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Chronology Entry

Year

1910-1912

Text

Segalen, Victor. Le fils du ciel [ID D21486].
Segalen schreibt an Yvonne Segalen :
Er schreibt über Kaiser Guangxu, die Hauptperson in Le fils du ciel : "Tout sera pensé par lui, pour lui, à travers lui. Exotisme impérial, hautain, aristocratique, légendaire, ancestral et raffiné. Car tout, en Chine, redevient sa chose. Il est partout, il sait tout et peut tout. Sa capitale ? jardin pour ses yeux. Sa province ? petit parc. Les pays éloignés ? vassaux lointains ; et les peuples d'occident ? ses tributaires respectueux. Je tiens mon Personnage."
"Je reste fidèle au Fils du ciel dont j'ai peur de ne pas t'avoir assez dit l'ampleur et l'intérêt que j'y prends." Alors que d'autre part il y revient chaque fois qu'une oeurve qui l'a évincé d'achève, le manuscrit ne sera jamais terminé.
Er schreibt Claude Debussy en 1910 : "J’ai commencé un Fils du ciel dont le sujet est ridicule d'audace. Mais je n'ai pas oublié qu'aux premiers mots d'Orphée vous m'avez dit : même si l'on s'y casse les os, la chose vaut d'être tentée. Et puis, si je n'osait pas mettre en scène l'étonnante figure de Kouang-siu, mort 'impérialement' il y a deux ans, d'autres le feraient peut-être, et comment !"
Er schreibt an Georges Daniel de Monfreid en 1910 : "Je n’ignore pas que mon projet d'écrire un Fils du ciel qui sera Le livre des annales Kouang-siu est bourré d'audace."
Er schreibt an Jeanne Perdriel-Vaissière en 1910 : "Le dénommé Fils du ciel atteint la centième page, et vivote. Mais que difficile ! Il faut tour à tour faire vivre le vrai Kouang-siu, anémique, imaginatif, plein de révoltes ou de désespoirs, et puis l'étouffer aussitôt pour qu'il ne gène pas son sosie. Je ne veux pas d'un roman historique, et pourtant le cadre m’étreint que je brise tous les jours."
En 1912 il avoue à l'un de ses correspondants : "Je me suis remis à mes annales Kouang-siu qui me tiennent depuis trois ans et sont horriblement dures à écrire : mais je piétine avec rage jour par jour mon carré de besogne."

Sekundärliteratur
Yvonne Y. Hsieh : Le fils du ciel is far more than a simple biography, although it respects in its chronological development the major events in the adult life of Guangxu. For more dramatic impact, events taking place in reality between 1889 and 1908 have been compressed into a time span of roughly five years. Moreover, Segalen's account of the emperor's private life is almost entirely fictional. From the beginning, the narrator is identified as a court annalist names Wu K'o-leang who because of his virtuous character, fine calligraphy, and filial piety has been privately apponted by the empress Dowager to compose the secret annals of the reign of Guangxu.
Where the art of euphemism is freely applied to masking China's dismal situation on the international scene, one senses the annalist's total solidarity with the official position. As a traditional Chinese, he is as concerned with alvaging national pride as the Qing court. However, where euphemism covers up the internal power struggle and the empress Dowager's ruthless persecution of the emperor, the annalist's task understandably becomes more delicate. His uneasy attitude towards the whole affaire of the emperor's arrest and dethronement, for instance, is reflected in the countless contradictions within his text.

Anne-Marie Grand : Ce que retient Segalen de ses premiers contacts avec l'Empire du milieu (architecture, écriture, taoïsme) converge sur un vide où s'absente la figure de l’Empereur. Tout l'indique et l'appelle pour assurer dans ses dimensions réelles et symboliques, la cohérence d'un donné multiforme dans que rien se perde de ses particularités.
Souverain réel dont les Annales dynastiques consignent les actes, c’est en son honneur que s'érige ce qui, en Chine, ressemble le plus à un monument tel que conçu par la culture occidentale, par son ampleur comme par son intérêt esthétique : le tombeau. C'est encore lui la raison dernière de l'ordonnance de la ville, écrin dont il est le joyau. Maître invisible, rentranché derrière les murailles rouges, au coeur de la Cité interdite, il marque d'un point veugle le centre de sa capitale, et par là le centre du monde. De même qu'il est aussi celui par qui les mots adviennent, législatur du langage comme il l'est de l'Empire. Puis, lorsque son règne s'achève, ramené à l'essentiel : des mots, son nom de règne, son nom posthume, porteurs encore de bien des puissances. Enfin, souverain symbolique, il est l'Homme, représentant l'humanité, tout puissant depuis des millénaires.
Aux dires de l'écrivain, le personnage s'est imposé à lui à la suite d'une série de proses que hantait obstinément le 'Fils du ciel'. Ces proses ont été, en partie du moins, confiées aux lettres destinées à Yvonne Segalen avant d'être retravaillées pour prendre place dans Briques et tuiles. Toutes mettent l'accent sur 'l'immensité' du personnage. Or, quand il s'agit de lui donner une apparence historique, l'empereur choisi est Guangxu que Segalen lui-même qualifiera, en 1913, de 'fantôme de souverain, faible, irrésolu, malade'. Qin Shi Huangdi, Chongzhen et d'autres souverains mythiques ou historiques se retrouvent dans les textes de Segalen.
La lecture du Fils du ciel, cette 'Chronique des jours souverains' fournit certains indices sur les raisons d'un tel choix, ne serait-ce que parce que ce qui pourrait être vie et mort de Guangxu, en déborde les cadres et devient und tragédie de l'indicible. Dans la construction du personnage, Segalen suit la conception du pouvoire et les conséquences pratiques qu'elle entraîne. Ses notes, en marge du manuscrit fournissent des informations sur ses textes de référence. La prise du pouvoir effective, le premier acte impérial de Guangxu le contraindra à mesurer ce status de 'fils' comptable devant le Ciel. "Et Nous courbant devant le Ciel, conscient de l'immensité de nos faultes, Nous Nous accusons devant Sa colère en nous offrant à son châtiment."
Quelques semaines après la révélation des tombeaux des Ming, Segalen envisage "cette affabulation : comme héros, un personnage immortel, ou plutôt sans cesse renaissant, phénix du trône, l'Empereur. 1ère partie : la Chine aristocratique et somptueuse, au faste nombreux, aux raffinements du toucher, des yeus, de tout aparat. 2e partie : l'Empereur, tombé du trône et fugitif voit une autre Chine, misérable et précaire, qu'on lui cachait si merveilleusement bien. Son étonnement, ses angoisses. Vive opposition entre la 1ère et 2e partie. Sa résolution s'il redevient le Maître de remédier à tout. 3e partie : courte, serrée : il a reconquis le trône et son faste. Et tout reprend comme par le passé éternel".
C'est aussi une Chine disparue avec la vieille Impératirce Cixi, en 1908, ce qui la rend doublement imaginaire pour l'écrivain. Elle reste à retrouver dans les mémoires, dans les récits, où à reconstruire sur la foi de ce qui aurait dû être.
La Chine imaginaire va devenir, en fait, pour Segalen la Chine réelle parce que plus authentique, plus conforme à son essence exotique et surtout la seule à pouvoir recevoir les investissements qui étaient les siens. Le projet d'un développement en trois parties se maintiendra sur le même rythme : la Cour, la fuite, le retour. L'opposition entre les deux Chine disparaîtra ne laissant pour trace de l'idée initiale que le bref face à face de l'Empereur et d'un mendiant, et la présence des étrangers, témoignant en creux de l'autre Chine, réalité coloniale.
Le récit s'appuie sur les événements du règne reel de Guangxu, qui va de la prise de pouvoir effective, en 1889 à la mort du souverain et de Cixi, en 1908. Le drame de Guangxu se fait métaphore du drame humain, de l'homme en tant qu'individu, priosonnier de ses hérédités tentant de se réapproprier sa vérité particulière sans y parvenir.

Lucie Bernier : L'Empereur de Segalen est un parsonnage en retraite qui fait le vide autour de lui et au sens daoiste du terme, tenera d'être un avec l'Univers et voudra éliminer la division entre le Même et le Non-moi. Comme son titre l'indique, tout est centré sur l'Empereur ou plutôt, tout tourne autour de lui. Les personnages sont historiques à quelques exceptions près (celui de la princesse entre autres) mais même s'ils sont véridiques, là encore les modèles sont tirés de plusieurs autres contemporains et forment une sorte d’amalgames. Les événements romanesques sont basés sur les faits historiques connus à l'époque et l'auteur invente le reste pour les adapter à ses besoins. Ce qui intéresse Segalen, ce n'est pas l'Empereur en tant que tel mais plutôt son rôle imaginaire quasi-mythique. Dans ce livre, l'auteur nous fait part de ses méditations sur l'histoire chinoise et la vie intérieure de l'Empereur. Tout le roman est en opposition entre le réel et le symbolique, car en tant qu'Empereur, seul son rôle importe et ce qu'il incarne tandis que sa personnalité et ses désirs, n'existent pas. Segalen fait donc connaître l'être humain à l'intérieur du rôle que l'Empereur incarne. Pour mieux faire connaître ce Fils du ciel, Segalen fait de lui un poète daoiste qui se retire du monde et vivra dans l'anachronisme en entremêlant sa vie à celle de ses prédécesseurs s'identifiant à eux à un point tel, qu'il s'évanouit à la seul mention de leurs noms.
Du point de vue de la narration, le texte se compose de juxtapositions formées de dialogue et entrecoupées de poèmes et de commentaires, ceux-xi en récit rapporté, de la part de deux chroniqueurs. En général, les poèmes de l'Empereur sont des commentaires ou observations sur les actions qu'il pose ou voudrait poser ou sur ce qui lui arrive. Segalen veut démontrer à quel point l'Empereur est un être prisonnier de son rôle et sans la moindre chance de liberté. Il essaie donc de libérer à travers ses poèmes et la narration de la vie intérieure, l'imaginaire du Fils du ciel.

Mentioned People (1)

Segalen, Victor  (Brest, Finistère 1878-1919 im Wald von Huelgoat, Finistère) : Schriftsteller, Dichter, Marinearzt

Subjects

Literature : Occident : France

Documents (3)

# Year Bibliographical Data Type / Abbreviation Linked Data
1 1988 Hsieh, Yvonne Y. Victor Segalen's literary encounter with China : Chinese moulds, Western thoughts. (Toronto : University of Toronto Press, 1988). S. 202-203, 206. Publication / Seg
  • Source: Segalen, Victor. Stèles. (Pei-king : Pei-t'ang, 1912). [Es gibt davon 81 gedruckte Exemplare auf koreanischen Papier, eine Zahl die mit den 9 x 9 Fliesen der dritten Terrasse des Himmels-Tempels in Beijing übereinstimmen und 200 auf normalem Papier]. = [2e éd.]. In : Mercure de France (Dec. 1913). = (Paris : G. Crès, 1914). [Enthält 16 zusätzliche Gedichte, total 64, die mit der Zahl der Hexagramme des Yi jing übereinstimmen].
    http://www.steles.net/page.php?p=75. (2001). (Sega2, Publication)
  • Source: Segalen, Victor. Notes sur l'exotisme. In : Mercure de France ; no 1099-1100 (1955). (Seg25, Publication)
  • Cited by: Asien-Orient-Institut Universität Zürich (AOI, Organisation)
  • Person: Hsieh, Yvonne Y.
  • Person: Segalen, Victor
2 1990 Grand, Anne-Marie. Victor Segalen : le moi et l'expérience du vide. (Paris : Méridiens Klincksieck, 1990). (Connaissance du 20e siècle). S. 75-76, 78-79, 87-88, 91-93, 111. Publication / Seg27
  • Cited by: Zentralbibliothek Zürich (ZB, Organisation)
  • Person: Grand, Anne-Marie
  • Person: Segalen, Victor
3 2000 Bernier, Lucie. Loti, Segalen and Claudel in China, or the existential quest of three authors. In : East-West dialogue ; vol. 4, no 2 ; vol. 5, no 1 (June 2000). Publication / Seg29
  • Cited by: Asien-Orient-Institut Universität Zürich (AOI, Organisation)
  • Person: Claudel, Paul
  • Person: Loti, Pierre
  • Person: Segalen, Victor