1998
Publication
# | Year | Text | Linked Data |
---|---|---|---|
1 | 1829 |
Abel-Rémusat, Jean-Pierre. Nouveaux Mölanges asiatiques [ID D1984]. Abel-Rémusat schreibt : "Libre de despotisme militaire que le musulmanisme a établi dans le reste de l'Asie, ignorant l'odieuse division des castes qui forme la base de la civilisation indienne, la Chine offre à l'extrémité de l'ancien continent un spectacle propre à consoler des scènes de violence et dégradation qui frappent les yeux partout ailleurs. La piété filiale est surtout en honneur ; le respect pour les parents est comme transformé en culte, et se prolonge par l'effet de diverses cérémonies, bien au-delà du terme de leur vie. La vénération même et l'obéissance qu'on doit au souverain et aux magistrats, sont adoucies par une sorte de sentiment filial qui les inspire et anoblit. Le mariage n'est pas un vain nom comme chez les peuples musulmans, quoique la polygamie soit permise, ou du moins tolérée. Une seule femme a le rang et les droits d'épouse, les autres femmes sont réputées à son service et n'ont aucune part à l'administration domestique. Il n'y a aucune caste privilégiée : tous les Chinois peuvent aspirer à tous les emplois auxquels on arrive par la voie des examens. La connaissance approfondie des livres classiques et des principes du droit public et des traditions des anciens, puisée dans les écrits des philosophes et constatée par les examens, est le seul titre reconnu, d'après lequel doivent être réglés les droits des candidats et leur admission aux emplois." |
|
2 | 1841-1857 |
[Auguste Comte und China]. Comte schreibt : "Malgré les déclarations classiques sur le prétendu despotisme oriental, la soumission trop prolongée résulte surtout de la difficulté d’obtenir une meilleure domination". "Beaucoup ont considéré les Chinois comme un peuple soumis à une domination arbitraire en assimilant sous ce rapport leur régime au gouvernement islamique en décrépitude. C'est une grave erreur. Une profonde soumission se combine chez eux avec un sentiment rès réel d'indépendance." Georges-Marie Schmutz : Comte ne crut jamais au 'despotisme oriental', à l'idée de la Chine stagnante ni à celle d'un état stationnaire. Dans le Système de politique positive [ID D20372]. et la Synthèse subjective [ID D20373], Comte ne mentionne pas toutes ses sources. Compte propose une sociologie de la hiérarchie, et la relie au rôle de famille, deux thèmes qui simposèrent naturellement dans le cadre dun appréciation sociologique de la société chinoise. Il met à jour lélément de continuité qui sous-tend la société occidentale et lélément de progrès continu qui caractérise la civilisation chinoise. Lempire chinois va servir aux positivistes de modèle pour envisager la société française sous le Second empire. Comte se résume à trois principes : progression nécessaire, accumulation, changement par soumission. La société est synonyme dunité, une unité qui contien le progrès. Ppour cette partie de sa doctrine sociologique, Comte trouvera une illustration dans lhistoire de la civilisation chinoise. Comte eut lintuition que la civilisation chinoise offrait un exemple surprenant de sa propre vision de la société. Il définit le religieux chinois depuis son expression la plus simple (le culte des ancètres) jusqu'à son expression la plus englobante (le culte de l'espace). La Chine partage en effet un même objet de culte avec la société positiviste : l'espace. Pour les Chinois, le ciel est l'objet de vénération. Le culte des ancêtres, avec son insistance sur le passé, sur la famille et sur l'ordre social et le gouvernement, est un élément indispensable de progrès, quand celui-ci se comprend en relation avec la continuité. La position centrale de la famille dans le modèle positiviste ainsi qu'en Chine découle naturellement du culte des ancêtres. Il fut le principal élément unificateur en Chine et a directement influencé le cours de son histoire en donnand à la famille chinoise une position centrale et en favorisant une certaine conception de l'ordre. L’institution de la famille rend possible une Chine des petits propriétaires ; la société chinoise n'est pas organisée en castes, elle n'a même pas d'aristocratie ; au contraire, elle est formée d'une multitude active de petits propriétaires indépendants, comme on peu le lire dans le Mengzi. L'esprit d'entreprise est naturel chez les Chinois est découle du système familial. Comte les appelait 'la race active'. Selon Comte, la société fonctionne grâce à son organisation, d'où l’importance de la hiérarchie. La Chine peut servir d'illustration. Oscar A. Haac : Auguste Comte appartient au grand mouvement de la 'renaissance orientale', car à partir de 1842, aux leçons 56 et 57 du Cours, il cherche à élargir sa conception de la culture européenne en la nommant 'occidentale' : ce qui l'induit à son pendant, l'Orient ; et en effet, il annonce que le positivisme 'ralliera dignement l'Orient à l'Occident pour le développement des attributs humains'. "[Le positivisme] comportera bientôt une efficacité croissante, soit pour la préparation directe des populations retardées, soit surtout en confirmant la famille d'élite dans sa nouvelle foi, ainsi appelée à manifester son universalité caractéristique." La France et l'Angleterre et trois autres pays d'Europe forment l'élite; la Chine est une de ces 'populations retardée', mais elle passera à l'état positif sans attendre, n'ayant jamais accepté la suzeraineté des prêtres, et évité le 'théologisme' polythéiste ou mono-théiste. L'humanisme de Confucius l'a mise en bonne voie. Nous trouvons chez Comte une forte sympathie pour l'Orient et pour la Chine en particulier. Confucius et Comte postulent que l'individu en société n'a aucun droit, uniquement des devoirs. Le pouvoir de l'Etat est absolu, mais en même temps altruiste et paternel, de sorte que le peuple ne sera pas exploité. Comme l'affirme le Catéchisme positiviste : 'Le positivisme ne reconnaît à personne d'autre droit que celui de toujours faire son devoir'. Comte propose la 'dictature républicaine' qui garantit 'Ordre et progrès'. Tandis que Confucius tire ses conclusions de la réalité chinoise. Comte les dérive de sa vision de la société positive, mais, l'un et l'autre, ils honorent l'humanité et la tradition dans laquelle l'homme n'a aucun droit, seulement quantité de devoirs. Auguste Comte prévoit qu'à l'état positif, l'Occident, l'Europe unifiée, va se réconcilier avec l'Orient asiatique et qu'alors la paix sera perpétuelle ! Il définit la qualité caractéristique de l'Occident, de l'Orient et de sa propre philosophie. Heureusement, il est moins rigide qu'il ne semble ; il admet des décalages importants entre les pays. Quant à la Chine retardataire, elle pourrait sauter le second des trois états historiques, qui sont désormais fétichisme, théologisme, positivisme. Comte conçoit qu'il existe une différence essentielle en philosophie entre l'Ouest qui systématise et l'Est qui ne pratique pas l'abstraction. Ainsi il considère qu'en Chine, les objets de la foi, la Terre et le Ciel, sont deux fétiches; en Occident, ce sont les bases d'une pensée universelle. Ils le seront également en Chine quand elle sera positiviste. Pour illustrer la différence entre les deux civilisations. Comte donne l'exemple frappant de trois découvertes : la boussole, les armes à feu et l'imprimerie: inventées en Orient, elles n'y produisent pas l'essor industriel qui suivra leur redécouverte en Europe. La Chine n'a pas su les exploiter, 'si, comme on a tant répété, l'ébauche directe de ces trois arts fut réellement beaucoup plus ancienne chez certaines populations de l'Orient asiatique, sans y avoir cependant déterminé aucun des immenses résultats sociaux qu'une irrationnelle appréciation attribue vulgairement à leur unique influence'. C'est l'époque où le Système de philosophie positive (1851-1854) introduit l'élément féminin et sensible, aspect que le Cours avait négligé. Sous l'égide de la religion positive le Système revient à la Chine et à sa double perspective du passé et de l'avenir, «accord universel » qui rapprochera l'Orient de l'Occident et garantira la paix ! Une page consacrée au bouddhisme montre pourtant que souvent l'Orient échappe à Comte. Il dit qu'ayant rejeté les castes et quitté l'Inde. "Le bouddhisme prévalut surtout en Chine, où l'institution des examens tendit à transformer la théocratie en pédantocratie : réalisant, autant que possible, le rêve des lettres grecques et de leurs modernes imitateurs." Or Comte confond le bouddhisme et le néo-confucianisme qui, 1800 ans après Confucius, installe les examens de fonctionnaires: de 1313 à 1905, ces examens forcent l'élite chinoise à apprendre par cœur les 'quatre livres sacrés' de Confucius! Il y mêle encore l'idéal de la pensée grecque qui marque la supériorité de l'esprit occidental. Tout s'explique par le 'système' de Comte, qui lie la philosophie et l'histoire. Quant à la 'pédantocratie', il l'applique ici à 'la dégradation pédantocratique essentiellement propre aux Chinois'. On connaît les abus qui, au bout des siècles, avaient pénétré dans le système du recrutement chinois, mais cela n'a rien à voir avec le bouddhisme ou avec le rêve grec, qui reparaît dans le texte suivant, le seul du Système a nommer Confucius. Comte est en train d'établir la supériorité de Pythagore : "Entouré d'influences monothéiques au temps où Bouddha, Confucius, et Zoroastre, s'efforçaient de réorganiser les trois grandes théocraties, Pythagore résista constamment à la vulgaire ambition de figurer parmi les rénovateurs apparents, qui troublaient l'avenir pour améliorer le présent." La priorité qu'accorde Comte à la pensée occidentale explique ce texte fort négatif à l'égard de Confucius, qui pourtant a son respect. La place de Confucius dans le Calendrier positiviste montre qu'il est, pour Comte, le sage de l'ancienne «théocratie» ; mais là encore il y a erreur: l'époque de Confucius n'est pas une «théocratie» ! Quant au 'dévergondage monothéique', il sert à choquer les contemporains. Au Calendrier positiviste (1849), Confucius paraît en majuscules au premier mois, celui de Moïse (de la théocratie); Confucius a sa place après Numa (première semaine consacrée aux personnages 'fabuleux') et après Bouddha (deuxième semaine), mais avant Mahomet. La symétrie du calendrier donne une grande importance à Confucius, mais les explications de Comte prouvent qu'il attache une gloire plus ample à l'Occident: il accorde trois semaines entières à 21 penseurs de la Grèce, une seule aux représentants de l'Orient. Comte accueille les trois philosophies religieuses de la Chine, celles de Confucius, du Tao et du Bouddha, mais il les range au-dessous de l'Occident qui dérive de la Grèce. En 1856, dans la Synthèse subjective, Comte revient à l'Orient. Il affirme que la Chine est prête à passer directement à l'époque positive, car le fétichisme y est 'mieux systématisé qu’aucun autre cas» et «prévalut sur le théologisme'. Il veut dire qu'après l'époque des fétiches primitifs, objets doués de pouvoirs magiques , aucune caste de prêtres ne s'est établie en Chine pour ralentir ses progrès ; c'est pourquoi la Chine pourra sauter l'étape 'astrolâtrique' (où surviennent les prêtres pour expliquer les étoiles), ainsi que l'étape 'théologique' (du polythéisme et du monothéisme). Ciel et Terre, les conceptions essentielles de la religion, se transformeront de fétiches en symboles, à mesure que la Chine s'approchera de la pensée positive. Comte dit que la Chine peut, comme lui-même, faire un bond intellectuel et moral : préservée du monothéisme, elle peut s'engager dans la route de l'avenir ! Comte et Laffitte ont discuté de la Chine et qu'ils étaient d'accord sur le fait que son fétichisme particulier la ferait passer rapidement à l'état positif . Sans doute se sont-ils documentés tous les deux dans les Nouveaux mélanges d'Abel Rémusat où ils ont lu la description [ID D22425]. Un grand nombre des principes politiques de Comte et Confucius s'accordent de près ; l'humanisme positiviste et son but, 'Ordre et progrès', ne sont pas en principe étrangers à Confucius. D'autre part, l'utopie de Comte se concilie mal avec le réalisme de Confucius qui dit qu'il n’a jamais trouvé la perfection, ni en lui-même, ni dans les autres. Jacques Pereira : Lorsque Comte recherche des paradigmes historiques des différents états de l'histoire spirituelle de l'humanité, il en vient à poser l'Egypte et la Chine comme modèles du stade fétichiste. Et c'est parce que, précisément, la Chine est le seul exemple de grande civilisation qui a perduré dans ces assises fétichistes qu'elle intéresse le positivisme. L'originalité de la chivilisation chinoise tient à un parachèvement précoce de ses structures sociales qui devrait lui permettre, sans trop de difficultés, d'accéder à la modernité en faisant l'économie du passage par les étapes intermédiaires et les révolutions que l'Europe a pu connaître. Cela suppose que l'Occident se tienne dans la contiunité des contacts et des échanges que les missionnaires avaient inaugurés, et s'il sait s'en tenir à cette sage politique dont il pourrait tirer parti lui-même, nul doute que nous verrions la Chine trouver dans sa propre culture les éléments propres à conduire ses réformes et sa modernisation. |
|
# | Year | Bibliographical Data | Type / Abbreviation | Linked Data |
---|---|---|---|---|
1 | 2000- | Asien-Orient-Institut Universität Zürich | Organisation / AOI |
|