Le Comte, Louis. Eclaircissement sur la dénonciation [ID D19963].
Virgile Pinot : Le Comte ne cherchait pas à se défendre par des raisons théologiques, mais il invoquait l'autorité de l’histoire dont il avait été, disait-il, le fidèle porte-parole : "Quand j'ay parlé de l'ancienne Religion des Chinois, je l'ay toujours fait en Historien qui rapporte ce que les anciens Livres de ces peuples nous ont laissé. Et je n'ay jamais prétendu que le public donnât à mon Livre plus de croyance que n'en mérite l'Histoire même de la Chine". Mais invoquer l'histoire contre des arguments théologiques, c'est faire de l'histoire le juge de la théologie, c'est mettre les faits au-dessus de la doctrine. Ainsi l’histoire d'une nation profane devenait un critérium de vérité, supérieur même à la révélation. Enfin le P. Le Comte se défendait en invoquant un argument d'occasion, la nécessité d'enlever une arme aux libertins : "Ne serait-il pas bien plus dangereux de condamner ce qu'on reprend icy dans mon Livre, en disant que les anciens Chinois, comme ceux d'à présent, étoient athées. Car les Libertins ne tireroient-ils pas avantage de l'aveu qu'on leur feroit, que dans un empire si vaste, si éclairé, établi si solidement, et si florissant, soit par la multitude de ses habitants, soit par l'invention de presque tous les arts, ou n'auroit jamais reconnu de Divinité. Que deviendroient donc les raisonnements que les Saints-Pères, en prouvant l'existence de Dieu ont tiré du consentement de tous les peuples, auxquels ils prétendent que la Nature en a imprimé l'idée si profondément que rien ne la peut effacer".
Religion : Christianity