Claudel, Paul. L'oiseau noir dans le soleil levant [ID D21969].
L'abîme solaire. [Geschrieben 1926].
Quelle : Schmetterlingstraum von Zhuangzi.
« Le vent souffle et le ciel se nettoie, d'une force égale et continue, déplaçant un immense air, il souffle du même côté ! les portes du Nord se sont ouvertes, le Règne de l'Esprit commence ! et tous les tuyaux de l'orgue l'un après l'autre, depuis les groupes de colonnes, depuis les faisceaux de canons, depuis les guirlandes de cannes et de flageolets jusqu'aux plus minces chalumeaux, entrent en jeu sous les poumons de la mer ! Il n'y a pas moyen de résister au ronflement général, tout ce qui est flûte piaule, tout ce qui est corde se tend, le sang brûle, la grande symphonie passe en tempête, et tout ce qui avait commencé par le désir se termine par le son ! Ah, pour répondre à ce souffle inépuisable, et la graine une fois en sécurité, la nature n'avait pas trop de cette prodigieuse accumulation de combustible, et sous la réquisition de la Banque elle liquide d'un seul coup tout son papier, il n'est valeur que de l'or ! Impossible de résister plus longtemps à la nécessité de l'évidence et refuser cette lumière à moi dont j'étais débiteur ! Je suis interrogé avec le feu et je m'accuse dans la flamme ! sous l'insistance de l'Esprit tout ce qui était existence en moi est devenu couleur et tout ce qui était action est devenu intelligence. Je ne survivrai pas éternellement à un monde mangé par la gloire ! »
Le poète et le vase d'encens. [Geschrieben 1923].
Quelle : Laozi. Dao de jing.
« La multitude des hommes paraît heureuse et satisfaite, comme les convives à un grand festin, comme les gens qui du haut d'une tour regardent la terre fleurie. Moi seul je suis silencieux et disjoint, mes désirs ne m'ayant pas encore donné indication de leur présence. Je suis comme un enfant qui n'a pas encore souri. Je parais éperdu et accablé comme si je ne savais où aller. La multitude des hommes a assez et davantage. Moi seul j'ai l'air d'avoir tout perdu. Mon esprit est celui d'un homme stupide. Je suis dans un état de chaos. Les hommes ordinaires ont l'air déluré et intelligent, et moi j'ai l'air d'être dans les ténèbres. Ils sont pleins de raisonnements et de discriminations, et moi je suis pesant et embarrassé. Je suis emporté comme par la mer, je dérive comme s'il n'était pas de repos. Tous les hommes ont leur sphère d'action, moi seul je suis incapable. Et ainsi je suis différent des autres hommes, mais la chose que j'apprécie est la Mère. Qu'appelez-vous la Mère ? demande le poète. Le Tao, répond le vase d'encens, et le dialogue se poursuit alors sur la définition du Tao : Au-dessous de toutes les formes ce qui n'a pas de forme, ce qui voit sans yeux, ce qui guide sans savoir, l'ignorance qui est la suprême connaissance. Serait-il erooné d’appeler la Mère ce suc, cette saveur secrète des choses, ce goût de Cause, ce frisson d’authenticité, ce lait qui instruit de la source ? Ah, nous sommes au milieu de la nature comme une portée de marcassins qui sucent une truie morte ! Que nous dit Lao Tzeu sinon de fermer les yeux et de mettre la bouche à la source même de la création ?. »
Jules ou l'homme-aux-deux-cravates. [Geschrieben 1926].
« C'est la même nature qui, dans un profond sommeil, a lâché ce papillon dont vous me parliez l'autre jour, cet instrument à tâter la nuit, cet expert en velours de lune, ce fils du brouillard et du phosphore !... Cela m'amuse... de vous égarer et de lâcher deux papillons à la fois qui se poursuivent et que l'oeil n'arrive plus à distinguer. Avec mon pinceau, je dispose de cette cause qui fait. Ce n'est qu'en faisant les choses qu'on en apprend le secret. Comme je participe à cet art poétique de la nature je suis admis au mystère de ses intentions. »
Paola d'Angelo : Claudel cherche dans l'art et dans la sagesse d'Extrême-Orient tout d'abord l'Univers, le monde tout entier, et ce qui l'intrigue, c'est la possibilité de saisir ce qu'il appelle 'les intentions de la nature'.
Literature : Occident : France