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Chronology Entry

Year

1899

Text

Claudel, Paul. Propositions sur la lumière, Bouddha. In : Mercure de France ; 1er juin (1899).
Bouddha.
« Puisque chaque créature née de l'impression de l'unité divine sur la matière indéterminée est l’aveu même qu'elle fait à son créateur, et l'expression du Néant d'où il l'a tirée. Tel est le rythme respiratoire et vital de ce monde, dont l’homme doué de conscience et de parole a été instituté le prêtre pour en faire la dédicace et l'offrande, et de son néant propre uni à la grâce essentielle, par le don filial de soi-même, par une préférence amoureuse et conjugale. Mais ces yeux aveuglés se refusèrent à reconnaître l’être inconditionnel, et à celui qu'on nomme le Bouddha il fut donné de parfaire le blasphème païen. Pour reprendre cette même comparaison de la parole, du moment qu'il ignorait l'objet du discours, l'ordre et la suite lui en échappèrent ensemble, et il n'y trouva que la loquacité du délire. Mais l'homme porte en lui l'horreur de ce qui n’est pas l'Absolu, et pour rompre le cercle affreux de la Vanité, tu n'hésitas point, Bouddha, à ambrasser le Néant. Car, comme au lieu d’expliquer toute chose par sa fin extérieure il en cherchait en elle-même le principe intrinsèque, il ne trouva que le Néant, et sa doctrine enseigna la communion monstrueuse. La méthode est que le sage, ayant fait évanouir successivement de son esprit l'idée de la forme, et de l'espace pur, et l'idée même de l'idée, arrive enfin au Néant, et, ensuite, entre dans le Nirvana. Et les gens se sont étonnés de ce mot. Pour moi j'y trouve à l'idée de Néant ajoutée celle de jouissance. Et c'est là le mystère dernier et Satanique, le silence de la créature retranchée dans son refus intégral, la quiétude incestueuse de l'âme ssise sur sa différence essentielle. »

Yvan Daniel : L'attaque du Bouddhisme est bien plus violente dans Bouddha. Ce texte est essentiel pour comprendre et mesurer l'étendue de la condamnation claudélienne. L'on peut y distinguer quatre parties, dans la première, Claudel explique l’origine du 'roman mythologique' humain de la même façon qu'il le fera dans Sous le signe du dragon, comme le désir d'imposer 'un nom propre' aux 'forces de la Nature', puis décrit brièvement le culte idolâtrique, quelque peu ridiculisé par la multiplication démesurée des statues adorées. La seconde partie est plus importante, elle s'attache à considérer ce que l'on pourrait appeler la pensée chinoise - tant le terme de 'philosophie' semble peu idoine – avant l'arrivée du Bouddhisme. La troisième partie envisage l'hypothèse d'un monde chinois ayant progressé en dehors des influences bouddhiques.
Claudel accepte de considérer que la philosophie ancienne des Chinois, du moins celle des 'Classiques' traduits par les jésuites, ne s'oppose pas aux fondement du Christianisme.

Mentioned People (1)

Claudel, Paul  (Villeneuve-sur-Fère-en-Tardenois 1868-1955 Paris) : Dichter, Dramatiker, Schriftsteller, Diplomat

Subjects

Literature : Occident : France

Documents (1)

# Year Bibliographical Data Type / Abbreviation Linked Data
1 2003 Daniel, Yvan. Paul Claudel et l'Empire du Milieu. (Paris : Les Indes savantes, 2003). S. 335-337. Publication / Clau24
  • Source: Temple, William. Upon the gardens of Epicurus. (1685). In : Temple, William. Miscellanea, the second part : in four essays. (London : Printed by J.R. for Ri. And Ra. Simpson, 1690). [Erste Erwähnung der Kunst des chinesischen Gartens].
    http://www.epicurus.info/etexts/gardening.html (Tem1, Publication)
  • Source: Claudel, Paul. Le repos du septième jour. (Paris : Mercure de France, 1901). [Theater Nadorow, Warschau 1928 ; Fulda 1954 ; Théâtre de l'Oeuvre, Paris 1965]. (Clau25, Publication)
  • Source: Claudel, Paul. Partage de midi. (Paris : Ed. de l'Occident, 1906). (Clau26, Publication)
  • Cited by: Asien-Orient-Institut Universität Zürich (AOI, Organisation)
  • Person: Claudel, Paul
  • Person: Daniel, Yvan