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Chen, Naifang

(Nanton, Jiangsu 1940-) : Präsidentin Université des langues étrangères, Beijing

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Index of Names : China

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1 2002 Feier zum 200. Geburtstag von Victor Hugo an der Zhongshan-Universität.
Anwesend sind der französische Botschafter Pierre Morel und Marie Hugo, Urenkelin von Victor Hugo.
L'Université des langues étrangères de Beijing organisiert mit Mitwirkung der Französischen Botschaft und acht weiteren Institutionen ein Kolloqium mit Reden von Shen Dali, Chen Naifang und Chen Haosu in Beijing.
Ausstellung "The art and life of Victor Hugo" in der Guangdong Art Gallery in Guangzhou.
Aufführung der Komödie Notre-Dame de Paris im Grand Palais du Peuple in Beijing.

Reden :

Shen, Dali. Victor ou le retour du penseur en exil.
Cher amis,
Voilà deux cents ans naissait Victor Hugo, qui demeure l'écrivain français le plus célèbre dans le monde. Cette année, on célèbre le Bicentenaire de sa naissance et le 25 février dernier, j'ai été invité à Besançon, sa ville natale, pour assister au dévoilement de l'inscription dédicace sur la maison du poète et à la soirée organisée à sa mémoire par le Ministère français de la Culture. J'ai pu donc voir comment la France vit à l'heure de celui dont l'oeuvre devient son "monument national". Cette célébration trouve un écho retentissant à Pékin, dans la manifestation à laquelle vous êtes invités à participer aujourd'hui, témoignant que les idéaux de Victor Hugo ont une valeur universelle et qu'ils conservent toujours leur modernité.
Les Chinois sont à jamais reconnaissants envers Victor Hugo qui a été un des rares écrivains occidentaux à condamner le sac du Palais d'été. A ce sujet, S.E.M. Pierre Morel, Ambassadeur de France en Chine, a écrit dans son article publié dans la Revue des Deux Mondes :
"La profusion du faste et le regain du danger engendrent une folie
destructrice que Victor Hugo fustige depuis son exil de Guernesey."
En effet, du temps de l'expédition franco-anglaise, Victor Hugo était exilé dans l'île de Guernesey, après son expulsion de Jersey par les Autorités britanniques sous la pluie. Les années de Jersey et de Gernesey ont été très dures. Pour nourrir sa famille, Victor Hugo a fait semer des haricots dans son jardin, mais, hélas, les oies de son voisin sont venues déterrer et manger les grains et c'était "la fin des haricots." En 1856, avec le produit de la vente des "Contemplations," il a acheté une maison que l'on disait hantée à Guernesey. Comme l'île appartenait à la Grande-Bretagne, Victor Hugo se voyait dans l'obligation de donner annuellement deux poules à Victoria 1ère, austère reine d'Angleterre. Ainsi, son exil a-t-il duré environ dix-neuf ans, avec toute sa lourdeur, son isolement dans l'âpre nuit sur l'écueil... Pourtant, il disait en privé : "Décidément, j'aime l'exil." Parce qu'il aimait la rêverie, la sauvagerie...
Dans "Jinpingmei" ou "Fleur en fiole d'or", grand classique de la littérature chinoise, il y a un adage qui perce à jour la poussière rouge de ce bas-monde en disant :
"Quand l'heure vient, qui ne vient pas.
Quand l'heure ne vient pas, qui vient!"
Eh bien, Victor Hugo est justement un penseur qui ne vient pas quand l'heure vient. A contre-courant, il vient quand l'heure ne vient pas. On sait que Victor Hugo a soutenu la candidature de Louis-Napoléon à la présidence de la République et que celui-ci a été élu en décembre 1848. Mais au coup d'Etat du 2 décembre 1851, il a essayé d'organiser une résistance dans la rue et publié un pamphlet accusateur : "Napoléon le Petit". Recherché par la police impériale, il a dû gagner Bruxelles avec un faux passeport. Il a choisi lui-même la proscription pour protester contre le nouveau despote. "je trouve de plus en plus l'exil bon; j'y mourrai, mais accru "répétait-il.
On n'ignore pas non plus qu'en 1871, Victor Hugo était contre la Commune de Paris dans l'application. Néanmoins, lorsque Thiers réprimais les Communards dans le sang, il déclarait dans "L'Indépendance belge" :
"Quant à moi, je déclare ceci : Cet asile, que le Gouvernement belge refuse aux vaincus, je l'offre. Où? en Belgique. Je fais à la Belgique cet honneur. J'offre l'asile à Bruxelles. J'offre l'asile place des Barricades, No 4..." A la suite de cet article, le gouvernement belge a pris un arrêté enjoignant "au sieur Hugo, homme de lettres, âgé de soixante-neuf ans ... de quitter immédiatement le royaume, avec défense d'y rentrer à l'avenir..." De nouveau expulsé, Victor Hugo s'est rendu au Luxembourg. Vous voyez, Victor Hugo est un poète anti-conformiste, qui venait quand l'heure ne venait pas et à maintes fois, il a pris le chemin de l'exil sa vie durant. Il est devenu le personnage dont il avait tant rêvé et qui est le proscrit à la Jean Valjean comme il le dit dans "Les Contemplations" :
"Le banni, debout sur la grève,
Contemplant l'étoile et le flot..."
Contempler, c'est rêver, c'est ouvrir le visible à l'invisible.
Léon Daudet, son petit gendre disait de lui :
"Hugo ne réfléchissait, comme beaucoup d'hommes, que quand il souffrait. La souffrance lui apportait, avec la méditation, une certaine concision..." Ou encore, "Hugo est admirable tant qu'il a dans le coeur une blessure..."
Hugo s'est donné un nom : "Olympio" qui incarne le calme supérieur auquel l'esprit et le coeur sont parvenus, au dessus des agitations humaines. Et dans "La Légende des siècles," il écrit :
"Rendez-vous compte de l'état de mon esprit dans la solitude splendide où je vis, comme penché à la pointe d'une roche, ayant toutes les grandes écumes des vagues et toutes les grandes nuées du ciel sous ma fenêtre..."
La roche était bien expressive comme lieu de bannissement et les battements des flots de la mer agrandissaient sa pensée, le portant vers les méditations philosophiques d'un voyant.
Ce qui m'a surtout frappé dans la métaphysique poétique de Victor Hugo, c'est cette image-idée de "L'araignée" qu'il a évoquée en 1856 dans "Les luttes et les rêves" et puis dessinée sur un livre de voyage au cours de son séjour au Luxembourg en 1871. Dans sa description, il affirme que l'araignée est la triste captive de son guet-apens parce qu'elle est prise dans son propre oeuvre formant de "fatals noeuds." Cela me fait penser au ver à soie qui tisse laborieusement son cocon et qui se trouve finalement enfermé lui-même dedans. N'est-ce pas là une illustration originale du phénomène "aliénation"!
Henri Guillemin, célèbre critique littéraire français dit que Victor Hugo ressemblait à Karl Marx quand il a laissé pousser sa barbe dans son exil à Guernesey. Y a-t-il lieu de dire ici que Victor Hugo a découvert une loi universelle qu'est l'aliénation dans la Nature et au sein de la société humaine, à la même époque que Karl Marx, qui certes, l'a expliquée plus systématiquement dans le chapitre "Le fétichisme de la marchandise" de son Capital? A partir du même principe, Victor Hugo critique aussi le matérialisme mécanique. Là-dessus, je crois qu'on aurait intérêt à relire "La Légende des siècles" avec un regard tout neuf. Dans cette oeuvre épique, l'auteur indique que le progrès matériel n'est qu'une modalité de l'ascension vers la lumière et qu'une victoire sur la pesanteur et l'immobilité est signe de progrès moral. Toute la vision du progrès de Victor Hugo part de là. Si bien qu'il dit que le progrès ne peut être qu'un lumineux désastre. Selon sa logique, si l'homme s'enfonce dans la matière à présent, il lui faut absolument s'en libérer dans l'avenir. Chez lui il existe toujours cette antithèse entre "Les Rayons et les ombres," cette contradiction entre le mythe de l'âge d'or et le mythe du progrès, et elle se poursuit dans toute son oeuvre poétique et picturale. Contemplateur, il nous met en garde que "L'envie est dans le fruit, le ver est dans la gloire." On comprend pourquoi certains disent que Victor Hugo est un rêveur qui a peur du rêve. Quand on considère les problèmes de la société moderne, peut-on nier que la pensée de Victor Hugo ne soit toujours d'une grande actualité, au tournant du nouveau millénaire. Sous cet angle, "Olympio" reste pour nous un grand écrivain à découvrir dans toute la profondeur de ses idées philosophiques.
A cet égard, "Booz endormi", un poème des "Contemplations" nous apprend comment Victor Hugo indique à l'espèce humaine le sens du chemin à suivre :
"Quel dieu, quel moissonneur de l'éternel été
Avait, en s'en allant, négligemment jeté
Cette faucille d'or dans le champ des étoiles."
Ne voit-on pas là, à travers la métaphore de la "faucille d'or," le signe d'une rencontre mystérieuse entre le ciel et la terre, c'est-à-dire, une harmonie entre le ciel et l'homme, réalisation du vieux rêve de Zhuangzi le taoïste?
Et il me semble entendre de nouveau la voix douce de Sami, doyenne de la Comédie française, qui déclamait "Stella" avant qu'on ne dévoile l'inscription dédicace apposée sur la maison natale de Victor Hugo à Besançon :
"J'ouvris les yeux, je vis l'étoile du matin.
Elle resplendissait au fond du ciel lointain...
C'était une clarté qui pensait, qui vivait;
Elle apaisait l'écueil où la vague déferle;
On croyait voir une âme à travers une perle..."
Ici, il s'agit d'une perle, et non pas d'une "araignée". Car à travers une toile d'araignée, on voit un phénomène que l'on appelle "aliénation".
Merci de votre attention!

Chen, Naifang. Victor Hugo est un monument universel de culture.
Excellences
Mesdames, messieurs,
Chers amis,
A l'occasion de la célébration du bicentenaire de la naissance de Victor Hugo, c'est un profond honneur pour moi d'ouvrir aujourd'hui une grande journée à la mémoire de l'un des grands écrivains français du 19e siècle.
Tout d'abord, je voudrais exprimer au nom de l'Université des Langues étrangères de Beijing et en mon nom personnel, mes souhaits de bienvenue les plus chaleureux à tous les invités ici présents.
Je suis particulièrement touchée par la présence de Messieurs les Professeurs Franck Laurent, Pierre-Jean Dufief et son épouse, ainsi que celle d'une délégation de l'Association franco-chinoise d'Echanges culturels, conduite par son président M.Wang Minguang : ils sont spécialement venus de Paris à Beijing pour participer à cette célébration. Je souhaite la bienvenue à nos compatriotes comme à nos amis français!
Je tiens à remercier l'Ambassade de France en Chine pour son soutien efficace, et notamment Son Excellence monsieur l'Ambassadeur Pierre Morel, qui nous honore de sa présence.
La présente manifestation constitue l'une des activités commémoratives consacrées à Victor Hugo et qui se déroulent cette année en France et dans le monde. Non seulement nous allons jeter un regard en arrière, mais aussi nous en tirerons des enseignements pour l'avenir.
Incontestablement, Victor Hugo est une grande figure de la littérature française. A sa longévité répond la profusion de son oeuvre, qui fait partie du patrimoine culturel de la France et du monde. André Maurois, le biographe d'Olympio, a conclu dans "La vie de Victor Hugo" :
Les décades passèrent. Le temps, qui ensevelit coteaux et collines, respectent les sommets. Au-dessus de l'océan d'oubli qui a englouti tant d'oeuvres du XIX e siècle, l'archipel Hugo dresse fièrement ses hautes cimes couronnées de riches images.
Chef de file du romantisme français, le poète Hugo est un prophète qui guide les hommes vers la liberté, la sagesse et le bonheur. Poète, il est aussi romancier et dramaturge; le public chinois ignore que cet écrivain, est en outre dessinateur, photographe, décorateur, graveur et même menuisier et ébéniste...Comme Léonard de Vinci, il appartient à ces rares génies de l'humanité à avoir eu cette puissance créatrice dans des domaines si divers. Aujourd'hui, nous avons organisé
Une exposition sur les dessins de Victor Hugo, laquelle intéressera, je crois, ceux qui aiment son art .
Victor Hugo est un grand penseur humaniste. Son oeuvre constitue un ensemble où se rencontrent tous les soucis que pouvait avoir il y a plus de cent ans un homme épris de progrès, tous les sentiments, toutes les émotions qu'il pouvait ressentir. Il est pour le peuple et ses héros sont essentiellement des enfants, des femmes, des faibles et des bannis de la société. Il dénonce l'exploitation dont sont victimes les travailleurs, se révolte contre le pouvoir personnel et se met du côté des humbles et des peuples opprimés. Il désire la paix et chante la liberté. Pendant son exil, en apprenant les crimes commis par l'expédition franco-britannique à Pékin en 1860, il a témoigné de la sympathie pour le peuple chinois. De nos jours, au Jardin de la Clarté parfaite de Beijing, réduit en ruines par ce pillage sauvage, est affiché un extrait d'une lettre datant du 25 novembre 1861 dans laquelle Hugo a condamné impitoyablement la barbarie des deux vainqueurs. Il espérait qu'un jour viendrait où la France délivrée et nettoyée, renverrait ce butin à la Chine spoliée. Voilà une des raisons pour lesquelles Victor Hugo, qui ne connaissait pas la Chine, est pourtant bien connu et bien aimé du peuple chinois.
Quand on se demande si la France a un grand homme universel et une oeuvre immortelle comme l'Espagne a Don Quichotte et Cervantès, comme l'Angleterre a Shakespeare, comme l'Italie a Dante, le nom qui vient tout de suite à l'esprit, c'est Victor Hugo, l'auteur des Misérables. M. Alain Decaux, académicien et historien français, a affirmé à juste titre l'universalité et la popularité de son oeuvre :
Un américain d'aujourd'hui ne sait rien de Louis XI. Il connaît Quasimodo. Un Chinois d'aujourd'hui ignore tout de Louis-Philippe mais il vibre au malheur de Jean Valjean.
Il n'est jamais venu en Chine, un pays si lointain pour lui, mais son ¡°complexe Chine¡±est bien connu. Pendant son exil à Guernesey, il décora de ses propres mains ¡°un salon chinois¡± pour son amie Juliette Drouet : on y découvre des apsaras volantes et de nombreux personnages chinois, colorés et vivants, pleins de charme oriental.
On peut dire que Victor Hugo est l'un des écrivains étrangers les plus lus en Chine depuis un siècle. Par l'intermédiaire des premiers traducteurs chinois, en 1903, c'est-à-dire moins de 20 ans après sa mort, est apparue la première traduction des Misérables et le nom de son auteur est connu de tout un chacun chez nous.
Un siècle, deux siècles, tout ce décalage ne doit pas ternir sa mémoire. Aujourd'hui, l'oeuvre de Victor Hugo devient un monument culturel universel. Classique, mais il n'en reste pas moins notre contemporain. Il conserve toujours sa modernité dans le monde d'aujourd'hui. C'est pour cette raison que nous sommes réunis ici pour rendre hommage à ce prophète et puiser de l'inspiration dans sa source intarissable.
A l'heure actuelle, le monde se trouve en voie de globalisation. Dans ce courant historique, il apparaît autrement important de préserver l'identité culturelle de chaque nation, de chaque peuple et de sauvegarder la diversité des cultures dans le monde. Je crois que, et le peuple chinois, et le peuple français reconnaissent cette nécessité et cette mission qui nous incombe à nous tous.
J'espère que cette célébration du bicentenaire de la naissance de Victor Hugo pourra offrir à chacun de nous un sujet de réflexion et je vous souhaite une agréable journée.
Merci de votre attention !

Chen, Haosu. Victor Hugo : précurseur de l’Amitié sino-française.
Madame la Présidente,
Son Excellence Monsieur l'Ambassadeur,
Mesdames, messieurs,
Chers amis,
Grand poète, romancier et dramaturge français, Victor Hugo est le chef de file du romantisme du 19ème siècle et un géant de littérature de dimension universelle. Cette année marque le bicentenaire de sa naissance, aussi, le Ministère français de la Culture a décidé de la baptiser l'Année Victor Hugo. Comme les divers milieux chinois éprouvent de l'amitié pour le peuple français et un profond respect pour les pensées et l'oeuvre de Hugo, ils organisent à cette occasion de multiples manifestations aussi riches que variées. Nous voulons commémorer ce grand maître de la littérature et rendre hommage au peuple français qui a su le faire grandir.
Génie de la littérature, Hugo commence à écrire des poèmes dès l'âge de neuf ans. Tout jeune, il s'affirme déjà comme un écrivain connu dans la société française. Il garde par ailleurs sa puissance créatrice jusqu'au jour de sa disparition, à l'âge de 83 ans. En plus de soixante ans, il a écrit et laissé derrière lui de nombreux ouvrages : poèmes en vers et en prose, romans, pièces de théâtre. Ses ouvrages, tels que « Notre-Dame de Paris », « les Misérables », « l'Homme qui rit » et « Quatre-vingt-treize », passionnent un public très étendu dans le monde entier. Ils peuvent être considérés comme les plus grands chef-d'oeuvres de toute l'Humanité et méritent à ce titre d'être reconnus par les futures générations. Ses romans illustrent pleinement l'esprit de fraternité des hommes, témoignent de la compassion envers la souffrance du peuple victime de l'oppression, dévoilent les atteintes de l'injustice sociale à la dignité des humbles et éveillent par conséquent la conscience des lecteurs en vue d'éliminer l'injustice sociale de ce monde. Son oeuvre dépasse en ce sens l'époque de Hugo et est revêtue d'une valeur éternelle.
Prenons l'exemple des Misérables qui ne sont pas étrangers aux lecteurs chinois. C'est un roman monumental. Hugo y raconte avec émotion les malheurs dont souffrent les couches inférieures de la société à son époque, les femmes et les enfants en particulier. Il exalte la compassion chez les gens ordinaires pour mieux condamner la cruauté et l'insensibilité de la société. Cette nette distinction chez Hugo entre ce qu'il aime et ce qu'il hait a profondément et durablement impressionné les lecteurs. Hugo y exprime par ailleurs sa vision historique progressiste. Ce roman part du matériel pour arriver au spirituel, dit-il. Pour lui, dans le monde matériel de son temps, rempli de crimes et d'hypocrisies et où la justice reste inexistante, il règne une obscurité sans espoir. Par contre, le monde de l'avenir sera spirituel, éclatant de lumière, plein de bonté, de justice et d'innocence. Si l'on compare la société française contemporaine avec celle du passé, il est aisé de remarquer que la France d'aujourd'hui a connu un progrès considérable, par rapport au temps de Hugo. Loin d'être parfaite, la France s'éloigne pourtant tangiblement de la misère évoquée par Hugo. Tout le monde s'en réjouit. L'Humanité doit manifester sa reconnaissance à Hugo, qui a retracé fidèlement les premiers temps du capitalisme. L'oeuvre de Hugo constitue à ce titre un monument commémoratif éternel.
Hugo évolue avec son temps et, de jeune royaliste, il devient un vrai républicain, brave et courageux. Il s'oppose alors à la restauration de l' Empire, ce qui est à l'origine de ses 19 ans d'exil sous le règne de Louis Napoléon Bonaparte. Il est de ce fait non seulement un géant littéraire, mais aussi un pionnier qui a contribué à faire progresser la société. A sa mort, en 1885, ses funérailles nationales et son inhumation au Panthéon attestent la place unique qu'il occupe dans le coeur du peuple français. Après quoi son nom se répand en Orient comme en Asie pour être finalement connu dans le monde entier. Hugo est devenu ainsi une fierté du peuple français ainsi que de ceux qui aspirent au progrès de la société.
Le peuple chinois a bien noté, à part le succès littéraire de Hugo, l'attention que celui-ci prête au sort de la Chine. Je pense notamment à sa vive protestation contre l'intervention à Pékin des armées franco-anglaises et leur pillage du Palais d'Eté. La fraternité que revendique Hugo est revêtue pour ainsi dire d'une couleur internationale. A l'intérieur de son propre pays, elle se manifeste par son opposition à l'exploitation et à l'oppression des travailleurs. Au niveau international, elle s'exprime par son opposition à l'invasion et au pillage des nations faibles et désavantagées. La judicieuse position qu'a prise Hugo à l'époque est prophétique, elle non seulement lui a valu de la gloire, mais aussi a essuyé en partie la honte infligée à sa patrie par l'invasion dans d'autres pays. Ce qui a contribué plus tard à rapprocher la Chine et la France et à préparer l'établissement des relations amicales entre les deux pays. C'est de ce point de vue que nous considérons Hugo comme précurseur de l'amitié sino-française.
Hugo aspire ardemment à l'union et à l'unification de l'Europe. En effet, lorsqu'il prononce le discours d'ouverture au Congrès de la Paix tenu à Paris en 1849, il prévoit déjà que « toutes les nations de l'Europe s'uniront dans une même grande famille européenne sans pourtant perdre leur identité nationale », que « les anciens champs de bataille feront place au marché commercial ouvert sur l'extérieur», que «le scrutin au suffrage universel et l'arbitrage raisonnable du Parlement européen succèderont au ronronnement des obus», et qu' « un jour viendra où l'on verra ces deux groupes immenses, les Etats-Unis d'Amérique, les Etats-Unis d'Europe placés en face l'un de l'autre, se tendre la main par-dessus les mers ». Il assure aussi que ce jour arrivera bientôt sans se faire attendre 400 ans. Aujourd'hui, force est de constater que dans l'Union européenne, l'idée de Hugo sur les Etats-Unis d'Europe est en train d'aboutir : il ne s'est passé qu'un siècle et demi. Nous devons en ce sens considérer Hugo comme le promoteur du progrès de l'Humanité, l'admirer pour sa prévoyance et son intelligence extraordinaires. Hugo mérite d'être citoyen du monde, dans le sens où il donne libre cours à son imagination sur la communauté internationale afin de réaliser son rêve de fraternité. Son héritage nous est tellement précieux! Ce qui nous enchante aujourd'hui, c'est que ses idées sont en voie de concrétisation.
En tant que Chinois vivant au 21ème siècle, nous avons bien l'intention de suivre les idées de Hugo en vue de faire progresser notre monde. Concrètement, nous manifestons cette volonté par deux orientations principales : la première consiste à renforcer la connaissance mutuelle de nos deux pays : la Chine et la France. En ce moment même, nous préparons ensemble l'organisation d'années culturelles dans chacun de nos deux pays afin d'apporter de nouvelles contributions à l'établissement d'une relation amicale à long terme. La seconde orientation, pour sa part, vise à multiplier les échanges entre la Chine et l'Europe. A cet effet, l'Association Chine-Union européenne a été déjà crée, ayant pour objectif de travailler ensemble de manière plus efficace et plus ciblée.
Rendons hommage à Victor Hugo, ce géant de littérature, combattant fidèle et chef de file de la cause du progrès de l'Humanité. A la lumière de sa sagesse, nous nous dirigerons vers un monde meilleur, où triompheront la bonté, la justice, l'innocence et l'espoir!

Morel, Pierre. L'ambassadeur de France sur le bicentenaire de Victor Hugo.
Madame la Présidente (Chen Naifang)
Messieurs les Présidents ( dont Chen Haosu)
Mesdames, Messieurs les Directeurs,
Mesdames et Messieurs les Professeurs,
Mesdames et Messieurs,
Chers étudiants
Chers amis,
C'est avec un plaisir renouvelé que je participe ce matin parmi vous à cette manifestation commémorative du bicentenaire de la naissance de Victor Hugo.
Je voudrais tout d'abord, vous remercier, tout particulièrement, Madame la Présidente, ainsi que le comité organisateur, Monsieur Shen Dali, et Madame Tang Xingyin, pour l'éclat que vous donnez à ces manifestations, dans votre belle université où je suis heureux de revenir chaque fois.
Voici trois ans, nous avons célébré le bicentenaire de la naissance de Balzac, autre très grande figure de la littérature française, et dont l'oeuvre monumentale est à l'égal de celle de Victor Hugo. Tous deux appartiennent au patrimoine littéraire de l'humanité. Tous deux sont devenus universels. Comme l'a souligné Hubert Juin dans la biographie qu'il a consacrée à Victor Hugo, je cite : "Victor Hugo et Honoré de Balzac sont les deux figures à la fois opposées et complémentaires qui, unies, réunies, permettent de concevoir l'incertitude de ce siècle fabuleux : le XIXème" ; "Les uns, comme Hugo, vont rêver un monde. Les autres comme Balzac, vont démonter le monde qu'ils ont sous les yeux. C'est le double regard du siècle" (Hubert Juin, Victor Hugo, vol. 1, p. 247 et 263).
Victor Hugo est né à Besançon, une ville de garnison dans l'est de la France, le 25 février 1802. Nous célébrons donc depuis quelques semaines le bicentenaire de sa naissance. Ces célébrations vont revêtir tout au long de cette année, aussi bien en France qu'à l'étranger, une importance exceptionnelle, liée à stature immense de l'écrivain poète que nous célébrons aujourd'hui. En France, les plus hautes autorités de l'Etat se sont associées à ces célébrations. Le Premier Ministre français, M. Lionel Jospin s'est rendu dans la ville natale de Victor Hugo, le 25 février dernier, en compagnie de la Ministre de la culture, Mme Catherine Tasca. Je crois savoir que le professeur Shen Dali, ici présent, était du voyage qui a été l'occasion de rappeler les valeurs d'universalité et l'humanité au coeur de l'oeuvre de Victor Hugo.
Résumer ici en quelques mots une oeuvre aussi vaste relève de la gageure. Je laisse à deux éminents spécialistes et connaisseurs de l'oeuvre de Victor Hugo, ici présents, M. Pierre-Jean Dufief, professeur à l'Université de Brest, et M. Franck Laurent, professeur à l'Université du Mans, le soin de vous présenter, d'abord ce matin, et surtout cet après-midi, certains aspects de la vie et de l'oeuvre de Victor Hugo.
Qui peut prétendre, en effet, embrasser de manière définitive la vie d'un homme qui fut tour à tour légitimiste et catholique, bonapartiste, orléaniste, mystique, avant d'être républicain, mais tout en restant fidèle à l'idée qu'il avait de la nation française.
Inhumé au lendemain de son décès au Panthéon, le 1er juin 1885 ; accompagné par des centaines de milliers de parisiens, il avait connu l'exil et la solitude. Sa probité et son courage firent qu'il n'a pas craint d'avoir raison seul contre tous. Son engagement en faveur de la paix, des nations opprimées, des "droits de l'homme", mais aussi de la liberté de la presse ; son opposition à l'esclavage, mais aussi à la peine de mort ("Les derniers jours d'un condamné"), à l'injustice sous toutes ses formes ("Les Misérables"), l'horreur que lui inspirent les massacres et les pogroms, bref de ce qu'il est convenu aujourd'hui d'appeler les "crimes contre l'humanité", continuent de donner à l'oeuvre hugolienne sa pleine résonance et sa radicale modernité. Son appel en faveur des "Etats-Unis d'Europe" donne une vision quasi prophétique pour un continent marqué au plus profond par deux "guerres mondiales", les dernières aimerait-on pouvoir ajouter. Victor Hugo fut en effet, grâce à sa notoriété, le poète en exil, la conscience morale de l'Europe et du monde.
Son oeuvre, par son volume même, donne une idée de son ambition et de sa diversité. L'édition aujourd'hui la plus aisément disponible en français, dans la collection "Bouquins" comprend 15 épais volumes au total qui n'incluent pas la correspondance.
Permettez-moi d'énumérer leur contenu : 3 volumes de romans, 4 volumes de poésies, 2 volumes de théâtre, 6 autres volumes sont consacrés respectivement à la Politique, à la Critique, à l'Histoire, aux Voyages, aux livres en Chantiers, à l'Océan !
Cette oeuvre s'inscrit dans une vie d'engagement. A l'homme de lettres, au romantique, au poète, au romancier, au peintre, s'ajoute chez Hugo une dimension politique, Hugo a été Pair de France, mais il a connu l'exil, à la suite du coup d'Etat du 18 Brumaire de Napoléon III, le Prince-Président, le 2 décembre 1851 : en Belgique d'abord (1851-1852, où il rédige son pamphlet contre Napoléon III (Napoléon-le-Petit), puis Jersey (1853-1855) ; enfin Guernesey, où il séjourna quinze années (1855-1870) et où il écrivit tour à tour Les Travailleurs de la mer (1866) et L'Homme qui rit (1869).
En 1869, il refusa l'amnistie qui lui avait été accordée, pour ne rentrer finalement à Paris que le 5 septembre 1870, au lendemain de la bataille de Sedan. Vingt années d'exil, au cours desquelles Victor Hugo écrira notamment la fameuse lettre au capitaine Butler (25 novembre 1861) condamnant la destruction du Palais d'été par les armées franco-anglaises en 1860. Lettre dont je n'ai pas besoin de rappeler le contenu ici, car tout le monde la connaît en Chine, et qui fait sans doute de Victor Hugo l'écrivain français le plus cher aux yeux du peuple chinois.
Cette conscience universelle, éloignée de tout compromis et de tout intérêt particulier, au nom d'une justice supérieure, évoque, pour moi, les figures des lettrés chinois qui se sont mis à distance du pouvoir régnant lors des changements dynastiques. On pourrait citer Qu Yuan, le premier grand poète chinois, même si le sort de Hugo fut heureusement moins tragique. "Je pense surtout à des éminents lettrés, comme Wang Fuzhi et Gu Yanwu, deux très grands noms de la transition Ming Qing, restés fidèles au pouvoir renversé, et dont l'oeuvre porte la trace de cette rupture. Victor Hugo est un peu, durant son exil, comme les reclus de la tradition chinoise", mais aussi - son oeuvre picturale en témoigne - comme ces "fous de peinture qui partaient dans les montagnes en attendant des jours meilleurs", pour échapper à un pouvoir jugé illégitime. Hugo "en désaccord avec l'empereur se retire, choisit l'exil et reconstruit le sens de son oeuvre en choisissant de nouveaux registres". C'est avant tout l'homme libre que je retiendrais ici : libre de penser contre le courant dominant, libre de créer, contre les critères en vigueur, libre de ne pas se justifier sur les choix esthétiques qu'il décide de privilégier. Je cite :
"(...) la critique n'a pas de raison à demander, le poète pas de compte à rendre. L'art n'a que faire des lisières, des menottes, des bâillons : il vous dit : Va ! et vous lâche dans ce grand jardin de poésie, où il n'y a pas de fruit défendu. L'espace et le temps sont au poète. Que le poète donc aille où il veut en faisant ce qui lui plaît : c'est la loi". Fin de citation (Les Orientales, préface de 1853, éd. Bouquins, Poésie 1, p. 411)
Dans sa création même, Hugo se raille des règles trop restrictives, il fustige Boileau, qui, en France, a codifié dans un cadre formel l'art poétique, et réhabilite Shakespeare, génie affranchi des règles, et qu'il place à l'égal de Dante, Michel Ange, Rabelais, Cervantes, Rembrandt, Beethoven. Cette reconnaissance de Shakespeare peut nous sembler aujourd'hui banale, elle allait alors à l'encontre du goût français tel que l'avait notamment défini Voltaire. Avec Victor Hugo, la littérature change d'échelle, elle se mesure, en quelque sorte, à la "démesure". C'est d'ailleurs ce génie en quelque sorte hyperbolique, c'est-à-dire, porté à son comble, qui suscite aussi les a priori, voire les réserves à l'encontre de Victor Hugo. Car, ne l'oublions pas, si l'on met à part l'unanimisme, par définition momentané, de ce bicentenaire, où toute critique de Hugo semble pour un temps abolie, il existe en France, comme le rappelle Léon-Paul Fargue, dans la préface qu'il consacre aux "Contemplations", une sorte de "snobisme", assez généralisé, consistant à mépriser et à railler l'oeuvre Hugolienne. Léon-Paul Fargue, poète lui aussi, écrit ceci, je cite :
"(...) Hugo n'a pas été un génie ordinaire, un génie normal, un génie conforme et rassurant, comme peuvent l'être Pascal ou Tolstoï, et il faudra des années encore (...) avant que la postérité ne consente à lui pardonner et à le classer dans son Olympe. D'ici-là, on sera toujours obligé de prendre les gens par l'oreille (...), et de leur dire, (....) : Mais si, Hugo, c'est très bien, Hugo c'est excellent, vous ne l'avez pas lu. (... )" (Léon-Paul Fargue, "Un poète d'avenir", Les contemplations, p. 8). Fin de citation.
Ceci reste encore vrai aujourd'hui. "Victor Hugo, hélas !", disait de lui André Gide. On ne lui pardonne pas son sens de la grandeur, assimilée à de la grandiloquence, ni son ouverture qui le pousse vers toutes les formes de création : roman, poésie, peinture. Or l'universalisme au coeur de l'oeuvre de Victor Hugo, lui fait porter son regard vers tous les horizons. La Chine est considérée par lui comme un autre pôle, avec la Grèce, du "Goût suprême". Je cite Victor Hugo : "De là deux poésies immenses. (...) A l'une des extrémités de ce goût, il y a la Grèce, à l'autre la Chine." Fin de citation (Proses philosophiques de 1860-1865. "Le Coût", éd. Bouquins, Critiques, p. 573). Dans sa Préface de 1853 à son recueil de poèmes, "Les Orientales", Hugo explique ce tropisme qui le pousse vers l'Orient. Je cite :
"(...) on s'occupe beaucoup plus de l'Orient qu'on ne l'a jamais fait. Les études orientales n'ont jamais été poussées si avant. Au siècle de Louis XIV on était helléniste, maintenant on est orientaliste. Il y a un pas de fait. Jamais tant d'intelligences n'ont fouillé à la fois ce grand abîme de l'Asie. Nous avons aujourd'hui un savant cantonné dans chacun des idiomes de l'Orient, depuis la Chine jusqu'à l'Egypte.
Il résulte de tout cela que l'Orient, soit comme image, soit comme pensée, est devenu pour les intelligences autant que pour les imaginations une sorte de préoccupation générale à laquelle l'auteur de ce livre a obéi peut-être à son insu. Les couleurs orientales sont venues comme d'elles-mêmes empreindre toutes ses pensées, toutes ses rêveries ; et ses rêveries et ses pensées se sont trouvées tour à tour, et presque sans l'avoir voulu, hébraïques, turques, grecques, persanes, arabes, espagnoles même (...)" (Les Orientales, préface de 1853, éd. Bouquins, Poésie 1, p. 413)
Une multitude d'ouvrages paraissent en France cette année à l'occasion de ce bicentenaire. Parmi ceux-ci, je voudrais particulièrement mentionner un livre collectif, publié l'an dernier sous la direction de M. Franck Laurent, ici présent, et intitulé "Victor Hugo et l'Orient", paru chez Maisonneuve et Larose. Il s'agit d'une collection de dix ouvrages, accompagnés d'un disque. Dans le volume qui porte le titre "Victor Hugo en Extrême-Orient", le professeur Shen Dali a écrit un texte intitulé "Victor Hugo lu par les Chinois", dans lequel nous apprenons que la première traduction (partielle) en chinois des Misérables, due à Su Manshu (1884-1918) remonte à 1903, soit près de un siècle. Liang Qichao grand réformateur de la fin de l'Empire des Qing, a vu, nous dit le professeur Shen Dali, dans "Les Misérables" un livre d'une "énorme signification". D'autres en France ont lu cet ouvrage comme une sorte de "nouveau Nouveau Testament".
Le samedi 5 janvier, l'Institut de littérature étrangère de l'Académie des Sciences sociales de Chine a organisé à une journée Victor Hugo, à l'initiative du professeur Liu Mingjiu, auteur d'un livre d'études sur Victor, en présence de nombreux chercheurs et personnalités, dont l'écrivain M. Wang Meng. Le lendemain, une table ronde s'est tenue à l'Université de Pékin, organisée par le professeur Luo Peng et Madame Meng Hua. La journée d'aujourd'hui nous donne l'occasion d'élargir le champ des célébrations. La semaine prochaine se tiendra à Canton une importante manifestation à l'Université Sun Yat-sen, organisée par le professeur Cheng Zenghou, à laquelle est associée notre Consulat Général à Canton.
Je voudrais avant de terminer remercier une nouvelle fois, les spécialistes et les traducteurs et les éditeurs chinois, grâce au travail desquels l'oeuvre de Victor Hugo est aujourd'hui accessible dans sa totalité en langue chinoise. Certains titres de Victor Hugo connaissent plusieurs traductions en chinois : une dizaine de traductions pour "Les Misérables", cinq au moins pour "Notre-Dame de Paris", trois au moins pour "Les Derniers jours d'un condamné". Tout récemment les éditions du Peuple ont publié une édition des "Oeuvres de Victor Hugo" en 12 volumes, incluant un volume entier pour les encres et des dessins ; presque au même moment, les éditions éducatives du Hebei ont fait paraître une édition des "Oeuvres complètes de Victor Hugo" en quinze volumes. Tout ceci montre à quel point l'oeuvre de Hugo reste présente pour nous et pour le public en Chine.
Je vous remercie.

Nie Zhenyu. A la mémoire de Victor Hugo.
Le 3 janvier 2002 a eu lieu à Beijing une conférence en l'honneur du bicentenaire de Victor Hugo sous les auspices de 8 instances chinoises dont L'Association des écrivains chinois et l'Institut des études de la littérature française. Parmi les orateurs figurent M. Nié Zhengyu, président et rédacteur en chef général de la Maison d'Editions Renmin Wenxue (Littérature du Peuple).
Voici l'essentiel de l'allocution de M. Nié :
Victor Hugo, grand maître de la littérature française du 19è siècle a été le leader et le symbole du romantisme actif. Il a eu une vie longue et sinueuse, a créé une immense quantité d'ouvrages littéraires et inventé beaucoup de personnages typiques, en léguant de nombreux joyaux artistiques à l'Humanité. Pour nous, l'importance qu'il incarne, c'est non seulement qu'il a écrit l'Histoire de la France, bouleversante et si détournée du 19è siècle, mais surtout qu'il embrassait avec enthousiasme l'Humanité toute entière en se basant sur sa vision haute et lointaine, son sens fort de justice sociale et son humanisme sincère. Cela passe outre les époques et les frontières. A travers ses cris, ses sourires, ses larmes et ses tristesses, Victor Hugo franchit les territoires, le temps et l'espace, il a ce lien de chair et de sang avec les peuples, y compris le peuple chinois, avec ceux et celles qui du 21è siècle et du futur.
Aujourd'hui, nous sommes heureux de commémorer le bicentenaire de la naissance de Victor Hugo. En profitant de cette occasion, je me permets de vous présenter un peu la traduction et l'édition des oeuvres de Victor Hugo en Chine et de prouver par là les liens de ce grand écrivain français avec le peuple chinois...
Les livres de Victor Hugo se propagent largement en Chine et gagnent les coeurs. Les personnages qu'il a créés comme Jean Valjan, Cosette, Gavroche, Esméralda, Casimodo sont le plus cités par nos lecteurs ordinaires. Ses créations et thèses servent de modèles d'études sérieuses pour nos écrivains et critiques littéraires.
Les oeuvres de Victor Hugo se transmettent jusqu'à nos jours depuis deux siècles et continueront de circuler à travers le monde et les époques.
A l'occasion du bicentenaire de sa naissance et le l16è anniversaire de sa mort, on remarque en Orient surtout en Chine, tant de traducteurs et éditeurs, tant de lecteurs et chercheurs, passionnés de Victor Hugo, telle est la preuve éloquente de sa grandeur et de son génie.
Victor Hugo, à raconter intarissablement. Victor Hugo éternel !
Que Victor Hugo vive toujours avec l'Humanité !