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Daurand-Forgues, Paul-Emile

(Paris 1813-1883 Cannes) : Schriftsteller, Journalist, Literaturkritiker

Name Alternative(s)

Fourgues, E.D.
Forgues, Emile Daurand

Subjects

History of Media / Index of Names : Occident / Literature : Occident : France

Chronology Entries (1)

# Year Text Linked Data
1 1845 Forgues, E.D. [Daurand-Forgues, Paul-Emile]. La Chine ouverte [ID D21066].
Daurand-Forgues schreibt : Connaissez-vous la Chine, la patrie du dragon volant et des théières de porcelaine ? Tout le pays est un cabinet de raretés, environné d'une [immense et interminable] muraille et de cent mille sentinelles tartares. Mais les oiseaux et les pensées des savants de l'Europe volent par delà, et lorsqu'ils ont tout vu à satiété, ils reviennent nous conter des merveilles de cette curieuse contrée et de ce curieux peuple. La nature avec ses apparitions [grêles et] contournées, ses fleurs gigantesquement fantasques, ses arbres nains, ses montagnes découpées, ses fruits voluptueusement baroques, ses oiseaux parés et bariolés, est là-bas une caricature aussi fabuleuse que l'homme avec sa tête pointue et [couronnée d'une flamme chevelue], ses révérences, ses ongles démesurés, sa vieille et intelligente gravité, et sa langue enfantine composée de monosyllabes. En ce pays, la nature et l'homme ne peuvent se regarder sans rire. Mais ils ne rient pas hautement, parce qu'ils sont tous deux trop civilisés et trop polis, et pour se contenir ils font les grimaces les plus bizarres. Là, on ne trouve ni ombre ni perspective, et sur les maisons aux mille couleurs s'élèvent l'un sur l'autre des toits tendus comme des parapluies, garnis de cloches de métal retentissant, de sorte que le vent lui-même produit un son comique et devient ridicule en passant en ce lieu.
Dans une de ces maisons à clochettes, demeurait jadis une princesse dont les petits pieds étaient encore plus petits que les pieds des autres Chinoises, dont les petits yeux obliques étaient encore plus doux et plus rêveurs que les petits yeux obliques des autres dames de l'empire céleste, et dont le petit cœur palpitant renfermait l'humeur la plus folle et les caprices les plus désordonnés. Sa joie la plus grande était de pouvoir déchirer les plus somptueuses étoffes d'or et de soie. Quand elle les entendait gémir et craquer sous ses doigts, elle se pâmait de ravissement. Enfin, quand elle eut sacrifié toute sa fortune à ce goût, lorsqu'elle eut déchiré tous ses biens et ses domaines, elle fut déclarée, de l'avis de tous les mandarins, incapable de se gouverner, reconnue pour une insensée incurable, et renfermée dans une tour ronde.
Cette princesse chinoise, le caprice personnifié, est en même temps la personnification de la muse d'un poète allemand dont on ne saurait se dispenser de parler dans une histoire de la poésie romantique. C'est la muse qui nous sourit d'un air si égaré du fond des poésies de M. Clément Brentano.
En Chine les cochers même sont polis. Lorsque dans une rue étroite ils s'entre-heurtent un peu rudement avec leurs véhicules, et que les timons et les roues s'enchevêtrent, ils ne poussent nullement des invectives et des jurements, comme les cochers chez nous, mais ils descendent avec calme de leur siège, font une quantité de génuflexions et de révérences, se disent diverses flatteries, s'efforcent ensuite en commun de remettre leurs voitures dans la bonne voie, et quand tout est rentré dans l'ordre, ils font encore une fois un certain nombre de révérences et de génuflexions, se disent réciproquement adieu, et continuent leur route. Mais non seulement nos cochers, aussi nos savants, devraient prendre exemple là-dessus...
La troisième grande théorie des punitions est celle où l'on se propose l'amendement moral du criminel. La véritable patrie de cette théorie est la Chine, où toute autorité est dérivée du pouvoir paternel. Chaque criminel est là un enfant mal élevé, que son père cherche à corriger, et cela au moyen du bambou. Cette manière de voir patriarcale et sensible a trouvé dans les derniers temps, surtout en Prusse, de chauds admirateurs qui ont cherché à l'introduire aussi dans la législation. Au sujet d'une pareille théorie chinoise du bambou, nous sommes d'abord saisis du doute, que toute correction ne soit inefficace, si les correcteurs ne sont préalablement corrigés. En Chine, le chef suprême de l'état paraît sentir obscurément la justesse d'une telle objection, et c'est pourquoi, lorsqu'un forfait énorme s'est commis dans l'empire du milieu, l'empereur, le fils du ciel, s'impose à lui-même une dure pénitence, croyant avoir en personne attiré, par quelque péché, un pareil malheur sur son pays. Nous verrions avec beaucoup de plaisir le piétisme prussien tomber dans de semblables erreurs pieuses, et en venir à se mortifier avec ferveur pour le salut de l'état. En Chine, c'est une conséquence de la manière de voir patriarcale, qu'à côté des punitions il y ait aussi des récompenses légales, et qu'on reçoive pour une bonne action quelque bouton d'honneur, avec ou sans ruban, aussi bien qu'on reçoit pour une mauvaise action la volée de coups de bâton déterminée. De la sorte, pour m'exprimer philosophiquement, le bambou est la récompense du vice, et la décoration le châtiment de la vertu. Les partisans de la correction corporelle ont trouvé récemment dans les provinces du Rhin une résistance émanée d'une manière de sentir, qui n'est pas bien originairement germanique, et qu'il faut regarder malheureusement comme un reste de l'influence exercée chez nous par la domination étrangère des Français. Nous avons encore une quatrième grande théorie des punitions, que nous ne pouvons qu'à peine désigner de ce nom, parce que l'idée de «punition» y disparaît complètement.
  • Document: Forgues, E.D. [Daurand-Forgues, Paul-Emile]. La Chine ouverte : aventures d'un fan-kouei dans le pays de Tsin. Par Old Nick ; ouvrage illustré par Auguste Borget. (Paris : H. Fournier, 1845). [Fiktive Sammlung von Texten].
    Littératures d'Extrême-Orient, textes et traduction ; (7 juillet 2007) :
    http://jelct.blogspot.com/2007/07/rponse-la-devinette-005.html. (Forg1, Publication)

Bibliography (1)

# Year Bibliographical Data Type / Abbreviation Linked Data
1 1845 Forgues, E.D. [Daurand-Forgues, Paul-Emile]. La Chine ouverte : aventures d'un fan-kouei dans le pays de Tsin. Par Old Nick ; ouvrage illustré par Auguste Borget. (Paris : H. Fournier, 1845). [Fiktive Sammlung von Texten].
Littératures d'Extrême-Orient, textes et traduction ; (7 juillet 2007) :
http://jelct.blogspot.com/2007/07/rponse-la-devinette-005.html.
Publication / Forg1