Briefe von Denis Diderot an Sophie Volland über seinen Aufenthalt bei Paul Henri Thiry d'Holbach in Grandval.
Diderot schreibt : "J'ai cru que de ma vie je ne vous reparlerais des Chinois, et m'y voilà revenu ; mais c'est la faute du père Hoop [der scheinbar in Guangzhou gelebt hat] ; prenez-vous-en à lui, si je vous ennuie. Il nous a raconté qu'un de leurs souverains était engagé dans une guerre avec les Tartares qui sont au nord de la Chine. La saison était rigoureuse. Le général chinois écrivit à l’Empereur que les soldats souffraient beaucoup du froid. Pour toute réponse, l'Empereur lui envoya sa pelisse, avec ce mot : 'Dites de ma part à vos braves soldats que je voudrait en avoir une pour chacun d'eux'.
Le père Hope a remarqué que les Chinois sont les seuls peuples de la terre qui aient eu beaucoup plus de bon rois, et de bons ministres que de mauvais. – Eh ! père Hope, pourquoi cela ? a demandé une voix qui venait du fond du salon. – C’est que les enfans de l'Empereur y sont bien élevés, et qu'il n'est presque jamais arrivé qu'un mauvais prince soit mort dans son lit. – Comment ! lui dis-je, le peuple juge donc si un prince est bon ou mauvais ? – Sans doute, et il ne s'y trompe pas plus que des enfans sur le compte de leur père ou de leur tuer. A la Chine, un bon prince est celui qui se conforme aux loix, un mauvais prince, celui qui les enfreint. La loi est sur le trône. Le prince est sous la loi et au-dessus de ses sujets."
"Le Père Hoop a raconté que les mandarins disoient un jour à l'empereur : 'Seigneur, le peuple est dans la misère, il faut aller à son secours'. – Aller ? dit l'empereur. Il faut y courir comme à une inondation ou à un incendie... Il a dit qu'un autre Empereur assiégeait Nankin. Cette ville contient plusieurs millions d'habitans. Les habitans s'étaient défendus avec un valeur inouïe ; cependant ils étaient sur le point d'être emportés d'assaut. L'empereur s'aperçut à la chaleur et à l'indignation des officiers et des soldats, qu'il ne serait point eu son pouvoir d'empêcher un massacre épouvantable. Le souci le saisit. Les officiers le pressent de les conduire à la tranchée ; il ne sait quel parti prendre ; il feint de tomber malade ; il se renferme dans la tente. Il était aimé ; la tristesse se répand dans le camp. Les opérations du siège sont supendus. On fait de tous côtés des voeux pour la santé de l’Empereur.."
"J’ai peu de foi aux nations sages. On dit encore à l’honneur des Chinois d’autres choses qu'on ne me trouva pas également disposé à croire. Je prétendis que les hommes étoient presque les mêmes partout, qu'il falloit s'attendre aux mêmes vices et aux mêmes vertus."
"A propos des Chinois, j’ai oublié de vous dire... qu'il étoit permis d'y avoir de la religion, pourvu que ce ne fût pas de la chrétienne... Pour le christianisme, il est défendu, sous peine de vie. On trouve que nous sommes des boute-feu dangereux, et puis ils n'ont jamais pu s'accommoder d'un dieu tout puissant qui laisse crucifier son fils, et d'un fils tout aussi puissant que son père, qui se laisse lui-même crucifier. Et puis ils disent... s'il n'y a que les chrétiens qui soient sauvés, nos pères sont donc damnés ; nos pères qui étoient si honnêtes gens ! Nous aimons mieux être damnés avec nos pères, que sauvés sans eux..."
"On les accoutume [les Chinois] dès la plus tendre enfance à durer des heures entières dans la même attitude. Dans un âge plus avancé, semblables à des statues, ils restent un terms incroyable, le corps, la tête, les pieds, les mains, les jambes, les bras, les sourcils, et les paupières immobiles. Ils doivent en contracter la facilité de réfléchir profondément."
Philosophy : Europe : France