Malraux, André. Les voix du silence [ID D23496].
Er schreibt : « Tout grand art chinois veut aboutir à des idéogrammes chargés d'une sensibilité intense. Dans les plus pures images de Yun-Kang, l'allusion prend la place de l'affirmation ; l'essentiel, la place de tout ce qui n'est pas lui. Les yeux de la dynastie Weï sont sans précédent. Ce ne sont plus les boucles de la calligraphie indienne, mais le trait de pinceau décisif, qui tire de la sûreté de son écriture une spiritualié qu'on retrouvera seulement dans le modelé complexe des têtes khmères, dont les yeus sont parfoix traités de la même façon ; mais cette spiritualité est au service de la volonté d'architecture. Et du lien entre le génie de l'ellipse et le sens monumental, naissant, aux flancs des jaunes falaises du Chan-Si, quelques-unes des plus hautes figures que les hommes aient sculptées. »
« Le musée est une confrontation de métamorphoses. Si l'Asie ne l'a connu que récemment, sous l'influence et la direction des Européens, c'est que pour l'Asiatique, pour l'Extrême-oriental surtout, contemplation artistique et musée sont inconciliables. La jouissance des oeuvres d'art était d'abord liée en Chine à leur possession, sauf lorsqu'il s'agissait d'art religieux. Elle l'était surtout à leur isolement. La peinture n'était pas exposée, mais déroulée devant un amateur en état de grâce, dont elle avait pour fonction d'approfondir et de parer la communion avec le monde. Confronter des peintures, opération intellectuelle, s'oppose foncièrement à l'abandon qui permet seul la contemplation. Aux yeux de l'Asie, le musée, s'il n'est un lieu d'enseignement, ne peut être qu'un concert absurde où se succèdent et se mêlent, sans entracte et sans fin, des morceaux contradictoires. »
« Il n'existe aucun vrai musée de peinture en Chine ; nombre de collectionneurs, de trésors de temples, y refusent le droit de photographier les rouleaux qu'ils possèdent ; enfin le matériel de reproduction y est assez primitif, et les chefs-d'oeuvre de la peinture chinoise ne pourraient être reproduits en couleurs, avec quelque fidélité, que par la photo directe ou les procédés japonais. La plupart des oeuvres connues appartiennent donc aux collections du Japon ou aux musées d'Occident. Qu'on imagine ce que serait la connaissance de la peinture européenne limitée à celle des musées d'Amérique – et notre peinture est beaucoup mieux représentée en Amérique, que la peinture chinoise dans tout l'Occident.
Serri, Jérôme. La place de la Chine dans les Ecrits sur l'art d'André Malraux.
Dès le début des Voix du silence, dans son analyse du rôle déterminant que joue le musée dans notre reltation aux oeuvres d'art, Malraux présente la Chine comme l'autre pôle. Le pôle en quelque sorte du Musée impossible. Les choses sont certes plus nuancées, mais Malraux semble tout de même aux prises avec une difficulté : celle d'un univers artistique qui nous demeurerait encore étranger.
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