Encyclopédie, ou dictonnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers. Mis en ordre et publié par [Denis] Diderot [ID D 20381].
CHING-J
CHING-YANG
(Géog.) ville de la Chine, capitale de la province Huquang.
CHINGAN
(Géog.) ville considérable de la Chine, capitale de la province de Quangsi.
CHINGTU
(Géog.) ville considérable de la Chine dans la province de Suchuen. Long. 130. 47. lat. 21. 30.
CHIT-SE
S. m. (Bot. exotiq.) arbre des plus estimé à la Chine pour la beauté & la bonté de son fruit. Je lui connois ces qualités par gens qui ont été dans le pays, & plus encore par une relation du P. Dentrecolles missionnaire, insérée dans les lettres édifiantes, tome XXIV. dont voici le précis.
Les provinces de Chantong & de Homann ont les campagnes couvertes de chit-ses, qui sont presque aussi gros que des noyers. Ceux qui croissent dans la province de Tche-kiang, portent des fruits plus excellens qu'ailleurs. Ces fruits conservent leur fraîcheur pendant tout l'hyver. Leur figure n'est pas partout la même : les uns sont ronds, les autres allongés & de forme ovale ; quelques-uns un peu plats, & en quelque sorte à deux étages semblables à deux pommes qui seroient accolées par le milieu. La grosseur des bons fruits égale celle des oranges ou des citrons : ils ont d'abord la couleur du citron, & ensuite celle de l'orange. La peau en est tendre, mince, unie, & lissée. La chair du fruit est ferme, & un peu âpre au goût ; mais elle s'amollit en mûrissant : elle devient rougeâtre, & acquiert une saveur douce & agréable ; avant même l'entiere maturité, cette chair, lorsque la peau en est ôtée, a un certain mélange de douceur & d'âpreté qui fait plaisir, & lui donne une vertu astringente & salutaire.
Ce fruit renferme trois ou quatre pepins pierreux, durs, & oblongs, qui contiennent la semence. Il y en a qui étant nés par artifice, sont destitués de pepins, & ils sont plus estimés. Du reste, il est rare que ces fruits mûrissent sur l'arbre : on les cueille en automne, lorsqu'ils sont parvenus à leur grosseur naturelle : on les met sur de la paille ou sur des claies où ils achevent de mûrir.
Ce détail ne convient qu'à l'arbre qu'on prend soin de cultiver. Pour ce qui est du chi sauvage, il a un tronc tortu, ses branches entrelacées & semées de petites épines : le fruit n'en est pas plus gros qu'une pomme-rose de la petite espece. La culture de ces arbres consiste principalement dans l'art de les enter plusieurs fois ; alors les pepins du fruit deviennent plus petits, & même quelquefois le fruit n'a point de pepin.
Les arboristes chinois font des éloges magnifiques de l'arbre chi ; les plus modérés lui reconnoissent sept avantages considérables ; 1° de vivre un grand nombre d'années produisant constamment des fruits ; 2° de répandre au loin une belle ombre ; 3° de n'avoir point d'oiseaux qui y fassent leurs nids ; 4° d'être exempt de vers & de tout autre insecte ; 5° d'avoir des feuilles qui prennent les couleurs les plus agréables, lorsqu'il a été couvert de gelée blanche ; 6° d'engraisser la terre avec ses mêmes feuilles tombées, comme feroit le meilleur fumier ; 7° de produire de beaux fruits d'un goût excellent.
Les Chinois ont coûtume de les sécher de la maniere à-peu-près qu'on seche les figues. Ils choisissent ceux qui sont de la plus grosse espece, & qui n'ont point de pepins ; ou s'ils en ont, ils les tirent proprement : ensuite ils pressent insensiblement ces fruits avec la main pour les applatir, & ils les tiennent exposés au soleil & à la rosée. Quand ils sont secs, ils les ramassent dans un grand vase jusqu'à ce qu'ils paroissent couverts d'une espece de gelée blanche qui est leur suc spiritueux, lequel a pénétré sur la surface. Ce suc rend l'usage de ce fruit salutaire aux pulmoniques. On prendroit ces fruits ainsi séchés pour des figues, & alors ils sont de garde. La meilleure provision qui s'en fasse, c'est dans le territoire de Kent-cheou de la province de Chantong. Sans-doute que le fruit a dans ce lieu-là plus de corps & de consistance : en effet, quand il est frais cueilli & dans sa maturité, en ouvrant tant-soit-peu sa peau, on attire & on suce avec les levres toute sa pulpe, qui est très-agréable.
Sans examiner quelle confiance mérite le récit du P. Dentrecolles, & autres voyageurs, sur l'excellence du chit-se & de son fruit, il ne seroit peut-être pas difficile d'en juger par nous-mêmes en Europe. L'arbre y croîtroit aisément suivant les apparences, puisqu'il vient à merveille dans les parties méridionales & septentrionales de la Chine, dans un pays chaud comme dans un pays froid : il ne s'agiroit presque que d'avoir des pepins, & l'on ne manqueroit pas de moyens pour y parvenir. On n'est souvent privé des choses, que faute de s'être donné dans l'occasion quelques soins pour se les procurer. Article de M. le Chevalier DE JAUCOURT.
CHOGA
(Géog.) ville considérable de la Chine, dans la province de Xansi, sur la riviere de Fi.
CHRONOLOGIE
De la chronologie chinoise rappellée à notre chronologie. Nous avons fait voir à l'article CHINOIS, que le regne de Fohi fut un tems fabuleux, peu propre à fonder une véritable époque chronologique. Le pere Longobardi convient lui-même que la chronologie des Chinois est très-incertaine ; & si l'on s'en rapporte à la table chronologique de Nien, auteur très-estimé à la Chine, dont Jean-François Fouquet nous a fait connoître l'ouvrage, l'histoire de la Chine n'a point d'époque certaine plus ancienne que l'an 400 avant J. C. Kortholt qui avoit bien examiné cette chronologie de Nien, ajoûte que Fouquet disoit des tems antérieurs de l'ere chinoise, que les lettrés n'en disputoient pas avec moins de fureur & de fruit, que les nôtres des dynasties égyptiennes & des origines assyriennes & chaldéennes ; & qu'il étoit permis à chacun de croire des premiers tems de cette nation tout ce qu'il en jugeroit à-propos. Mais si suivant les dissertations de M. Freret, il faut rapporter l'époque d'Yao, un des premiers empereurs de la Chine, à l'an 2145 ou 7 avant J. C. les Chinois plaçant leur premiere observation astronomique, à la composition d'un calendrier célebre dans leurs livres 150 ans avant Yao, l'époque des premieres observations chinoises & celle des premieres observations chaldéennes coïncideront. C'est une observation singuliere.
Y auroit-il donc quelque rapport, quelque connexion, entre l'astronomie chinoise & celle des Chaldéens ? Les Chinois sont certainement sortis, ainsi que tous les autres peuples, des plaines de Sennaar ; & l'on ne pourroit guere en avoir un indice plus fort que cette identité d'époque, dans leurs observations astronomiques les plus anciennes.
CHUNG-KING
(Géog.) grande ville de la Chine, dans la province de Suchuen.
CIANGLO
(Géog.) ville de la Chine dans la province de Folkien, sur la riviere de Si.
CIEME
(Géog.) ville de la Chine dans la province de Xantung. Lat. 36. 23
CINAN
(Géog.) ville considérable de la Chine, dans la province de Channton. Long. 134. 50. lat. 37.
CINCHEU
(Géog.) ville de la Chine dans la province de Quangsi : il y a une autre ville de ce nom en Chine, dans la province de Xantung.
CIRE
De la cire de la Chine. La cire blanche de la Chine est différente de toutes celles que nous connoissons, non-seulement par sa blancheur que le tems n'altere point, mais encore par sa texture : on diroit qu'elle est composée de petites pieces écailleuses, semblables à celles du blanc de baleine, que nous ne saurions mettre en pains aussi fermes que les pains de cire de la Chine. Autre singularité de la cire blanche de la Chine ; c'est qu'elle n'est point l'ouvrage des abeilles : elle vient par artifice de petits vers que l'on trouve sur un arbre dans une province de cet empire. Ils se nourrissent sur cet arbre ; on les y ramasse, on les fait bouillir dans de l'eau, & ils forment une espece de graisse, qui étant figée, est la cire blanche de la Chine, sur laquelle il nous manque bien des détails. Art. de M(D.J.)
CITRON
Il est parlé dans les éphémerides d'Allemagne (Ephem. N. C. dec. 1. ann. 9. obs. 3. dec. 2. ann. 2. obs. 11.) de citrons monstrueux en forme de main ; & le P. Dentrecolles (Lett. édifiant. tome XX. page 301.) a envoyé de la Chine la figure d'un citron nommé main de Dieu par les Chinois, & dont ils font grand cas pour sa beauté & pour son odeur. Ce fruit est tel par sa forme, qu'on croit voir les doigts d'une main qui se ferme ; & sa rareté a engagé les ouvriers chinois à imiter ce fruit avec la moëlle du tong-stao, qu'ils tiennent en raison par divers fils de fer qui figurent les doigts. Le citron des curieux d'Allemagne venoit-il des semences de celui de la Chine, ou sa forme venoit-elle de causes particulieres qui avoient changé son espece ?
CIVENCHEU
Il est parlé dans les éphémerides d'Allemagne (Ephem. N. C. dec. 1. ann. 9. obs. 3. dec. 2. ann. 2. obs. 11.) de citrons monstrueux en forme de main ; & le P. Dentrecolles (Lett. édifiant. tome XX. page 301.) a envoyé de la Chine la figure d'un citron nommé main de Dieu par les Chinois, & dont ils font grand cas pour sa beauté & pour son odeur. Ce fruit est tel par sa forme, qu'on croit voir les doigts d'une main qui se ferme ; & sa rareté a engagé les ouvriers chinois à imiter ce fruit avec la moëlle du tong-stao, qu'ils tiennent en raison par divers fils de fer qui figurent les doigts. Le citron des curieux d'Allemagne venoit-il des semences de celui de la Chine, ou sa forme venoit-elle de causes particulieres qui avoient changé son espece ?
CIVILITES
Les Chinois, qui ont fait des rits de tout & des plus petites actions de la vie, qui ont formé leur empire sur l'idée du gouvernement d'une famille, ont voulu que les hommes sentissent qu'ils dépendoient les uns des autres, & en conséquence leurs législateurs ont donné aux regles de la civilité la plus grande étendue. On peut lire là-dessus le pere Duhalde.
Ainsi pour finir cet article par la réflexion de l'auteur de l'esprit des lois. " On voit à la Chine les gens de village observer entr'eux des cérémonies comme des gens d'une condition relevée ; moyens très-propres à maintenir parmi le peuple la paix & le bon ordre, & à ôter tous les vices qui viennent d'un esprit dur, vain, & orgueilleux. Ces regles de la civilité valent bien mieux que celles de la politesse. Celle-ci flate les vices des autres, & la civilité nous empêche de mettre les nôtres au jour : c'est une barriere que les hommes mettent entr'eux pour s'empêcher de se corrompre. Article de M. le Chevalier DE JAUCOURT.
COATANG
(Géog.) petite ville de guerre de la Chine, dans la province de Chantung, sur la riviere de Mingto.
COBRE
S. m. (Comm.) mesure de longueur, d'usage à la Chine & aux Indes orientales ; à la Chine, du côté de Canton ; aux Indes, sur la côte de Coromandel. Elle varie selon les lieux. A la Chine elle est de 3/10 d'une aune de Paris ; aux Indes, de 17 pouces & 1/2 de France.
COLIR
S. m. (Hist. mod.) officier de l'empire de la Chine, dont la fonction est d'avoir l'inspection sur ce qui se passe dans chaque cour ou tribunal, & qui sans être membre de ces tribunaux, assiste à toutes les assemblées, & reçoit la communication de toutes les procédures. C'est proprement ce que nous appellons un inspecteur ou contrôleur.
Il a des intelligences secrettes avec la cour ; & dans l'occasion il attaque ouvertement les mandarins, & cela non-seulement sur les fautes qu'ils peuvent commettre dans leurs fonctions, mais même dans leur vie particuliere & privée.
Pour qu'il soit impartial, on le rend entierement indépendant, & sa charge est perpétuelle. Les colirs sont redoutables, même aux princes du sang. (G)
CONCUBINAGE
Cette coûtume a continué dans tout l'Orient. L'empereur de la Chine a dans son palais jusqu'à deux ou trois mille concubines. Le sophi de Perse & le grand-seigneur en ont aussi un très-grand nombre.
CORMORANT
Le pere Le Comte dit qu'on éleve à la Chine les cormorans à la pêche ; que le pêcheur en a sur les bords d'un bateau jusqu'à cent ; qu'au signal qu'on leur donne ils partent tous, & se dispersent sur un étang, qu'ils apportent tout le poisson qu'ils peuvent attraper, & qu'on leur serre l'oesophage avec une corde pour les empêcher de le manger, Voyez dans nos Planches d'oiseaux (Hist. nat.) la figure du cormorant. (I)
COUPON
(Comm.) espece de toile d'ortie qui se fait à la Chine, d'une plante appellée co, qui ne se trouve guere que dans la province de Fokien. C'est une espece de lierre, dont la tige donne un chanvre qui sert à la fabrique du coupon. On la fait roüir, on la tille ; on laisse la premiere peau, qui n'est bonne à rien ; on garde la seconde, qu'on divise à la main, & dont, sans la battre ni filer, on fait une toile très-fine & tres-fraiche. N'aurions-nous point dans nos contrées de plantes qu'on pût dépouiller d'une premiere peau, sous laquelle il y en eût une autre propre à l'ourdissage ? Cette recherche ne seroit pas indigne d'un Botaniste.
CUNGEHANG(Géogr. mod.) ville forte de la Chine dans la province de Chiensi. Lat. 26. 51.
DIEU
Il y a un peuple encore subsistant, ce sont les Chinois, qui semble donner au monde une plus grande ancienneté que nos Ecritures ne lui en donnent. Depuis que ces régions nous sont plus connues, on en a publié les annales historiques, & elles font remonter l'origine de cet empire à-peu-près 3 mille ans au-delà de la naissance de J. C. Nouvelle difficulté souvent saisie par les incrédules contre la chronologie de Moyse. Afin de détruire ce prétexte, M. Jacquelot fait diverses remarques toutes importantes & solides, sur l'incertitude de l'histoire Chinoise. Mais pour trancher, il soutient que même en lui accordant ses calculs, ils ne nuiroient point à la vérité des nôtres. Rien n'oblige en effet à préférer la supputation de l'Hébreu à celle des septante. Or, dans celle-ci, l'ancienneté de l'univers est plus grande que dans l'autre. Donc, puisqu'il ne faudroit pour concilier les dates des Chinois avec les nôtres, que cinq siecles de plus que n'en porte le texte hébreu, & que ces cinq siecles sont remplacés, & au delà, dans la traduction des septante, la difficulté est levée ; & il est clair que l'empire de la Chine est postérieur au déluge. Voyez CHRONOLOGIE.
Objection. Suivant les abregés latins des annales maintenant suivies à la Chine, les tems même historiques de cet empire commencent avec le regne de Hoamti 2697 ans avant J. C. & cette époque, qui dans la chronologie du texte hébreu, est antérieure au déluge de plus d'un siecle, ne se trouve dans le calcul des septante, postérieure que de 200 ans, à la dispersion des peuples & à la naissance de Phaleg. Or ces 200 ans, qui d'abord semblent un assez grand fond & une ressource capable de tout concilier, se trouvent à peine suffisans pour conduire les fondateurs de la colonie Chinoise & leurs troupeaux, depuis les plaines de Sennaar, jusqu'aux extrémités orientales de l'Asie ; & encore par quels chemin ? à travers des solitudes affreuses & des climats devenus presqu'inaccessibles, après les ravages de l'inondation générale.
M. Freret, un des plus savans hommes de nos jours, & des plus versés dans la connoissance des tems, a senti toute la force de cette objection, & se l'est faite. Il a bien vû, que pour la résoudre, il étoit nécessaire de percer plus qu'on ne l'avoit fait encore dans les ténebres de la chronologie Chinoise. Il a eu le courage d'y entrer, & nous lui avons l'obligation d'y avoir jetté du jour par ses doctes recherches. Il est prouvé maintenant, du moins autant qu'il est possible, que cette immense durée que les Chinois modernes assignent aux tems fabuleux de leur histoire, n'est que le résultat des périodes astronomiques inventées pour donner la conjonction des planetes dans certaines constellations. A l'égard des tems historiques, il est prouvé de même que les regnes d'Iao & de Chum, les deux fondateurs de la monarchie Chinoise, ont fini seulement 1991 ans avant l'ere chrétienne ; que ces deux regnes ne font au plus que 156 ans, qu'ils ne peuvent par conséquent avoir commencé que vers l'an du monde 2147, plusieurs années après la vocation d'Abraham, & du tems même de l'expédition des Elamites dans le pays de Chanaan, c'est-à-dire bien après les établissemens des empires d'Egypte & de Chaldée. Voilà donc la naissance des plus anciens peuples du monde ramenée & réduite à sa juste époque, l'histoire de Moyse confirmée, le fait de la création évidemment établi, & par cela même l'existence de l'Etre suprème invinciblement démontrée.
ECRITURE CHINOISE.
Les hiéroglyphes d'Egypte étoient un simple raffinement d'une écriture plus ancienne, qui ressembloit à l'écriture grossiere en peinture des Mexiquains, en ajoûtant seulement des marques caractéristiques aux images. L'écriture chinoise a fait un pas de plus, elle a rejetté les images, & n'a conservé que les marques abregées, qu'elle a multiplié jusqu'à un nombre prodigieux. Chaque idée a sa marque distincte dans cette écriture ; ce qui fait que semblable au caractere universel de l'écriture en peinture, elle continue aujourd'hui d'être commune à différentes nations voisines de la Chine, quoiqu'elles parlent des langues différentes.
En effet, les caracteres de la Cochinchine, du Tongking, & du Japon, de l'aveu du P. du Halde, sont les mêmes que ceux de la Chine, & signifient les mêmes choses, sans toutefois que ces Peuples en parlant s'expriment de la même sorte. Ainsi quoique les langues de ces pays-là soient très-différentes, & que les habitans ne puissent pas s'entendre les uns les autres en parlant, ils s'entendent fort bien en écrivant, & tous leurs livres sont communs, comme sont nos chiffres d'arithmétique ; plusieurs nations s'en servent, & leur donnent différens noms : mais ils signifient par-tout la même chose. L'on compte jusqu'à quatre-vingt mille de ces caracteres.
Quelque déguisés que soient aujourd'hui ces caracteres, M. Warburthon croit qu'ils conservent encore des traits qui montrent qu'ils tirent leur origine de la peinture & des images, c'est-à-dire de la représentation naturelle des choses pour celles qui ont une forme ; & qu'à l'égard des choses qui n'en ont point, les marques destinées à les faire connoître ont été plus ou moins symboliques, & plus ou moins arbitraires.
M. Freret au contraire soûtient que cette origine est impossible à justifier, & que les caracteres chinois n'ont jamais eu qu'un rapport d'institution avec les choses qu'ils signifient. Voyez son idée sur cette matiere, mém. académiq. des Belles-Lett. tome VI.
Sans entrer dans cette discussion, nous dirons seulement, que par le témoignage des PP. Martini, Magaillans, Gaubil, Semedo, auxquels nous devons joindre M. Fourmont, il paroit prouvé que les Chinois se sont servis des images pour les choses que la peinture peut mettre sous les yeux, & des symboles, pour représenter par allégorie ou par allusion, les choses qui ne le peuvent être par elles-mêmes. Suivant les auteurs que nous venons de nommer, les Chinois ont eu des caracteres représentatifs des choses, pour celles qui ont une forme ; & des signes arbitraires, pour celles qui n'en ont point. Cette idée ne seroit-elle qu'une conjecture ?
On pourroit peut-être, en distinguant les tems, concilier les deux opinions différentes au sujet des caracteres chinois. Celle qui veut qu'ils ayent été originairement des représentations grossieres des choses, se renfermeroit dans les caracteres inventés par Tsang-kié, & dans ceux qui peuvent avoir de l'analogie avec les choses qui ont une forme ; & la tradition des critiques chinois, citée par M. Freret, qui regarde les caracteres comme des signes arbitraires dans leur origine, remonteroit jusqu'aux caracteres inventés sous Chun.
Quoiqu'il en soit, s'il est vrai que les caracteres chinois ayent essuyé mille variations, comme on n'en peut douter, il n'est plus possible de reconnoître comment ils proviennent d'une écriture qui n'a été qu'une simple peinture ; mais il n'en est pas moins vraisemblable que l'écriture des Chinois a dû commencer comme celle des Egyptiens. Article de M(D.J.)
ECONOMIE ou OECONOMIE
Mais l'expérience dément chez tous les peuples du monde cette maxime ridicule : c'est en Hollande, en Angleterre où le cultivateur paye très-peu de chose, & sur-tout à la Chine où il ne paye rien, que la terre est le mieux cultivée. Au contraire, par-tout où le laboureur se voit chargé à proportion du produit de son champ, il le laisse en friche, où n'en retire exactement que ce qu'il lui faut pour vivre.
C'est l'usage constant de la Chine, le pays du monde où les impôts sont les plus forts & les mieux payés : le marchand ne paye rien ; l'acheteur seul acquite le droit, sans qu'il en résulte ni murmures ni séditions ; parce que les denrées nécessaires à la vie, telles que le ris & le blé, étant absolument franches, le peuple n'est point foulé, & l'impôt ne tombe que sur les gens aisés.
EMOI
(Géog. mod.) port de la Chine situé dans la province de Fokien ; il s'y fait un grand commerce. Long. 136, 40. lat. 24, 30.
EPARGNE
La même proposition est bien confirmée par l'exemple d'un empereur de la Chine qui vivoit au dernier siecle, & qui dans l'un des grands évenemens de son regne, défendit à ses sujets de faire les réjoüissances ordinaires & consacrées par l'usage, soit pour leur épargner des frais inutiles & mal placés, soit pour les engager vraisemblablement à opérer quelque bien durable, plus glorieux pour lui-même, plus avantageux à tout son peuple, que des amusemens frivoles & passagers, dont il ne reste aucune utilité sensible.
FAISAN
3°. Le faisan rouge de la Chine ; il a une crête, & on voit sur son plumage les plus belles couleurs, l'oranger, le citron, l'écarlate, la couleur d'émeraude, le bleu, le roux, & le jaune, & toutes les nuances de ces couleurs.
4°. Le faisan blanc de la Chine ; il a des plumes noires sur la tête ; ses yeux sont placés au milieu d'un cercle de couleur d'or ; le dessous du cou, le ventre, & le dessous de la queue, sont de couleur mêlée de noir & de bleu : il y a des taches blanches sur le cou, sur la partie supérieure du corps, & sur la queue ; le bec est roussâtre ; les piés sont rouges, & les éperons pointus.
FE ou FO, Foé
(Hist. d'Asie) idole adorée sous différens noms par les Chinois idolâtres, les Japonois, & les Tartares. Ce prétendu dieu, le premier de leurs dieux qui soit descendu sur la terre, reçoit de ces peuples le culte le plus ridicule, & par conséquent le plus fait pour le peuple.
Cette idolâtrie née dans les Indes près de mille ans avant Jesus-Christ, a infecté toute l'Asie orientale ; c'est ce dieu que prêchent les bonzes à la Chine, les fakirs au Mogol, les Talapoins à Siam, les lamas en Tartarie ; c'est en son nom qu'ils promettent une vie éternelle, & que des milliers de prêtres consacrent leurs jours à des exercices de pénitence qui effrayent la nature humaine : quelques-uns passent leur vie nuds & enchaînés ; d'autres portent un carreau de fer qui plie leur corps en deux, & tient leur tête toujours baissée jusqu'à terre. Ils font accroire qu'ils chassent les démons par la puissance de cette idole ; ils operent de prétendus miracles : ils vendent au peuple la rémission des péchés ; en un mot leur fanatisme se subdivise à l'infini. Cette secte séduit quelquefois des mandarins ; & par une fatalité qui montre que la superstition est de tous les pays, quelques mandarins se sont fait tondre en bonzes par piété.
Ils prétendent qu'il y a dans la province de Fokien près la ville de Funchuen, au bord du fleuve Feu, une montagne qui représente leur dieu Fo, avec une couronne en tête, de longs cheveux pendans sur les épaules, les mains croisées sur la poitrine, & qu'il est assis sur ses piés mis en croix ; mais il suffiroit de supposer que cette montagne, comme beaucoup d'autres, vûe de loin & dans un certain aspect, eût quelque chose de cette prétendue figure, pour sentir que des imaginations échauffées y doivent trouver une parfaite ressemblance. On voit ce qu'on veut dans la Lune ; & si ces peuples idolâtres y avoient songé, ils y verroient tous leur idole. Voyez SUPERSTITION & FANATISME. Art. de M(D.J.)
FIGURE
Le Chinois a le visage plat & quarré ; & le front du Siamois se retrécissant en pointe autant que le menton, forme un losange.
N'allez pas m'opposer que ce sont des barbares : les Asiatiques, & parmi eux les Chinois, ne le sont point-du-tout.
FIEVRE
J'ai lû quelque part (lettr. édif. tom. VII.) que l'empereur qui regnoit à la Chine en 1689, envoya trois de ses medecins en exil, pour ne lui avoir point donné de remedes dans une fievre intermittente. On diroit que quelques-uns de nos praticiens appréhendent d'éprouver le sort de ces trois medecins chinois, par l'attention qu'ils ont de ne les point imiter ; cependant la liberté de leur profession, nos moeurs & nos usages doivent les rassûrer : ils peuvent laisser passer le cours de la fievre intermittente d'un monarque, sans danger pour leurs personnes, & sans crainte pour la vie du malade.
FLEURISTE
Les fleurs artificielles sont plus anciennes à la Chine, où l'on en fait de très-parfaites, mais d'une matiere fort fragile quand elle est seche. On ne sait pas bien d'où les habitans de ce pays la tirent : les uns croyent que c'est la moëlle d'un arbre qui y croît ; mais la fermeté qu'acquiert cette matiere lorsqu'on la mouille, laisse soupçonner que c'est plûtôt une composition que les Chinois seuls savent faire. A cela près, cette composition est parfaitement ressemblante à de la moëlle fine & legere ; ce qui imite de fort près cette feuille transparente, & couverte d'une poussiere délicate, dont les fleurs sont composées. Ces fleurs ne servent guere que pour orner la toilette des femmes ; les précautions souvent même inutiles qu'elles demandent, diminuent de beaucoup l'usage qu'on en pourroit faire.
FLEUVE
Les plus grands fleuves de l'Asie sont le Hoanho de la Chine, qui a 850 lieues de cours en prenant sa source à Raja-Ribron, & qui tombe dans la mer de la Chine au midi du golfe de Changi ; le Jenisca de la Tartarie, qui a 800 lieues environ d'étendue depuis le lac Selinga jusqu'à la mer septentrionale de la Tartarie ; le fleuve Oby, qui a environ 600 lieues depuis le lac Kila jusque dans la mer du nord, au-delà du détroit de Waigats ; le fleuve Amour de la Tartarie orientale, qui a environ 575 lieues de cours, en comptant depuis la source du fleuve Kerlon qui s'y jette, jusqu'à la mer de Kamtschatka où il a son embouchure ; le fleuve Menamcon, qui a son embouchure à Poulo-Condor, & qu'on peut mesurer depuis la source du Longmu qui s'y jette ; le fleuve Kian, dont le cours est environ de 550 lieues en le mesurant depuis la source de la riviere Kinxa qui le reçoit, jusqu'à son embouchure dans la mer de la Chine ; le Gange, qui a aussi environ 550 lieues de cours ; l'Euphrate qui en a 500 en le prenant depuis la source de la riviere Irma qu'il reçoit ; l'Indus, qui a environ 400 lieues de cours, & qui tombe dans la mer d'Arabie à la partie occidentale de Guzarat ; le fleuve Sirderoias, qui a une étendue de 400 lieues environ, & qui se jette dans le lac Aral.
FLOTTE
Outre ces grandes flottes, qui sont comme des villages, & où les maîtres & propriétaires des bâtimens passent leur vie avec toute leur famille, il y a encore à la Chine de simples bateaux ou petits vaisseaux qui servent de demeure à une famille. Ils n'ont ni rames ni voiles, & on ne les fait avancer qu'avec le croc. Les marques des marchandises qui sont à vendre dans ces bateaux, sont suspendues à une perche qu'on tient élevée, afin qu'on les puisse voir aisément. (Z)
FOKIEN
(Géog.) province maritime de la Chine, & la onzieme de cet empire. Elle a l'océan des Indes à l'est & au sud-est ; la province de Quanton, au sud-ouest ; celle du Kiansi à l'ouest, & celle de Tchekian, au nord, selon M. de Lisle. V. le P. Martini dans son Atlas de la Chine. Long. 134. 139. lat. 23. 30. 28. (D.J.)
FONING
(Géog.) cité de la Chine dans la province de Fokien. Long. 4. 0. latit. 26. 33. suivant le P. Martini qui place le premier méridien au palais de Peking. (D.J.)
FORMOSE
(Géog.) selon le P. Duhalde, grande île de la mer de la Chine, à l'orient de la province de Fokien, & qui s'étend du nord au sud 22d. 8'. de lat. septentrionale jusqu'au 25d. 20'. Une chaîne de montagnes la sépare dans cette longueur, en orientale & occidentale. La partie orientale n'est habitée que par les naturels du pays. La partie occidentale est sous la domination des Chinois, qui la cultivent avec soin ; ils en ont chassé les Hollandois en 1661, & y ont nommé un viceroi en 1682. Voyez le P. Duhalde, descript. de la Chine, & le P. Charlevoix, hist. du Japon. Le Tai-Ouang-Fou est la capitale de cette île. Long. 139. 10-141. 28. lat. 22. 8-25. 20. (D.J.)
FOTCHEOU
(Géog.) une des plus célebres villes de la Chine, capitale de la province de Fokien. Il y a un grand commerce, de beaux édifices publics & des ponts magnifiques. Elle est arrosée de la riviere de Min & des eaux de l'Océan. Son terroir abonde en litchi, lungyen & muiginli. Sa longitude suivant le P. Martini, qui place le premier méridien au palais de Pekin, est 2d. 40'. latit. 25d. 58. orient. (D.J.)
FUEG ou FUEGO, ou FOGO (ISLE DE-)
Géog. cette seconde île de Feu est une île de l'Asie entre le Japon, Formosa, & le Tchekian, province de la Chine. Les tables hollandoises lui donnent 148d. 35'. de longit. & 28d. 5'. de latit. N. (D.J.)
FUNG
(Géog.) ville de la Chine, dans la province de Nankin. Le P. Martini lui donne 35d 20' de lat. & la fait de 35d plus orientale que Peking. (D.J.)
FUNG-GYANG
(Géog.) ville de la Chine, dans la province de Xansi, remarquable par la naissance de Chu, qui de simple prêtre, devint empereur de la Chine. Long. 134d 10'. latit. 35d 20', suivant le P. Martini. (D.J.)
GANFO
(Géogr.) ville de la Chine dans la province de Kiangsi, au département de Kiegan, neuvieme métropole de cette province. Elle est de 3d. 10'. plus occidentale que Pekin, & sa latitude est de 27d. 55' (D.J.)
GANKING
(Géog.) ville de la Chine, riche & marchande, dans la province de Nanking, dont elle étoit la dixieme métropole : elle est de 20 degrés plus orientale que Peking, c'est-à-dire au 31d 20' de latitude sur le bord septentrional du fleuve Kiang, & aux confins de la province Kiansi. (D.J.)
GANXUN
(Géog.) cité de la Chine dans la province de Quiecheu ; elle est de 12d. 6'. plus occidentale que Pékin, & compte 25d. 35'. de lat. (D.J.)
GAZETTE
De tels journaux étoient établis à la Chine de tems immémorial ; on y imprime tous les jours la gazette de l'empire par ordre de la cour. Si cette gazette est vraie, il est à croire que toutes les vérités n'y sont pas. Aussi ne doivent-elles pas y être.
Les gazettes de la Chine ne regardent que cet empire ; celles de l'Europe embrassent l'univers.
GINS-ENG
S. m. (Bot. exot.) on écrit aussi gens-eng, ging-seng & geng-seng ; la plus célebre racine médicinale de toute l'Asie.
C'est-là cette racine si chere & si précieuse que l'on recueille avec tant d'appareil dans la Tartarie ; que les Asiatiques regardent comme une panacée souveraine, & sur laquelle les medecins chinois ont écrit des volumes entiers où ils lui donnent le nom de simple spiritueux, d'esprit pur de la terre, de recette d'immortalité.
Cette fameuse racine a un ou deux pouces de longueur : tantôt elle est plus grosse que le petit doigt, & tantôt moins, un peu raboteuse, brillante & comme transparente, le plus souvent partagée en deux branches, quelquefois en un plus grand nombre, garnie vers le bas de menues fibres : elle est roussâtre en-dehors, jaunâtre en-dedans, d'un goût acre, un peu amer, aromatique, & d'une odeur d'aromate qui n'est pas desagréable.
Le collet de cette racine est un tissu tortueux de noeuds, où sont imprégnées alternativement, soit d'un côté, soit de l'autre, les traces des différentes tiges qu'elle a eues & qui marquent ainsi l'âge de cette plante, attendu qu'elle ne produit qu'une tige par an, laquelle sort du collet & s'éleve à la hauteur d'un pié. Cette tige est unie & d'un rouge noirâtre.
Du sommet de cette tige naissent trois ou quatre queues creusées en gouttiere dans la moitié de leur longueur, qui s'étendent horisontalement, & sont disposées en rayons ou en une espece de parasol : les queues sont chacune chargée de cinq feuilles inégales, minces, oblongues, dentelées, retrécies, allongées vers la pointe, & portées sur la queue qui leur est commune, par une autre petite queue plus ou moins grande. La côte qui partage chaque feuille jette des nervures qui font un réseau en s'entrelaçant.
Au centre du noeud où se forment les queues des feuilles, s'éleve un pédicule simple, nud, d'environ cinq à six pouces, terminé par un bouquet de petites fleurs, ou par une ombelle garnie à sa naissance d'une très-petite enveloppe. Cette ombelle est composée de petits filets particuliers qui soûtiennent chacun une fleur dont le calice est très-petit, à cinq dentelures, & porté sur l'embryon. Les pétales sont au nombre de cinq, ovales, terminés en pointe, rabattus en-dehors. Les étamines sont aussi au nombre de cinq, de la longueur des pétales, & portent chacune un sommet arrondi.
Le stile est court & ordinairement partagé en deux branches, quelquefois en trois & en quatre, dont chacune est surmontée d'un stigmate : ce stile est posé sur un embryon qui en mûrissant devient une baie arrondie, profondément cannelée, couronnée, & partagée en autant de loges qu'il y avoit de branches au stile. Chaque loge contient une semence plate, en forme de rein.
Lieux de sa naissance. Le gins-eng croît dans les forêts épaisses de la Tartarie, sur le penchant des montagnes, entre les 39 & 47d. de latit. septentr. & entre le 10 & le 20d. de longitude orientale, en comptant depuis le méridien de Pékin. Le meilleur vient dans les montagnes de Tsu-toang-seng ; celui qui naît dans la Corée, & qu'on nomme ninzin, est plus épais, mou, creux en-dedans, & beaucoup inférieur au vrai gins-eng.
Il n'est donc pas vrai que cette plante soit originaire de la Chine, comme le dit le P. Martini, d'après quelques livres chinois qui la font croître dans la province de Pékin, sur les montagnes d'Yong-Pinfou : mais on a pû aisément s'y tromper, parce que c'est-là qu'elle arrive quand on l'apporte de la Tartarie à la Chine.
Appareil avec lequel on recueille, on seche, & on prépare cette racine. Les endroits où vient le gins-eng sont séparés de la province de Quantong, appellée Leaotong dans nos anciennes cartes, par une barriere de pieux de bois qui renferme toute cette province, & aux environs de laquelle des gardes rodent continuellement pour empêcher les Chinois d'aller chercher cette racine : cependant quelque vigilance qu'on employe, l'avidité du gain inspire aux Chinois le secret de se glisser dans ces deserts au risque de perdre leur liberté & le fruit de leurs peines, s'ils sont surpris en sortant de la province ou en y rentrant.
L'empereur qui régnoit en 1709, souhaitant que les Tartares profitassent de ce gain préférablement aux Chinois, avoit ordonné à dix mille Tartares d'aller ramasser eux-mêmes tout ce qu'ils pourroient de gins-eng, à condition que chacun d'eux en donneroit à sa majesté deux onces du meilleur, & que le reste seroit payé aux poids d'argent fin. Par ce moyen on comptoit que l'empereur en auroit cette année-là environ vingt mille livres chinoises, qui ne lui coûteroient guere que la quatrieme partie de leur valeur. Le P. Jartoux rencontra par hasard la même année quelques-uns de ces Tartares au milieu de ces affreux deserts.
Voici l'ordre que tient cette armée d'herboristes : après s'être partagé le terrein selon leurs étendarts, chaque troupe au nombre de cent, s'étend sur une ligne jusqu'à un terme marqué, en gardant de dix en dix une certaine distance : ils cherchent ensuite avec soin la plante dont il s'agit, en avançant insensiblement sur un même rond ; & de cette maniere ils parcourent pendant un certain nombre de jours l'espace qu'on leur a marqué.
Ceux qui vont à la découverte de cette plante, n'en conservent que la racine, & ils enterrent dans un même endroit tout ce qu'ils peuvent en ramasser durant dix ou quinze jours. Ils la recueillent avec beaucoup de soin & d'appareil au commencement du printems, & sur la fin de l'automne.
Ils ont soin de la bien laver & de la nettoyer, en ôtant tout ce qu'elle a de matiere étrangere, avec un couteau fait de rambou, dont ils se servent pour la ratisser legerement ; car ils évitent religieusement de la toucher avec le fer ; ils la trempent ensuite un instant dans de l'eau presque bouillante ; & puis ils la font sécher à la fumée d'une espece de millet jaune, qui lui communique un peu de sa couleur. Le millet renfermé dans un vase avec de l'eau, se cuit à petit feu.
Les racines couchées sur de petites traverses de bois au-dessus du vase, se sechent insensiblement sous un linge ou sous un autre vase qui les couvre. On les fait aussi sécher au soleil, ou même au feu : mais quoiqu'elles conservent leur vertu, elles n'ont pas alors cette couleur que les Chinois aiment davantage. Quand ces racines sont seches, ils les mettent dans des vaisseaux de cuivre bien lavés, & qui ferment bien ; ou ils les tiennent simplement dans quelque endroit sec. Sans cette précaution, elles seroient en danger de se pourrir promtement & d'être rongées des vers. Ils font un extrait des plus petites racines, & ils gardent les feuilles pour s'en servir comme du thé.
Relation qu'en donne Koempfer. Aux détails du P. Jartoux sur cette racine, il est bon de joindre ceux de Koempfer qui y sont assez conformes, quoiqu'il en ait donné une figure fort différente.
Cette plante, dit ce fameux voyageur, si l'on en excepte le thé, est la plus célebre de toutes celles de l'orient, à cause de sa racine, qui y est singulierement recherchée ; celle que l'on apporte de Corée dans le Japon, & que l'on cultive dans les jardins de la ville de Méaco, y vient mieux que dans sa propre patrie ; mais elle est presque sans vertu : celle qui naît dans les montagnes de Kataja, où l'air est plus froid, dure plus long-tems ; sa racine subsiste & ses feuilles tombent en automne : dans le Japon elle produit plusieurs tiges chargées de graine, & elle meurt le plus souvent en un an.
Lorsque le tems de ramasser cette racine approche, on met des gardes dans toutes les entrées de la province de Siamsai, pour empêcher les voleurs d'en prendre avant la recolte.
Ces racines étant nouvellement tirées de la terre, on les macere pendant trois jours dans de l'eau froide, où l'on a fait bouillir du riz ; étant ainsi macérées, on les suspend à la vapeur d'une chaudiere couverte, placée sur le feu : ensuite étant sechées jusqu'à la moitié, elles acquierent de la dureté, deviennent rousses, résineuses, & comme transparentes ; ce qui est une marque de bonté. On prépare les plus grandes fibres de la même maniere.
Prix & choix de cette racine. Le prix de cette racine est si haut parmi les Chinois, qu'une livre se vend aux poids de deux & trois livres pesant d'argent ; c'est pourquoi on a coûtume de l'altérer de différentes façons ; & nos épiciers lui substituent souvent d'autres racines exotiques, ou celle du behen-blanc.
De son débit à la Chine & en Europe. Tout le gins-eng qu'on ramasse en Tartarie chaque année, & dont le montant nous est inconnu, doit être porté à la doüanne de l'empereur de la Chine, qui en préleve deux onces pour les droits de capitation de chaque tartare employé à cette récolte ; ensuite l'empereur paye le surplus une certaine valeur, & fait revendre tout ce qu'il ne veut pas à un prix beaucoup plus haut dans son empire, où il ne se débite qu'en son nom ; & ce débit est toûjours assûré.
Je n'ignore pas que nos voyageurs à la Chine, ou ceux qui ont écrit des descriptions de ce pays-là, ont aussi beaucoup parlé du gins-eng ; entr'autres Jean Ogilby, hist. de la Chine, Lond. 1673, in-fol. en anglois ; le P. Martini, dans son atlas ; le P. Kircker, dans sa Chine illustrée ; le P. Tachard, dans son voyage de Siam ; l'auteur de l'ambassade des Hollandois à la Chine, part. II. ch. iij. le P. le Comte, dans ses mém. de la Chine, tome I. p. 496. & beaucoup d'autres. Mais presque tous les détails de ces divers auteurs sont fautifs, ou pour mieux dire, pleins d'erreurs. (D.J.)
GORAO
S. m. (Comm.) étoffe de soie cramoisie, ou ponceau, qui se fabrique à la Chine.
GUCHEU
(Géog.) ville de la Chine sur la riviere de Ta, dans la province de Quangsi, dont elle est la cinquieme métropole. La commodité des rivieres qui l'arrosent, y fait fleurir le commerce ; on recueille le cinnabre en abondance dans les montagnes de son territoire : mais ce qui vaut mieux, on y voit deux temples consacrés aux hommes illustres. Elle est de 6d. 33'. plus occidentale que Pékin ; sa latit. est de 24d. 2'. (D.J.)
HIAOY
(Géogr.) ville de la Chine dans la province de Xansi, au département de Fuenchu, cinquieme métropole de cette province. Auprès de cette ville est la montagne de Castang, abondante en sources d'eaux chaudes & minérales, différentes de goût & de couleur, desorte que ces fontaines bouillantes en font un pays assez semblable à celui de Pouzzoles au royaume de Naples. Cette ville de Hyaoi est de 6d 11' plus occidentale que Pekin, à 38d 6' de latitude. (D.J.)
HIMPOU
S. m. (Hist. mod.) juge criminel à la Chine, son tribunal est un des tribunaux souverains. L'himpou réside à Pekin, capitale de l'empire.
HING-PU
S. m. (Hist. mod.) c'est le nom qu'on donne à la Chine à un tribunal supérieur qui réside auprès de l'empereur. Il est chargé de la révision de tous les procès criminels de l'empire, dont il juge en dernier ressort. Il a sous lui quatorze tribunaux subalternes, qui résident dans chaque province. Nul Chinois ne peut être mis à mort sans que sa sentence ait été signée par l'empereur même, ce qui prouve le cas que l'on fait à la Chine de la vie d'un homme.
HISTOIRE
Le second monument est l'éclipse centrale du soleil, calculée à la Chine deux mille cent cinquante-cinq ans avant notre ere vulgaire, & reconnue véritable par tous nos Astronomes. Il faut dire la même chose des Chinois que des peuples de Babylone ; ils composoient déjà sans-doute un vaste empire policé. Mais ce qui met les Chinois au-dessus de tous les peuples de la terre, c'est que ni leurs loix, ni leurs moeurs, ni la langue que parlent chez eux les lettrés, n'ont pas changé depuis environ quatre mille ans. Cependant cette nation, la plus ancienne de tous les peuples qui subsistent aujourd'hui, celle qui a possédé le plus vaste & le plus beau pays, celle qui a inventé presque tous les Arts avant que nous en eussions appris quelques-uns, a toûjours été omise, jusqu'à nos jours, dans nos prétendues histoires universelles : & quand un espagnol & un françois faisoient le dénombrement des nations, ni l'un ni l'autre ne manquoit d'appeller son pays la premiere monarchie du monde.
Quand Marc Paul parla le premier, mais le seul, de la grandeur & de la population de la Chine, il ne fut pas crû, & il ne peut exiger de croyance. Les Portugais qui entrerent dans ce vaste empire plusieurs siecles après, commencerent à rendre la chose probable. Elle est aujourd'hui certaine, de cette certitude qui naît de la déposition unanime de mille témoins oculaires de différentes nations, sans que personne ait réclamé contre leur témoignage.
HOAKO
S. m. (Botan.) c'est une herbe qui croît à la Chine sur le mont de Pochung, près de la ville de Cin, & à laquelle on attache la propriété funeste de rendre stériles les femmes qui en goûtent. Les auteurs qui en ont fait mention, n'en ont pas donné des descriptions.
HOAMH
ou HOANGSO, (Géog.) une des plus grandes rivieres du monde ; elle a sa source à 23 deg. de lat. sur les confins du Tongut & de la Chine, dans un grand lac enclavé dans les hautes montagnes qui séparent ces deux états ; courant de-là vers le nord, elle cotoye les frontieres de la province de Xiensi & du Tongut jusqu'à 37 degrés de latitude, arrose le Tibet, passe la grande muraille vers les 38 degrés de latitude, se dégorge enfin dans l'océan de la Chine après un cours de plus de 500 lieues d'Allemagne : ses eaux sont troubles, & tirent sur le jaune-brun ; elles prennent cette mauvaise qualité du salpêtre, dont les montagnes que cette riviere baigne au-dehors de la grande muraille sont remplies ; c'est à cause de cette couleur jaune-brune qu'elle porte le nom d'Hoangso ou Hoamho ; elle fait dans son cours des ravages épouvantables, dont les Chinois n'ont eu que trop souvent de tristes expériences. Voyez sur le cours de ce fleuve la grande carte de la grande Tartarie de M. Witsen. (D.J.)
HOANG
(Géog.) le plus grand fleuve de la Chine ; il a sa source dans un lac situé environ à quinze lieues de celui de Chiamai vers l'orient. Il coule, dit Witsen, du couchant au levant entre le royaume de Torgat & l'Inde de-là le Gange jusqu'à la Chine ; d'où se portant vers le nord, il sépare le Tongut de la province de Xiensi, traverse cette province, passe la fameuse muraille de la Chine, va dans le desert de Zamo en Tartarie, se recourbe vers le midi, repasse la muraille, sépare le Xansi du Xanti, baigne l'Honan, le Xantung, le Nanghking, & se décharge dans le golfe de ce nom. Les Chinois ont joint le Hoang au golfe de Cang par un canal qui commence dans le Nanghking, coupe le Xantung, une partie de la province de Peking, & se termine au fond du golfe de Cang.
HOANGEIO
S. m. (Ornith.) petit oiseau qui se trouve dans le Chekiang à la Chine. On ne nous l'a point décrit ; on nous apprend seulement que les habitans le trempent dans leur vin de ris, & en font un mets commun.
HOANGEIOYU
S. m. (Ornith.) oiseau aquatique de la province de Quantung à la Chine. En été, il habite les montagnes ; en hiver, il se retire dans la mer où l'on le prend aux filets : sa chair passe pour fort délicate : sur le peu que l'on nous a transmis de sa description, il paroît que le hoangeioyu est amphibie, moitié poisson, moitié oiseau.
HOATCHÉ
S. m. (Hist. nat. Commerce) c'est le nom que les Chinois donnent à une terre très-blanche, extrêmement fine, douce, & comme savonneuse au toucher, qu'ils emploient seule à une porcelaine dont on fait un très-grand cas chez eux, & qui est plus estimée que celle qui se fait avec le kaolin & le petuntsé, qui sont les ingrédiens de la porcelaine ordinaire de la Chine. Par les échantillons qui ont été apportés de la Chine, il paroît que le hoatché n'est autre chose qu'une terre bolaire & argilleuse très-blanche, très-fine, douce au toucher comme du savon ; en un mot, qui a toutes les propriétés & les caracteres de la terre cimolée des anciens. Voyez CIMOLEE. En s'en donnant la peine, on trouveroit en France & ailleurs des terres qui, préparées convenablement, serviroient avec succès aux mêmes usages. Voyez l'article PORCELAINE.
Les medecins chinois ordonnent dans de certains cas le hoatché, de même que les nôtres ordonnent les terres bolaires. (-)
HOEICHEU
(Géog.) ville commerçante de la Chine, 14e métropole de la province de Kianguan ; c'est dans cette ville que se fait la meilleure encre de la Chine, & où l'on trouve le meilleur thé. Long. 137. lat. 34. 10.
Il y a une autre ville de ce nom dans la province de Quantung, ou, suivant notre maniere d'écrire, Canton, dont elle est la 4e métropole, à 2d. 46'. plus orientale que Pékin, à 23d. 9'. de latitude. (D.J.)
HOK-CHU
S. m. (Diéte) espece de liqueur fermentée, semblable à de la biere forte, que les Chinois font avec le froment : elle est d'un brun foncé & d'un goût assez agréable. Les mêmes peuples font encore usage d'une autre liqueur appellée chamchu ; on dit qu'elle s'obtient par la distillation du ris fermenté, ce qui annonce une liqueur spiritueuse, qui est peut-être la même que celle qu'on connoît dans l'Indostan & en Europe sous le nom de rack ou d'arack ; cependant quelques voyageurs en parlent comme d'une espece de vin, & disent qu'il est d'un jaune clair ou légerement rougeâtre. On dit que les Tartares, établis à la Chine depuis la conquête, savent tirer une liqueur spiritueuse de la chair du mouton, mais on ne nous apprend point la maniere dont on l'obtient.
HONAN
(Géog.) contrée d'Asie dans l'empire de la Chine, dont elle est la cinquieme province, au S. du fleuve jaune ; elle est très-belle & très-fertile ; les Chinois l'appellent le jardin de la Chine. On y compte huit métropoles, dont Caifung est la premiere, & Honan la seconde. Long. de Caifung à compter de Pekin, 2. 54. lat. 35. 50. Long. de Honan, 7. 5. lat. 35. 38. (D.J.)
HOSI
(Géog.) ville de la Chine, dans la province de Junnan, au département de Lingan, & la troisieme métropole de cette province. Elle est, dit Martinius dans son Atlas Chinois, de 14d. 29'. plus occidentale que Pékin, à 24d. 10'. de latitude. (D.J.)
HOUPPON
S. m. (Hist. mod. & Comm.) on nomme ainsi à la Chine un mandarin établi commissaire pour la perception des droits d'entrée & de sortie : c'est une espece de directeur général des douannes. Voyez DOUANNE.
Les houppons y sont aussi des fermiers ou receveurs des droits d'entrée & de sortie qu'on paye pour les marchandises dans les douannes de cet empire. Dictionnaire de Commerce.
HU-P ou HOU-POU
s. m. (Hist. mod.) c'est le nom qu'on donne à la Chine à un conseil ou tribunal chargé de l'administration des finances de l'empire, de la perception des revenus, du payement des gages & appointemens des mandarins & vicerois ; il tient aussi les registres publics, contenant le dénombrement des familles, ou le cadastre qui se fait tous les ans des sujets de l'empereur, des terres de l'empire & des impôts que chacun est obligé de payer.
HUCHEU
(Géog.) ville de la Chine, troisieme métropole de la province de Chékiang. Elle est remarquable par cinq temples consacrés aux hommes illustres. Long. 137. 50. lat. 30. 2. (D.J.)
HUGUANG
(Géog.) septieme province de la Chine, si fertile, qu'on l'appelle le grenier de la Chine ; elle a 15 métropoles & 108 cités, Vach'ang en est la premiere métropole. (D.J.)
IDOLE
Le gouvernement de la Chine n'a jamais eu aucune idole ; il a toûjours conservé le culte simple du maître du ciel Kingtien, en tolérant les pagodes du peuple. Gengis-Kan chez les Tartares n'étoit point idolâtre, & n'avoit aucun simulacre
IMMATERIALISM
Encore aujourd'hui à la Chine, où les principaux dogmes de l'ancienne philosophie se sont conservés, on ne connoît point de substance spirituelle, & on regarde la mort comme la séparation de la partie aërienne de l'homme de sa partie terrestre. La premiere s'éleve en haut, la seconde retourne en bas.
INDUCTION
Qui peut douter que l'empereur de la Chine n'ait un coeur, des veines, des arteres, des poumons, fondé sur ce principe, que tout homme ne peut vivre qu'autant qu'il a toutes ces parties intérieures ? Et comment s'en est-on assuré ? Par analogie ou par une induction très-imparfaite, puisque le nombre des personnes que l'on a ouvertes, & par l'inspection desquelles on s'est convaincu de cette vérité, est incomparablement plus petit que celui des autres hommes.
INOCULATION
Cependant elle faisoit de nouvelles conquêtes en Asie. Une lettre du P. Dentrecolles, missionnaire jésuite à Pekin, imprimée dans le recueil des lettres édifiantes & curieuses, tome XX. nous apprend qu'en 1724 l'empereur de la Chine envoya des medecins de son palais semer la petite vérole artificielle en Tartarie où la naturelle faisoit de grands ravages, & qu'ils revinrent chargés de présens.
JU
(Géog.) nom de deux villes & de deux rivieres de la Chine, marquées dans l'Atlas chinois, auquel je renvoie les curieux, si ce nom vient à se présenter dans leurs lectures. (D.J.)
JU-KIAU
(Hist. mod. & Philosophie) c'est le nom que l'on donne à la Chine à des sectaires qui, si l'on en croit les missionnaires, sont de véritables athées. Les fondateurs de leur secte sont deux hommes célebres appellés Chu-tse & Ching-tsé ; ils parurent dans le quinzieme siecle, & s'associerent avec quarante-deux savans, qui leur aiderent à faire un commentaire sur les anciens livres de religion de la Chine, auxquels ils joignirent un corps particulier de doctrine, distribué en vingt volumes, sous le titre de Sing-li-ta-tsuen, c'est-à-dire philosophie naturelle. Ils admettent une premiere cause, qu'ils nomment Tai-Ki. Il n'est pas aisé d'expliquer ce qu'ils entendent par ce mot, ils avouent eux-mêmes que le Tai-Ki est une chose dont les propriétés ne peuvent être exprimées : quoi qu'il en soit, voici l'idée qu'ils tâchent de s'en former. Comme ces mots Tai-Ki dans leurs sens propres, signifient faîte de maison, ces docteurs enseignent que le Tai-Ki est à l'égard des autres êtres, ce que le faîte d'une maison est à l'égard de toutes les parties qui la composent ; que comme le faîte unit & conserve toutes les pieces d'un bâtiment, de même le Tai Ki sert à allier entr'elles & à conserver toutes les parties de l'univers. C'est le Tai-Ki, disent-ils, qui imprime à chaque chose un caractere spécial, qui la distingue des autres choses : on fait d'une piece de bois un banc ou une table ; mais le Tai-Ki donne au bois la forme d'une table ou d'un banc : lorsque ces instrumens sont brisés, leur Tai-Ki ne subsiste plus.
Les Ju-Kiau donnent à cette premiere cause des qualités infinies, mais contradictoires. Ils lui attribuent des perfections sans bornes ; c'est le plus pur & le plus puissant de tous les principes ; il n'a point de commencement, il ne peut avoir de fin. C'est l'idée, le modele & l'essence de tous les êtres ; c'est l'ame souveraine de l'univers ; c'est l'intelligence suprême qui gouverne tout. Ils soutiennent même que c'est une substance immatérielle & un pur esprit ; mais bien-tôt s'écartant de ces belles idées, ils confondent leur Tai-Ki avec tous les autres êtres. C'est la même chose, disent-ils, que le ciel, la terre & les cinq élémens, en sorte que dans un sens, chaque être particulier peut être appellé Tai-Ki. Ils ajoûtent que ce premier être est la cause seconde de toutes les productions de la nature, mais une cause aveugle & inanimée, qui ignore la nature de ses propres opérations. Enfin, dit le P. du Halde, après avoir flotté entre mille incertitudes, ils tombent dans les ténebres de l'athéisme, rejettant toute cause surnaturelle, n'admettant d'autre principe qu'une vertu insensible, unie & identifiée à la matiere.
JALOUSIE
La jalousie écrase les piés des femmes à la Chine, & elle immole leur liberté presque dans toutes les contrées de l'orient.
JAOCHEU
(Géog.) ville de la Chine dans la province de Kiangsi, dont elle est la seconde métropole. Son territoire fournit presque toute la vaisselle de porcelaine dont se servent les Chinois. Elle est plus occidentale que Pékin de 32d & est à 29. 40. de latitude. (D.J.)
JOUER
A la Chine, le jeu est défendu également aux grands & aux petits ; ce qui n'empêche point les habitans de cette contrée de jouer, & même de perdre leurs terres, leurs maisons, leurs biens, & de mettre leurs femmes & leurs enfans sur une carte.
JUNGCHANG
(Géog.) grande ville de la Chine, huitieme métropole de la province de Junnan ? elle est dans un pays abondant en cire, miel, ambre, soie, & lin. Long. 119. 55. lat. 24 58. (D.J.)
JUNGNING
(Géog.) ville de la Chine onzieme métropole de la province de Junnan. Long. 120. 10. lat. 27. 33. (D.J.)
JUNNAN
(Géog.) la derniere de toutes les provinces de la Chine en rang, & la plus occidentale, proche les états du royaume d'Ava. C'est en même tems la plus riche de toutes les provinces, & où les vivres sont à meilleur marché. On y trouve d'excellens chevaux, des éléphans, des rubis, des saphirs, & autres pierres précieuses, & des mines très-riches. Elle comprend 12 métropoles, 8 villes militaires, plus de 80 cités, & plus de 14 millions d'ames, au rapport du P. Martini, dont il ne faut pas croire les hyperboles. La premiere métropole de cette province se nomme aussi Junnan, ville très-riche, où l'on fait les plus beaux tapis de la Chine ; elle a plusieurs temples consacrés aux hommes illustres. Long. 121. 15. lat. 25. 20. (D.J.)
History : China : General
/
Philosophy : Europe : France