Rousseau, Jean Jacques. Discours sur l'économie politique [ID D20383].
Rousseau schreibt : "A la Chine, le prince a pour maxime constante de donner le tort à ses officiers dans toutes les altercations qui s'élèvent entre eux et le peuple. Le pain est-il cher dans une province ? l'intendant est mis en prison : se fait-il dans une autre une émeute ? le gouverneur est cassé, et chaque mandarin répond sur sa tête de tout le mal qui arrive dans son département. Ce n'est pas qu'on n'examine ensuite l'affaire dans un procès régulier : mais une longue expérience en a fait prévenir ainsi le jugement. L'on a rarement en cela quelque injustice à réparer; et l'empereur, persuadé que la clameur publique ne s'élève jamais sans sujet, démêle toujours au travers des cris séditieux qu'il punit, de justes griefs qu'il redresse."
"On a même osé dire qu'il fallait charger le paysan pour éveiller sa paresse, et qu'il ne ferait rien s'il n'avait rien à payer. Mais l'expérience dément chez tous les peuples du monde cette maxime ridicule : c'est en Hollande, en Angleterre, où le cultivateur paye très peu de chose, et surtout à la Chine ou il ne paye rien, que la terre est le mieux cultivée. Au contraire, partout où le laboureur se voit chargé à proportion du produit de son champ, il le laisse en friche, ou n'en retire exactement que ce qu'il lui faut pour vivre."
"Enfin il convient que l'impôt soit payé par celui qui emploie la chose taxée, plutôt que par celui qui la vend, auquel la quantité des droits dont il se trouverait chargé donnerait plus de tentations et de moyens de les frauder. C'est l'usage constant de la Chine, le pays du monde où les impôts sont les plus forts et les mieux payés : le marchand ne paye rien ; l'acheteur seul acquitte le droit, sans qu'il en résulte ni murmures ni séditions ; parce que les denrées nécessaires à la vie, telles que le riz et le blé, étant absolument franches, le peuple n'est point foulé, et l'impôt ne tombe que sur les gens aisés."
Basil Guy : The Rousseau of 1754, no less than the Rousseau of 1750, was still unsure of himself. He who on another occasion had unfavorably criticized Chinese education (or education in general) in its relation to liberty, must have found it difficult to praise even as tacitly as here the excellence of the Chinese administration, one of the most tyrannical the world has known. Rousseau accepted an idea of the Jesuit missionaries that had intrigued his critical conscience : the idea of paternalism. In examining the nature of the Chinese government, he abandoned the rigor of his first axioms. The article is but one example from a mass of texts where the predominant tone invalidates such an interpretation. Rousseau’s return to his original attitude may have been unavoidable, however, considerung the numerous attacks he had to face around 1755-56.
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