1966
Publication
# | Year | Text | Linked Data |
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1 | 1966 |
Foucault, Michel. Les mots et les choses : Préface [ID D24665]. Ce livre a son lieu de naissance dans un text de Borges. Dans le rire qui secoue à sa lecture toutes les familiarités de la pensée - de la nôtre : de celle qui a notre âge et notre géographie -, ébranlant toutes les surfaces ordonnées et tous les plans qui assagissent pour nous le foisonnement des êtres, faisant vaciller et inquiétant pour longtemps notre pratique millénaire du Même et de l'Autre. Ce texte cite "une certaine encyclopédie chinoise" où il est écrit que "les animaux se divisent en : a) appartenant à l'Empereur, b) embaumés, c) apprivoisés, d) cochons de lait, e sirènes, f) fabuleux, g) chines en liberté, h) inclus dans la présente classification, i) qui s'agitent comme des fous, j) innombrables, k) dessinés avec un pinceau très fin en poils de chameau, l) et caetera, m) qui viennent de casser la cruche, n) qui de loin semblent des mouches". Dans l'émerveillement de cette taxinomie, ce qu'on rejoint d'un bond, ce qui, à la faveur de l'apologue, nous est indiqué comme le charme exotique d'une autre pensée, c'est la limite de la nôtre : l'impossibilité nue de penser cela... Pourtant le texte de Borges va dans une autre direction ; cette distorsion du classement qui nous empêche de le penser, ce tableau sans espace cohérent, Borges leur donne pour patrie mythique une région précise dont le nom seul constitute pour l'Occident une grande réserve d'utopies. La Chine, dans notre rêve, n'est-elles pas justement le lieu privilégié de l'espace ? Pour notre système imaginaire, la culture chinoise est la plus méticuleuse, la plus hiérarchisée, la plus sourde aux événements du temps, la plus attachée au pur déroulement de l'étendue ; nous songeons à celle comme à une civilisation de digues et de barrages sous la face éternelle du ciel ; nous la voyons répandue et figée sur toute la superficie d'un continent cerné de murailles. Son écriture même ne reproduit pas en lignes horizontales le vol fuyant de la voix ; elle dresse en colonnes l'image immobile et encore reconnaissable des choses elle-mêmes. Si bien que l'encyclopédie chinoise citée par Borges et la taxinomie qu'elle propose conduisent à une pensée sans espace, à des mots et à des catégories sans feu ni lieu, mais qui reposent au fond sur un espace solennel, tout surchargé de figures complexes, de chemins enchevêtrés, de sites étranges, de secrets passages et de communications imprévues ; il y aurait ainsi, à l'autre extrémité de la terre que nous habitons, une culture vouée tout entière à l'ordonnance de l'étendue, mais qui ne distribuerait la prolifération des êtres dans aucun des espaces où il nous est possible de nommer, de parler, de penser... Sekundärliteratur Fabian Heubel : Foucaults Forschungen haben mit grosser Insistenz die Grenzen der westlichen Welt und ihrer Rationalität analysiert, ohne jedoch je ernstlich darüber nachzudenken, welche Bedeutung 'nicht-westliches' Wissen für die archäologische Analyse 'unserer Moderne' haben könnte. Im Vorwort zu 'Les mots et les choses' erscheint China als eine fiktive 'Heterotopie', die zum Lchen bringt und erstarrte 'westliche' Denkstrukturen erschütters, aber letztlich vor allem von der westlichen Verkennung des modernen China zeugt. |
# | Year | Bibliographical Data | Type / Abbreviation | Linked Data |
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1 | 2007- | Worldcat/OCLC | Web / WC |
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