Claudel, Paul. La montée. In : L'épée et le miroir. (Paris : Gallimard, 1939).
Yves Daniel : C'est la géographie qui apparaît dans le motif de la montagne, très présent dans la pensée confucéenne et taoïste, lorsqu'il s'agit pour Claudel d'évoquer la dimension spirituelle des paysages chinois qu'il a parcourus. Dans le beau passage La montée, le poète se souvient de la saison chaude qu'il passait à Kuliang, dans les hauteurs fraîches de Fuzhou. Le texte superpose trois plans : le souvenir, qui relève de l’expérience vécue, est transposé dans la description d’un paysage peint à la manière asiatique, minutieusement décrit de bas en haut ; l’ascension évoquée prend dans le même temps une dimension religieuse, car la montagne chinoise devient la ‘montagne du Seigneur’ du Psaume 23. Le paysage chinois apparaît sanctifié par la vision poétique ; il est plus qu’un décor, puisqu’il devient le lieu liturgique d’une cérémonie cosmique et rocheuse qui se déploie aussi bien dans la réalité que sur le rouleau du peintre. La montagne est une symbole essentiel.
Literature : Occident : France