Lacroix, Jean-François de
La Croix, Jean-François de
# | Year | Text | Linked Data |
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1 | 1770 |
Delacroix, Jean-François. Dictionnaire historique des cultes religieux... [ID D19810]. Secte des lettrés La plus noble et la plus distinguée des sectes des Chinois dont Confucius est regarde comme le fondateur, ou du moins comme le restaurateur. On pretend que cette secte adore un Etre suprême, eternel et tout-puissant, sous le nom de Chang-ti, qui signifie Roi d'en-haut, ou Maître du Ciel; mais leur conduite fait voir que cet Etre suprême n'est pas la seule divinité qu'ils reconnaissent, puisqu'ils rendent les Honneurs divins aux âmes de leurs ancêtres et font des sacrifices aux genies tutelaires. Une accusation plus grave, intentée contre eux, est celle d'Athéisme. Plusieurs veulent que, par ce nom de Chang-ti ou de Maitre du Ciel, ils n'entendent en effet que le ciel même matériel et visible. Quoiqu'ils aient souvent déclaré que leurs hommages s'adressaient à cet Esprit supérieur qui regne dans le ciel, on a toujours soupçonné quelques équivoques dans leur doctrine. Mais, lorsqu'on examine de près la chose, on est plus porté à les croire idolâtres qu'athées. Cependant il y a quelques sectateurs de Confucius, qui se distinguent des autres par des opinions qui pourraient avec assez de raison les faire regarder comme Athées, si l 'obscurité impénétrable de leur système permettait de porter un jugement certain. «Ces nouveaux philosophes, dit le P. le Gobien, ne reconnaissent dans la nature que la nature même, qu'ils definissent le Principe du Mouvement et du Repos. Ils disent que c'est la raison par excellence, qui produit l'ordre dans les différentes parties de l'univers, et qui cause tous les changements qu'on y remarque. Ils ajoutent que, si nous considérons le monde comme un grand édifice où les hommes et les animaux sont placés, la nature en est le sommet et le faite, pour nous faire comprendre qu'il n'y a rien de plus élev et que, comme le faîte assemble et soutient toutes les parties qui composent le toit du bâtiment, de même la nature unit ensemble et conserve toutes les parties en deux univers. Ils distinguent (continue le P. le Gobien) la matière en deux espèces. L'une est parfaite, subtile, agissante, c'est-à-dire dans un mouvement continuel; l'autre est grossière, imparfaite et en repos. L'une et l'autre est, selon eux, éternelle, incréée, infiniment étendue, et, en quelque manière, toute-puissante, quoique sans discernement et sans liberte. Du mélange de ces deux matières naissent cinq éléments qui, par leur union et leur température, fônt la nature particulière et la différence de tous les corps. De là viennent les vicissitudes continuelles des parties de l'univers, le mouvement des astres, le repos de la terre, la fécondité ou la stérilité des campagnes. Ils ajoutent que cette matière, toujours occupée au gouvernement de l'univers, est neanmoins aveugle dans ses actions les plus reglées, qui n'ont d'autre fin que celle que nous leur donnons, et qui, par conséquent, ne sont utiles qu'autant que nous savons en faire un bon usage.» Ce Système fut adopté, vers le commencement du XVe siècle par une nouvelle secte qu'on peut regarder comme une réforme de la secte des Lettrés, et qui devint la secte dominante de la Cour, des Mandarins, et des Sçavans. Voici quelle en fut l'origine. L'empereur Yong-lo, qui régnait alors, voyant que les sectes de Lao-Kun et de Fo avaient, depuis plusieurs siècles, introduit dans l'Empire un nombre prodigieux d'idolâtries et de superstitions grossières, donna l'ordre à quarante-deux docteurs choisis entre les plus habiles, de faire un extrait des plus saines maximes répandues dans les anciens auteurs, et d'en former un corps de religion et de doctrine. Ces docteurs, dans l'exécution de cet ouvrage, s'attacherent moins à remplir les bonnes intentions de l'empereur, qu'à trouver dans les auteurs anciens de quoi justifier les préjugés dont ils étaient dejà imbus. Ils donnèrent des sens détournés aux plus saines maximes, et, par des interprétations forcées, parvinrent à les défigurer. Ils parlèrent des perfections du Dieu suprême, en apparence comme les anciens; mais en effet les insinuèrent, avec beaucoup d'art, que ce Dieu n'etait pas un etre, qui eût une existence particulière; qu'il n'était pas distingué de la nature même; que c'etait un principe de vie et d'activité, qui, par une vertu naturelle, produisait, disposait, et conservait toutes les parties de l'univers. Ils se jettèrent dans une espèce de Spinosisme, en débitant que Dieu, qu'ils nommaient Chang-ti ou Empereur souverain, était une âme répandue dans la matière, laquelle y opérait tous les changements nécessaires, et en attribuant à la nature toutes les qualités que les anciens philosophes chinois avaient reconnues dans l'Etre suprême. Cette doctrine fut bien plus goûtée que ne l'avait été celle de Confucius, qui ne subsistait plus alors que dans un petit nombre de ses disciples. Elle flatta surtout l'esprit des grands qui, naturellement orgueilleux, préférèrent toujours la doctrine qui les asservit le moins. Ils ne trouvèrent, dans les nouvelles opinions, qu'un Système, au lieu d'un culte, et ne manquèrent pas d'adopter avec avidité des spéculations qui semblaient les dispenser de toute espèce de religion. Ils aimeraient mieux etre Athées qu'idolâtres; et même, pour se justifier de l'accusation d'atheisme, ils enveloppèrent leurs dogmes de tant de subtilités et de mystères, que les plus clairvoyants y furent trompés. II serait ennuyeux et inutile de discuter ici si les Lettrés de la Chine sont veritablement Athées. Si quelque chose peut les disculper de ce reproche, il semble que ce sont les honneurs excessifs qu'ils rendent aux âmes de leurs ancêtres, ainsi qu'aux grands hommes qui sont, à proprement parler, leurs véritables dieux, quoiqu'ils prétendent ne leur rendre que des honneurs politiques. Quoi qu'il en soit, l'empereur protégea cette nouvelle secte de Lettrés et l'admit à la cour. II prit même la résolution de détruire les autres sectes; mais on lui représenta qu'il était dangereux d'ôter au peuple les idoles dont il était si fort entêté, et que le nombre des idolâtres était trop grand pour qu'on pût espérer d'exterminer entièrement l'idolâtrie. Ainsi la cour se borna seulement à condamner toutes les autres sectes comme des hérésies; vaine cérémonie qui se pratique encore tous les ans à Pékin, sans que le peuple en témoigne moins de fureur pour ses absurdes divinités. |
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# | Year | Bibliographical Data | Type / Abbreviation | Linked Data |
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1 | 1770 | Delacroix, Jean-François. Dictionnaire historique des cultes religieux établis dans le monde depuis son origine jusqu'a présent : ouvrage dans lequel on trouvera les différentes manieres d'adorer la Divinité, que la révélation, l'ignorance & les passions ont fuggérées aux hommes dans tous les tems : l'histoire abrégée des dieux & demi-dieux du paganisme, & celle des religions Chrétienne, Judaïque, Mahométane, Chinoise, Japonoise, Indienne, Tartare, Africaine, & c. Vol. 1-3. (Paris : Chez Vincent, 1770). | Publication / Dela3 |
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