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“Propos d'exil” (Publication, 1887)

Year

1887

Text

Loti, Pierre. Propos d'exil. (Paris : Calmann-Lévy, 1887). http://www.archive.org/details/proposdexil00lotigoog (Loti11)

Type

Publication

Contributors (1)

Loti, Pierre  (Rochefort 1850-1923 Hendaye) : Schriftsteller, Dramatiker, Marineoffizier

Subjects

Literature : Occident : France : Prose / References / Sources

Chronology Entries (2)

# Year Text Linked Data
1 1885 Loti, Pierre. Journal intime [ID D22229].
Pierre Loti ist während des französisch-chinesischen Krieges unter Admiral Amédée Courbet bei der Besetzung von Jilong, Taiwan dabei.
Samedi 2 mai
"De grand matin, nous arrivons à Hong-Kong. Le ciel est devenu tout gris. Les nuages font dôme, et on ne voit que la base des hautes montagnes admirablement vertes et boisées qui nous entourent. Deux journées assez amusantes, à Hong-Kong, à me faire promener en palanquin, dans un merveilleux éden de verdure et de fleurs. Une grand féerie de plantes, sur une ville élégante et riche. Des coureurs chinois vous portent, au petit trot silencieux, sur de lonauges hampes flexibles... Une seule et même voûte d'arbres ; des fougères arborescentes, comme des parasols de dentelle ; des rosier fleuris, fleuris comme des touffes roses ; des lys blancs, et des lys rouges, et des orchidées, et de bizarres fleurs chinoises... Des pelouses fraîches tondues à l'anglaise, des sentiers correctement sablés, avec des bancs verts. Et dans cette ville en jardin, circule une Chine discrète et silencieuse, sous la férule du policeman, trottant sans bruit avec ses souliers de papier ; les palanquins vont et viennent, se croisent, avec les éventails, les queues, les lanternes peinturlurés, gardant leur odeur de musc et leur cocasserie."
Jeudi 7 mai
"La journée de mercredi passée dans cette ville de Ma-Kung [Magong] que l'escadre a détruite. Toutes les maisons éventrées, brûlées ; des monceaux de débris. On marche sur les cassons de potiches, de parasols, des lambeaux de soie. Encore une odeur sinistre, bien qu'on ait fini d'enlever les morts. Les prisonniers chinois, ce qui reste des habitants, travaillent par petites brigades, à déblayer ou à charroyer du charbon, menés par des matelots ou des soldats la baïonnette au fusil. Partout nos hommes campés, dans les pagodes. Des sculptures merveilleuses, des boiseries dorés, traînant par terre, en fagots pour être brûlées.. Dans un champ de riz, où plusieurs croix sont déjà debout, improvisées avec du bois noir, les prisonniers chinois continuent de creuser des fosses, pour les nôtres qui meurent chaque jour dans les ambulances, de blessures, de fièvre et surtout de choléra. Un ensemble assez lugubre, un désarroi de toutes choses, avec des odeurs de mort. Pas un arbre, à ce qu'il semble, dans toute cette île ; de loin on dirait l'île de Groix, ou l'île de Bréhat, avec des pauvres champs de riz jouant nos champs de blé. C'est dans les tours en enfilade des pagodes que sont cachés de vieux arbres étendant horizontalement leurs branches, ne dépassent pas les murs, mais jetant leur ombre épaisse, mystérieuse, sur les sculptures anciennes et les monstres. Toute l'après-midi, j'ai travaillé moi aussi à cette destruction, regrettant d'arriver si tard, enlevant les portes curieuses, arrachant des boiseries dorées et des chimères. On dit la paix signée avec la Chine, et notre 'Triomphante' va partir pour le Japon."
Dimanche 24 mai
"Huit jours de plus, — huit jours de Ma-Kung et d'armistice ; et de beau temps, de tranquillité, — d'incertitude l'avenir. Encore les dîners, au Champagne, offerts et rendus, échangés avec mes anciens camarades. Voilà que je suis fêté maintenant même dans ma promotion ; quel revirement, et qui me l'eût dit jadis. Beaucoup circulé, en canots et en baleinières, sur cette grande rade à terre, à Ma-Kung, la fin du pillage, et le choléra toujours, emportant les nôtres... Je porte un costume de Chinois, des souliers de Chinois ; près de moi, d'un grand vase de Chine, sortent en gerbe des fleurs chinoises répandant une exquise odeur de chèvrefeuille... Clair de lune danse sans bruit sur la mer ; partout un grand silence, jusqu'au fond de moi-même...— Une dernière pagode, où restaient à la voûte des lions et des chimères dorées, superbes — ayant hésité longtemps à briser, j'allais les prendre... Dans la nuit, les Chinois s'en étant doutés viennent les détruire. Pour moi, un vrai désastre. - Le choléra toujours, et les petits enterrements qui passent dans les ruines."
Dimanche 31 mai
"Encore huit jours passés, pareils aux précédents. Dans les ruines de Ma-Kung, plus rien à prendre ; tout, fouillé, déblayé, vide. De grands feux qui flambent le soir, sentant le Chinois et le musc, consument les derniers débris."
Vendredi 3 juillet, Ma-Kung
"Un typhon qui passe et retarde encore notre départ. Dès qu'il sera fini, nous quitterons ce tombeau de Ma-Kung, cette étuve où le soleil est malfaisant et snistre..."

Chantal Zheng : Lors des deux mois en rade de Magong, Loti a eu maintes occasions d'aller à terre. Il dérobait des bouddhas aux temples. Chez Loti, le bouddha apparaît à la fois comme un quête du sacré et en même temps un objet d'inquiétude. Si le bouddha est à certains aspects une sorte de refuge pour l'écrivain et l’homme qui était en permanence en quête du sens de la vie, il représente aussi la peur de l'Autre, mystérieux, fourbe et dangereux et, en corollaire, il évoque le mythe du 'Péril jaune'. Loti ne comprenait pas vraiment la civilisation chinoise, ni même le monde asiatique. Dans ses écrits il insiste sur la 'tristesse de toutes ces choses exotiques et lointaines'. L'emploi des termes 'jaunes' ou 'race jaune' tend à confirmer son manque d'attirance pour ces populations.
  • Document: Loti, Pierre. Cette éternelle nostalgie : journal intime (1878-1911). Ed. établie, présentée et annotée par Bruno Vercier, Alain Quella-Villéger & Guy Dugas. (Paris : La table ronde, 1997). S. 156, 158-159, 164. (Loti9, Publication)
  • Document: Zheng, Chantal ; Zheng, Shunde. La guerre franco-chinoise et Taiwan vus par Pierre Loti, marin et écrivain. In : Outre-mers ; t. 93, nos 348-349 (2005). (Loti10, Publication)
  • Person: Loti, Pierre
2 1887 Loti, Pierre. La mort de l'amiral Courbet. In : Propos d'exil [ID D22231].
Er schreibt : « Oh! cette île de Formose!.. Qui osera raconter les choses épiques qu'on y a faites, écrire le long martyrologe de ceux qui y sont morts ?... Cela se passait au milieu de tous les genres de souffrances : des tempêtes, des froids, des chaleurs ; des misères, des dyssenteries, des fièvres. Cependant ils ne murmuraient pas, ces hommes; quelquefois ils n'avaient pas mangé, pas dormi ; après quelque terrible corvée sous les balles chinoises, ils rentraient épuisés, leurs pauvres vêtements trempés par l'éternelle pluie de Kelung ; — et lui [Courbet], brusquement, parce qu'il le fallait, leur donnait l'ordre de repartir. Et bien ! ils se raidissaient pour loui obéir et marcher ; ensuite ils tombaient, - et pour une cause stérile, - dandis que la France, occupée de ses toutes petites querelles d'élections et de ménage, tournait à peine des yeux distraits pour les regarder mourir.

Cited by (1)

# Year Bibliographical Data Type / Abbreviation Linked Data
1 2007- Worldcat/OCLC Web / WC