Briefe von Victor Segalen an Yvonne Segalen.
Er schreibt : "L'hôtel de Péking est un observatoire de premier ordre. Il y a, au cinquième étage, une certaine chambre de boy d'où le spectacle est enfin beau. L'hôtel de Péking est une haute bâtisse ignoble, occupant la place de l’ancien, mais dominant, vers l'Ouest, tout le Palais, toute la ligne axiale impériale, depuis Ts'ienmen jusqu'à la Tour de la Cloche, en passant par le profil de tous les toits. Par une autre fenêtre, de la façace, on possède le Temple du Ciel. Peu à peu le jour se lève et les bruits se mettent en place. Il y a, simultanément, bataille au Temple du Ciel, où sont réfugiés hui cents hommes de Tchang-Siun – à Tsi houa-men -, où se trouve l'artillerie venue de Pao-ting-fou ; à Tong houa-men, bien entendu, comme d'habitude. La fusillade du Temple du Ciel est la plus offensive. Quatre Européens tombent sur la muraille. La façade de l'Hôtel en perd quelques vitres. Puis des pièces de campagne font du tir indirect par-des-sus les légations, sur Tong-houa-men, avec une précision honorable. Tchang-siun répond avec un gros vieux canon à poudre noire, qu'il a logé près de Tien-Ngan-men et qui tire toutes les sept minutes."
"Jusqu'à la mort de Yuan, on pouvait tabler sur quelqu'un. Pour ou contre. Depuis lors – et abstraction faite de la vessie Li-Yuan-hong, il n'y a plus eu que des fantoches. Actuellement, l'attitude de la Chine est celle d’une méduse à moitié morte, a moitié putréfiée, remuant des tentacules usagés qui ont nom : Tchang-siun, vieux chef de bande illettré, vivant sur un vague prestige de ses soldats à queue ; Feng-Kouo-tcheng, vice-président, l'ancien caporal de Yuan-che K'ai. Quelques ministres tourbillonnants. La dégradation des forces est complète. La Chine actuelle est une expression géographique qui mange, boit et se reproduit jusqu'au jour où n'importe qui viendra la manger, ou bien, sera arrêté au premier coup de dent, par un autre adversaire. Tout ce qui nous a intéressés ou pris, ou émus, ou profondément entourés autre-fois, n'est plus. Nous sommes, sous l'ancien Empire, arrivés juste à point afin de voir l'Autre Epoque. Elle est morte. L'Egypte, après quatre mille ans, eut sa mort. En Chine, la mort est allée jusqu'à l'utilisation du Kadavre, tout comme les Allemands ; mais les produits chimiques employés sont le modernisme, le Japonisme, toutes les vilenies laides, où nous ne pouvons ni devons nous laisser vivre. Le fong chouei de la Chine entière et plus qu'à son déclin. Le lotus dans cour, et l'écran, et le papier doucement lucide de la fenêtre, ne sauraient plus jamais nous défendre. Ni toi ni moi ne saurions désormais vivre dans ce pays."
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