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1980

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Pleynet, Marcelin. Le voyage en Chine [ID D3851]. [Auszüge].
Le 11 avril 1974. Paris – Pékin.
... Nous atterrissons à Pékin à 20 h 45. Les bâtiments de l'aéroport forment un ensemble de volumes géométriques, tout en lignes parallèles. Des carctères géants en néon rouge en décorent le fronton, au centre un immense portrait du président Mao... Le premier contact avec la Chine c'est évidemment le parcours qui sépare l'aéroport de la ville. Nous arrivons, nous débarquons, si je puis dire. Il est évidemment difficile d'arriver et je me surprends à penser qu'il n'est pas étonnant que ce soit ici le peuple chinois qui occupe la place. A bicyclette, à pied, par groupes ou isolés les Chinois occupent d'une façon me semble-t-il tout à fait particulière les espaces que nous traversons... Sur la route, de grands panneaux couverts de caractères. Plus loin des portraits géants de Marx Engels Lénine Staline...
Le 13 avril, après-midi.
Visite commentée de la Commune populaire du Pont de Marco Polo, près de Pékin, plus discussions, dont nous ne tarderons pas à savoir qu'elles sont traditionnelles. A 19 heures théâtre de marionnettes. Nous traversons pour nous y rendre des quartiers apparemment très misérables de Pékin.
Le 14 [avril] au matin visite de l'Imprimerie nationale de Pékin plus discussion. Nous déjeunons à l'aéroport avant de prendre l'avion pour Shanghaï. Shanghaï signifie 'au-dessus de la mer'. Shanghaï diffère du tout au tout de Pékin...
Dimanche 14 avril – Shanghaï.
... Tout ici est désormais très différemment policié. Même si le Palace-Hôtel, devenu l'actuel Hôtel de la Paix, n'a pas tellement changeé, la sombre fiction de Welles n'y a plus de place, elle est de fait impensable ici dans les conditions où nous y sommes et dans les conditions qui nous y ont conduits... Shanghaï est à la foix un port et une ville du Sud. Le soir tombe et nous sommes les cinq seuls blancs à nous promener sur ce quai... Pourtant il y a beaucoup à voir et d'abord évidemment ce que l'on ne nous laissera jamais voir ici, les mille manifestations des liens qui unissent cette foule, les normes et les écarts de ses liens avec la loi. A table la discussion d'engage sur le rapport que le Chinois entretient avec son affectivité. Mais je ne suis guère d'accord avec ce qui est alors développé, à savoir la sorte de coupure qui serait ici établie entre sexualité et vie sociale, ou comme dit Ph[ilippe] S[ollers] la sublimation. Nous discutons en fait des chinois que nous avons l'occasion de rencontrer, plus ou moins régulièrement (et à peine depuis deux jours) et qui sont tous plus ou moins des officiels du PCC - qu'il s'agisse des paysans que nous présente le directeur de la commune populaire ou de nos guides. J'insiste sur le fait que, pour ce que j'ai pu en voir, cette coupure est déterminée par un appareil et par une structure bureaucratiques qui retrouvent là les normes de la pensée confucéenne. Que ce soit chez notre guide, ou chez les ouvriers avec qui nous discutons, le désinvestissement subjectif et le stéréotype fonctionnent comme convention sociale, convention qui semble laisser de temps à autre place à un mouvement d'investissement qui n'est plus alors la critique comme dogme, mais l'activité critique vivante enchaînée à ses limits. Ph[ilippe] S[ollers] remarque qu'il y a chez tous (mais alors il parle de la foule) un halo taoïste.
Lundi 15 – Shanghaï.
... Nous traversons Shanghaï et quittons bientôt les quartiers 'européens' pour, quelque temps avant de rejoindre le bac qui nous fera traverser le fleuve, nous engager dans une rue bordée d'un groupe d'habitations telles que nous avons pu en voir à Pékin en nous rendant au théâtre de marionnettes, murs de torchis, murs et toits de torchis, cour boueuese et sombre. Des femmes et des enfants qui semblent très pauvrement mener une existence juste au-dessus du sol... Certes dans l'imprimerie que nous avons visitée à Pékin, comme au chantier naval que l'on nous fait visiter aujourd'hui, nous voyons bien que les dazibao se multiplient, mais outre qu'ici on ne nous arrête pas devant et qu'on ne nous en propose pas la traduction, outre qu'il nous est, ici comme là-bas, absolument interdit de les photographier, il semble bien que dans ces ceux lieux les dazibao soient en petit nombre par rapport à ceux que je peux apercevoir, en passant en voiture, dans les petites fabriques qui sont sur notre chemin... L'après-midi est consacré à la visite d'une cité ouvrière Fong Koi Lung ('la rivière des melons') au nord du centre de Shanghaï... A cette heure de la journée les hommes sont au travail, c'est donc une population d'enfants et de vieillards, que mènent quelques femmes, qui nous accueillent... La femme qui dirige notre visite est membre du PCC et responsable politique du quartier. Nous approchons ici un aspect de la réalité chinoise que nous n'avons pas encore abordé, non plus la distinction professionelle mais sa racine familiale quotidienne. Il est clair que les Chinois souhaitent nous prouver que la politique commande tous les aspects de la vie chinoise et que c'est sur ce fond que se déroulent nos visites... Le soir spectacle d'acrobatie. Le même que j'ai déjà vu à Paris.
Mardi 16 [avril].
... Deux heures à l'hôpital où nous avons assisté à une opération de l'estomac avec anesthésie par acupuncture, et pendant les six heures qu'a duré l'entretien avec l'historien, directeur et gardien de la maison où eut lieu le Premier Congrès du PCC... Les discussions à table, petit déjeuner et déjeuner, sont généralement consacrées à commenter ce que nous avons fait dans la matinée et dans l'après-midi, qui s'est aujourd'hui terminé à 19 heures par la visite de la librairie Chine Nouvelles (oeuvres de Marx, Lénine, Mao, Lu Xun, livres techniques et scientifiques)... Nous sommes arrivés dans la maison-musée où eut lieu le premier congrès du PCC, devant la table rouge portant un certain nombre de tasses et une théière... On nous a expliqué à temps qu'il s'agissait là d'une reconstitution de la pièce où avait eu lieu, en présence de Mao Tsetoung, le Premier Congrès du PCC. Au mur un portrait du jeune Mao. Il faut dire que depuis que nous sommes en Chine nous n'avons jamais été reçus dans une pièce aussi heureusement décorée que cette salle de débat reconstituée. Cette fois encore on nous invite à passer dans une chambre voisine de proportions et de décor assez semblables à celles où nous avons déjà été reçu à l'usine, à l'école, à l'hôpital. Au cours du dîner la discussion porte sur les rapports que les Chinois entretiennent avec l'histoire du mouvement ouvrier et plus particulièrement sur le jugement qu'ils portent sur Staline...
Dialogue avec un des chirurgiens de l'hôpital de Shanghaï au cours de l'opération d'un malade...
Vendredi 19 avril – Nankin.
Notre séjour à Shanghai a été en effet très occupé. Et si la visite, dans la matinée de marcredi, à l'Exposition industrielle fut suivie d'une confortable croisière de 4 heures jusqu'à la rencontre du fleuve Huangpu avec le Yang tse, la fatigue était déjà telle que le grand soleil et l'air vif n'ont fait que l'accuser... Il est minuit. Je dois faire ma valise ce soir pour pouvoir rencontrer tout de suite après le petit déjeuner les professeurs de l'université de Shanghai. Le débat dure jusqu'à midi. Nous prenons le train pour Nankin après déjeuner.
14 h 15. La gare de Shanghaï... A la sortie de Shanghai le train traverse une campange très fertile, colza, blé, cultures maraîchères, rizières de chaque côté de la voie et, comme souvent le long des routes, une double rangée de jeunes arbres. Cà et là dans les champs des blockhaus de ciment gris. Dehors la campagne que nous traversons reste très plate, creusée de canaux plus ou moins larges où l'eau d'un gris-vert reste stagnante, dans cerains, plus larges, une barque avec un homme au travail... Le train s'arrète à Suzhou, puis à Wuxi, selon notre guide c'est une très jolie ville, traversée par le Yang tse. Le train s'arrête ensuite à Changzhou-Benniu, un paysan en descent, il a un chapeau de paille neuf de forme conique, il porte divers objets d'émail, cuvette, gobelets, et sous le bras dans un cadre un portrait de Mao Tsetoung...
Nous arrivons à Nankin à 20 h 15. Deux représentants de l'agence nous accueillent. Wang, le plus âgé, est directeur de l'agence, Zhou le plus jeune nous dit parler un peu de français. Le bus qui nous est destiné emprunte une large avenue bordée de platanes jusqu'au Grand-Hôtel de Nankin qui disperse quelques bâtiments géométriques de quatre étages dans un parc... Sollers insiste sur le caractère non religieux du Chinois. Je remarque que la famille tient pourtant encore un très grand rôle dans les rapports sociaux et que c'est même là un des aspects de ce que, me semble-t-il, vis la campagne contre Confucius. Lors de la visite de la cité ouvrière de Shanghaï, la femme qui adoptait avec allégresses les slogans contre Confucius n'en commençait pas moins son discours en précisant, que l'appartement abritait quatre générations...
Peu après la foule des visages pressés et souriants sur l'une des îles du la Xuanwu Hu. Si en bien des endroits les statues et portraits de Mao Tstoung ont disparu, on peut encore voir sur les murs la trace plus claire qu'a laissé le cadre, les bâtiments et les lieux publics reproduisent sur des écrans gigantesques la calligraphie de ses poèmes... La foule qui ne peut pas déchiffrer ces caractères savants, s'arrête en masse devant ces grands tableaux mouvants porteurs d'une histoire, d'une culture et d'un sens proprement fabuleux, qui la retiennent et lui échappent.
Samedi 20 – Nankin.
Hors des incidents de groupe, les deux faits les plus marquants de la journée furent la visite du parc du Ling guo à l'est du tombeau de Sun Yatsen et la visite du temple de la vallée des Esprits, ou de ce qu'il en reste, le Wuliang Dian. Le mausolée de Sun Yatsen est adossé au sud de la montagne de pourpre... Le Wuliang est en effet un des rares exemples d'architecture entièrement dépourvu de bois. Nous venons de visiter la pagode moderne où le guide nous a conduits directement... La beauté du temple tient à la justesse et à la simplicité de ses volumes. Son apparition, disparition dans le paysage joue de son toit à la chinoise, qui dissimule l'énormité de sa masse et l'allège jusqu'à la confondre avec celle des arbres... Nous quittons le temple pour la voie sacrée. D'abord celle des soldats, puis celles des animaux...
Dans la soirée nous allons au cinéma. Avant le film, projection d'un document d'actualité consacré à la rencontre etre Mao Tsetoung et Boumediene... Mao Tsetoung semble parfois très âgé, puis un moment très vif il paraît rajeunir, puis il semble à nouveau sans âge. Il se dégage de son attitude et de ses expressions une grand distinction. Le visage a comme fondu mais dans la position du corps, de la main, dans l'expression d'accueil fragile et de détachement révérencieux qu'il a pour ses hôtes il semble que des siècles viennent se télescoper sur l'écran à travers ce vieil homme voûté et qui pourrait se casser brudquement. Du temple bouddhique à cette séquence d'actualité se marque le temps qui ne s'arrête ni ne continue.
En Chine les morts sont brûlés. Mais on ne les brûle pas tout de suite après la mort. On les maquille et on les habille, puis on fait venir les enfants. L'été on leur fait une piqûre pour éviter la corruption du corps. Pour ceux qui se trouvent à l'hôpital une dernière visite leurs est rendue par les amis, les parents, et les cadres de l'entreprise qui les employait. Avant de brûler le mort on lui rend un dernier hommage, quelques fois on convoque une réunion et cérémonieusement on fait l'éloge des mérites du défunt. Le corps une fois brûlé les centres sont portées au cimetière.
Dimance 21 – Nankin.
Nous avons passé la matinée à visiter une commune populaire... Là, logiquement, l'économie et la course à la production règnent en maîtres. On comprend bien ce que cela peut avoir de vital pour ce pays mais on ne voit pas ce qui politiquement différencie cette commune populaire d'un kolkhoze. L'explication qui nous est donnée, ici comme à Pékin, pour la rédaction des dazibao laisse nettement supposer, que toute initiative dans ce sens ne peut avoir lieu qu'organisée et dirigée par les membres du PCC... Nous n'avons jamais vu autant de monde dans les rues de Nankin. La foule se rassemble ça et là sur les trottoirs, lisant les dazibao qui couvrent le mur d'une usine, ou encore faisant la queue devant les grand magasins. Mais elle occupe tout aussi bien la chaussée, il faut que le chauffeur klaxonne cinq ou six fois pour que les piétons laissent le passage, même chose pour les vélos... Nous quittons Nankin et les faubourgs de Nankin pour une campagne verdoyante et vallonnée... Le paysage ici est toutefois plus chargé des signes de l'industrialisation du pays, petites fabriques, usines, constructions modernes, le fixent ça et là. Nous ne serons jamais en pleine campagne. A gauche de la route un paysage légèrement vallonné, très vert et coupé de sortes d'enclaves non cultivées qui laissent apparaître une terre brun-rouge. De temps à autre un buffle monté par un vieillard ou un enfant. Au pied des rizières et entre nous et ces rizières, la voie de chemin de fer. A gauche quelques maisons d'habitation, puis bientôt des immeubles modernes, sortes de HLM en briques, puis une usine, puis, plus ou moins régulièrement, des fabriques... R[oland] B[arthes] remarque et s'inquiète de l'envahissement de ce qu'il faut bien appeler le style soviétique, il dit très justement qu'on ne voit ni par quoi, ni comment cela pourrait être effacé. On ne trouve de fait ici que très très peu de trace d'un semblant d'intérêt esthétique même spontané. Les costumes sont à 90 % uniformisés, une tache de couleur sur un corsage ou une veste de femme perce parfois, très rarement, la monotonie vert-bleu et gris sombre qui domine. Les habitations de ville sont très pauvres et réduites aux strictes limites de leur fonction, ou bien elles datent d'avant la Libération et sont en conséquence semblables à celles que l'on a construites en Europe à la fin du XIXe et au début du XXe siècles. Ce qui a été construit depuis la Libération obéit à l'économie de moyens du hangar... Bien entendu des traces subsistent sans doute encore ça et là du passé culturel de la Chine ; je suppose dans certaines traditions des rapports sociaux et familiaux, mais bien entendu impossibles à pénétrer au cours d'un voyage aussi bref et aussi dirigé... Dès lors, tout au long de ce voyage il faut se reconnaître coupé de toute expérience concrète, dans la mesure ou coupé de toute expérience comptable et de toute expérience sexuelle, de tout rapport à la monnaie et au sexe. Ce que je perçois est évidemment, en fonction de ce grand écart des expériences, séparé.
Lundi 22, dans le train entre Nankin et Luoyang.
Nous avons quitté Nankin à 1 h moins le quart. Nous étions seuls à prendre le train... On a enfin rajouté pour nous un wagon de luxe, sorte de wagon-lit, dont chaque compartiment comporte quatre couchettes... L'ensemble est plus que douteux, le wagon mal entretenu et la housse des draps sale... A l'évidence une chose manquera toujours à ce voyage c'est la possibilité de l'accident, de l'impair qui nous permettrait de nous confronter avec les habitudes, les préjugés, les coutumes du peuple chinois. Nous remplaçons tout cela par des réminiscences fictionnelles...
Nous arrivons à Luoyang à 15 h 20. Deux nouveaux guides et le directeur de l'agence nous attendent et nous conduisent directement à l'hôtel... Le directeur de l'agence nous expose le programme de notre séjour à Luoyang. Aujourd'hui à 17 h 30 visite d'une exposition de pivoines, qu'on nous dit célèbre dans l'histoire de la Chine. Demain matin, mardi, à 8 h nous nous rendrons aux grottes de Longmen. Après-midi l'usine de tracteurs 'L'Orient est rouge'. Après-demain matin une usine de machine à traiter le mineral. Nous demandons à visiter le Temple des Chevaux Blancs. Réponse : « C'est impossible, il y a depuis quelques jours des travaux de réparation qui ont été entrepris à l'intérieur. »
La visite de l'exposition de pivoines se révèlera n'être qu'un prétexte. Le parc de l'exposition est en effet situé dans le Parc de Wangcheng et cette fin d'après-midi sera consacrée à la visite de deux tombeaux de l'époque Han, dont nos hôtes nous ont réservé la surprise. Le premier tombeau des Han de l'Ouest (100 ans B.C.) se caractérise par une très complex céramique ou terre cuite dentelée qui sépare l'espace où se trouvait le cercueil d'une sorte d'antichambre sur laquelle donnent les pièces qui symbolisaient la cuisine et les écuries. Deux peintures, dont une tout en longueur, représentent ce que le guide nous dit être « l'invitation de Hongmen » (de la Porte rouge), elles illustrent un épisode de la lutte pour le pouvoir entre deux chef rebelles. Le dessin est assez schématique, et la couleur a une fonction symbolique explicite, si l'on en croit les explications de la jeune femme qui nous guide et qui répète là ce que lui a dit Guo Mo-jo lors de sa visite à Luoyang...
La deuxième tombe est celle des Han de l'Est, elle date du premier siècle de notre ère. A l'origine le tombeau était à 17 mètres de profondeurs mais il a été remonté pour faciliter la visite. Il est architecturalement plus élaboré que le premier. Pas de peintures mais de très étonnants reliefs sur une pierre que l'on pourrait comparer au granit. A l'entrée un relief représente un poisson et un dragon. Que le poisson puisse devenir dragon est signe de bonheur. Sur la porte de la salle centrale, un oiseau (sorte de phénix), dont on nous dit qu'il n'a pas de nom, que c'est un oiseau de bonheur, est posé sur une tête d'animal tenant un anneau. Dans le bas du relief un autre animal, sans doute un dragon mais le dessin très archaïque évoquerait plutôt un chat...
Mardi 23 – Luoyang.
... A l'entrée des grottes une gigantesque reproduction en lettres d'or sur fond vert du poème de Mao Tsetoung 'Neige'. Les grottes sont situées au sud de Luoyang dans un lieu di 'La brèche de hi' et 'La porte du dragon'. On a trouvé dans l'une d'elles la date de leur fondation, environ 495, à l'époque de la dynastie des Wei du Nord, les travaux ont duré jusqu'au XIe siècle. Il existe à Longmen 1352 grottes et 750 autels de petite dimension, 41 statues, la plus grande faisant 17 mètres de haut (la plus petite fait 2 cm). Les grottes sont chargées de caractères anciens très précieux pour l'étude de la calligraphie chinoise. 90 % des statues sont mutilées. Depuis la Libération les grottes sont très sérieusement protégées, en 1951 les Chinois ont créé à cet effet un bureau d'études pour la protection des grottes. En 1961 le Conseil des Affaires d'Etat a publié un décret signifiant que ces grottes sont des vestiges précieux de l'histoire et de la culture chinoises, directement placés sous la protection du Conseil des Affaires d'Etat. Chaque année une somme est ainsi allouée pour la restauration et la protection des grottes. Nous visitons les grottes aux 1300 et aux 15000 Bouddhas – litanies de la représentation de Bouddha, la dernière de ces grottes date de 680. La plus ancienne des grottes que nous visiterons, la Grotte du Lotus, date de 527... Une des grottes est consacrée aux ordonnances médicales. Elle date de la dynastie des Tang et comporte les caractères de plus de 120 ordonnances médicales, pour ceux qui parlent comme des diables, dont les paroles sont en désordre et endiablées (les fous), pour les traitements par acupuncture...
Mercredi 24 – Luoyang (en attendant le train pour Xian).
...Nous quittons Luoyang à 13 h 45... Le paysage que nous traversons est quasiment identique à celui que nous avons traversé peu avant d'arriver à Luoyang : collines de terre rouge très rapprochées et creusées en étagmenent...
La fatigue et la précipitation aidant il y aura finalement un très grand nombre de choses que je n'aurai pas noté ici et qui ne figurent qu'à peine dans mon carnet de notes. La visite de l'usine de tracteurs 'L'Orient est rouge', entre autre. Le passage télescopage des grottes bouddhiques à l'industrie lourde : atelier de fonderie, de forge, de modelage, de forage, de fraisage, la chaîne de montagne, le tout aboutissant à une chambre fermée où les tracteurs sont finalement mécaniquement peints d'un rouge de sang...
Nous quittons l'usine de tracteurs pour nous rendre directement à l'Opéra où des places nous ont été réservées. L'architecture de la salle est un peu plus décorée que celle d'une salle de cinéma, mais très peu. Le dossier des sièges est en bois. L'éclairage assez rare et les costumes de travail bleu sombre ou verts des spectateurs enlèvent à l'ensemble l'aspect qu'a généralement un théâtre en Occident. A l'avant de la salle la fosse d'orchestre est occupé par des spectateurs debout. L'orchestre est installé sur la droite de la scène derrière un paravant transparent... Les personnages y sont ultra-stéréotypées et en carton-pâte... La question sexuelle venant jouer là le rôle que l'on imagine. Cela est très sensible dans l'attitude de nos guides et dans le silence et la gêne que produisent nos question portant, par exemple, sur le mariage. La politique du mariage tardif étant doublée dans la version officielle de non-rapport sexuel avant le mariage. Nous avons appris aujourd'hui que les demandes en mariage sont soumises à un conseil communautaire qui peut les écarter.
Le jeudi 25 – Xian ou Sian.
... Nous arrivons à Xian à la nuit tombée... Au matin notre première visite est pour la Pagode de la Grande Oie, dont nous ne pourrons voir ni le temple, ni les annexes. Il est clair que notre programme est organisé de façon à ce que nous ne puissons voir aucun des grands temples. Seraient-ils toujours en activité ? Nous quittons la Pagode de la Grande Oie pour le Musée des fouilles archéologiques. Les renseignements qui nous sont fournis sur la société primitive sont de l'ordre des généralités marxistes. Le terrain de fouilles compte 50'000 mètres carrés, 10'000 ont déjà été découverts. Selon le guide, les vestiges qui ont été mis à jour permettent de dater cette société de 6'000 ans. La première salle du musée est consacrée au mode de production de cette société, des analyses de pourdre de millet et de colza ont permis de conclure qu'une agriculture existait déjà. Pour notre guide ce sont les femmes qui ont inventé l'agriculture et joué alors le rôle le plus important dans la société. Les hommes se consacraient à la chasse et à la pêche. Notre voyage en Chine devient un voyage dans le temps...
21 h – Xian
L'hôtel où nous sommes logés date de 1953. C'est un building de 6 ou 7 étages de ciment, construit par les soviétiques dans un ensemble où la brutalité des formes le dispute à une pompeuse vulgarité... L'impression ici c'est que l'emprise (économique notamment) de l'URSS fut lourde et qu'elle pèse encore très fort dans certaines cervelles et dans cerains coeurs. Nous en avons trouvé plus que la trace cet après-midi lors de la visite d'une exposition réalisée par des peintres-paysans dans un district situé à 40 km de Xian. Le responsable de l'exposition qui est aussi une personnalité politique terrorise évidemment les peintres qui récitent tant bien que mal leur leçon et auxquels il souffle par moment les mots qui leur manquent. Ce sentiment d'assister à la récitation d'un dogme je l'ai également dans la voiture qui nous conduit à l'exposition, lorsque l'interprète de Xian nous parle de la révolution socialiste et de la campagne Pi-Lin pi-Kong, comme s'il avait enregistré son discours une fois pour toutes. Il dit qu'aujourd'hui en Chine on ne s'en tient plus aux formules du Marxisme et du Léninisme, mais dès qu'il aborde un problème il le réduit à ces formules. La division ici passe entre les manuels et les intellectuels. Les stéréotypes sont évidémment moins choquants dans la bouche d'un ouvrier que dans celle d'un bureaucrate. La plupart du temps les uns et les autres ne font que réciter le dernier, ou l'avant-dernier éditorial du 'Quotidien du Peuple'...
Le village de Huxian, où a lieu l'exposition des oeuvres des peintres-paysans, est en pleine campagne. Tout autour le paysage printanier est très vert, les habitations sont certainement architecturalement les plus belles que nous ayons vues, les murs sont en torchis et en terre battue, les toits relevés à la chinoise... La vie rurale semble non pas archaïque mais sans âge, proche des vestiges de la société primitive que nous avons vus le matin même, mais aussi très finement et fidèlement représentée dans les peintures qu'on nous invite à voir... La plupart des oeuvres qu'on nous présente y gagnent quelque chose de naïf dans la façon dont elles reproduisent littéralement la juste place de l'homme dans un environnement trop grand pour lui et que pourtant il s'approprie. Ces oeuvres sont naturelles et vraies parce qu'elles sont commandées par une justesse quasi innocente de la perception. L'artiste se situe en face de son oeuvre et dans son oeuvre, tel qu'il est et tel qu'il se vit dans son travail de paysan. Que le sujet de l'oeuvre soit un élevage de poules, ou la récolte du maïs, la représentation humaine occupera dans la peinture une situation nettement dominée par la nature...
Le district a ainsi organisé pour les peintres amateurs des stages à l'école des Beaux Arts. De 1958 à aujourd'hui leur nombre n'a cessé de grandir, le district compte aujourd'hui 500 peintres amateurs, qui servent la propagande des mouvements politiques et illustrent les méthodes de travail recommandées par le parti. On diffuse leurs oeuvres dans le pays à l'aide d'expositions ambulantes et de films. Le dirigeant du parti qui nous fournit tous ces renseignements ajoute que « par ces moyens les peintres paysans ont apporté leur contribution aux trois mouvements révolutionnaires : lutte de classe, production, et expérimentation scientifique » et il précise : « Au cours de la révolution culturelle, les peintres ont dessiné 8700 peintures pour critiquer la ligne révisionniste de Liu Shao-qi et Lin Biao. Au cours de la campagne pi-Lin, pi-Kong, les peintres-paysans ont étudié le marxisme-léninisme et la pensée de Mao Tsetoung. Ils ont attaqué la ligne de Lin Biao « se modérer et revenir aux rites » et critiqué la théorie de « la volonté du ciel et la théorie qui veut que seuls les hauts fonctionnaires soient intelligents et les autres des sots »...
Vendredi 26 – Xian.
Ce matin visite d'une usine de textile. Atelier de préparation du coton, de fabrication du fil et des machines à tisser. Les ateliers de femmes avec contremaître ou contremaîtresse, ne peuvent pas ne pas me rappeler ce que j'en ai connu en France, dans mon enfance. Je vois ainsi se dérouler très vite et misérablement l'existence et la lutte d'un milieu social que je connais bien... Après la visite de l'usine, visite d'une garderie d'enfants dont on organise les jeux en notre honneur... Il est vrai que les enfants de ce pays sont loin d'être les petits singes capricieux et gourmands de l'Europe. Zhao dans la voiture nous cite ces mots du président Mao : « Il n'y a que les enfants et les morts qui ne se trompent pas »... Nous passons logiquement de la crèche à une visite dans les familles. Nous nous rendons chez un couple de vieux communistes chinois, inscrit au PCC depuis 1949. Ce qui de 1949 à nos jours fait tout de même une curieuse biographie. L'homme tien un discours stéréotypé mais plus adapté aux questions qui lui sont posées que ne l'est généralement celui des administrateurs et des fonctionnaires que nous rencontrons. Il a dans son parti la foi du vieux militant qui en a vécu toutes les luttes et qui en connaît toutes les réalisations... Cet homme a vis-à-vis du PCC une position qui paraît dépassée. Le poème de Guo Mo-jo, la peinture sur rouleau, qui sont au mur, et les livres qui remplissent une étagère ne sont pas là de son fait, ce sont ses enfants qui les ont choisis... que sans doute les jeunes intellectuels vont à la campagne pour prendre connaissance de la pratique des luttes que mènent les paysans mais qu'ils y vont aussi pour confronter l'expérience qu'ils ont de leurs propres conflits avec ceux des paysans, pour se donner des chances de voir apparaître l'une des luttes à travers l'autre.
Nous rentrons déjeuner à l'hôtel, d'ù nous repartirons vers 14 h 30 pour visiter la station thermale Huaqing Gong au pied de la montagne Li Shan (La montagne du Cheval Noir). L'ensemble a été entièrement reconstruit mais donne tout de même une assez bonne idée de ce qui fut un très beau type d'architecture traditionnelle. On nous propose de prendre un bain. L'eau de source ici est chaude à 43 °... Après le bain nous quittons la station thermale et reprenons les voitures jusqu'au tumulus de Shihuangdi (259-210 B.C.) qui est tout proche. Devant nous, derrière le tumulus au pied duquel est dressée une stèle, la montagne étagée... Le paysage qui, de la rivière aux montagnes, entoure le tumulus est superbe...
Il est 19 h lorsque nous rentrons à Xian. Nous devons assister à un spectacle de ballet à l'Opéra à 19 h 30. La troupe de ballet est celle de la province de Shanxi. Danse classique en costumes modernes, musique symphonique, décor qui avec ses clairs-obsurs, ses ruines et ses éclairages rappelle ceux de l'opéra-comique. Titre du ballet 'La fille aux cheveux blancs'. La chorégraphie est due à une troupe de Shanghaï. Les danseurs ont appris la danse classique assez tard, ils en ont retenu comme souvent en Chine certains caractères de virtuosité gymastique – de 'performance' comme disent les Anglais...
Dimance 28 – Xian.
... Levé à 6 h pour faire mes valises, j'apprends peu de temps avant notre départ pour le musée de Xian que nous n'irons vraisemblablement pas à Yenan... La pluie, le froid et ces divers mouvements du voyage me gâcheront la visite du musée superbement installé dans l'ancien temple de Confucius (Kong miao). Quelques magnifiques jardins à l'ancienne et de très beaux bâtiments abritent des collections d'objets funéraires et de sculptures d'un niveau égal et parfois même supérieur à ce que nous avons pu voir à Paris. Je pense à l'admirable bronze de cheval au galop, dont un sabot est posé sur une hirondelle en plein vol, de la dynastie des Han de l'Est (25-220), à tel vase à vin en argent, décoré d'un cheval dansant et tenant une coupe entre les dents, de la dynastie des Tang, mais ici surtout à la fameuse forêt des stèles... Elles portent les Douze Livres Classiques et sont très entourées. Certains passages pris en considération par l'actuelle campagne contre Confucius sont soulignés à la craie blanche et commentés par les visiteurs chinois...
Nous rentrons à l'hôtel et nous faisons nos bagages avant de suivre nos guides dans la visite, qu'ils ont organisée impromptu, de l'office du bureau de la Huitième Armée. J'ai cette fois l'impression de ne plus du tout coller à l'événement. Impression renforcée par le caractère tout symbolique de ce musée, par la désolation, le vide et la tristesse des lieux...
L'avion [pour Pékin] ne peut pas partir et pour tout à la fois nous occuper et nous gratifier un peu, l'agence de Xian nous invite dans un restaurant de la ville, puis à une nouvelle soirée théâtrale... La scène est chinoise, l'orchestre est sur la scène derrière une cloison. Le jeu, le chant, la musique, le maquillage des acteurs semblent nettement moins occidentalisés que ce que nous avons vu la veille. C'est un spectacle familial..
Dimanche 28 – entre Xian et Pékin.
Nous prenons l'avion pour Pékin à 8 h. L'avion est un bi-moteur 'Iliouchine 24', un modèle soviétique... A 9 h 15 nous faisons escale à Tai Yuan chef-lieu de la province de Shenxi... A 10 h30 nous décollons à nouveau pour Pékin où nous arriverons sans escale à 13 h 30.
Lundi 29 – Pékin.
... Le jour de notre arrivée à Pékin, Alain Bouc s'est présenté à notre table alors que nous finissions de déjeuner. Il nous invite à prendre la café dans sa chambre... Nous parlons un moment de l'actuelle campagne pi-Lin pi-Kong, de ce que nous avons pu en suivre au cours de notre voyage. Nous le quittons pour défairs nos bagages. Nous passerons ensuite au magasin de l'amitié où R[oland] B[arthes] veut commander une veste mao... de retour à l'hôtel et après un bien mauvais repas nous assistons à 19 h 30 à un match de volley-ball entre Chinois et Iraniens.
Ce matin départ pour la Grande Muraille... Le ciel est gris, presque aussi violet que les montagnes que découpent au loin les murs rouillés. Le plus impressionnant de cette oeuvre que les Chinois comparent à un immense dragon, c'est dans son déroulemet et dans l'étonnant rapport qu'elle entretient avec le paysage, sa simple beauté... Cette sorte de force, d'évidence et de beauté sans âge traverse le temps et l'histoire...
Nous retrouvons la pleine, et c'est entre trois chaînes de montagnes que nous entrons dans la Voie Royale des Tombeaux Ming. Une tortue géante supportant une stèle en marque l'entrée... Nous visitons le palais Dingling, tombeau du treizième empereur Ming, Shenzong. La première ouverture du tombeau est pyramidale, les autres sont ogivales. Dans la salle du centre on trouve tois trônes de marbre blanc placés les uns derrière les autres et devant chacun un pot de porcelaine de Chine bleue... Dans les deux petits musées consacrés aux objets qui ont été trouvés dans les tombes, un ensemble de tableaux modernes représente les révoltes paysannes. Nous quittons le tombeau du treizième empereur, pour le temple du troisième empereur Ming, le palais Zhengling. Temple de l'esprit de l'empereur. Cet empereur a déplacé la capitale de Nankin à Pékin. Le temple est un vaste espace au sol dallé de pierres carrées et dont le toit, au plafond de bois peint, est soutenu par quelque cinquante massives colonnes de bois... Nous rentrons par l'allée des statues de pierre (animaux et soldats semblables, mais plus nombreux, à ceux que nous avons vus à Nankin), Le Pavillon de la Stèle et les Grands Portiques...
Mardi 30 – Pékin.
... La fête du Premier Mai se prépare un peu partout : drapeaux rouges en quantité sur le toit des bâtiments, 12 ou 15 sur le toit de notre hôtel dont les marches du perron sont, depuis hier, couvertes de pots de géranium et de plantes vertes... Le boulevard est comme chaque jour très animé, beaucoup de piétons, quelques voitures et bus et une quantité de dyclistes qui vont au rythme paisible et lent que j'avais déjà remarqué le soir de notre premier séjour à Pékin. C'est d'ailleurs là une des constantes de la vie de ce peuple que ce rythme tout à fait particulier et qui paraît fort lent à l'Occidental. Que ce soit à la campagne, à l'usine et même l'autre soir les équipes sportives, masculine comme féminine, de Pékin, les Chinois ne paraissent jamais vraiment s'activer ; dans les ateliers comme aux champs ils s'arrêtent volontiers de travailler pour discuter, fumer une cigarette, regarder autour d'eux...
Nous passons la matinée à l'Institut des Minorités nationales et l'après-midi à divers achats dans la rue des antiquaires...
En sortant du restaurant nous décidons de marcher jusqu'à la place Tiananmen (Porte de la Paix Céleste). Des milliers de promeneurs occupent les trottoirs et la chaussée, toute la ville est éclairée... Sur la place les portraits, que nous avons vus un peu partout dans les salles de réception des usines, des fabriques, des communes populaire, des musées, sont reproduits à une échelle gigantesque. D'un côté Marx et Engels, de l'autre Lénine et Staline...
Jeudi 2 mai – Pékin.
La journée d'hier a été si chargée que je n'ai pas trouvé le temps d'en noter quoi que ce soit. Je dois dire que j'ai traversé cette journée de fête du 1er mai dans l'ahurissement le plus total. L'impression générale que j'en retire est d'avoir été guidé, pour ne pas dire gardé... L'ensemble de la fête du Premier Mai, qu'on peut confondre avec la fète du printemps, est dominé par le surgissement et la luminosité des couleurs – richesses de la nature. Les arbres qui ont leur feuilles mais n'ont pas encore de fleurs sont couverts de bouquets en papiers multicolores, on a ajouté fleurs et feuilles aux arbres qui n'en n'ont pas encore. Partout de grosses lanternes chinoises en boules rouge vif avec leurs franges de soie rouge et très souvent au-dessus ou à côté des lanternes, d'énormes paniers d'abondance où fruits et légumes, grandeur nature, sont reproduits en papiers de toutes couleurs... Aujourd'hui comme chaque jour les costumes sont bleus, verts, et gris avec ça et là quelques taches rouges ou blanches. De tout côté, spectacles, jeux, concerts sont proposés aux visiteurs...
Il y a au Palais d'Eté, comme aujourd'hui dans chaque parc de Pékin, plusieurs centaines de milliers de Chinois. Dès que les officiels ont fait leur apparition ceux qui ne savent pas de quoi il s'agit se rabattent massivement sur les bords du lac [Kunming Hu], ou tentent de traverser la masse qui se presse là pour aller plus élevé d'òu ils verraient mieux... Derrière le bateau de marbre, près de la porte Ouest, nous nous arrêtons à nouveau pour écouter la fin d'un poéra exécuté dans le style de jeu, de chant et de musique chinois. L'orchestre est entièrement composé de militaires et la troupe est vraisemblablement une troupe de l'armée...
Vendredi 3 mai – Pékin.
La journée est consacrée à l'université de Pékin, où entre deux 'causeries' comme disent les Chinois, nous déjeunerons sommairement de petits sandwichs. Nous faisons quelques pas dans le parc de l'Université jusqu'à la tombe d'E[dgar] Snow... Puis nous visitons la bibliothèque, visite de principe dans la mesure où nous ne pouvons pas demander qu'on nous traduise le titre de tous les livres et où nous sommes de toute façon incapaples de les lire... De tout le temps que dure notre visite nous ne voyons pas dix étudiants, ni un seul dazibao. Je pense qu'on nous tient gentiment à l'écart de ce qui se passe ici... Nous quittons l'Université vers 16 h 45. Nous n'avons rien appris et rien vu. Si ce n'est une tombe – domage. Nous rentrons à l'hôtel, préparer nos bagages. Nous quittons Pékin pour Paris demain matin à 9 heures...

Mentioned People (1)

Pleynet, Marcelin  (Lyon 1933-) : Schriftsteller, Dichter, Kunstkritiker, Herausgeber der Zeitschrift "Tel quel"

Subjects

Literature : Occident : France / Travel and Legation Accounts

Documents (1)

# Year Bibliographical Data Type / Abbreviation Linked Data
1 1980 Pleynet, Marcelin. Le voyage en Chine : chronique du journal ordinaire, 11 avril - 3 mai 1974 : extraits. (Paris : Hachette, 1980). [Bericht seiner Reise 1974 mit Roland Barthes, Beijing, Shanghai, Nanjing, Luoyang, Xi'an, Beijing]. Publication / Pley1
  • Cited by: Asien-Orient-Institut Universität Zürich (AOI, Organisation)