Tsai, Shilling Stéphanie. La construction d'un mythe moderne : André Malraux et Maurice Blanchot.
L'oeuvre d'André Malraux n'a pas rencontré à Taiwan un accueil aussi chaleureux que celui qu'on avait réservé à J.P. Sartre, son contemporain. Dans une enquête sur la réception de la littérature française à Taiwan durant les cinquante dernières années (de 1950 à 200l)1, nous n'avons compté que dix articles consacrés à Malraux, y compris un mémoire de maîtrise. Cette occultation masque peut-être un déni politique et idéologique, mais ce n'est pas notre intention d'en analyser la cause. Ce qui nous intéresse dans les articles publiés à Taiwan, c'est la révélation de deux images plutôt opposées de Malraux: d'un côté, un
f humaniste qui a réussi à esquisser la description d'une condition humaine mettant en valeur la grandeur universelle de l'homme ; de l'autre, un révolutionnaire qui tente, par sa conception de l'art, de mettre toutes les civilisations humaines dans le même cadre sans prendre en considération les contextes socio-historiques.
Dans son article intitulé «Révolutionnaire et romancier amateur : le grand écrivain du XXème siècle André Malraux»2, Henh-Jei Chin explique pourquoi Malraux a été mal reçu à Taiwan. D'abord, Malraux serait difficile à traduire en chinois en raison de la complexité de ses phrases et des émotions enchevêtrées qu'elles recèlent. Ensuite, la réflexion métaphysique (notamment sur la mort) s'éloignerait trop de la pensée chinoise. Enfin, l'on entendrait la voix de Malraux derrière tous ses héros romanesques; les réactions, les perspectives et même la manière d'éprouver l'horreur seraient toutes d'un mode « occidental,» ou plus précisément, « malrucien ». D'après Chin, Malraux regarderait en réalité l'archétype de l'Homme, selon une tradition européenne ancrée dans la civilisation gréco-romaine et le christianisme, ce qui rendrait difficile pour les lecteurs chinois l'appréhension de son oeuvre.
Le problème de la réception de Malraux à Taiwan ne résie pas dans la compréhension exacte du message transmis par Malraux. Ce qu'il s'agit de voir, c'est la manière dont le discours de Malraux construit le 'mythe' de la vie à partir de la mort et la manière dont le mythe aide à formuler l'idée de 'communauté', avec tous les codes de signification qui s'y rattachent. Il nous semble que la notion de la mort propre est la clé permettant d'entrer au coeur de ses discours.
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