# | Year | Text |
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1 | 1885-1887 |
Emile Désiré Kraetzer ist Generalkonsul des französischen Konsulats in Shanghai.
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2 | 1885-1893 |
Byron Brenan ist Generalkonsul des britischen Konsulats in Tianjin.
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3 | 1885 |
Gaston de Bzaure ist Konsul des französischen Konsulats in Tianjin.
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4 | 1885 |
Simon, Eugène. La cité chinoise [ID D2437].
Gilbert Gadoffre : Simon a été le premier Français à envisager l'étude de la Chine sous l'angle économique. La cité chinoise est une analyse socio-économique et une idéologie. L'analyse est appuyée sur trois postulats : la Chine est un empire sans état, l'économie chinoise est autosuffisante et sans crises cycliques, le moteur de la civilisation chinoise est une religion du travail avec rituels mais sans métaphysique. La Chine, dit Eugène Simon, est le contraire de ce qu'elle paraît. Sous son apparence d'empire despotique aux pouvoirs hiérarchisés par un mandarinat en cascade, c'est une confédération de villages qui vivent dans un état de semi-autonomie. Les mandarins se contentent de prélever un impôt foncier et d'intervenir dans les cas, rarissimes, de troubles ou de catastrophes. Pour le reste, ils laissent les villages libres d'élire leur chef, leur maître d'école, leur tribunal et de s'organiser entre eux pour les problèmes de routes et de canaux. Le village lui-même n'est que le prolongement et le modèle agrandi de la cellule familiale, les principes d'organisation viennent d'en bas au lieu d'être imposés. On se trouve en présence d'un ordre biologique, le contraire de l'ordre mécanique de nos sociétés. D'où notre incompréhension. Nous avons, dit Eugène Simon, « une telle habitude d'être gouvernés que nous n'imaginons pas qu'une société puisse exister sans gouvernement et que nous ne rêvons encore que d'un bon gouvernement, c'est-à-dire d'un gouvernement fort ». A cette image, très XVIIIe siècle, de la Chine considérée comme l'exemple absolu d'une civilisation de l'homme naturel, s'ajoute une seconde image d'origine plus récente et plus proche du saint-simonisme, celle de la patrie de la religion du travail. Confucius est ainsi présenté comme l'apôtre de « la grande religion du progrès par le travail », religion « fondée sur l'unité du ciel, de l'homme et de la terre ». Ce culte n'est « pas autre chose que la symbolisation de ces idées », l'essentiel étant la loi du travail autour de laquelle s'ordonne le système, et qui justifie la supériorité, la résistance et la longévité de la civilisation chinoise, fondée sur les ruines du surnaturel. Non que le surnaturel soit tout à fait absent de l'Empire du Milieu, puisqu'il y a le taoïsme et le bouddhisme Mais l'auteur est bien décidé à leur faire la plus petite part dans son système de représentation. Ce sont, dit-il, des « religions inférieures » dont les fantasmagories sont « sans effet sur la vie sociale de ceux qui les partagent ». La Chine devient ainsi une image en creux de l'Occident dont Simon veut faire le procès. Pour rendre la thèse plus crédible, la stagnation chinoise est tantôt niée, tantôt présentée comme l'équilibre heureux d'une civilisation parfaite. Les faits économiques eux-mêmes sont chargés de justifier cette affirmation. Le dynamisme occidental ne nous a-t-il pas condamnés aux crises périodiques ? En Chine au contraire, « on peut dire que, sauf accidents, la production et la consommation sont partout en rapports constants » grâce à la stabilité du marché intérieur et à l'absence de besoins artificiels. La structure statique de la vieille Chine, qui lui valait tant de brocards, est présentée ici comme le garant de l'équilibre économique et social, de la sérénité des Chinois, de la qualité de la vie. |
5 | 1885 |
Jean-Baptiste Sarthou wird in Zhengding (Hebei) zum Bischof geweiht und zum vicaire aposotlique von Zhili = Hebei ernannt.
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6 | 1885 |
Loti, Pierre. Journal intime [ID D22229].
Pierre Loti ist während des französisch-chinesischen Krieges unter Admiral Amédée Courbet bei der Besetzung von Jilong, Taiwan dabei. Samedi 2 mai "De grand matin, nous arrivons à Hong-Kong. Le ciel est devenu tout gris. Les nuages font dôme, et on ne voit que la base des hautes montagnes admirablement vertes et boisées qui nous entourent. Deux journées assez amusantes, à Hong-Kong, à me faire promener en palanquin, dans un merveilleux éden de verdure et de fleurs. Une grand féerie de plantes, sur une ville élégante et riche. Des coureurs chinois vous portent, au petit trot silencieux, sur de lonauges hampes flexibles... Une seule et même voûte d'arbres ; des fougères arborescentes, comme des parasols de dentelle ; des rosier fleuris, fleuris comme des touffes roses ; des lys blancs, et des lys rouges, et des orchidées, et de bizarres fleurs chinoises... Des pelouses fraîches tondues à l'anglaise, des sentiers correctement sablés, avec des bancs verts. Et dans cette ville en jardin, circule une Chine discrète et silencieuse, sous la férule du policeman, trottant sans bruit avec ses souliers de papier ; les palanquins vont et viennent, se croisent, avec les éventails, les queues, les lanternes peinturlurés, gardant leur odeur de musc et leur cocasserie." Jeudi 7 mai "La journée de mercredi passée dans cette ville de Ma-Kung [Magong] que l'escadre a détruite. Toutes les maisons éventrées, brûlées ; des monceaux de débris. On marche sur les cassons de potiches, de parasols, des lambeaux de soie. Encore une odeur sinistre, bien qu'on ait fini d'enlever les morts. Les prisonniers chinois, ce qui reste des habitants, travaillent par petites brigades, à déblayer ou à charroyer du charbon, menés par des matelots ou des soldats la baïonnette au fusil. Partout nos hommes campés, dans les pagodes. Des sculptures merveilleuses, des boiseries dorés, traînant par terre, en fagots pour être brûlées.. Dans un champ de riz, où plusieurs croix sont déjà debout, improvisées avec du bois noir, les prisonniers chinois continuent de creuser des fosses, pour les nôtres qui meurent chaque jour dans les ambulances, de blessures, de fièvre et surtout de choléra. Un ensemble assez lugubre, un désarroi de toutes choses, avec des odeurs de mort. Pas un arbre, à ce qu'il semble, dans toute cette île ; de loin on dirait l'île de Groix, ou l'île de Bréhat, avec des pauvres champs de riz jouant nos champs de blé. C'est dans les tours en enfilade des pagodes que sont cachés de vieux arbres étendant horizontalement leurs branches, ne dépassent pas les murs, mais jetant leur ombre épaisse, mystérieuse, sur les sculptures anciennes et les monstres. Toute l'après-midi, j'ai travaillé moi aussi à cette destruction, regrettant d'arriver si tard, enlevant les portes curieuses, arrachant des boiseries dorées et des chimères. On dit la paix signée avec la Chine, et notre 'Triomphante' va partir pour le Japon." Dimanche 24 mai "Huit jours de plus, — huit jours de Ma-Kung et d'armistice ; et de beau temps, de tranquillité, — d'incertitude l'avenir. Encore les dîners, au Champagne, offerts et rendus, échangés avec mes anciens camarades. Voilà que je suis fêté maintenant même dans ma promotion ; quel revirement, et qui me l'eût dit jadis. Beaucoup circulé, en canots et en baleinières, sur cette grande rade à terre, à Ma-Kung, la fin du pillage, et le choléra toujours, emportant les nôtres... Je porte un costume de Chinois, des souliers de Chinois ; près de moi, d'un grand vase de Chine, sortent en gerbe des fleurs chinoises répandant une exquise odeur de chèvrefeuille... Clair de lune danse sans bruit sur la mer ; partout un grand silence, jusqu'au fond de moi-même...— Une dernière pagode, où restaient à la voûte des lions et des chimères dorées, superbes — ayant hésité longtemps à briser, j'allais les prendre... Dans la nuit, les Chinois s'en étant doutés viennent les détruire. Pour moi, un vrai désastre. - Le choléra toujours, et les petits enterrements qui passent dans les ruines." Dimanche 31 mai "Encore huit jours passés, pareils aux précédents. Dans les ruines de Ma-Kung, plus rien à prendre ; tout, fouillé, déblayé, vide. De grands feux qui flambent le soir, sentant le Chinois et le musc, consument les derniers débris." Vendredi 3 juillet, Ma-Kung "Un typhon qui passe et retarde encore notre départ. Dès qu'il sera fini, nous quitterons ce tombeau de Ma-Kung, cette étuve où le soleil est malfaisant et snistre..." Chantal Zheng : Lors des deux mois en rade de Magong, Loti a eu maintes occasions d'aller à terre. Il dérobait des bouddhas aux temples. Chez Loti, le bouddha apparaît à la fois comme un quête du sacré et en même temps un objet d'inquiétude. Si le bouddha est à certains aspects une sorte de refuge pour l'écrivain et l’homme qui était en permanence en quête du sens de la vie, il représente aussi la peur de l'Autre, mystérieux, fourbe et dangereux et, en corollaire, il évoque le mythe du 'Péril jaune'. Loti ne comprenait pas vraiment la civilisation chinoise, ni même le monde asiatique. Dans ses écrits il insiste sur la 'tristesse de toutes ces choses exotiques et lointaines'. L'emploi des termes 'jaunes' ou 'race jaune' tend à confirmer son manque d'attirance pour ces populations. |
7 | 1885-1891 |
Jean-André Soulié ist Missionar in Kangding (Sichuan) und sammelt Pflanzen und Heilpflanzen.
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8 | 1885 |
Maupassant, Guy de. La Chine des poètes [ID D23049].
Allez au pays de Chine Et sur ma table apportez Le papier de paille fine Plein de reflets argentés. C'est ainsi que parle un poète qui adore la Chine : Louis Bouilhet. Qu'est-ce au juste que la Chine, dont on parle tant en ce moment, la Chine de M. Ferry ? Personne ne le sait, et le président du Conseil pas plus que moi. Nous avons lu sur elle des livres singuliers, des récits bizarres. Nous nous sommes fatigué les yeux sur des cartes de géographie où sont écrits des milliers de noms invraisemblables, et puis nous avons rêvé. Alors dans un brouillard de songe qui ressemblait à une griserie d'opium, nous est apparu vaguement un immense pays, enfermé par une muraille sans fin, plein de tours de porcelaine, de poteries éclatantes et d'hommes étranges aux yeux longs, au teint jaune, portant au sommet de la tête une tresse de cheveux tombant jusqu'à terre. Il nous a semblé entendre des bruits de clochettes, des cris drôles ; nous nous sommes figuré cette humanité extravagante mangeant des nids sautés au beurre, et des grains de riz au moyen de baguettes de bois, comme feraient les clowns de cirque pour amuser le public. Nous avons entrevu des dragons d'or sur des soieries roses, toutes sortes de choses belles ou comiques, d'une fantaisie opulente et burlesque. Et nous avons cru avoir une idée de la Chine. Or, nous ne savons rien d'elle. - Car il faut avoir vu une terre pour la connaître, une terre surtout si différente de la nôtre. Nous avons lu les voyageurs. Ils ne nous ont rien enseigné de précis ; ils n'ont fait qu'égarer notre imagination en de confuses images. Qu'est-ce que la Chine pourtant ? Ouvrons les poètes et cherchons la Chine qu'ils ont inventée, eux, ces créateurs de régions idéales. Nous sommes là-bas. - Regardons. Le long du fleuve jaune, on ferait bien des lieues Avant de rencontrer un mandarin pareil. Il fume l'opium, au coucher du soleil, Sur sa porte en treillis, dans sa pipe à fleurs bleues. D'un tissu bigarré, son corps est revêtu ; Son soulier brodé d'or semble un croissant de lune. Dans sa barbe effilée il passe sa main brune Et sourit doucement sous son bonnet pointu. Les pêchers sont en fleur. Une brise légère Des pavillons à jour fait trembler les grelots ; La nue, à l'horizon, s'étale sur les flots, Large et couleur de feu, comme un manteau de guerre. Nous le connaissons maintenant Tou-Tsong, le lettré, aussi bien que si nous avions passé des heures à ses côtés, alors qu'il cause avec ses amis sous les lanternes peintes. Mais voici que l'hiver est venu, (hiver qui a emporté les fleurs des pêchers. Le même poète, Louis Bouilhet, va nous le montrer encore, le tranquille Chinois qu'il a deviné : Au fond du cabinet de soie, Dans le pavillon de l'étang, Pi-pi, po-po le feu flamboie, L'horloge dit : Ko-tang, Ko-tang. Au-dehors, la neige est fleurie. Et le long des sentiers étroits Le vent qui souffle avec furie Disperse au loin ses bouquets froids. Sous le givre qui les pénètre, Les noirs corbeaux, en manteau blanc, Frappent du bec à ma fenêtre, Qu'empourpre le foyer brûlant. Mais, au dos de ma tasse pleine, Je vois s'épanouir encor Dans leur jardin de porcelaine Des marguerites au cœur d'or. Parmi les fraîches impostures Des vermillons et des orpins, Sur le ciel verni des tentures Voltigent des papillons peints. Et mille souvenirs fidèles, Sortant du fond de leur passé, Comme de blanches hirondelles Rasent tout bas mon seuil glacé. La paix descend sur toute chose Sans amour, sans haine et sans Dieu. Mon esprit calme se repose Dans l'équilibre du Milieu. Et nous le voyons, maintenant, fermant ses petits yeux minces, les jambes croisées sous lui, les mains croisées sur son ventre, le sage et prudent mandarin qui a gagné, il nous le dit : Quatre rubis à sa ceinture, Un bouton d'or à son bonnet, et dont l'esprit que le sommeil soulève, suit sur le courant des âges. La feuille rose des pêchers. Il a dans sa maison deux épouses. Un parfum de thé flotte dans l'air, mêlé à d'autres senteurs plus vives d'aromates brûlés en de mignons vases de cuivre. Sa tête se penche, son œil se clôt... Cependant la nuit qui s'allonge Mystérieuse à l'horizon Dans le filet fleuri d'un songe Prend son âme comme un poisson. Il dort. Dans la grande plaine où poussent des fleurs singulières s'élève un monument luisant, pointu, bizarre. Il est haut comme une tour, percé de petites fenêtres. Une tête apparaît dans une des étroites ouvertures. Théophile Gautier nous la montre aussi bien que si nous l'avions aperçue nous-mêmes : Celle que j'aime à présent est en Chine. Elle demeure, avec ses vieux parents, Dans une tour de porcelaine fine, Au fleuve Jaune, où sont les cormorans. Elle a les yeux retroussés vers les tempes, Le pied petit à prendre dans la main, Le teint plus clair que le cuivre des lampes, Les ongles longs et rougis de carmin. Par son treillis elle passe la tête Que l'hirondelle, en volant vient toucher ; Et chaque soir, aussi bien qu'un poète, Chante le saule et la fleur du pêcher. A quoi rêve-t-elle, la petite Chinoise qui regarde au loin dans la campagne ? Louis Bouilhet va nous le dire : La fleur Ing-Wha, petite et pourtant des plus belles, N'ouvre qu'à Ching-tu-fu son calice odorant ; Et l'oiseau Tung-whang-fung est tout juste assez grand Pour couvrir cette fleur en tendant ses deux ailes. Et l'oiseau dit sa peine à la fleur qui sourit ; Et la fleur est de pourpre et l'oiseau lui ressemble ; Et l'on ne sait pas trop, quand on les voit ensemble, Si c'est la fleur qui chante ou l'oiseau qui fleurit. Et la fleur et l'oiseau sont nés à la même heure ; Et la même rosée avive chaque jour Les deux époux vermeils gonflés du même amour. Mais, quand la f leur est morte, il faut que l'oiseau meure ! Alors, sur ce rameau d'où son bonheur a fui, On voit pencher sa tête et se faner sa plume. Et plus d'un jeune cœur dont le désir s'allume Voudrait, aimé comme elle, expirer comme lui ! Dans la chambre de la tour, derrière le paravent de soie, on voit sur la table de laque une petite lune grosse comme une monnaie ronde qui jette ses reflets de nacre dans l'eau d'une rivière pleine de joncs. Et voici les grandes potiches reluisantes qui montrent sur leurs flancs La glu d'émail où le soleil s'est pris. Un dieu pareil aux menus dieux familiers des anciens veille sur la foule fragile des vases précieux. Il est en Chine un petit dieu bizarre, Dieu sans pagode et qu'on appelle Pu. J'ai pris son nom dans un livre assez rare, Qui le dit frais, souriant et trapu. Il a son peuple au long des poteries, Et règne en paix sur ces magots poupins Qui vont cueillant des pivoines fleuries Aux buissons bleus des paysages peints. Il vient à l'heure où commencent les sommes, Quand sous leurs toits les vivants sont couchés Pour réjouir tous les petits bonshommes Que le vernis tient au vase attachés. Mais quittons la campagne et entrons dans Pékin. Un bruit léger, argentin, passe dans l'air ; un cri régulier l'accompagne : Hao ! Hao ! c'est le barbier Qui secoue au vent sa sonnette ; Il porte au dos dans un panier Ses rasoirs et sa savonnette. Le nez camard, les yeux troussés, Un sarrau bleu, des souliers jaunes, Il trotte et fend les flots pressés Des vieux bonzes quêteurs d aumônes. Au bruit de son bassin de fer, Le barbier qui vient sur sa porte Sent courir, le long de sa chair, Une démangeaison plus forte. Toute la rue est en suspens, Et les mèches patriarcales Se dressent comme des serpents Qu'on agace avec des cymbales. C'est en plein air, sous le ciel pur, Que le barbier met sa boutique ; Les bons clients, au pied du mur, Prennent une pose extatique. Tous, d'un mouvement régulier, Vont clignant leurs petits yeux louches. Ils sont là comme un espalier Sous le soleil et sous les mouches. Cependant, glissant sur la peau, La lame où le jour étincelle Court, plus rapide qu'un oiseau Qui frôle l'onde avec son aile. Et quand le crâne sans cheveux Luit comme une boule d'ivoire, Le maître, sur son doigt nerveux, Tourne, au sommet, la houppe noire. Chacun s'arrête. Le barbier Sait mainte histoire inattendue. Ni mandarin, ni bachelier, N'a la langue aussi bien pendue. La foule trépigne à l'entour Et, par instants, se pâmant d'aise, Chaque auditeur, comme un tambour, Frappe, à deux mains, son ventre obèse. Voici plus loin un grand édifice mobile qu'on vient de monter et qu'on démontera dans quelques heures. C'est un théâtre. La pièce qu'on y va jouer est simple. Depuis des siècles elle ne varie guère. Les mandarins lettrés ne connaissent pas les querelles des nouvelles écoles. Ils prennent toujours plaisir à ce qui amusait leurs pères. Et le public ne demande point le luxe d'ornementation, la richesse de mise en scène, la variété de décors que recherche avec tant de soin M. Sardou, non sans raison. Le centre de la salle qui correspond à notre parterre est gratuit. Y vient qui veut. La police de la porte est faite par des officiers de police armés de fouets ; et quand la foule houleuse et compacte empêche d'approcher les litières des belles Chinoises de qualité, il suffit à l'homme de faire siffler sa souple lanière pour qu'un passage s'ouvre aussitôt. Les pièces représentées ressemblent beaucoup à nos romans du Moyen Age. Des dames enfermées en des tours de porcelaine sont délivrées par des chevaliers qui se livrent d'effrayants combats ; et le mariage a lieu au milieu des tournois, des divertissements et des fêtes. Le Chinois, en outre, adore la pantomime, ce genre charmant trop délaissé chez nous, et qui prend chez eux une importance considérable. Les pantomimes chinoises sont remplies d'allégories philosophiques. En voici une. L'Océan, à force de rouler ses flots sur le rivage, devint amoureux de la Terre et, pour obtenir ses faveurs, lui offrit en don les richesses de son royaume. Alors les spectateurs ravis voient sortir du fond des mers des dauphins, des phoques, des crabes monstrueux, des huîtres, des perles, du corail qui marche, des éponges, cent autres bêtes et cent autres choses qui suivent, en dansant un pas bien réglé, une immense et superbe baleine. La Terre, de son côté, pour répondre à cette galanterie, offre ce qu'elle produit : des lions, des tigres, des éléphants, des aigles, des chèvres, des poules, des arbres de toute espèce ; et un ballet formidable commence, d'une gaieté folle et d'une fantaisie extravagante. La baleine enfin s'avance vers le public en roulant des yeux, elle semble malade, bâille, ouvre la bouche... et lance sur le parterre un jet d'eau gros comme la source d'un fleuve, une trombe, une inondation. Et le public trépigne, applaudit, crie : « Charmant, délicieux ! », ce qui, en chinois, s'exprime par « Hao ! Koung-Hao ! », paraît-il. Les pièces historiques sont aussi très suivies. Les trois unités que prescrivit Boileau n'y sont pas souvent respectées, car l'action parfois embrasse un siècle entier, ou même toute la durée d'une dynastie. L'auteur n'est point embarrassé pour conduire ses personnages d'un lieu dans un autre. En voici, par exemple, qui doit entreprendre un long voyage. Comme on ne changera pas le décor, il faut user d'un autre procédé. L'acteur alors monte à cheval sur un bâton, prend un petit fouet, l'agite, fait deux ou trois fois le tour de la scène et chante un couplet pour indiquer quelle route il a parcourue. Puis il s'arrête, remet son bâton dans un coin, son fouet dans un autre, et reprend son rôle. Les personnages parfois sont la lune et le soleil. Ils se racontent les événements de l'espace, les galanteries des étoiles, les amours vagabondes des comètes. Ils reçoivent de temps en temps la visite d'un prince de la terre qui vient regarder du ciel ce qui se passe en son empire, tandis que le tonnerre, un clown armé d'une double hache, saute, bondit, trépigne, se désarticule. « Le jeu des acteurs chinois, écrit un voyageur, égale, s'il ne surpasse, le jeu des acteurs européens. Aucun de ceux-ci ne s'applique avec plus d'anxiété à imiter la nature dans toutes ses variations et ses nuances les plus fines et les plus délicates. » Polichinelle existe en Chine depuis la plus haute antiquité, car rien n'est inconnu à cette singulière nation, demeurée stationnaire peut-être parce qu'elle a marché trop vite, et usé toute son énergie avant même que l'histoire commence pour nous. |
9 | 1885-1906 |
Paul-Piet Hendriks ist Missionar in Kasghar = Kashi (Xinjiang).
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10 | 1885 |
Mirbeau, Octave. Les Chinois de Paris. In : La France ; 1er avril (1885).
Hier, par le gai soleil de printemps, Paris présentait un spectacle charmant. Le concours hippique regorgeait de gommeux et de demoiselles ; les voitures n'emportaient vers le Bois que des figures heureuses et souriantes et mamais peut-être les courses de Vincennes n'avaient vu tant de monde leur venir. Peuple de palefreniers et de filles, que la justice des rues, aux heures des sombres révoltes, fouette sur les places publiques et dont elle fait tomber les têtes sur les échafauds dressés, tu ne désarmeras donc jamais, et il faudra donc que ton rire en redingote claire et en toilettes indécentes, insulte toujours aux larmes de la patrie en deuil ! Les victorias se croisaient, dans l'avenue du Bois de Boulogne, se recounaissaient, se saluaient ; tout le plaisir était là, insolent et provocateur, qui défilait ainsi qu'aux jours de fête. Et j'ai vu des ouvriers, le dos courbé, traînant la patte comme de pauvres chiens las, qui regardaient sans haine passer ces criminels impassibles, - ceux qui parfaois insultent les prêtres, les soldats, et se ruent sur les sergents de ville. Ils regardaient, sans que leur poing se serrât, sans que de leurs coeurs gonflés et de leurs lèvres colères tombât le mot meurtrier qui désigne aux revanches futures les condamnés, et voue les pourritures aux charniers populaires. Mais c'était la Bourse qu'il fallait voir, la Bourse au spectacle de laquelle le coeur se soulevait de dégoût. Chaque fois que la France est en péril, chaque fois que le sang ruisselle de ses flancs, les larmes de ses yeux, il y a des milliers d'hommes de proie qui s'abattent sur elle, qui se précipitent pour recueillir ce sang et ces larmes et, hideux alchimistes, les transformer en or. Du fond de quels antres, de quelles banques, de quels bagnes, de quels ghettos déchaînés ces misérables étaient-ils accourus ? La bouche tordue, les bras agités, les yeux allumés de rapines, ils couraient, s'écrasaient, se marchaient les uns sur les autres, et une immense clameur montait, plus barbare que les cris de victoire des Chinois. Les marches du grand bâtiment étaient toutes noires, de cette foule grouillante et grimaçante, qui semblait porter, sur ses épaules, le monstre énorme et sans yeux, d'où l'on entendait sortir, comme des bruits d'écroulement - l'écroulement de la fortune de la France. Et l'on se demandait si la France n'était point là, couchée dans ce tombeau, belle, pâle et morte, et de toutes ces mains avides, pareilles à des tentacules de pieuvres, ne s'approchaient pas d'elle, ne se posaient sur elle, et, lentement, l'enlaçant de leurs mille suçoirs et de leurs mille ventouses, ne pompaient le sang, tout chaud de ses veines ouvertes. Ces bandits souhaitaient que le désastre fût plus irréparable encore, la défaite plus définitive. Ils inventaient les nouvelles sinistres, comme si la réalité n'était pas déjà assez douloureuse et le deuil assez sombre. Il ne leur suffisait pas que, là-bas, notre petite armée fût peut-être perdue et que peut-être pas un de ceux qui ont combattu ne revînt vers le pays qui les pleure, ils faisaient courir le bruit que l'émeute était dans Paris, qu'on s'égorgeait autour de la Chambre et sur les boulevards. S'ils avaient pu apprendre tout d'un coup que la patrie s'effondrait, qu'il n'y avait plus que des ruines, que de Marseille à Lille, de Nancy à Bordeaux, la France était devenue un champ horrible de carnage, quelles acclamations et quels forcenés hurrahs ! Et à mesure que les cours s'effondraient, à mesure que nos rentes, sous l'effort de ces brigadns unis, s'abîmaient, affolées, dans la déroute, on voyait la joie se crisper sur ces visages, pareils à ceux de ces juifs sordides qui, le soir des batailles, parmi les affûts de canons brisés et les fusils tordus, vont dépouiller les blessés et détrousser les cadavres. Qui, je vous le jure, j'ai souhaité un instant de voir les canons et les mitrailleuses balayer cette bande de chacals et faire tomber une à une les pierres et les colonnes de ce temple maudit qui se dresse impudemment, comme und perpétuelle insulte et une trahison à la patrie. Et pendant ce temps, pendant que les hommes de plaisir se ruent au plaisir sans pitié et que les hommes de proie se ruent aux proies honteuses, nos héroïques petits soldats, sans secours, sans espoir, attendent peut-être la mort dans ces défilés hérissés d'ennemis féroces ; et peut-être leurs cadavres mutilés, la face tournée vers le pays lointain, jonchent-ils les champs de riz et les marécages empestés, leurs testicules aux dents ! |
11 | 1885 |
Wilde, Oscar. The truth of masks : a note on illusion. In : Wilde, Oscar. Intentions : The decay of lying. Pen, pencil and poison. The critic as artist. The truth of masks. (London : J.R. Osgood, McIlvaine, 1891). = Wilde, Oscar. Shakespeare and stage costume. In : Nineteenth century ; vol. 17, no 99 (1885).
http://www.online-literature.com/wilde/1310/. Blue also is too frequently used : it is not merely a dangerous colour to wear by gaslight, but it is really difficult in England to get a thoroughly good blue. The fine Chinese blue, which we all so much admire, takes two years to dye, and the English public will not wait so long for a colour. |
12 | 1885-1888 |
William Ament ist Pstor der Congregational Church in Medina, Ohio.
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13 | 1885 |
Leonora Howard King gründet eine medizinische Schule für chinesische Frauen und Mädchen, die in einer Missions-Schule erzogen wurden.
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14 | 1885-1888 |
Iver Munthe Daae ist Generalinspekter des chinesischen Zollamtes.
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15 | 1885 |
Sergej Michajlovic Georgievskij besteht das Magisterexamen für chinesischee Geschichte und Philologie an der Universität St. Petersburg.
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16 | 1885-1900 |
Alexej Osipovic Ivanovskij ist Dozent für Mandschurisch an der Universität St. Petersburg.
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17 | 1885 |
W. Arthur Cornaby reist als Missionar der Wesleyan Methodist Missionary Society nach Hankou (Wuhan).
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18 | 1885 |
David Hill ist Mitbegründer der Central China Lay Mission.
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19 | 1885-19011 |
Montagu Harry Proctor Beauchamp ist Missionar der China Inland Mission in West China. 1900-1901 muss er im Opium-Krieg China verlassen.
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20 | 1885 |
Adam C. Dorward wird Superintendent der China Inland Mission in Hunan.
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