Brief von Victor Segalen über Paul Claudel an seine Frau.
Pékin, 16 juin
Je suis resté deux jours à Tien-Tsin (Tien-Tsin est à 3 H. de Pékin. Voie plate sans intérêt. Pays d'alluvions assez riche). L'après-midi, je me rends au Consulat, et voici Claudel. Froid et aimable d'abord, plus aimable que froid. Tête ronde, yeux porcelaine très vifs ; menton et bouche empâtée comme son parler un peu. Il a reçu mon livre et ma lettres, les a lus. Il me retient longuement. Il m'emmène en voiture pour me montrer Tien-Tsin. D'abord l'église neuve, couronnée des épitaphes des massacrés de 1870. Puis, dans la ville chinoise, vers le temple de Li-hong-tchang, le dernier vice-roi du Tcheli, que l'on vient de écréter dieu. Claudel me parle ensuite fort à la légère de l'hindouisme, qu'il me semble ne connaître qu'à travers [Jules] Michelet. Mais, comme moi, il est d'emblée en Chine, allé vers le Tao-tö King, l'abyssale pensée du vieux Lao-tseu. Et là encore, il ne la pense qu'à travers une vague traduction ; car, - voici le piquant ! Si [Louis] Laloy et moi avions reconnu, clair comme le jour, l'influence du style chinois écrit, sur sa prose, Claudel m'apprend qu'il 'ne sait pas un mot de chinois'. J'ai employé cette matinée aux visites officielles du corps consulaire.
Literature : Occident : France