Nankin, & sa septieme métropole ; elle est marchande, riche & peuplée. Long. suivant le P. Noël, 156. 39'. 30''. lat. 33. 6. (D.J.)
YEN
S. m. (Hist. nat. Bot. exot.) nom d'un fruit de la Chine, commun dans la province de Fokien, & autres lieux ; sa figure est ronde, son écorce externe est lisse, grise d'abord, ensuite jaunâtre ; la chair du fruit est blanche, acide, succulente, fraîche, & agréable pour appaiser la soif : l'arbre qui le porte est de la grosseur de nos noyers ; c'est là toute la description qu'en fait le Pere le Comte. (D.J.)
YONG-CHING-FU
S. m. (Hist. mod.) c'est ainsi qu'on nomme à la Chine un tribunal suprême, dont la jurisdiction s'étend sur tout le militaire qui est à la cour de l'empereur. Le président de ce tribunal est un des seigneurs les plus distingués de l'état ; il a sous lui un mandarin & deux inspecteurs, qui sont chargés de veiller sur sa conduite, & de borner son pouvoir, en cas qu'il fût tenté d'en abuser.
History : China : General
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Philosophy : Europe : France