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Toulet, Paul-Jean

(Pau, Basses-Pyrénées 1867-1920 Guéthary) : Schriftsteller, Dichter

Subjects

Index of Names : Occident / Literature : Occident : France

Chronology Entries (4)

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1 1898 Toulet, Paul-Jean. Monsieur Du Paur : homme publique. (Paris : H. Simonis Empis, 1898).
Citation : "L'amoureux qui voyage pour guérir, c'est un bossu qui espère de laisser sa bosse à la Chine."
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2 1918 Toulet, Paul-Jean. Comme une fantaisie [ID D24747]. [Auszüge].
Ombres chinoises
Lao-Tseu
Le philosophe Lao-Tseu enseigne qu'il n'est rien d'éphémère qui s accorde à la raison. Quoi, Lao-Tseu, ces églantines ou pleure 1 aurore, n est-ce que folie ? - Et folie, l'image de ta fille sur le miroir d'étain, tout à l'heure flétri lui-même aux nuées qui viennent de la mer ?
-L'autre jour, dit encore Lao-Tseu, je méditais auprès de ces frangjpanes qui, à l'heure de midi, répandent sur Fô le sommeil avec leur parfum. Pourtant il ne dormait pas, et J entendis une dame qui lui parlait « chien ». Elle suppliait ie ne sais pourquoi, qu'on la portât sur la place publique, afin que tout le monde vît son bonheur. Puis elle se tut, mais, peu après, soupira : «Ah ! je voudrais mourir. »
Je connus alors qu'elle était au comble de la félicité.

Madrigal dans la nuit
Le poète Fo s'est fait taxer parfois de boursouflure et de servilité pour sa manie de louange. Dès qu'il était auprès d'une femme, cela devenait excessif : on eût dit qu'il pensait en madrigaux, comme d'autres avec des chiffres ou par images. Un soir qu'il se promenait avec la belle Doliah, l'épouse du mandarin Jan-Chicaille, elle lui fît dire ces vers célèbres qu'il a composés sur la blancheur de la porcelaine :
Ô porcelaine des Miang,
Prends-tu ton éclat de la neige,
Ou la neige de toi : chose si blanche,
Que le blanc magnolia
Jaunit d'envie en ta présence
Ô porcelaine des Miang,
Le paradis doit avouer ta couleur.
Mais celle que j'aime, au jour de sa mort -
Sur la couche où s'effeuillent les fleurs -
Paraîtra plus blanche encore.
Ils sont si touchants, en chinois, que cette jeune beauté ne put retenir quelques larmes, qui brillèrent dans la nuit.
- Ô miracle, s'écria Fô en tombant à genoux : il pleut des étoiles.

La chute
En suite de sa harangue sur le Guerrier Pacificateur, Jan-Chicaille, mandarin civil, fut placé par la Sagesse de l'Empire à la tête des armées chinoises.
Aussitôt il médita de les passer en revue, suivit des cours d'équitation, et se fît faire un vêtement de cérémonie. Mais la véhémence de l'été, qu'on avait attendu selon l'usage pour cette espèce de gala, lui fit réduire ce costume à une chemise de lin sous une robe dont l'azur était rehaussé de cigognes d'or. Par ces oiseaux, gardiens vigilants des foyers où nul ne s'attaque, mais qu'on voit fuir leurs cités assiégées, et loin de la patrie, en général, dès qu'il y fait trop chaud, le ministre de la guerre signifiait son horreur des combats, et tout le mépris qu'il portait à ces barbares pour qui vertu veut encore dire courage.
Son étoile voulut que le Palefrenier en chef des Écuries Impériales lui fît préparer une des bêtes réservées d'habitude aux capitaines tartares, soudards qui n'ont crainte d'aucune chose. Ces chevaux courent très vite, beaucoup trop vite ; se cabrent pour un rien, pour peu que le cavalier se retienne à leurs flancs par ses éperons ; bref, ne semblent pas destinés à des hommes en méditation, ou de finance. Celui-là était couleur chair : on eut dit de sa robe le pétale des camélias ; et elle était si fine, si pénétrée de frissons et de lumière, qu'il avait l'air d'une princesse nue. Mais, aujourd'hui, un harnais lourd et magnifique emprisonnait sa beauté.
Aidé de deux infirmiers et du tao-ja (capitaine d'habillement) qui composaient son état-major, Jan-Chicaille - a-t-on dit son obésité ? - se hissa sur son coursier, et gagna le lieu de la revue. Il était midi, et la poussière, autour de lui, toute dorée au soleil. Sa robe le gênait pour se tenir à califourchon. Entre la tribune de l'Empereur et un pavillon plus couvert où se tenaient les dames de la Cour, le ministre s'arrêta. Entouré bientôt, comme d'un cercle étincelant, par les Mandchous de la garde et quelques lieutenants étrangers, il commença de réciter un discours sur les moyens les moins meurtriers de faire retraite devant l'ennemi. Ses paroles étaient répétées à mesure par les généraux aux capitaines, et de ceux-ci passaient aux soldats, qui les devaient à leur tour apprendre par cœur ; les officiers eux-mêmes ne faisant pas autre chose depuis huit jours. On travaillait beaucoup dans l'armée chinoise.
Cependant, la belle Doliah, l'épouse de Jan-Chicaille, qui se tenait à gauche de l'Impératrice, fut incommodée par une mouche qui bourdonnait autour de son visage, tant que la chassant enfin du bout de son éventail : « Va-t-en trouver mon mari », lui dit-elle. La mouche y fut, par hasard, et piqua le cheval qui, d'un écart, jeta son cavalier par terre. Jan-Chicaille tomba sans se faire mal, mais de façon trop immodeste, vêtu comme on sait qu'il était, pour que personne autour de lui, ni des plus graves dans les tribunes, et jusques à l'Empereur, pût tenir son sérieux. Cet éclat universel gagna de proche en proche jusqu'aux simples soldats et aux goujats de cuisine qui sans savoir pourquoi, firent un tel rire que des oiseaux en tombèrent du ciel. Tandis que Doliah, qui se sentait, en quelque façon, éclaboussée du ridicule de son mari, disait dans son cœur : « Aujourd'hui ne passera point, Jan-Chicaille, sans que j'aie contre vous vengé votre épouse, en laissant voir d'elle, à votre exemple, autant que vous avez fait. » Et, dès le soir, elle se donna au poète Fô, qu'elle chérissait secrètement. De ce kiosque où il la reçut, au bord du Fleuve, les pendantes fleurs, et la nuit qui tombait lourde d'orage ; le ciel même, palpitant d'éclairs silencieux, - tout semblait n'être autour de leur retraite qu'un décor fait à souhait pour la tendresse, et pour la volupté.

Le papillon
L'Impératrice Oïma, que son époux avait appelée à lui des contrées brumeuses de l'Ouest, ne ressemblait point à ses sujets ; et la Chine obéissait sans les comprendre aux caprices dictés sans doute de ses mêmes dieux.
Elle professait, entre autres préjugés, le goût des barbares pour la bienfaisance, ne pouvant concevoir que ce fût l'aumône qui entretient la pauvreté en conservant les pauvres. Et elle aimait aussi l'art des vers.
Aussi le poète Fô avait-il part à ses faveurs. Un jour qu'il rêvait dans son jardin, dont les pivoines rassasient l'œil comme du sang répandu, il vit un cortège approcher sa porte, après avoir franchi le pont étroit et recourbé dont les arches de porphyre enjambent le fleuve voisin.
C'était des cochons de Castille ; et des onagres, sur deux rangs, dont les joqueys portaient des auriflammes de sang et d'or ; des autruches montées de négrillons au langouti vert ; c'était trois jeunes filles, du Caucase venues - et nues : trois jeunes filles qui jouaient du tambour ;
Et puis un hippopotame presque mort de gras fondu : monstre aveugle, plein de mugissements, que hissaient des babiroussas sur une plateforme à roulettes ; c'était aussi cent Suisses des Pays-Bas, très-bas, et qui criaient : « J'ai peur! » cependant qu'un cincede du Brandebourg les faisait courre à coups de pied dans le derrière une girafe couronnée d'or ; c'était trois jeunes filles qui jouaient du tambour ;
Et que suivaient des chameaux d'Angora : un millier peut-être, et de castrats à la voix de cristal ; un paon couleur de soleil ; des ânes rouges avec de ces muletiers de Zanzibar à qui, tant ils se grattent, il leur pousse un bras dans le dos ; c'était un troupeau de zibelines, et des onces liées de fleurs ; trois chats moirés de l'île d'Ouacwac, des licornes, des phaco-chères et des dodos, suivis de quelques animaux bizarres : c'était trois jeunes filles du Caucase venues - et nues.
La dernière bête était un éléphant, dont la taille se haussait de tout un édifice de vermeil et de cristal, où se tenait accroupi le nain de l'Impératrice, Bog aux cheveux verts.
Quand cette procession fut arrêtée, Bog, aidé par des eunuques, descendit de son trône, et, s'avançant vers le poète, lui remit une chose qu'il tenait à la main, fit trois cabrioles, remonta sur le monstre -... et tout disparut.
Fô, cependant, considérait le présent de la souveraine. C'était une cage de gaze, où palpitait un papillon, dont les ailes couleur d'émeraude faisaient voir un dessin d'or. Et son corps aussi était d'or ; espèce merveilleuse qu'on ne rencontre qu'au tombeau des Empereurs Chang, dynastie fabuleuse.
Mais ne sachant après tout qu'en faire, Fô ouvrit la porte de la cage. Un instant, le papillon agita la gloire de ses ailes, comme pour mesurer l'effort d'un voyage sublime. Et, tout à coup, prenant son vol, il alla se poser sur une ordure.

La favorite
Parmi le myrte et les safran-sauvages, l'onde fuyait si claire qu'on eût pu voir, sur le sable couleur de nacre, les pieds de Doliah, étroitement, laisser leur empreinte. Une demoiselle nue folâtrait à ses côtés, et le ruisseau, en l'enveloppant de mille plis, semblait, environ son jeune corps, de la mousseline sur l'ivoire.
-Petite Grâce, demanda l'épouse de Jan-Chicaille en gagnant le bord, m'aimes-tu ?
-Eh quoi, Madame... Pouvez-vous le demander, quand vous m'avez tirée du fond de l'hospice, pour faire de moi une de vos suivantes.
-Ajoute : la plus chérie. J'ai envie de pleurer, quand je te vois près de partir.
- Partir ?
- Oui. Par l'appui de mon père, tu vas entrer chez les novices du Temple-aux-Cent-Génies, et, un jour, tu seras prêtresse.
- Hélas, Madame, et si je n'ai pas la vocation. C'est de loin que je révère les Dieux.
-Que tu es bête! Les prêtresses des Cent-Génies ont d'autres affaires, Dieux merci, que les Dieux. C'est pourquoi, petite Grâce, rendez-moi grâces.
La suivante s'agenouilla, et, les mains renversées, remercia selon les Rites.
— Et dites que je suis jolie.
- Oh ! oui... jolie.
- Et dites comment est le seigneur Fô. Grâce-d'en-haut finissait d'essuyer sa maîtresse.
- Le seigneur Fô ? répondit-elle en rougissant un peu ; il est plus beau que le seigneur Jan-Chicaille.
Doliah éclata de rire.
-Ah ! petite masque. Mais ne va pas au moins le regarder trop. Si tu l'aimais plus que moi, ou que je ne l'aime, ou s'il t'aimait autant qu'il m'aime, ou si encore... Ah ! rien que d'y penser, vois-tu......je me meurs...
Et la sensible épouse de Jan-Chicaille se laissa choir, à demi-vêtue, sur le gazon.
- Grâce-d'en-haut, murmura-t-elle au bout d'un instant, viens m'embrasser.
- Ce sera donc par obéissance, répondit la future prêtresse, en tendant à Doliah le sourire dangereux de ses lèvres obliques.

La dévotion amoureuse
1
Le mandarin Jan-Chicaille, qui appartenait à la classe des lettrés, pratiquait la secte de Confucius, la plus éclairée de toutes, comme on sait, puisque ce Sage la fonda sur un pur athéisme : n'y ayant, à la vérité, de mystères en elle que celui dont ces adeptes couvrent leur politique, et dérobent l'art de se pousser l'un l'autre jusqu'aux honneurs où ils semblaient le moins destinés par leur naissance comme par leur génie.
Aussi est-ce à tort qu'on les soupçonne d'adorer le Diable ; et lui-même a, pour le souffrir d'eux, trop de spiritualisme.
Mais Jan-Chicaille, depuis ce jour funeste qui le vit choir d'un même coup et de cheval et du ministère, dégoûté des places qu'on ne songeait plus à lui offrir - sa vie était pleine de loisirs. Il n'en employa aucun à découvrir que sa femme le trompait, près au contraire d'attester jusqu'au Néant Divin que Doliah était fidèle. Et certes elle l'était, mais à son amant, ne livrant plus d'elle-même au mandarin, quand les Rites lui en faisaient contrainte, que le cadavre de la volupté dans une couche fastidieuse.
Ce n'est pas que cet aveugle et malheureux époux estimât sa femme, ni du reste les femmes ; indigence d'esprit assez commune à ces gens de médiocre sagacité qui tiennent l'intervalle entre les êtres tout à fait bornés et les hommes d'esprit. Non, c'était en soi-même que reposait sa foi, comme si ce fut, pour lui, hors nature d'être cocu : tels les héros abordent la bataille sans songer qu'ils y pourraient périr. Et enfin, sans plus de raisons, Jan-Chicaille était pareil à tant de maris trompés, qui ne le savent pas ; ou, s'ils le savent, ne le croient point.
C'est à la philosophie qu'il dévoua la plupart de son temps, écrivant des traités pour le peuple, où il décriait le culte des ancêtres et des héros, les cérémonies, les images. Comme on lui avait dit souvent que le ridicule tue, en Chine, il usait surtout d'arguments ironiques. Avec cela, ces petits livres ne se vendirent point, dont le mandarin conclut à la décadence de l'Empire, et tomba dans le découragement, l'inertie, le marasme, voire la mélancolie. En vain méditait-il pour lui-même les symboles en rond dont Confucius découvre peu à peu le néant des choses ; sortes de boîtes l'une dans l'autre contenues, et dont la dernière est vide. Il cessa même les soins qu'il avait pris jusque-là d'un temple élevé par lui à se Sage.
C'est au temps de sa faveur qu'il l'avait fait bâtir et orner de tableaux de laque, où il était écrit :
« II faut avoir des doigts à sa croyance. »
« Lave ton esprit avant ton corps. »
« Ceux qui prêchent la bonté aux dépens de la justice sont pareils à un jardinier qui attendrait les fruits dont il n 'aurait fus fiante l'arbre. »
« Ce n 'est pas dans ses créatures qu 'il faut adorer le Créateur. »
et bien d'autres choses encore pleines d'ingéniosité. Mais le temple, aujourd'hui, était envahi d'herbes et de branches.
Par un mol après-midi d'automne, Doliah et Pô, qui couraient les champs, y cherchèrent un abri contre l'averse prochaine.
Déjà le ciel n'était plus qu'une nue indistincte où perle la lumière. Comme pour annoncer la géométrie, des grues, assemblées en triangle, passaient en jetant une étrange voix. On respirait la fleur mouillée, la feuille, les fruits trop mûrs ; et cela faisait autour du jardin un réseau d'odeurs où s'emprisonnait le vol des dernières abeilles. Cependant, les gouttes de la pluie sur le dôme des badamiers, résonnèrent, grossirent. Un murmure enveloppa le sanctuaire : voix multiple et confondue, qui naissait de toutes parts.
- Ô poète, dit la belle Doliah, l'épouse de Jan-Chicaille, j'aimerais à m'asseoir sous cet arbre, là-bas. Une herbe molle en tapisse les abords, et le feuillage n'en laisse percer jamais ni le soleil ni l'orage.
—... Regarde, Doliah : auprès de ce tombeau en forme de tortue qui abrite un lettré des iris fleurissent ; de ces iris bleus dont sans doute il ne regarda jamais l'azur de son vivant. Et plus loin, sur le perron, est tombée une pêche mûre qui embaume, à son propre parfum, ses dernières heures. Ainsi, partout le plaisir de la mort... Mais va, laissons ces similitudes, et donne-moi ta bouche, Doliah.
Quand ils furent las de ce couvert, et peut-être d'eux-mêmes, la pluie avait cessé. Le soleil, à travers une fenêtre en ruines, agitait sur les murs l'ombre des bambous et Doliah, revenue dans le temple, se faisait expliquer par son amant ce qu'il y avait d'écrit sur les tablettes. Une d'elles disait :
«Ici, Ô Confucius, moi, Jan-Chicaille, dont l'Empereur d'un peu de sa gloire s'estplu à vêtir la modestie, je me suis tenu debout devant tes autels, pour honorer la vertu. »
— Ô poète, dit la jeune femme, écris ce que je vais te dire, à la suite de ces mots orgueilleux.
Alors, Fô, avec un morceau de plâtras, traça sur la laque écarlate ces paroles qu'à mesure elle lui dictait :
— «Et moi, Confucius, moi l'épouse de Jan-Chicaille, Doliah que son amant se plaît à mettre nue, nous nous sommes, devant tes autels, couchés ensemble, pour y faire l'amour sous le feuillage harmonieux. »
2
Au contraire de son gendre, le riche banquier Liong-Tich observait le culte des ancêtres, dont l'antiquité rend les cérémonies si respectables qu'on n'en démêlait déjà plus le sens au temps que la Chine les adopta. Cette secte incline vers une émouvante et pompeuse idolâtrie ; mais Confucius, uniquement à la morale. On sent qu'il peut naître de là deux hypocrisies fort opposées : celle de Jan-Chicaille, négative en quelque sorte, tristement ardente à proscrire, à interdire, à s'abstenir ; tandis que le zèle de Liong-Tich allait surtout aux cortèges d'un apparat symbolique, aux publiques aumônes, au luxe des sanctuaires ; et aussi à l'entretien des filles.
C'est une coutume dans l'Empire d'en prendre soin, de celles tout au moins qui se peuvent arracher à la dent des cochons. On sait qu'ils se nourrissent, à la Chine, d'enfants trouvés ce qui en fait une chère délicate. Quant à celles qu'un pieux souci dispute à la gourmandise, elles sont destinées, les unes à entrer dans le domestique des grandes maisons, et habituées, dans ce but, à servir, à sourire et à n'exhaler sous les coups que des plaintes harmonieuses ; les autres à faire métier de courtisanes, les familles n'en formant pas toujours un assez grand nombre ; et les plus belles enfin à l'office de prêtresses.
C'est de ces dernières surtout que Liong-Tich prenait souci. Souvent, au sortir d'affaires où il avait déployé tout le jour une gravité admirable, il gagnait, dans une modeste litière, le Temple-aux-Cent-Génies, antique demeure des dieux qu'habitaient aujourd'hui ces novices, avec les matrones chargées de leur enseigner la vertu. Au milieu d'un troupeau aussi bien fait sans doute pour lui faire oublier les corruptions de la vie, Liong-Tich semblait un autre homme devenu. Et rien n'était plus touchant que leur familiarité à son endroit, comme aussi la tendresse paternelle qu'il leur rendait : les vieillards ont toujours aimé les petites filles.
Parfois, la nuit le surprenait dans le Temple, et il l'y passait tout entière.
Certain soir qu'il avait prié Lao-Tseu et Fô, le poète, à une soirée d'intimes, elle se prolongea trop avant pour leur permettre de retourner à la ville. C'était merveille cependant de voir régner parmi eux cette gaîté de bon aloi et cette délicatesse qui rehaussent le divertissement des personnes distinguées par le rang ou l'intelligence. Lao-Tseu, couché non loin d'une lampe à opium, faisait préparer des pipes à une novice vêtue de soie gorge-de-pigeon ; tandis qu'une autre, qui n'avait retenu de ses ajustements que ses babouches à perles et une couronne de bougainvilleas, écoutait, assise sur les genoux de Liong-Tich, les vers que Fô récitait d'une voix hésitante encore que mélodieuse.
- Oh que c'est joli, s'écria-t-elle tout à coup en battant des mains : aussi joli que vos yeux !
Mais le banquier lui donna une tape pour la faire taire, et Mlle Grâce-d'en-Haut, laissant là son cresson à la crème, s'élança sur elle en criant :
- Si tu ne veux pas que je te crève les tiens, tâche de t'occuper de ton vieux, n'est-ce pas, espèce de pâtée-aux-chiens !
Mlle Aurore, présentement dite Pâtée-aux-Chiens, tira une longue épingle de ses cheveux et se jeta sur Mlle Grâce-d'en-Haut, en la traitant de Bouche-à-tout-faire, d'Ourite-pourrie, etc. L'un et l'autre spectateur intervenant alors pour pousser à la querelle, le tapage devint si haut que Lao-Tseu lui-même en fut troublé, et se souleva à regret sur sa natte.
À ce moment, on frappa et, la porte s'ouvrant sans attendre de réponse, les convives virent entrer, avec autant de respect que d'ennuis, Ti-Ho-Lenni-Ha, oncle de l'empereur, et célèbre pour la sévérité de sa vertu.
- Ciel, et vénération ! s'écria l'auguste visiteur, quoi ! Liong-Tich en ces lieux ! Ô scandale ! Vos cris sont tels que de la route où je passais, l'éclat m'en a fait poursuivre jusqu'ici la cause et le sacrilège. Quoi ! c'est vous, un des personnages les plus qualifiés de l'Empire - vous et deux lettrés dont la Chine entière admire les talents, que je... Messieurs, n'avez-vous point de honte... dans un temple ! Quoi ! Quoi !
Et le prince branla trois fois la fourche de sa barbe, tandis qu'Aurore, ne pouvant dissimuler qu'elle était nue, avait mis une main devant son visage, et souriait au travers.
- Monseigneur, balbutia Liong-Tich tout chancelant d'un émoi qui ressemblait à l'ivresse, Monseigneur... justement, nous... louions les dieux.

Stupre !
Le mandarin Jan-Chicaille entra sans s'annoncer chez sa femme, la belle Doliah. Elle était en train de se faire polir les ongles et son sein gauche, qui avait jailli hors de sa tunique, ressemblait à une coupe de la famille rosé. Mais, à reconnaître qui venait, elle le cacha; et presque aussitôt sa bouche, comme si elle eût déjà bâillé.
- Ce qui arrive n'est pas tolérable, commença l'ancien ministre ; ni votre père, de compromettre sans cesse ainsi mon avenir politique.
- Serait-il tombé de cheval ? demanda la jeune femme.
- Il ne s'agit point de rire.
-Ah! Dieux, non, fit-elle, en bâillant une seconde fois. Qui parle de rire ?
-Votre père, sans doute, reprit le mandarin avec une sombre ironie. Savez-vous ce qui lui arrive ? On l'accuse de stupre...
— De stupre !
Doliah tomba dans un abîme d'incertitudes et de terreur. Quel crime pouvait-on bien entendre par stupre ? Sacrilège, bêterie, magie noire? Tout cela peut-être ensemble... car enfin : stupre ?... Mais pour son rouge, elle en fût devenue tout pâle.
- Quoi, enfin ? soupira-t-elle.
—Vous ne savez donc rien, ma chère amie. C'est avec les chastes vestales du Temple-aux-Cent-Génies, cet asile...
—Vous allez encore dire du mal de la religion...
-Je vous dis qu'il y en avait une à qui U ne restait qu'un chapeau de fleurs - et votre père - quand on les a surpris.
- Eh quoi ! c'est tout cela, votre stupre ; faire l'amour, vous vouliez dire... Que ne disiez-vous : faire l'amour ? Pauvre papa : ça doit beaucoup l'essouffler, à son âge.
Et elle se retourna vers la manucure.
- Du reste, il n'était pas seul, continua Jan-Chicaille. On y a surpris du même coup le philosophe Lao-Tseu...
-Ah ! ce vieux cynique.
- Et Fô, le poète.
—Vous avez dit ! cria la jeune femme.
—J'ai dit : Fô le poète. Qu'avez-vous donc, ma chère amie ?
—Je n'ai rien, hurla Doliah ; que voulez-vous que j'aie ? Et pensez-vous qu'il soit agréable d'entendre traîner son père dans la boue ? Que je les tienne, moi, ces petites sauteuses... Et bien entendu, il n'était pas seul ce... Fô ?
- Bien entendu. Pas ivre, paraît-il, mais pas seul non plus, et très intime, dans une chambre à côté, avec cette petite qui était de vos servantes naguère et toujours collée à vos jupes. Vous aimiez à la faire danser, disiez-vous. Et puis, vous l'avez mise dans les Novices. Grâce de... d'en... vous savez.
- Si je sais ! Ce que je sais, c'est que je les ferai écorcher, je vous dis. Je ferai fermer le temple. Débaucher un vieillard !
C'est une infamie ! Quoi ? que dites-vous ? Laissez-moi, tenez. Vous êtes une brute. Vous me ferez mourir ! Je... je divorcerai !
Déchirant sa tunique, et agitant ses belles jambes, Doliah, sur une chaise longue, tomba dans la plus dangereuse attaque de nerfs - dangereuse pour son entourage.

Ainsi chante Lao-Tseu
1
Exilés pour quelque temps de la Cour, en suite de ces scandales, Lao-Tseu et le poète Fô cherchèrent dans le Midi un abri à leur disgrâce.
Certain jour que d'un penchant ils admiraient les variables tableaux que le printemps, à sa naissance, compose de soleil, de nuées et d'une tendre verdure, - des barques, au fil d'un fleuve blond, côtoyaient la province voisine qu'on eût cru voir se peindre aux yeux ; le capricieux éclat d'un astre voilé, ou découvert tour à tour, tout à tout en semblait rapprocher quelque fragment, ou le plonger dans l'oubli : collines dont une route de peupliers festonne la crête ; village un instant blanc de lumière, et, ça et là, quelque clocher aigu, avec un coq tout en haut, comme une étincelle.
— L'autre matin, dit Fô, de céans je vis fuir vers la mer, avec ces ondes, tout un vol de voiles, à l'encontre du soleil qui s'enflaient et se coloraient comme la joue d'un enfant qui siffle. On eût dit de cette sorte de rêves, de désirs, de fuyantes images qui jaillissent d'un amour heureux.
— Il n'en est point, repartit le philosophe. Et si tu les avais vues le soir, toutes ces barques, sous la tempête, revenir et laisser pendre leurs ailes blessées. C'est ainsi que l'on revient de chercher le bonheur. Et puis joyeuses ou non, elles troublent, comme tout ce qui est en vie, ce secret accord qui résonne entre mon âme et le visage de la terre.
— ô sophiste prétentieux, te vantes-tu de n'aimer que les paysages déserts ? Pour moi, je n'y saurais rien entendre ; et, à vrai dire, ils ne m'offrent un sens que si une femme, de sa présence, les anime et les fleurit. N'en vis-tu jamais aucune, par un jour odorant de juin, toute rosé parmi les rosés ?
Ecoute : tu n'ignores point que Doliah est venue, au dernier automne, se faire absoudre de bien des torts qu'elle me croyait envers elle. Je ne lui marchandai point son pardon. Notre dernier rendez-vous fut à l'orient de la ville, dans un lieu hérissé d'arbres, et dont la solitude, ô violon caduc, jouerait sans doute une musique sans pareille sur tes cordes rac-cornies. Je l'attendais au centre mystérieux de la forêt, sous les cèdres noirs, quand de loin, je la vis venir. Un manteau étroit pressait, comme pour les mieux trahir, tous les fruits de son corps. Sous ce vêtement, de couleur violette, on eût dit un iris qui chemine ; et qu'autour de ses pieds maladroits, toute la nature n'était plus que le prolongement de sa beauté.
-Sans doute, reprit Lao-Tseu. Mais il n'est point de parure, ni de caresses, dont j'aime à violer la religion des bois. Et d'ailleurs, les femmes, jusques aux moments les plus sacrés, jusques dans le plaisir, savent-elles autre chose que de briser le divin cristal du silence ?
- Bon, répliqua Fô, voici le silence en cause ; et ce ne sera pas au moins le premier discours que tu m'en tiendras. Je sais là-dessus tes litanies, depuis : « Harmonieusement néant... » et « Parure de l'amour... » jusqu'à : « Toi qui charmes l'oreille... » Se peut-il, en vérité, qu'on mène un tel bruit autour du silence ?
- C'est, répondit Lao-Tseu, la pudeur de notre pensée. C'est encore, comme on l'a dit, le plus beau vêtement d'une femme, ni qu'elle doive violer plus que toute autre chemise. Quoi, si Mika, cette courtisane à qui tu as ouvert ta couche, et dont les cheveux sont pareils à un buisson qui brûle dans la nuit, découvrait devant tes hôtes les trésors délicieux de sa chair, ne la feras-tu point châtier par les servantes ?
— Point, affirma le poète.
-Et si Doliah...
-Ah ! laissons Doliah. Et pour en revenir au silence, sache que je l'endure mal. Si ma maîtresse se tait, c'est qu'elle médite quelque perfidie ; si l'Océan se tait, sa torpeur annonce
l'orage ; et si, quand j'aborde une compagnie, les gens se taisent... Mais cela ne te dirait rien. Tu n'es pas, ô Lao-Tseu, l'homme des salons.
—Je ne le suis pas, conclut le philosophe. Je suis un Chinois de mon temps. Et souviens-toi qu'il n'est encore que 200 ans avant Jésus-Christ.
« Comme les cordes de la harpe Pho-hi, dont chacune a son timbre, et toutes ensemble leur concert ;
«Ainsi sont nos jours.
« Ô fils de Té-A, ils sont encore pareils aux doigts de ton amie, dont les caresses, dis-tu, surpassent le ravissement de l'opium. Chacun d'eux, en se posant sur ton corps, ce n'est à peine que le poids d'une feuille. Mais, un à un, ils te renversent bientôt sur le sofa aux belles fourrures... Et de même te couchera la dernière de tes heures...
« Heures trop légères dont l'amas appesantit le cœur ; heures de rêve ou de mélancolie ; et vous toutes, heures identiques et diverses, semblables aux mille pétales de cette pliante fleur, que j'aperçus un matin, au sortir du quartier des courtisanes, et dont je ne me rappelle pas le nom. »
Ainsi chante Lao-Tseu, ivre de vin cuit, tandis que la Rivière des Perles clapote contre le bateau de fleurs, et que l'aube se lève derrière Chamine.

Le masque de la mort
1
Le haut fonctionnaire qu'on venait d'introduire auprès du mandarin Jan-Chicaille, l'époux de la belle Doliah, lui dit à brûle-pourpoint :
-Votre femme vous trompe.
Cela plaît rarement d'ouïr, n'y croirait-on pas. Mais Jan-Chicaille, que sa philosophie mettait bien au-dessus du frivole, ne fit que se carrer dans son fauteuil de marbre arborisé, en répondant :
- On dit toujours ça.
-Comment : on dit !,.. Mais quand c'est vrai... Jan-Chicaille fit claquer sa langue. -Allons, allons, ajouta-t-il du même ton dont on calme un enfant en colère.
- Et moi, je vous affirme que vous êtes... -Là... là, pas de gros mots.
— Comment voulez-vous que je dise ? Que vous avez mal de gorge ?
-Je veux que vous ne disiez rien. Vous êtes trop mon ami pour que je ne vous sache pas gré de cette confidence un peu bien brusque, et dont les motifs secrets me touchent pardessus tout. Comment ne les saurais-je pas, quand personne, à la cour ni à la ville, n'ignore que vous avez recherché ma femme sans aucun succès.
- Oui, reprit cet homme de bon sens, sans aucun succès. Car enfin, comme elle me disait elle-même à votre propos, quand on s'attaque à une femme qui a de la vertu, et du monde, il faut au moins être moins laid que son mari.
Et Jan-Chicaille se contempla avec complaisance dans un miroir de poche venu de Germanie, dont son visage lunaire emplissait la rondeur.
- Fort bien, reprit le haut fonctionnaire, à qui son courroux avait communiqué pour un instant la couleur splendide de l'or ; mais en croirez-vous ceci !
Il déployait un papier couvert d'écriture démotique. Car la belle Doliah, l'épouse de Jan-Chicaille, n'était point initiée au mystère presque divin des idéogrammes. Et, avec beaucoup de fautes de chinois, elle disait :
« Depuis que j'ai quitté les bords de l'heureuse Canton où s'entrechoquent des jonques, je songe aux sourcils de mon ami, qu'on dirait tracés au pinceau. Sa face est suspendue sur mes lèvres, telle qu'un astre dans le ciel.
«J'aime le poète Fô, mon ami. Quand il serait très bête, je le chérirais pour m'avoir révélée à moi-même dans l'amour.
Je l'adorerais encore s'il ne m'avait point enseigné le plaisir, rien que pour avoir abrité de ses mains cette lampe parfumée qui était près de s'éteindre dans mon amour.
« Incomparable Fô, devant toi Doliah oublie sa pudeur. Comme une maison sans portes, elle est ouverte à tes désirs. »
- Ça doit être une plaisanterie, balbutia l'ancien ministre.
- Oui c'en est une, mais à vos dépens. Ah ! ne vous aveuglez pas vous-même. Songez plutôt... Je parle en ami (Jan-Chicaille grinça des dents). Songez plutôt à la vengeance : nos lois vous en donnent le pouvoir. Vous êtes maître de cette perfide, et son châtiment vous appartient tout entier. N'êtes-vous pas couvert par ce chiffon que je me fais un devoir de laisser entre vos mains.
Et lui remit le papier de soie.
— Comment vous remercier jamais assez, dit le mandarin. (Pour un peu il lui aurait offert les Mille Coupures).
- Ne parlons pas de ça, reprit le haut fonctionnaire : je l'ai fait de bon cœur. Parlons plutôt du plaisir que ce sera pour vous, au plus secret de vos appartements, de faire crier cette chair criminelle qu'un autre a réjouie, crier tour à tour sous le tranchant du couteau, sous les fers rougis... que sais-je ? Et d'avance, n'en pleurez-vous pas de plaisir ? Imaginez sa bouche pleine de plaintes ; son âme de terreurs. Tous deux seuls - et un esclave - dans la nuit que trouble sa seule voix... Jusqu'au tardif moment où il n'y aura plus que l'esclave et vous...
- Non, dit Jan-Chicaille, je ne suis pas un sadique, moi. Et il est doux de pardonner.
C'est peu de temps après qu'on apprit la mort de la belle Doliah, l'épouse de Jan-Chicaille.
2
— Ô mort, s'écria Lao-Tseu, seul bien dont le Destin ne puisse frustrer les hommes ; le seul dont ils semblent appréhender de jouir. Ô mort, dont les mains caressantes nous berceront dans le néant...
- Certes, repartit Fô, tu as raison de louer la mort, ô philosophe ! quand, scellant à jamais nos cœurs instables, elle leur ouvre ce sommeil sans aurore, que peut-être les dieux ont peuplé de rêves, et des sourires de l'illusion.
Mais il la faut louer surtout de se mêler à la vie, comme l'odeur des cyprès épouse l'odeur des rosés.
Il la faut louer pour ce qu'elle rehausse de son épice ces quelques jours que nous traversons en chancelant ; il la faut louer quand elle porte des chapeaux de fleurs, et qu'elle cache à demi sa grimace derrière le masque de l'amour.
  • Document: Toulet, Paul-Jean. Comme une fantaisie. (Coulognes-sur-l'Autize : Ed. du Divan ; Paris : G. Crès, 1918). [Enthält] : Ombres chinoises. (Tou3, Publication)
3 1921 Toulet, Paul-Jean. Princes de la Chine [ID D24748].
a. Les trois princes Pou, Lou et You,
Ornement de la Chine,
Voyagent. Deux vont à machine,
Mais You, c'est en youyou.
Il va voir l'Alboche au crin jaune
Qui lui dit : "I love you."
- Elle est Française ! assure You.
Mais non, royal béjaune.
Si tu savais ce que c'est, You ;
Qu'une Française, et tendre ;
Douce à la main, douce à l'entendre :
Du feu… comme un caillou.
b. Mgr Pou n'aime ici-bas
Que le sçavoir antique,
Ses aïeux, et la politique
Du Journal des Débats.
Elle qui naquit sous le feutre
Des chevaliers mandchoux,
Sa femme a le coeur dans les choux :
Dieu punisse le neutre !
Mgr Pou, mauvais époux,
Tu cogites sans cesse.
Pas tant de g. pour la Princesse :
Fais-lui des petits Pous.
c. Sous les pampres de pourpre et d'or,
Dans l'ombre parfumée,
Ivre de songe et de fumée,
Le prince Lou s'endort.
Tandis que l'opium efface
Badoure à son côté,
Il rêve à la jeune beauté
Qui brilla sur sa face.
Ainsi se meurt, d'un beau semblant,
Lou, l'ivoire à la bouche.
Badoure en crispant sa babouche
Pense à son deuil en blanc.
  • Document: Toulet, Paul-Jean. Princes de la Chine. In : Toulet, Paul-Jean. Les contrerimes. (Paris : Emile-Paul frères, 1921). (Tou4, Publication)
4 1921 Toulet, Paul-Jean. Princesse de la Chine [ID D24749].
Vous qui retournez du Cathai
Par les Messageries,
Quand vous berçaient à leurs féeries
L'opium ou le thé,
Dans un palais d'aventurine
Où se mourait le jour,
Avez-vous vu Boudroulboudour,
Princesse de la Chine,
Plus blanche en son pantalon noir
Que nacre sous l'écaille ?
Au clair de lune, Jean Chicaille,
Vous est-il venu voir,
En pleurant comme l'asphodèle
Aux îles d'Ouac-Wac,
Et jurer de coudre en un sac
Son épouse infidèle,
Mais telle qu'à travers le vent
Des mers sur le rivage
S'envole et brille un paon sauvage
Dans le soleil levant ?
  • Document: Toulet, Paul-Jean. Princesse de la Chine. In : Toulet, Paul-Jean. Les contrerimes. (Paris : Emile-Paul frères, 1921). (Tou5, Publication)

Bibliography (3)

# Year Bibliographical Data Type / Abbreviation Linked Data
1 1918 Toulet, Paul-Jean. Comme une fantaisie. (Coulognes-sur-l'Autize : Ed. du Divan ; Paris : G. Crès, 1918). [Enthält] : Ombres chinoises. Publication / Tou3
2 1921 Toulet, Paul-Jean. Princes de la Chine. In : Toulet, Paul-Jean. Les contrerimes. (Paris : Emile-Paul frères, 1921). Publication / Tou4
  • Cited by: Internet (Wichtige Adressen werden separat aufgeführt) (Int, Web)
3 1921 Toulet, Paul-Jean. Princesse de la Chine. In : Toulet, Paul-Jean. Les contrerimes. (Paris : Emile-Paul frères, 1921). Publication / Tou5
  • Cited by: Internet (Wichtige Adressen werden separat aufgeführt) (Int, Web)