Grimm, Friedrich Melchior. Correspondance littéraire, philosophique et critique [ID D20024].
Friedrich Melchior Grimm schreibt : "Il faut convenir qu'en Chine comme en France il n'y a qu'un moyen sûr de plaire dans les productions de l'art, savoir : l'imitation de la nature".
"On dit que les Chinois se piquent dans leurs usages, dans leurs productions, dans leurs arts et dans leurs ouvrages d'une certaine originalité bizarre qui non seulement les empêche de copier aucun autre peuple, mais leur défend d'imiter la nature. A en juger par une infinité de nos ouvrages modernes, on dirait que nos poètes et nos artistes ont adopté [ce point de vue] dans toute son étendue. Vous trouverez tout dans leurs productions, excepté la nature et son auguste caractère."
"... grâce aux recherches de ces messieurs et à leur esprit communicatif nous en savons aujourd'hui sur l'origine des Chinois plus que sur la nôtre... de statuer sur l'origine d'un peuple dont elle ne peut avoir que des connaissances très superficielles."
"Il faut convenir qu'un esprit solide, accoutumé à réfléchir, formé par l'expérience et qui ne s'en laisse pas imposer par des phrases, ne sera pas séduit par ce tableau brillant ; il sait trop combien les faits diffèrent ordinairement de la spéculation. Il ne s'inscrira pas précisément en faux contre les panégyristes de la Chine, mais il en doutera sagement."
"cependant le mandarin (et voilà qui répare tout aux yeus de ces messieurs [les apologistes] le mandarin n'est pas lui-même à l'abri du bâton ; l'Empereur lui fait donner la bastonnade pour la plus légère faute. Cette gradation étend les chaînes de l'esclavage jusqu'aux Princes du Sang. Si le tribunal des censeurs, appelé par les Jésuites le Conseil des Sages, et qui était établi dans les premiers temps pour diriger l'Empereur, l'instruire et lui apprendre à gouverner, osait faire des remontrances... chacun de ces censeurs périrait dans les supplices."
"Au reste, quand vous aurez lu ce livre [Hao ch'iu chuan], vous déciderez de la bonté du gouvernement chinois et de la beauté de ses moeurs, et vous verrez si nous autres pauvres diables de l'Europe, devons souffrir qu'on nous propose sans cesse de telles gens pour modèles."
"Les missionnaires ont d'abord intéressé la curiosité publique par des relations merveilleuses d'un pays très-éloigné qui ne pouvait ni confirmer leur véracité, ni réclamer contre leurs mensonges. Les philosophes se sont ensuite emparés de la matière, et en ont tiré, suivant leur usage, un parti étonnant pour s'élever avec force contre les abus qu'ils croyaient bons à détruire dans leur pays. Ensuite les bavards ont imité le ramage des philosophes, et ont fait valoir leurs lieux communs par des amplifications prises à la Chine. Par ce moyen, ce pays est devenu en peu de temps l'asile de la vertu, de la sagesse et de la félicité ; son gouvernement, le meilleur possible, comme le plus ancien ; sa morale, la plus haute et la plus belle qui soit connue ; ses lois, sa police, ses arts, son industrie, autant de modèles à proposer à tous les autres peuples de la terre. Il faut convenir qu'un esprit solide, accoutumé à réfléchir, formé par l'expérience, et qui ne s'en laisse pas imposer par des phrases, ne sera pas séduit par ce tableau brillant; il sait trop combien les faits diffèrent ordinairement de la spéculation. Un esprit sage voudra simplement suspendre son jugement ; il désirera de passer une vingtaine d'années à la Chine, et d'examiner un peu les choses par lui-même, avant de prendre un parti définitif."
Basil Guy : Grimm has had to come to grips with a problem of great importance for whoever would discuss the civilization of that far country : Chinese antiquity. In his position, with its responsibilities and compensations, he did not hesitate go pontificate on occasion ; and Chinese antiquity offered him ample opportunity to do so. For aught he knew of Chinese literature, Grimm soon launched into the unfortunate question of the Jesuit emasculation of texts, and here arrived at the most damning commentary of all. Inspired by a French version of Percy's translation of th Hao ch'iu chuna, Grimm's exasperation with those who, without having visited China, learned the language, studied the customs and habits of its people, yet set themselves up as arbiters of 'chinoiserie', knows no bounds.
Literature : Occident : Germany