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1 1764
Johann Gottfried Herder befreundet sich mit Johann Georg Hamann, der China und Konfuzius gegenüber nicht gerade positiv eingestellt ist. Inwieweit Hamann sein Chinabild beeinflusst hat, lässt sich nicht nachweisen. Er dürfte aber sein Interesse geweckt haben.
2 1764
Voltaire. Catéchisme chinois [ID D19776].
CATÉCHISME CHINOIS

OU ENTRETIENS DE CU-SU, DISCIPLE DE CONFUTZÉE,
AVEC LE PRINCE KOU, FILS DU ROI DE LOW,
TRIBUTAIRE DE L’EMPEREUR CHINOIS GNENVAN,
417 ANS AVANT NOTRE ÈRE VULGAIRE.
(Traduit en latin par le P. Fouquet, ci-devant ex-jésuite. Le manuscrit est dans la bibliothèque du Vatican, n° 42,759)

(21)PREMIER ENTRETIEN.

KOU.

Que dois-je entendre quand on me dit d’adorer le ciel (Chang-ti)?

CU-SU.

Ce n’est pas le ciel matériel que nous voyons; car ce ciel n’est autre chose que l’air, et cet air est composé de toutes les exhalaisons de la terre: ce serait une folie bien absurde d’adorer des vapeurs.

KOU.

Je n’en serais pourtant pas surpris. Il me semble que les hommes ont fait des folies encore plus grandes.

CU-SU.

Il est vrai; mais vous êtes destiné à gouverner; vous devez être sage.

KOU.

Il y a tant de peuples qui adorent le ciel et les planètes?

CU-SU.

Les planètes ne sont que des terres comme la nôtre. La lune, par exemple, ferait aussi bien d’adorer notre sable et notre boue, que nous de nous mettre à genoux devant le sable et la boue de la lune.

KOU.

Que prétend-on quand on dit: le ciel et la terre, monter au ciel, être digne du ciel?

CU-SU.

On dit une énorme sottise, il n’y a point de ciel; chaque planète est entourée de son atmosphère, comme d’une coque, et roule dans l’espace autour de son soleil. Chaque soleil est le centre de plusieurs planètes qui voyagent continuellement autour de lui: il n’y a ni haut, ni bas, ni montée, ni descente. Vous sentez que si les habitants de la lune disaient qu’on monte à la terre, qu’il faut se rendre digne de la terre, ils diraient une extravagance. Nous prononçons de même un mot qui n’a pas de sens, quand nous disons qu’il faut se rendre digne du ciel; c’est comme si nous disions: Il faut se rendre digne de l’air, digne de la constellation du dragon, digne de l’espace.

KOU.

Je crois vous comprendre; il ne faut adorer que le Dieu qui a fait le ciel et la terre.

CU-SU.

Sans doute; il faut n’adorer que Dieu. Mais quand nous disons qu’il a fait le ciel et la terre, nous disons pieusement une grande pauvreté. Car, si nous entendons par le ciel l’espace prodigieux dans lequel Dieu alluma tant de soleils, et fit tourner tant de mondes, il est beaucoup plus ridicule de dire le ciel et la terre que de dire les montagnes et un grain de sable. Notre globe est infiniment moins qu’un grain de sable en comparaison de ces millions de milliards d’univers devant lesquels nous disparaissons. Tout ce que nous pouvons faire, c’est de joindre ici notre faible voix à celle des êtres innombrables qui rendent hommage à Dieu dans l’abîme de l’étendue.

KOU.

On nous a donc bien trompés quand on nous a dit que Fo était descendu chez nous du quatrième ciel, et avait paru en éléphant blanc.

CU-SU.

Ce sont des contes que les bonzes font aux enfants et aux vieilles: nous ne devons adorer que l’auteur éternel de tous les êtres.

KOU.

Mais comment un être a-t-il pu faire les autres?

CU-SU.

Regardez cette étoile; elle est à quinze cent mille millions de lis de notre petit globe; il en part des rayons qui vont faire sur vos yeux deux angles égaux au sommet; ils font les mêmes angles sur les yeux de tous les animaux: ne voilà-t-il pas un dessein marqué? ne voilà-t-il pas une loi admirable? Or qui fait un ouvrage, sinon un ouvrier? qui fait des lois, sinon un législateur? Il y a donc un ouvrier, un législateur éternel.

KOU.

Mais qui a fait cet ouvrier? et comment est-il fait?

CU-SU.

Mon prince, je me promenais hier auprès du vaste palais qu’a bâti le roi votre père. J’entendis deux grillons, dont l’un disait à l’autre: « Voilà un terrible édifice. — Oui, dit l’autre tout glorieux que je suis, j’avoue que c’est quelqu’un de plus puissant que les grillons qui a fait ce prodige; mais je n’ai point d’idée de cet être-là; je vois qu’il est, mais je ne sais ce qu’il est. »

KOU.

Je vous dis que vous êtes un grillon plus instruit que moi; et ce qui me plaît en vous, c’est que vous ne prétendez pas savoir ce que vous ignorez.

DEUXIÈME ENTRETIEN.

CU-SU.

Vous convenez donc qu’il y a un être tout-puissant, existant par lui-même, suprême artisan de toute la nature?

KOU.

Oui; mais sil existe par lui-même, rien ne peut donc le borner, et il est donc partout; il existe donc dans toute la matière, dans toutes les parties de moi-même?

CU-SU.

Pourquoi non?

KOU.

Je serais donc moi-même une partie de la Divinité?

CU-SU.

Ce n’est peut-être pas une conséquence. Ce morceau de verre est pénétré de toutes parts de la lumière; est-il lumière cependant lui-même? ce n’est que du sable, et rien de plus. Tout est en Dieu, sans doute; ce qui anime tout doit être partout. Dieu n’est pas comme l’empereur de la Chine, qui habite son palais, et qui envoie ses ordres par des colaos. Dès là qu’il existe, il est nécessaire que sou existence remplisse tout l’espace et tous ses ouvrages; et puisqu’il est dans vous, c’est un avertissement continuel de ne rien faire dont vous puissiez rougir devant lui.

KOU.

Que faut-il faire pour oser ainsi se regarder soi-même sans répugnance et sans honte devant l’Être suprême?

CU-SU.

Être juste.

KOU.

Et quoi encore?

CU-SU.

Être juste.

KOU.

Mais la secte de Laokium dit qu’il n’y a ni juste ni injuste, ni vice ni vertu.

CU-SU.

La secte de Laokium dit-elle qu’il n y a ni santé ni maladie?

KOU.

Non, elle ne dit point une si grande erreur.

CU-SU.

L’erreur de penser qu’il n’y a ni santé de l’âme ni maladie de l’âme, ni vertu ni vice, est aussi grande et plus funeste. Ceux qui ont dit que tout est égal sont des monstres: est-il égal de nourrir son fils ou de l’écraser sur la pierre, de secourir sa mère ou de lui plonger un poignard dans le coeur?

KOU.

Vous me faites frémir; je déteste la secte de Laokium; mais il y a tant de nuances du juste et de l’injuste! on est souvent bien incertain. Quel homme sait précisément ce qui est permis ou ce qui est défendu? Qui pourra poser sûrement les bornes qui séparent le bien et le mal? quelle règle me donnerez-vous pour les discerner?

CU-SU.

Celle de Confutzée, mon maître: « Vis comme en mourant tu voudrais avoir vécu; traite ton prochain comme tu veux qu’il te traite. »

KOU.

Ces maximes, je l’avoue, doivent être le code du genre humain; mais que m’importera en mourant d’avoir bien vécu? qu’y gagnerai-je? Cette horloge, quand elle sera détruite, sera-t-elle heureuse d’avoir bien sonné les heures?

CU-SU.

Cette horloge ne sent point, ne pense point; elle ne peut avoir des remords, et vous en avez quand vous vous sentez coupable.

KOU.

Mais si, après avoir commis plusieurs crimes, je parviens à n’avoir plus de remords?

CU-SU.

Alors il faudra vous étouffer; et soyez sûr que parmi les hommes qui n’aiment pas qu’on les opprime il s’en trouvera qui vous mettront hors d’état de faire de nouveaux crimes.

KOU.

Ainsi Dieu, qui est en eux, leur permettra d’être méchants après m’avoir permis de l’être?

CU-SU.

Dieu vous a donné raison: n’en abusez, ni vous, ni eux. Non seulement vous serez malheureux dans cette vie, mais qui vous a dit que vous ne le seriez pas dans une autre?

KOU.

Et qui vous a dit qu’il y a une autre vie?

CU-SU.

Dans le doute seul, vous devez vous conduire comme s’il y en avait une.

KOU.

Mais si je suis sûr qu’il n’y en a point?

CU-SU.

Je vous en défie.

TROISIÈME ENTRETIEN.

KOU.

Vous me poussez, Cu-su. Pour que je puisse être récompensé ou puni quand je ne serai plus, il faut qu’il subsiste dans moi quelque chose qui sente et qui pense après moi. Or comme avant ma naissance rien de moi n’avait ni sentiment ni pensée, pourquoi y en aurait-il après ma mort? que pourrait être cette partie incompréhensible de moi-même? Le bourdonnement de cette abeille restera-t-il quand l’abeille ne sera plus? La végétation de cette plante subsiste-t-elle quand la plante est déracinée? La végétation n’est-elle pas un mot dont on se sert pour signifier la manière inexplicable dont l’Être suprême a voulu que la plante tirât les sucs de la terre? L’âme est de même un mot inventé pour exprimer faiblement et obscurément les ressorts de notre vie. Tous les animaux se meuvent; et cette puissance de se mouvoir, on l’appelle force active; mais il n’y a pas un être distinct qui soit cette force. Nous avons des passions; cette mémoire, cette raison, ne sont pas, sans doute, des choses à part; ce ne sont pas des êtres existants dans nous; ce ne sont pas de petites personnes qui aient une existence particulière; ce sont des mots génériques, inventés pour fixer nos idées. L’âme, qui signifie notre mémoire, notre raison, nos passions, n’est donc elle-même qu’un mot. Qui fait le mouvement dans la nature? c’est Dieu. Qui fait végéter tontes les plantes? c’est Dieu. Qui fait le mouvement dans les animaux? c’est Dieu. Qui fait la pensée de l’homme? c’est Dieu.

Si l’âme(22) humaine était une petite personne renfermée dans notre corps, qui en dirigeât les mouvements et les idées, cela ne marquerait-il pas dans l’éternel artisan du monde une impuissance et un artifice indigne de lui? il n’aurait donc pas été capable de faire des automates qui eussent dans eux-mêmes le don du mouvement et de la pensée? Vous m’avez appris le grec, vous m’avez fait lire Homère; je trouve Vulcain un divin forgeron, quand il fait des trépieds d’or qui vont tout seuls au conseil des dieux; mais ce Vulcain me paraîtrait un misérable charlatan s’il avait caché dans le corps de ces trépieds quelqu’un de ses garçons qui les fit mouvoir sans qu’on s’en aperçût.

Il y a de froids rêveurs qui ont pris pour une belle imagination l’idée de faire rouler des planètes par des génies qui les poussent sans cesse; mais Dieu n’a pas été réduit â cette pitoyable ressource: en un mot, pourquoi mettre deux ressorts à un ouvrage lorsqu’un seul suffit? Vous n’oserez pas nier que Dieu ait le pouvoir d’animer l’être peu connu que nous appelons matière; pourquoi donc se servirait-il d’un autre agent pour l’animer?

Il y a bien plus ce serait cette âme que vous donnez si libéralement à notre corps? d’où viendrait-elle? quand viendrait-elle? faudrait-il que le Créateur de l’univers fût continuellement à l’affût de l’accouplement des hommes et des femmes, qu’il remarquât attentivement le moment où un germe sort du corps d’un homme et entre dans le corps d’une femme, et qu’alors il envolât vite une âme dans ce germe? et si ce germe meurt, que deviendra cette âme? elle aura donc été créée inutilement, ou elle attendra une autre occasion.

Voilà, je vous l’avoue, une étrange occupation pour le maître du monde; et non seulement il faut qu’il prenne garde continuellement à la copulation de l’espèce humaine, mais il faut qu’il en fasse autant avec tous les animaux car ils ont tous comme nous de la mémoire, des idées, des passions; et si une âme est nécessaire pour former ces sentiments, cette mémoire, ces idées, ces passions, il faut que Dieu travaille perpétuellement à forger des âmes pour les éléphants, et pour les porcs, pour les hiboux, pour les poissons et pour les bonzes?

Quelle idée me donnerez-vous de l’architecte de tant de millions de mondes, qui serait obligé de faire continuellement des chevilles invisibles pour perpétuer son ouvrage?

Voilà une très petite partie des raisons qui peuvent me faire douter de l’existence de l’âme.

CU-SU.

Vous raisonnez de bonne foi; et ce sentiment vertueux, quand même il serait erroné, serait agréable à l’Être suprême. Vous pouvez vous tromper, mais vous ne cherchez pas à vous tromper, et dès lors vous êtes excusable. Mais songez que vous ne m’avez proposé que des doutes, et que ces doutes sont tristes. Admettez des vraisemblances plus consolantes: il est dur d’être anéanti; espérez de vivre. Vous savez qu’une pensée n’est point matière, vous savez qu’elle n’a nul rapport avec la matière; pourquoi donc vous serait-il si difficile de croire que Dieu a mis dans vous un principe divin qui, ne pouvant être dissous, ne peut être sujet à la mort? Oseriez-vous dire qu’il est impossible que vous ayez une âme? non, sans doute: et si cela est possible, n’est-il pas très vraisemblable que vous en avez une? pourriez-vous rejeter un système si beau et si nécessaire au genre humain? et quelques difficultés vous rebuteront-elles?

KOU.

Je voudrais embrasser ce système, mais je voudrais qu’il me fût prouvé. Je ne suis pas Je maître de croire quand je n’ai pas d’évidence. Je suis toujours frappé de cette grande idée que Dieu a tout fait, qu’il est partout, qu’il pénètre tout, qu’il donne le mouvement et la vie à tout; et s’il est dans toutes les parties de mon être, comme il est dans toutes les parties de la nature, je ne vois pas quel besoin j’ai d’une âme. Qu’ai-je à faire de ce petit être subalterne, quand je suis animé par Dieu même? à quoi me servirait cette âme? Ce n’est pas nous qui nous donnons nos idées, car nous les avons presque toujours malgré nous; nous en avons quand nous sommes endormis; tout se fait en nous sans que nous nous on mêlions. L’âme aurait beau dire au sang et aux esprits animaux: Courez, je vous prie, de cette façon pour me faire plaisir; ils circuleront toujours de la manière que Dieu leur a prescrite. J’aime mieux être la machine d’un Dieu qui m’est démontré que d’être la machine d’une âme dont je doute.

CU-SU.

Eh bien! si Dieu même vous anime, ne souillez jamais par des crimes ce Dieu qui est en vous; et s’il vous a donné une âme, que cette âme ne l’offense jamais. Dans l’un et dans l’autre système vous avez une volonté; vous êtes libre; c’est-à-dire vous avez le pouvoir de faire ce que vous voulez: servez-vous de ce pouvoir pour servir ce Dieu qui vous l’a donné. Il est bon que vous soyez philosophe, mais il est nécessaire que vous soyez juste. Vous le serez encore plus quand vous croirez avoir une âme immortelle.

Daignez me répondre n’est-il pas vrai que Dieu est la souveraine justice?

KOU.

Sans doute; et s’il était possible qu’il cessât de l’être (ce qui est un blasphème), je voudrais, moi, agir avec équité.

CU-SU.

N’est-il pas vrai que votre devoir sera de récompenser les actions vertueuses, et de punir les criminelles quand vous serez sur le trône? Voudriez-vous que Dieu ne fît pas ce que vous-même vous êtes tenu de faire? Vous savez qu’il est et qu’il sera toujours dans cette vie des vertus malheureuses et des crimes impunis; il est donc nécessaire que le bien et le mal trouvent leur jugement dans une autre vie. C’est cette idée si simple, si naturelle, si générale, qui a établi chez tant de nations la croyance de l’immortalité de nos âmes, et de la justice divine qui les juge quand elles ont abandonné leur dépouille mortelle. Y-a-t-il un système plus raisonnable, plus convenable à la Divinité, et plus utile au genre humain?

KOU.

Pourquoi donc plusieurs nations n’ont-elles point embrassé ce système? Vous savez que nous avons dans notre province environ deux cents familles d’anciens Sinous(23), qui ont autrefois habité une partie de l’Arabie Pétrée; ni elles ni leurs ancêtres n’ont jamais cru l’âme immortelle; ils ont leurs cinq Livres(24), comme nous avons nos cinq Kings; j’en ai lu la traduction: leurs lois, nécessairement semblables à celles de tous les autres peuples, leur ordonnent de respecter leurs pères, de ne point voler, de ne point mentir, de n’être ni adultères ni homicides; mais ces mêmes lois ne leur parlent ni de récompenses ni de châtiments dans une autre vie.

CU-SU.

Si cette idée n’est pas encore développée chez ce pauvre peuple, elle le sera sans doute un jour. Mais que nous importe une malheureuse petite nation, tandis que les babyloniens, les Égyptiens, les Indiens, et toutes les nations policées ont reçu ce dogme salutaire? si vous étiez malade, rejetteriez-vous un remède approuvé par tous les Chinois, sous prétexte que quelques barbares des montagnes n’auraient pas voulu s’en servir? Dieu vous a donné la raison, elle vous dit que l’âme doit être immortelle: c’est donc Dieu qui vous le dit lui-même.

KOU.

Mais comment pourrai-je être récompensé ou puni, quand je ne serai plus moi-même, quand je n’aurai plus rien de ce qui aura constitué ma personne? Ce n’est que par ma mémoire que je suis toujours moi: je perds ma mémoire dans ma dernière maladie; il faudra donc après ma mort un miracle pour me la rendre, pour me faire rentrer dans mon existence que j’aurai perdue?

CU-SU.

C’est-à-dire que si un prince avait égorgé sa famille pour régner, s’il avait tyrannisé ses sujets, il en serait quitte pour dire à Dieu: Ce n’est pas moi, j’ai perdu la mémoire, vous vous méprenez, je ne suis plus la même personne. Pensez-vous que Dieu fût bien content de ce sophisme?

KOU.

Eh bien, soit, je me rends(25); je voulais faire le bien pour moi-même, je le ferai aussi pour plaire à l’Être suprême; je pensais qu’il suffisait que mon âme fût juste dans cette vie, j’espérerai qu’elle sera heureuse dans une autre. Je vois que cette opinion est bonne pour les peuples et pour les princes, mais le culte de Dieu m’embarrasse.

QUATRIÈME ENTRETIEN.

CU-SU.

Que trouvez-vous de choquant dans notre Chu-king, ce premier livre canonique, si respecté de tous les empereurs chinois? Vous labourez un champ de vos mains royales pour donner l’exemple au peuple, et vous en offrez les prémices au Chang-ti, au Tien, à l’Être suprême; vous lui sacrifiez quatre fois l’année; vous êtes roi et pontifie; vous promettez à Dieu de faire tout le bien qui sera en votre pouvoir: y a-t-il là quelque chose qui répugne?

KOU.

Je suis bien loin d’y trouver à redire; je sais que Dieu n’a nul besoin de nos sacrifices ni de nos prières; mais nous avons besoin de lui en faire; son culte n’est pas établi pour lui, mais pour nous. J’aime fort à faire des prières, je veux surtout qu’elles ne soient point ridicules: car, quand j’aurai bien crié que « la montagne de Chang-ti est une montagne grasse(26), et qu’il ne faut point regarder les montagnes grasses »; quand j’aurai fait enfuir le soleil et sécher la lune, ce galimatias sera-t-il agréable à l’Être suprême, utile à mes sujets et à moi-même?

Je ne puis surtout souffrir la démence des sectes qui nous environnent: d’un côté je vois Laotzée, que sa mère conçut par l’union du ciel et de la terre, et dont elle fut grosse quatre-vingts ans. Je n’ai pas plus de foi à sa doctrine de l’anéantissement et du dépouillement universel qu’aux cheveux blancs avec lesquels il naquit, et à la vache noire sur laquelle il monta pour aller prêcher sa doctrine.

Le dieu Fo ne m’en impose pas davantage, quoiqu’il ait eu pour père un éléphant blanc, et qu’il promette une vie immortelle.

Ce qui me déplaît surtout, c’est que de telles rêveries soient continuellement prêchées par les bonzes qui séduisent le peuple pour le gouverner; ils se rendent respectables par des mortifications qui effrayent la nature. Les uns se privent toute leur vie des aliments les plus salutaires, comme si on ne pouvait plaire à Dieu que par un mauvais régime; les autres se mettent au cou un carcan, dont quelquefois ils se rendent très dignes; ils s’enfoncent des clous dans les cuisses, comme si leurs cuisses étaient des planches; le peuple les suit en foule. Si un roi donne quelque édit qui leur déplaise, ils vous disent froidement que cet édit ne se trouve pas dans le commentaire du dieu Fo, et qu’il vaut mieux obéir à Dieu qu’aux hommes. Comment remédier à une maladie populaire si extravagante et si dangereuse? Vous savez que la tolérance est le principe du gouvernement de la Chine, et de tous ceux de l’Asie; mais cette indulgence n’est-elle pas bien funeste, quand elle expose un empire à être bouleversé pour des opinions fanatiques?

CU-SU.

Que le Chang-ti me préserve de vouloir éteindre en vous cet esprit de tolérance, cette vertu si respectable, qui est aux âmes ce que la permission de manger est au corps! La loi naturelle permet à chacun de croire ce qu’il veut, comme de se nourrir de ce qu’il veut. Un médecin n’a pas le droit de tuer ses malades parce qu’ils n’auront pas observé la diète qu’il leur a prescrite. Un prince n’a pas le droit de faire pendre ceux de ses sujets qui n’auront pas pensé comme lui; mais il a le droit d’empêcher les troubles, et, s’il est sage, il lui sera très aisé de déraciner les superstitions. Vous savez ce qui arriva à Daon, sixième roi de Chaldée, il y a quelque quatre mille ans?

KOU.

Non, je n’en sais rien; vous me feriez plaisir de me l’apprendre.

CU-SU.

Les prêtres chaldéens s’étaient avisés d’adorer les brochets de l’Euphrate; ils prétendaient qu’un fameux brochet nommé Oannès(27) leur avait autrefois appris la théologie, que ce brochet était immortel, qu’il avait trois pieds de long et un petit croissant sur la queue. C’était par respect pour cet Oannès qu’il était défendu de manger du brochet. Il s’éleva une grande dispute entre les théologiens pour savoir si le brochet Oannès était laité ou oeuvé. Les deux parties s’excommunièrent réciproquement, et on en vint plusieurs fois aux mains. Voici comme le roi Daon s’y prit pour faire cesser ce désordre.

il commanda un jeûne rigoureux de trois jours aux deux partis, après quoi il fit venir les partisans du brochet aux oeufs, qui assistèrent à son dîner: il se fit apporter un brochet de trois pieds, auquel on avait mis un petit croissant sur la queue. « Est-ce là votre dieu? dit-il aux docteurs. — Oui, sire, lui répondirent-ils, car il a un croissant sur la queue. » Le roi commanda qu’on ouvrît le brochet, qui avait la plus belle laite du monde. « Vous voyez bien, dit-il, que ce n’est pas là votre dieu, puisqu’il est laité. » Et le brochet fut mangé par le roi et ses satrapes, au grand contentement des théologiens des oeufs, qui voyaient qu’on avait frit le dieu de leurs adversaires.

Ou envoya chercher aussitôt les docteurs du parti contraire: on leur montra un dieu de trois pieds qui avait des oeufs et un croissant sur la queue; ils assurèrent que c’était là le dieu Oannès, et qu’il était laité: il fut frit comme l’autre, et reconnu oeuvé. Alors les deux partis étant également sots, et n’ayant pas déjeuné, le bon roi Daon leur dit qu’il n’avait que des brochets à leur donner pour leur dîner; ils en mangèrent goulûment, soit oeuvés, soit laités. La guerre civile finit, chacun bénit le bon roi Daon, et les citoyens, depuis ce temps, firent servir à leur dîner tant de brochets qu’ils voulurent.

KOU.

J’aime fort le roi Daon, et je promets bien de l’imiter à la première occasion qui s’offrira. J’empêcherai toujours, autant que je le pourrai (sans faire violence à personne), qu’on adore des Fo et des brochets.

Je sais que dans le Pégu et dans le Tunquin il y a de petits dieux et de petits talapoins qui font descendre la lune dans le décours, et qui prédisent clairement l’avenir, c’est-à-dire qui voient clairement ce qui n’est pas, car l’avenir n’est point. J’empêcherai, autant que je le pourrai, que les talapoins ne viennent chez moi prendre le futur pour le présent, et faire descendre la lune.

Quelle pitié qu’il y ait des sectes qui aillent de ville en ville débiter leurs rêveries, comme des charlatans qui vendent leurs drogues? quelle honte pour l’esprit humain que de petites nations pensent que la vérité n’est que pour elles, et que le vaste empire de la Chine est livré à l’erreur! L’Être éternel ne serait-il que le Dieu de l’île Formose ou de l’île Bornéo? abandonnerait-il le reste de l’univers? Mon cher Cu-su, il est le père de tous les hommes; il permet à tous de manger du brochet; le plus digne hommage qu’on puisse lui rendre est d’être vertueux: un coeur pur est le plus beau de tous ses temples, comme disait le grand empereur Hiao.

CINQUIÈME ENTRETIEN.

CU-SU.

Puisque vous aimez la vertu, comment la pratiquerez-vous quand vous serez roi?

KOU.

En n’étant injuste ni envers mes voisins, ni envers mes peuples.

CU-SU.

Ce n’est pas assez de ne point faire de mal, vous ferez du bien; vous nourrirez les pauvres en les occupant à des travaux utiles, et non pas en dotant la fainéantise; vous embellirez les grands chemins; vous creuserez des canaux; vous élèverez des édifices publics; vous encouragerez tous les arts, vous récompenserez le mérite en tout genre; vous pardonnerez les fautes involontaires.

KOU.

C’est ce que j’appelle n’être point injuste; ce sont là autant de devoirs.

CU-SU.

Vous pensez en véritable roi: mais il y a le roi et l’homme, la vie publique et la vie privée. Vous allez bientôt vous marier: combien comptez-vous avoir de femmes?

KOU.

Mais je crois qu’une douzaine me suffira; un plus grand nombre pourrait me dérober un temps destiné aux affaires. Je n’aime point ces rois qui ont des sept cents femmes(28), et des trois cents concubines, et des milliers d’eunuques pour les servir. Cette manie des eunuques me paraît surtout un trop grand outrage à la nature humaine. Je pardonne tout au plus qu’on chaponne des coqs, ils en sont meilleurs à manger; mais on n’a point encore fait mettre d’eunuques à la broche. A quoi sert leur mutilation? Le dalaï-lama en a cinquante pour chanter dans sa pagode. Je voudrais bien savoir sile Chang-ti se plaît beaucoup à entendre les voix claires de ces cinquante hongres.

Je trouve encore très ridicule qu’il y ait des bonzes qui ne se marient point; ils se vantent d’être plus sages que les autres Chinois: eh bien! qu’ils fassent donc des enfants sages. Voilà une plaisante manière d’honorer le Chang-ti que de le priver d’adorateurs! Voilà une singulière façon de servir le genre humain, que de donner l’exemple d’anéantir le genre humain. Le bon petit lama(29) nommé Stelca ed isant Errepi voulait dire que « tout prêtre devait faire le plus d’enfants qu’il pourrait »; il prêchait d’exemple, et a été fort utile en son temps. Pour moi, je marierai tous les lamas et bonzes, lamesses et bonzesses qui auront de la vocation pour ce saint oeuvre: ils en seront certainement meilleurs citoyens, et je croirai faire en cela un grand bien au royaume de Low.

CU-SU.

Oh! le bon prince que nous aurons là! Vous me faites pleurer de joie. Vous ne vous contenterez pas d’avoir des femmes et des sujets: car enfin on ne peut pas passer sa journée à faire des édits et des enfants: vous aurez sans doute des amis?

KOU.

J’en ai déjà, et de bons, qui m’avertissent de mes défauts; je me donne la liberté de reprendre les leurs; ils me consolent, je les console: l’amitié est le baume de la vie, il vaut mieux que celui du chimiste Éreville(30), et même que les sachets du grand Lanourt(31). Je suis étonné qu’on n’ait pas fait de l’amitié un précepte de religion: j’ai envie de l’insérer dans notre rituel.

CU-SU.

Gardez-vous-en bien, l’amitié est assez sacrée d’elle-même: ne la commandez jamais; il faut que le coeur soit libre et puis, si vous faisiez de l’amitié un précepte, un mystère, un rite, une cérémonie, il y aurait mille bonzes qui, en prêchant et en écrivant leurs rêveries, rendraient l’amitié ridicule; il ne faut pas l’exposer à cette profanation.

Mais comment en userez-vous avec vos ennemis? Confutzèe recommande en vingt endroits de les aimer: cela ne vous paraît-il pas un peu difficile?

KOU.

Aimer ses ennemis! oh, mon Dieu! rien n’est si commun.

CU-SU.

Comment l’entendez-vous?

KOU.

Mais comme il faut, je crois, l’entendre. J’ai fait l’apprentissage de la guerre sous le prince de Décon contre le prince de Vis-Brunck(32): dès qu’un de nos ennemis était blessé et tombait entre nos mains, nous avions soin de lui comme s’il eût été notre frère; nous avons souvent donné notre propre lit à nos ennemis blessés et prisonniers, et nous avons couché auprès d’eux sur des peaux de tigres étendues à terre; nous les avons servis nous-mêmes: que voulez-vous de plus? que nous les aimions comme on aime sa maîtresse?

CU-SU.

Je suis très édifié de tout ce que vous me dites, et je voudrais que toutes les nations vous entendissent: car on m’assure qu’il y a des peuples assez impertinents pour oser dire que nous ne connaissons pas la vraie vertu, que nos bonnes actions ne sont que des pêchés splendides(33), que nous avons besoin des leçons de leurs talapoins pour nous faire de bons principes. Hélas les malheureux! ce n’est que d’hier qu’ils savent lire et écrire, et ils prétendent enseigner leurs maîtres

SIXIÈME ENTRETIEN.

CU-SU.

Je ne vous répéterai pas tous les lieux communs qu’on débite parmi nous depuis cinq ou six mille ans sur toutes les vertus. Il y en a qui ne sont que pour nous-mêmes, comme la prudence pour conduire nos âmes, la tempérance pour gouverner nos corps: ce sont des préceptes de politique et de santé. Les véritables vertus sont celles qui sont utiles à la société, comme la fidélité, la magnanimité, la bienfaisance, la tolérance, etc. Grâce au ciel, il n’y a point de vieille qui n’enseigne parmi nous toutes ces vertus à ses petits-enfants: c’est le rudiment de notre jeunesse, au village comme à la ville; mais il y a une grande vertu qui commence à être de peu d’usage, et j’en suis fâché.

KOU.

Quelle est-elle? nommez-la vite; je tâcherai de la ranimer.

CU-SU.

C’est l’hospitalité; cette vertu si sociale, ce lien sacré des hommes commence à se relâcher depuis que nous avons des cabarets. Cette pernicieuse institution nous est venue, à ce qu’on dit, de certains sauvages d’Occident. Ces misérables apparemment n’ont point de maison pour accueillir les voyageurs. Quel plaisir de recevoir dans la grande ville de Low, dans la belle place de Honchan, dans la maison Ki, un généreux étranger qui arrive de Samarcande, pour qui je deviens dès ce moment un homme sacré, et qui est obligé par toutes les lois divines et humaines de me recevoir chez lui quand je voyagerai en Tartarie, et d’être mon ami intime!

Les sauvages dont je vous parle ne reçoivent les étrangers que pour de l’argent dans des cabanes dégoûtantes; ils vendent cher cet accueil infâme; et avec cela, j’entends dire que ces pauvres gens se croient au-dessus de nous, qu’ils se vantent d’avoir une morale plus pure. Ils prétendent que leurs prédicateurs prêchent mieux que Confutzée; qu’enfin c’est à eux de nous enseigner la justice, parce qu’ils vendent de mauvais vin sur les grands chemins, que leurs femmes vont comme des folles dans les rues, et qu’elles dansent pendant que les nôtres cultivent des vers à soie.

KOU.

Je trouve l’hospitalité fort bonne je l’exerce avec plaisir, mais je crains l’abus. Il y a des gens vers le Grand-Thibet qui sont fort mat logés, qui aiment à courir, et qui voyageraient pour rien d’un bout du monde à l’autre; et quand vous irez au Grand-Thibet jouir chez eux du droit de l’hospitalité, vous ne trouverez ni lit ni pot-au-feu; cela peut dégoûter de la politesse.

CU-SU.

L’inconvénient est petit; il est aisé d’y remédier en ne recevant que des personnes bien recommandées. Il n’y a point de vertu qui n’ait ses dangers et c’est parce qu’elles en ont qu’il est beau de les embrasser.

Que notre Confutzée est sage et saint! il n’est aucune vertu qu’il n’inspire; le bonheur des hommes est attaché a chacune de ses sentences; en voici une qui me revient dans la mémoire, c’est la cinquante-troisième:

« Reconnais les bienfaits par des bienfaits, et ne te venge jamais des injures. »

Quelle maxime, quelle loi les peuples de l’Occident pourraient-ils opposer à une morale si pure? En combien d’endroits Confutzée recommande-t-il l’humilité! Si on pratiquait cette vertu, il n’y aurait jamais de querelles sur la terre.

KOU.

J’ai lu tout ce que Confutzée et les sages des siècles antérieurs ont écrit sur l’humilité; mais il me semble qu’ils n’en ont jamais donné une définition assez exacte: il y a peu d’humilité peut-être à oser les reprendre; mais j’ai au moins l’humilité d’avouer que je ne les ai pas entendus. Dites-moi ce que vous en pensez.

CU-SU.

J’obéirai humblement. Je crois que l’humilité est la modestie de l’âme: car la modestie extérieure n’est que la civilité. L’humilité ne peut pas consister à se nier soi-même la supériorité qu’on peut avoir acquise sur un autre. Un bon médecin ne peut se dissimuler qu’il en sait davantage que son malade en délire; celui qui enseigne l’astronomie doit s’avouer qu’il est plus savant que ses disciples; il ne peut s’empêcher de le croire, mais il ne doit pas s’en faire accroire. L’humilité n’est pas l’abjection; elle est le correctif de l’amour-propre, comme la modestie est le correctif de l’orgueil.

KOU.

Eh bien! c’est dans l’exercice de toutes ces vertus et dans le culte d’un Dieu simple et universel que je veux vivre, loin des chimères des sophistes et des illusions des faux prophètes. L’amour du prochain sera ma vertu sur le trône, et l’amour de Dieu ma religion. Je mépriserai le dieu Fo, et Laotzée, et Vitsnou, qui s’est incarné tant de fois chez les Indiens, et Sammonocodom, qui descendit du ciel pour venir jouer au cerf-volant chez les Siamois, et les Camis qui arrivèrent de la lune au Japon.

Malheur à un peuple assez imbécile et assez barbare pour penser qu’il y a un Dieu pour sa seule province! c’est un blasphème. Quoi! la lumière du soleil éclaire tous les yeux, et la lumière de Dieu n’éclairerait qu’une petite et chétive nation dans un coin de ce globe! quelle horreur, et quelle sottise! La Divinité parle au coeur de tous les hommes, et les liens de la charité doivent les unir d’un bout de l’univers à l’autre.

CU-SU.

O sage Kou! vous avez parlé comme un homme inspiré par le Chang-ti même; vous serez un digne prince. J’ai été votre docteur, et vous êtes devenu le mien.
3 1764
Voltaire. Catéchisme chinois [ID D19776].
PREMIER ENTRETIEN.
KOU.
Que dois-je entendre quand on me dit d'adorer le ciel (Chang-ti)?
CU-SU.
Ce n'est pas le ciel matériel que nous voyons; car ce ciel n'est autre chose que l'air, et cet air est composé de toutes les exhalaisons de la terre: ce serait une folie bien absurde d'adorer des vapeurs.
KOU.
Je n'en serais pourtant pas surpris. Il me semble que les hommes ont fait des folies encore plus grandes.
CU-SU.
Il est vrai; mais vous êtes destiné à gouverner; vous devez être sage.
KOU.
Il y a tant de peuples qui adorent le ciel et les planètes?
CU-SU.
Les planètes ne sont que des terres comme la nôtre. La lune, par exemple, ferait aussi bien d’adorer notre sable et notre boue, que nous de nous mettre à genoux devant le sable et la boue de la lune.
KOU.
Que prétend-on quand on dit: le ciel et la terre, monter au ciel, être digne du ciel?
CU-SU.
On dit une énorme sottise, il n'y a point de ciel; chaque planète est entourée de son atmosphère, comme d'une coque, et roule dans l'espace autour de son soleil. Chaque soleil est le centre de plusieurs planètes qui voyagent continuellement autour de lui: il n'y a ni haut, ni bas, ni montée, ni descente. Vous sentez que si les habitants de la lune disaient qu'on monte à la terre, qu'il faut se rendre digne de la terre, ils diraient une extravagance. Nous prononçons de même un mot qui n'a pas de sens, quand nous disons qu'il faut se rendre digne du ciel; c'est comme si nous disions: Il faut se rendre digne de l'air, digne de la constellation du dragon, digne de l'espace.
KOU.
Je crois vous comprendre; il ne faut adorer que le Dieu qui a fait le ciel et la terre.
CU-SU.
Sans doute; il faut n'adorer que Dieu. Mais quand nous disons qu'il a fait le ciel et la terre, nous disons pieusement une grande pauvreté. Car, si nous entendons par le ciel l'espace prodigieux dans lequel Dieu alluma tant de soleils, et fit tourner tant de mondes, il est beaucoup plus ridicule de dire le ciel et la terre que de dire les montagnes et un grain de sable. Notre globe est infiniment moins qu'un grain de sable en comparaison de ces millions de milliards d'univers devant lesquels nous disparaissons. Tout ce que nous pouvons faire, c'est de joindre ici notre faible voix à celle des êtres innombrables qui rendent hommage à Dieu dans l'abîme de l'étendue.
KOU.
On nous a donc bien trompés quand on nous a dit que Fo était descendu chez nous du quatrième ciel, et avait paru en éléphant blanc.
CU-SU.
Ce sont des contes que les bonzes font aux enfants et aux vieilles: nous ne devons adorer que l’auteur éternel de tous les êtres.
KOU.
Mais comment un être a-t-il pu faire les autres?
CU-SU.
Regardez cette étoile; elle est à quinze cent mille millions de lis de notre petit globe; il en part des rayons qui vont faire sur vos yeux deux angles égaux au sommet; ils font les mêmes angles sur les yeux de tous les animaux: ne voilà-t-il pas un dessein marqué? ne voilà-t-il pas une loi admirable? Or qui fait un ouvrage, sinon un ouvrier? qui fait des lois, sinon un législateur? Il y a donc un ouvrier, un législateur éternel.
KOU.
Mais qui a fait cet ouvrier? et comment est-il fait?
CU-SU.
Mon prince, je me promenais hier auprès du vaste palais qu’a bâti le roi votre père. J'entendis deux grillons, dont l'un disait à l’autre: «'Voilà un terrible édifice. — Oui, dit l'autre tout glorieux que je suis, j'avoue que c'est quelqu'un de plus puissant que les grillons qui a fait ce prodige; mais je n’ai point d'idée de cet être-là; je vois qu'il est, mais je ne sais ce qu'il est.»
KOU.
Je vous dis que vous êtes un grillon plus instruit que moi; et ce qui me plaît en vous, c'est que vous ne prétendez pas savoir ce que vous ignorez.
DEUXIÈME ENTRETIEN.
CU-SU.
Vous convenez donc qu'il y a un être tout-puissant, existant par lui-même, suprême artisan de toute la nature?
KOU.
Oui; mais sil existe par lui-même, rien ne peut donc le borner, et il est donc partout; il existe donc dans toute la matière, dans toutes les parties de moi-même?
CU-SU.
Pourquoi non?
KOU.
Je serais donc moi-même une partie de la Divinité?
CU-SU.
Ce n'est peut-être pas une conséquence. Ce morceau de verre est pénétré de toutes parts de la lumière; est-il lumière cependant lui-même? ce n’est que du sable, et rien de plus. Tout est en Dieu, sans doute; ce qui anime tout doit être partout. Dieu n’est pas comme l'empereur de la Chine, qui habite son palais, et qui envoie ses ordres par des colaos. Dès là qu'il existe, il est nécessaire que sou existence remplisse tout l'espace et tous ses ouvrages; et puisqu'il est dans vous, c'est un avertissement continuel de ne rien faire dont vous puissiez rougir devant lui.
KOU.
Que faut-il faire pour oser ainsi se regarder soi-même sans répugnance et sans honte devant l'Être suprême?
CU-SU.
Être juste.
KOU.
Et quoi encore?
CU-SU.
Être juste.
KOU.
Mais la secte de Laokium dit qu'il n'y a ni juste ni injuste, ni vice ni vertu.
CU-SU.
La secte de Laokium dit-elle qu'il n y a ni santé ni maladie?
KOU.
Non, elle ne dit point une si grande erreur.
CU-SU.
L'erreur de penser qu'il n'y a ni santé de l'âme ni maladie de l'âme, ni vertu ni vice, est aussi grande et plus funeste. Ceux qui ont dit que tout est égal sont des monstres: est-il égal de nourrir son fils ou de l'écraser sur la pierre, de secourir sa mère ou de lui plonger un poignard dans le coeur?
KOU.
Vous me faites frémir; je déteste la secte de Laokium; mais il y a tant de nuances du juste et de l'injuste! on est souvent bien incertain. Quel homme sait précisément ce qui est permis ou ce qui est défendu? Qui pourra poser sûrement les bornes qui séparent le bien et le mal? quelle règle me donnerez-vous pour les discerner?
CU-SU.
Celle de Confutzée, mon maître: «Vis comme en mourant tu voudrais avoir vécu; traite ton prochain comme tu veux qu'il te traite.»
KOU.
Ces maximes, je l'avoue, doivent être le code du genre humain; mais que m'importera en mourant d'avoir bien vécu? qu'y gagnerai-je? Cette horloge, quand elle sera détruite, sera-t-elle heureuse d'avoir bien sonné les heures?
CU-SU.
Cette horloge ne sent point, ne pense point; elle ne peut avoir des remords, et vous en avez quand vous vous sentez coupable.
KOU.
Mais si, après avoir commis plusieurs crimes, je parviens à n'avoir plus de remords?
CU-SU.
Alors il faudra vous étouffer; et soyez sûr que parmi les hommes qui n'aiment pas qu’on les opprime il s'en trouvera qui vous mettront hors d'état de faire de nouveaux crimes.
KOU.
Ainsi Dieu, qui est en eux, leur permettra d'être méchants après m'avoir permis de l'être?
CU-SU.
Dieu vous a donné raison: n'en abusez, ni vous, ni eux. Non seulement vous serez malheureux dans cette vie, mais qui vous a dit que vous ne le seriez pas dans une autre?
KOU.
Et qui vous a dit qu'il y a une autre vie?
CU-SU.
Dans le doute seul, vous devez vous conduire comme s'il y en avait une.
KOU.
Mais si je suis sûr qu'il n'y en a point?
CU-SU.
Je vous en défie.
TROISIÈME ENTRETIEN.
KOU.
Vous me poussez, Cu-su. Pour que je puisse être récompensé ou puni quand je ne serai plus, il faut qu'il subsiste dans moi quelque chose qui sente et qui pense après moi. Or comme avant ma naissance rien de moi n'avait ni sentiment ni pensée, pourquoi y en aurait-il après ma mort? que pourrait être cette partie incompréhensible de moi-même? Le bourdonnement de cette abeille restera-t-il quand labeille ne sera plus? La végétation de cette plante subsiste-t-elle quand la plante est déracinée? La végétation n'est-elle pas un mot dont on se sert pour signifier la manière inexplicable dont l'Être suprême a voulu que la plante tirât les sucs de la terre? L'âme est de même un mot inventé pour exprimer faiblement et obscurément les ressorts de notre vie. Tous les animaux se meuvent; et cette puissance de se mouvoir, on l'appelle force active; mais il n'y a pas un être distinct qui soit cette force. Nous avons des passions; cette mémoire, cette raison, ne sont pas, sans doute, des choses à part; ce ne sont pas des êtres existants dans nous; ce ne sont pas de petites personnes qui aient une existence particulière; ce sont des mots génériques, inventés pour fixer nos idées. L'âme, qui signifie notre mémoire, notre raison, nos passions, n'est donc elle-même qu'un mot. Qui fait le mouvement dans la nature? c'est Dieu. Qui fait végéter tontes les plantes? c'est Dieu. Qui fait le mouvement dans les animaux? c'est Dieu. Qui fait la pensée de l’homme? c'est Dieu.
Si l'âme humaine était une petite personne renfermée dans notre corps, qui en dirigeât les mouvements et les idées, cela ne marquerait-il pas dans l'éternel artisan du monde une impuissance et un artifice indigne de lui? il n'aurait donc pas été capable de faire des automates qui eussent dans eux-mêmes le don du mouvement et de la pensée? Vous m'avez appris le grec, vous m’avez fait lire Homère; je trouve Vulcain un divin forgeron, quand il fait des trépieds d'or qui vont tout seuls au conseil des dieux; mais ce Vulcain me paraîtrait un misérable charlatan s'il avait caché dans le corps de ces trépieds quelqu'un de ses garçons qui les fit mouvoir sans qu’on s’en aperçût.
Il y a de froids rêveurs qui ont pris pour une belle imagination l'idée de faire rouler des planètes par des génies qui les poussent sans cesse; mais Dieu n'a pas été réduit â cette pitoyable ressource: en un mot, pourquoi mettre deux ressorts à un ouvrage lorsqu'un seul suffit? Vous n'oserez pas nier que Dieu ait le pouvoir d'animer l'être peu connu que nous appelons matière; pourquoi donc se servirait-il d’un autre agent pour l'animer?
Il y a bien plus ce serait cette âme que vous donnez si libéralement à notre corps? d'où viendrait-elle? quand viendrait-elle? faudrait-il que le Créateur de l'univers fût continuellement à laffût de l’accouplement des hommes et des femmes, qu'il remarquât attentivement le moment où un germe sort du corps d'un homme et entre dans le corps d'une femme, et qu'alors il envolât vite une âme dans ce germe? et si ce germe meurt, que deviendra cette âme? elle aura donc été créée inutilement, ou elle attendra une autre occasion.
Voilà, je vous l'avoue, une étrange occupation pour le maître du monde; et non seulement il faut qu'il prenne garde continuellement à la copulation de l'espèce humaine, mais il faut qu'il en fasse autant avec tous les animaux car ils ont tous comme nous de la mémoire, des idées, des passions; et si une âme est nécessaire pour former ces sentiments, cette mémoire, ces idées, ces passions, il faut que Dieu travaille perpétuellement à forger des âmes pour les éléphants, et pour les porcs, pour les hiboux, pour les poissons et pour les bonzes?
Quelle idée me donnerez-vous de l'architecte de tant de millions de mondes, qui serait obligé de faire continuellement des chevilles invisibles pour perpétuer son ouvrage?
Voilà une très petite partie des raisons qui peuvent me faire douter de l'existence de l'âme.
CU-SU.
Vous raisonnez de bonne foi; et ce sentiment vertueux, quand même il serait erroné, serait agréable à l'Être suprême. Vous pouvez vous tromper, mais vous ne cherchez pas à vous tromper, et dès lors vous êtes excusable. Mais songez que vous ne m'avez proposé que des doutes, et que ces doutes sont tristes. Admettez des vraisemblances plus consolantes: il est dur d'être anéanti; espérez de vivre. Vous savez qu'une pensée n'est point matière, vous savez qu'elle n'a nul rapport avec la matière; pourquoi donc vous serait-il si difficile de croire que Dieu a mis dans vous un principe divin qui, ne pouvant être dissous, ne peut être sujet à la mort? Oseriez-vous dire qu'il est impossible que vous ayez une âme? non, sans doute: et si cela est possible, n'est-il pas très vraisemblable que vous en avez une? pourriez-vous rejeter un système si beau et si nécessaire au genre humain? et quelques difficultés vous rebuteront-elles?
KOU.
Je voudrais embrasser ce système, mais je voudrais qu'il me fût prouvé. Je ne suis pas Je maître de croire quand je n'ai pas d'évidence. Je suis toujours frappé de cette grande idée que Dieu a tout fait, qu'il est partout, qu'il pénètre tout, qu'il donne le mouvement et la vie à tout; et s'il est dans toutes les parties de mon être, comme il est dans toutes les parties de la nature, je ne vois pas quel besoin j'ai d’une âme. Qu’ai-je à faire de ce petit être subalterne, quand je suis animé par Dieu même? à quoi me servirait cette âme? Ce n'est pas nous qui nous donnons nos idées, car nous les avons presque toujours malgré nous; nous en avons quand nous sommes endormis; tout se fait en nous sans que nous nous on mêlions. L'âme aurait beau dire au sang et aux esprits animaux: Courez, je vous prie, de cette façon pour me faire plaisir; ils circuleront toujours de la manière que Dieu leur a prescrite. J’'aime mieux être la machine d'un Dieu qui m'est démontré que d'être la machine d'une âme dont je doute.
CU-SU.
Eh bien! si Dieu même vous anime, ne souillez jamais par des crimes ce Dieu qui est en vous; et s'il vous a donné une âme, que cette âme ne l'offense jamais. Dans l'un et dans l'autre système vous avez une volonté; vous êtes libre; c'est-à-dire vous avez le pouvoir de faire ce que vous voulez: servez-vous de ce pouvoir pour servir ce Dieu qui vous l'a donné. Il est bon que vous soyez philosophe, mais il est nécessaire que vous soyez juste. Vous le serez encore plus quand vous croirez avoir une âme immortelle.
Daignez me répondre n'est-il pas vrai que Dieu est la souveraine justice?
KOU.
Sans doute; et s'il était possible qu’il cessât de l'être (ce qui est un blasphème), je voudrais, moi, agir avec équité.
CU-SU.
N'est-il pas vrai que votre devoir sera de récompenser les actions vertueuses, et de punir les criminelles quand vous serez sur le trône? Voudriez-vous que Dieu ne fît pas ce que vous-même vous êtes tenu de faire? Vous savez qu'il est et qu'il sera toujours dans cette vie des vertus malheureuses et des crimes impunis; il est donc nécessaire que le bien et le mal trouvent leur jugement dans une autre vie. C'est cette idée si simple, si naturelle, si générale, qui a établi chez tant de nations la croyance de l'immortalité de nos âmes, et de la justice divine qui les juge quand elles ont abandonné leur dépouille mortelle.Ya-til un système plus raisonnable, plus convenable à la Divinité, et plus utile au genre humain?
KOU.
Pourquoi donc plusieurs nations n'ont-elles point embrassé ce système? Vous savez que nous avons dans notre province environ deux cents familles d’anciens Sinous, qui ont autrefois habité une partie de l'Arabie Pétrée; ni elles ni leurs ancêtres n'ont jamais cru l'âme immortelle; ils ont leurs cinq Livres, comme nous avons nos cinq Kings; j'en ai lu la traduction: leurs lois, nécessairement semblables à celles de tous les autres peuples, leur ordonnent de respecter leurs pères, de ne point voler, de ne point mentir, de n'être ni adultères ni homicides; mais ces mêmes lois ne leur parlent ni de récompenses ni de châtiments dans une autre vie.
CU-SU.
Si cette idée n'est pas encore développée chez ce pauvre peuple, elle le sera sans doute un jour. Mais que nous importe une malheureuse petite nation, tandis que les babyloniens, les Égyptiens, les Indiens, et toutes les nations policées ont reçu ce dogme salutaire? si vous étiez malade, rejetteriez-vous un remède approuvé par tous les Chinois, sous prétexte que quelques barbares des montagnes n'auraient pas voulu s'en servir? Dieu vous a donné la raison, elle vous dit que l'âme doit être immortelle: c'est donc Dieu qui vous le dit lui-même.
KOU.
Mais comment pourrai-je être récompensé ou puni, quand je ne serai plus moi-même, quand je n'aurai plus rien de ce qui aura constitué ma personne? Ce n'est que par ma mémoire que je suis toujours moi: je perds ma mémoire dans ma dernière maladie; il faudra donc après ma mort un miracle pour me la rendre, pour me faire rentrer dans mon existence que j'aurai perdue?
CU-SU.
C'est-à-dire que si un prince avait égorgé sa famille pour régner, s'il avait tyrannisé ses sujets, il en serait quitte pour dire à Dieu: Ce n’est pas moi, jai perdu la mémoire, vous vous méprenez, je ne suis plus la même personne. Pensez-vous que Dieu fût bien content de ce sophisme?
KOU.
Eh bien, soit, je me rends; je voulais faire le bien pour moi-même, je le ferai aussi pour plaire à l'Être suprême; je pensais qu'il suffisait que mon âme fût juste dans cette vie, j'espérerai qu'elle sera heureuse dans une autre. Je vois que cette opinion est bonne pour les peuples et pour les princes, mais le culte de Dieu m'embarrasse.
QUATRIÈME ENTRETIEN.
CU-SU.
Que trouvez-vous de choquant dans notre Chu-king, ce premier livre canonique, si respecté de tous les empereurs chinois? Vous labourez un champ de vos mains royales pour donner l'exemple au peuple, et vous en offrez les prémices au Chang-ti, au Tien, à l'Être suprême; vous lui sacrifiez quatre fois l'année; vous êtes roi et pontifie; vous promettez à Dieu de faire tout le bien qui sera en votre pouvoir: y a-t-il là quelque chose qui répugne?
KOU.
Je suis bien loin d'y trouver à redire; je sais que Dieu n'a nul besoin de nos sacrifices ni de nos prières; mais nous avons besoin de lui en faire; son culte n'est pas établi pour lui, mais pour nous. J'aime fort à faire des prières, je veux surtout qu'elles ne soient point ridicules: car, quand j'aurai bien crié que «la montagne de Chang-ti est une montagne grasse, et qu'il ne faut point regarder les montagnes grasses»; quand j'aurai fait enfuir le soleil et sécher la lune, ce galimatias sera-t-il agréable à l'Être suprême, utile à mes sujets et à moi-même?
Je ne puis surtout souffrir la démence des sectes qui nous environnent: d'un côté je vois Laotzée, que sa mère conçut par l’union du ciel et de la terre, et dont elle fut grosse quatre-vingts ans. Je n'ai pas plus de foi à sa doctrine de l'anéantissement et du dépouillement universel qu'aux cheveux blancs avec lesquels il naquit, et à la vache noire sur laquelle il monta pour aller prêcher sa doctrine.
Le dieu Fo ne m'en impose pas davantage, quoiqu'il ait eu pour père un éléphant blanc, et qu'il promette une vie immortelle.
Ce qui me déplaît surtout, c'est que de telles rêveries soient continuellement prêchées par les bonzes qui séduisent le peuple pour le gouverner; ils se rendent respectables par des mortifications qui effrayent la nature. Les uns se privent toute leur vie des aliments les plus salutaires, comme si on ne pouvait plaire à Dieu que par un mauvais régime; les autres se mettent au cou un carcan, dont quelquefois ils se rendent très dignes; ils s'enfoncent des clous dans les cuisses, comme si leurs cuisses étaient des planches; le peuple les suit en foule. Si un roi donne quelque édit qui leur déplaise, ils vous disent froidement que cet édit ne se trouve pas dans le commentaire du dieu Fo, et qu'il vaut mieux obéir à Dieu qu'aux hommes. Comment remédier à une maladie populaire si extravagante et si dangereuse? Vous savez que la tolérance est le principe du gouvernement de la Chine, et de tous ceux de l'Asie; mais cette indulgence n'est-elle pas bien funeste, quand elle expose un empire à être bouleversé pour des opinions fanatiques?
CU-SU.
Que le Chang-ti me préserve de vouloir éteindre en vous cet esprit de tolérance, cette vertu si respectable, qui est aux âmes ce que la permission de manger est au corps! La loi naturelle permet à chacun de croire ce qu'il veut, comme de se nourrir de ce qu'il veut. Un médecin n'a pas le droit de tuer ses malades parce qu'ils n'auront pas observé la diète qu'il leur a prescrite. Un prince n'a pas le droit de faire pendre ceux de ses sujets qui n'auront pas pensé comme lui; mais il a le droit d’empêcher les troubles, et, s'il est sage, il lui sera très aisé de déraciner les superstitions. Vous savez ce qui arriva à Daon, sixième roi de Chaldée, il y a quelque quatre mille ans?
KOU.
Non, je n'en sais rien; vous me feriez plaisir de me l'apprendre.
CU-SU.
Les prêtres chaldéens s'étaient avisés d'adorer les brochets de l'Euphrate; ils prétendaient qu'un fameux brochet nommé Oannès leur avait autrefois appris la théologie, que ce brochet était immortel, qu'il avait trois pieds de long et un petit croissant sur la queue. C'était par respect pour cet Oannès qu'il était défendu de manger du brochet. Il s'éleva une grande dispute entre les théologiens pour savoir si le brochet Oannès était laité ou oeuvé. Les deux parties s'excommunièrent réciproquement, et on en vint plusieurs fois aux mains. Voici comme le roi Daon s'y prit pour faire cesser ce désordre.
il commanda un jeûne rigoureux de trois jours aux deux partis, après quoi il fit venir les partisans du brochet aux oeufs, qui assistèrent à son dîner: il se fit apporter un brochet de trois pieds, auquel on avait mis un petit croissant sur la queue. «Est-ce là votre dieu? dit-il aux docteurs. — Oui, sire, lui répondirent-ils, car il a un croissant sur la queue.» Le roi commanda qu'on ouvrît le brochet, qui avait la plus belle laite du monde. «Vous voyez bien, dit-il, que ce n'est pas là votre dieu, puisqu'il est laité.» Et le brochet fut mangé par le roi et ses satrapes, au grand contentement des théologiens des oeufs, qui voyaient qu'on avait frit le dieu de leurs adversaires.
Ou envoya chercher aussitôt les docteurs du parti contraire: on leur montra un dieu de trois pieds qui avait des oeufs et un croissant sur la queue; ils assurèrent que c'était là le dieu Oannès, et qu'il était laité: il fut frit comme l’autre, et reconnu oeuvé. Alors les deux partis étant également sots, et n'ayant pas déjeuné, le bon roi Daon leur dit qu'il n'avait que des brochets à leur donner pour leur dîner; ils en mangèrent goulûment, soit oeuvés, soit laités. La guerre civile finit, chacun bénit le bon roi Daon, et les citoyens, depuis ce temps, firent servir à leur dîner tant de brochets qu’ils voulurent.
KOU.
J'aime fort le roi Daon, et je promets bien de l’imiter à la première occasion qui s'offrira. J’empêcherai toujours, autant que je le pourrai (sans faire violence à personne), qu’on adore des Fo et des brochets.
Je sais que dans le Pégu et dans le Tunquin il y a de petits dieux et de petits talapoins qui font descendre la lune dans le décours, et qui prédisent clairement l’avenir, c'est-à-dire qui voient clairement ce qui n'est pas, car l'avenir n’est point. J'empêcherai, autant que je le pourrai, que les talapoins ne viennent chez moi prendre le futur pour le présent, et faire descendre la lune.
Quelle pitié qu'il y ait des sectes qui aillent de ville en ville débiter leurs rêveries, comme des charlatans qui vendent leurs drogues? quelle honte pour l'esprit humain que de petites nations pensent que la vérité n'est que pour elles, et que le vaste empire de la Chine est livré à l’erreur! L'Être éternel ne serait-il que le Dieu de l'île Formose ou de l'île Bornéo? abandonnerait-il le reste de l'univers? Mon cher Cu-su, il est le père de tous les hommes; il permet à tous de manger du brochet; le plus digne hommage qu'on puisse lui rendre est d'être vertueux: un coeur pur est le plus beau de tous ses temples, comme disait le grand empereur Hiao.
CINQUIÈME ENTRETIEN.
CU-SU.
Puisque vous aimez la vertu, comment la pratiquerez-vous quand vous serez roi?
KOU.
En n'étant injuste ni envers mes voisins, ni envers mes peuples.
CU-SU.
Ce n'est pas assez de ne point faire de mal, vous ferez du bien; vous nourrirez les pauvres en les occupant à des travaux utiles, et non pas en dotant la fainéantise; vous embellirez les grands chemins; vous creuserez des canaux; vous élèverez des édifices publics; vous encouragerez tous les arts, vous récompenserez le mérite en tout genre; vous pardonnerez les fautes involontaires.
KOU.
C'est ce que j'appelle n'être point injuste; ce sont là autant de devoirs.
CU-SU.
Vous pensez en véritable roi: mais il y a le roi et l’homme, la vie publique et la vie privée. Vous allez bientôt vous marier: combien comptez-vous avoir de femmes?
KOU.
Mais je crois qu'une douzaine me suffira; un plus grand nombre pourrait me dérober un temps destiné aux affaires. Je n'aime point ces rois qui ont des sept cents femmes, et des trois cents concubines, et des milliers d'eunuques pour les servir. Cette manie des eunuques me paraît surtout un trop grand outrage à la nature humaine. Je pardonne tout au plus qu'on chaponne des coqs, ils en sont meilleurs à manger; mais on n’a point encore fait mettre d’eunuques à la broche. A quoi sert leur mutilation? Le dalaï-lama en a cinquante pour chanter dans sa pagode. Je voudrais bien savoir sile Chang-ti se plaît beaucoup à entendre les voix claires de ces cinquante hongres.
Je trouve encore très ridicule qu'il y ait des bonzes qui ne se marient point; ils se vantent d'être plus sages que les autres Chinois: eh bien! qu'ils fassent donc des enfants sages. Voilà une plaisante manière d'honorer le Chang-ti que de le priver d'adorateurs! Voilà une singulière façon de servir le genre humain, que de donner l'exemple d'anéantir le genre humain. Le bon petit lama nommé Stelca ed isant Errepi voulait dire que «tout prêtre devait faire le plus d'enfants qu'il pourrait»; il prêchait d'exemple, et a été fort utile en son temps. Pour moi, je marierai tous les lamas et bonzes, lamesses et bonzesses qui auront de la vocation pour ce saint oeuvre: ils en seront certainement meilleurs citoyens, et je croirai faire en cela un grand bien au royaume de Low.
CU-SU.
Oh! le bon prince que nous aurons là! Vous me faites pleurer de joie. Vous ne vous contenterez pas d'avoir des femmes et des sujets: car enfin on ne peut pas passer sa journée à faire des édits et des enfants: vous aurez sans doute des amis?
KOU.
J'en ai déjà, et de bons, qui m'avertissent de mes défauts; je me donne la liberté de reprendre les leurs; ils me consolent, je les console: l'amitié est le baume de la vie, il vaut mieux que celui du chimiste Éreville, et même que les sachets du grand Lanourt. Je suis étonné qu'on n’ait pas fait de l'amitié un précepte de religion: j'ai envie de l’insérer dans notre rituel.
CU-SU.
Gardez-vous-en bien, l'amitié est assez sacrée d'elle-même: ne la commandez jamais; il faut que le coeur soit libre et puis, si vous faisiez de l'amitié un précepte, un mystère, un rite, une cérémonie, il y aurait mille bonzes qui, en prêchant et en écrivant leurs rêveries, rendraient l'amitié ridicule; il ne faut pas l'exposer à cette profanation.
Mais comment en userez-vous avec vos ennemis? Confutzèe recommande en vingt endroits de les aimer: cela ne vous paraît-il pas un peu difficile?
KOU.
Aimer ses ennemis! oh, mon Dieu! rien n'est si commun.
CU-SU.
Comment l'entendez-vous?
KOU.
Mais comme il faut, je crois, l'entendre. J'ai fait l'apprentissage de la guerre sous le prince de Décon contre le prince de Vis-Brunck: dès qu'un de nos ennemis était blessé et tombait entre nos mains, nous avions soin de lui comme s'il eût été notre frère; nous avons souvent donné notre propre lit à nos ennemis blessés et prisonniers, et nous avons couché auprès d'eux sur des peaux de tigres étendues à terre; nous les avons servis nous-mêmes: que voulez-vous de plus? que nous les aimions comme on aime sa maîtresse?
CU-SU.
Je suis très édifié de tout ce que vous me dites, et je voudrais que toutes les nations vous entendissent: car on m'assure qu’il y a des peuples assez impertinents pour oser dire que nous ne connaissons pas la vraie vertu, que nos bonnes actions ne sont que des pêchés splendides, que nous avons besoin des leçons de leurs talapoins pour nous faire de bons principes. Hélas les malheureux! ce n'est que d'hier qu'ils savent lire et écrire, et ils prétendent enseigner leurs maîtres
SIXIÈME ENTRETIEN.
CU-SU.
Je ne vous répéterai pas tous les lieux communs qu'on débite parmi nous depuis cinq ou six mille ans sur toutes les vertus. Il y en a qui ne sont que pour nous-mêmes, comme la prudence pour conduire nos âmes, la tempérance pour gouverner nos corps: ce sont des préceptes de politique et de santé. Les véritables vertus sont celles qui sont utiles à la société, comme la fidélité, la magnanimité, la bienfaisance, la tolérance, etc. Grâce au ciel, il n'y a point de vieille qui n’enseigne parmi nous toutes ces vertus à ses petits-enfants: c'est le rudiment de notre jeunesse, au village comme à la ville; mais il y a une grande vertu qui commence à être de peu d’usage, et j'en suis fâché.
KOU.
Quelle est-elle? nommez-la vite; je tâcherai de la ranimer.
CU-SU.
C’est l'hospitalité; cette vertu si sociale, ce lien sacré des hommes commence à se relâcher depuis que nous avons des cabarets. Cette pernicieuse institution nous est venue, à ce qu'on dit, de certains sauvages d'Occident. Ces misérables apparemment n’ont point de maison pour accueillir les voyageurs. Quel plaisir de recevoir dans la grande ville de Low, dans la belle place de Honchan, dans la maison Ki, un généreux étranger qui arrive de Samarcande, pour qui je deviens dès ce moment un homme sacré, et qui est obligé par toutes les lois divines et humaines de me recevoir chez lui quand je voyagerai en Tartarie, et d'être mon ami intime!
Les sauvages dont je vous parle ne reçoivent les étrangers que pour de l'argent dans des cabanes dégoûtantes; ils vendent cher cet accueil infâme; et avec cela, j'entends dire que ces pauvres gens se croient au-dessus de nous, qu'ls se vantent d'avoir une morale plus pure. Ils prétendent que leurs prédicateurs prêchent mieux que Confutzée; qu'enfin c'est à eux de nous enseigner la justice, parce qu'ils vendent de mauvais vin sur les grands chemins, que leurs femmes vont comme des folles dans les rues, et qu'elles dansent pendant que les nôtres cultivent des vers à soie.
KOU.
Je trouve l’hospitalité fort bonne je l'exerce avec plaisir, mais je crains l'abus. Il y a des gens vers le Grand-Thibet qui sont fort mat logés, qui aiment à courir, et qui voyageraient pour rien d’un bout du monde à l'autre; et quand vous irez au Grand-Thibet jouir chez eux du droit de l'hospitalité, vous ne trouverez ni lit ni pot-au-feu; cela peut dégoûter de la politesse.
CU-SU.
L'inconvénient est petit; il est aisé d'y remédier en ne recevant que des personnes bien recommandées. Il n'y a point de vertu qui n'ait ses dangers et c'est parce qu'elles en ont qu'il est beau de les embrasser.
Que notre Confutzée est sage et saint! il n’est aucune vertu qu'il n'inspire; le bonheur des hommes est attaché a chacune de ses sentences; en voici une qui me revient dans la mémoire, c'est la cinquante-troisième:
«Reconnais les bienfaits par des bienfaits, et ne te venge jamais des injures.»
Quelle maxime, quelle loi les peuples de l'Occident pourraient-ils opposer à une morale si pure? En combien d'endroits Confutzée recommande-t-il l'humilité! Si on pratiquait cette vertu, il n'y aurait jamais de querelles sur la terre.
KOU.
J'ai lu tout ce que Confutzée et les sages des siècles antérieurs ont écrit sur l'humilité; mais il me semble qu'ils n'en ont jamais donné une définition assez exacte: il y a peu d'humilité peut-être à oser les reprendre; mais j'ai au moins l'humilité d'avouer que je ne les ai pas entendus. Dites-moi ce que vous en pensez.
CU-SU.
J'obéirai humblement. Je crois que l'humilité est la modestie de l'âme: car la modestie extérieure n'est que la civilité. L'humilité ne peut pas consister à se nier soi-même la supériorité qu'on peut avoir acquise sur un autre. Un bon médecin ne peut se dissimuler qu'il en sait davantage que son malade en délire; celui qui enseigne l'astronomie doit s'avouer qu'il est plus savant que ses disciples; il ne peut s'empêcher de le croire, mais il ne doit pas s'en faire accroire. L'umilité n'est pas l'abjection; elle est le correctif de l'amour-propre, comme la modestie est le correctif de l'orgueil.
KOU.
Eh bien! c'est dans l'exercice de toutes ces vertus et dans le culte d'un Dieu simple et universel que je veux vivre, loin des chimères des sophistes et des illusions des faux prophètes. L'amour du prochain sera ma vertu sur le trône, et l'amour de Dieu ma religion. Je mépriserai le dieu Fo, et Laotzée, et Vitsnou, qui s'est incarné tant de fois chez les Indiens, et Sammonocodom, qui descendit du ciel pour venir jouer au cerf-volant chez les Siamois, et les Camis qui arrivèrent de la lune au Japon.
Malheur à un peuple assez imbécile et assez barbare pour penser qu'il y a un Dieu pour sa seule province! c'est un blasphème. Quoi! la lumière du soleil éclaire tous les yeux, et la lumière de Dieu n'éclairerait qu’une petite et chétive nation dans un coin de ce globe! quelle horreur, et quelle sottise! La Divinité parle au coeur de tous les hommes, et les liens de la charité doivent les unir d'un bout de l'univers à l'autre.
CU-SU.
O sage Kou! vous avez parlé comme un homme inspiré par le Chang-ti même; vous serez un digne prince. J'ai été votre docteur, et vous êtes devenu le mien.
4 1764
Voltaire. Additions à l'Essai sur l'histoire générale [ID D20012].
Voltaire schreibt : "Ce grand avantage (une grande population) que la Chine a sur nos climats me paraît venir de trois causes, de la fécondité que la ntaure y a donnée aux femmes, du peu de guerres qui ont désolé le pays, et enfin de ce que la peste qui a détruit quelquefois la quatrième partie du genre humain dans l'Europe et dans l'ancienne Asie ne s'est jamais fait sentir à la Chine, car la peste est une maladie originaire d'Afrique qui n’a pu s'introduire encore dans des pays fermés aux étrangers, et les annales de la Chine ne rendent compte que d'une seule contagion qui fit quelques ravages au commencement du 16ème siècle."

"De tous faits je passe à la question morale agitée par Bayle, savoir, si une société d'athées pourrait subsister. Remarques d'abord sur cet article, quelle est l'énorme contradiction des hommes dans la dispute : ceux qui se sont élevés contre l'opinion de Bayle avec le plus d'emportement, ceux qui lui ont nié avec le plus d’injures la possibilité d’une société d'athées, ont soutenu depuis avec la même intrépidité que l'athéeisme est la religion du gouvernement de la Chine. Mais en même temps ils ne se sont pas moins trompés sur l’impossibilité d'une société d’athées ; et je ne sais comment M. Bayle a pu oublier un exemple frappant qui aurait pu rendre sa cause victorieuse."
5 1764
Rousseau, Jean-Jacques. Lettres écrites de la montagne [ID D20378].
Rousseau schreibt : "L'ouvrage est consommé, il ne s'agit plus que de le rendre inaltérable. Or l'ouvrage du législateur ne s'altère et ne se détruit jamais que d'une manière ; c'est quand les dépositaires de cet ouvrage abusent de leur dépôt, et se font obéir au nom des lois en leur désobéissant eux-mêmes. Jamais le peuple ne s'est rebellé contre les lois que les chefs n'aient commencé par les enfreindre en quelque chose. C'est sur ce principe certain qu'à la Chine quand il y a quelque révolte dans une province on commence toujours par punir le gouverneur. En Europe les rois suivent constamment la maxime contraire, aussi voyez comment prospèrent leurs États ! La population diminue partout d'un dixième tous les trente ans ; elle ne diminue point à la Chine. Le despotisme oriental se soutient parce qu'il est plus sévère sur les grands que sur le peuple : il tire ainsi de lui-même son propre remède. J'entends dire qu'on commence à prendre à la Porte la maxime chrétienne. Si cela est, on verra dans peu ce qu'il en résultera. Alors la pire chose naît de la meilleure, et la loi qui sert de sauvegarde à la tyrannie est plus funeste que la tyrannie elle-même."
6 1764-1767
José Plácido de Matos Saraiva ist Gouverneur von Macao.
7 1765-1777
Nathanael Burger ist Missionar in Shaanun Shenxi, besonders im Gebiet von Taiyuan und Pingyao, ab 1767 auch in Luanfu und ab 1776 in den Gebieten der Mongolei .
8 1765
Voltaire. Encyclopédie, ou Dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers [ID D20014].
Histoire
Le second monument est l'eclipse centrale du soleil, calculée à la Chine deux mille cent cinquante-cinq ans, avant notre ere vulgaire, & reconnue veritable par tous nos Astronomes. Il faut dire la même chose des Chinois que des peuples de Babylone; ils composoient déjà sans doute un vaste empire policé. Mais ce qui met les Chinois au-dessus de tous les peuples de la terre, c'est que ni leurs loix, ni leurs moeurs, ni la langue que parlent chez eux les lettrés, n'ont pas changé depuis environ quatre mille ans. Cependant cette nation, la plus ancienne de tous les peuples qui subsistent aujourd'hui, celle qui a possedé le plus vaste & le plus beau pays, celle qui a inventé presque tous les Arts avant que nous en eussions appris quelques-uns, a toûjours été omise, jusqu'à nos jours, dans nos prétendues histoires universelles: & quand un espagnol & un françois faisoient le dénombrement des nations, ni l'un ni l'autre ne manquoit d'appeller son pays la premiere monarchie du monde...
Quand Marc Paul [Marco Polo] parla le premier, mais le seul, de la grandeur et de la population de la Chine, il ne fut pas crû, & il ne put exiger de croyance. Les Portugais qui entrerent dans ce vaste empire plusieurs siecles après, commencerent à rendre la chose probable. Elle est aujourd'hui certaine, de cette certitude qui naît de la disposition unanime de mille témoins oculaires de différentes nations, sans que personne ait réclamé contre leur témoignage. Si deux ou trois historiens seulement avoient écrit l'avanture du roi Charles XII. qui s'obstinant à rester dans les états du sultan son bienfaiteur, malgré lui, se battit avec ses domestiques contre une armée de janissaires & de Tartares, j'aurois suspendu mon jugement; mais ayant parlé à plusieurs témoins oculaires, & n'ayant jamais entendu révoquer cette action en doute, il a bien fallu la croire, parce qu'après tout, si elle n'est ni sage, ni ordinaire, elle n'est contraire ni aux loix de la nature, ni au caractere du héros...
9 1765
Goudar, Ange. L'espion chinois [ID D19833].
Goudar schreibt : "Il paraîtra peut-être surprenant que ces étrangers soient instruits d'une infinité de choses qui ont échappé jusqu'ici aux peuples mêmes chez qui ils voyagent : mais il faut l'attribuer à un certain génie de réflexion qui forme le caractère de ces Asiatiques. Les Chinois sont nos maîtres en fait de lois, de moeurs, et de police. Leur ancienneté leur donne ce droit sur tous les peuples de l'univers. Le gouvernement de la Chine avait reçu une forme avant qu'aucun de l'Europe fût formé. Cette succession d'idées sur les devoirs de la vie civile les a rendi les premiers moralistes du monde. Il a donc suffi à ceux-ci d'avoir levé un coin du voile de nos usages pour découvrir tout le plan de nos moeurs."

Basil Guy : In L'espion chinois we find an almost exact reproduction of d'Argens guiding iedeas when we examine the contents. In these and other ways, the work of Goudar can perhaps be seen as a perfect example of the decade3nce of the genre, as well as of its persistence far into the eighteenth century. Written in form of letters from three Chinese travelers abroad to two others with the names of Cotao-yu-sé and Kié-tou-na, who have remained in Beijing, the satire touches upon every conceivable subject that was apt to interest contemporary readers : religion, custom, morality, but especially politics. There is an effort to deepen his appreciation of European institutions. While some of the details Goudar furnishes on contemporary preoccupations, such as physiocracy, the expulsion of the Jesuits, the Battle of the books, the Jansenist controversies, and especially the incisive account of a visit to Voltaire at Ferney, which are all interesting and informative, the main burden of his work is nonetheless political, inspired by those overwhelming economic disasters which so crippled the French government in the 1760's and 70's. China is Paradise itself, and we are still not done with hearing the praises of a beneficent, paternal monarch, who by example brings peace, prosperity, and happiness to a people who has ever been well-governed. This criticism is not addressed directly to the King of France, however, who is as close to the model of a Chinese emperor as any in Europa. Yet by remaining aloof, by considering himself above politics, he is incapable of exerting the same influence as a Kangxi or a Quianlong emperor. For Goudar, France's greatness in the eighteenth century was a mirage, wheter relating to the size of the nation, the number of its soldiery, or the value of its monies, since the truth of the matter was that the upper classes were living off the undernourished and underprivileged tillers of the soil at the bottom of the social scale. And these last were kept in abject poverty. The government was considered corrupt, except for the king, although even here, a certain cupidity, which even innocence could not excuse, was evident. Goudar does attempt to enliven his criticisms with a touch of irony. This was because he almost never judged by the supposedly Chinese standards he had proned in the preface. In weighing one country against another, he tends to favour France, even though on occasion he seems to be aware that England and English constitutionalism had some advantages to recommend them. Occasional allusions to pagodas and mandarins are not sufficient to disguise the essentially French characteristics of his correspondents and their ideas. Despite the fact that their diguise is thin, howewer, we must note that on one occasion in Italy, Goudar does succeed in having a Chinese recognized as a Chinese because of his physical characteristics and not because his interlocutors are interested in punning 'Comment peut-on être Persan ?'

Willy Richard Berger : Goudars Briefe haben einen in Europa in diplomatischer Mission reisender Mandarin, Cham-pi-pi, als Verfasser. Die Briefe gehen aus Paris und England nach China. Briefe von Ko-Korrespondenten, die aus Italien, Südfrankreich, Spanien und Portugal berichten, laufen ebenfalls über Cham-pi-pi. Goudar greift mit sozialkritischem Engagement die politischen Missstände in Frankreich an. So bemerkt der Mandarin vor allem das Elend der Landbevölkerung, die unter den masslosen Steuerlasten am Rande des Existenzminimums dahinvegetieren. Dem Chinesen erscheinen die ländlichen Gegenden Frankreichs als eine Art Wüstenai, die Dörfer sind wahre Krankenhäuser, ihre Bewohner 'Wilde', jämmerlich herabgekommene und entwürdigte Wesen, 'zweibeinige Tiere', die Wurzeln und eicheln fressen. Goudar erweist sich als Schüler Quesnays und wenn Frankreich wieder aufgeholfen werden kann, dann muss es sich auf seinen wahren Reichtum besinnen, der in der Landwirtschaft besteht. Der beste Beweis dafür ist das chinesische Reich, das 'seine Grösse, seinen Wohlstand und seine unvorstellbare Dauer und Beständigkeit vor allem seiner Landwirtschaft verdankt und der Aufmerksamkeit, die ihr der Herrscher schenkt.' Goudars Mandarin erhält daher auch den regierungsamtlichen Auftrag, in Frankreich auf die agrarischen Verhältnisse ein besonderes Augenmerk zu haben. Goudar übt auch Kritik am europäischen Kolonialismus.
Der chinesische Kaiser ist ein Idealherrscher, der Administration und Gesetzgebung tatkräftig und zum Wohle der Untertanen selbst in die Hand nimmt. China ist das Gegenteil des despotischen Reichs, als das es sich die Europäer seit Montaigne und Montesquieu immer wieder ausgemalt hatten. Despotisch ist vielmehr Frankreich selbst, wenn auch vor allem durch seinen verrotteten Adel und ein korruptes Kabinett.
10 1765
Benjamin Franklin : To the editor of a newspaper. Monday, 20 May, 1765.
…Their engaging three hundred silk throwsters here in one week for New York was treated as a fable, because, forsooth, they have "no silk there to throw". Those, who make this objection, perhaps do not know, that, at the same time the agents from the King of Spain were at Quebec to contract for one thousand pieces of cannon to be made there for the fortification of Mexico, and at New York engaging the usual supply of woolen floor-carpets for their West India houses, other agents from the emperor of China were at Boston treating about an exchange of raw silk for wool, to be carried in Chinese junks through the Straits of Magellan…
11 1765
Franklin, Benjamin. Memoirs of the culture of silk.
"About 2500 years before Christ, the Empress Siling began the Culture of Silk in China, where it was confined near 2000 Years, before it reached India and Persia.
That Part of the Imperial Revenue in China paid in Silk, amounts to above 955,000Ib. Troy, and perhaps this is not the twentieth Part of the Produce of that Empire. One Million of Trees disposed into Mulberry Walks, in Pennsylvania, would in a few Years, enable a yearly Remittance to Great-Britain of a Million Sterling, and no Ways interfere with the other necessary Branches of Labour in the Community."
12 1765
Benjamin Franklin encountered Chinese soybeans in England. He sent the soybeans to John Bartram.
13 1765.1-2
Voltaire. A philosophical dictionary (1-2) [ID D31001].
Volume 1-2
I protest that I know no more of Chinese than of Arabic, but I have read, in a small Chinese vocabulary, that this nation has always had two words to express the catalogue or list of the characters of its language: one is ko-tou, the other hai-pien; we have neither ko-tou nor hai-pien in our Occidental tongues...
If, for example, the Tyrians, or the Chaldæans, who dwelt near the Euphrates, had communicated their method to the Chinese, some traces of it would have remained; we should have had the signs of the twenty-two, twenty-three, or twenty-four letters, whereas they have a sign for each word in their language; and the number of their words, we are told, is eighty thousand...
States are governed by abuses. Maximus ille est qui minimis urgetur. It might be said to the Chinese, to the Japanese, to the English—your government swarms with abuses, which you do not correct! The Chinese will reply: We have existed as a people for five thousand years, and at this day are perhaps the most fortunate nation on earth, because we are the most tranquil. The Japanese will say nearly the same. The English will answer: We are powerful at sea, and prosperous on land; perhaps in ten thousand years we shall bring our usages to perfection. The grand secret is, to be in a better condition than others, even with enormous abuses...
The most singular instance of this abuse of words—these voluntary equivoques—these misunderstandings which have caused so many quarrels—is the Chinese King-tien. The missionaries having violent disputes about the meaning of this word, the Court of Rome sent a Frenchman, named Maigrot, whom they made the imaginary bishop of a province in China, to adjust the difference. Maigrot did not know a word of Chinese; but the emperor deigned to grant that he should be told what he understood by King-tien. Maigrot would not believe what was told him, but caused the emperor of China to be condemned at Rome!...
In the article on "China" it will be seen that the emperor is the chief pontiff, and that the worship is august and simple…
Mahomet found this a settled mode of worship among the Arabs; it is also established in India, but does not appear to be in use among the lettered men of China...
It is indeed a great consolation for us that the Mahometans, the Indians, the Chinese, the Tartars, all adore one only God; for so far they are our kindred...
Germany still swarms with people who seek the philosopher's stone, as the water of immortality has been sought in China, and the fountain of youth in Europe...
The great mogul, the emperor of China, and the emperor of Japan are always addressed kneeling. The Chinese colaos of an inferior order bend the knee before the colaos of a superior order...
The Chinese are said to be the most ancient almanac-makers. The finest of their emperor's privileges is that of sending his calendar to his vassals and neighbors; their refusal of which would be considered as a bravado, and war would forthwith be made upon them, as it used to be in Europe on feudal lords who refused their homage. If we have only twelve constellations, the Chinese have twenty-eight...
When the Emperor Kamhi wished to employ the Jesuit missionaries in making the almanac, they are said to have excused themselves, at first, on account of the extravagant superstitions with which it must be filled. "I have much less faith than you in the superstitions," replied the emperor; "only make me a good calendar, and leave it for my learned men to fill up the book with their foolery." The ingenious author of the "Plurality of Worlds" ridicules the Chinese, because, says he, they see a thousand stars fall at once into the sea. It is very likely that the Emperor Kamhi ridiculed this notion as well as Fontenelle. Some Chinese almanac-maker had, it would seem, been good-natured enough to speak of these meteors after the manner of the people, and to take them for stars... Let us reflect that the Chinese had astrolabes and spheres before we could read, and that if they have made no great progress in astronomy, it is through that same respect for the ancients which we have had for Aristotle. It is consoling to know that the Roman people, populus late rex, were, in this particular, far behind Matthew Lansberg, and the Lame Messenger, and the astrologers of China, until the period when Julius Cæsar reformed the Roman year, which we have received from him and still call by his name—the Julian Calendar, although we have no calends, and he was obliged to reform it himself...
The Chinese, more than two hundred years before our Christian era, built their great wall, which could not save them from invasion by the Tartars. The Egyptians had, four thousand years before, burdened the earth with their astonishing pyramids, the bases of which covered ninety thousand square feet. No one doubts that, if it were thought advisable to undertake such useless works at the present day, they might be accomplished by lavishing plenty of money. The great wall of China is a monument of fear; the pyramids of Egypt are monuments of vanity and superstition; both testify the great patience of the two people, but no superior genius. Neither the Chinese nor the Egyptians could have made a single statue like those formed by our living sculptors...
In 1723, Father Fouquet, a Jesuit, returned to France from China, where he had passed twenty-five years. Religious disputes had embroiled him with his brethren. He had carried with him to China a gospel different from theirs, and now brought back to France memorials against them. Two Chinese literati made the voyage with him; one of them died on the way, the other came with Father Fouquet to Paris. The Jesuit was to take the Chinese to Rome secretly, as a witness of the conduct of the good fathers in China, and in the meantime Fouquet and his companion lodged at the house of the Professed, Rue St. Antoine. The reverend fathers received advice of their reverend brother's intentions. Fouquet was no less quickly informed of the designs of the reverend fathers. He lost not a moment, but set off the same night for Rome. The reverend fathers had interest enough to get him pursued, but the Chinese only was taken. This poor fellow did not understand a word of French. The good fathers went to Cardinal Dubois, who at that time needed their support, and told him that they had among them a young man who had gone mad, and whom it was necessary to confine. The cardinal immediately granted a lettre de cachet, than which there is sometimes nothing which a minister is more ready to grant. The lieutenant of police went to take this madman, who was pointed out to him. He found a man making reverences in a way different from the French, speaking in a singing tone, and looking quite astonished. He expressed great pity for his derangement, ordered his hands to be tied behind him, and sent him to Charenton, where, like the Abbé Desfontaines, he was flogged twice a week. The Chinese did not at all understand this method of receiving strangers. He had passed only two or three days in Paris, and had found the manners of the French very odd. He had lived two years on bread and water, amongst madmen and keepers, and believed that the French nation consisted of these two species, the one part dancing while the other flogged them...
The lieutenant sent for the king's interpreters, who spoke to him in Spanish, Latin, Greek, and English, but he constantly said Kanton, Kanton, and nothing else. The Jesuit assured them he was possessed. The magistrate, having at some time heard it said that there was a province in China called Kanton, thought this man might perhaps have come from thence. An interpreter to the foreign missions was sent for, who could murder Chinese. All was discovered. The magistrate knew not what to do, nor the Jesuit what to say. The Duke de Bourbon was then prime minister. The circumstance having been related to him, he ordered money and clothes to be given to the Chinese, and sent him back to his own country, whence it is not thought that many literati will come and see us in the future. It would have been more politic to have kept this man and treated him well, than to have sent him to give his countrymen the very worst opinion of the French...
About thirty years ago the French Jesuits sent secret missionaries to China, who enticed a child from his parents in Canton, and brought him to Paris, where they educated him in their convent of La Rue St. Antoine. This boy became a Jesuit at the age of fifteen, after which he remained ten years in France. He knows both French and Chinese perfectly, and is very learned. M. Bertin, comptroller-general, and afterwards secretary of state, sent him back to China in 1763, after the abolition of the Jesuits. He calls himself Ko, and signs himself Ko, Jesuit.
In 1772 there were fourteen Jesuits in Pekin, amongst whom was Brother Ko, who still lives in their house. The Emperor Kien-Long has kept these monks of Europe about him in the positions of painters, engravers, watch-makers, and mechanics, with an express prohibition from ever disputing on religion, or causing the least trouble in the empire.
The Jesuit Ko has sent manuscripts of his own composition from Pekin to Paris entitled: "Memoirs Relative to the History, Arts and Sciences of the Chinese by the Missionaries at Pekin." This book is printed, and is now selling at Paris by Nyon, the bookseller. The author attacks all the philosophers of Europe. He calls a prince of the Tartar race, whom the Jesuits had seduced, and the late emperor, Yong-Chin, had banished, an illustrious martyr to Jesus Christ. This Ko boasts of making many neophytes, who are ardent spirits, capable of troubling China even more than the Jesuits formerly troubled Japan. It is said that a Russian nobleman, indignant at this Jesuitical insolence, which reaches the farthest corners of the earth even after the extinction of the order—has resolved to find some means of sending to the president of the tribunal of rites at Pekin an extract in Chinese from these memoirs, which may serve to make the aforesaid Ko, and the Jesuits who labor with him, better known...
Not a line remains of the ancient Egyptian, Chaldæan, or Persian annals, nor of those of the Latins and Etruscans. The only annals that can boast of a little antiquity are the Indian, the Chinese, and the Hebrew...
While the Japanese, the Chinese, the Tartars, the Indians, the Africans, and the Americans, are so unfortunate as not even to know that a terrestrial paradise once existed at the sources of the Pison, the Gihon, the Tigris, and the Euphrates, or, which is the same thing, at the sources of the Guadalquivir, the Guadiana, the Douro, and the Ebro. For of Pison we easily make Phæris, and of Phæris we easily make the Bætis, which is the Guadalquivir...
It is not likely that it should, at the same time, have entered the head of an Arab and of an Egyptian to cut off one end of his son's prepuce; nor that a Chinese and a Persian should, both at once, have resolved to castrate little boys...
We seek to know the origin of ancient feasts. The most ancient and the finest is that of the emperors of China tilling and sowing the ground, together with their first mandarins...
This is the famous theorem which he had brought from India, and which we have elsewhere said was known in China long before, according to the relation of the Emperor Cam-hi. Long before Plato, the Greeks made use of a single geometrical figure to double the square...
But enough of the Confessions of St. Clement. It must, however, be remarked that in the ninth book the Chinese are spoken of under the name of Seres as the justest and wisest of mankind...
And what more lawful deponent can we have to the apparitions and visions of the Princess Palatine than the man who employed his life in distinguishing truth from appearance? who combated vigorously against the nuns of Port Royal on the formulary; against Paul Ferri on the catechism; against the minister Claude on the variations of the Church; against Doctor Dupin on China; against Father Simon on the understanding of the sacred text; against Cardinal Sfondrati on predestination; against the pope on the rights of the Gallican Church; against the archbishop of Cambray on pure and disinterested love...

Vol. 2
Perhaps it is this despair of knowing anything which has caused some Chinese philosophers to say that nothing is the beginning and the end of all things...
They are mentioned in the annals of China. Confucius says that in his time each governor of a province furnished to the emperor a thousand war chariots, each drawn by four horses. The Greeks and Trojans fought in chariots drawn by two horses…
The church, which afterwards rejected their gospel, together with forty-nine others, did not accuse its authority of impiety and prevarication; those obscure individuals addressed the populace in language comformable with the prejudices of the age in which they lived. China was perhaps the only country exempt from these superstitions...
A word on the question in morals, agitated by Bayle, "Whether a society of atheists can exist." Here let us first observe the enormous self-contradictions of men in disputation.
Those who have been most violent in opposing the opinion of Bayle, those who have denied with the greatest virulence the possibility of a society of atheists, are the very men who have since maintained with equal ardor that atheism is the religion of the Chinese government. They have most assuredly been mistaken concerning the government of China; they had only to read the edicts of the emperors of that vast country, and they would have seen that those edicts are sermons, in which a Supreme Being—governing, avenging, and rewarding—is continually spoken of...
It is quite certain that atheism is not taught in the schools of the learned of China, but many of those learned men are atheists, for they are indifferent philosophers...
One thing I will venture to believe, which is, that of all religions, theism is the most widely spread in the world. It is the prevailing religion of China; it is that of the wise among the Mahometans; and, among Christian philosophers, eight out of ten are of the same opinion. It has penetrated even into the schools of theology, into the cloisters, into the conclave; it is a sort of sect without association, without worship, without ceremonies, without disputes, and without zeal, spread through the world without having been preached. Theism, like Judaism, is to be found amidst all religions; but it is singular that the latter, which is the extreme of superstition, abhorred by the people and contemned by the wise, is everywhere tolerated for money; while the former, which is the opposite of superstition, unknown to the people, and embraced by philosophers alone, is publicly exercised nowhere but in China...
The second axiom was: "Men, being all brethren, and acknowledging the same God, it is execrable that brethren should persecute brethren, because they testify their love for the common father in a different manner. Indeed," said they, "what upright man would kill his elder brother because one of them had saluted their father after the Chinese and the other after the Dutch fashion, especially while it was undecided in what way the father wished their reverence to be made to him? Surely he who should act thus would be a bad brother rather than a good son."...
Doubtless it is no fable that Atlas, prince of Mauritania, called by the Greeks the son of heaven, was a celebrated astronomer, and constructed a celestial sphere such as the Chinese have had for so many ages...
At the present time a Bergamask who travels into the small Swiss cantons, from which he is only separated by a mountain, has the same need of an interpreter as if he were in China. This is one of the greatest plagues of modern life...
But it is incontestable that Babel means confusion, possibly because the architects were confounded after having raised their work to eighty-one thousand feet, perhaps, because the languages were then confounded, as from that time the Germans no longer understood the Chinese, although, according to the learned Bochart, it is clear that the Chinese is originally the same language as the High German…
The Algonquin, the French, the Chinese, will mutually say that all this is very beautiful, that such actions give them pleasure, and that they admire them.
They will say the same of great moral maxims; of that of Zoroaster: "If in doubt that an action be just, desist;" of that of Confucius: "Forget injuries; never forget benefits."...
Brother Attinet, a Jesuit, a native of Dijon, was employed as designer in the country house of the Emperor Camhi, at the distance of some leagues from Pekin...
When brother Attinet came from China to Versailles he found it small and dull. The Germans, who were delighted to stroll about its groves, were astonished that brother Attinet was so difficult. This is another reason which determines me not to write a treatise on the beautiful...
China is ruled by the moral book of Confucius, and a great part of India by the Veda. Persia was governed for ages by the books of one of the Zoroasters...
The Arabs alone had them from the eighth to the thirteenth century of our era. China was full of them when we could neither read nor write...
Do not the few remaining monuments of ancient history form a great presumption in their favor? since the first Greek philosophers went to them to learn mathematics; and the most ancient curiosities, those collected by the emperors of China, are all Indian, as is attested by the relations in Du Halde's collection...
14 1765.3-10
Voltaire. A philosophical dictionary (3-10) [ID D31001].
Vol. 3
The "Relations of the Indies and China," written in the eighth century by two Arabs, and translated by the Abbé Renaudot, is not a book to which implicit credit should be attached; far from it; but we must not reject all these two travellers say, especially when their testimony is corroborated by that of other authors who have merited some belief...
What is more extraordinary and incredible is that the two Arabs attributed to the Chinese what Marco Polo says of some of the Tartars: that, "in general, the Chinese eat all who have been killed." This abomination is so repugnant to Chinese manners, that it cannot be believed. Father Parennin has refuted it by saying that it is unworthy of refutation.
It must, however, be observed that the eighth century, the time when these Arabs wrote their travels, was one of those most disastrous to the Chinese. Two hundred thousand Tartars passed the great wall, plundered Pekin, and everywhere spread the most horrible desolation. It is very likely that there was then a great famine, for China was as populous as it is now; and some poor creatures among the lowest of the people might eat dead bodie...
If we wish to know anything about the Huns—who, indeed, are scarcely worth knowing anything about, for they have rendered no service to mankind—we find some slight notices of those barbarians among the Chinese—that most ancient of all nations, after the Indians...
It is, doubtless, much better to cultivate a useful art at Paris, Lyons, or Bordeaux, than seriously to study the history of the Huns and the bears. Nevertheless we are aided in these researches by some of the Chinese archives...
Of all nations, the Chinese are those who have carried the use of ceremonies to the greatest length; they certainly serve to calm as well as to weary the mind. The Chinese porters and carters are obliged, whenever they occasion the least hindrance in the streets, to fall on their knees and ask one another's pardon according to the prescribed formula. This prevents ill language, blows and murders. They have time to grow cool and are then willing to assist one another...
The same thing happened in China and in Egypt: a multitude of ages were necessary to dig canals and dry the lands...

CHINA.
SECTION I.
We have frequently observed elsewhere, how rash and injudicious it is to controvert with any nation, such as the Chinese, its authentic pretensions. There is no house in Europe, the antiquity of which is so well proved as that of the Empire of China. Let us figure to ourselves a learned Maronite of Mount Athos questioning the nobility of the Morozini, the Tiepolo, and other ancient houses of Venice; of the princes of Germany, of the Montmorencys, the Chatillons, or the Talleyrands, of France, under the pretence that they are not mentioned in St. Thomas, or St. Bonaventure. We must impeach either his sense or his sincerity.
Many of the learned of our northern climes have felt confounded at the antiquity claimed by the Chinese. The question, however, is not one of learning. Leaving all the Chinese literati, all the mandarins, all the emperors, to acknowledge Fo-hi as one of the first who gave laws to China, about two thousand five hundred years before our vulgar era; admit that there must be people before there are kings. Allow that a long period of time is necessary before a numerous people, having discovered the necessary arts of life, unite in the choice of a common governor. But if you do not make these admissions, it is not of the slightest consequence. Whether you agree with us or not, we shall always believe that two and two make four.
In a western province, formerly called Celtica, the love of singularity and paradox has been carried so far as to induce some to assert that the Chinese were only an Egyptian, or rather perhaps a Phœnician colony. It was attempted to prove, in the same way as a thousand other things have been proved, that a king of Egypt, called Menes by the Greeks, was the Chinese King Yu; and that Atoes was Ki, by the change of certain letters. In addition to which, the following is a specimen of the reasoning applied to the subject:
The Egyptians sometimes lighted torches at night. The Chinese light lanterns: the Chinese are, therefore, evidently a colony from Egypt. The Jesuit Parennin who had, at the time, resided five and twenty years in China, and was master both of its language and its sciences, has rejected all these fancies with a happy mixture of elegance and sarcasm. All the missionaries, and all the Chinese, on receiving the intelligence that a country in the extremity of the west was developing a new formation of the Chinese Empire, treated it with a contemptuous ridicule. Father Parennin replied with somewhat more seriousness: "Your Egyptians," said he, "when going to people China, must evidently have passed through India." Was India at that time peopled or not? If it was, would it permit a foreign army to pass through it? If it was not, would not the Egyptians have stopped in India? Would they have continued their journey through barren deserts, and over almost impracticable mountains, till they reached China, in order to form colonies there, when they might so easily have established them on the fertile banks of the Indus or the Ganges?
The compilers of a universal history, printed in England, have also shown a disposition to divest the Chinese of their antiquity, because the Jesuits were the first who made the world acquainted with China. This is unquestionably a very satisfactory reason for saying to a whole nation—"You are liars."
It appears to me a very important reflection, which may be made on the testimony given by Confucius, to the antiquity of his nation; and which is, that Confucius had no interest in falsehood: he did not pretend to be a prophet; he claimed no inspiration: he taught no new religion; he used no delusions; flattered not the emperor under whom he lived: he did not even mention him. In short, he is the only founder of institutions among mankind who was not followed by a train of women. I knew a philosopher who had no other portrait than that of Confucius in his study. At the bottom of it were written the following lines:
Without assumption he explored the mind,
Unveiled the light of reason to mankind;
Spoke as a sage, and never as a seer,
Yet, strange to say, his country held him dear.
I have read his books with attention; I have made extracts from them; I have found in them nothing but the purest morality, without the slightest tinge of charlatanism. He lived six hundred years before our vulgar era. His works were commented on by the most learned men of the nation. If he had falsified, if he had introduced a false chronology, if he had written of emperors who never existed, would not some one have been found, in a learned nation, who would have reformed his chronology? One Chinese only has chosen to contradict him, and he met with universal execration.
Were it worth our while, we might here compare the great wall of China with the monuments of other nations, which have never even approached it; and remark, that, in comparison with this extensive work, the pyramids of Egypt are only puerile and useless masses. We might dwell on the thirty-two eclipses calculated in the ancient chronology of China, twenty-eight of which have been verified by the mathematicians of Europe. We might show, that the respect entertained by the Chinese for their ancestors is an evidence that such ancestors have existed; and repeat the observation, so often made, that this reverential respect has in so small degree impeded, among this people, the progress of natural philosophy, geometry, and astronomy.
It is sufficiently known, that they are, at the present day, what we all were three hundred years ago, very ignorant reasoners. The most learned Chinese is like one of the learned of Europe in the fifteenth century, in possession of his Aristotle. But it is possible to be a very bad natural philosopher, and at the same time an excellent moralist. It is, in fact, in morality, in political economy, in agriculture, in the necessary arts of life, that the Chinese have made such advances towards perfection. All the rest they have been taught by us: in these we might well submit to become their disciples.

Of the Expulsion of the Missionaries from China.
Humanly speaking, independently of the service which the Jesuits might confer on the Christian religion, are they not to be regarded as an ill-fated class of men, in having travelled from so remote a distance to introduce trouble and discord into one of the most extended and best-governed kingdoms of the world? And does not their conduct involve a dreadful abuse of the liberality and indulgence shown by the Orientals, more particularly after the torrents of blood shed, through their means, in the empire of Japan? A scene of horror, to prevent the consequence of which the government believed it absolutely indispensable to shut their ports against all foreigners.
The Jesuits had obtained permission of the emperor of China, Cam-hi, to teach the Catholic religion. They made use of it, to instil into the small portion of the people under their direction, that it was incumbent on them to serve no other master than him who was the viceregent of God on earth, and who dwelt in Italy on the banks of a small river called the Tiber; that every other religious opinion, every other worship, was an abomination in the sight of God, and whoever did not believe the Jesuits would be punished by Him to all eternity; that their emperor and benefactor, Cam-hi, who could not even pronounce the name of Christ, as the Chinese language possesses not the letter "r," would suffer eternal damnation; that the Emperor Yontchin would experience, without mercy, the same fate; that all the ancestors, both of Chinese and Tartars, would incur a similar penalty; that their descendants would undergo it also, as well as the rest of the world; and that the reverend fathers, the Jesuits, felt a sincere and paternal commiseration for the damnation of so many souls.
They, at length, succeeded in making converts of three princes of the Tartar race. In the meantime, the Emperor Cam-hi died, towards the close of the year 1722. He bequeathed the empire to his fourth son, who has been so celebrated through the whole world for the justice and the wisdom of his government, for the affection entertained for him by his subjects, and for the expulsion of the Jesuits.
They began by baptizing the three princes, and many persons of their household. These neophytes had the misfortune to displease the emperor on some points which merely respected military duty. About this very period the indignation of the whole empire against the missionaries broke out into a flame. All the governors of provinces, all the Colaos, presented memorials against them. The accusations against them were urged so far that the three princes, who had become disciples of the Jesuits, were put into irons.
It is clear that they were not treated with this severity simply for having been baptized, since the Jesuits themselves acknowledge in their letters, that they experienced no violence, and that they were even admitted to an audience of the emperor, who honored them with some presents. It is evident, therefore, that the Emperor Yonchin was no persecutor; and, if the princes were confined in a prison on the borders of Tartary, while those who had converted them were treated so liberally, it is a decided proof that they were state prisoners, and not martyrs.
The emperor, soon after this, yielded to the supplications of all his people. They petitioned that the Jesuits might be sent away, as their abolition has been since prayed for in France and other countries. All the tribunals of China urged their being immediately sent to Macao, which is considered as a place without the limits of the empire, and the possession of which has always been left to the Portuguese, with a Chinese garrison.
Yonchin had the humanity to consult the tribunals and governors, whether any danger could result from conveying all the Jesuits to the province of Canton. While awaiting the reply, he ordered three of them to be introduced to his presence, and addressed them in the following words, which Father Parennin, with great ingenuousness, records: "Your Europeans, in the province of Fo-Kien, intended to abolish our laws, and disturbed our people. The tribunals have denounced them before me. It is my positive duty to provide against such disorders: the good of the empire requires it.... What would you say were I to send over to your country a company of bonzes and lamas to preach their law? How would you receive them?... If you deceived my father, hope not also to deceive me.... You wish to make the Chinese Christians: your law, I well know, requires this of you. But in case you should succeed, what should we become? the subjects of your kings. Christians believe none but you: in a time of confusion they would listen to no voice but yours. I know that, at present, there is nothing to fear; but on the arrival of a thousand, or perhaps ten thousand vessels, great disturbances might ensue.
"China, on the north, joins the kingdom of Russia, which is by no means contemptible; to the south it has the Europeans, and their kingdoms, which are still more considerable; and to the west, the princes of Tartary, with whom we have been at war eight years.... Laurence Lange, companion of Prince Ismailoff, ambassador from the czar, requested that the Russians might have permission to establish factories in each of the provinces. The permission was confined to Pekin, and within the limits of Calcas. In like manner I permit you to remain here and at Canton as long as you avoid giving any cause of complaint. Should you give any, I will not suffer you to remain either here or at Canton."
In the other provinces their houses and churches were levelled to the ground. At length the clamor against them redoubled. The charges most strenuously insisted upon against them were, that they weakened the respect of children for their parents, by not paying the honors due to ancestors; that they indecently brought together young men and women in retired places, which they called churches; that they made girls kneel before them, and enclosed them with their legs, and conversed with them, while in this posture, in undertones. To Chinese delicacy, nothing appeared more revolting than this. Their emperor, Yonchin, even condescended to inform the Jesuits of this fact; after which he sent away the greater part of the missionaries to Macao, but with all that polite attention which perhaps the Chinese alone are capable of displaying.
Some Jesuits, possessed of mathematical science, were retained at Pekin; and among others, that same Parennin whom we have mentioned; and who, being a perfect master both of the Chinese and of the Tartar language, had been frequently employed as an interpreter. Many of the Jesuits concealed themselves in the distant provinces; others even in Canton itself; and the affair was connived at.
At length, after the death of the Emperor Yonchin, his son and successor, Kien-Lung, completed the satisfaction of the nation by compelling all the missionaries who were in concealment throughout his empire to remove to Macao: a solemn edict prevented them from ever returning. If any appear, they are civilly requested to carry their talents somewhere else. There is nothing of severity, nothing of persecution. I have been told that, in 1760, a Jesuit having gone from Rome to Canton, and been informed against by a Dutch factor, the Colao governor of Canton had him sent away, presenting him at the same time with a piece of silk, some provisions, and money.

Of the pretended Atheism of China.
The charge of Atheism, alleged by our theologians of the west, against the Chinese government at the other end of the world, has been frequently examined, and is, it must be admitted, the meanest excess of our follies and pedantic inconsistencies. It was sometimes pretended, in one of our learned faculties, that the Chinese tribunals or parliaments were idolatrous; sometimes that they acknowledged no divinity whatever: and these reasoners occasionally pushed their logic so far as to maintain that the Chinese were, at the same time, atheists and idolaters.
In the month of October, 1700, the Sorbonne declared every proposition which maintained that the emperor and the Colaos believed in God to be heretical. Bulky volumes were composed in order to demonstrate, conformably to the system of theological demonstration, that the Chinese adored nothing but the material heaven.
Nil praeter nubes et coeli numen adorant.
They worship clouds and firmament alone.
But if they did adore the material heaven, that was their God. They resembled the Persians, who are said to have adored the sun: they resembled the ancient Arabians, who adored the stars: they were neither worshippers of idols nor atheists. But a learned doctor, when it is an object to denounce from his tripod any proposition as heretical or obnoxious, does not distinguish with much clearness.
Those contemptible creatures who, in 1700, created such a disturbance about the material heaven of the Chinese, did not know that, in 1689, the Chinese, having made peace with the Russians at Nicptchou, which divides the two empires, erected, in September of the same year, a marble monument, on which the following memorable words were engraved in the Chinese and Latin languages:
"Should any ever determine to rekindle the flames of war, we pray the sovereign reign of all things, who knows the heart, to punish their perfidy," etc.
A very small portion of modern history is sufficient to put an end to these ridiculous disputes: but those who believe that the duty of man consists in writing commentaries on St. Thomas, or Scotus, cannot condescend to inform themselves of what is going on among the great empires of the world.

SECTION II.
We travel to China to obtain clay for porcelain, as if we had none ourselves; stuffs, as if we were destitute of stuffs; and a small herb to be infused in water, as if we had no simples in our own countries. In return for these benefits, we are desirous of converting the Chinese. It is a very commendable zeal; but we must avoid controverting their antiquity, and also calling them idolaters. Should we think it well of a capuchin, if, after having been hospitably entertained at the château of the Montmorencys, he endeavored to persuade them that they were new nobility, like the king's secretaries; or accused them of idolatry, because he found two or three statues of constables, for whom they cherished the most profound respect?
The celebrated Wolf, professor of mathematics in the university of Halle, once delivered an excellent discourse in praise of the Chinese philosophy. He praised that ancient species of the human race, differing, as it does, in respect to the beard, the eyes, the nose, the ears, and even the reasoning powers themselves; he praised the Chinese, I say, for their adoration of a supreme God, and their love of virtue. He did that justice to the emperors of China, to the tribunals, and to the literati. The justice done to the bonzes was of a different kind.
It is necessary to observe, that this Professor Wolf had attracted around him a thousand pupils of all nations. In the same university there was also a professor of theology, who attracted no one. This man, maddened at the thought of freezing to death in his own deserted hall, formed the design, which undoubtedly was only right and reasonable, of destroying the mathematical professor. He scrupled not, according to the practice of persons like himself, to accuse him of not believing in God.
Some European writers, who had never been in China, had pretended that the government of Pekin was atheistical. Wolf had praised the philosophers of Pekin; therefore Wolf was an atheist. Envy and hatred seldom construct the best syllogisms. This argument of Lange, supported by a party and by a protector, was considered conclusive by the sovereign of the country, who despatched a formal dilemma to the mathematician. This dilemma gave him the option of quitting Halle in twenty-four hours, or of being hanged; and as Wolf was a very accurate reasoner, he did not fail to quit. His withdrawing deprived the king of two or three hundred thousand crowns a year, which were brought into the kingdom in consequence of the wealth of this philosopher's disciples.
This case should convince sovereigns that they should not be over ready to listen to calumny, and sacrifice a great man to the madness of a fool. But let us return to China.
Why should we concern ourselves, we who live at the extremity of the west—why should we dispute with abuse and fury, whether there were fourteen princes or not before Fo-hi, emperor of China, and whether the said Fo-hi lived three thousand, or two thousand nine hundred years before our vulgar era? I should like to see two Irishmen quarrelling at Dublin, about who was the owner, in the twelfth century, of the estate I am now in possession of. Is it not clear, that they should refer to me, who possess the documents and titles relating to it? To my mind, the case is the same with respect to the first emperors of China, and the tribunals of that country are the proper resort upon the subject.
Dispute as long as you please about the fourteen princes who reigned before Fo-hi, your very interesting dispute cannot possibly fail to prove that China was at that period populous, and that laws were in force there. I now ask you, whether a people's being collected together, under laws and kings, involves not the idea of very considerable antiquity? Reflect how long a time is requisite, before by a singular concurrence of circumstances, the iron is discovered in the mine, before it is applied to purposes of agriculture, before the invention of the shuttle, and all the arts of life.
Some who multiply mankind by a dash of the pen, have produced very curious calculations. The Jesuit Petau, by a very singular computation, gives the world, two hundred and twenty-five years after the deluge, one hundred times as many inhabitants as can be easily conceived to exist on it at present. The Cumberlands and Whistons have formed calculations equally ridiculous; had these worthies only consulted the registers of our colonies in America, they would have been perfectly astonished, and would have perceived not only how slowly mankind increase in number, but that frequently instead of increasing they actually diminish.
Let us then, who are merely of yesterday, descendants of the Celts, who have only just finished clearing the forests of our savage territories, suffer the Chinese and Indians to enjoy in peace their fine climate and their antiquity. Let us, especially, cease calling the emperor of China, and the souba of the Deccan, idolaters. There is no necessity for being a zealot in estimating Chinese merit. The constitution of their empire is the only one entirely established upon paternal authority; the only one in which the governor of a province is punished, if, on quitting his station, he does not receive the acclamations of the people; the only one which has instituted rewards for virtue, while, everywhere else, the sole object of the laws is the punishment of crime; the only one which has caused its laws to be adopted by its conquerors, while we are still subject to the customs of the Burgundians, the Franks, and the Goths, by whom we were conquered. Yet, we must confess, that the common people, guided by the bonzes, are equally knavish with our own; that everything is sold enormously dear to foreigners, as among ourselves; that, with respect to the sciences, the Chinese are just where we were two hundred years ago; that, like us, they labor under a thousand ridiculous prejudices; and that they believe in talismans and judicial astrology, as we long did ourselves.
We must admit also, that they were astonished at our thermometer, at our method of freezing fluids by means of saltpetre, and at all the experiments of Torricelli and Otto von Guericke; as we were also, on seeing for the first time those curious processes. We add, that their physicians do not cure mortal diseases any more than our own; and that minor diseases, both here and in China, are cured by nature alone. All this, however, does not interfere with the fact, that the Chinese, for four thousand years, when we were unable even to read, knew everything essentially useful of which we boast at the present day.
I must again repeat, the religion of their learned is admirable, and free from superstitions, from absurd legends, from dogmas insulting both to reason and nature, to which the bonzes give a thousand different meanings, because they really often have none. The most simple worship has appeared to them the best, for a series of forty centuries. They are, what we conceive Seth, Enoch, and Noah to have been; they are contented to adore one God in communion with the sages of the world, while Europe is divided between Thomas and Bonaventure, between Calvin and Luther, between Jansenius and Molina.

The theism of China, and the much to be respected books of Confucius, were still less known to the nations of the west, than the Jewish rites...
We have, indeed, in very recent times the astronomical observations of the Chinese and the Chaldæans. They only go back about two thousand years, more or less, beyond our era. But when the early annals of a nation confine themselves simply to communicating the information that there was an eclipse in the reign of a certain prince, we learn, certainly, that such a prince existed, but not what he performed.
Moreover, the Chinese reckon the year in which an emperor dies as still constituting a part of his reign, until the end of it; even though he should die the first day of the year, his successor dates the year following his death with the name of his predecessor. It is not possible to show more respect for ancestors; nor is it possible to compute time in a manner more injudicious in comparison with modern nations.
We may add that the Chinese do not commence their sexagenary cycle, into which they have introduced arrangement, till the reign of the Emperor Iao, two thousand three hundred and fifty-seven years before our vulgar era. Profound obscurity hangs over the whole period of time which precedes that epoch… That which we have of the Chinese is of considerable value, when compared with the chronological labors of other nations. We have none of the Indians, nor of the Persians, and scarcely any of the ancient Egyptians. All our systems formed on the history of these people are as contradictory as our systems of metaphysics...
Divine Providence seemed to call upon Japan, Siam, India, and China to place themselves under obedience to the pope, in order to recompense him for Asia Minor, Syria, Greece, Egypt, Africa, Russia, and the other lost states which we mentioned...
The Catholic, Apostolic, and Roman religion has become proscribed in China in our own time, but with circumstances of less cruelty. The R.R.P.P. Jesuits had not, indeed, resuscitated the dead at the court of Pekin; they were contented with teaching astronomy, casting cannon, and being mandarins. Their unfortunate disputes with the Dominicans and others gave such offence to the great Emperor Yonchin that that prince, who was justice and goodness personified, was blind enough to refuse permission any longer to teach our holy religion, in respect to which our missionaries so little agreed. He expelled them, but with a kindness truly paternal, supplying them with means of subsistence, and conveyance to the confines of his empire...
In the Greek Church, which at present extends from the frontiers of China to Cape Matapan, the priests may marry once. Customs everywhere vary; discipline changes conformably to time and place. We here only record facts; we enter into no controversy...
Were you able to follow up your wise maxims, from one end of the world to the other, you will hang up the Greek, who does not believe that the spirit proceeds from the Father and the Son; all the English, all the Hollanders, Danes, Swedes, Icelanders, Prussians, Hanoverians, Saxons, Holsteiners, Hessians, Würtembergers, Bernese, Hamburgers, Cossacks, Wallachians, and Russians, none of whom believe the pope to be infallible; all the Mussulmans, who believe in one God, and who give him neither father nor mother; the Indians, whose religion is more ancient than the Jewish; and the lettered Chinese, who, for the space of four thousand years, have served one only God without superstition and without fanaticism...

Vol. 4
The Greeks certainly knew no more of the Jewish idiom than of the language of the Chinese...
It has been carried still further: a Jesuit named Greslon pretended that the Chinese preserved in their annals the account of an eclipse which happened near that time, contrary to the order of nature. They desired the mathematicians of Europe to make a calculation of it; it was pleasant enough to desire the astronomists to calculate an eclipse which was not natural. Finally it was discovered that these Chinese annals do not in any way speak of this eclipse...
What eyes! what freshness of complexion! what an admirable stature! the Antinous of Belvidere compared to him was only like a Chinese baboon, and as to sweetness of manners, he had the most engaging I ever met with."...
The king of China, the great mogul, or the Turkish pasha cannot say to the lowest of his species, "I forbid you to digest your food, to discharge your fæces, or to think."...

Vol. 5
There has been only one religion in the world which has not been polluted by fanaticism and that is the religion of the learned in China…
Fancy, at present, means "a particular desire, a transient taste"; he has a fancy for going to China; his fancy for gaming and dancing has passed away...
About the same time, some mathematicians who were performing the same operations in China were astonished to find a difference among their degrees, which they had expected to find alike; and to discover, after many verifications, that they were shorter towards the north than towards the south. This accordance of the mathematicians of France with those of China was another powerful reason for believing in the oblate spheroid. In France they did still more; they measured parallels to the equator...
Other measurements, taken in Italy, likewise contradicted those of France, and all were falsified by those of China...
Here is also an evident proof of the falsity of the new paradox, that the Chinese are an Egyptian colony. The characters are not the same. The Chinese mark the course of the sun by twenty-eight constellations and the Egyptians, after the Chaldæans, reckoned only twelve, like ourselves.
The figures that denote the planets are in China and in India all different from those of Egypt and of Europe; so are the signs of the metals; so is the method of guiding the hand in writing. Nothing could have been more chimerical than to send the Egyptians to people China...
On the other hand, a man must have a singular partiality for final causes, to assert that stone was made for building houses, and that silkworms are produced in China that we may wear satins in Europe...
The Jesuit Bouhours, in giving some of his letters, has no doubt that "St. Francis Xavier had the gift of tongues"; but he acknowledges that "he had it not always." "He had it," says he, "on several occasions; for, without having learned the Chinese tongue, he preached to the Chinese every morning at Amanguchi, which is the capital of a province in Japan."
But the best of all is, that this man, who had occasion for a dragoman, spoke every tongue at once, like the apostles; and when he spoke Portuguese, in which language Bouhours acknowledges that the saint explained himself very ill, the Indians, the Chinese, the Japanese, the inhabitants of Ceylon and of Sumatra, all understood him perfectly...
Journals of this description have been established in China from time immemorial. The "Imperial Gazette" is published there every day by order of the court. Admitting this gazette to be true, we may easily believe it does not contain all that is true; neither in fact should it do so...
The gazettes of China relate solely to that empire; those of the different states of Europe embrace the affairs of all countries. Although they frequently abound in false intelligence, they may nevertheless be considered as supplying good material for history; because, in general, the errors of each particular gazette are corrected by subsequent ones, and because they contain authentic copies of almost all state papers, which indeed are published in them by order of the sovereigns or governments themselves...
The Egyptians, according to the statement of Eusebius in the first book of the tenth chapter of his "Evangelical Preparation," attached a sort of divinity to the serpent. In Arabia, India, and even China, the serpent was regarded as a symbol of life; and hence it was that the emperors of China, long before the time of Moses, always bore upon their breast the image of a serpent...
No nation has ever existed, unless perhaps we may except China, in which some god is not described as having had offspring from women...
China is the only Asiatic country of which we have an exact measurement; because the emperor Kam-hi employed some Jesuit astronomers to draw exact maps, which is the best thing the Jesuits have done. Had they been content with measuring the earth, they would never have been proscribed...
In our western world, Italy, France, Russia, England, and the principal towns of the other states, have been measured by the same method as was employed in China; but it was not until a very few years ago, that in France it was undertaken to form an entire topography...
Take a map of the world; show them all Africa, the empires of Japan, China, India, Turkey, Persia, and that of Russia, more extensive than was the Roman Empire; make them pass their finger over all Scandinavia, all the north of Germany, the three kingdoms of Great Britain, the greater part of the Low Countries, and of Helvetia; in short make them observe, in the four great divisions of the earth, and in the fifth, which is as little known as it is great in extent, the prodigious number of races, who either never heard of those opinions, or have combated them, or have held them in abhorrence, and you will thus oppose the whole universe to Rue St. Jacques...

SECTION III
Conversation with a Chinese.
In 1723, there was in Holland a Chinese: this Chinese was a man of letters and a merchant; which two professions ought not to be incompatible, but which have become so amongst us, thanks to the extreme regard which is paid to money, and the little consideration which mankind have ever shown, and will ever show, for merit.
This Chinese, who spoke a little Dutch, was once in a bookseller's shop with some men of learning. He asked for a book, and "Bossuet's Universal History," badly translated, was proposed to him. "Ah!" said he, "how fortunate! I shall now see what is said of our great empire—of our nation, which has existed as a national body for more than fifty thousand years—of that succession of emperors who have governed us for so many ages. I shall now see what is thought of the religion of the men of letters—of that simple worship which we render to the Supreme Being. How pleasing to see what is said in Europe of our arts, many of which are more ancient amongst us than any European kingdom. I guess the author will have made many mistakes in the history of the war which we had twenty-two thousand five hundred and fifty-two years ago, with the warlike nations of Tonquin and Japan, and of that solemn embassy which the mighty emperor of the Moguls sent to ask laws from us, in the year of the world 500,000,000,000,079,123,450,000." "Alas!" said one of the learned men to him, "you are not even mentioned in that book; you are too inconsiderable; it is almost all about the first nation in the world—the only nation, the great Jewish people!"
"The Jewish people!" exclaimed the Chinese. "Are they, then, masters of at least three-quarters of the earth?" "They flatter themselves that they shall one day be so," was the answer; "until which time they have the honor of being our old-clothes-men, and, now and then, clippers of our coin."—"You jest," said the Chinese; "had these people ever a vast empire?" "They had as their own for some years," said I, "a small country; but it is not by the extent of their states that a people are to be judged; as it is not by his riches that we are to estimate a man."
"But is no other people spoken of in this book?" asked the man of letters. "Undoubtedly," returned a learned man who stood next me, and who instantly replied, "there is a deal said in it of a small country sixty leagues broad, called Egypt, where it is asserted that there was a lake a hundred and fifty leagues round, cut by the hands of men."—"Zounds!" said the Chinese; "a lake a hundred and fifty leagues round in a country only sixty broad! That is fine, indeed!"—"Everybody was wise in that country," added the doctor. "Oh! what fine times they must have been," said the Chinese. "But is that all?"—"No," replied the European; "he also treats of that celebrated people, the Greeks." "Who are these Greeks?" asked the man of letters. "Ah!" continued the other, "they inhabited a province about a two-hundredth part as large as China, but which has been famous throughout the world." "I have never heard speak of these people, neither in Mogul nor in Japan, nor in Great Tartary," said the Chinese, with an ingenuous look.
"Oh, ignorant, barbarous man!" politely exclaimed our scholar. "Know you not, then, the Theban Epaminondas; nor the harbor of Piraeus; nor the name of the two horses of Achilles; nor that of Silenus's ass? Have you not heard of Jupiter, nor of Diogenes, nor of Lais, nor of Cybele, nor—"
"I am much afraid," replied the man of letters, "that you know nothing at all of the ever memorable adventure of the celebrated Xixofou Concochigramki, nor of the mysteries of the great Fi Psi Hi Hi. But pray, what are the other unknown things of which this universal history treats?" The scholar then spoke for a quarter of an hour on the Roman commonwealth: but when he came to Julius Cæsar, the Chinese interrupted him, saying, "As for him, I think I know him: was he not a Turk?"
"What!" said the scholar, somewhat warm, "do you not at least know the difference between Pagans, Christians, and Mussulmans? Do you not know Constantine, and the history of the popes?" "We have indistinctly heard," answered the Asiatic, "of one Mahomet."
"It is impossible," returned the other, "that you should not, at least, be acquainted with Luther, Zuinglius, Bellarmin, Œcolampadius." "I shall never remember those names," said the Chinese. He then went away to sell a considerable parcel of tea and fine grogram, with which he bought two fine girls and a ship-boy, whom he took back to his own country, adoring Tien, and commending himself to Confucius.
For myself, who was present at this conversation, I clearly saw what glory is; and I said: Since Cæsar and Jupiter are unknown in the finest, the most ancient, the most extensive, the most populous and well-regulated kingdom upon earth; it beseems you, ye governors of some little country, ye preachers in some little parish, or some little town—ye doctors of Salamanca and of Bourges, ye flimsy authors, and ye ponderous commentators—it beseems you to make pretensions to renown!
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The Chinese, ancient as they are, come after the Indians. They have acknowledged one only god from time immemorial; they have no subordinate gods, no t mediating demons or genii between God and man; no oracles, no abstract dogmas, no theological disputes among the lettered; their emperor was always the first pontiff; their religion was always august and simple; thus it is that this vast empire, though twice subjugated, has constantly preserved its integrity, has made its conquerors receive its laws, and notwithstanding the crimes and miseries inseparable from the human race, is still the most flourishing state upon earth...
If the idea of a God has made a Titus or a Trajan, an Antonine or an Aurelius, and those great Chinese emperors, whose memory is so dear to the second of the most ancient and most extensive empires in the world, these examples are sufficient for my cause—and my cause is that of all mankind...
China actually experienced such a revolution; she obeys Tartars of a mixed race, half Mantchou and half Hun. India obeys Mogul Tartars...
God will labor in the head of this Bergamask—sometimes strongly, sometimes weakly, while the rest of the earth will no way concern Him! He will not deign to meddle with the interior of the Indians and Chinese! If you possess a grain of reason, reverend fathers, do you not find this system prodigiously ridiculous?...

Vol. 6
The Japanese, Coreans, Chinese, and the inhabitants of the vast territory of eastern and western Tartary never knew a word of the philosophy of the infernal regions...
In China historiographers are charged with collecting all the events and original titles under a dynasty. They throw the leaves numbered into a vast hall, through an orifice resembling the lion's mouth at Venice, into which is cast all secret intelligence…
The second monument is the central eclipse of the sun, calculated in China two thousand one hundred and fifty-five years before our vulgar era, and admitted by all our astronomers to have actually occurred. We must apply the same remark to the Chinese as to, the people of Babylon. They had undoubtedly, long before this period, constituted a vast empire and social polity. But what places the Chinese above all the other nations of the world is that neither their laws, nor manners, nor the language exclusively spoken by their men of learning, have experienced any change in the course of about four thousand years. Yet this nation and that of India, the most ancient of all that are now subsisting, those which possess the largest and most fertile tracts of territory, those which had invented nearly all the arts almost before we were in possession even of any of them, have been always omitted, down to our time, in our pretended universal histories...
There have been nations who have subjugated a considerable part of the world, and who yet have not been acquainted with the use of characters. We know that Genghis Khan conquered a part of Asia in the beginning of the thirteenth century; but it is not from him, nor from the Tartars, that we have derived that knowledge. Their history, written by the Chinese, and translated by Father Gaubil, states that these Tartars were at that time unacquainted with the art of writing...
The art of writing is certainly not more than six thousand years old, even among the Chinese; and, whatever may be the boast of the Chaldæans and Egyptians, it appears not at all likely that they were able to read and write earlier...
When Marco Polo described the greatness and population of China, being the first, and for a time the only writer who had described them, he could not obtain credit...
If a Turk, or a learned Chinese, were a witness of these ceremonies, he would, through ignorance, accuse the Italians of putting their trust in the figures which they thus promenade in possession...
The government of China possesses no idol, but has always preserved the simple worship of the master of heaven, Kien-tien…
The learned Chinese, the Parsees, and the ancient Egyptians, had no idols; but Isis and Osiris were soon represented. Bel, at Babylon, was a great colossus...
The Chinese, Parsees, and Indians, were never guilty of these abominations; but at Hieropolis, in Egypt, according to Porphyrius, they immolated men...
Poland and all the south remained a long time after him in what was called idolatry; the half of Africa, all the kingdoms beyond the Ganges, Japan, the populace of China, and a hundred hordes of Tartars, have preserved their ancient religion...
Were this money employed by the sovereign in importing spices from India, coffee from Mocha, English and Arabian horses, silks from the Levant, and gew-gaws from China, it is clear that in a few years there would not remain a single sous in the kingdom. The taxes, therefore, serve to maintain the manufacturers; and so far what is poured into the coffers of the prince returns to the cultivators. They suffer, they complain, and other parts of the state suffer and complain also; but at the end of the year they find that every one has labored and lived some way or other...
It is not known of what Tartars our author speaks, who cites too much at random: we know not at present of any people, from the Crimea to the frontiers of China, who are in the habit of espousing their daughters...
The atmosphere which surrounds and closes upon me acts upon me. I ought not to attribute to the moon, which is ninety thousand miles distant, what I might naturally ascribe to something incessantly in contact with my skin. This would be more unphilosophical than my considering the court of China responsible for a lawsuit that I was carrying on in France...
If I were in China, I should ask of you the customary interest at Macao and Canton...
And as for you, Isaac Newton; Frederick the Great, king of Prussia and elector of Brandenburg; John Locke; Catherine, empress of Russia, victorious over the Ottomans; John Milton; the beneficent sovereign of Denmark; Shakespeare; the wise king of Sweden; Leibnitz; the august house of Brunswick; Tillotson; the emperor of China; the Parliament of England; the Council of the great Mogul; in short, all you who do not believe one word which I have taught in my courses on divinity, I declare to you, that I regard you all as pagans and publicans, as, in order to engrave it on your unimpressible brains, I have often told you before...
The ancient Brahmins acknowledged one only Supreme Being; the Chinese associated no inferior being with the Divinity, nor had any idol until the times when the populace were Jed astray by the worship of Fo, and the superstitions of the bonzes...
This was the most illustrious period of Chinese history. The emperor Tchin-wang was reigning with glory over that vast empire; all the sciences were there cultivated; and the public annals inform us that the king of Cochin China, being come to pay his respects to this emperor, Tchin-wang, received from him a present of a mariner's compass. This compass might have been of great service to your Solomon, for his fleets that went to the fine country of Ophir, which no one has ever known anything about.
Thus, after the Chaldæans, the Syrians, the Persians, the Phoenicians, the Egyptians, the Greeks, the Indians, the Chinese, the Latins, and the Etruscans, you are the first people upon earth who had any known form of government...
How should I do otherwise than pity you? seeing that ten of your tribes were absolutely annihilated, or perhaps reduced to two hundred families, which, it is said, are to be found in China and Tartary...
It is evident, that those of Sanchoniathon, and those of Thaut, eight hundred years anterior to those of Sanchoniathon; those of the first Zerdusht, the "Shasta," the "Vedas" of the Indians, which we still possess; the "Five Kings of China"; and finally the Book of Job, are of a much remoter antiquity than any Jewish book. It is demonstrated that this little people could only have annals while they had a stable government; that they only had this government under their kings; that its jargon was only formed, in the course of time, of a mixture of Phœnician and Arabic...
These are incontestable proofs that the Phœnicians cultivated letters a long time before them. Their profession was pillage and brokerage; they were writers only by chance. We have lost the books of the Egyptians and Phœnicians, the Chinese, Brahmins, and Guebers; the Jews have preserved theirs. All these monuments are curious, but they are monuments of human imagination alone, in which not a single truth, either physical or historical, is to be learned...

Vol. 7
The earth must be stricken nine times by the forehead in the presence of the emperor of China...
I have attempted to discover some ray of light in the mythological times of China which precede Fohi, but I have attempted in vain.
At the period, however, in which Fohi flourished, which was about three thousand years before the new and common era of our northwestern part of the world, I perceive wise and mild laws already established by a beneficent sovereign. The ancient books of the Five Kings, consecrated by the respect of so many ages, treat of the institution of agriculture, of pastoral economy, of domestic economy, of that simple astronomy which regulates the different seasons, and of the music which, by different modulations, summoned men to their respective occupations. Fohi flourished, beyond dispute, more than five thousand years ago. We may therefore form some judgment of the great antiquity of an immense population, thus instructed by an emperor on every topic that could contribute to their happiness. In the laws of that monarch I see nothing but what is mild, useful and amiable...
It appears upon a comparison of the code of the Chinese with that of the Hebrews, that laws naturally follow the manners of the people who make them. If vultures and doves had laws, they would undoubtedly be of a very different character...
What philosophy therefore is that which says things that common sense disclaims from China to Canada? Is it not that of a beggar, who would have all the rich robbed by the poor, in order that fraternal union might be better established among men?...
The idea of metempsychosis is perhaps the most ancient dogma of the known world, and prevails still in a great part of India and of China...

Vol. 8
In a word, the Jews knew no more about original sin than they did about the Chinese ceremonies; and, although divines generally discover in the Scripture everything they wish to find there, either "totidem verbis," or "totidem literis," we may safely assert that no reasonable divine will ever discover in it this surprising and overwhelming mystery...
It would be but a wretched compliment of condolence to offer to a queen of China, or Japan, or India, Scythia, or Gothia, who had just lost her infant son to say: "Be comforted, madam; his highness the prince royal is now in the clutches of five hundred devils, who turn him round and round in a great furnace to all eternity, while his body rests embalmed and in peace within the precincts of your palace."…
It will be a fine gain for philosophy, when we shall constantly behold the Nogais Tartars—who can, I believe, bring twelve thousand men into the field—coming to subjugate Russia, Germany, Italy, and France. But I flatter myself, that the Emperor of China will not suffer it; he has already acceded to perpetual peace, and as he has no more Jesuits about him, he will not trouble Europe...
"Under the good kings Yao and Xu, the Chinese were good; under the bad kings Kie and Chu, they were wicked...
One of the great misfortunes, as also one of the great follies, of mankind, is that in all countries which we call polished, except, perhaps, China, priests concern themselves with what belongs only to philosophers. These priests interfered with regulating the year; it was, they say, their right; for it was necessary that the people should know their holy days...
I do not speak of the Chinese, whose government, more respectable than all the rest, has acknowledged one God only for a period of more than four thousand years...
In the second place, the Egyptians, the Chaldæans, the Persians, the Indians, and the Chinese, have all different calculations; and it is still more difficult to agree with them...
India, China, Persia, and Asia Minor were thickly peopled; this I can credit without difficulty; and possibly they are not less so at present, notwithstanding the destructive prevalence of invasions and wars. Throughout, Nature has clothed them with pasturage; the bull freely unites with the heifer, the ram with the sheep, and man with woman...
But the Kamchatkans have not alone peopled the new world; they have been charitably assisted by the Mantchou Tartars, by the Huns, by the Chinese, and by the inhabitants of Japan. The Mantchou Tartars are incontestably the ancestors of the Peruvians, for Mango Capac was the first inca of Peru...
A plant resembling the ginseng of the Chinese, grows in Canada, which the Chinese transplanted into the latter even before they were masters of the part of Tartary where it is indigenous. Moreover, the Chinese are such great navigators, they formerly sent fleets to America without maintaining the least correspondence with their colonies...
The king of Boutan never called himself emperor of China; nor did the sovereign of Tartary ever assume the title of king of Egypt…

Vol. 9
From Switzerland to China the peasants are the real occupiers of the land. The right of conquest alone has, in some countries, deprived men of a right so natural...
This Scripture, quoted by St. John, extended to the letter of the paschal lamb, which ought to be eaten by the Israelites; but John the Baptist having called Jesus the Lamb of God, not only was the application of it given to Him, but it is even pretended that His death was predicted by Confucius. Spizeli quotes the history of China by Maitinus, in which it is related that in the thirty-ninth year of the reign of King-hi, some hunters outside the gates of the town killed a rare animal which the Chinese called kilin, that is to say, the Lamb of God. At this news, Confucius struck his breast, sighed profoundly, and exclaimed more than once: "Kilin, who has said that thou art come?" He added: "My doctrine draws to an end; it will no longer be of use, since you will appear."
Another prophecy of the same Confucius is also found in his second book, which is applied equally to Jesus, though He is not designated under the name of the Lamb of God. This is it: We need not fear but that when the expected Holy One shall come, all the honor will be rendered to His virtue which is due to it. His works will be conformable to the laws of heaven and earth...
For in fact, if a Chinese, a Tartar, or an African, reduced to the misfortune of having only good sense, read all these prophecies, it would be impossible for him to apply them to Jesus Christ, the Jews, or to anyone else. He would be in astonishment and uncertainty, would conceive nothing, and would not have a single distinct idea. He could not take a step in this abyss without a guide...
It was not until lately that the modern nations of Europe began to render roads practicable and convenient, and to bestow on them some beauty. To superintend and keep in order the road is one of the most important cares of both the Mogul and Chinese emperors. But these princes never attained such eminence in this department as the Romans... Those who worked on the canals in Egypt; or on the great wall, the canals, or highways of China; or those who constructed the celebrated ways of the Roman Empire were much more usefully occupied than the three hundred thousand miserable slaves in building a pyramidal sepulchre for the corpse of a bigoted Egyptian… Canals are much more useful still. The Chinese surpass all other people in these works, which require continual attention and repair…
I have applied to all the learned men that I have seen, and said, Have you ever met with any old work in Greek, Tuscan, Arabian, Egyptian, Chaldæan, Indian, Persian, or Chinese, in which the name of Noah is to be found? They have all replied in the negative. This is a fact that perpetually perplexes and confounds me...
The present emperor of China, Kien Long, particularly, is considered a great poet; but Solomon, or Solyman, the Hebrew, has still more reputation than Kien Long, the Chinese...
This fable, which cannot be too often repeated, shows how ancient was the opinion of another life. The Indians were persuaded of it, as their metempsychosis proves. The Chinese venerated the souls of their ancestors. Each of these nations had founded powerful empires long before the Egyptians...
We see none among the Egyptians, Persians, or Chinese, because we have but very imperfect fragments of their histories: we scarcely know anything of them until since the time in which their kings were absolute, or at least since the time in which they had only priests to balance their authority...

Vol. 10
Can there exist a people of philosophers? It is said that there is no superstition in the magistracy of China...
"I believe that the just and righteous Chinese is more precious to Him than the cavilling and arrogant European scholar...
Theism is a religion diffused through all religions; it is a metal which mixes itself with all the others, the veins of which extend under ground to the four corners of the world. This mine is more openly worked in China; everywhere else it is hidden, and the secret is only in the hands of the adepts...
Many persons ask whether theism, considered abstractedly, and without any religious ceremony, is in fact a religion? The answer is easy: he who recognizes only a creating God, he who views in God only a Being infinitely powerful, and who sees in His creatures only wonderful machines, is not religious towards Him any more than a European, admiring the king of China, would thereby profess allegiance to that prince...
What is a true theist? It is he who says to God: "I adore and serve You;" it is he who says to the Turk, to the Chinese, the Indian, and the Russian: "I love you."...
I deceive myself every day; but I suspect that all the nations who have cultivated the arts have lived under a theocracy. I always except the Chinese, who appear learned as soon as they became a nation. They were free from superstition directly China was a kingdom. It is a great pity, that having been raised so high at first, they should remain stationary at the degree they have so long occupied in the sciences. It would seem that they have received from nature an ample allowance of good sense, and a very small one of industry. Yet in other things their industry is displayed more than ours...
When, on the exchange of Amsterdam, of London, of Surat, or of Bassora, the Gueber, the Banian, the Jew, the Mahometan, the Chinese Deist, the Brahmin, the Christian of the Greek Church, the Roman Catholic Christian, the Protestant Christian, and the Quaker Christian, traffic together, they do not lift the poniard against each other, in order to gain souls for their religion...
Wretches, whom the example of the Noachides, the Chinese literati, the Parsees, and of all the wise, has not availed to guide! Monsters, who need superstitions, just as the gizzard of a raven needs carrion!...
My friends, there are only some monks, and some Protestants as barbarous as those monks, who are still intolerant. We have been so infected with this furor, that in our voyages of long duration, we have carried it to China, to Tonquin, and Japan...
I will say to my brother the Chinese: Let us sup together without ceremony, for I dislike grimaces; but I like your law, the wisest of all, and perhaps the most ancient. I will say nearly as much to my brother the Indian...
There are cases in which we must not judge of a nation by its usages and popular superstitions. Suppose Cæsar, after having conquered Egypt, wishing to make commerce flourish in the Roman Empire, had sent an embassy to China by the port of Arsinoë, the Red Sea and Indian Ocean. The emperor Yventi, the first of the name, then reigned in China; the Chinese annals represent him to us as a very wise and learned prince. After receiving the ambassadors of Cæsar with all Chinese politeness, he secretly informs himself through his interpreter of the customs, the usages, sciences, and religion of the Roman people, as celebrated in the West as the Chinese people are in the East. He first learns that their priests have regulated their years in so absurd a manner, that the sun has already entered the celestial signs of Spring when the Romans celebrate the first feasts of Winter. He learns that this nation at a great expense supports a college of priests, who know exactly the time in which they must embark, and when they should give battle, by the inspection of a bullock's liver, or the manner in which fowls eat grain. This sacred science was formerly taught to the Romans by a little god named Tages, who came out of the earth in Tuscany. These people adore a supreme and only God, whom they always call a very great and very good God; yet they have built a temple to a courtesan named Flora, and the good women of Rome have almost all little gods—Penates—in their houses, about four or five inches high. One of these little divinities is the goddess of bosoms, another that of posteriors. They have even a divinity whom they call the god Pet. The emperor Yventi began to laugh; and the tribunals of Nankin at first think with him that the Roman ambassadors are knaves or impostors, who have taken the title of envoys of the Roman Republic; but as the emperor is as just as he is polite, he has particular conversations with them. He then learns that the Roman priests were very ignorant, but that Cæsar actually reformed the calendar. They confess to him that the college of augurs was established in the time of their early barbarity, that they have allowed this ridiculous institution, become dear to a people long ignorant, to exist, but that all sensible people laugh at the augurs; that Cæsar never consulted them; that, according to the account of a very great man named Cato, no augur could ever look another in the face without laughing; and finally, that Cicero, the greatest orator and best philosopher of Rome, wrote a little work against the augurs, entitled "Of Divination," in which he delivers up to eternal ridicule all the predictions and sorceries of soothsayers with which the earth is infatuated. The emperor of China has the curiosity to read this book of Cicero; the interpreters translate it; and in consequence he admires at once the book and the Roman Republic...
The Chinese, the people of Tonquin, Lao, Siam, and even Japan, for more than a hundred years have not been acquainted with war…
Woman is in general less strong than man, smaller, and less capable of lasting labor. Her blood is more aqueous; her flesh less firm; her hair longer; her limbs more rounded; her arms less muscular; her mouth smaller; her hips more prominent; and her belly larger. These physical points distinguish women all over the earth, and of all races, from Lapland unto the coast of Guinea, and from America to China...
We have elsewhere adverted to an extract from a Chinese journal, which states, that in the year 1725, the wife of the emperor Yontchin made a distribution among the poor women of China who had passed their seventieth year; and that, in the province of Canton alone, there were 98,222 females aged more than seventy, 40,893 beyond eighty, and 3,453 of about the age of a hundred. Those who advocate final causes say, that nature grants them a longer life than men, in order to recompense them for the trouble they take in bringing children into the world and rearing them. It is scarcely to be imagined that nature bestows recompenses, but it is probable that the blood of women being milder, their fibres harden less quickly...
15 1765-1789
Die Werkstatt Réveillon in Paris produziert Tapeten dekoriert mit Chinoiserien.
16 1766
Weihe von Yang Zhide als Jesuit in Beijing.
17 1766
Ignatius Sichelbart wird Hofmaler von Kaiser Qianlong.
18 1766
Grimm, Friedrich Melchior. Correspondance littéraire, philosophique et critique [ID D20024].
Friedrich Melchior Grimm schreibt : "Il faut convenir qu'en Chine comme en France il n'y a qu'un moyen sûr de plaire dans les productions de l'art, savoir : l'imitation de la nature".
"On dit que les Chinois se piquent dans leurs usages, dans leurs productions, dans leurs arts et dans leurs ouvrages d'une certaine originalité bizarre qui non seulement les empêche de copier aucun autre peuple, mais leur défend d'imiter la nature. A en juger par une infinité de nos ouvrages modernes, on dirait que nos poètes et nos artistes ont adopté [ce point de vue] dans toute son étendue. Vous trouverez tout dans leurs productions, excepté la nature et son auguste caractère."
"... grâce aux recherches de ces messieurs et à leur esprit communicatif nous en savons aujourd'hui sur l'origine des Chinois plus que sur la nôtre... de statuer sur l'origine d'un peuple dont elle ne peut avoir que des connaissances très superficielles."
"Il faut convenir qu'un esprit solide, accoutumé à réfléchir, formé par l'expérience et qui ne s'en laisse pas imposer par des phrases, ne sera pas séduit par ce tableau brillant ; il sait trop combien les faits diffèrent ordinairement de la spéculation. Il ne s'inscrira pas précisément en faux contre les panégyristes de la Chine, mais il en doutera sagement."
"cependant le mandarin (et voilà qui répare tout aux yeus de ces messieurs [les apologistes] le mandarin n'est pas lui-même à l'abri du bâton ; l'Empereur lui fait donner la bastonnade pour la plus légère faute. Cette gradation étend les chaînes de l'esclavage jusqu'aux Princes du Sang. Si le tribunal des censeurs, appelé par les Jésuites le Conseil des Sages, et qui était établi dans les premiers temps pour diriger l'Empereur, l'instruire et lui apprendre à gouverner, osait faire des remontrances... chacun de ces censeurs périrait dans les supplices."
"Au reste, quand vous aurez lu ce livre [Hao ch'iu chuan], vous déciderez de la bonté du gouvernement chinois et de la beauté de ses moeurs, et vous verrez si nous autres pauvres diables de l'Europe, devons souffrir qu'on nous propose sans cesse de telles gens pour modèles."

"Les missionnaires ont d'abord intéressé la curiosité publique par des relations merveilleuses d'un pays très-éloigné qui ne pouvait ni confirmer leur véracité, ni réclamer contre leurs mensonges. Les philosophes se sont ensuite emparés de la matière, et en ont tiré, suivant leur usage, un parti étonnant pour s'élever avec force contre les abus qu'ils croyaient bons à détruire dans leur pays. Ensuite les bavards ont imité le ramage des philosophes, et ont fait valoir leurs lieux communs par des amplifications prises à la Chine. Par ce moyen, ce pays est devenu en peu de temps l'asile de la vertu, de la sagesse et de la félicité ; son gouvernement, le meilleur possible, comme le plus ancien ; sa morale, la plus haute et la plus belle qui soit connue ; ses lois, sa police, ses arts, son industrie, autant de modèles à proposer à tous les autres peuples de la terre. Il faut convenir qu'un esprit solide, accoutumé à réfléchir, formé par l'expérience, et qui ne s'en laisse pas imposer par des phrases, ne sera pas séduit par ce tableau brillant; il sait trop combien les faits diffèrent ordinairement de la spéculation. Un esprit sage voudra simplement suspendre son jugement ; il désirera de passer une vingtaine d'années à la Chine, et d'examiner un peu les choses par lui-même, avant de prendre un parti définitif."

Basil Guy : Grimm has had to come to grips with a problem of great importance for whoever would discuss the civilization of that far country : Chinese antiquity. In his position, with its responsibilities and compensations, he did not hesitate go pontificate on occasion ; and Chinese antiquity offered him ample opportunity to do so. For aught he knew of Chinese literature, Grimm soon launched into the unfortunate question of the Jesuit emasculation of texts, and here arrived at the most damning commentary of all. Inspired by a French version of Percy's translation of th Hao ch'iu chuna, Grimm's exasperation with those who, without having visited China, learned the language, studied the customs and habits of its people, yet set themselves up as arbiters of 'chinoiserie', knows no bounds.
19 1766
Johann Gottfried Herder schreibt eine Zusammenfassung über Vier Abhandlungen von David Hume. [ID D17071]. Er schreibt darin : Die wilden Geschlechter in Asien, Afrika und Amerika sind alle abgöttisch. Hier ist keine einzige Ausnahme zu machen.

Ulrich Faust : Die wichtigste Erkenntnis Herders in diesem Aufsatz ist die Feststellung, dass die ältesten Urkunden der verschiedenen Völker eine verfeinerte Form ihrer barbarischen Mythologie darstellen. Ihr Inhalt bleibt mythisch. Wichtig ist, dass der Mythos aus der ursprünglichen Stufe der religiösen Entwicklung in die höhere Religionsform tradiert wird, und zwar seinem Inhalt nach wenig verändert.
20 1766
Voltaire. Le philosophe ignorant [ID D19779].
XLI. De Confucius.
Les Chinois n'eurent aucune superstition, aucun charlatanisme à se reprocher comme les autres peuples. Le gouvernement chinois montrait aux hommes, il y a fort au delà de quatre mille ans, et leur montre encore qu'on peut les régir sans les tromper; que ce n'est pas par le mensonge qu'on sert le Dieu de vérité; que la superstition est non seulement inutile, mais nuisible à la religion. Jamais l’adoration de Dieu ne fut si pure et si sainte qu'à la Chine (àla révélation près). Je ne parle pas des sectes du peuple, je parle de la religion du prince, de celle de tous les tribunaux et de tout ce qui n’est pas populace. Quelle est la religion de tous les honnêtes gens à la Chine, depuis tant de siècles? la voici: Adorez le ciel, et soyez juste. Aucun empereur n'en a eu d’autre.
On place souvent le grand Confutzée, que nous nommons Confucius, parmi les anciens législateurs, parmi les fondateurs de religions: c'est une grande inadvertance. Confutzée est très moderne; il ne vivait que six cent cinquante ans avant notre ère. Jamais il n'institua aucun culte, aucun rite; jamais il ne se dit ni inspiré ni prophète; il ne fit que rassembler en un corps les anciennes lois de la morale.
Il invite les hommes à pardonner les injures et à ne se souvenir que des bienfaits
A veiller sans cesse sur soi-même, à corriger aujourd'hui les fautes d'hier;
A réprimer ses passions, et à cultiver l'amitié; à donner sans faste, et à ne recevoir que l'extrême nécessaire sans bassesse.
Il ne dit point qu'il ne faut pas faire à autrui ce que nous ne voulons pas qu'on fasse à nous-mêmes: ce n'est que défendre le mal; il fait plus, il recommande le bien: «Traite autrui comme tu veux qu’on te traite.»
Il enseigne non seulement la modestie, mais encore l'humilité; il recommande toutes les vertus.

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